Elle… dans ses romans, l’auteur utilise souvent ce « elle » comme prénom. Elle, n’a pas besoin de se désigner puisqu’elle écrit dans un journal sa vie, et seuls les intrus à la famille sont nommés.
Elle ne date pas ses jours, elle titre ses chapitres de son quotidien et nous progressons avec elle. Elle raconte qu’à la maison chacun a ses passions… voyages en Amérique du Sud pour le père, peinture pour la mère, piano pour le frère, écriture pour elle… Elle, commence à présenter sa famille Sevilla-Mendoza, Sarde depuis l’éternité. Elle, vit un amour particulier avec un homme marié. Il lui demande une relation animale et pas sentimentale. Il la conditionne, elle l’écoute, elle acquiesce, elle se tait, elle se pose sur le lit, elle veut être une poupée-robot docile, obéissante, elle ne veut pas ressembler à sa mère qui traîne son mal être à longueur de temps. Se taire, elle sait bien le faire, elle est dans une famille qui ne parle pas des sentiments. De honte, de peur, ou de pudeur, ils tiennent les mots prisonniers.
Elle parle de ses superstitions, le baiser du soir qui tient du rituel lorsqu’elle était petite, du fétichisme de sa mère pour étendre le linge, de leurs croyances en Dieu, de l’astrologie des étoiles, des absences trop fréquentes, trop fuyantes, de son père, des fragilités et désespoirs de sa mère et son frère, de sa tante toujours en quête de l’amour, des amants de sa tante toujours évanescents, des rêves de tous, l’anorexie de sa mère, l’amour boulimique pour elle et sa tante, du jardin qui s’épanouit suivant les lunes… Elle confie ses relations avec l’homme qui la dompte et la censure. Les séances sadiques et masochistes qui la réconfortent et la rabaissent… Elle confie son présent et l’après.
Je retrouve dans ce roman certains thèmes abordés dans mes deux précédentes lectures. L’amour, sujet essentiel, le sexe, la famille unie, la musique, la Sardaigne, des êtres contemplatifs, un peu perturbés, des femmes pulpeuses, latines, et d’autres, petites fleurs de prairie belles et vulnérables. Les hommes sont souvent instables, infidèles, égoïstes et toujours en partance. La Sardaigne est une île qui engendre les voyages.
J’ai aimé les passages qui racontent le bel amour, lorsqu’il est dansé dans un tango ou communié dans des lettres, j’ai été sensible à l’unité de la famille dans le drame, séduite par les personnages féminins, émue par les désenchantements, et j’ai détesté les passages éprouvants, cruels, persécuteurs, de la relation sadomasochiste qui va crescendo de pire en pire au fil de cette histoire. Il est désolant que deux jours après ma lecture, c’est l’amertume qui me reste.
Je pense m’arrêter à ce titre avec Milena Agus. Si vous désirez la découvrir, je vous conseille d’autres romans.
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Rencontre ratée avec ce nouveau roman de Milena Agus, ce ne devait pas être le bon moment ...
Pourtant, l'histoire de ces trois sœurs dans ce palais vétuste,la rencontre par dessus le mur avec le mystérieux voisin auraient du me faire vibrer mais j'ai trouvé l'histoire superficielle, je me suis mélangée dans les sœurs.
bref ! heureusement que le livre l'était aussi car je n'y ai pas pris de plaisir.
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"Rien ne résiste.Tout se fait et se défait". C'est la décrépitude d'une noble famille du "quartier de Castello" et son palais qui part en lambeaux (entre vente d'appartements, façades à rénover, don de pièces uniques et états dépressifs tous azimuts) que nous décrit (avec brio) d'une écriture enjouée, légère et colorée, Milena Agus (écrivaine sarde à succès).
Avec toujours ce sens de la formule (ex: "l'amour qui écorche comme une épine"), l'invention de mots (ex:"pathétriste"), son don pour des personnages hors-normes et déjantées, son registre émotionnel riche, Milena Agus brosse le portrait de trois soeurs qui cohabitent entre désirs, frustrations, amour et peines de coeur. La comtesse Ricotta, maladroite "au coeur de Ricotta" ("gentillette qu'on ne respecte pas") dont le fils attardé est un génie du piano s'entiche de son discret voisin. Maddalena, la nymphomane en mal d'enfant saute sur son Salvatore nuit et jour et Noémi la vieille fille se trouve un "amant clandestin" mais hésitant.
Mais c'est tout, à part quelques descriptions cocasses..pas d'histoire réelle. Où est la magie de Battement d'ailes et de Mal de pierres? Déception!!
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Mal de Pierres est le récit de la vie et la quête de l'amour idéal d'une femme italienne racontée par sa petite fille : La jeune femme et ses prétendants dans la Sardaigne des années 50, un mariage où la raison prime sur l'amour et une cure thermale passionnelle. Bref, un très beau portrait de femme.
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Une couverture grise d'un livre au prime abord anodin, mais un titre doux comme une promesse.
Battements d'ailes, des ailes qui bruissent de page en page et nous entrainent dans la vision des choses d'une gamine de quatorze ans en manque de père et de repères.Un père parti, criblé de dettes, une mère alitée toute la journée. Une gamine qui se glisse comme un chat dans l'intimité de chacun et surtout celle de Madame, sa voisine,l'excentrique propriétaire "du dernier bastion de résistance" anti béton, cette propriété sarde scintillante dans son écrin de "ciel transparent" , de " mer lapis lazuli", de "langues de terre arrachées au maquis" transformée en maison d'hôtes.
Attirée comme une abeille par les fleurs blanches des amandiers toutes printannières, le rouge des tomates d'été, la naïveté de la narratrice(prise au départ pour une petite bonne empreinte de dévotion pour sa "Madame"), j'ai poussé la porte de ce conte de fée charmant par simple curiosité.
Madame s'ennuie de tant de beauté!
Ah?
Farfelue, pleine d'entrain,elle flatte l'encolure de sa jument Amélia, enfin Amélie en français car Madame prend des cours de français pour s'évader un jour dans "la ville lumière" ce Paris,dont elle rêve,elle taille ses robes dans de vieilles nappes et dévale l'hiver les deux cents mètres du chemin escarpé pour piquer une tête dans l'eau gelée avec sa petite voisine(la narratrice).
Un peu dérangée, cette Madame!
Non, le grand père de la gamine, ce philosophe retraité, paysan et heureux d'être pauvre soutient sa lutte contre les démolisseurs de côtes.
Une fleur bleue alors, passionnée, grande amoureuse?
Certes nous dit la petite, elle a deux amants!
Oui car le manque d'amour peut l'étouffer et l'éveiller la nuit et la mener vers des flots plus dangereux.
Ah? Ca se corse!
Le un, celui de la ville est souvent aux fourneaux, les siens car il ne vient pas trop par là. Son ex femme oui, pour chatter sur internet.Il y a l'amant en second aussi, qui s'en fout des préservatifs car Madame est à lui et à lui seul. Ah! Et il ne faudrait pas oublier le blessé! Le blessé qui réside dans la maison d'hôtes et dont la fiancée Gioia, la joie s'est absentée. Le blessé,lui lit un livre, mais parfois, la culotte de Madame glisse, les jambes s'écartent, les têtes bécotent tout ce qui passe à leur portée.
C'est qu'elle voit tout cette coquine, même le caché, même d'étranges orgies sur la table de la cuisine avec fouet, lanières et promoteurs.
Là, ça lui échappe un peu.
Qui a donc chuchoté que Madame jadis dans les hôtels...
De douce poésie à douce folie, les mots s'érotisent. Les portraits se campent, s'affirment car chaque être est unique.
Nii!Kii!Nii!Kii!
Pas vrai Niki Niki, le coq?
Et Piétrino, le benjamin des voisins? Ceux dont l'ainé joue de la trompette à jazz, ces gens comme ils faut pas contents du tout de leur trompettiste en chef?
Piétrino, qui se balance tout seul et se chante des berceuses, c'est un cas aussi non?
Et le fantôme?
Madame y croit!
La petite aussi. C'est son papa pour sûr, ces draps froissés par d'étranges courants d'air! Il est mort, c'est un ange pas vrai?
"Je voudrais que papa me dise ce qui est juste et ce qui ne l'est pas mais d'après moi, il ne le sait plus maintenant qu'il est là haut".
Et là, c'est nous, lecteurs, qui battons des ailes d'une larmette d'émotion.
Un très joli livre, ciselé, au charme naïf et pourtant déroutant que nous offre Miléna Agus, inconnue sarde en 2007, mais que le "Mal de pierres" (traduit en 13 langues, prix Elsa Morante, prix Forte village en Italie, prix Relay et dont les droits ont été achetés par Nicole Garcia pour le cinéma)a propulsé aux sommets de la notoriété.
Un joli livre et sans doute une belle carrière d'écrivain dans le futur!
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Touchée en plein cœur par ces personnages féminins qui se perdent pour mieux se trouver.
Ce livre toujours à mi chemin entre le réel et l’imaginaire parle de la vie. La vraie. Celle qui est loin d’être linéaire, celle dans laquelle beaucoup se sentent en marge, presque un peu fou.
Celle qu’on tente de comprendre, celle que l’on vit intensément quitte à s’en brûler un peu les ailes.
Celle qui mélange histoires d’amour, de famille, de passion, de mensonges et de compromis.
Celle sur laquelle on écrit pour tenter de la traverser au mieux en essayant de lui trouver un sens ou juste de laisser une trace.
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💫L’héroïne de Mal de pierre est différente. On la dit dérangée. Elle, elle rêve d’amour idéal, empreint de confidences et de caresses.
💫Résignée, elle épouse un homme qu’elle décide de ne pas aimer.
L’enfant attendu tarde. Elle souffre de calculs rénaux, le mal de pierre.
En soin dans une cure thermale, elle croise un rescapé. Il la guérit de son mal d’amour.
Un roman court …
💫sur les espoirs et les regrets des femmes,
💫sur les non-dits,
💫sur l’absence des hommes aimés,
💫sur l’indifférence pour celui qui reste fidèle et attentif,
💫 sur l’amour, l’envie d’être aimée, l’attente et son désespoir.
C’est beau, simple, sensuel, intense et inattendu.
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La narratrice, une jeune fille sarde, est en quête d'amour, de tendresse, de beauté. Elle fait partie de la famille Sevella-Mendoza qui, c'est le moins qu'on puisse dire, est originale.
Dans de courts chapitres elle observe, raconte chacun
d'eux, leurs liens, leurs façons de vivre (ou de survivre), sous l'oeil plus raisonnable de la grand-mère. Chacun a son rapport au monde déterminé par une passion : pour la mère anorexique, c'est la peinture ; pour la tante, la quête des hommes ; pour le fils, le piano ; pour le père, l'aide humanitaire loin des siens, pour l'ami de la famille, la mer. Quant à elle, elle a une relation sexuelle secrète avec Lui, un homme marié.
On passe ainsi des pages poétiques, touchantes, lumineuses à des propos crus, des désirs de mort, des tortures sado-machistes. "Quand le requin dort"...il faut sortir de sa gueule et fuir à la nage vers des mondes meilleurs.
Un roman très court qui ne s'oublie pas
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J'ai été agréablement surpris par le style d'écriture et le mode de narration. La lecture n'est pas toujours fluide ni facile, mais une atmosphère originale se dégage de ce court roman. Beaucoup de liberté par rapport aux codes classiques des romans d'amour et des romans labellisés "Italie-pauvre".
Ce texte m'a fait penser aux livres de Goliarda Sapienza, L'art de la joie en particulier.
Très bien rendu par le beau film de Nicole Garcia.
Dans la postface "Comme une funambule" M.Agus décrit sa relation à l'écriture, d'une façon que j'ai trouvée attachante.
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Milena Agus a quelque chose de Lydie Salvayre dans cette prose parfois acerbe, transformant des physiques ingrats en beauté. Saga d'une famille de Sardaigne où la mer frôle toujours le récit par sa présence, son absence où le refus de la rencontrer alors qu'elle n'est pas loin. Une écriture enchanteresse.
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Roman court, assez facile à lire (excepté le fait que l'on se perde dans les grands-mères) avec une fin qui donne toute son épaisseur à l'histoire.
La question à laquelle chacun apportera sa réponse : qu'est ce qui est vrai, qu'est ce qui est inventé?
Ce livre aurait peut être mérité un peu plus de pages pour que sa lecture ne reste pas qu'un moment agréable et surtout que les personnages entourant l'héroïne ne soit pas identifiable que par leur lien de filiation.
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Au fond de son cœur chacun cherche et dans son âme cette terre promise sur laquelle il est peut-être possible de trouver sa place.
Je ne veux pas résumer ce beau roman de Melina Agus et laisse le soin aux lecteurs, lectrices de trouver « sa terre promise « en lisant « Terres Promises »
Et je propose de méditer si vous le souhaitez sur ce petit paragraphe :
"Puisque personne ne la trouve jamais, cette terre promise, pourquoi ne pas s'arrêter en route, dès qu'on arrive quelque part où on se sent bien."
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L'intrigue est simple, tout comme le style de l'auteur.
Une histoire d'amour ou d'amour non partager plutôt, les sentiments ne sont pas réciproque, un amour a sens unique et en découle une vie autre que celle imaginée..
Au départ, l’intrigue est simple. Raffaele, un fils de paysans sardes, est amoureux d’Ester. Pour échapper à un destin tout tracé de berger ou d’ouvrier agricole, l’homme part à Gênes et s’engage dans la marine.
En découle, Felicita et son histoire d'amour, ses rencontres, ses rêves...
Une sage familiale décalée a travers l'Italie, la Sardaigne, et New York.
Je n'ai pas trop accroché a cette histoire qui se lit assez facilement et vite : juste que chacun doit trouver sa terre promise.
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Rien ne ressemble à un livre de Milena Agus, sauf un autre livre de Milena Agus. Et pour le coup, ceux-ci se ressemblent tant qu’on pourrait les croire écrits en parallèle. Au fil de ces pages, j’ai souvent pensé être en train de lire Mon voisin tant les situations sont similaires (une femme seule avec son enfant, dépressive, amoureuse de son voisin, les rencontres sur le mur du jardin etc etc). Toujours aussi fantasque, décalée et mal adaptée à la réalité du monde et à une vie où l'amour est trop souvent un leurre, Milena Agus nous livre avec cette Comtesse de Ricotta une autre petite mignardise sarde pleine de poésie, de tendresse mais aussi de désenchantement. Elle nous raconte les histoires entremêlées de trois sœurs, héritières d’un monde disparu : leur palais peu à peu se délite, et chacune doit vivre avec ses drames, ses passions et ses rêves brisés. Comme toujours, on rentre dedans sur la pointe des pieds et on se régale de tant de fraîcheur. C’est très beau, et même si le livre aurait mérité quelques chapitres supplémentaires, j’ai aimé naviguer dans ces pages, flottant au gré du courant à l’image de la Comtesse de Ricotta qui a la sagesse de prendre la vie comme elle vient.
Avant de finir, il y a quand même une question que je me pose : comment une auteure issue d’une île aussi paradisiaque, si pleine de lumière, de couleurs et beauté, peut-elle à ce point ressasser des idées noires ? Mystère insondable à mes yeux !
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La narratrice est une jeune fille trop soumise qui accepte des pratiques sado-maso avec un homme marié, sous prétexte qu'il l'aime et de toute façon, personne d'autre ne se présente... Sa tante n'est guère mieux. Bien qu'attirante, elle multiplie les aventures et espère toujours que ce sera le bon mais tous s'enfuient... Sa mère accepte les tromperies de son mari. En échange, celui-ci lui permet de se donner entièrement à la peinture et de ne plus travailler. Ce n'est pourtant pas ce qu'elle recherche vraiment. Le père est un original qui ne pense qu'à partir dans des pays lointains pour aider les pauvres... Son frère, quant à lui, est persécuté à l'école et se réfugie derrière son piano. Personne n'est finalement heureux. Chacun tente de s'en sortir à sa manière mais cela ne réussit pas toujours. Certains espèrent que Dieu existe réellement... mais se demandent où il est et comment il accepte que les choses se déroulent comme elles se déroulent...
Un petit roman bien écrit et le sujet est traité avec beaucoup de naïveté qui peut prêter à rire. Toutes ces femmes soumises qui acceptent tout et n'importe quoi, c'est finalement rengaine et sans manquer d'actions, le roman ne mène finalement à rien.
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Un tout petit livre lu avec bonheur sur la plage un après-midi, vraiment, la lecture en extérieur est un plaisir incomparable !
C’est le quatrième roman de Milena Agus que je lis et je trouve qu’ils s’imbriquent les uns aux autres et résonnent comme une petite musique triste mais envoûtante. Et étrange, toujours très étrange, cela ne ressemble à rien d’autre. C’est même assez difficile d’en dire quelque chose finalement. Ce requin qui dort est un petit conte fantasque et enfantin, il y flotte beaucoup de candeur et de poésie mais également un parfum de cruauté plutôt scabreuse. Mélange qu’on pourrait croire impossible ou artificiel ailleurs mais qui ici sonne juste et donne envie au lecteur de suivre jusqu’au bout cette quête de l’amour et du bonheur baignée d’une grande douceur et d’une tristesse infinie. La voix de la narratrice nous immerge dans son univers familial et personnel hautement perturbant. Sa relation sado-maso avec un homme plus âgé m’a rappelé l’histoire de Mari dans Hôtel Iris de Yôko Ogawa. Heureusement ici, tout est plus lumineux, moins glauque, on est en Sardaigne que diable, le soleil brille, la mer est belle ! Mais bon, cela ne semble pas empêcher l’auteur d’avoir parfois un gros coup de cafard… avec pour résultat un roman dérangeant mais envoûtant.
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Cette histoire m'a fait penser au propos du film Sur la route de Madison avec Meryl Streep et Clint Eastwood : une femme mal mariée se languit d'amour pour un inconnu rencontré lors d'un séjour dans un établissement thermal. Raconté par sa petite-fille, ce récit touchant nous parle aussi de la Sardaigne, de ses habitants et de leur isolement, ressenti comme une tare lors qu'ils débarquent sur le continent. Une histoire familiale riche et un destin de femmes malmenées par la vie.
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