AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Lionel Shriver (825)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Il faut qu'on parle de Kevin

L'implication de son fils dans une tuerie de masse va plonger une femme, mère et ex-épouse dans l'horreur et l'incompréhension. Ce sont ces trois identités qu'elle va questionner dans le livre afin d'essayer de comprendre l'enchaînement des événements qui ont mené au drame. Le récit se structure autour de lettres écrites à son ex-mari qui désacralisent la maternité à travers un regard sans concession ni tabou. "Il faut qu'on parle de Kevin" est une introspection maternelle au foisonnement incroyable dont on se demande comment Lionel Shriver s'y est pris pour donner autant d'épaisseur au personnage. Le livre ne s'attarde pas sur les faits (il y fait juste allusion) mais transforme un fait divers horrible en un miroir de notre société. Une claque !
Commenter  J’apprécie          318
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-hu..

Première fois que je lis un roman de Lionel Shriver, et je suis estomaquée. Tout en abordant un thème éternel, le vieillissement, quelle satire décapante de nos sociétés contemporaines ! Le vieillissement, c’est le coeur de l’ouvrage mais les thèmes adjacents traités sont l’occasion de satires virulentes, et de pages d’anthologie. Les thèmes traités en dehors du vieillissement, sont variés : place de la performance sportive, culte du corps, wokisme, échecs éducatifs, individualisme et avant-gardisme contre suivisme et consommation de masse, écologie de façade couplée aux lois du marché, religion .... Les personnages sont forcément très typés mais pas forcément caricaturaux au point d’être improbables. L’auteur déboulonne tous les diktats à la mode et leurs dégâts collatéraux. Je l’ai lu sans savoir à quoi m’attendre, et ce fut une découverte fort agréable, d’un bout à l’autre. J’y ai trouvé un grand vent de fraîcheur, étonnant, pour un livre dont les héros principaux sont un couple de baby-boomeurs !
Commenter  J’apprécie          310
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-hu..

Souvent mordant et proposant une réflexion pertinente sur l'entrée dans le troisième âge autant que sur notre rapport à l'effort, à la surenchère, et à la bien-pensance, ce roman accuse cependant de trop nombreuses longueurs qui le rendent lent et parfois poussif. Lionel Shriver et son ton sarcastique auraient été mis davantage en valeur avec un récit plus épuré et bref (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/08/quatre-heures-vingt-deux-minutes-et-dix-huit-secondes-lionel-shriver/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          311
Propriétés privées

Ça pourrait être insupportable. Private jokes (« Elle préférait « Django unchained » à « Twelve years a slave », et pouvait élaborer avec beaucoup d’éloquence les raisons pour lesquelles les fantasmes de revanche constituaient pour sa communauté de bien meilleurs vecteurs d’autonomisation que les épisodes horrifiants de maltraitance à son encontre »), syntaxe et vocabulaire sophistiqués (« Mais elle n’était pas disposée à capituler. Sous peine, sinon, d’avoir à s’échiner, à mesure que les années passeraient et qu’elle serait moins vaillante, dans l’équivalent botanique d’une mine de sel afin d’arracher une à une ces stupides boutures bourgeonnant de leur espoir idiot, poussant tout leur saoul dans leur naïveté verdoyante et tape-à-l’oeil. »), inspiration puisée dans les sempiternelles histoires de familles et de couples.

Sauf que.

D’abord c’est souvent hilarant (« Il s’était autorisé un commentaire à voix haute, ponctué d’une esquisse de haussement de sourcils, quoique bref et nullement exagéré : - Oh, de grâce! Grossière erreur. La règle cardinale du voyage aérien était « Ne pas se faire remarquer ». C’était comme s’il avait survécu de justesse à un meurtre de masse, et qu’il était allongé, immobile parmi les victimes. Mais plutôt que de continuer à faire le mort, en exprimant ce « De grâce ! », c’est comme s’il s’était mis à faire des bonds en s’écriant : « Attendez! Ici! Vous en avez loupé un ! »).

Et surtout c’est brillant. On croirait lire du La Bruyère sous acide ou du Nathalie Sarraute sous amphétamines. La même capacité à ratiociner sur les plus petits détails de nos vies mesquines mais les haussant au rang d’œuvres d’art de la médiocrité, heureuse ou tragique, comme une entomologiste à la fois distante et empathique - ce qui est normalement impossible. Comment cette femme me connaît-elle aussi bien?

Lionel Shiver nous tend un miroir sans complaisance qui nous pousse à serrer les fesses et relever le menton. Médiocres peut-être, mais dignes ! Morales du petit siècle, le nôtre.



(Merci à Masse critique et aux éditions Belfond pour cet envoi ô combien apprécié. )
Commenter  J’apprécie          310
Les Mandible : Une famille, 2029-2047





Faillite pour tous, dans tout le pays. L’harmonieuse famille Mandible, d’une lignée de riches industrielles avec à son bord, professeurs, écrivains, psychologues, travailleurs sociaux et des jeunes enfants précoces et bien nourris, cette famille « Ricoré » américaine prend, comme toute les familles américaines, la crise de 2029 de plein fouet. La Chine et la Russie s’unissent et créent une monnaie commune qui ne fait qu’une bouchée de l’Euro et déclare la guerre au Dollar. Marche après marche, les Mandible vont descendre les escaliers de la survie jusqu’à atteindre le chaos universel. Du Brooklyn de Woody Allen ou de Paul Auster nous arrivons dans l’univers de Stephen King. La famille, après s’être entassée dans la dernière maison qu’elle possède, finira-t-elle sous les ponts ?



: Lionel Shriver nous livre une formidable leçon d'économie! Forte de ses connaissances en économie mondiale, véritable Thomas Piketty pour les Nuls, Lionel Shriver observe non sans ironie la chute financière mais aussi morale de la société américaine. Quelle formidable conteuse !



En quelques phrases les personnages sont croqués et prennent vie, en bonne humaniste, la romancière démonte méthodiquement tout ce qui fait le socle de l’économie américaine : surconsommation et libéralisme. Une fois cela fait, elle regarde tendrement une famille bourgeoise se débattre pour sa survie et prend un malin plaisir à retourner les situations.



En 2050 le Mexique devient un Eldorado à la croissance fulgurante, obligeant le gouvernement mexicain à construire un mur frontalier pour empêcher les américains blancs d’émigrer. Dans les films asiatiques, les personnages américains sont des bouffons incompétents ou malchanceux dont on se moque. C’est tragique et désespérément drôle. 2029, réveillons-nous la dystopie est pour bientôt.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          300
Il faut qu'on parle de Kevin

Hébétée, horrifiée, bouleversée et navrée, voilà dans quel état me laisse ce fameux Kevin après quelques heures en sa compagnie.



Kevin est un américain de 15 ans qui va tuer plusieurs de ses camarades de lycée, comme d'autres petits américains l'ont réellement fait aux Etats-Unis, notamment dans le tristement célèbre lycée de Columbine.



Peut-être, comme moi, vous êtes-vous demandé un jour dans quel environnement ces adolescents avaient grandi, comment se sentaient leurs parents après les tueries. Peut-être même, si vous avez des enfants, avez-vous eu cette peur de voir se développer chez eux de la violence, de la méchanceté gratuite, quelque chose d'inquiétant. Peut-être enfin si vous êtes une mère, vous-êtes vous demandé comment ce petit être dans votre ventre sentait votre amour, vos émotions, votre bonheur d'être enceinte...ou non. Sujets tabous s'il en est.



Lionel Shriver va vous plonger dans ces tabous à pieds joints, à travers les lettres d'Eva, la maman de Kevin, écrites à son mari dont elle est séparée. Pour lui et pour nous, Eva se met à nu en tant que femme et mère, et dit tout de l'histoire de son fils, même ce qui fait froid dans le dos. Comment elle s'est sentie piégée. Combien la pression est grande d'avoir l'instinct maternel, et de ressentir immédiatement un bonheur indicible en voyant son bébé pour la première fois. Comment on peut déraper un jour, quand dès le départ l'histoire était biaisée.



Au passage, l'auteure égratigne, et le mot est faible, une société américaine prisonnière de ses clichés d'une vie de famille rose bonbon et paradoxalement adepte d'armes en tous genres. Sois joyeux et tue.



A mes yeux, ce roman est un travail remarquable, très bien écrit, bluffant de réalisme et qui pose des questions intelligentes, au-delà de l'aspect terrible de l'histoire. Alors certes, la lecture est douloureuse, mais elle apporte beaucoup. Un grand coup de coeur, mais qui ne laisse pas indemne.
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
Commenter  J’apprécie          300
À prendre ou à laisser

J’avais été subjuguée par 4, 3, 2, 1 de Paul Auster. Et encore davantage par Une vie après l’autre de Kate Atkinson. Les points communs de ces deux romans et de ce A prendre ou à laisser ? Jouer avec les personnages, tester la maestria de leur créateur en faisant varier les destins qu’ils peuvent épouser. Ici, 13 situations comme autant de stations d’un calvaire qui finira, et ce n’est pas divulgâcher que de le révéler, par la mort de Kay et Cyril à plus ou moins 80 ans.



Kay et Cyril, ce sont deux soignants, elle infirmière et lui généraliste, défenseur absolu et radical du système de soin anglais. Après avoir accompagné douloureusement leurs parents dans des agonies aussi interminables qu’éprouvantes pour tous, ils décident, à la cinquantaine, que passé le 81e anniversaire de Kay, ils se suicideront tous les deux. Le temps passe et lorsqu’arrive le moment fatidique, les scenarii se démultiplient.



Dans le même genre, j’ai lu plus récemment L’étreinte du temps dont je n’ai pas pris la peine de faire une critique. Dans ce roman, une même idylle amoureuse se passe différemment selon que ses protagonistes traversent les années 50, 70 ou 2010. Dans le premier cas, Monsieur est trop patriarche malgré lui pour que Madame s’en remette. Dans le second, Madame trop amour libre. Dans le troisième, tout est bien qui finit bien dans les années magnifiques d’égalité et d’épanouissement personnel que nous vivons actuellement. Bref...



Lionel Shriver est bien plus subtile que cela et j’ai apprécié qu’elle ne fasse pas repartir chacun des épisodes du même début. 13 fois, c’aurait fait long. On récupère donc à chaque fois un petit bout du scénario précédent et on joue des variations. C’est souvent impitoyablement drôle. Mais bavard aussi. Et si les premières explorations permettent de mieux creuser les personnalités de Kay et Cyril, les dernières, notamment celles s’aventurant dans de l’anticipation catastrophiste, m’ont paru révéler davantage d’aigreur et de crainte que creuser réellement le sillon romanesque qui avait été initié.



La satire de la société anglaise au moment du Brexit offre un pendant intéressant à la description que nous en donne Jonathan Coe. Elle permet de mesurer aussi le poids de cet événement dans la représentation que les Anglais ont d'eux-mêmes.



Kay et Cyril ont trois enfants qui, quelles que soient les versions, en prennent pour leur grade. Il n’en est qu’une, celle qui baigne dans un euphorique bain d’amour universel absolument suspect, qui les épargne. Pour le reste, ils sont cupides, lâches, odieux, égoïstes, ignares, sots… et laids ! C’est féroce mais aussi, ai-je trouvé, plutôt gratuit. Ode aux vieux qu’aucune génération à venir ne pourra remplacer ?



Ces personnages étant systématiquement disqualifiés, ce n'est pas sur eux qui va pouvoir jouer les charnières du récit. L'intérêt romanesque se concentre donc sur les variations de la personnalité de Kay, quelques impondérables dus au sort (la camionnette blanche) et l'évolution technologique ou sociétale des trois prochaines décennies. Sans doute que j'aurais été plus enthousiastes si tout avait tourné sur les subtiles aménagements des circonstances et des caractères qui font et défont les destins. Jouer le coup des mutants dégelant notre couple façon Hibernatus n'a pas toute ma faveur.



Ainsi, c’est dans un état d’esprit mêlant, selon les pages, ennui, exaspération et rires conquis que j’ai traversé cette lecture. Je ne suis pas persuadée de m'en souvenir très longtemps.

Commenter  J’apprécie          2919
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-hu..

« Quand la nudité rend au corps un culte pur, c'est la chair qui est humiliée ». (Eugenio d'Ors Y Rovira)





Un matin, à l'heure du petit déjeuner, Remington Alabaster, la soixantaine, ingénieur en génie civil, licencié de la mairie d'Albany - près de New York - par suite de propos racistes, déclare à son épouse, Serenata Terpsichore, son intention de courir un marathon. Serenata, âgée de soixante-années, juge ce projet semblable à celui du caprice d'un adolescent. Toujours est-il que cette lubie provoque une forte tension au sein du couple.





Durant plus de quarante ans, Serenata a couru, nagé, bondi, rebondi, avalé des kilomètres sur son vélo. Mais le temps faisant son oeuvre, atteinte de douleurs aiguës aux genoux, Serenata a remplacé ses tenues de sport par une organisation d'entraînements quotidiens qu'elle accomplit scrupuleusement devant des émissions de téléréalité. Aigrie, désabusée, égoïste, misanthrope, systématiquement hostile à tout comportement grégaire - « Aujourd'hui, on tourne frénétiquement en rond, comme les tigres d'Helen Bannerman qui, à force de tourner, se transforment en flaque de beurre. Une civilisation jadis grandiose qui disparaît à l'intérieur de son cul. », - Serenata est irritée d'observer son époux, affublé d'un accoutrement criard et satiné, suivre le troupeau des coureurs du dimanche, très vite sous la houlette de « sa » très sexy coach Bambi.





La guerre est proclamée. ; le couple pourra-t-il résister à la crise face à ce bouleversement et au renversement des situations respectives. Au fond, la question posée par Lionel Shriver - avec pour prétexte le sport, la performance et le culte du corps -, est celle-ci : comment vieillir à deux, au sein du couple ?





Lionel Shriver – en vérité, Margaret Ann Shriver, – est née, en 1957 aux États-Unis (Caroline du Nord). C'est à l'âge de quinze ans qu'elle décide de masculiniser son prénom, convaincue que la vie des hommes est plus simple que celle des femmes. Diplômée de Columbia, Initialement professeur d'anglais (New York), elle pérégrinera ensuite à travers le monde : Nairobi, Bangkok, Belfast… avant de s'installer à Londres. Elle a écrit huit romans traduits en français et remporté plusieurs prix littéraires. : « Il faut qu'on parle de Kevin » (Belfond, 2006), « La Double Vie d'Irina » (Belfond, 2009), Double faute (Belfond, 2010), Tout ça pour quoi ? (Belfond, 2012), Big Brother (Belfond, 2014), La famille Mandible (Belfond, 2017), Propriétés privées (Belfond 2020). « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes » est son huitième roman traduit en français. Elle vit actuellement entre Londres et New York avec son mari, jazzman renommé.





Une intrigue, des conflits, des décors, un paysage, des personnages habilement désignés (1) et des dialogues – car de même que les personnages font l'histoire, les dialogues font les personnages - constituent les fondements indispensables au succès d'un roman. Lorsque l'auteur y ajoute la finesse de l'analyse, les descriptions approfondies aux détails faussement inutiles, il peut espérer approcher la perfection, atteindre le chef-d'oeuvre.





Ça, c'était Lionel Shriver jusqu'à la parution de « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes », plus particulièrement dans son précédent livre de nouvelles, « Propriétés privées ».





Effectivement, plus brillant est l'auteur, plus grand est la déception après une lecture laborieuse de son récit. C'est l'envers du génie, la totale indulgence n'est accordée qu'aux moins talentueux. Si Lionel Shriver est habituellement remarquable, elle entame ses qualités dans son dernier roman. Celui-ci semble réunir l'ensemble de la critique lorsqu'elle « crie » au roman prodige. Mais un avis plus nuancé, voire radicalement opposé, peut être avancé. Et il ne s'agit pas de surjouer la critique négative en affirmant avoir éprouvé beaucoup de « souffrance » et d'ennui à la lecture de ce récit fastidieux.





Indubitablement, l'écriture de Lionel Shriver est, comme toujours, impeccable. Ses perceptions de la société et ses capacités à les écrire illustrent son intelligence et sa finesse d'esprit, plus particulièrement, lorsqu'elle dénonce, dans « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes », les outrances des discours et des comportements politiquement corrects aux États-Unis, plus spécialement à l'égard des afro-américains. Le roman, à cet égard, ne manque pas de scènes décomplexées et truculentes.





Bien d'autres thèmes sont abordés avec beaucoup de justesse, les réseaux sociaux, la téléréalité… à travers de drôles et savoureux dialogues.





Mais voici comment les qualités d'un roman peuvent rapidement devenir des défauts rédhibitoires. Sauf le message essentiel, de la dictature du corps et de la performance physique, chaque phrase, chaque mot du roman renferme d'autres messages, certes très subtils, mais tous azimuts, entremêlés les uns aux autres sans une authentique cohérence. Le roman est-il trop long pour le sujet entrepris ? Certainement. De fait, le récit évolue en un fourre-tout, dans lequel, d'ailleurs, l'auteur renoue avec des thèmes anciennement traités dans ses précédents romans « le désir d'appropriation du corps et de sa jeunesse » en référence explicite à « Propriétés privées. (Belfond, 2020)





En définitive, l'intrigue principale devient prétexte à écrire beaucoup trop de choses de façon très désordonnée.





Cela est également vrai à propos des dialogues entre Serenata et Remington – dont on peut concéder la qualité et l'humour souvent –, mais redondants et pénibles à lire sur toute la longueur du livre.





Lionel Shriver est un excellent auteur, elle m'a régalé avec ses précédents livres. Pas cette fois-ci. La confusion entre roman et autobiographie n'est sûrement pas étrangère aux circonstances. (2)







Bonne lecture





Michel.





(1)

 Remington fait référence à un minéral, en l'occurrence, dans l'esprit de l'auteur, un arbre.

« Droit comme un I. Remington était un homme mince au port altier qui donnait l'impression d'avoir gardé la ligne sas jamais rien fait pour… »

On peut noter que Remington est également une marque de célèbre machine à écrire. Est-ce à dire que l'auteur a fait un rapprochement entre la raison d'être de cette machine à « dialogues » et ceux, continuellement échangés, entre les époux Remington Alabaster et Serenata Terpsichore ?



 Alabaster, en français albâtre, est un terme anglais appliqué à des minéraux utilisés en tant que matériaux destinés à la sculpture.



 Terpsichore, du grec ancien, est une jeune fille, vive, épanouie, couronnée de guirlandes qui se dirige, tenant une lyre sur son épaule, de tous ses pas en cadence. Mère des sirènes, elle aurait un lien avec le Dieu Apollon.





(2)

On peut lire l'ouvrage comme une autobiographie romancée si l'on en juge par les déclarations de l'auteur, reprises dans la presse et, plus particulièrement « The Guardian et The New Yorker (1 juin 2000) « Looking for Trouble » (Lionel Shriver cherche des ennuis).




Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
Commenter  J’apprécie          295
Propriétés privées

Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Belfond pour cet envoi.

Je ne suis pas une grande amatrice de nouvelles, ce qui explique peut-être aussi pourquoi je n’ai pas été emballée du tout par celles-ci.

Le livre en comprend douze, deux longues d’une centaine de pages et dix qui font entre 15 et 30 pages.



Je n’ai véritablement été étonnée, intriguée ou émue que par trois d’entre elles, Le lustre en pied, Poste restante et Le sycomore à ensemencement spontané.

Même si Le lustre en pied présente des longueurs interminables, la nouvelle, aurait pu être bien plus courte avec tout autant de poids, je l’ai trouvé d’une grande originalité.

Celle qui parle d’un sycomore m’a émue, je l’ai trouvé presque « fleur bleue » et « Poste restante » m’a fait sourire car le thème de la curiosité et du courrier perdu ou volé est assez intriguant et laisse présager bien des découvertes.

Je connaissais déjà l’auteur dont j’avais beaucoup aimé certains de ses romans dont le très fort « Il faut qu’on parle de Kevin » et le bouleversant « Big Brother », mais ces nouvelles m’ont semblé bien longues, bavardes, débordant de détails sans intérêt, comme de longues logorrhées qui n’en finissaient pas.



Le thème de la propriété est abordé ici sous de multiples angles, on y parle de maisons, d’objets, d’argent, d’espace ou du sentiment d’appartenance à une famille, mais je n’ai pas été touchée par la majorité de ces histoires.

Certaines m’ont même semblé vide de sens, comme « taux de change », « Le baume à lèvres »ou « Kilifi Creek » par exemple, on les lit sans déplaisir mais une fois arrivé à la fin, on se demande « A quoi bon ? » ou « Tout ça pour ça ? ».

Je ressors donc déçue de ce recueil dont l’impression générale est la longueur et l’abondance de détails insignifiants et sans grand intérêt.
Commenter  J’apprécie          290
Tout ça pour quoi

Les rideaux tombent devant le rêve américain avec Tout ça pour quoi! Justement tout ça, c'est pour faire vivre le capitalisme, un système où le travail est le cheval de bataille de tout individu, au finish tout ce qu'on gagne s'en va bourrer les poches de "la politique gouvernementale"...le gain mine dans tous les services, tout à payer, aussi cher que les revenus ne répondent que les Américains de Lionel Shriver rêvent d'aller se la coller douce ailleurs, un fait très paradoxal du moment où des immigrés n'arrêtent pas d'affluer aux portes des États-unis rêvant quant à eux la belle vie dans le pays de l'oncle Sam...

Commenter  J’apprécie          290
Il faut qu'on parle de Kevin

Ce livre ne peut pas laisser indifférent. Eva, la narratrice, est la mère de Kevin, ce jeune homme qui a commis le massacre. Avec force détails, elle nous raconte la venue au monde de cet enfant qu'elle n'avait eu que pour faire plaisir au père. Elle met en avant ce manque de liens affectifs et maternels. Cette franchise fait voler en éclats tous les clichés de la mère aimante se saignant aux quatre veines pour la chair de sa chair. Elle pousse également le lecteur à se focaliser non pas sur le meurtrier mais bel et bien sur celle qui a engendré ce monstre. Cette froideur, ce détachement, la mettent automatiquement en position d'accusée. Pourtant, lorsque le drame éclate, Eva est divorcée de son mari, un père aimant plus que tout son garçon. C'est elle qui subira le calvaire après la tuerie, rejetée par son fils et par la société qui l'accuse ouvertement.



Cette correspondance avec son ex-mari, Franklin, nous laisse également entrevoir la famille américaine, la violence dans la société... tout un système à revoir. Il s'agit d'un récit épistolaire qui déconcerte par sa simplicité et sa force. Il touche moralement car l'éthique est bafouée.

On ne parle pas assez de ce livre à mon goût.
Lien : http://livresetmanuscrits.e-..
Commenter  J’apprécie          290
Il faut qu'on parle de Kevin

Il faut qu'on parle de Kevin est un livre incroyable, bouleversant. Comme d'habitude, c'est sur Babelio que je l'ai découvert et les nombreuses critiques positives m'ont donné très envie de le lire, de même que le thème de cette histoire, même s'il s'agit quand même d'un sujet terrible : les adolescents auteurs de tueries de masse.



Dans ce livre, on suit l'introspection d'Eva, dont le fils Kevin, 16 ans, est en prison après avoir tué plusieurs élèves, une professeure et un employé de la cafétéria de son lycée. A travers les lettres qu'elle écrit régulièrement au père de son fils, elle retrace la vie de Kevin, depuis sa conception jusqu'à ce fameux JEUDI. On apprend beaucoup de choses sur ce garçon qui n'a donc pas très bien fini, c'est le moins qu'on puisse dire...



Ce roman pose beaucoup de questions – du moins je m'en suis beaucoup posé en le lisant. Et j'ai eu tout le loisir de m'interroger puisque c'est un joli pavé de plus de 600 pages. Parmi ces nombreuses questions, il y en a quelques-unes qui sont revenues plusieurs fois : qu'est-ce qu'être parent/mère (question pas trop compliquée) ? qu'est-ce qu'être un bon parent/une bonne mère (là, ça devient tout de suite beaucoup moins simple) ? Naît-on fondamentalement bon ou mauvais ? Qu'est-ce qui fait qu'un jour tout bascule ? Pourquoi est-il possible de ne pas aimer son enfant/parent ? La liste des questions n'est pas exhaustive, bien sûr. Et c'est la raison pour laquelle j'ai aimé ce livre. C'est très subjectif, évidemment, mais pour moi, Il faut qu'on parle de Kevin est un très bon livre. Il permet de s'interroger – personnellement en tant que maman – et de se pencher sur le phénomène des tueries de masse. Pour les besoins de son roman épistolaire, Lionel Shriver fait référence à des tueries de masse en milieu scolaire réelles, dont Columbine, et l'on se rend compte que le phénomène n'est malheureusement pas si rare. J'en ai découvert bien d'autres dont je n'avais jamais entendu parler. La notion de culpabilisation est aussi beaucoup abordée, notamment du côté de la mère. Eva culpabilise, mais elle est également très culpabilisée : dans quelle mesure l'éducation que Kevin a reçue a fait de lui un tueur de masse ? Que de questions ! Mais je le dis encore : ce livre est extraordinaire.



Il paraît que l'adaptation du roman par Lynne Ramsay est excellente. J'ai très envie de la découvrir pour retrouver un peu les observations et réflexions d'Eva qui sont toujours très profondes et, malgré la difficulté du sujet, enrichissantes.
Commenter  J’apprécie          280
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-hu..

Je ne sais que penser en refermant ce roman.

Incontestablement, l’écriture est originale, les dialogues sont décalés, subtils et ce n’est pas politiquement correct.

Incontestablement, il y a des longueurs, beaucoup, des personnages quasiment tous antipathiques et trop de stéréotypes.

Cette histoire, qui a pour prétexte le vieillissement et l’usure du couple, veut dénoncer certains excès du monde d’aujourd’hui, la cancel culture, le culte du corps, l’influence de la religion, la mode du vegan… mais s’embourbe dans trop de sujets à la fois jusqu’à la caricature.

J’ai parfois été gênée en me demandant si l’auteure était dans le premier ou quinzième degré ; elle m’a parfois perdue.

Bref un sentiment mitigée qui ne me fait pas oublier que Lionel Shriver est l‘auteure formidable de « il faut qu’on parle de Kevin ».

Commenter  J’apprécie          280
Propriétés privées

Ayant déjà lu plusieurs romans de Lionel Shriver dont le très connu, Il faut qu’on parle de Kevin, son dernier livre m’intéressait beaucoup. Propriétés privées est un recueil de nouvelles dont la première et dernière sont des novellas (nouvelle longue d’une centaine de pages). Je ne suis pas tellement portée sur les nouvelles mais avec Lionel Shriver, je voulais bien me laisser tenter. Je ne regrette pas du tout. Les novellas permettent de s’immerger un peu plus dans l’histoire, dans la personnalité complexe des protagonistes. Dans Le lustre en pied, les relations entre « Baba », sa femme et Frisk sont compliquées et les tentatives de diplomatie déployées par « Baba » sont succulentes. La description répétée du lustre en pied donne un effet comique tout à fait cocasse. Comme la montée du ressentiment de Sara Moseley dans La sous-locataire.

L’auteur arrive à faire concis dans les autres nouvelles (environ une vingtaine de pages) tout en donnant une vraie dimension aux personnages. J’ai aimé chacune des histoires, peut-être un peu moins Le baume à lèvres et Les nuisibles avec une chute trop rapide à mon goût. Terrorisme domestique est excellente, j’aurais aimé qu’elle dure un peu plus pour apprécier un peu plus cette « opposition ». Taux de change est aussi bien mené avec une belle conclusion. Repossession est la seule à amener une petite touche de fantastique.

Ces nouvelles font voyager un peu partout dans le monde (États-unis, Angleterre, Irlande, Kenya...) et le concept de propriété est assez varié (maison, objet, pays...) ainsi que le genre (achat, prêt, don...) et l’analyse psychologique des personnages est tout simplement parfaite. J’aime beaucoup le style très détaillé, notre côté possessif qui met en avant nos mauvais aspects. Un très bon recueil de nouvelles ! Merci à Babelio et à Belfond pour cette Masse Critique priviliégée.
Commenter  J’apprécie          280
Il faut qu'on parle de Kevin

Une mère essaie de comprendre, comment son fils de 16 ans a pu franchir la barrière solide et infranchissable du passage à l'acte, en tuant des adolescents de son lycée. A travers les lettres adressées à son mari, elle relate la progression de son fils dans le monde de la méchanceté, son rejet de tout amour, son dégout pour quelque passion que ce soit. Les paroles de cette mère sont dures et choquantes, mais elles sont aussi à la hauteur des actes et de l'état d'esprit de son petit garçon . Cette mère ose dire qu'elle n’aime pas son enfant , mais est- elle pour autant responsable de la perversité de son fils, n'est -il tout simplement pas mauvais par lui même?

C'est effectivement un livre "coup de poing", bouleversant et qui laisse une question en suspens; POURQUOI?

Commenter  J’apprécie          280
Il faut qu'on parle de Kevin

Grâce aux critiques « babéliesques, j’ai réparé un oubli et lu « Il faut qu’on parle de Kevin » de Lionel Shriver paru en 2006. Bref résumé ( il a déjà été fait très bien par d’autres !) : la narratrice sous forme de lettres adressées à son ex-mari revient sur leur parcours commun et sa « survie » depuis que l’irréparable a été commis : mère d’un adolescent qui a abattu plusieurs étudiants sur un campus universitaire américain, elle s’interroge sur les causes de son acte meurtrier. Livre choc, sans pathos mais aussi sans tabou, qui aborde, vu du côté de celle qu’on pointe du doigt ( la mère du criminel) des sujets tels que la part de l’inné et de l’acquis, le rôle des parents, la qualité de leur amour envers leurs enfants, la culpabilité…

Un petit bémol : la personnalité supposée du père mise en parallèle avec celle de la mère m’a parue peu crédible et surtout l’amour qu’elle semble encore lui porter envers et contre tout. La réponse à mes doutes…se trouve dans les dernières pages avec une fin que je n’avais pas vu venir et que j’ai reçue comme un coup de poing !

Merci à tous ceux qui, par leur billet, m’ont incitée à lire ce roman : il fait partie de ceux qu’on n’oublie pas.

Commenter  J’apprécie          284
Il faut qu'on parle de Kevin

Ce roman est un vrai uppercut qui vous cueille à froid et vous laisse groggy pour un bon moment.



Quelle intensité et quel malaise tout au long du déchirant monologue de cette mère, dont la vie a été percutée de plein fouet par le crime atroce et incompréhensible de son fils de 16 ans qui a décidé un beau jour de massacrer neuf de ces camardes de classe ainsi que leur professeur.



Car soyez prévenu d’avance, rien n’est confortable dans cette lecture. Le style de l’auteure tout d’abord n’est pas toujours facile à appréhender, certaines phrases sont parfois tellement longues et les idées tellement développées qu’il faut une certaine concentration pour s’y tenir. Mais ce style colle tellement à la nature mêmes des faits qui sont relatés que j’ai fini par trouver cela naturel et servant admirablement l’histoire.



Ensuite, et sans conteste, les personnages et la plongée (en apnée) dans leur psychologie est une vraie expérience en soi. L’auteure a fait un boulot admirable à ce niveau. Chaque personnage est fouillé, sans concession et comme on peut s’y attendre, personne n’est épargné.



J’ai mis 5 étoiles à ce livre mais en vérité, c’est inapproprié car personne ne peut « aimer » un tel livre. Il fait ressortir nos plus anciennes craintes qui sont presque des tabous, sur l’enfance, la part de l’innée et de l’acquis, ainsi que sur le rôle de mère et du fameux « instinct maternel ».

On touche à des concepts quasi sacrilèges dans nos sociétés actuelles, tellement politiquement correctes, quand on évoque un enfant déviant, alors ce livre est forcément imprégné du sentiment de culpabilité de la mère qui reste, seule, emprisonnée dans l’atrocité des actes de son fils.



Et pourtant… et si certains humains pouvaient réellement naître intrinsèquement mauvais ? Telle est la question qui nous taraude tout au long de la lecture.



Un livre choc qui m’a profondément remuée et dont l’écho profond va résonner encore très longtemps en moi, en tant que femme et en tant que mère. C’est à ce titre qu’il mérite amplement ses 5 étoiles car pourquoi lirait-on si ce n’est pour être ébranlé dans les profondeurs de son être et ressentir ce malaise qui nous pousse à réfléchir et nous questionner ?

Commenter  J’apprécie          271
Propriétés privées

Toujours aussi incisive Lionel Shriver, aussi cynique, toujours cette vive intelligence et ce regard perçant porté sur les égarements et l'épuisement très "fin de siècle" de nos sociétés modernes. Et tout aussi à l'aise dans le format de la nouvelle que dans celui du roman, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

On quitte les Etats-Unis cette fois-ci pour la Grande Bretagne où se déroulent la majeure partie de ces nouvelles, mais l'angle choisi est suffisamment transversal à l'ensemble du monde occidental pour s'y appliquer universellement : quoi de plus emblématique en effet de notre mode de vie capitaliste que la relation à la propriété?

Les murs, les choses, l'emprise sur les autres ou sur soi-même, ce que l'on possède, ce que l'on convoite, dont on veut se débarrasser ou que l'on ne peut pas lâcher, c'est la propriété sous toutes ses formes que ces nouvelles explorent, avec plus ou moins de bonheur (j'ai moyennement apprécié les deux longues "novellas", un peu bavardes), révélant au passage de belles névroses.



Mention spéciale au Tanguy trentenaire qui refuse absolument et sans vergogne de jouer le jeu économique dont les dés sont pipés, quitte à pourrir à mort la vie de ses parents.

Jolie petite perle aussi que cette nouvelle dans laquelle une plante invasive vient perturber le quotidien d'une veuve, pour le meilleur et pour le pire.
Commenter  J’apprécie          270
Il faut qu'on parle de Kevin

Et si nous parlions de Kevin? Parce qu'il le faut absolument.



ça fait quelques jours que j'ai tourné les dernières pages et je suis encore toute chamboulée.

J'avais déjà rencontré Kevin, dans l'adaptation de Lynne Ramsay, avec la talentueuse Tilda Swinton dans le rôle d'Eva et du mystérieux Ezra Miller dans celui de son fils. Si vous ne l'avez pas vu je vous le conseille. Il est vraiment excellent.

Ce film m'avait déjà marqué. Je ne pensais pas me prendre de nouveau une telle claque avec le livre et pourtant. Ce fut une lecture très éprouvante et bouleversante.

Nous sommes cette mère désemparée, pleine de questionnements sur des sujets houleux et tabous : Peut-on ne pas aimer son fils? Quelle est sa part de responsabilité dans le comportement de nos enfants?

Il n'y a pas assez de mots, ni d'adjectifs pour décrire l'impact que cette lecture a eu sur moi.



Ce livre est dérangeant, il bouscule les codes, la vision que l'on peut avoir de notre société. C'est poignant !



A lire sans hésitation !



Commenter  J’apprécie          270
Propriétés privées

C'est toujours avec gourmandise que je lis un texte de L.Shriver, et je dois dire qu'ici le bonheur a été multiplié par 12 puisque ce livre de 450 pages contient 12 nouvelles.

Je n'ai plus d'autre roman du même auteur sous la main pour savoir si c'est toujours le même tandem écrivain-traducteur, parce qu'avec la gymnastique intellectuelle de L. Shriver, mieux vaut avoir le même état d'esprit, et pour faire court, un certain mauvais esprit (que j'adore) qu'il faut traduire avec le même art consommé de l'ironie souvent féroce.

Le sujet central est la propriété sous différentes formes; une maison, un mari, un compagnon, une vieille lampe etc sont pour leur "propriétaire" un bien précieux qui, dès qu'il leur échappe devient sujet à des soucis insurmontables, des calculs dérisoires, bref, difficile de s'arracher le coeur.

Ces nouvelles se terminent bien souvent d'une manière provocante, le ton est sarcastique, et toutes nos misérables petites mesquineries sont passées au crible.

Merci aux Edts Belfond et à Babelio pour ce bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          261




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lionel Shriver Voir plus

Quiz Voir plus

Oh, Antigone !

Comment se prénomme la sœur d'Antigone ?

Sophie
Hermine
Ismène

10 questions
3217 lecteurs ont répondu
Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *}