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Critiques de Marie Nimier (281)
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Petite soeur

Elle était de onze mois l’aînée, et pourtant, parce qu’en comparaison on la voyait nettement moins brillante, voire un peu lente si ce n’est légèrement attardée, elle était pour tous la petite sœur de Mika. Elle doit maintenant en parler au passé, parce que ce frère extraverti jusqu’à la flamboyance, aussi protecteur que cruel, qu’elle aimait et admirait aveuglément, tout au moins dans l’enfance et jusqu’à leur brouille il y a sept ans maintenant, vient de mourir à vingt-huit ans, en lui léguant ses cendres : un geste accablant pour Alice, dont la mémoire encadre précisément sa relation avec son frère de deux souvenirs au goût de cendres, emblématiques du début et de la fin de son emprise sur elle.





Car, si elle est la seule à s’en apercevoir maintenant, c’est bien une relation toxique qui s’est développée dès la petite enfance entre le frère et la sœur. Elle qui n’en a jamais parlé sait qu’il est temps de faire face à cette réalité et que, pour enfin tenter de s’en affranchir, il va lui falloir la mettre en mots. Une petite annonce lui permet de partir habiter quelques semaines chez un inconnu obligé de s’absenter sans son chat, et la voilà bientôt, avec pour seule compagnie Vanessa, une florissante plante carnivore, et Ulysse, un invisible félin, libre de confier à ses carnets une histoire qui, au fil de réminiscences d’abord désordonnées, et grâce aux bienveillants conseils littéraires de sa tante, prend peu à peu la forme d’un roman autobiographique.





Allégée par un discret humour sous-jacent et par la touchante tendresse de personnages secondaires, la narration se met en place sans pathos ni auto-apitoiement, alignant faits et souvenirs pour laisser apparaître en filigrane ce dont Alice prend douloureusement conscience en même temps que le lecteur : tout, depuis le début, était tordu dans cette famille, le garçon développant dès le plus jeune âge les comportements cruellement et sournoisement manipulateurs du pervers narcissique, les parents aveugles entretenant inconsciemment la domination du fils si brillant sur sa sœur si fragile et si terne, la fille intégrant son infériorité et sa dépendance à son frère jusqu’à presque passer pour inadaptée et tomber toujours plus bas sous une emprise totale et destructrice. Le processus est implacable et pernicieux, d’autant plus terrifiant que, sous les apparences d’une fratrie unie et d’une famille aimante, se cache une violence des plus absolues parce qu’elle s’attaque au développement-même d’une personnalité, empêchée dès la plus tendre enfance, poussée vers une auto-destruction téléguidée par une cruauté déguisée en amour.





Avec ses mots d’une sincérité et d’une innocence désarmantes, décrivant de la manière la plus ordinaire et naturelle qui soit des situations horrifiantes, vécues sans la moindre conscience d’en être la victime, Alice nous plonge dans un récit douloureux et bouleversant, souvent troublant et dérangeant, qui, paradoxalement, ne se dépare jamais d’une fraîcheur et d’une légèreté entretenues par une plume fluide, pleine d’entrain et de spontanéité. Intrigué, attaché à cette fille si vaillamment perdue, c’est totalement captivé que l’on dévore ce roman très habilement construit. Coup de coeur.


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Le Palais des orties

C'est frais, léger, sensuel, drôle et ça ne manque pas de piquants...Mais cette vie à la campagne nous est montrée avec beaucoup trop de détails et de digressions inutiles . Quant à l'histoire sentimentale, bien dans l'air du temps, elle met beaucoup de temps à se mettre en place, dommage car la deuxième partie a beaucoup plus de force et de fièvre.

Au bout du compte un bouquin où la passion est bien là mais où on s'ennuie parfois .
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La Reine du silence

« La Reine du silence » c’est le surnom que l’écrivain Roger Nimier donnait à sa fille Marie.

Marie Nimier interroge, recueille les anecdotes, tente de comprendre sans jugement excessif, sans procès d’intention ce père qui disparait tragiquement alors que Marie n’a que cinq ans. Comment se construire avec l’image de ce père imposant, brulant la vie avec une frénésie constante, négligeant toute vie familiale. Auteur, scénariste, journaliste, Roger Nimier transformait tout ce qu’il touchait en or. Il n’est pas question ici d’un règlement de compte, de juger facilement un homme disparu depuis fort longtemps, non Marie Nimier à su grandir avec ces fantômes et cet héritage pesant, elle veut retrouver ce fil brusquement rompu, et c’est grâce aux mots qu’elle a trouvé la parole. Elle y réussit avec une grande pudeur, une émotion et une sincérité remarquable. Elle confirme l’adage tel père, telle fille. « La reine du silence » mérite qu'on l'écoute assurement.
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Le Palais des orties

Le début est laborieux. Après une sorte de précis de botanique sur les orties , puis sur l'horticulture , on arrive enfin à l'intrigue sentimentale !

Les personnages manquent de complexité, le personnage de la woofeuse est bien artificiel, le compagnon de la narratrice est terne et peu clairvoyant. Tout cela manque de force.

Puis vient l'histoire d'amour proprement dite avec là de très belles pages !

Un roman ennuyeux au début et bouillonnant à la fin. Mais ça n'a pas la force des "Inséparables " autre roman de Marie Nimier.
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Le Palais des orties

La jeune fille qui a bousculé nos vies



En racontant dans «Le palais des orties» le bouleversement des sens provoqué par l'arrivée d'une bénévole dans une famille d'agriculteurs, Marie Nimier nous livre une réflexion aussi surprenante qu'incandescente de la passion amoureuse.



Le travail est difficile à la ferme de Nora et de Simon. À 13 ans, leur fils Noé n'est pas d'un grand secours et à 17 ans leur fille Anaïs, qui ne rentre que le week-end, ne peut guère les soutenir dans leur projet de cultiver, de transformer et de vendre les orties sous différentes préparations. Avec leurs moyens limités, ils pensent toutefois avoir trouvé une solution en accueillant une woofeuse, autrement dit une personne membre du World-Wide Opportunities on Organic Farms, un réseau de bénévoles qui mettent leurs bras à disposition des agriculteurs en échange du gîte et du couvert.

La jeune fille qui se présente, avec 24h d'avance sur la date convenue, s'appelle Frederica ou plus simplement Fred. Et si certains côtés de sa personnalité dérangent Nora, elle ne peut guère faire la fine bouche. D'autant que Cheese et Rimbaud, les chien et chat du domaine, semblent déjà l'avoir adoptée. Tout comme le feront les enfants, les voisins et les habitants qui croiseront son chemin. En fait, personne ne semble résister à la belle jeune fille.

Mais comme elle se met au travail avec ardeur, ce serait même plutôt un avantage. «Malgré ses mains fines et ses ongles longs, Fred travaillait comme elle marchait, régulièrement, avec obstination. Elle ne voulait jamais s'arrêter, même pour boire un verre d'eau, il fallait qu'elle finisse, qu'elle aille jusqu'au bout de sa mission.»

Au fil des jours, la greffe semble prendre, chacun se découvrant un peu plus, même si les histoires de Fred pouvaient donner l'impression «qu'elle réinventait sa vie selon les jours, l'humeur ou les circonstances.»

Un soir, après le dîner, Frederica a fait la démonstration qu'elle savait «cracher le chocolat», c'est-à-dire, enflammer la poudre de chocolat à la manière d'une cracheuse de feu. «C'est à ce moment-là, ce moment très exactement où le nuage s'était transformé en flamme, que je compris ce qui était en train de se jouer dans cette maison. En moins d'une semaine, Fred avait conquis tout le monde. Et les animaux. Et les lieux. Et les hommes. Chacun, et je m'inclus dans ce chacun, guettait les signes de son attention. Chacun voulait être préféré, chacun était heureux quand il était regardé, mais cette joie se doublait d'une sourde inquiétude – chacun était jaloux, chacun dépossédé quand Fred s'éloignait. Cette jeune fille sortie de nulle part avait changé la donne.»

Urticante comme les orties, l'action va alors devenir piquante. La prise de risque est assumée, les rendez-vous secrets s'enchaînent, la passion bouscule toutes les certitudes. Au point de ne plus avoir les mots pour dire combien elle est jouissive. «Il me semble inouï qu'il n'y ait qu'un seul verbe et bien peu d'expressions pour désigner le sommet du plaisir, alors qu'il en existe plus de trente dans la vallée pour désigner la pluie. Il y a pourtant autant de différences entre un crachin et une averse qu'entre un orgasme et un autre orgasme.»

Marie Nimier emprunte les voies défendues avec jubilation, faisant de ce Palais des Orties un symbole des choix assumés, de l'émancipation, de la liberté qui s'affranchit des diktats de la société la plus bien-pensante. C'est cru, c'est bon et ça fait un bien fou!


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Petite soeur

Le roman s’ouvre sur une histoire de deuil. Alice vient de perdre son frère. Son quasi-jumeau, son cadet plus jeune de treize mois et qui pourtant l’appelait petite soeur. Mais pourquoi Alice refuse t-elle de se rendre à la cérémonie de crémation ? Pourquoi ne l’a t-elle pas revu depuis tant d’années, ce frère avec qui la relation fut fusionnelle, étrange, faite de protection et de provocation, de rires et de larmes ?



Alice doit s’éloigner, s’isoler et la proposition de garder un appartement tout en prenant soin du chat et des plantes carnivores lui offre cette occasion rêvée. Sur les conseils de sa grand-mère, personnage fantasque mais futé, la jeune femme écrit. Elle écrit l’histoire que nous sommes en train de lire, dans une mise en abîme réjouissante.



Au cours de cette retraite, les souvenirs remontent, et Tonio l’artiste l’aide à exorciser ses démons.



On est donc loin d’une histoire d’absence, de manque. Au contraire, le frère disparu est omniprésent dans le discours qui révèle les moments de bonheur de cette relation mais aussi peu à peu le drame caché et la raison de la rupture. C’est le récit d’une reconstruction et d’une libération créatrice, rythmé par une quête d’un chat évanescent.



Le roman est loin d’être sombre, malgré la gravité des faits. Marie Nimier entraîne le lecteur vers la lumière au cours de ce roman superbe et lumineux.



240 pages Gallimard 25 Août 2022


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La nouvelle pornographie

Une auteure (Marie Nimier double de l’écrivain) accepte la proposition de son éditeur d ’écrire des nouvelles pornographiques car bien que soit reconnu son talent, le succès se fait attendre et les rentrées d’argent aussi. Aidez de son amie Aline, l’imagination s’embrase…

Sentiment mitigé avec ce troisième rendez-vous dans l’univers de Marie Nimier.

Une réflexion parfois brillante sur l’imagination féminine, un parallèle entre la création littéraire et la sexualité. Un regard féminin, féministe ? qui vaut de très beaux passages. Mais bizarrement aussi, j’ai vraiment ressenti par instant un ennui profond, l’envie de lire en diagonal, trop sérieux à mon gout. Marie Nimier semble vouloir à tout prix donner un sens à ces écrits, décortiquer la sexualité féminine et masculine à travers ces différences, ces fantasmes. L’inclure dans une réflexion globale politique, morale, cérébrale. Et si le plaisir des mots et le talent d’ écriture sont là, l’intérêt lui est sur courant alternatif.

A vous de voir. 2.5/5

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Le Palais des orties

Le palais des orties raconte une histoire de femmes et d'orties.



L'écriture a le mérite d'être très fluide mais je suis passée á côté du livre, je me demande encore ce que l'autrice a voulu dire dans ce livre.



La construction du rapport entre personnages me parait maladroite, noyée dans un déluge de conseils écolos et de souvenirs. L'installation de l'intrigue se perd dans un foisonnement de détails inutiles, avec peu de réalisme et un clair décalage entre ce que le lecteur sait de l'intrigue et le comportement des protagonistes, ce qui ne semble pas échapper á l'autrice qui écrit "Nous allions trop vite, pas avec les pieds (...) mais avec la langue". Beaucoup de pistes évoquées ne mènent nulle part, les personnages secondaires sont malmenés ou oubliés et des métaphores et comparaisons approximatives suscitent quelques froncements de sourcils ("Comme si quelqu'un avait versé une louche de pâte á crêpe bien épaisse sur mon diaphragme").

Après 120 premières pages d'errance, quelque chose se passe néanmoins, une tension s'installe, jusqu'au dénouement, absolument décevant. Le personnage principal semble suivre une courbe pour revenir á son point de départ. Le drame se dénoue par « une envie de boire un verre d’eau » . Tout ça pour ça, se demande-t-on? La tension installée retombe banalement comme une lors d'embrouille de fête de village.



En résumé, ce livre au titre piquant ne m’a pas emportée, mais juste un peu irritée parfois.

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La plage

Rien n’est pire qu’une « autrice » qui écrit sur une femme qui s’ennuie. Mais quand on est édité par Gallimard, on se dit que le contrat est rempli, la consécration est sienne et on peut écrire sur tout, et surtout n’importe quoi ! Comme par exemple un inventaire de toutes les petites choses du quotidien qui n’ont aucune importance et dont on ne fait cas dans la vie réelle. C’est l’impression que donne le roman de Marie Nimier dès les premières pages. Heureusement qu’il y a la plage…

… Cette plage de sable fin sur cette île, plage déserte où elle se jette nue dans les flots calmes de la mer dès son arrivée. Et il y a cette grotte où elle compte passer en Hermite sa semaine de vacances mais qu’elle trouve occupée par un père et sa fille, venus camper quelques jours à l’écart de toute civilisation.

A partir de là, l’histoire prend un tout autre tournant et on est happé par la poésie de Marie Nimier, le mystère de la rencontre qui semble se profiler et l’atmosphère estivale.

« La plage » est un très agréable roman à lire en fin d’été afin qu’il se prolonge…

Editions Gallimard, Collection Blanche, 151 pages.

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Le Palais des orties

Dans son dernier roman, "Le palais des orties" publié aux éditions Gallimard, Marie Nimier raconte une histoire d'amour entre deux femmes. "L'ortie est la plante qui a une dualité intéressante pour une histoire d'amour" dit-elle. "Elle est piquante, on s'en méfie, elle est urticante, mais en même temps elle est pleine de qualités et de vertus," explique l’auteure…. En deux phrases, l’essentiel de cette fiction est donné ! Sa dualité…son ambivalence ainsi que son piquant indéniable !



Une très jeune femme , Frederica, surnommée « Fred », une woofeuse, offre ses bras dans une exploitation contre le gîte et le couvert !Personnalité solaire et mystérieuse, qui va chambouler la vie de toute la maisonnée !



Amusant et jubilatoire d’écrire un roman à partir de la culture d’une plante aussi peu aimée : l’ortie. Nous avons tous , des souvenirs d’enfance, pas spécialement plaisants ! Pour ma part, dans les terres intérieures de Bretagne, les orties ne manquaient pas, et le souvenir m’en est fort désagréable : la nourrice assez âgée qui prenait soin de moi, avait de brutales méthodes d’apprentissage pour les enfants : des fessées avec des orties !!! une époque… où éduquer un enfant s’apparentait plus à du « dressage » !...



… Alors retrouver cette fichue plante accompagnant toute une histoire, de famille, d’amour m'a intriguée et fait franchement sourire.

Frederica surgit dans l’histoire d’une famille plutôt sympathique, travailleuse, dans la débrouille et la bonne humeur , en dépit des difficultés à joindre les deux bouts, à payer les factures… Un couple uni, Nora et Simon, leurs deux enfants : Anaïs, 17 ans, en pension, mais en contact fréquent avec ses parents, toujours pleine d’idée nouvelles pour faire évoluer la ferme de ses grands-parents et parents…auxquels elle rêve de succéder… et le petit frère, Noé… ingénieux, inventif, assez proche de son père… qui se cherche comme tout préadolescent…



« Depuis qu'elle était partie en pension dans un lycée agricole, Anaïs avait plein d'idées pour que la ferme de ses grands-parents, qui était maintenant celle de ses parents, et peut-être un jour la sienne, puisse de développer. Elle croyait en un monde différent. Un monde où la richesse ne passerait pas par l'argent. » (p. 15)



Fred. Illuminera tour à tour la maisonnée, s’éprendra de son hôtesse, Nora…. N’en disons pas plus !…



De multiples descriptions touchant l’énergie déployée de toute la famille pour faire vivre cette exploitation… Un univers dynamique loin de nos préoccupations citadines, ou les journées sont dévorées par le travail, travail très physique…avec bien sûr la satisfaction des nouvelles idées lorsqu’elles apportent des résultats… même si il y a la vie à la campagne, un rythme sain, on a l’impression d’un effort sans fin, avec toujours un équilibre pécuniaire des plus précaires…Mais il y a aussi de la magie dans cet univers…où chaque chose possède également un relief particulier…même ce qui pourrait paraître anodin, ordinaire. Un univers où le regard a une autre attention, une autre densité. Le style de Marie Nimier se révèle fluide et empreint d’une belle poésie ; comme l’ extrait suivant nous le signifie dans l’extrême simplicité :



« L’argent coûte cher au pays des orties. (…) La vétusté des toitures, en l’occurrence, présente quelques avantages, dont un qui nous tient particulièrement à cœur : quand le thermomètre plonge en dessous de zéro, les gouttes de pluie s’immobilisent dans les trous de la tôle au lieu de glisser vers le sol et sculptent un ciel de pendeloques qui accrochent la lumière. Chaque année, on les photographie. C’est notre luxe à nous. Notre galerie des glaces. « (p. 51)



Le titre de ce texte a été fort judicieusement choisi.

« Le Palais des orties » , Un oxymore singulier : L’extraordinaire, le somptueux associé à la plante la plus modeste, la plus impersonnelle qui soit…Comme ce rayon de soleil aveuglant que représente l’arrivée et la personnalité de Frederica dans un univers du labeur, du quotidien rivé aux éléments les plus terre à terre. Un contraste des plus saisissants : contraste dans la personnalité des personnages, comme contrastes dans le contenu des existences : la jeunesse, le monde installé de deux adultes, d’un couple, deux enfants qui vont vers leur avenir, à construire, et une fée clochette qui passe dans tout ce petit monde comme une météore, ne pouvant que faire rêver ou fantasmer, puisqu’elle ne fait que passer, qu’elle est l’AILLEURS. Cet ailleurs inconnu, qui fait peur et attire !



Dans cette histoire passionnelle , l’ortie prend toute sa force symbolique.



« Les orties sont des plantes rudérales, du latin –rudus, ruderis, décombres. Comme la pensée tricolore, le mouron des oiseaux, le chardon et les pissenlits, elles aiment les friches, les terres abandonnées et, de manière plus générale, s’installent sur des sols sans compétition, souvent altérés par la main de l’homme. Leur cycle de vie est court, leurs propriétés innombrables. Fred n’était pas arrivée seule au Palais, elle était venue avec son histoire, et son histoire s’était répandue sur nous comme les orties prospèrent en terrain perturbé. Ensemble, nous avions réussi à repousser le passé. (p. 250) »



Une lecture singulière où on se laisse embarquer, en dépit de l’abondance de certaines descriptions techniques, pouvant sans doute rebuter certains lecteurs. Pour ma part, j’ai passé outre…et me suis laissée porter par le style et la petite musique personnelle de l’auteure !

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Petite soeur

« On n’a pas toujours besoin d’une chambre à soi pour écrire, il arrive que l’on préfère une chambre chez les autres. Un endroit où aller, pas forcément très loin. Un endroit où se perdre, un endroit où se rendre, comme on dit rendre gorge ou rendre l’âme, pour solde de tout compte.

Une cage. Un enclos. »



Pour faire le deuil de son frère Mika décédé à 28 ans et écrire leur histoire, Alice accepte de s’occuper d’un appartement le temps de l’absence de son propriétaire. Ce temps suspendu va lui permettre de verbaliser et de raconter la relation fusionnelle qu’elle entretenait avec ce frère flamboyant, à qui elle n’avait plus parlé depuis 7 ans.

Une relation forte, d’amour et d’emprise, qui s’est finie brutalement autour d’une table de restaurant.

Dans ce nouveau roman, l’autrice explore avec minutie et subtilité les relations fraternelles, dans un patchwork de scènes très justes. La plume toujours délicate, le ton fantaisiste, et la fin résolument heureuse parsèment de lumière ce texte parfois douloureux, et toujours prenant.
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Le Palais des orties

Quand Fred débarque au Palais des orties, en cet été caniculaire, c'est un vent de fraîcheur qui semble entrer dans la maison, comme quand, au matin, on ouvre les fenêtres pour changer un air déjà trop lourd.

Fred est woofeuse.

En voilà un joli mot me direz-vous ?

J'explique.

Contre gîte et couverts elle vient donner un coup de main aux travaux quotidiens.

Sous son apparence fragile, la jeune métisse ne manque pourtant ni de courage ni d'énergie.

Nora, Simon, leurs enfants Anaïs et Noé et même le chien Cheese sont sous le charme.

Pourtant, en arrivant avec un jour d'avance, elle avait un peu contrarié la mère de famille.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire, ainsi disait la chanson, et c'est sous la plume de Marie Nimier que s'écrit cette romance d'aujourd'hui.

La romancière aurait pu choisir de vertes prairies ou d'immenses champs de fleurs pour y poser sa ferme, mais non, là on ne cultive pas la luzerne, les céréales ou.... l'oeillet, là,  pousse l'ortie.

Il fallait y penser tout de même, écrire une histoire d'amour au milieu des orties.

Avouez qu'il y a plus poétique, non ?

Cette plante que nous autres habitants des campagnes fuyons à toutes jambes.

Marie Nimier en fait un produit magique, ses fermiers exploitent l'ortille, comme certains l'appellent,  sous toutes ses formes, et s'ils manquent d'idées pour multiplier la gamme offerte, comptez sur Fred pour en trouver.

Au moins, pas besoin de se faire de soucis pour la cultiver, ça pousse tout seul et ça envahit le terrain, bien en-dehors des limites, jusqu'à venir conquérir les terres voisines au grand dam des riverains qui ne sont pourtant pas nombreux.

Mais au-delà des multiples propriétés de cette urticacée c'est une autre histoire que l'auteure déroule sous nos yeux.

Tout en douceur, au fil des pages, ses personnages se transforment.

Quand on se frotte à l'ortie, notre premier réflexe et de nous soulager là où ça démange.

Fred serait-elle comme ces urticas (orties dans le langage savant) ?

Parce que, qui s'y frotte, s'y pique.

Elle est belle, elle est séductrice, comment résister.

Marie Nimier n'en fait pas trop, si l'herbacée est urticante,  l'amour ne pique pas. Les corps se frôlent, les lèvres s'aimantent, les mains caressent, les coeurs chavirent.

C'est léger, sans tabou mais sans excès.

Elle fait de son lecteur un spectateur, pas un voyeur.

On ne peut rester insensible à ce qu'elle offre à nos yeux, elle le fait avec talent.

Une lecture envoûtante, comme son personnage.

Devant la fenêtre, dans ma Bresse bourguignonne, je guette. Peut-être la verrai-je passer, sac sur le dos, souriante, lumineuse...

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Le Palais des orties

Après un premier passage à la ferme avec Le monde du vivant de Florent Marchet (que je vous conseille également), me voilà de retour dans le monde agricole avec le palais des orties de Marie Nimier. Ici le woofer perturbateur ne s'appelle pas Théo mais Frédérica, c'est une jeune femme adroite et très jolie. Recrutée par Nora et Simon pour aider au ramassage des orties, elle va vite bouleverser le fonctionnement de la maisonnée...La plume de Marie Nimier, que je n'avais pas lu depuis longtemps, est toujours aussi agréable et percutante. Ses phrases font mouche et instaurent à merveille un climat de passion amoureuse.

J'ai passé un agréable moment avec ce texte fin, sensible, qui garde à la fin une part de mystère (et c'est tant mieux 😀).
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Le Palais des orties

Savez-vous ce qu’est un woofeur ? C’est quelqu’un qui désire connaître le milieu agricole, bio et écolo, tout en voyageant. Ce système repose sur l’échange, le woofeur s’engage à donner un coup de main contre le gîte et le couvert, et il partage la vie de la famille.

J’ai découvert cette démarche originale avec Frederica, jeune woofeuse, qui débarque un beau matin dans la ferme de Nora et Simon. Avec leurs deux enfants, Anaïs et Noé, ils cultivent l’ortie, celle plante mal aimée et pourtant regorgeant de bienfaits. Le travail est rude, il faut se débrouiller avec peu, s’occuper des récoltes tout en retapant la vieille ferme, et la besogne est écrasante.

Suspicieuse au début, Nora va vite tomber sous le charme de la belle Fred, tout comme le reste de la maisonnée, y compris le chien qui la suit partout. Fred arrive à point, car le couple croule sous le travail. En plus de sa bonne humeur et de son coup de main, la jeune fille va apporter le trouble et le mystère. Elle a voyagé, connait beaucoup de choses comme « cracher le chocolat » en enflammant la poudre de chocolat, ce qui plait beaucoup à Noé. Elle est très libre aussi et critique la chasse aux corneilles que pratique Simon à la demande des voisins qui n’aiment pas leurs craillements. Et si Simon se laissait séduire par cette belle plante sensuelle et libre ? Nora ressent les affres de la jalousie. Pourtant, l’entente est totale entre les deux femmes qui deviennent complices lorsqu’elles vont faire le ménage dans la maison secondaire des voisins friqués.

Nora et Fred vont se découvrir à travers les tâches quotidiennes, créant même de nouveaux produits comme le pesto d’orties. Elles s’apprivoisent peu à peu.

A la ferme, tous veulent profiter de la présence de Fred, elle est devenue indispensable à chacun, s’est installée dans leur vie comme si elle avait été toujours là et prolonge son séjour. Jusqu’à cette fête au village qui va bousculer les choses. Et si les protagonistes de cette histoire allaient aussi devenir urticants pour les autres ?



D’une plume alerte et sensuelle, Marie Nimier nous raconte une passion aussi brûlante que les piqures d’orties, au point de menacer la vie d’une famille.

Ce roman est une histoire de liberté et de tabous foulés aux pieds. L’originalité, c’est de la placer au milieu de champs d’ortie, une culture marginale. J’ai regretté quelques longueurs, mais j’ai été séduite par les personnages féminins, plutôt attachants, tout en regrettant que Simon reste en retrait.

J’ai aimé le personnage de Fred qui est drôle, effrontée mais avec sa part de mystère. Il y a de la sensualité, de la tendresse aussi, au milieu de ces champs d’orties.

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Petite soeur

" Petite sœur"... Ce tendre titre renferme en lui-même toute la complexité de la relation d'Alice et son frère Mika, mais seule la lecture du roman lui donne sens. Pendant la majeure partie de cette lecture,je suis restée à distance d'Alice,la narratrice,me sentant étrangère à elle. Pas d'hostilité mais pas d'attachement non plus. Et puis, j'ai accédé au cœur de cette femme un peu comme si j'avais suivi un chemin trop balisé et que je l'ai enfin quitté pour me retrouver au beau milieu de la forêt avec ce qu'elle représente de séduction mais aussi de peurs primitives.

L'histoire s'ouvre par la mort de Mika et l'ambivalence d'Alice quant à ce drame. Le choc est immense,il lui est impossible d'assister à la crémation. Sur conseil de sa grand mère,elle se réfugie dans un appartement qui n'est pas le sien, avec l'idée de s'éloigner symboliquement d'elle même et écrire...

L'absence de Mika est envahissante,voire obsédante. L'écriture mais aussi une rencontre salvatrice va permettre à Alice non pas de franchir le miroir ( quoique !) mais de revisiter son enfance et surtout ce partage si singulier de son histoire avec Mika. C'est un chemin libérateur qui donnera naissance à " la grande sœur"...
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La plage

Je suis toujours surprise de lire une histoire où il ne se passe rien / ou du moins pas grand chose...il faut avoir un beau talent de narrateur pour tenir accroché à sa ligne le lecteur, par nature volage si l'ennui pointe son nez.



Ce livre de Marie Minier en est un bel exemple. Elle nous tient captifs devant la rencontre de trois inconnus dans la chaleur d'un été et la solitude d'une plage: une pseudo famille reconstituée par une jeune femme solitaire, un père et sa fille en vacances. Elle crée une atmosphère de mélancolie et de mystère, un voile de brume qui parfois se déchire pour laisser entrevoir des parcours chaotiques, une enfance, une attache paternelle, et beaucoup de fragilité. On veut comprendre, on cherche à tisser des liens que l'auteur se refuse à faire. Tout est descriptions, sensations, ressentis. Inévitablement, Eros ou une certaine forme de séduction va être de la partie...



J'ai lu en entier, d'une traite et je reconnais malgré tout de nombreux sauts de pages ou paragraphes, pas du tout envoutée. L'écriture est belle, en particulier dans les magnifiques descriptions de la nature, mais le propos reste obscur. Au final, l'ambiguïté du récit m'a dérangée, les personnages sont impalpables et j'ai tourné la dernière page avec un réel soulagement.
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Le Palais des orties

Loin des grosses entreprises agricoles qui diversifient leur productions et surfent sur des cultures très affriolantes, Simon et Nora cultivent une seule plante et pas forcément la plus sexy ...



Car finalement, malgré ses épines, cette plante peut avoir des effets dans divers domaines que ce soient - cosmétique, horticulture, cuisine,..- et la ferme familiale de devenir alors un vaste champs d’expérimentation permettant au couple et à leurs deux enfants de vivre de la permaculture que tous les confinés du moment souhaitent ardemment .

.Tout se passerait dans le meilleur des mondes si une sublime jeune femme, Fred, amenée à donner un coup de main bénévole à la ferme dans le cadre du fameux Woofing, pratique très à la mode, n'allait venir troubler tous les membres de la ferme, et surtout Nora, la narratrice du roman de Marie Minier qui voit tous ses repères s'écrouler devant cette jeune femme aussi libre qu'effrontée, mytérieuse et terriblement séductrice et séduisante.



Car contrairement à ce que le début du résumé pourrait laisser penser, le dernier roman de Marie Nimier (autrice notamment de la reine du silence) n'est pas un de ces romans glorifiant le monde agricole comme récemment Cécile Coulon ou Florent Marchet ont pu le faire...



Ici, même si le décor et la culture de l'ortie a son importance, c'est vraiment une histoire de trouble et de passion que Marie Nimier nous raconte dans son excellent dernier roman.



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Mais bien loin de la romance vaguement gnangnan, Marie Nimier insuffle à son récit une liberté de ton et une sensualité dans son texte dont le mélange d'insolence et de drolerie séduit largement.



On pense forcément au jeune garçon du Théorème de Pasolini avec l'irruption de cette jeune fille, à la beauté du diable qui va faire chavirer tous les membres de cette famille en apparence soudée autour de la culture de l'ortie .



Marie Nimier nous peint la confusion des sens et des sentiments, d'une écriture où chaque mot est particulièrement bien pensé et où derrière la dérision et la finesse de la plume, se loge la sensibilité et la folie de la passion à un moment où on ne l'attendait plus du tout.



Et en filigrane, le parallèle entre le désir et l'ortie qui nous démange lorsqu'on s'y frotte d'un peu trop près est particulièrement pertinent et original ...



Un des meilleurs récents romans qui ait pu aborder ce sujet tellement éculé et casse gueule du vertige de l'amour et ses métamorphoses.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Reine du silence

Il est dur de se construire quand on est la fille de.

Marie Nimier nous livre ici ses impressions, plutôt que sa vie, sur ses relations avec ce père connu et reconnu dans le monde littéraire, un des plus grands écrivains de son époque mort prématurément d'un accident de voiture. Un père connu, oui mais par d'autres, par des amis, des lecteurs... Mais pas par la petite Marie. Une petite fille qui gêne le travail du grand écrivain, un père qui s'absente pour aller travailler ailleurs. Un grand frère aussi qui ne lui prête pas trop d'attention, à cet âge là les années de différence séparent plus que n'importe quoi. Un autre plus jeune dont elle ne dira pas grand chose. Une famille, une fratrie vécue "comme une anesthésie."

Et pourtant grâce aux recherches qu'elle mène, plus de quarante ans après, elle va pouvoir dessiner le contour de ce père dont jusqu'à présent elle ne voyait que la silhouette et se sentir enfin apaisée.

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Anatomie d'un choeur

Puisque le titre l’évoque, allons-y pour une petite dissection.

Si le chœur des Célestins est ici comparé à un corps humain, on pourrait dire que ses 80 choristes en constituent les membres, les organes, les muscles, reliés entre eux par des artères, des veines, des influx nerveux.

Le cœur, ce serait le chef de … chœur, en l’occurrence Thomas Morhange. Ce jeune chef passionné, arrivé aux Célestins presque par hasard, est investi d’une mission redoutable, qui repose sur ses épaules depuis deux générations : la création de la « Marche Funèbre pour la Mort d’un Nénuphar ». Cette œuvre, composée par son arrière-grand-père Alkan, a sombré au fond d’une malle poussiéreuse en même temps que son auteur, incompris à son époque, tombait dans l’oubli.

Et puis, il y aurait la tête, le cerveau, à savoir le couple Médard, lui administrateur à la poigne de fer, elle secrétaire rasant les murs comme une souris grise. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme Raton.

Le récit s’ouvre sur le concert, mais revient bien vite sur l’anamnèse de l’année écoulée, entre répétitions de la Marche Funèbre et (més)aventures des protagonistes.

Car si le spectacle constitue une apothéose où le chœur, par Dieu sait quel prodige musical, chante d’une seule voix, transcendant les individualités et les différences, et les dissensions qu’elles provoquent, il aura fallu bien du mérite et de la persévérance pour surmonter les embûches. Parce qu’un chœur ne bat pas toujours à l’unisson, il est un corps d’humains avant tout, avec ce que cela implique de tiraillements, jalousies, tromperies, vachardises et chamailleries. Mais c’est surtout la tête du chœur qui est malade, car la palme du semeur de zizanie revient sans conteste à Médard, administrateur tyrannique ayant droit de vie et de mort sur ses recrues, un monstre de mesquinerie et un maître-chanteur (un comble, lui qui n’est même pas choriste). Tout au long du livre, le harcèlement qu’il inflige à ses victimes ira crescendo…



Faisant moi-même partie d’une chorale amateur, je m’attendais, après avoir lu la 4ème de couverture, à rire et à être émue. Eh bien… ce ne fut pas le cas. D’accord, certains passages m’ont fait sourire, et les portraits psychologiques sont assez fins. Mais quant à l’émotion, à part de la gêne et du dégoût, je n’ai rien ressenti. Je n’ai été touchée par aucun des personnages, aucune empathie, même envers cette pauvre Raton, qui en aurait pourtant bien eu besoin.

Je suis sans doute influencée par l’ambiance chaleureuse qui règne dans ma chorale, mais l’histoire des Célestins ne m’a pas semblée réaliste. Comment peut-on supporter un administrateur aussi pathologiquement dictatorial, comment peut-on chanter en se détendant (ou se détendre en chantant) dans une ambiance aussi délétère ? Je me serais enfuie en courant dès la 1ère répétition. Et puis ces histoires de cœur, voire plus bas sous la ceinture, je ne leur ai rien trouvé de croustillant ou d’émouvant, c’est même plutôt glauque.

Enfin, dernière fausse note : la présence d’un préadolescent qui n’a pas encore mué dans un chœur d’adultes est plutôt incongrue.

Bref, je ne suis pas arrivée à comprendre la ligne mélodique reliant les éléments de ce livre, trop de dissonances en empêchent l’harmonie.

A l’autopsie, cela ne vaut pas un requiem…





PS : Charles-Valentin Alkan, né Morhange, a réellement existé (1813-1888)

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Les confidences

Les meilleurs recettes comportent souvent peu d’ingrédients, et Marie Nimier s’en est rappelé pour la rédaction de son ouvrage « Les confidences » : une table, deux chaises, un philodendron, des confidences et c’est tout !



Pour obtenir ce matériau indispensable, Marie Nimier a affiché des annonces aux points stratégiques d’une ville de France pour que les gens prennent rendez-vous avec elle, dans un appartement que la mairie lui a prêté, et mis en ligne un site internet pour recueillir de manière complémentaires les mots anonymes d’étrangers rebutés par la perspective de lui parler directement. Les histoires seront écoutées avec les yeux bandés, afin qu’elle ne soit pas perturbée par un quelconque jugement.



« Les confidences » constitue donc le recueil de ces histoires entendues de parfaits inconnus, après que l’autrice les a restituées à sa manière. Si elles sont racontées telles quelles, parfois Marie Nimier intervient pour raconter certaines circonstances sur leur auteur ou leur narration, la perception qu’elle en a eue, l’effet qu’elles ont pu produire sur elle. Le résultat de cette idée très originale est un ouvrage aux histoires hétéroclites, certaines courtes, d’autres longues, certaines bizarres, d’autres touchantes (certaines sont d’ailleurs tellement incroyables qu’on pourrait les croire inventées !). Mais curieusement, toujours empreintes de gravité, et jamais très gaies ou drôles. Peut-être parce la plupart des gens semblent confondre confidence (un secret qu’on révèle à quelqu’un) et confession (un acte blâmable que l’on avoue), comme si Marie Nimier, avec son écoute aveugle, était une sorte de prêtresse d’un culte, ou plus prosaïquement, un déversoir. J’ai lu d’une traite ce court ouvrage et je ne sais si je l’ai aimé ou pas, le détachement de l’autrice dans son effort de rester en dehors des histoires, ou le plus possible, faisant écran entre le texte et mon ressenti.



Toutefois, la lecture de ces textes se révèle ainsi assez troublante, en ce qu’elle offre dans un premier temps un divertissement (que se cache-t-il dans le cerveau d’une personne lambda ?) puis passée la curiosité, un condensé de l’âme humaine souvent peu reluisant, et de ses secrets inavouables. Marie Nimier elle-même, malgré sa position surplombante, ne restera pas insensible à cette avalanche, et se réservera d’ailleurs la dernière confidence, assez significative d’ailleurs.



Je ne sais pas pour ma part si je serais allée rencontrer Marie Nimier pour lui faire ma confidence… Mais vous, y seriez-vous allé ?

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