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Citations de Marie Darrieussecq (585)


Les femmes n'ont pas de nom.Elles ont un prénom.Leur nom est un prêt transitoire,un signe instable,leur éphémère.Elles trouvent d'autres repères.Leur affirmation au monde,leur "être là",leur création,leur sighature,en sont déterminés.Elles s'inventent dans un monde d'hommes,par effraction.
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Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autres repères. Leur affirmation au monde, leur "être là", leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s'inventent dans un monde d'hommes, par effraction.
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Et surtout ne pas trop travailler : "ça rend stupide. Les gens ne sont pas faits pour travailler tout le temps mais aussi pour goûter la vie, afin de rester frais et réceptifs."
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Peut- être sait-elle aussi qu'elle peint après des siècles de regard masculin. Peut-être est-elle consciente de ce quelque chose à elle, d'encore presque inouïe non vu: une femme peint des femmes. (p.76)
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Beaucoup de petites filles dans la pose énigmatique que leur donne Paula, doigts en tulipe sur une fleur absente. L'enfance comme gravité suprême. Les petites filles savent tôt que le monde ne leur appartient pas. (p. 96)
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Je courais de plus en plus longtemps. ce n 'était plus le corps de jeune fille allant par impulsions, enfantin. Je m'étais installée. Je possédais un corps, solide, en pleine santé. J'avais confiance, il avait porté un enfant, il avait tenu bon dans plusieurs occasions. Il supportait les variations, les chocs. Mes jambes découvraient la course. Elles étaient capables de ça: tenir. Mon coeur, mes poumons, mes artères. mes genoux, tendons, cartilages, la ponctuation des articulations. La plante des pieds, souple, sensible au relief, l'anticipant, sachant faire avec la route.
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"[...] quelqu'un était forcément responsable, rien ne se produit sans raison."
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« Vouloir consciemment s’endormir, disait avec bon sens le docteur Jivago, c’est l’insomnie à coup sûr (1). » L’insomnie se nourrit de l’effort de dormir comme les spectres s’abreuvent à notre peur.

1. Boris Pasternak, Le Docteur Jivago, traduit par Louis Martinez et alii, Gallimard, 1958.

p. 244
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Les Basques sont des voyageurs. Ils plient le monde sur lui-même et ça fait des ourlets, des profondeurs, des formes nouvelles.
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Il n'y a rien de plus sexy qu'un homme qui lit.
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Faire chambre à part est une pratique qui suscite commentaires et réprobation. C'est extraordinairement mal vu. Pour couper court, je citerai à nouveau Michelle Perrot:"Il est d'autres couples qui ne s'identifient pas à une chambre commune. (....) Sa déshérence (....) obéit à une autre conception de l'union, plus libre, moins "conformiste" et plus soucieuse du confort, notamment du sommeil. Faire chambre à part, du moins lit séparé(....) n'implique pas moins d'amour." ET toc.
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Les livres que nous lisons à nos enfants sont pleins d’ours, de tigres et de lions. Nos enfants s’endorment en pensant aux animaux. Nous les élevons avec et contre les animaux ; comme si l’urgence, à leur naissance, était de leur signifier que nous sommes différents, différents et supérieurs. Nous accordons pensée et parole aux animaux, mais en les affublant de notre humanité. Nous en faisons des monstres ou des peluches. Mais l’expérience que fait l’enfant de son doudou contredit fortement l’Encyclopédie : les yeux de verre ou de plastique sont ouverts dans la nuit. L’animal veille sur le sommeil de nos petits.

Et nous cachons le plus longtemps possible à nos enfants que leurs compagnons du coucher sont « en voie de disparition ». L’absence à venir des tigres et des lions. Le massacre des éléphants et des abeilles, mais aussi des bourdons et des vers de terre et de tous ceux qui ne sont ni dans les contes, ni dans notre héraldique, ni dans le viseur direct de notre rapacité. « En voie de disparition » est une expression fallacieuse héritée des années 1980. Il faut parler, comme Derrida dans son dernier séminaire, de « guerre totale aux animaux ». La différence ne passe pas tant entre nous et les animaux, qu’entre le « tuable » et le « non-tuable », comme le détectait Donna Haraway. Et pour rendre tuables les humains, il suffit de les animaliser. Les massacres d’humains sont autorisés par les massacres d’animaux.

La guerre est là, la guerre aux animaux, la guerre aux « tuables ». Nous dormons sur leurs cadavres. Cette guerre a produit une telle masse de tués qu’il ne reste plus, désormais, que 4 000 tigres à l’état sauvage, et 5 000 dans les zoos.
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Elle reçut un texto, en plein repas : Commencez sans moi. Il avait signé K, lui qui ne signait jamais. Comme si l’ambiguïté avait été possible. K, comme si elle avait pu attendre un autre homme.
Elle buvait du matango jaune et mousseux, mangeait du tapé-tapé ; et ce caillou qu’elle avait dans la gorge, ce stupide nœud dans le ventre qui datait des jours d’attente à Los Angeles, se dissolvait un peu. Le soleil jetait des confettis à travers le toit de feuilles, et elle se voyait d’en haut, du ciel, des satellites, tout petit point parmi les autres points, ivre et un peu nauséeuse, dans ce bout de lagune avant le fleuve Noem, au bord de la grande forêt, au fond du golfe de Guinée. Exactement dans le creux de l’Afrique. Très loin du creux où elle était née, le golfe de Gascogne, l’angle droit familier, plus petit, plus cantou, qu’elle avait laissé dans son Sud-ouest à elle.
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L'homme de chambre baisse la voix, il lui dit, entre nous : on a perdu un passager. Un passager? Oui, ça arrive plus souvent qu'on ne croit. Il désigne du menton la porte en face, les cabines sans hublot. Les gens, un certain genre de gens, attendent d'être en croisière pour passer par-dessus bord. Ce sont des suicides prémédités. Pourquoi partir seul en croisière?
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Les femmes n’ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d’autres repères. Leur affirmation au monde, leur « être là », leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s’inventent dans un monde d’hommes, par effraction.
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Dix-huit jours plus tard, Paula a enfin le droit de se lever. Une petite fête est organisée. Elle demande un miroir au pied de son lit, tresse ses cheveux en couronne, épingle des roses à sa robe d'intérieur. La maison déborde de fleurs et de bougies, tout est illuminé. Paula se lève, et elle est foudroyée. Elle meurt d'une embolie d'être restée couchée. En s'écroulant, elle dit "Schade". C'est son dernier mot. Ca veut dire dommage.

J'ai écrit cette biographie à cause de ce dernier mot. Parce que c'était dommage. Parce que cette femme que je n'ai pas connue me manque. Parce que j'aurais voulu qu'elle vive. Je veux montrer ses tableaux. Dire sa vie. Je veux lui rendre plus que la justice: je veux lui rendre l'être-là, la splendeur.
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Je voyais des rêves glisser sous ses paupières. Elle rêvait comme les chats, en bougeant les globes oculaires et en crispant légèrement les doigts, comme si elle voulait griffer quelque chose. À quoi rêvait-elle ?
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Le sable s'est tassé au bout de ses sandales, des boules dures entre ses orteils, râpeuses, qui travaillent à décoller l'ongle, patiemment, minutieusement. Elle l'attend sur un banc, elle se déchausse. elle voudrait les mêmes chaussures que les enfants d'ici, dans le contraste de leur cartable et de leurs nu-pieds en plastique, mous comme de la gelée.
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Je continue à travailler. Combien d’amies, mentalement stérilisées par un « congé maternité » exclusivement féminin ; seules face à une créature inconnue, ralenties et amoindries par les biberons – couches, et n’aspirant qu’à retrouver le monde extérieur, le travail et les hommes ? Le baby blues, c'est le désespoir d’adultes engluées dans le rythme d’un nourrisson, ayant à affronter seules une telle réduction de la pensée. Certaines s’adaptent, résistent, nagent avec le courant et désirent encore – aimant parfois cette étrange fusion, cette fonte d’elles-mêmes. D’autres coulent entièrement, blessures d’enfance rouvertes : c’est un autre malheur, d’une autre nature.
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Paula dort à son atelier quand Otto n’est pas là. Elle y dîne d’œufs à la coque et de compote. Elle aime ces dîners qui n’en sont pas, « rien qui puisse tenir au ventre d’Otto », sans table à mettre ni cuisine à faire, sauf pour la bonne
[...]
Ces repas rustiques ou enfantins (on dirait aujourd’hui « régressifs »), Paula les peint : du laitage dans une belle assiette émaillée bleu et blanc. Une baguette parisienne sur une nappe éclatante et savamment plissée. Des œufs frits, beaucoup de pommes, autant de poires, quelques cerises, énormément de potirons, avec un vase, une céramique, un pichet. Ces natures mortes mal nommées sont vives et appétissantes.
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