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Critiques de Marcel Pagnol (1358)
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Marius

Marcel Pagnol - Marius - 1929 : Une des pièces les plus célèbre du répertoire français marquée à jamais par les acteurs qui l’ont incarnées à l’écran (Raimu, Pierre Fresnay, Orane Domazis). C’est une histoire banale en fait, celle d’un jeune homme partagé entre ses envies de voyages et l’amour qu’il porte à une petite vendeuse de coquillages. C’est cette dualité qui met en émoi leur quartier du vieux port de Marseille. Se joue alors un drame joyeux avec ses personnages truculents et excessifs mais en même temps tellement vrais et sensibles. On rit aux larmes en visualisant certaines scènes mais on pleure aussi car l’émotion est toujours là à fleur de lignes sous le débit des paroles et de l’accent provençal qu’on imagine très bien nous remplir l'oreille. "Marius" est un inégalable chef-d’œuvre de la rue, évocation de l'amour pur et de l'amitié sans failles qu’on devrait avoir tous lu au moins une fois dans sa vie. Car cette pièce rend heureux, elle insuffle une énergie salutaire et débordante dans nos existences pas toujours amusantes. L’aurions-nous apprécié de la même façon si nous n’avions pas en tête la faconde de ceux qui l’ont incarné à l’écran ? Sans doute car ce texte qu’on pouvait qualifier d’une simplicité biblique renfermait en lui un bouquet d’émotions que les mots seuls pouvaient traduire avec talent. Marcel Pagnol sans faire de rimes fut un merveilleux poète de la vie, un conteur et un dialoguiste hors pair qui sut inventer des personnages immédiatement identifiables à une ville, à une région. On ne pouvait le nier, César dans l’imaginaire collectif était la représentation type du marseillais. Outre l’accent chantant tantôt moqueur, tantôt sérieux qu’on pouvait entendre dans le film, un langage imagé qui sentait bon la méditerranée, une certaine langueur pas du tout monotone et un toupet sans faille renforçaient l’image sympathique des habitants de cette belle ville française. Image bien écornée depuis que les téléréalités ont réussis à ridiculiser les marseillais aussi bien que les ch’tis d’ailleurs. Tout était délectable ici, de la fameuse partie de cartes qui érigeait la tricherie en art («tu me fends le cœur !!») aux répliques savoureuses toutes droites péchées dans les rades étouffants de la citée («Le jour où on fera danser les couillons tu ne seras pas à l’orchestre», «Il est tellement fainéant qu’il ne marche jamais au soleil pour ne pas avoir à tirer son ombre»). Pagnol avait le sens du populaire et non du populisme. Ses personnages n’étaient pas spécialement privilégiés mais ils vivaient des existences heureuses sans Netflix, sans portables et sans réseaux sociaux (Et oui c’était possible…). La gaieté était toujours là à fleur de peau même quand le désespoir et la tristesse venait saisir les protagonistes de la pièce qui vivaient alors les drames avec le masque grave des tragédiens antiques et le cœur des jeunes enfants qui ne pensent jamais que le mal peut durer. «Marius» menait au panthéon du théâtre et de l’écriture des personnages que chacun aurait pu rencontrer dans sa vie à condition d’être né soit même à l’ombre de la bonne mère. Panisse, Honorine, Monsieur Brun, le capitaine Escartefigue enrichissaient eux aussi un folklore qui entre la bouillabaisse, les santons et le pastis disposaient déjà de tous les marqueurs qui font qu’on aime en France une ville ou une région. Cette œuvre n’est pas longue à lire mais elle dépasse en émotion bien des sagas régionales qui tentent en plusieurs volumes de nous faire rentrer de force dans une ambiance que leurs auteurs ne maitrisent pas toujours… beau à pleurer
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La gloire de mon père

Quand on lit "La gloire de mon père" on entend le chant des cigales, le tintillement des boules de la partie de pétanque, on sent l'odeur du pastaga, et cet accent marseillais si doux à mes oreilles!



Ce livre, est un rayon de soleil qui rentre dans votre coeur et qui n'en ressort jamais.
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Marius

Marcel Pagnol en écrivant cette pièce ne se doutait peut-être pas de l'influence qu'elle aurait, ni de ce qu'elle représenterait bien des années plus tard à nos yeux nostalgiques. Elle est devenue, aussi en raison de son adaptation cinématographique, un référent culturel obligé pour qui s'intéresse un minimum à la ville de Marseille et aux Marseillais.



Bien sûr, cette ville de Marseille qu'il nous chante n'existe plus en tant que telle, bien sûr il y a de la grosse caricature, bien sûr ce n'est qu'une comédie, bien sûr le poids des années se fait sentir, bien sûr, bien sûr ; mais ça joue tellement juste, c'est tellement bien senti, c'est tellement affectueux, ça puise tellement son jus de la substance même des Marseillais, que " la trilogie marseillaise " dont c'est ici le premier opus, mérite amplement le statut de patrimoine régional (et national — et mondial même ! — dirait César qui parle sans parti pris) à préserver pour les générations futures.



La fameuse partie de carte d'anthologie en est le point d'orgue. On parle toujours de la verve de Raimu, mais la verve de Raimu, c'est la verve de Pagnol, qu'on ne l'oublie pas. Bref, un vrai petit bonheur régional comme chaque région devrait pouvoir nous en apporter, mais le problème, c'est que toutes les régions n'ont pas leur Maupassant ou leur Pagnol... Pour ceux qui aiment le régionalisme américain, et dans une période à peu près contemporaine, je crois que Marius est un peu une manière de Tortilla Flat à la française.



L'histoire : dans les années 1920, sur le vieux port de Marseille, Marius, le fils d'un cafetier, le truculent César, a des fourmis dans les jambes et rêve de s'embarquer pour un voyage autour du monde. La jeune et jolie Fanny en est amoureuse et l'on peut dire que la réciproque est vraie, aussi cherche-t-elle à le faire bisquer en lui faisant croire qu'elle acceptera les avances d'un riche commerçant qui pourrait être son père.



Les amourettes de leur progéniture respective sont sources d'émois chez César, père de Marius et Honorine, mère de Fanny. Des répliques savoureuses à gogo, tout l'esprit et la gouaille d'une époque, un vrai patrimoine français à ne surtout pas enterrer, mais, cela va sans dire, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La femme du boulanger

Le village est tout heureux. Leur ancien boulanger s'étant pendu, voilà que le nouveau est là et réalise des pains merveilleux. Monsieur le boulanger n'est pas venu seul, sa femme, Aurélie l'accompagne. Le jour de la première fournée, le marquis et maire du village arrive à la boulangerie et explique que deux fois par semaine, son berger, Dominique passera chercher les 30 pains et les croissants en son nom. Aurélie succombe au charme de ce beau berger et le soir même se sauve avec lui. Le pauvre boulanger à son réveil ne peut que constater sa disparition et décide de prendre en otage le village : tant que sa femme ne reviendra pas, plus de pain.

Le village se mobilise pour retrouver le couple.





C'est un toujours un régal de lire Marcel Pagnol. J'avais déjà à maintes reprises vu l'adapation cinématographique et j'ai eu envie de me replonger dans le texte. C'est un vrai bonheur de ressentir à travers les répliques l'ambiance du Sud de la France avec ses expressions "Peuchère", les mentalités d'antan qui parfois frisent le ridicule.

Les personnages sont comme toujours avec Marcel Pagnol, touchant et d'une naïveté bonne enfant. Ce personnage du boulanger se découvre cocu mais se moque royalement de cet état de fait, du regard des autres. Il ne désire qu'une chose : le retour de son épouse.



Un vrai bonheur à lire et relire !!!😆

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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

La gloire de mon père

La gloire de mon père…



J'avais déjà écrit un truc là-dessus, un peu bancal, un peu grossier, qui n'avait strictement rien avoir avec le bouquin, et sur un malentendu de gens bien attentionnés qui ont le premier degré bien éduqué, elle fut supprimée. du coup je me suis dit qu'il fallait que j'écrive autre chose d'encore plus décalé, d'encore plus grossier, car j'aime cette liberté que me laisse Babelio de laisser libre cours à cette bêtise bon enfant dont je profite consciencieusement.



J'ai déjà parlé de mon père, cet homme « sein » dont je dresse l'enculerie jusqu'à l'écoeurement, cet homme que j'évoque souvent au passé, ce père qui n'a jamais existé ou si peu, alors que l'homme lui survit, maladroitement et titubant… un homme bourré de qualités alcoolisées, redevenu un enfant, cet homme qui me fait honte, d'une vulgarité dérangeante, d'une faiblesse désoeuvrante… un homme victime de son enfance, une mère patronne de bar, un père tyrannique, intelligent, mais ivrogne jusqu'à plus soif écumant les bouteilles cachés au fond des placards, ce grand père dont je ne porte que le nom, cette grand-mère dont je me remémore les souvenirs, cette femme si vieille, qui fut belle pendant la guerre.



Je me souviens d'une histoire quand j'avais 4 piges, elle m'a marqué de l'empreinte d'un torchon mal lavé, ma grand-mère achetait des marshmallows dont je me régalais le soir après l'école, il était de toutes les couleurs. Bref J'avais envie d'aller pisser, je me retrouve donc assis sur les chiottes attendant patiemment que pipi arrive quand mon œil fut attiré par la litière du chat qui était selon ma grand-mère la réincarnation de mon enfoiré de grand-père. Une feuille de papier toilette était tombée dans la caisse, alors je me suis fait la réflexion que le chat n'allait pas pouvoir se torcher le cul proprement avec une seule feuille de papier, c'est pourquoi une fois ma petite affaire soulagée, je me suis empressé d'en mettre beaucoup plus dans sa litière. Ma grand-mère fut prise d'un excès d'incompréhension qui me valut quelques coups de torchons… bien évidement j'ai pleuré, et je me souviens que quelques mèches de cheveux étaient dures comme de la pierre. Bizarrement je ne me souviens plus de quel côté se trouvait la litière, alors j'essaie de me souvenir mais non rien à faire.



Une fois j'ai été dans la salle de bain, et j'ai remarqué un paquet de marshmallows accroché au miroir, ma gourmandise en matière de bonbon ne laissa place à aucune hésitation, j'en pris deux ou trois pour les mettre dans ma bouche, quelle fut ma surprise lorsque je compris qu'il s'agissait en fait de morceaux de cotons dont ma grand-mère raffolait le démaquillage venu. La correction fut il me semble à la mesure de ma bêtise.



Donc mon père n'a pas connu la gloire, cultivant la déchéance au whisky et à la bière, préférant les potes à ses gosses, l'irresponsabilité à l'éducation, un homme capable de vider le compte de sa fille de 16 ans son premier mois de paie en niant le vol de sa carte bleue, qui après un divorce d'une immaturité abyssale, se laissa dériver dans l'absurdité, qui laissera sa fille de 12 ans faire le ménage, la bouffe et la lessive, jamais violent avec ses enfants, gentil même, mais con, juste con…



J'assisterai malgré moi aux échanges de coups dans la gueule entre ma mère et lui prétextant chacun un jeu dont je me souviens pleurer l'incompréhension en les suivant de pièce en pièce, de claques en claques… je haïssais cet homme dont ma mère subissait l'ivrognerie, cette femme qui a fait comme elle a pu, sans gloire, mais avec amour, un peu trop portée sur l'égoïsme et les claques dans la tronche, mais il y avait de l'amour, mais trop peu de maturité…



Donc non pas de gloire pour cet homme qui me racontait un tas de conneries comme si j'avais 40 piges, à 7 ans je connaissais déjà les mots enculé, salope, nichons, cet homme dont j'attendais le réveil jusqu'à 13 heures le dimanche, ou le samedi soir jusqu'à pas d'heure, cet homme affalé sur le parquet incapable de se relever, cet homme à la honte bien pendue, qui ne s'intéressait pas à l'enfant que j'étais ni à l'adulte que je suis devenu…



Aujourd'hui, je fais ce que j'ai à faire pour lui, pour qu'il ne finisse pas sous un pont, je l'engueule comme un enfant qu'il est redevenu, ou comme il a toujours été, cet homme qui avait de l'or dans les mains, mais des marshmallows dans la tête…



A la gloire de mon père.



A plus les copains

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La gloire de mon père

Il est des romans qui vous marquent à vie , mieux qu'un tatouage imprimé dans la peau . le livre d'une initiation , le rêve d'une vie marquée par l'amour familial , la droiture d'un père poussée à son paroxysme , des décors somptueux , des moments d'une rare félicité, un premier amour , des joies partagées , une amitié rare...Et puis l'écriture somptueuse de simplicité de Marcel Pagnol .Ce livre , c'est l'expression du bonheur , de la joie de vivre , de la " gentille " querelle entre les fonctionnaires et les ...autres , les amours sincères mais si compliqués... . En tant qu'enseignant , j'ai adoré , mais vraiment adoré , le personnage du père de Marcel , père " la rigueur " pour les autres mais surtout pour lui - même, car c'est ça le fondement de la société , avoir des exigences vis à vis des autres uniquement si l'on en a envers soi avec , en prime suprême , exceptionnelle , les palmes académiques . Un vrai hussard noir de la République !!!. Et puis cette amitié entre Marcel et lily , incroyable , ces désobéissances sous l'oeil narquois des parents ....Et puis , ce bonheur partagé avec son père , les bartavelles....La photo à montrer aux collègues , la fierté pour...le plus "faussement modeste" des instituteurs.

Vous le connaissez ce roman ? Alors pardonnez- moi , vous en savez autant que moi , vous avez savouré autant que moi et il est encore en vous ..Vous ne le connaissez pas ? Ah bon ... tiens , c'est curieux....mais vous aimeriez connaitre , non ? Alors , ne vous privez pas mais ...attention...vous allez entendre parler - et admirablement bien - d'une autre époque , d'un autre temps , un temps où tout allait moins vite , un temps où on avait le temps ,un temps béni, un temps où c'était mieux , un temps qui va vous sembler lointain , naïf , désuet . Bon , n'exagérons pas..Ce n'était pas mieux , c'était ...différent .Doux . Paisible . Généreux....Cool , comme on dit maintenant.

Oui , bon , stop à la nostalgie. Ma petite fille qui a adoré le film , le repassait en boucle avant de lire le livre et nous demandait de lui montrer " Mon père de la gloire "... Mignon , non ? Un live inoubliable.
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La femme du boulanger

Petit conte de Provence, qui m'a bien fait sourire...Avec l'accent provençal, ça sent le soleil, la bonne humeur, la chamaille pour des broutilles, le mistral ou le pastis bien frais, et on revoit Fernandel dans le rôle du curé ou peut être du boulanger (ben oui, désolé j'ai pas connu Raimu, alors je mets le visage que je veux ! )...

Bref, ça m'a bien plu, distrayant à souhait, toujours d'actualité, plein de bons sens et de bonté....Monsieur Pagnol, digne représentant De l'Académie Française, je vous dis Merci :-)
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Fanny

Quel bonheur, mes ami(e)s, quel bonheur que cette comédie de Marcel Pagnol ! Ce n'est pas facile comme partition : faire dans le burlesque, faire dans la farce, faire dans la bonne grosse caricature et en même temps, faire dans le sensible, dans le subtil, dans la nuance.



Eh bien croyez-moi si vous voulez, mais selon mes critères, Marcel Pagnol arrive à faire tout cela, et même mieux que cela. C'est probablement, la pièce que je préfère de la trilogie marseillaise, elle qui n'était au moment de sa création que le second volet d'un diptyque avec Marius et qui, plus tard, s'est enrichi d'un troisième pan avec César mais qui a, quant à lui, d'abord vu le jour au cinéma avant d'être monté sur les planches.



Oui, ici, c'est un vrai bonheur et si le début de la pièce rappelle beaucoup du burlesque qui plaisait tant dans Marius, l'auteur sait donner dans les actes II et III une épaisseur, une ampleur incroyable à ses deux personnages principaux. Ses deux personnages principaux qui sont, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense, César d'une part (ça, ça ne fait pas beaucoup discussion) mais aussi Panisse d'autre part.



En fait, tout du long de cette trilogie, on assiste aux péripéties d'un amour entre Marius et Fanny, avec ses vicissitudes mais finalement, ces deux-là ne renferment ni le comique, ni le tragique, ni vraiment le pathos, sauf à de rares instants.



Non, les deux personnages centraux, ceux qui nous font rire aux éclats ou qui nous émeuvent aux larmes, ce sont bien César et Panisse, magnifiquement campés au cinéma par Raimu et Charpin ; deux personnages touchants, bardés de défauts, bourrés de contradictions, capables d'élans de noblesse dont on ne les soupçonnerait pas et surtout, terriblement humains. Tout le talent de Pagnol est là, dans César et dans Panisse, et quel talent !



On comprend qu'il ait été tant admiré, et même tant copié, même par des auteurs eux-mêmes fort talentueux. Rien que dans Fanny, je vois au moins deux passages quasi-plagiés ultérieurement par deux monstres sacrés.



Vous voulez des exemples ? D'accord. Les Tontons Flingueurs, ça vous dit quelque chose ? Lorsque Michel Audiard fait dire à Bernard Blier : « Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. », ça ressemble énormément à la réplique De César à la scène 7 de l'acte II : « Et ensuite, je te saisis, je te secoue, je te piétine, et je te disperse aux quatre coins des Bouches-du-Rhône. »



Autre exemple, vous avez adoré Astérix en Corse et surtout le passage où René Goscinny fait dire à Carferrix et Sciencinfus : « — Je n'aime pas qu'on parle à ma soeur. — Mais… Mais elle ne m'intéresse pas votre soeur. Je voulais simplement… — Elle te plait pas ma soeur ? — Mais si, bien sûr, elle me plaît… — Ah, elle te plaît, ma soeur !!! Retenez-moi ou je le tue, lui et ses imbéciles ! », cela ressemble beaucoup à l'échange de la scène 9 du premier tableau de l'acte I entre César et Panisse : « — Il y a longtemps que ça dure, c'est une véritable conspiration ! Vous voulez tout savoir ? Vous ne saurez rien. — Je t'assure que, pour moi, je ne veux rien savoir du tout. — Tu ne veux rien savoir du tout ? — Je ne veux pas me mêler de tes affaires de famille. — C'est-à-dire qu'après une amitié de trente ans, tu te fous complètement de tout ce qui peut m'arriver ? »



(Au passage, je signale que ce passage de l'amitié de trente ans a été plagié une seconde fois par un autre duo comique, à savoir Jacques Chirac et Édouard Balladur, mais dans une mouture franchement inférieure à celle de Pagnol.)



Bref, il n'est pas nécessaire de noircir bien des pages pour vous persuader de l'influence qu'a exercé Marcel Pagnol et pour vous décrire l'étendue de l'héritage qu'il nous a légué.



Fanny commence exactement à la suite de Marius, au moment où l'on retrouve César complètement désemparé et irascible suite au départ de son fils Marius, de même que pour sa petite amie Fanny, qui se languit et se désespère de savoir son véritable amour parti pour deux ans sur les mers du sud à mesurer le fond des océans…



La bande de gais lurons que sont Panisse, Escartefigue et monsieur Brun tente bien par tous les moyens — discrets ou moins discrets — d'en savoir un peu plus sur le moral de leur acolyte César, de même que sur les états d'âme de Fanny. Tout ceci sans compter les humeurs assassines d'Honorine, la mère de Fanny, qui ressemble à une bouilloire sur le feu depuis qu'elle sait Marius disparu sachant qu'il fut quelquefois surpris au matin dans la chambre de sa fille. L'honneur, voyez-vous, l'honneur est sur la sellette…



Je vous laisse bien sûr découvrir par vous-même ce qu'il adviendra de cet honneur ou bien vous repaître du plaisir de relire cette pièce admirable dont l'adaptation cinématographique d'époque est très fidèle et peu constituer une excellente alternative.



Chapeau bas monsieur Pagnol, encore un carton plein, vous nous mettez fanny une fois de plus, mais c'est d'un tel plaisir de se prendre une fanny contre vous qu'on vous le pardonne bien volontiers. D'ailleurs, ceci n'est qu'un avis de fan, aussi profane que diaphane, qu'un simple coup d'éventail anglais suffit à disperser aux quatre coins des Bouches du Rhône, autant dire, pas grand-chose.
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La gloire de mon père



J'aime revenir en Provence et en enfance, sentir le thym et la sarriette le long des sentiers des collines, en compagnie de Marcel ...



J'aime la douce nostalgie qui m'envahit à l'évocation de ces souvenirs d'un autre temps, mais qui sont ceux de tous les enfants, tendres et touchants.



J'aime Joseph, père maladroit et fier, Augustine, timide et aimante image maternelle, l'oncle Jules et sa verve.



Moi qui n'aime pas la chasse, j'ai pourtant apprécié cette fameuse " gloire" ,la chasse à la bartavelle, où l'enfant est fier de la réussite paternelle.



Pagnol a su rendre avec beaucoup de poésie et de vérité cette part d'enfance, la plus belle,la plus déchirante aussi, aux couleurs et aux senteurs de l'été provençal.Un été à jamais ébloui dans notre mémoire.





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Cigalon

Coquin de sort, un restaurant au milieu de la nature, alors là, tu m'espantes!

Le petit groupe de promeneurs était très "fatigué".

- J'ai faim", fait Chalumeau le pitchoun de 15 ans.

- Et moi aussi, ajoute Coralie, la vieille tante qui a des cigales dans la tête.

- Vouai, môssieu, ici on dit des cigales!



Au café-restaurant Cigalon:

-"Ici, on mange du giber: le cul blanc ou le cul rousset"

Seulement si les clients en apportent...

-Vous en avez, con?

-Pas une grive, pas un moineau, pas un zizi.



On apprend que Cigalon, le chef cuisinier ne veut pas faire une omelette, ni prêter ses casseroles ( "J'aimerais mieux vous faire cadeau de ma soeur!")

Mais Cigalon, pour ne pas passer pour un cacou, apparaît en grand costume de cuisinier, avec une cuillère à sauce, un Livre d'Or et ses diplômes encadrés.



Et il montre ses "Pieds et paquets à la provençale" en train de mitonner, dans sa grande marmite: La famille en salive, et fait le gobi ( la bouche ouverte) mais. ça va finir en eau de boudin!

Nos voyageurs sont dans un beau pastis...

Car c'est le repas de Cigalon et il n'y en a pas pour tous!



Ca ne se passe pas comme ça, à Paris?

Alors, parce que Môssieu est de la Ville, qu'il croit tout savoir? Ô le couillon, le fada, tu m'escagasses!

"Et par dessus tout ça ,on vous donne en étrennes

L'assent qui traîne et vous entraîne

Et qui n'en finit pas." Gilbert Bécaud

Un bécot et un poutou pour Vous!
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Topaze

Topaze est une pièce de théâtre de Marcel Pagnol écrite en 1928 (eh oui ça commence à faire, bientôt un siècle....) mettant en scène un jeune professeur de campagne plein de rigueur et de valeur qui va subitement être plongé dans un nouveau monde pour lui : celui de la bourgeoisie et de l’argent.



Pièce sur la cupidité du genre humain (malheureusement toujours autant d’actualité), très agréable à lire avec beaucoup d’humour et comme toujours pleine de la bienveillance qui caractérise tant notre cher Pagnol.
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La gloire de mon père

Quelle délectable madeleine de Proust que cette "Gloire de mon père" ! Non pas qu'il s'agisse d'une relecture mais, enfant, j'ai vu et revu les films réalisés par Yves Robert, et de plus, c'est un roman qui place l'enfance au centre de tout, dans chaque phrase comme dans chaque pensée.



Récit hautement autobiographique narré avec la sincérité et la fraîcheur d'un homme qui sait d'où il vient et ce qu'il doit à ses parents et aïeux, "La Gloire de mon père" est un concentré d'amour, d'hommage, d'initiation, de fraternité, de bêtises, de drôlerie, de farce et de foi en l'être aimé.



C'est de plus une hymne éclatante à la vie, un cantique d'amour clamé au vent du mistral pour la Provence, la terre natale, le sol aride aux racines dures à se ficher mais douées pour la survie. Impossible de ne pas entendre chanter les cigales, impossible de ne pas entendre l'accent chantant du Midi dans chaque dialogue, plus croustillants au fil des chapitres.



Cela fait cliché de dire qu'il s'agit d'un roman désaltérant mais c'est pourtant le cas. Il y fait chaud et les mots de Pagnol, magnifiques de simplicité et de limpidité, se boivent aussi goulûment qu'une limonade par temps de canicule, en atteste la rapidité avec laquelle les pages filent. Peuchère, c'est déjà fini ! Heureusement qu'on peut enchaîner avec le tome suivant.





Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge des 50 objets 2021 / 2022

Challenge XXème siècle 2021

Challenge PAVES 2021
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La gloire de mon père

Une enfance

Qui se love dans ces collines arides

Où les cigales chantent à tue tête.



Dévaler ces pentes

À la recherche de ce qui fera par la suite

Ce paradis nostalgique,

Auquel il faudra s'abreuver sans cesse

Pour y retrouver la fraîcheur de l'innocence.





Des escapades dans cette garrigue

Qui sent bon le thym,

qui chantent l‘amitié,

Tout y est joyeux!



Joseph,ce père que j‘aurai aimé avoir

Et a qui j'aurai volontiers dit:



-Adopte moi pour le meilleur des songes

Dans les couleurs chatoyantes de la Provence

En compagnie de cette famille que vous formez!



Il m'aurai probablement integré à cette cellule

Familliale avec Augustine; cette image maternelle

Étincelante et la joie communicative de l'oncle Jules.



Une famille idéale dont j'ai rêvé

et qui me remplit de bonheur ^^
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Topaze

J'ai découvert Marcel Pagnol en lisant Marius, le premier tome de la trilogie marseillaise. Le style est simple mais époustouflant. Topaze est une pièce en quatre actes qui se lit très vite. Nous suivons un honnête et ingénu professeur d'une trentaine d'années nommé Albert Topaze. Un beau jour, il perd son job pour des raisons injustes et tombe en plein désespoir. Un malicieux conseiller municipal décide de l'embaucher comme prête-nom pour pouvoir s'enrichir. Cette comédie de caractères est le premier succès théâtral de Pagnol. On découvre l'évolution du professeur au fil des pages, il apprend très vite les ficelles du métier. J'ai passé un excellent moment en compagnie de Topaze qui découvre l'univers des combines et la malhonnêteté qui forment un contraste avec sa vertu du début et les proverbes au-dessus du tableau de sa classe. Je vous conseille chaudement le livre et le film qui sont réellement remarquables.
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Le temps des secrets

Un parfum délicieusement désuet s'échappe de ces pages. Un livre magnifique qui nous promène entre sourires et larmes. Toute la poésie de Marcel Pagnol se dégage de ces lignes. Un très grand roman. A lire absolument dans la foulée de "La gloire de mon père" et du "Chateau de ma mère"...
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Le château de ma mère

Je pense que je me souviendrai à jamais de l'incipit de ce merveilleux roman de Marcel Pagnol, second tome de la trilogie de ses « Souvenirs d'enfance ».

Le Château de ma mère porte une émotion peut-être plus forte que le premier tome, La Gloire de mon père. Je pense que je saurai toujours le dire par coeur. Je ne sais pas pourquoi, moi qui n'aime ni la chasse, ni les chasseurs...

« Après l'épopée cynégétique des bartavelles, je fus d'emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur. »

Je me souviens de cette phrase comme « Un sésame, ouvre-toi ! », la sentence magique qui fait ouvrir les pages d'un livre, le bonheur autant de partir dans les collines l'air fier et conquérant que celui de revenir bredouille, la tête pleine de vent et d'azur. J'aime quand les chasseurs reviennent bredouilles avec du ciel et le mouvement des arbres dans les yeux... En fait, ils reviennent souvent bourrés, ce qui n'empêche...

Ce livre est un chant, une musique, une mélodie, la cymbalisation des cigales, le vent dans les oliviers, la plainte d'un chagrin aussi lorsqu'un être cher vient à disparaître.

C'est une émotion à fleur de peau

Enfant, je craignais l'école, le simple fait d'y aller le matin me faisait vomir mon petit déjeuner. Je ne sais pas de quoi j'avais le plus peur : des instituteurs ou des autres élèves. L'institutrice était sévère, taper avec une baguette de bambou sur les doigts tendus et fermés d'une main frêle, c'était une pratique courante à cette époque (1970, ce n'est pas non plus le moyen-âge...). Dehors, dans la cour de récréation, la sanction était presque pire, comme une vengeance les mauvais élèves battus crachaient, en s'étant empli la bouche de l'eau du lavabo du préau, sur ceux qui avaient des bonnes notes... Ma mère eut cette astuce de me faire boire une mixture de sa composition, un médicament miracle disait-elle pour soigner cela, en fait c'était un grand verre d'eau dans lequel elle avait mis un peu de sucre. Je buvais le remède magique et je me sentais brusquement empli de courage, ma peur disparaissait... Mais certains jours j'aurais voulu boire plutôt la potion magique d'Astérix et me sentir invincible... Aujourd'hui le Château de ma mère pourrait être le plus beau des antidotes face à la peur d'aller à l'école.

Le château de ma mère, c'est le soleil de la Provence avec une émotion en plus. La tendresse familiale s'estompe comme un brouillard sur le paysage, elle laisse le pas à un autre paysage, un autre voyage paré à quitter l'enfance.

Le château de ma mère, c'est l'amitié de Lili. Lili des Bellons. Ah ! Comme je me suis attaché à ce beau personnage, si libre de tout, qui n'avait pas de peur, ni de l'école, ni de la vie... Je l'admirais... le château de ma mère, c'est la lumière de la Provence qui descend sur cette amitié, c'est la vie comme un fil ténu et invisible qui relie les personnages les uns aux autres et peut-être nous autres vivants avec ceux qui ne sont plus là.

Le Château de ma mère, c'est aussi l'évocation du malheur quand, enfant, on possède encore la puissance d'y croire sans y penser, d'agir, la force de retenir d'un geste encore ferme et peut-être inconscient les idées noires, la guerre, la mort, ceux qui partent, avant que tout cela ne déferle et ne se déverse comme un flot impossible sur le paysage de l'enfance.

Retenir le malheur jusqu'à ce que ce geste ne soit plus possible...

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La gloire de mon père

Marcel Pagnol a longtemps mûri ces Souvenirs d'enfance.

Il nous restitue cette période si brève mais tellement importante dans la vie d'un homme, avec une délicatesse et une langue polie et ensoleillée.

Avant d'avaler les trois premiers volume de ces beaux souvenirs, pendant mes douze-treize ans, j'en avais eu un avant-goût dans mon livre de français en classe de sixième!... Ah, ces passages avec l'amour des mots ou le brocanteur...

Marcel Pagnol, dans la Gloire de mon père commence son voyage dans cette époque entre la fin du XIXe siècle et le XXe siècle naissant. Il nous dit d'où il vient et nous présente ceux qu'il aime... Et nous voilà parti dans les collines, pour des vacances merveilleuses avec, comme point d'orgue, ce "coup du roi" sur une couple de bartavelle!

Quels bons moments, Marcel redevenu enfant, nous fait généreusement partager... Et comme il sait le dire dans une langue accessible aux petits et aux grands. Oui, Marcel Pagnol parle à tout le monde. Il a eut une enfance heureuse? Et bien il nous l'offre pour que, un instant au milieu de ces phrases ensoleillées, nous soyons nous aussi revenus en cette période.
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Le Schpountz

Irénée et Casimir ont été recueillis par leur oncle Baptiste, mais si Casimir donne toute satisfaction à son brave oncle d’épicier — il a vendu des anchois moisis en les faisant passer pour des anchois des Tropiques — Irénée ne rêve que d’une chose, devenir vedette de cinéma. Il devra apprendre bien des choses avant d’atteindre un but qui n’est pas celui auquel il aspirait.

Le film est célèbre avec sa phrase culte répétée par Fernandel sur tous les tons : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Les répliques, comme souvent chez Pagnol, sont savoureuses.

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César

Un autre Pagnol et un autre Bijou... (oui avec une majuscule, alors que chou et hibou n'en prennent pas je sais...)



C'est comme à chaque fois doux et chaud, ça sent bon la lavande et l'anis, et le vieux port est plein de ces personnages espiègles mais toujours avec un bon fond, affublés de sobriquets également toujours aussi beau tel Escartefigues ou cesariot.



Vous l'aurez compris c'est toujours aussi magnifique, et je me pose ici une question : que serait la littérature Française sans Marcel Pagnol? Que serait la littérature mondiale sans Marcel Pagnol? Et une dernière, n'ayons pas peur, osons nous la poser : Que serait le Monde sans Marcel Pagnol?????
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La gloire de mon père

Un grand classique toujours aussi merveilleux...



Publié en 1957 et premier des quatre tomes des Souvenirs d’enfance, c’est une magnifique immersion poétique dans la Provence qui sent bon la garrigue au son des cigales....



Cette enfance là c’est finalement celle de chacun d´entre nous entre rêve et magie...



La notoriété de Marcel Pagnol était jusqu’alors fondée sur ses succès cinématographiques et théâtraux.



Un petit bijou dont, et c’est assez rare pour le souligner, l’adaptation cinématographique est quasiment au niveau du livre..e
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