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Critiques de Malla Nunn (43)
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Le sang et la poussière

Durban , 1953. L'inspecteur Cooper , après avoir été rétrogradé à la condition de 'non blanc', travaille en sous marin sur les docks pour un commandant . Il trouve un garçon de 12 ans , la gorge tranchée et deux jeunes hindous à ses cotés. C'est le début des embrouilles.



Si l'intrigue policière est bien menée, intéressante et intelligente , faisant une bonne part aux séquelles de la grande guerre à travers le monde , l'un des principaux intérêts du livre réside dans la description de l'Afrique du Sud des années 50.

Espace de non droit ou de quasi esclavage pour les non blancs, ce pays est aussi le théâtre de la rivalité entre les Anglais et les Afrikaners.

Au milieu de cette dictature de la couleur , errent des personnages mal nés qui cherchent à sauver leur peau ou à étendre leur pouvoir . Et là , tout est permis.

Le choix de la date de l'intrigue, début Juin 1953, coïncide avec le couronnement d'Elizabeth Windsor, ce qui permet de montrer le poids encore considérable du Royaume Uni dans ce coin du monde.

Finalement, entre une intrigue plutôt plaisante, sans que le suspens ne nous réveille la nuit soyons francs et une immersion dans la sombre histoire de l'Afrique du Sud, ce tome est plutôt réussi.

Attention, il s'agît de la deuxième aventure de l'inspecteur Cooper et même si l'on peut lire ce volume indépendamment, il y a plusieurs références à la première enquête.
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Justice dans un paysage de rêve

Challenge plumes féminines 2021 – n°12



J’avais acheté ce roman à l’époque d’un challenge ABC mais au final, je ne l’ai jamais lu. Il aura fallu l’aide de la pioche de Décembre pour qu’il sorte enfin de ma pal. Ça sera ma première lecture de cette auteure et une totale découverte car j’espère qu’à l’époque de mon choix, le résumé m’avait intrigué.



Finalement, il s’avère que c’est le premier tome d’une série assez dépaysante, l’enquête se déroule en Afrique du Sud. L’histoire se déroule en 1952 en plein cœur de l’apartheid où un inspecteur-chef doit résoudre le meurtre d’un capitaine de police. Comme dit l’auteure : « Le crime n’avait pas de couleur ». L’entrée en matière est rapide : un appel semble être un canular mais on envoie quand même quelqu’un au cas où. Il y a bien eu un meurtre et l’enquête se lance en suivant. Au fur et à mesure de celle-ci, on apprend à connaître le personnage principal et les mœurs de l’époque. Dépaysement assuré, dans tous les sens du terme. L’enquête est longue et délicate car tout est nimbé de secrets et de la différence entre les « races » (blanc, noir et métis). Malgré tout, le style de l’auteure est agréable et se lit plutôt bien même si elle l’agrémente de termes zoulous ou afrikaans qui ne sont pas traduits. C’est assez long et lent à lire mais l’atmosphère est suffisamment atypique pour maintenir mon attention sur l’histoire. Certains passages sont malgré tout assez rudes à lire, il m’a fallu m’y reprendre à plusieurs fois mais les 100 dernières pages ont été lues bien plus vite que les précédentes tant il me tardait de connaître la fin de cette enquête très complexe en bien des points…



Comme vous l’aurez compris, ce premier tome a été une excellente découverte. Même s’il a été long à lire, j’ai apprécié découvrir cette région du monde en plein apartheid où les règles étaient bien différentes suivant les « races » et les circonstances. J’ai longtemps cru que l’inspecteur Cooper était « noir » du fait du comportement des autres vis-à-vis de lui. Malla Nunn a écrit 4 romans avec l’inspecteur Cooper mais seulement deux ont été traduits en français. C’est dommage car ça nous permet de voir une réalité non décrite dans les livres d’histoire. Je remercie Pat0212 de m’avoir aidé à le sortir de ma pal, il n’aurait pas dû y rester autant de temps. Je conseille donc aux amateurs de romans policiers dépaysants de découvrir cette auteure et sa série en plein cœur de l’apartheid. Pour ma part, je me procure le tome 2 dès que possible et je pisterai si la suite sera traduite, bien que cela m’étonnerait, le tome 1 a quasi 10 ans.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Justice dans un paysage de rêve



Emmanuel Cooper, inspecteur de police, débarqué de Johannesburg, est envoyé sur le terrain où le cadavre du capitaine de police local vient d'être découvert. Assez vite, il va se rendre compte que l'affaire est bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Le fait que la Security Branch s'impose dans l'enquête ne fait que renforcer son malaise...



J'ai beaucoup aimé ce roman policier qui nous plonge dans le veldt sud-africain, à la frontière avec le Mozambique, en plein Apartheid. Le personnage d'Emmanuel Cooper est très intéressant et n'est pas facile à apprivoiser. Comme un deuxième roman de l'autrice swatinienne a été traduit en français, je vais m'empresser de l'acquérir pour poursuivre ma découverte de cet inspecteur pas comme les autres.



L'intrigue en elle-même tient la route jusqu'au bout et la fin du roman est assez étonnante. J'ai beaucoup aimé le contexte historique dans lequel Malla Nunn a placé son récit. Si j'avais déjà une bonne idée de la complexité des relations politiques dans la police avec les romans de Deon Meyer, ici, ce sont d'autres facettes qui nous sont livrées. En effet, à l'inverse de son homologue masculin, l'autrice a choisi le début des années 50 comme toile de fond et pas le 21e siècle. A cette époque, l'Apartheid est en place depuis moins de 5 ans et les relations entre les différentes communautés sont strictement réglementées et le climat politico-judiciaire très tendu. En mêlant blancs, noirs et métis, Afrikaners, juifs et zoulous, l'autrice dresse un portrait saisissant et sans concession de la complexité des relations entre les sud-africains de cette époque.



L'équilibre entre récit historique et polar est parfaitement atteint dans ce premier tome et devrait ravir les amateurs des deux genres.
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Justice dans un paysage de rêve

Afrique du Sud , à proximité de la frontière avec le Mozambique, un homme, afirkanner et policier est trouvé mort. C'est un inspecteur chef, Cooper, venant de Johannesburg qui se trouve chargé de l'enquête. Nous sommes en 1952, l'Afrique du Sud, s'enfonce dans l'apartheid, séparant de plus en plus, métis, noirs et blancs, alimentant leur théorie par une lecture étrange des évangiles . Dans un tel contexte, tout le monde cache quelque chose ce qui ne facilite pas l'enquête. Pour compliquer le tout on envoie du "renfort" une sorte de groupe aux méthodes très semblables à celles des SS et en parfaite concurrence avec Cooper.



C'est un très bon polar qui dessine l'Afrique du Sud de l'époque avec un flic complexe et une enquête qui se déroule avec un bon rythme .



Comme il s'agit d'une trilogie j'espère retrouver Cooper et continuer cette série.




Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Justice dans un paysage de rêve

Ce roman était intéressant pour en apprendre plus sur l'ambiance qui régnait en Afrique du Sud au début des années 50. En effet, en plus de suivre une enquête policière, l'auteure distille quelques informations dans ses descriptions. Nous y voyons le racisme ambiant, l'Apartheid ovni-présent et la sévérité des nouvelles lois votées par le National Party. Les Boers ou Afrikaners ne doivent pas avoir de contacts avec des métis ou des zoulous. Ces derniers ont même des chemins qu'ils doivent emprunter pour se déplacer, que l'on appelle sentiers cafres ! Je suis encore choquée de ce que j'ai pu lire.



J'ai aimé découvrir certains paysages sud-africains, notamment le veldt (ces grandes étendues sauvages). J'ai aussi apprécié découvrir quelques mots zoulous (même si je ne retiendrai sûrement que yebo = oui).



Concernant l'enquête, celle-ci était intéressante et bien menée. Il n'y a pas eu de temps mort dans le récit, qui au contraire fourmillait de rebondissements. J'ai eu cependant un peu de mal à m'attacher aux personnages, et même à Emmanuel Cooper que j'ai trouvé un peu trop vulgaire. Peut-être le faisait-il exprès, mais il aurait pu parfois être un peu plus délicat. Je serai par contre curieuse d'en connaître un peu plus sur lui, sur son parcours et ses démons.



Encore une fois, j'ai été particulièrement choquée par le comportement de ces hommes blancs qui se croyaient les maître du monde, simplement du fait de leur couleur de peau. Leur impunité est choquante, tout autant que du peu de cas que les policiers faisaient des affaires dont les victimes étaient des métis ou des zoulous.
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Justice dans un paysage de rêve

Un très bon polar - pour moi qui en lis très peu - avec une intrigue qui tient de la première page à la dernière et s'occupe des personnages, tous assez mystérieux, et du contexte historique plutôt que de décrire en long et en large des scènes sanglantes.

Le contexte ? Les années 50 en Afrique du sud, à la frontière du Mozambique (pas très loin du Swaziland, pays d'origine de l'autrice) : les lois raciales de l'apartheid se mettent en place, notamment celle de l'immoralité interdisant tout contact entre Blancs et Noirs et faisant des métis des dégénérés. Bêtement, je n'avais jamais pensé qu'il y avait un début à cet état politique... Ce que j'avais lu était plus souvent tourné sur l'après, sur un passé. Là on est plongé dans le présent d'une société multiple et ordonnée (les Hollandais-boers-afrikaners, les Anglais, les métis, les zoulous...) par l'intermédiaire d'un petit village de campagne et les secrets de famille.

Et même si le premier tome peut se suffire à lui-même, il m'a donné très envie de découvrir la 2e aventure de l'inspecteur-chef Cooper (il y en a 3 : c'est un polar avec des airs de saga).
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Justice dans un paysage de rêve

Roman de Malla Nunn. Premier tome d'une trilogie.



Septembre 1952 à Jacob's Rest. Le capitaine de police Willem Pretorius est retrouvé mort sur la rive du fleuve qui sépare l'Afrique du Sud du Mozambique. La famille Pretorius incarne les valeurs du National Party et des Afrikaners et observe strictement un mode de vie fondé sur la religion et le ségrégationnisme. "Huit ans après les plages de Normandie et les ruines de Berlin, on parlait encore d'esprit afrikaners et de pureté de la race dans les plaines africaines." (p. 12) L'inspecteur-chef Emmanuel Cooper, de Johannesburg, est "envoyé en solo sur le meurtre [de ce] capitaine de police blanc." (p. 11) D'emblée, il comprend que son enquête sera semée d'embûches : les cinq fils Pretorius ne laissent rien entacher la mémoire de leur père et la Security Branch s'empare de l'affaire sous prétexte de déjouer un complot communiste. Emmanuel Cooper est rapidement écarté de l'affaire mais il est convaincu que "l'assassinat du capitaine [est] indissociable des secrets et mensonges de la petite ville et [n'a] rien à voir avec un complot communiste élaborer pour faire dérailler le National Party." (p. 287) Jacob's Rest est un bourg perdu qui vit au rythme de la famille Pretorius et qui palpite de secrets qui ne le restent pas longtemps. Le capitaine Pretorius a développé un attrait pour la culture cafre et zoulou bien difficile à conciler avec les prétentions de pureté affichées par son clan. La ligne de couleur a été franchie. Au-delà d'une histoire de moeurs et de sordide trafic, l'enquête révèle les noirceurs de la nature humaine et échoue à déterminer le prix d'une vie.



Le passé de l'inspecteur Cooper s'esquisse subtilement dans ce premier tome. Le souvenir d'un sergent-major le hante et l'aide à progresser dans ses réflexions. Ce souvenir ravive également des pans de passé enfouis sous le remords et la douleur : on aperçoit une épouse, Angela, des images de la seconde guerre mondiale, des cauchemars, des origines incertaines et de nombreux secrets. Si Cooper est tout d'abord un personnage solitaire voire esseulé, il renoue avec le genre humain à mesure que l'enquête progresse. Il fait fi des préjugés raciaux et forme un trio bigarré avec le policier zoulou Shabalala et le docteur juif allemand Zweigmann. Emmanuel Cooper est une nouvelle figure de policier. Principalement désigné par son prénom, il est plus humain et plus accessible que certains personnages archétypaux des récits policiers qui me hérissent d'ordinaire le poil ! Sous la carapace affichée se dessinent des failles que le second tome - j'espère - contribuera à faire éclater pour révéler davantage le personnage et son passé.



Le roman de Malla Nunn est intéressant à plus d'un titre. D'une part, l'intrigue est finement menée, suffisamment complexe pour faire travailler les méninges à plein régime mais parfaitement maîtrisée et sans incohérence. Les coupables - puisqu'il y a plusieurs affaires mais je n'en dirai pas davantage - s'ils sont démasqués, courent toujours. Et la chute du roman n'est en rien une porte qui se ferme. On reste clairement sur sa faim dans l'attente du second tome (à paraître en 2012) dont les alléchantes premières pages sont offertes en conclusion.



D'autre part, le roman dépeint autre chose de l'Afrique du Sud que ses paysages paradisiaques. Le titre français est éloquent, le titre original davantage encore : A Beautiful Place to Die. Les lieux sont superbes, certes. La nature est à la fois poétiquement sauvage et magnifiquement indomptable mais la nature humaine n'est que laideur ou vilenie sous le coup des lois d'immoralité publiées par le National Party, lois qui verrouillent la société. Les relations entre noirs et blancs sont encodées de telle façon que tout acte devient suspect et condamnable. "Les nouvelles lois ségrégationnistes officialisaient l'idée que la tribu noire et la tribu blanche avaient été créées par Dieu pour vivre séparées et se développer parallèlement. Chacune avait sa propre sphère naturelle." (p. 187) Les comportements extrêmistes s'érigent en rempart contre une prétendue contamination de la race : "Les leaders de la tribu afrikaners faisaient grand cas des liens du sang. Leur organisation la plus secrète, le Broederbond, signifiait 'Les Frères de sang'. Que se passait-il quand le lien franchissait la ligne de couleur et rattachait le noir au blanc?" (p. 140) L'auteure présente l'apartheid sud-africain sous toutes ses couleurs : les Afrikaners, les Indiens, les métis, les Bantous, les Cafres, les Zoulous, les hommes, les femmes. La conclusion est simple : personne n'est blanc comme neige ni noir comme diable.



Je termine avec une phrase qui m'a saisie à la lecture. Il me semble que, au-delà du pays où se déroule l'intrigue et sans précision d'origine, cette situation s'applique encore trop souvent."En Afrique du Sud, les Noirs avaient besoin de si peu. Un peu moins chaque jour, c'était la règle générale." (p. 18) Ce premier tome est une réussite qui me réconcilie avec le genre.



Un grand merci à Pierre K. de Babelio et à Nina Salter des éditions Des Deux Terres pour m'avoir permis de lire ce premier tome très alléchant !
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Justice dans un paysage de rêve

Merci à Babélio et à la jeune Maison d'Edition Des Deux Terres (2003) de m'avoir donné l'opportunité de découvrir la première enquête de l'inspecteur Cooper dû à la plume de Malla Nunn.





Nous sommes loin des brumes londoniennes de Holmes et Watson, loin du high-tea des policiers victoriens, loin du boulevard Richard Lenoir où flotte toujours l'ombre de Maigret, nous sommes bien dans "d'autres terres". Et c'est ce qui rend ce policier particulier, intéressant et interpellant. Car au-delà d'une simple enquête policière exaltante, c'est l'Histoire d'un pays, d'une nature, d'habitudes, de moeurs, de morale, de catégories sociales qui nous claquent au visage.



1952, Afrique du Sud, le veldt, un corps, pas n'importe lequel : celui du capitaine Pretorius, un blanc, un afrikaner. C'est toute l'horreur de la ségrégation sociale qui s'élève au faîte de la violence la plus vile. Les blancs (opposition entre anglais et hollandais), les métis (à qui la partie de sang noir empêche pleinement leur reconnaissance...) et les noirs (qui, selon les lois de l'apartheid, spirituellement ne sont pas des êtres humains à part entière), tout ce monde se côtoie, s'évite, se méprise, se hait. La vie n'a pas le même prix selon que l'on soit blanc, sang mêlé ou zoulou.



Un inspecteur-chef de Jo'burg, Emmanuel Cooper, chargé de l'enquête, devra tirer "prudemment" tous ces fils, comprendre les non-dits, dominer ses répulsions pour arriver à démêler l'écheveau. Par le cafre, on le suit d'une communauté à l'autre, on comprend son respect et sa méfiance. Le plus terrible est encore cette loi sur l'immoralité (qui transforme la réelle immoralité en quelque chose d'inexistant), la chasse au communiste, la rivalité et la cruauté de la "Security Branch" qui pourrit le pays au nom d'une société sans morale : l'homme dans toute sa splendeur bestiale... Chez les Boers, la religion offre une fois de plus une dimension proche de l'exaltation démente qui fait perdre leurs repères aux faibles d'esprit (la mère - le jeune fils Pretorius). Tous les actes répréhensibles commis viennent des interdits : victimes (le père - le fils - l'anglais King) et Victimes (Davida...). Les personnages qui entourent l'inspecteur sont aussi marqués par ce lien de dépendance que représentent leur attachement au maître et le cheminement qu'ils devront accomplir pour accepter les faits. L'ombre des années de guerre 1940-1945 sont continuellement présentes dans les "maux de tête" de l'inspecteur revenu au pays qu'il aime : d'une souffrance à une autre. La présence de Zweigman (le docteur juif à l'épouse apeurée) reste mystérieuse mais évocatrice d'autres maux.



Le livre emmène de page en page dans un univers étouffant, violent, d'une densité psychologique qui remue, d'une réalité sociologique effarante (tenter de s'en sortir par des études pour une métisse est impossible, se faire passer pour blanc et renoncer à son identité...). Le souffle qui entraîne ne laisse aucun répit à la flânerie, il assène les vérités que nous "digérons" mal mais c'est ainsi, on ne peut réécrire l'Histoire. Nous faire comprendre ce pays est une gageure réussie. Plus que l'écriture d'un policier, l'auteur campe une Afrique du Sud de 1952 dans tout ce qu'elle avait de... je cite une de ses phrases : "le sommet de la pyramide du mal". L'extrême fin du roman laisse une porte ouverte à un certain espoir qui pourrait ne pas être utopique... L'enquête policière est tout à fait crédible, on la suit et on commence à deviner qui est le coupable lorsque Cooper lui-même y parvient.



Malla Nunn est "aussi cinéaste et a trois films à son actif", cela se ressent : l' écriture alerte racontant lieux, personnages et dialogues rendent la lecture très visuelle.



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Justice dans un paysage de rêve

Septembre 1952, la police de Johannesburg reçoit un appel téléphonique d'une très jeune fille de Jacob's Rest signalant un meurtre. Bien qu'ils pensent à un canular, ils dépêchent sur place l'inspecteur-chef Emmanuel Cooper qui se trouvait dans la région. Arrivé sur place Copper constate que la victime n'est autre que le capitaine de la police Willem Pretorius.

L'homme a été tué de deux balles. La famille de la victime incarne dans la région les valeurs du National Party et des Afrikaaners. Un mode de vie fondé sur le ségrégationnisme et la religion.



Une enquête qui s'avère pour l'inspecteur-chef difficile, les fils du défunt feront tout pour préserver la mémoire de leur père.



Alors qu'il débute à peine son enquête, la Security Branch chargée de faire respecter les lois du ségrégationnisme débarque et s'empare de l'affaire dans l'intention d'inculper une communiste.



Malgré qu'il soit écarté de l'affaire Cooper aidé d'un policier zoulou ami d'enfance du capitaine continue l'enquête convaincu que le meurtre repose sur des mensonges.



Une enquête très bien élaborée malgré que tout le monde autour de Cooper tente de l'empêcher, ne reculant devant rien, de faire éclater la vérité.



En plus de l'enquête très intéressante, l'autrice met en avant l'atmosphère atypique et pesante régit par les lois d'immoralité qui cloisonne les différentes races obligées de cohabiter sans se mélanger.



Une très bonne enquête, une atmosphère particulièrement bien rendue font de ce roman policier une excellente lecture.
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Justice dans un paysage de rêve

Le capitaine de police Pretorius vient d'être assassiné. il était blanc et capitaine de police, ce qui suffisait à le rendre très influent. L'inspecteur Emmanuel Cooper, arrivant tout droit de Jo'burg va tenter seul contre tous de découvrir ce qui s'est réellement passé et non cette vérité qui arrange bien du monde. Il est aidé dans son enquête par Shabalala, enquêteur zoulou droit et honnête et un vieux médecin juif allemand au passé trouble. Très vite, Cooper se heurte aux membres de la Security Branch, au service du National Party, des Blancs peu scrupuleux et déterminés à faire payer n'importe quel Noir, communiste de surcroît. La famille de la victime, respectables Afrikaners, tout du moins en apparence sont quant à eux décidés à faire justice eux-mêmes.



Ce livre est à l'opposé de ce que je peux lire et affectionne habituellement. Point d'ambiance londonnienne, d'époque victorienne ou de froid polaire. Ici tout est étouffant, la haine tenace et les rivalités inter-raciales omniprésentes. Cette région d'Afrique de Sud, à la frontière du Mozambique est hostile par son climat social. Nous sommes dans les années 50, et les lois pour la suprématie des Blancs régissent le pays. Les Afrikaners, les Zoulous et les Métis doivent cohabiter sans se "mélanger" et la hiérarchisation des races laisse peu de place à la communication et à l'altruisme. L'enquête policière est passionnante et la notion de justice toute relative. Parmi les nombreux personnages, on trouve de véritables pourritures, grisées par un semblant de pouvoir, de braves gens victimes de leur couleur de peau et condamnées à subir éternellement et des hommes qui luttent tout simplement. L'inspecteur Cooper et Shabalala sont de ceux-là.



J'ai beaucoup appris au sujet de l'histoire de ce pays, j'ai été sidérée et scandalisée par certaines lois ou règles de l'époque et par la condition des Noirs qualifiés de sous-hommes. C'est noir et terrible car véridique et la fin n'a rien d'un happy end dans le sens où on l'entend.



Un excellent moment de lecture instructif et prenant, différent et à découvrir.




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Justice dans un paysage de rêve

Ce livre nous avait été proposé dans le cadre de l'opération Masse Critique par l'équipe de Babelio et les éditions des Deux Terres.

On a bien entendu saisi au vol (d'avion) l'occasion de retourner en Afrique du Sud après y avoir déjà été invités par Henning Mankell ou Deon Meyer.

Cette fois le voyage se fera en compagnie de Malla Nunn : elle est originaire du Swaziland et vit désormais en Australie.

Très agréable découverte que cette première (mais pas dernière) enquête de l'inspecteur Cooper.

Même si on peut regretter le titre français(1) passe partout, un peu racoleur, un peu hall de gare, sachant tout de même que le titre en VO ne valait guère mieux : A beautiful place to die.

Nous voici donc au début des années 50 dans un trou perdu du veldt, tout près de la frontière avec le Mozambique. À cette époque la doctrine de l'apartheid est en plein essor et fleurit sur les cendres du nazisme. Le Nasionale Party (tiens, y'a encore de l'écho ?) et les Afrikaaners sont au mieux de leur forme. Sur fond de guerre froide, la Security Branch fait régner la terreur blanche, pourchassant tout ce qui est rouge ou noir.

Et puis ce jour-là ... dans ce trou perdu de la brousse, on découvre un cadavre au bord du fleuve.

Un cadavre de blanc. Un cadavre de flic. Un flic blanc qui descendait d'une noble lignée de Boers purs et durs.

Alors la Security Branch dépêche sa meilleure escouade de gros bras, avides d'épingler, que dis-je, de pendre un pauvre black à tendance rouge.On trouvera sûrement tout ce qu'il faut sur place : le bonhomme, les aveux et la corde.

Tandis que la police de Johannesburg envoie l'un de ses meilleurs inspecteurs, du genre qui veut attraper le vrai coupable. Pfff !

Le volet polar est sans reproche : une enquête difficile, des luttes de pouvoir, de lourds secrets qui devront remonter à la surface, de sombres histoires de famille et de village, ... tout y est.

Mais l'intérêt de ce bouquin est ailleurs : dans la description de cette Afrique qui n'arrive pas à dépasser (et il lui faudra encore de nombreuses années ...) les clivages entre l'arrogance des blancs arrogants d'un côté, la fierté des noirs de l'autre, et la peur des métis perdus au milieu.

On a déjà évoqué plus haut les cendres du nazisme : l'inspecteur Cooper a été traumatisé par on ne sait trop quels événements de la guerre et on retrouve même au centre de cette intrigue policière, un ancien toubib juif qui a subi on ne sait trop quelles horreurs. Le décor est planté et ne laisse planer aucun doute sur la filiation de la doctrine du Nasionale Party qui tente d'éradiquer toute relation “inter-raciale”.

Mais voilà ... on est en Afrique. Paysages grandioses, chaleur moite, vigueur animale, tout cela exacerbe les désirs de pouvoir, de violence et de sexe.

Manifestement, selon Malla Nunn, la suprématie blanche n'avait aucune chance de résister bien longtemps à la pression contenue. La marmite bouillonne, quelque soit la couleur des légumes qui y mijotent.

Et l'on découvrira au fil de l'enquête que tout n'est pas noir ou blanc. Qu'il y a beaucoup, beaucoup de gris, de quelque côté que l'on se tourne : la place faite aux métis dans cette histoire est très instructive et dévoile tout un pan méconnu de cette Afrique du Sud dont avait seulement une photo en noir et blanc.

Vivement la prochaine enquête de l'inspecteur Cooper.

_________

Pour celles et ceux qui aiment l'Afrique. Noire, blanche ou chocolat.

Les éditions des Deux Terres éditent ces 390 pages qui datent de 2008 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Anne Rabinovitch.
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Justice dans un paysage de rêve

Mes connaissances de l'apartheid se limitent aux souvenirs de lycée. Ce livre était donc très intéressant pour moi et m’a permis de mieux appréhender (voir de découvrir) les lois de ségrégation à travers une enquête policière : la ségrégation était non seulement physique (les populations noires, métisses et blanches vivent dans des quartiers séparés et vont dans des magasins différents) mais elle atteignait tous les aspects de la vie (la loi d'immoralité en particuliers interdit deux personnes de "races" différentes de se toucher et bien sûr d'avoir une relation intime). J’ai aussi découvert à travers ce livre la différence entre les Afrikaners et les autres blancs, le mythe de la tribu africaine blanche et le mythe religieux du "peuple élu" qui semblait très ancré dans le courant conservateur alors au pouvoir.



Concernant le roman en lui-même, l’intrigue est bien mené et le roman a un bon rythme, le héros étant un policier blanc non Afrikaner. Cependant, les personnages sont caricaturaux : les fermiers Afrikaners forts comme des bœufs, sûrs de leur bon droit, réfléchissant comme des pois chiches, agent de police zoulou, très bon traqueur, silencieux, intelligent et coureur infatigable, méchant flic plus intéressé par son avancement que par la vérité et jouant facilement des poings pour faire avouer les suspects… et le héros passe une bonne partie de son temps à essayer d’éviter le tabassage en règle des fermiers (je l’ai vu comme une façon de montrer que dans cette société, certaines personnes étaient de fait au-dessus des lois).

L’intrigue est cependant très cohérente, avec des motivations non évidentes, des témoins méfiants auxquels il faut soutirer des informations et plein de secrets bien cachés dans une petite ville.... L'intérêt de l'intrigue réside plus particulièrement dans les mobiles qui révèlent la souffrance engendrée par la société fracturée de l'apartheid, dans toutes les couches de la société.



En conclusion, un bon moment de lecture, avec un héros sympathique, une découverte de l’apartheid de l’intérieur mais des personnages caricaturaux qui empêche de croire à l’histoire.

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Justice dans un paysage de rêve

Le paysage de rêve, c'est celui de l'Afrique du Sud dans les années 50.

Ce roman n'est pas une agréable ballade touristique dans des paysages de carte postale mais une plongée en pleine ségrégation avec la répartition de l'habitat en fonction de sa couleur de peau, les blancs au centre des bourgades, les métis dans les quartiers en bordure et les noirs à l'écart des villes avec des chemins à usage spécifique...

La vie est également réglée par des lois de moralité strictes et même chez les Blancs, il y a les Afrikaners, La race pure, et les autres.

Loin d'être un banal documentaire ou réquisitoire, ce premier tome d'une trilogie nous entraine à la suite de l'inspecteur Emmanuel Cooper à la recherche du meurtrier d'un policier blanc et à celle d'un pervers s'attaquant aux femmes métis.

L'enquéte sera doublement difficile pour notre héros, écarté du devant de la scéne par des "super-policiers", il devra secouer les préjugés et franchir les transgressions et son enquéte est passionnante.

Finalement et heureusement, il y a la façade officielle et les histoires secrétes, les passerelles entre les différents mondes et les mélanges de couleur...



J'ai été transporté dans un autre univers dont je n'avais pas appréhendé toute la complexité et l'abomination de cette ségrégation mais ce roman montre aussi que l'homme ,malgré ses faiblesses et la rigidité qu'on peut lui imposer réussit parfois à franchir les frontiéres du racisme.


Lien : http://lejournaldelouloune.o..
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Justice dans un paysage de rêve

L'action se déroule en Afrique du Sud en 1952. Les lois de l'apartheid ont commencé à voir le jour (de 1949 à 1974, des lois de l'apartheid ne cessent d'être promulguées, de plus en plus répressives mais le racisme et l'esprit colonialiste sont ancrés depuis bien plus longtemps). Les différentes communautés cohabitent tant bien que mal. La justice des blancs est impitoyable et expéditive.



L'enquêteur Cooper débarque de Jo'burg (avec l'accent !) en pensant avoir affaire à un canular quand il découvre le corps d'un capitaine de police blanc dans la rivière. Un Afrikaner pur et dur, à la morale irréprochable. La ville leur appartient quasiment à lui et sa riche famille. Cooper va devoir marcher sur des oeufs.



Le mort est Afrikaner (blanc d'origine hollandaise), Cooper est d'origine anglaise, le policier local qui va l'assister est Zoulou, la ville est peuplée de métisses, l'épicier est juif (il a fui l'Allemagne nazie)...Là-dessus vient se greffer la Security Branch (des militaires aux gros bras) qui traque un communiste ! Un mélange ethnique et social détonnant qui représente bien la complexité de l'histoire Sud Africaine et au milieu duquel Cooper doit mener son enquête (malgré la Security Branch qui essaie de l'intimider).



Évidemment, j'ai apprécié le contexte, qui est décrit de façon suffisamment subtile pour ne pas tomber dans le cours d'histoire rébarbatif. Un très habile portrait du pays.



J'ai aimé la profondeur des personnages dont on devine vaguement le passé tourmenté. Tout est sous entendu, effleuré mais dévoilé qu'à la fin. Cooper revient de la guerre, dont les images le hantent encore....mais que lui est-il vraiment arrivé pour qu'il quitte l'armée ?



Le flic zoulou, qui sait tout, devine tout mais ne dit presque rien...



Enfin l'enquête est digne des meilleurs polars (à l'ancienne). Progressivement, les éléments apparaissent sans jamais laisser entrevoir la solution. La belle image du capitaine s'effrite lentement, les témoignages se précisent mais le meurtrier...pas question de le découvrir avant la toute fin de l'histoire !
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Justice dans un paysage de rêve

Qui a bien pu trucider le Capitaine Pretorius, chef de la police, membre d'une famille Afrikaner puissante, blanc, dans un pays où l'Apartheid fait rage ? C'est la question posée à l'inspecteur Emmanuel Cooper, policier de Johannesburg.





Arrivé sur zone, Cooper découvre combien son enquête s'annonce délicate et combien il doit se montrer prudent et diplomate. Aidé par Shabalala, flic mi-zoulou mi-shangaan, il affronte la veuve et les fils Pretorius qui incarnent le mythe Afrikaner du peuple élu de Dieu, de la tribu blanche d'Afrique, prêts à prendre les armes pour défendre leurs convictions. Mais le plus grand danger pour Cooper vient de ses collègues, puisqu'un service d'élite de la police a été créé après l'élection du National Party : la Security Branch, officine opaque composée de gros bras et petits cerveaux, hommes de main bénalaires indispensables pour les missions non-officielles. Ce sont eux qui dessinent dans l'ombre les contours de l'Afrique du Sud et de tous les pays qui l'entourent. Ce sont eux également qui supervisent l'enquête sur la mort de Pretorius. L'agression d'un officier de police blanc est passible de prison, une agression menée par deux métis est passible d'une peine de prison assortie de travaux forcés et de tabassages réguliers. La cerise sur le gâteau, bien rouge, serait pour la Security Branch, que l'assassin soit un communiste réel ou imaginaire puisque le National Party comme tous ses clones nauséabonds positionnés à l'extrême-droite de Dieu, est excité comme un taureau dans l'arène par la couleur rouge ...





Dans Justice dans un paysage de rêve, l'enquête policière, lente et intéressante, méticuleuse, s'efface derrière le tableau géopolitique, sociologique, historique dessiné par Malla Nunn, qui a choisi de photographier l'Afrique du Sud au début des années 50 au moment où l'Apartheid, qui existe déjà de manière larvée et empirique, est légalisé par des Afrikaners obsédés par leur survie. Les nouvelles lois ségrégationnistes, toujours plus punitives officialisent l'idée que la tribu noire et la tribu blanche ont été créées par Dieu pour vivre séparées et se développer parallèlement. Le pays est partagé en deux, les Blancs et les non-Blancs. La loi sur l'immoralité prohibant le contact sexuel entre Blancs et non-Blancs entre en vigueur et les contrevenants sont soumis à l'humiliation en public ou à des peines de prison.





Dans ce contexte explosif et répressif, Cooper cherche qui se cache derrière la façade de Pretorius, quels secrets obscurcissent la vie de cet honnête Afrikaner respecté par toutes les communautés. Et c'est grâce à un patchwork d'êtres humains de toutes conditions et origines qui s'appuient les uns sur les autres en dépit de l'Apartheid, qu'il parvient au terme de ce roman à la beauté magnétique.
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Justice dans un paysage de rêve

Les années 50, en Afrique du Sud, un capitaine de police blanc est abattu… L’inspecteur Cooper va devoir mener l’enquête pleine de tensions et je dois avouer que c’est assez prenant même si j’ai trouvé certains chapitres longs. En plein Apartheid, la couleur et la double vie du mort va mener notre inspecteur dans une profonde remise en question de la justice. Ce roman policier m’a beaucoup, déjà pour le contexte historique que je connais assez peu et ensuite parce que c’est un bon livre avec une bonne intrigue. On reste assez loin des clichés même si ça ne révolutionne pas le genre.

L’écriture est bonne, l’auteure sait mettre du suspens où il faut pour maintenir le lecteur en haleine mais…certains passages à vide me font baisser la note, sans décrocher non plus, j’ai eu des moments où j’étais moins dedans. On ne va pas se le cacher, ça reste un bon roman policier, une belle découverte d’une auteure qui a grandi au Swaziland, ça ne court pas les rues et j’ai même envie de lire le second tome !

En dehors de ces petits bémols, les personnages sont bons et crédibles, Malla Nunn ne cherche pas la facilité dans son intrigue et oui, c’est un bon polar dans l’ensemble.

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Justice dans un paysage de rêve

L'inspecteur Cooper est envoyé dans une ville de la province sud-africaine pour élucider le meurtre d'un capitaine de police blanc. L'enquête se révèle difficile dans cette communauté marquée par les clivages raciaux et sociaux. Mais Cooper découvre la double vie du défunt capitaine...

Premier tome d'une trilogie. Nous sommes ici face à un très bon polar. C'est bien écrit, l'intrigue est prenante, le fond historique est passionnant. Si le roman commence sur une trame classique, le dernier quart du livre est plein de surprises, toutes amenées de manière assez subtile. Tout le talent de l'auteur est de nous dévoiler progressivement les liens secrets qui unissent les individus blancs, métis ou noirs. Nul doute que le lecteur aura envie tout comme moi de retrouver l'inspecteur Cooper dans de nouvelles aventures. Car j'ai eu un véritable coup de cœur pour ce premier roman qui est un vrai coup de maître ou devrais-je dire de maitresse !


Lien : https://collectifpolar.com/
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Justice dans un paysage de rêve

Une découverte en ce qui me concerne avec ce titre de Malla Nunn. Sous couvert de plusieurs enquêtes, vraiment banales, qui se croisent, s'entremêlent, Malla Nunn en profite pour dénoncer l'apartheid sévissant alors en Afrique du Sud, dans les années cinquante.

Le déroulement des enquêtes est parfois confus. En effet, par moment, dû retourner en arrière pour comprendre réellement ce qui s'est déroulé sous mes yeux.. Malla Nunn décrit avec moult détails, la société sud africaine des années 50, régie par un apartheid extrêmement dur, violent, et, dans laquelle chaque caste c'est-à-dire noir, métis, blanc, avait l'interdiction "formelle" de se fréquenter , se mêler, voire suivre des études supérieures pour les noirs, les métis.

Un polar d'une très grande dureté, et, qui fait froid dans le dos, même si il ne décrit que la réalité. On ne peut s'empêcher de se poser des questions comme par exemple se demander comment l'Afrique du Sud en est venue à cette situation extrême.

L'auteur décrit des scènes banales (enfin, si on peut écrire et/ou parler ainsi), à ses yeux, de la vie quotidienne des sud africains, et, que si ces derniers protestent, élèvent la voix, cela se retournent contre eux alors que pour les habitants des autres pays, il s'agit d'une situation, d'une pratique révoltante, pas normale du tout

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Justice dans un paysage de rêve

Une idée fort Intéressante et remarquablement menée que d’écrire en 2011 un roman policier se déroulant dans l’Afrique du Sud de 1952, alors que les lois raciales déjà particulièrement sévères instaurées par le Parti national venaient d’être renforcées pas la loi d'immoralité de 1950 (Immorality Amendment Act) qui pénalisait les relations sexuelles entre Blancs et non Blancs (cette loi ne sera abrogée qu’en 1985). Car si le régime de l’apartheid (le « développement séparé » comme il était pudiquement et hypocritement désigné) régit la vie des protagonistes dans Justice dans un paysage de rêve, se sont bien les relations personnelles et intimes qui sont au centre de l’enquête que mène Emmanuel Cooper, un inspecteur (anglais) de Johannesburg, sur l’assassinat d’un capitaine de police dans une région proche du Mozambique et du Swaziland.



Dans cette histoire qui mêle le crime à la passion et à la corruption, Cooper n’a pas la tâche facile : entre les enfants de la victime, très attachés à leurs origines afrikaner et à leurs privilèges, et la Security Branch, l’unité politique de la police sud-africaine dotée de tous les droits et obsédée par la traque des éléments communistes, il devra louvoyer et prendre de gros risques, ne pouvant compter que sur l’aide d’un énigmatique médecin juif devenu épicier et d’un agent de police zoulou élevé avec la victime.



Justice dans un paysage de rêve dépeint le monde sans pitié des lois restrictives et des mentalités racistes. C’est dans cette ambiance pesante que Cooper lutte pour connaître la vérité en évitant le pas de côté qui signerait son arrêt de mort. Car, alors qu’il avance par petites étapes vers la vérité, ce qu’il va progressivement découvrir est ce que d’autres auraient voulu voir rester caché tant il y va de la protection des apparences et des respectabilités. La fin de l’histoire n’en sera que plus tragique.



Malla Nunn possède un talent indéniable pour plonger ses lecteurs dans l’époque la plus sombre de l’Afrique du Sud et en restituer la réalité. Avant elle, peu d’auteurs s’y étaient aventurés, si ce n’est James McClure en 1971 avec Le cochon qui fume et, dans un domaine plus satirique, Tom Sharpe avec Mêlée ouverte au Zoulouland en 1973. Les personnages, Cooper en tête, sont attachants (certains reviendront dans les trois romans qui suivent à ce jour cette première enquête), l’intrigue est bien construite, les rebondissements s’enchaînent, le suspense est garanti. Un peu trop toutefois, le côté spectaculaire – agressions, menaces, passages à tabac… – occultant parfois ce qui fait le véritable intérêt du roman.


Lien : http://www.polars-africains...
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Justice dans un paysage de rêve

Nous sommes au début des années 50 dans une province Sud-africaine. Willem Pretorius, un capitaine de police blanc vient d'être assassiné de 2 balles dans le dos, son corps abandonné près de la rivière qui sépare le pays d'avec le Mozambique. Alors que ses 4 fils afrikaners crient vengeance contre les noirs, l'inspecteur Cooper est chargé de l'enquête. Venu de Johannesburg, notre homme doit rapidement trouver des pistes et s'intégrer au mieux à la population locale. Pour cela, il est aidé de Shabalala, un officier zoulou plutôt silencieux. Mais très vite, la pression s'intensifie : la police secrète afrikaner, la Security Branch, vient y mettre son grain de sel et ses agents, prêts à tout pour que l'enquête conduise à la condamnation d'un quelconque opposant à la politique afrikaner, justifiant ainsi bien habilement leur politique raciste.



Bienvenue en Afrique du Sud donc, un pays dirigé par le National Party, où tout contact charnel entre blanc et noir est légalement condamné...

Malla Nunn nous plonge dans l'intimité d'un pays où la séparation des races et le racisme fait encore force de loi.

Le contexte de l'époque et l'ambiance tendue entre les communautés est parfaitement rendu. A travers les portraits de ses personnages (femme noire sous la coupe d'un blanc, famille mélangée qui cache son métissage, ...) l'auteur explicite toute la complexité des relations sociales sud-africaines. Le lecteur plonge dans la bienséance chrétienne blanche qui cache de sordides secrets tout comme dans les coutumes traditionnelles des noirs. Noirs et même métisses sont les victimes ordinaires d'un racisme quotidien qui ne se remet à aucun moment en question. D'autres blancs se voient eux-même ostracisés : le vieux juif du coin qui a fuit les horreurs nazis, l'inspecteur Cooper qu'on traite d'homosexuel. Il ne fait pas bon d'être différent ou de ne pas avoir les origines qu'il faut dans ce pays.

Les communautés noires et blanches sont donc aux antipodes l'une de l'autre et le mélange des deux est impensable. L'habile inspecteur Cooper va devoir pénétrer les deux univers en jouant de prudence et de tact. Très touchant et pudique, l'homme semble avoir un passé tourmenté qui l'assaille de cauchemars récurrents. Cooper est cependant un homme juste et droit qui ne se laisse pas impressionner par la Security Branch et va tenter de mener l'enquête à sa façon en usant de discrétion, de ruse et de patience.



L'enquête en elle-même avance assez lentement. On est loin d'un thriller haletant qui ne lâche pas son lecteur. L'auteur a fait sien le rythme africain où toute chose nécessite un degré supérieur de temps, les infrastructures de l'époque ne le permettant pas non plus (transports limités, routes non carrossables, lenteur administrative, absence de téléphone portable, pas d’hôpital, ...).Les indices se font rares et la progression de l'inspecteur se fera lente et progressive. Ce dernier va tenter de chercher dans la vie et le passé du capitaine de police Prétorius, le ou les éléments qui justifierait son meurtre. Loin d'être le mari et le père parfait, Prétorius va se révéler plein de mauvaises surprises.



Vous l'aurez compris, si l'intrigue n'est pas hautement palpitante, elle vaut surtout pour sa représentation sociale et politique d'un pays en plein bouleversement. La justice passe après le respect des lois raciales instaurées par le nouveau gouvernement afrikaner du National Party et peu importe si ce sont les noirs qui trinquent ! L'auteur réussit avec beaucoup de réalisme à plonger son lecteur au sein des différentes communautés raciales où rien n'est jamais vraiment tout blanc ou tout noir (si je puis me permettre l'expression !). Chaque groupe a ses travers, ses moutons noirs, le plus souvent victimes de cette politique de séparation des races qui force le naturel à une coupure contre nature.



Justice dans un paysage de rêve est un roman classique mais plaisant qui offre une peinture saisissante d'une époque pas si lointaine où les hommes forçaient les lois pour mieux se séparer et se protéger d'une sauvagerie qu'ils portaient en fait en eux-même. Un bon policier très instructif mais qui peine à se démarquer malgré tout.



On notera toutefois la révélation finale sur le passé et l'origine de Cooper qui ne manquera pas d'attirer les lecteurs ferrés vers la suite des aventures de notre inspecteur ! La suite paraitra en 2012.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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