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Citations de Marie Darrieussecq (585)


Les hôtesses de la Singapore Airlines sont les plus belles femmes du monde.
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Et comment est-on passé de ce mot des années 1990, « sans-papiers », une expression juste, descriptive, à ce mot de « migrant », qui maintient les exilés en l’air, en suspens, au participe présent, quand les émigrés, au participe passé, peuvent enfin se poser ?
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Rilke pensent que les peintres savent vivre, toujours. L'angoisse, ils la peignent. Van Gogh à l'hôpital peint sa chambre d'hôpital. Le corps des peintres et des sculpteurs est actif. Leur travail est à ce mouvement. Lui, poète, ne sait que faire de ses mains. Il ne sait pas être vivant.
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Et si seulement l’amour veut bien éclore pour moi, avant que je m’en aille ; et si je peux peindre trois bons tableaux, alors je m’en irai contente, des fleurs dans les cheveux.
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« Et pour elle la grande idée était comme une autre femme, et elle ne voulait pas qu’il la suive. » (p. 11)
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Heureusement, il restait des fidèles, une poignée de doux dingues. Ceux-là me faisaient toujours mettre à quatre pattes, me reniflaient, me lèchaient, et faisaient leurs petites affaires en bramant, poussaient des cris de cerf en rut, enfin, ce genre de choses.
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Et Montmartre ! Et le printemps en fleurs ! Et la galerie de sculptures du Louvre ! Et Rodin, ce titan ! Et les orchestres hongrois sous les lanternes chinoises ! Et la tour Eiffel, et la grande roue ! Vraiment Paris, ça c'est une ville.
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Rencontrer une femme, c'est pour Rilke un voyage dans l'étrange. Il décolle, comme un aéroplane. Il est pris par quelque chose de plus grand que lui -- le ciel, la beauté. Il chute vers le haut.
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Tout en bas, sous elle, on mettait une chaloupe à la mer. Ratatata faisaient les chaînes. La chaloupe diminuait, diminuait, la surface de la mer vue d’en haut comme d’un immeuble. Silence. Les bruits fendaient la nuit de rayures rouges. Un officiel et deux marins descendaient le long de la paroi dans la chaloupe, un gros tas de gilets de sauvetage à leurs pieds. En mer il y avait comme des pastilles effervescentes, écume et cris. Et elle voyait, elle distinguait, un autre bateau, beaucoup plus petit mais grand quand même. Ses yeux protégés de la main contre les guirlandes de Noël s’habituaient à la nuit, et rattachaient les bruits aux mouvements, elle comprenait qu’on sauvait des gens.
D’autres passagers au bastingage tentaient de voir aussi. C’étaient des Français de Montauban, elle les croisait au restaurant deLuxe. Ils la saluèrent, ils étaient ivres. Les deux femmes, jeunes, piétinaient en escarpins, il y en a pour des plombes estima l’une d’elles. Un homme criait à l’autre «mais putain tu es dentiste, dentiste comme moi», la phrase les faisait rire sans qu’on sache pourquoi. Un autre couple courait vers eux, baskets et survêtement, faisaient-ils du sport à cette heure ? Ils ne parlaient aucune langue connue: des Scandinaves? Rose leur expliqua dans son anglais du lycée qu’il y avait, là, dans la mer, des gens. Et peu à peu et comme se donnant on ne sait quel mot mystérieux, des passagers se regroupaient. Il était quoi, quatre heures et demie du matin. La chaloupe avait touché l’eau, cognant contre le flanc du paquebot, le moteur démarrait impeccable sous l’œil des passagers penchés, l’officier à la proue et les deux marins derrière, debout très droits, comme un tableau. D’autres canots de sauvetage étaient parés à la descente. Elle se demanda s’il fallait qu’elle aille réveiller ses enfants pour qu’ils voient. Un employé surgit, «Ladies and gentlemen, please go back to your cabins». Les canots peu à peu s’éloignaient, bruits de moteur mêlés. Les voix semblaient marcher sur l’eau. On demandait dans de multiples langues ce qui se passait, alors que c’était évident, pourquoi ils n’appellent pas les flics? C’est à la police des mers d’intervenir. Ces gens sont fous, ils emmènent des enfants. On ne va quand même pas les laisser se noyer. C’était une des Françaises qui venait de parler et Rose eut un élan d’amour pour sa compatriote honorable. Un officier insistait en anglais et en italien pour que tout le monde quitte le pont. Les Français ivres et dentistes avaient froid et un peu la gerbe: le bateau imprimait aux corps son léger mouvement vertical, sa légère chute répétée. Venez, on va s’en jeter un, dit un dentiste. Rose resta avec la Française honorable pendant que l’autre femme se tordait les chevilles à la suite des hommes. 
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La prémonition des ruines suscite une angoisse encore supérieure à celle des temps obscurs, elle en est sûre. D'où l'importance de la maison. D'être à l'abri. Et mieux qu'à Paris. Elle voudrait une maison Tupperware. Hermétique, propre, durable.
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Marie Darrieussecq
"Le poète épouse la nature, et la nature lui offre ses fruits, qu’il met en mots."
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Chez Paula il y a de vraies femmes. J'ai envie de dire des femmes-enfin nues- : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. (p.117-118)
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Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. Marguerite Duras.
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L'attente recommençait, l'attente comme une maladie chronique. Une fièvre engluante, une torpeur. Et entre deux rencontres, deux réinfections, elle s'imprégnait lentement de ce paradoxe: elle attendait un homme qu'elle perdait de vue, un homme comme inventé. L'attente était la réalité; son attente à elle la preuve de sa vie à lui, comme si le corps de cet homme, quand elle le tenait dans ses bras, était de la texture du temps, et fatalement fugitif.
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Je me disais : dormir à l’abri devrait être un droit mais aussi dormir tout court, dormir d’un trait, le droit à la trêve nocturne comme il y a la trêve hivernale.
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Le photojournalisme vient d'être inventé, et des images circulent des camps de concentration, le mot est neuf. Les Anglais y font crever de faim les Boers en Afrique du Sud. Y mourront 22000 enfants boers- 22000 enfants blancs.
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Et il porte sur la mer un regard infini. D'un flic qui s'ennuie, d'un acteur qui pense. Hors de la là, hors du film. Un regard sur la mer et elle voudrait être la mer. Un regard sur les vagues et elle voudrait être les vagues. Elle voudrait être le vide, elle être l'ailleurs, elle voudrait être la chanson qu'il a dans la tête, et elle voudrait qu'il la chante, elle, qu'il dérive, oui, mais vers elle; elle voudrait être cette pensée évasive et déserteuse, cet en dehors du film.
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De plus en plus, je me réfugiais dans le petit square entre deux clients, je les faisais patienter un peu. Je prenais des risques avec le directeur, mais je n’en pouvais plus. Je subtilisais les crèmes conseillées par les magazines et je les étalais soigneusement sur ma peau, mais rien n’y faisait. J’étais toujours aussi fatiguée, ma tête était toujours aussi embrouillée, et le gel micro-cellulaire spécial épiderme sensible contre les capitons disgracieux de chez Yerling ne semblait même pas vouloir pénétrer. Honoré disait qu’il était bien le seul. Honoré devenait vulgaire, il se doutait vraiment de quelque chose. En plus de développer une profonde graisse sous-cutanée ma peau devenait allergique à tout, même aux produits les plus chers. Elle épaississait fort disgracieusement et se révélait hypersensible, ce qui était un bonheur quand j’avais, pour parler crûment, mes chaleurs, mais un vrai handicap pour tout ce qui concernait les maquillages, les parfums et les produits ménagers. Or dans mon métier ou pour tenir la maison d’Honoré, j’étais pourtant bien obligée d’en faire usage. Alors ça ne ratait pas : je me couvrais de plaques rouges, et après la crise ma peau devenait encore plus rose qu’avant. Et j’avais beau passer toutes les crèmes du monde sur mon troisième téton, rien n’y faisait, il ne voulait pas disparaître. Quand j’ai commencé à voir enfler comme un vrai sein par-dessous, j’ai cru que j’allais m’évanouir.
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A lire, on est moins seul. A lire, on pense. Lire m’emplit du désir d’écrire. La lecture, c’est l’Autre de l’écriture. L’espace que l’Autre ouvre en moi me permet de (lui) parler, sinon je serais folle. De la parole à l’écrit l’écart n’est pas de degré : oralité et texte sont deux modes du langage complètement différents, qui ouvrent chacun leur propre espace. Mais celui ou celle qui écrit le sait, il me semble : les phrases tiennent sa raison au ras du délire. Et c’est peut-être par chance, que l’écrivain écrit, d’avoir senti tout près le risque de basculer.
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"Je suis enfermée dans un cri rouge et cubique et je me cogne aux parois saignantes, personne ne m'entend. Le cri sort de ma gorge à moi, et celle qui est assise dans le pièce blanche s'étonne : moi, si calme, en train de hurler." ..."Dans la pièce rouge on ne pense pas, on a besoin du cri."
..."Dans la pièce blanche on a honte du cri comme d'un lieu commun, "ce qu'on fait dans ces cas là". Un savoir de toute éternité, de ce savoir des ancêtres et des téléfilms. Je me suis mise à crier, et ensuite, à mon étonnement, le cri a pris ma place. Je suis restée dans la pièce rouge, à me cogner aux murs étranges. Des muqueuses rouges m'avalaient, me dissolvaient. Un petit bourdonnement d'insecte dans une énorme fleur carnivore."
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