AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Luc Lang (284)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La tentation

Chirurgien à Lyon et passionné de chasse, François, la cinquantaine, passe tout son temps libre à traquer et à tirer le gros gibier autour de sa résidence secondaire, isolée à l’écart de la commune de Lanslebourg, en Savoie. Par un jour neigeux de Novembre, son quotidien bascule brutalement : alors que s’impose intolérablement à son esprit l’abîme d’incompréhension creusé au fil du temps entre lui, son épouse de plus en plus absorbée par ses crises mystiques et ses retraites monacales, son fils qui mène grand train du haut de sa réussite dans la finance, et sa fille éperdument amoureuse d’un drôle de type aux affaires pas bien nettes, il en perd même l’envie d’ajouter à sa collection de trophées le grand cerf qu’il traquait depuis quelque temps. Encore est-il loin de se douter qu’il ne se trouve qu’aux prémices d’un véritable tsunami dans son existence et dans celle des siens…





L’histoire prend son temps pour laisser appréhender peu à peu par le lecteur le terreau des malentendus qui s’est accumulé dans cette famille depuis des décennies, un insidieux pourrissement amorcé il y a bien longtemps qui pourrait bien s’avérer une véritable bombe à retardement. Jusqu’ici plein de certitudes et fort de sa toute-puissance, lui qui partage son existence à sauver ou à prendre la vie d’autres êtres vivants, François doit bien s’avouer que le monde lui échappe et que ses enfants lui sont devenus étrangers. Bientôt, le doute et le désarroi vont laisser la place à une soudaine accélération et au rythme palpitant d’une tragédie cauchemardesque.





L’écriture est précise, voire experte quand elle aborde la chasse, la taxidermie ou la chirurgie. Elle réserve de beaux passages sur le cocon de nature en noir et blanc qui enserre l’intrigue jusqu’à l’étouffement, tandis que le mode narratif, souvent constitué des seuls dialogues, sans commentaires et avec leurs blancs, tels la restitution d’un enregistrement audio, donne aux personnages une profondeur et un réalisme réussis. Le texte revient parfois audacieusement sur les mêmes passages, les faisant redécouvrir à la lumière des réflexions survenues entre temps dans la tête de François comme dans celle du lecteur, renforçant encore l’impression d’originalité déjà générée.





Curieusement aussi méditatif qu’haletant, ce noir polar sur fond de paysages glacés livre un implacable tableau familial, aux personnages désespérément englués dans un attachement délétère et mortifère.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          10015
La tentation

Je suis encore sous le charme de cette lecture et j’ai du mal à parler de cette histoire comme si j’avais peur de l’abîmer !



François Rey est chirurgien orthopédiste dans une clinique qu’il a créée à Lyon. Il est connu pour sa technique rigoureuse, sa dextérité et le respect du patient, de la déontologie qui ont fait sa notoriété.



Côté famille, c’est plus compliqué : son épouse passe sa vie en retraite dans différents monastères et les séjours ont tendance à se prolonger. Son fils Mathieu a abandonné ses études de médecine pour se consacrer à la finance et s’enrichir sur le dos des autres.



Sa fille Mathilde continue les siennes mais jusqu’à quand car elle vient de tomber amoureuse d’un financier un peu glauque.



François vient passer les vacances de Toussaint dans son relais de chasse, dans les Alpes et rencontre un cerf magnifique, majestueux selon ses termes. Il l’ajouterait bien à son tableau de chasse, mais une seconde de réflexion, une fascination pour l’animal, il rate sa cible et le blesse.



On est médecin ou on ne l’est pas : il va chercher du matériel et opère l’animal…



J’ai adoré ce roman, avec presque une identification avec François, un des derniers dinosaures de ce monde en train de s’écrouler, où on respectait le travail, l’argent bien gagné, car il a un patrimoine important, des parts dans sa clinique… Son face à face avec le cerf est extraordinaire, deux forces de la nature qui s’observent et se « respectent ».



Reconnaissez que le cerf a de la classe (de la gueule) quand même sur la couverture!



Son sens des valeurs, le respect de l’autre, le fait d’être là pour ses enfants malgré tout m’ont plu, et je connais bien son milieu professionnel. Solidarité par le travail ou par la génération ? Entre dinosaures peut-être simplement.



Par contre, ses enfants sont imbuvables, seul l’argent les intéresse, en le piquant aux autres de préférence. Une phrase pour illustrer la vision du monde de Mathieu quand son père lui dit que ses mains valent de l’or, et sont assurées : « Aujourd’hui, on ne gagne plus d’argent avec son métier, avec son travail. On le gagne avec de l’argent. » Ou bientôt ce seront les robots qui feront les interventions chirurgicales…



J’ai aimé la manière d’écrire de Luc Lang, de tenter de semer le lecteur, démarrant en douceur pour s’emballer, avec les requiem ou messe que François écoute en boucle. J’avais déjà été emballée par « L’autoroute » il y a quelques années.



Coup de cœur donc ! et pourtant la chasse me hérisse… C’est dire à quel point l’histoire et l’écriture peuvent faire plonger dans un roman!



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui ont bien voulu de faire confiance…



#LaTentation #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          829
Au commencement du septième jour

S' il ne fallait garder qu'un roman parmi les 560 parus lors de cette rentrée littéraire 2016, je crois que mon choix se porterait sur celui de Luc Lang.



Je ne m'attendais à rien en ouvrant ce livre, je n'avais lu aucune critique, mais j'ai été interpellée par une brève présentation de ma libraire préférée qui a eu la bonne idée de le mettre en évidence.

Pour une première approche de l'oeuvre de Luc Lang, j'en ressors totalement conquise, envoutée par la maîtrise de cette plume magistrale qui à partir d'un banal accident de voiture réussit un livre étourdissant qui m'a tenue en haleine pendant quelques heures.



Tout commence comme une histoire ordinaire de gens heureux. Un couple parfait des enfants en or, une situation professionnelle excellente, bref en apparence la famille idéale.



Et puis un jour c'est le drame, Camille sombre dans le coma après un accident de voiture, sur une route où elle n'aurait jamais dû se trouver, laissant ses enfants et son mari au bord du précipice. Premier mystère et première déflagration dans la petite vie bien réglée de notre brillant informaticien qui doit mettre peu à peu son travail de côté et tenter de "gérer" et de rassurer Anton et Elsa, leurs deux enfants, ses "tigrichons", tout en essayant de comprendre l'incompréhensible.



Cette douloureuse période va le rapprocher de Jean, son frère, le berger des Pyrénées : autre temps, autre rythme, autres paysages mais la plongée inévitable dans le temps de l'enfance révèlera bien des secrets.



Dans un troisième chapitre, Jean retrouve Pauline, la soeur exilée au Cameroun, et s'enfonce dans une réalité bien éloignée des standards parisiens, pour un éventuel temps de réconciliation.



Tout n'est pas révélé, bien des questions restent sans réponses mais le voile se lève sur des mystères d'un passé lourd de drames et de non-dits.

«

Au commencement du septième jour », se lit passionnément comme un thriller, il m'a laissée sans voix mais avec une question : comment un tel livre at-il pu être ignoré par les principaux prix littéraires ?

Commenter  J’apprécie          7711
La tentation

Me voilà ébloui et désemparé. Je ferme le roman incertain quant au sens à lui donner. Une interprétation se dégage mais elle reste trop fragile. Commençons par résumer l’intrigue en quelques lignes. François Rey est un grand chirurgien qui possède une clinique à Lyon. Il passe le week-end de la Toussaint dans sa résidence secondaire située dans le massif du Mont-Cenis en Savoie. Il souhaite profiter de ses jours de repos pour s’adonner à sa passion : la chasse. Mais son entourage familial le tracasse. Son épouse Maria multiplie les retraites dans des couvents où elle peut donner libre cours à ses crises mystiques. Son fils Mathieu s’est installé à New York où il a fait fortune dans la finance internationale. Mais c’est Mathilde, sa fille, qui lui donne le plus de soucis. Alors qu’il s’apprête à abattre un cerf doté de seize corps, il est pris d’un doute. Il manque son tir et blesse l’animal. Il suit sa trace mais lorsqu’il traverse une route, il croit apercevoir sa fille dans une voiture qui évite de justesse la bête blessée. C’est le début d’une série d’événements qui vont s’enchainer vers une conclusion brutale.



L’écriture de Luc Lang revêt plusieurs tournures. L’auteur est avant tout un styliste qui éblouit par la beauté de sa prose poétique. Il dresse de nombreuses correspondances avec l’art pictural ou la musique classique. Mais il sait également se faire descriptif pour détailler une série d’actions, chargeant le texte de nombreux termes techniques. L’auteur dépeint ainsi une opération de la main ou un combat de cerfs. L’auteur sait aussi créer un récit haletant en enchainant des phrases courtes, rythmées, dictées par l’angoisse. Le roman peut déstabiliser par sa construction. Des glissements temporels brisent la linéarité du récit. Et le lecteur se demande si les pages qui ont précédé n’étaient pas le fruit d’un mauvais rêve.



Les références au Christianisme sont permanentes. On les retrouve dans le titre, le choix des prénoms des personnages, les citations extraites de la Bible, les renvois à l’art ou à la musique liturgiques. J’ai peiné à retrouver le sens qu’elles apportaient au texte pêchant par un manque de culture religieuse. Cependant, j’ai saisi que l’auteur opposait un monde de chaos dominé par la rapacité et la violence à une nature majestueuse, incarnée par ce cerf rayonnant de calme et de dignité, qui offre à qui l'observe un apaisement salutaire.



Le roman se clôt sur ses mystères. Je vais me laisser le temps de digérer ma lecture. Y revenir dans quelques semaines. Le relire pour profiter de la beauté de certains passages et pour tenter d’en pénétrer le sens. Je compte suivre les entrevues de l’auteur et les comptes rendus de lecteurs plus avisés qui pourront m’aider à l’interpréter.



Je remercie Netgalley et les éditions Stock pour ce beau partage.

Commenter  J’apprécie          653
La tentation

C'est l'histoire d'un monde qui bascule, un ouvrage à l'intensité rare, sur fond sonore quasi permanent d'opéras et de musique classique, au coeur de la splendeur des décors magnifiquement décrits de la nature savoyarde !



« La-tentation » mais quelle tentation: celle du désespoir? de l'échec? , du renoncement? de la rédemption ? de l'amour ? ..



François, la cinquantaine, chirurgien lyonnais chasse seul—

Il n'a même plus de chien, mort il y a trois ans ——, se réfugie dés qu'il le peut dans la vieille demeure familiale au coeur des Alpes.



Le voilà face à un cerf seize cors, altier, majestueux, repéré depuis longtemps , révélant sa puissance et sa splendeur .

Il ne désire pas le tuer, décide de la ramener chez lui pour le soigner, l'opérer.

Survient son fils Mathieu ,banquier à New- York, : «  Les masses d'argent que je fais fructifier, c'est l'énergie divine qui circule entre les êtres. La vérité de Dieu enfin révélée. L'argent , c'est la Grâce, qui nous cimente ensemble... »



François n'a pas de nouvelles de sa fille Mathilde, Elle ne répond plus à ses messages....

Soudain , le récit semble basculer: François qui se croyait tout puissant vivra de très cruelles épreuves , entre Thriller et Western enflammé , vibrant, haletant , lors de fulgurantes descriptions magnifiant la nature glacée , sauvage, et précis de chirurgie orthopédique , plus des références christiques sans cesse présentes.



Les deux enfants ont rompu leurs études médicales. Ils ne perpétueront pas la tradition familiale .

Entre eux et Maria, épouse , mère et belle- mère hystérique, coutumière de frasques mystiques qui court retraites religieuses de couvent en couvent , François est pris dans une spirale d'échec ...



Enfin, que transmet - on à ses enfants ?



Quelles valeurs humaines, culturelles et sociales ?

Qui trahira qui ?

Le père ne se reconnaît plus en ses enfants, spirale de l'argent fou, apparences et superficialité pour Mathieu , folie amoureuse de bête traquée qu'est devenue sa fille Mathilde ?



C'est un livre à la passion dévorante, aux phrases souvent non terminées, qui dépeint la violence des noeuds inextricables des liens sacrés du sang,au rythme soutenu, ample , puissant, brillant ...





J'ai été emportée malgré moi par l'âpreté de ces relations d'amour contrarié , une sorte «  de mur de verre »entre un fils que François ne comprend plus, et une fille «  obsédée » obnubilée par son Loïc ...



Récit initiatique noir , haletant , où l'auteur explore brillamment les abîmes familiaux dans une société en vrac , le désarroi d'une génération parentale complètement dépassée, qui pardonne tout , au fond ...



Tour de force littéraire, langue précise , quête de rédemption!



Un nouveau monde qui survient, un ancien monde qui s'embrase !

Féroce et difficile à critiquer car tellement riche !



A relire , certainement ....



«  C'est commode. Faire des affaires. Ça évite d'entrer dans les détails. Acheter, vendre, fusionner , absorber, assécher, ruiner, ouvrir, fermer , démembrer, revendre... C'est dur comme métier .

T'es dépassé , mon pauvre papa » .....

Commenter  J’apprécie          632
La tentation

« Il me faut une journée pour faire l'histoire d'une seconde… »



À l'instant de tirer sur le cerf François hésite. Et s'il…



La tentation.



« Il me faut une année pour faire l'histoire d'une minute… »



Son fils Mathieu débarque au relais de chasse familial. Il bouscule les convictions, écorche la trame d'une vie, soulève les ombres.

La vision de sa fille en danger accable François. Est-ce une hallucination ? Elle ne répond pas à ses appels. L'angoisse monte d'un cran.

Sa femme est folle. Sa toile de folie empoisonne le foyer. Emprisonne les non-dits.

L'argent envenime les enfants élevés dans ce milieu bourgeois, où jusque-là on soignait et réparait les corps. Une famille de médecins et de chasseurs.

Ils refusent la voie de leurs aïeux, cassent les codes, humilient l'art du travail, l'argent gagné avec les mains.

Ils font de l'argent avec l'argent, peu importe s'il est sale.

Il neige. Le temps dérape, il s'étire. L'histoire revient sur ses pas. Le présent empiète le passé, le futur se refuse, il ralentit, fait demi-tour. Tout s'emmêle.



« Il me faut une vie pour faire l'histoire d'un jour… »



Sa fille devenue proie se réfugie dans le relais de chasse familial. La toile se resserre. Tout vole en éclat.



À l'instant d'injecter l'anesthésiant, François hésite. Et s'il…



La tentation.



François cherche encore une explication, il cherche la première balle qui a impacté son futur et chamboulé sa vie. Il ne voit pas comment raccrocher l'image de ses enfants adultes à celle de leur enfance lorsqu'ils marchaient dans ses pas. Désormais ses enfants l'abandonnent, le trahissent, l'humilient. Le train va trop vite, il déraille, les wagons se détachent. François n'est plus la locomotive.



La construction de ce roman est originale, déroutante, envoûtante. François, chirurgien, dissèque les instants cherche l'anomalie, le point de départ. Le geste est précis. Ces instants sont comme en suspens dans ce paysage de montagne où la neige arrête le temps. Recouvre les traces. François fouille sa mémoire et les instants s'éparpillent, se mélangent. Les dialogues se mêlent aux descriptions. Les sons des voix sont assourdis par la neige. Tout se mêle au décor. La neige se colore de sang. Les fusillades éclatent le silence de la forêt. Le chasseur devient proie. Les enfants des fauves.



On se sent un peu perdu dans la trame de ce thriller. Comme au ralenti, en arrêt sur image, il nous invite à chercher les indices de cette violence familiale. On devine tout au long de ces longues phrases l'avalanche qui va bientôt se déclencher. Elles décortiquent chaque moment, le répètent, le tournent et le retournent jusqu'à l'asphyxie. Jusqu'à la mort.



« Que serait-ce quand il faut dans un livre, dans du livre, mettre de la réalité. Qu'arrive-t-il toujours. […] Il me faut une journée pour faire l'histoire d'une seconde. Il me faut une année pour faire l'histoire d'une minute. Il me faut une vie pour faire l'histoire d'un jour. On peut tout faire, excepté l'histoire de ce que l'on fait. »

Péguy

Commenter  J’apprécie          615
A nous la Terre !

Belle initiative que ce petit recueil Folio de neuf nouvelles célébrant mère nature et dont les bénéfices seront reversés à WWF, le Fond Mondial pour la nature dont le sigle est un mignon panda. Cette organisation non gouvernementale se consacre à la protection de l'environnement et au développement durable. Alors, croisons les doigts pour que ce recueil parte comme des petits pains afin que les bénéfices servent à protéger les mignons pandas et les autres animaux avant qu’ils ne disparaissent de nos paysages.

Neufs plumes pour neuf histoires, toutes différentes mais célébrant à leur manière la nature. Catherine Cusset parle d’une plage bretonne où l’on se baigne nu tandis que Monica Sabolo plonge en mer Méditerranée. Luc Lang nous entraine vers les sommets pyrénéens jusqu’à la brèche de Rolland quand Jean-Christophe Rufin parcourt les glaciers agonisants du Mont-Blanc. Ron Rash, auteur américain bien connu pour ses thrillers sur fond de nature, a choisi de nous faire partager le destin singulier de Horace Kephart, écrivain et amoureux de vie sauvage dans les Great Smoky Mountains de Caroline du nord qu’il défendra toute sa vie.

La nouvelle que j’ai le plus aimée ? « Le sansonnet » de Carole Martinez, sorte de conte cruel et hymne à la liberté et la nature.

Lisez ces nouvelles, laissez-vous entrainer dans cette nature si belle hélas trop malmenée.

Petit plus : le papier de cet ouvrage provient de forêts gérées durablement.



Commenter  J’apprécie          512
La tentation

Incroyable ! Ce livre m'a ferrée, je me suis sentie hameçon, complètement accrochée à ses lignes. J'ai découvert une nouvelle forme d'écriture, pointilleuse et exigeante dans tous ses menus détails, riche et passionnée dans toutes ses descriptions de la nature, simple ou tourmentée dans tous les faits qu'elle relate. Et surtout, une écriture extrêmement vivante, qui nous fait même retenir notre souffle et lire en apnée de longues phrases où les évènements s'enchaînent et nous happent. Vivante également dans son originalité de fins de phrases en suspens, traduisant l'impossibilité ou l'inutilité de poursuivre…



Une infime pression sur la détente et François éteindra à tout jamais le regard du cerf, ce cerf seize cors, au port altier, sa puissance sauvage, sa splendeur. Une hésitation, une blessure à la place de la mort, et François, qui soudainement remet en question le rapport de force face à l'animal, va sauver au lieu de faucher cette vie.

François est chirurgien orthopédiste à Lyon et passe seul ce week-end de la Toussaint dans son relais de chasse niché dans les Alpes, en Savoie. En cette toute fin d'octobre, un hiver précoce s'installe avec des flocons de neige qui s'invitent, un souffle glacé, un vent mordant.

Son fils, Mathieu, vient en coup de vent. Il a choisi le monde de la finance à New York « Aujourd'hui, on ne gagne plus d'argent avec son métier, avec son travail. On le gagne avec de l'argent. »

François a bien cru apercevoir sa fille Mathilde, terrorisée, dans une voiture poursuivie par un scooter. Mathilde, aveuglée par l'amour, et qui fait abstraction de tout danger, pour enfin s'éveiller à la vie.

Une longue chaîne pour actionner la cloche et aller chercher sa femme au carmel. Maria se retire régulièrement dans ces lieux de silence, en quête de retraites spirituelles. Maria, une mère aux agissements énigmatiques et tortueux, à l'amour délétère.



C'est pour le moins une famille ténébreuse. Dans sa présentation, l'auteur diffuse la menace sous-jacente qui couve.

François est désemparé face aux devenirs de ses enfants. Y a-t-il des explications à chercher dans le passé pour justifier leurs comportements, cette évolution, leurs choix de vies adultes ? Comme le stipule son fils, le monde du chirurgien est désormais obsolète, la toute puissance et l'exaltation des actionnaires ont écrasé la richesse des propriétaires d'hier. La coexistence est impossible, un mur s'est dressé entre ces deux mondes, seule l'amertume de ce constat demeure entre eux deux.



La blancheur de la neige qui recouvre peu à peu les lieux vient s'opposer à la noirceur des faits qui vont s'emparer de cette journée. L'incompréhension de la tragédie à venir est retranscrite singulièrement et avec une originalité qui m'a séduite : en lien avec la brutalité des évènements qui vont entacher ce week-end, Luc Lang joue avec la tentation de revenir en boucle sur les heures précédant l'inéluctable et ce, jusqu'au final.



Passion dévorante, puissance financière du nouveau monde, paysage alpin grandiose mais oppressant, amour filial démesuré et douloureux, monde animal sauvage et domestique, neige souillée, la traque du cerf se meut en tragédie humaine.

Avec un fond sonore presque permanent de musique classique et d'opéras, l'auteur a réussi brillamment à m'embarquer dans sa spirale littéraire éblouissante.

Commenter  J’apprécie          518
Au commencement du septième jour

Depuis Mille six cents ventres, je n’avais pas retrouvé Luc Lang et j’ai bien trop tardé pour lire Au commencement du septième jour, présenté par l’auteur aux Correspondances de Manosque, en 2016, un livre que Pauline m’a laissé pour que je trouve enfin le temps de le lire. C’est fait ! Et je ne l’ai pas regretté, même si c’est un peu long à la fin, après l’enthousiasme du début.



L’auteur a choisi de faire suivre Thomas et d’étaler ce qui lui arrive sur trois livres compris dans le même bouquin. Certains auraient publié une trilogie…

Voilà que je me suis attaché aux pas de Thomas Texier, informaticien de haut vol qui attend Camille, sa femme, pour fêter leurs dix ans de mariage. Il a 37 ans et elle 36. Anton et Elsa sont leurs enfants et la question se pose d’un troisième alors que Camille s’investit à fond dans sa profession qui exige beaucoup de rendez-vous loin de Paris. Justement, elle est au Havre et devrait rentrer.

Le drame tombe brutalement et rend la lecture prenante, passionnante. Camille est aux urgences à Bolbec et Thomas doit partir en pleine nuit pour aller la voir, laissant les enfants à Daba, une femme extraordinaire, toujours disponible et aimante.

Quel rythme ! Quel style efficace ! J’ai suivi Thomas, j’y étais, je voyais ce qu’il voyait, je sentais ce qu’il ressentait et les pages, très denses, tournaient vite.

Thomas doit faire face : « Le voici seul face à Elsa et Anton à devoir les apprivoiser dans le malheur qu’il incarne, il juge l’épreuve impossible, c’est comme un piège qui se referme sur lui, qui les sépare et les disperse. » Au boulot, il met au point un truc infernal destiné à tracer tout le monde mais, au fait, cela existe bien !

Petit à petit, j’ai fait connaissance avec la famille de Thomas, la belle-mère, la mère et j’ai senti que les rapports étaient un peu compliqués et Luc Lang rend à merveille les discussions, les hésitations.

J’y étais ! Je les entendais parler, débattre. Heureusement, il y a les deux enfants, les tigrichons, surtout Anton qui met les choses au point lorsque son père leur fait vivre des instants mystiques : « Pourquoi tu nous dis de prier Dieu que maman guérisse ? Tu penses qu’elle va pas y arriver toute seule ? »



Le début du livre 2 est brutal, stressant. L’auteur m’a plongé sans ménagement au cœur des Pyrénées, sous l’orage, la tempête, avec un Thomas seul en montagne : « Oui, cela avait été un bannissement, le commencement du septième jour. » Le style est formidable, bien adapté aux éléments : « C’est le dérèglement organique de la terreur. » La période pyrénéenne est lancée et va révéler les non-dits de cette famille avec Jean, le frère aîné qui a repris la ferme, élève des brebis et fabrique son fromage.



Soudain, il fait très chaud, dès l’entame du livre trois : « Les vitres étaient baissées et, malgré la vitesse, l’atmosphère croupissait, liquoreuse. » Thomas est au Cameroun pour tenter de retrouver Pauline, sa sœur, médecin pour une ONG. De mésaventures en désagréments de toutes sortes, le troisième volet vient éclairer les deux précédents mais c’est là que j’ai trouvé le temps long avec des épisodes pas vraiment nécessaires à l’histoire, même s’ils prouvent que Luc Lang a bien bossé son sujet, réalisant encore des descriptions d’une précision extraordinaire.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          500
Au commencement du septième jour

Lire ce long roman de Luc Lang: Au commencement du 7ème jour, c'est entrer dans un grand tourbillon : celui des émotions fortes, des conflagrations d'univers et des télescopages spatio-temporels. C'est accepter aussi de se perdre pour mieux se retrouver. On se croit au début du roman, embarqué dans un thriller psychologique, l'épouse de Thomas, Solange, se retrouve plongée dans le coma au CHU de Rouen, à la suite d'un grave accident de la route alors qu'elle se trouvait à un endroit où elle n'aurait pas dû être...

Mais au fil des pages, on s'aperçoit que tout le mystère qui plane autour de l'accident de Solange n'est qu'un leurre et que le vrai fil de l'intrigue est ailleurs. La construction du roman est en effet très subtile et axée sur la fratrie constituée par Thomas, le héros principal, son frère Jean et sa soeur Pauline. Une fratrie aux liens indéfectibles et dont on perçoit la force, notamment dans les moments de quiétude partagés mais aussi la fragilité lorsque Thomas qui est le benjamin se montre trop insistant dans ses questionnements sur l'histoire familiale. Sur cette dernière plane en effet un terrible secret de famille dont on n'aura la révélation qu'à la fin du roman.

C'est donc un fil d'intrigue souterrain qui se déroule tout au long de l'histoire et c'est seulement à la fin que l'on comprend vraiment l'omniprésence de certaines thématiques, comme celles notamment de la perte de contrôle et de la chute. Il peut s'agir aussi bien de situations physiques comme l'accident de Solange ou les accidents de montagne largement évoqués dans le roman que de situations psychologiques comme celles où Thomas se trouve confronté au monde impitoyable de l'entreprise ou à l'enfer des prisons africaines.

Omniprésence aussi des enjeux de vie et de mort qui se télescopent en des scènes dramatiques comme celles qui se passent au CHU de Rouen où Thomas et ses enfants attendent le réveil de Solange plongée dans le coma, ou au contraire joyeuses comme celle où il joue avec eux au bord de l'océan. Je me dois de souligner combien la force de l'écriture de l'auteur magnifie ces instants de façon remarquable. Sa phrase nerveuse, court, vole et son sens du détail minutieux lui permettent de faire vivre intensément à celles et ceux qui le lisent aussi bien des moments de tension dramatique que des émotions fortes. C'est d'ailleurs grâce à ce pouvoir d'évocation d'ambiances, d'atmosphères que je me suis laissée embarquer dans cette histoire et que je l'ai lue avec une fébrilité presque addictive.

Immersion complète, dans la deuxième partie, dans le monde alpin avec sa rudesse et sa splendeur qu'il s'agisse aussi bien des courses en montagne que de la vie à l' alpage avec Jean et son troupeau de moutons, rejoint l'été par les enfants de Thomas, Anton et Elsa. Bien plus dépaysant encore dans le livre III,l'évocation du continent africain avec sa violence policière dont va être victime Thomas, son arbitraire politique mais aussi son incroyable vitalité et force de vie comme en témoignent les scènes qui dépeignent l'inextricable foisonnement des moyens de transport les plus improbables ou l'acharnement héroïque des trains africains pour arriver à une destination qu'ils n'atteignent pas toujours...

Autant dire que je souis sortie avec regret de ce livre qui m'avait plongée dans d'autres mondes. Mais je dois avouer aussi que c'est le genre de roman et d'écriture dans lesquels on entre ou pas...
Commenter  J’apprécie          475
Au commencement du septième jour



Thomas est réveillé en pleine nuit, son épouse Camille a eu un accident de la circulation sur une route où elle n’aurait jamais dû se trouver. Les premières pages ressemblent à une enquête qui va rapidement avorter car le héros de ce roman est bien Thomas.



Thomas est un et multiple tout à la fois. Ce drame devient le prétexte pour nous montrer comment en quelques mois cet homme à la vie lisse et prévisible va devoir à sa manière affronter des drames et remettre en question qui il est. Luc Lang va en quelque sorte ouvrir une fenêtre de Johari et nous faire peu à peu découvrir ses différentes facettes : époux, père, fils, gendre, frère, collègue, ami, mêlant sans cesse l’intime et le public, le connu et l’inconnu, ce que nous savons de nous et ce que nous en découvrons, ce que pensent de nous les autres et ce qu’ils en disent.



Les descriptions sont longues parfois, comme si le temps s‘écoulait lentement. Elles permettent au lecteur de suivre pas à pas Thomas, de se fondre en lui, de tenter de répondre avec lui à ses questions. L’auteur nous livre également à l’occasion sa vue sur le monde tel qu’il est, rude, âpre, sans concession, que ce soit dans l’entreprise, dans les paysages de montagnes, en Afrique ou plus simplement au sein de la famille. Cette famille tout à la fois refuge et repoussoir, lieu des secrets les plus inavouables.



Un grand moment de lecture qui ne laisse pas indifférent. Et pour moi, un auteur à suivre.







Commenter  J’apprécie          461
La tentation

François, chirurgien quinquagénaire, part pour une partie de chasse dans sa maison de campagne. Il est rejoint par son fils Mathieu, financier avec qui il entretient des relations assez distendues. Alors qu'il poursuit un cerf, il a l'impression d'apercevoir sa fille Mathilde, passagère d'une voiture qui évite de justesse le cervidé blessé...Cela va être le début pour François (et le lecteur) d'un week-end mouvementé...Voilà un récit qui m'a beaucoup plu : tout d’abord par son histoire, inattendue, entre crise familiale, roman noir et western ; puis par sa langue, littéraire et intrigante, très précise dans les descriptions de chasse et de chirurgie ; enfin, par sa temporalité étonnante, qui permet de redécouvrir l'intrigue (et de nombreux détails) dans chaque grande partie. Une lecture passionnante et un auteur dont je vais m'empresser de lire les précédents ouvrages. Merci à Netgalley et à Stock pour ce partage. #LaTentation #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          460
La tentation

Quelle que soit sa position sociale, le parcours de l’homme peut être apparenté à celui du vin. Jeune, il a sa période de progression vigoureuse puis il profite d’une phase de plateau plus ou moins longue suivant son caractère, les années s’écoulent et s’ensuit une descente fatale où il perd de sa superbe, son attrait s’efface cruellement et il ne tient plus franchement ses promesses.

Pour l’homme, malheureusement, la déchéance ne se cantonne pas à ces seuls critères car il est conscient de sa déliquescence et se recroqueville dans ses certitudes dépassées.



Dans ce roman classieux mais inquiétant, Luc Lang, m’entraine dans les traumatismes d’une famille très aisée. François, le père chirurgien à l’orgueil aussi démesuré que sa passion pour la chasse m’exaspère autant que je le plains. Il est l’archétype de l’aristocrate bouffi des ambitions de deux générations de grands saigneurs. Son épouse Maria, asservie par sa beauté éparpillée dans des réceptions imposées par sa charge maritale, finira de se consumer dans de nombreuses retraites mystiques et ambigües.



François est à l’issue de sa phase de plateau, l’amorce de sa descente se vérifiera dès les premières pages lorsqu’il lui sera impossible d’achever le cerf à seize cors de ses rêves. Ses convictions flageoleront en même temps que ses mains.

« L’explication du déséquilibre ne préserve pas de la chute »



Son arrogance partira en lambeaux dans le comportement impertinent de sa propre engeance dans leur phase ascendante mordante. Son monde à lui n’est plus assez vaste pour contenir Mathilde et Mathieu, ses enfants qui évoluent avec aisance et sans scrupule dans le nouveau monde de la haute finance.



La densité de l’intrigue atteint son paroxysme dans un huis-clos cruel et sanglant à l’écriture acérée et imagée d’un western jubilatoire. Un règlement de compte familial.

Bien que ce roman soit sans cesse auréolé de messes et de « Stabat Mater » que le parvenu François écoute pour se détourner de la trahison des siens, j’ai de la peine à assister à sa crucifixion psychologique.



« Était-ce l’histoire d’une fin, d’un commencement ? » Et si c’était un éternel renouvèlement.



A découvrir.

Commenter  J’apprécie          4316
La tentation

Week-end de chasse en Vanoise



Le nouveau roman de Luc Lang met en scène un chirurgien confronté à épouse prise de crise mystique, un fils qui a refusé de suivre son projet pour devenir financier et une fille qui s’est acoquiné avec un malfrat. Un drame d’une précision chirurgicale.



Un léger trouble au moment de tirer et François voit s'échapper le grand cerf qu'il avait en joue. Le chasseur aguerri s'est soudain rendu compte que le combat était inégal, que l'animal n'avait aucune chance. Les gouttes de sang à l'endroit où le cervidé a pris la fuite semblent le confirmer. Rattrapé et chargé dans son pick-up, il va démontrer qu'il n'a rien perdu de ses qualités de chirurgien en décidant d'opérer la cuisse du cerf et d'en extraire les éclats de la balle qui l'a atteinte.

Son fils Mathieu, qui l'a rejoint dans le relais de chasse familial, ne comprend pas cette décision bizarre.

La suite du nouveau roman de Luc Lang va se poursuivre sur ce même registre, l'incompréhension. François n'a pas compris que son fils interrompe ses études de médecine et un avenir tout tracé dans sa clinique pour se lancer dans la finance et devenir en quelques années un as de la finance à New York. C'est aussi outre-Atlantique qu'il a épousé le mannequin Jennifer Lilianson avec laquelle il est venu passer quelques jours de vacances.

François ne comprend pas non plus comment sa fille Mathilde, pourtant restée fidèle à la tradition en enchaînant les années de médecine, fréquente un homme aussi détestable qu’arrogant. Celui qui l'a «révélée à elle-même» nage dans des eaux troubles et fait de Mathilde la complice de ses trafics.

François enfin, ne comprend pas que son épouse soit prise d'une crise mystique et effectue des séjours de plus en plus prolongés au carmel. En allant la chercher pour la ramener dans leur appartement lyonnais, on lui annonce qu'elle a déjà quitté l'établissement.

Avec un sens aigu de la tension dramatique qui avait déjà fait merveille dans Au commencement du septième jour Luc Lang va nous conduire crescendo vers une scène de carnage autour de ce relais de chasse enneigé.

On y retrouve le grand cerf, le chirurgien qui va à nouveau devoir agir, les trahisons de ses enfants, une femme tout à la fois présente et absente, des gendarmes, un ami naturaliste et quelques cadavres...

N'est-ce pas quand on a tout, lorsqu'on a assuré son aisance financière et celle de ses enfants que tout se dérègle? Que l'envie de sortir du parcours tracé se fait de plus en plus pressante? Avec maestria, le romancier nous entraîne dans ces remises en cause parallèles qui vont virer au drame. Un livre à l’unisson de la météo ambiante du côté de la Vanoise: froid, âpre, traître.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          420
L'autoroute

Impressionnée par la lecture de « La tentation » de Luc Lang , il y a quelques semaines j’ai choisi ce livre afin de mieux faire connaissance avec cet auteur.

.

Fred , le narrateur, saisonnier sympathique , musicien dans l’âme , passionné de jazz: ——les mélodies résonnent dans sa tête —— est embauché par une société sucrière pour travailler à l'arrachage des betteraves .

Il passe ses nuits d’automne dans les plaines du Nord , au volant d’une arracheuse à déterrer des hectares et des hectares ....

Il faut aligner les disques et les griffes sur six rangs, puis avancer tout droit , souvent sur plus d’un Km sans varier sa trajectoire ni laisser les yeux s’égarer ..harassant ..

Il rentre du travail, fracassé, les os rendus friables .

Thérèse , plantureuse et volubile , tout un univers de chair tendre et crémeuse et son compagnon Lucien , réservé et maigre, un couple que la vie n’aurait pu réunir sans le décès d’une tante , habitent une grande propriété décrépite, sorte de palais en ruine , à la sortie d’Orchies , au bord des champs , tout près de l’autoroute .

.

Ils abordent Fred, qui attendait le train d’Armentières, lui offrent spontanément l’hospitalité.

Le voici capturé , englué dans leur couple —— secrets nocturnes , nuits agitées, extravagances, personnages atypiques, addictifs à la boisson,——couple bizarre.....



Fred s’abandonnera à cette tendresse nourricière , cette attention fiévreuse.



Cet ouvrage court, dense, puissant, brutal, ,original, au style ample, aux longues phrases bien construites nous emporte à la façon d’un conte cauchemardesque où l’angoisse monte .

Elle nous saisit dès le début entre champs de betteraves , effusions lourdes, vibrantes de passion ...

Un bonheur de feu d’artifice , fiévreux, qui finira mal entre glissades sur l’autoroute, blancheur de fusion, histoires d’amour violentes , débridées , mélodies chantées d’une voix venue du ventre, incroyable difficulté à vivre, chasse au bonheur ... N’en disons pas plus ...

L’écriture au souffle puissant, très travaillée à la manière d’un symphonie inachevée donne tout son sens à ce bouleversant conte moderne !

Fascinant !

Je continuerai ma découverte de cet auteur !

Commenter  J’apprécie          417
La tentation

François , chirurgien de 56 ans , espère bien rajouter à ses trophées le magnifique cerf qu'il avait repéré l'an dernier mais lorsqu' au bout de sa traque il a l'animal en ligne de mire , il hésite et ne fait que blesser la bête et plutôt que de l'achever, il décide de le soigner dans le relai de chasse qu'il a hérité de son grand-père .

C'est le moment choisi par son fils Mathieu, banquier vivant aux États-Unis pour débarquer dans ce lieu isolé alors que la neige se met à tomber et que François est persuadé d'avoir croisé sa fille Mathilde passagère d'une voiture de sport sur ces petites routes de montagne ...



Paradoxalement, alors que je n'aime pas la chasse, c'est le début de ce roman que j'ai préféré , la description de l'instant où le chasseur va tirer avec ce sentiment de toute puissance , tenir la vie de l'animal au bout de sa lunette et décider de la vie ou de la mort, un peu comme le métier de François où , au bloc opératoire lorsque le patient est endormi, tout dépend de son habileté, de sa vigilance.

Bien sûr, le questionnement ultime sur ce droit à retirer une vie rend l'homme plus "humain" et cette vulnérabilité le rapproche de la sensibilité du non-chasseur .

C'est cette faille qui au long du livre va s'agrandir avec la confrontation avec ses enfants devenus grands et ne correspondants plus à l'image que le père avait désiré, fabriqué , tout en gardant , surtout vis à vis de sa fille une anxiété que d'aucuns trouveraient maladives .



Mais le retour en arrière au bout de quelques pages sur ce qui vient de se passer juste avant et l'impression de tourner en rond en relisant les mêmes passages rendent la lecture laborieuse , ce que n'arrangent pas certaines descriptions fort longues , et l'histoire finalement est bien ténue avec une intrigue alambiquée et peu crédible et une fin qui est restée totalement énigmatique pour moi .



Donc , au final , un roman qui m'a semblé inabouti ... Dommage j'avais bien aimé Au commencement du septième jour du même auteur .

En remerciant NetGalley et les Éditions Stock



#LaTentation #NetGalleyFrance





Commenter  J’apprécie          403
Mother

Sentiment mitigé qu'a produit ce Mother de Luc Lang. Une belle écriture, mais ce chassé-croisé entre les 3 protagonistes, la mère, le fils et le beau-père ne m'a guère emballé. Peut-être émanait-il de ce roman un parfum trop autobiographique pour qu'il puisse me faire dépasser le stade de la lecture cathartique ? Ou alors, il m'a ramené bien près de mon propre rapport à la figure maternelle avec ce qu'il comporte de traumatismes pas ou mal réglés...
Commenter  J’apprécie          340
Au commencement du septième jour

Au commencement du septième jour est l’un des romans de cette rentrée littéraire 2016 que j’attendais avec le plus d’impatience. Luc Lang est parti d’un sentiment aussi simple que le doute et l’a transformé en une quête d’identité des plus profondes. Un excellent roman qui va bien au-delà de ce à quoi je m’attendais.



Au commencement du septième jour ou la tentation de réparer ce qui a été brisé



Thomas et Camille sont des cadres très pris par leur travail respectif. Le couple semble à la dérive, Camille s’éloigne régulièrement du domicile conjugal pour raison professionnelle, laissant son mari miné par le doute. Un soir, Thomas apprend que sa femme est hospitalisée. Victime d’un grave accident de la route, elle est dans le coma. Quoi qu’il advienne, elle ne sera plus jamais la Camille qu’il avait épousée ni la mère que ses enfants ont connue. Mais pourquoi était-elle sur cette route normande, si loin du trajet qu’elle aurait dû emprunter ? Comment sa voiture a-t-elle pu faire une telle sortie de route à un endroit à première vue sans risque ? Et qui est ce collègue avec qui elle semblait si complice ?



Luc Lang pose les premières pierres d’une quête identitaire



Fin du livre 1, le choc. Début du livre 2, la remise en question. Thomas a du mal à gérer ses états d’âme et tente de préserver ses enfants. Cet évènement sera l’occasion pour lui, de déconnecter d’un travail pour lequel il a tout donné et dont il sera écarté dès son mal-être perçu. L’occasion également de se rapprocher de son frère, berger dans les Pyrénées. Mais un secret de famille longtemps enfui refait surface et c’est à la recherche de l’histoire de sa famille que Thomas part. Direction l’Afrique où sa sœur est allée s’exiler.



Mon avis



J’ai beaucoup aimé "Au commencement du septième jour", car il nous emmène là où l’on ne l’attend pas. Je m’attendais à une quête sur les raisons de l’accident de Camille et Luc Lang nous emmène bien plus loin, occultant presque ce qui aurait pu être le sujet du roman et qui se révèle être uniquement le déclencheur du thème principal qui est la recherche d'un secret de famille. J’ai envie de dire, bien joué ! Le quatrième de couverture attire Monsieur tout le monde et le roman subjugue le lecteur exigeant. Mais n’est-ce pas risqué de jouer l’abordable alors que le roman ne l’est pas vraiment ?



Le livre 1 m’a donné envie de savoir ce qui était arrivé à Camille et quels étaient ses secrets. Le livre 2 commence par une randonnée en solitaire, d’où Thomas aurait pu ne pas revenir. Mais le début de son voyage intérieur m’a semblé très lent, cette partie dans les Pyrénées qui pose pourtant les bases de la vraie histoire du roman m’a presque ennuyée. Et puis arrive le départ, l’Afrique et l’aventure, la terreur liée à Boko Haram et là, je m’accroche au wagon et m’aperçois enfin de la profondeur de ce roman. Luc Lang en parle comme d’un roman biblique, ne serait-ce que par le titre « Au commencement du septième jour » et les prénoms des protagonistes : Pauline, Jean, Thomas...



Un roman où l’on découvre tout des personnages, petite touche par petite touche et où chaque paysage traversé par Thomas est décrit avec une précision quasi chirurgicale.



Si j’ai beaucoup aimé ce roman, je dois bien avouer qu'avec ses 537 pages il m’a semblé bien long. Certaines descriptions alourdissent l'histoire qui par moment m’a ennuyée. Pourtant, l'instant d'après, un évènement suscitait à nouveau mon intérêt.



Un excellent roman, mais qui ne sera pas un coup de cœur, car je suis persuadée que 100 pages de moins lui auraient été bénéfiques.
Lien : http://que-lire.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          322
L'autoroute

Fred est un travailleur saisonnier qui fait escale chez un couple haut en couleur, Thérèse et Lucien. Il a raté sa correspondance, eux sont venus chercher un ami qui n’est pas venu et après avoir discuté des horaires des trains et de choses et d’autres pour passer le temps, le couple l’invite à dormir chez eux.

Il finit par accepter et se retrouve dans une grande propriété à la sortie d’Orchies, tout près de l’autoroute. Mais, il est inquiet, cette générosité le surprend et le rend méfiant que se cache-t-il derrière ?

Ce couple s’est formé par hasard : Térèse a hérité la grosse maison d’une tante dont Lucien était le jardinier.

Fred, musicien dans l’âme, est venu dans la région pour gagner sa vie en arrachant les betteraves, dans l’équipe de nuit, dans des conditions de travail effroyables, inhumaines et ce qui ne devait être provisoire devient définitif : il reste habiter avec eux pendant la saison de travail.

Il va donc découvrir les secrets de ce couple bizarre, branché sur la dive bouteille et donc les résultats de l’ivresse. Il y a aussi les bruits que Fred entend pendant son sommeil et qui le réveillent sans qu’il arrive à les identifier. Et, tous les protagonistes étant en place, l’histoire est lancée.



Ce que j’en pense :



Fred, le narrateur est un héros plutôt sympathique. Il rêve d’être un musicien, un grand saxophoniste comme son oncle Frédéric. Mais, un jour, il a tout lâché car il n’avait pas suffisamment confiance en lui.

Il travaille dans des conditions effroyables, arrachant les betteraves sur des terrains immenses, plusieurs centaines d’hectares. Il conduit l’arracheuse de nuit, il faut faire très attention au brouillard, au froid, il doit suivre les sillons bien droit ne pas dévier de sa trajectoire car l’accident est vite arrivé et bien sûr on se réchauffe avec de l’alcool.

Ce livre est percutant, il alterne douceur et violence de la vie de tous les jours, (l’espoir est-il possible pour les routiers, les arracheurs de betteraves ou les habitants du coin ?). il est rythmé par le bruit des engins auquel répondent en écho tous les airs de jazz qui tournent dans la tête de Fred, et tout cela nous ensorcèle entre dans notre tête et on imagine, ce décor, on le voit tellement l’écriture est réaliste.

Je dirais pour les points positifs qu’ c’est un sujet très original, avec des personnages travaillés qui ont du caractère. On a une belle description sociologique : ramasseurs de betteraves, star déchue, et on retrouve beaucoup d’empathie chez les protagonistes alors qu’ils souffrent, une entraide (cf. la scène des routiers qui arrivent chez Thérèse).

Je n’ai pas trouvé de points faibles : le roman est court mais il est tellement dense que le nombre de pages suffit.

C’est le premier roman de Luc Lang que je lis, je ne connaissais pas du tout cet auteur, mais il m’a plu par sa densité : 142 p et lorsqu’on le referme on a l’impression d’achever un gros pavé, avec les camaïeux de gris et la musique à tue-tête qui résonne dans la tête et lui sert de thérapie, de doudou protecteur.

J’ai lu ce livre dans le cadre de mon expérience de Juré pour le grand prix FNAC rentrée littéraire et j’avoue que cela a été une bonne surprise. Je ne serais peut-être pas aller vers cet auteur spontanément et sur la sélection de cinq livres que j’ai eu à lire, c’est celui que j’ai préféré.



Note : 8,5/10


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          322
Au commencement du septième jour

Thomas Texier est réveillé en pleine nuit : sa femme Camille vient d’avoir un accident de voiture, elle est dans le coma aux urgences de Bolbec et va être transférée au CHU de Rouen. Juste le temps d’appeler Daba, la dame qui s’occupe des enfants quand il rentre tard de son entreprise, il s’installe en voiture, pianote sur son GPS et c’est parti…

Thomas qui avait vécu jusque là bien sereinement : deux gamins adorables, un bon boulot, une belle maison, des tas de projets… bref Thomas est comme déséquilibré, placé sur une pente en roue libre, sans freins, sans casque, sans rien pour se protéger… Lui qui croit tout maîtriser, les lieux (ah, le GPS !), les hommes (ingénieur, il vient de trouver un système pour contrôler le temps de travail des salariés), les événements, le voilà désormais ballotté, manipulé comme une marionnette bien naïve dont il percevra petit à petit les fils.

Il roule, roule sans arrêt et ce paysage qui défile autour de lui devient hautement symbolique. Souvent, il est perdu : les lieux qu’il interroge ne lui répondent pas, ne lui donnent pas d’explication : que faisait Camille à Saint-Eustache-la-Forêt ? Ce n’était pas sa route pour rentrer à Paris. Avait-elle un amant ? Il va sur les lieux de l’accident. Thomas a besoin de visualiser les choses pour comprendre. « Vous êtes arrivé » répète le GPS. Il descend et regarde cette ligne droite au milieu de nulle part. Il ne comprend pas. Non, il n’est pas arrivé, il est à peine parti en réalité et la route ne sera pas toute droite, loin de là !

Cet accident est pour Thomas un point de départ, le début d’une quête qui va le conduire sur les chemins de son enfance, sur les routes de son passé, dans un effort pour saisir ce qu’il n’a pas vu jusque là, les choses à côté desquelles il est passé, comme un aveugle, comme un homme totalement absorbé par sa réussite sociale et professionnelle, persuadé d’être le meilleur, celui qui a réussi.

Soudain, il va faire ce qu’il n’a pas fait jusque là : échanger avec ceux qui fréquentaient Camille, sa femme, parler avec Jean son frère qui vit dans les Pyrénées et porte en lui un lourd secret que Thomas n’a jamais soupçonné et enfin reprendre contact avec sa sœur Pauline, médecin, partie au Cameroun pour aider les plus déshérités à survivre et pour fuir, elle aussi.

Thomas parcourt de longues distances, risquant à tout moment l’accident, comme Camille. Il traverse des espaces et progresse dans sa recherche sur son passé comme s’il avait besoin d’avancer physiquement pour comprendre, progresser dans son désir d’y voir plus clair, même si c’est douloureux et très risqué. « La montagne est trop verticale, dira Jean, il faut préférer l’océan. » Peut-être parce que l’on y voit plus loin, rien ne fait écran, rien ne dissimule l’horizon.

Au commencement du septième jour est un livre sans repos, sans halte, un livre dans lequel on ne reprend pas son souffle. On court, on marche sans répit, on reprend sa course effrénée dans un rythme qui s’accélère, qui s’affole. Le texte est saturé. Plus la place pour une virgule. Pas de blancs. Même les rêves de Thomas sont sans respiration, saturés de signes, de sens. Une forêt à déchiffrer et dans laquelle se perdre est un risque. Et il faut aller vite parce que le temps presse maintenant…

Thomas comme chevalier errant à la recherche d’un Graal et qui, tel Perceval, ne pose pas les bonnes questions au bon moment, découvrant la vérité quand c’est trop tard. Il est celui qui n’a rien vu, qui est passé à côté de tout, qui a traversé les gens comme il traverse les paysages, sans les comprendre vraiment, la tête dans son GPS qui lui indique où il doit tourner et quand il est arrivé. Thomas n’a rien vu. Rien. Et là, on a comme l’impression qu’il fait le chemin inverse, il retraverse les lieux en tentant de les comprendre, de les analyser. « Il songe qu’un nouvel ordre mathématique étalonne sa vie, que les mesures sont à reprendre, qu’il a vécu dans une obscurité insouciante … La clairvoyance. Qui vient trop tard. »

Un texte superbe, l’histoire d’un homme qui va tenter de rattraper le temps perdu, si c’est possible… pour enfin trouver un peu de paix, peut-être celle de Dieu qui au septième jour peut se reposer, enfin…

Une écriture incroyable notamment dans sa capacité à traduire les émotions des personnages, leur souffrance, leur peur, à travers les silences, les phrases inachevées ou des discours qui masquent l’essentiel.

Et enfin, lire ce livre, c’est voyager, oui, vraiment, voyager : la topographie très précise crée un effet de réel saisissant. La dernière partie qui a lieu en Afrique est fascinante : vos sens en alerte, vous y êtes, aux côtés de Thomas, dans la chaleur étouffante, le chaos des routes et la terreur omniprésente d’y rester, de mourir, là, à chaque détour du chemin, dans la poussière et les cadavres des bêtes crevées. C’est un « roman géographique », comme le livre que Jean prêtera à Thomas, pour le mettre sur la piste…

Superbe ! Vraiment !


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          316




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Luc Lang (1231)Voir plus

Quiz Voir plus

au commencement du septième jour

quel est le nom du héros?

Pierre
Paul
Jacques
Thomas

10 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Au commencement du septième jour de Luc LangCréer un quiz sur cet auteur

{* *}