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Citations de Olivier Bordaçarre (130)


Le visage était presque aussi bleu que la Clio, tuméfié, boursouflé, les yeux rouges exorbités, la langue noire, gonflée, pendante ; des filets de sang avaient caillé en coulant du nez et des oreilles. Défiguré. Un Francis Bacon sculptural avec des vrais morceaux dedans
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La routine est le nom de l'insecte xylophage dans la charpente du couple.
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Après le café, j’ai posé ma tasse dans l’évier. Je ne l’ai pas lavée tout de suite. On a tout le temps, maintenant. Je ferai la vaisselle quand l’évier sera plein. C’est agréable de pouvoir se permettre des choses qu’on ne se permettait pas auparavant. Ma femme déteste que je laisse les choses sécher dans l’évier. Moi non plus je ne supportais pas que les aliments sèchent dans les assiettes, que le fond des tasses se teigne de café brun, eh bien, dorénavant, j’aime gratter le fond des assiettes. Je prend tout mon temps pour cela. Je n’utilise même plus le lave-vaisselle. J’ai allumé la radio en sourdine pour ne déranger personne. De temps en temps, le matin, je mets la télévision et je bois mon café devant les informations. Les voix, les couleurs, les musiques facilitent le réveil. Mais, aujourd’hui, c’est comme un dimanche. Ma femme et mon fils ont toujours protesté quand j’allumais la télévision trop fort alors qu’ils étaient encore au lit. Cela m’est déjà arrivé, hélas, de ne pas prendre garde au volume. Un jour, mon fils est sorti de sa chambre, il est arrivé comme un fou dans la cuisine et il m’a dit (c’est vraiment arrivé) : « Pourquoi tu mets cette putain de radio hyper fort, putain ! On peut plus dormir dans cette baraque de merde putain fait chier ! » Et d’autres insanités que je n’écris pas ici. Il est intenable. Je m’en souviens comme si c’était hier et pourtant cet événement a eu lieu avant octobre dernier, un dimanche bien entendu. Je me demande d’où lui vient cette vulgarité. Alors, maintenant, je fais attention. Il y a les voisins tout autour.
J’ai écouté les titres et une partie du développement. Ils ont dit que les choses ne s’arrangeraient pas de sitôt, que l’IGT allait durer un bon moment (c’est déjà assez long, mais on finit par s’y faire, bon gré mal gré), qu’il fallait prendre son mal en patience. Les autorités comptent sur notre ténacité et notre capacité à être solidaires et responsables. Plusieurs fois par jour, les messages suivants passent sur tous les médias : il faut s’occuper de soi et prendre des nouvelles des siens, ne pas manger trop gras, noter sa température régulièrement, éternuer dans un mouchoir en papier puis le jeter, aérer son logement aux heures indiquées, ne pas croire tout ce qui traîne sur le web parallèle. Personnellement, je n’ai plus accès qu’à l’Internet agréé, alors je ne me sens pas concerné par ces alertes. Peut-être que des pirates parviennent malgré tout à franchir les barrages et à diffuser des idées malsaines sur la haute administration et l’État et je ne sais pas quoi d’autre. Je reste bien informé des mesures et de leur évolution au quotidien en écoutant scrupuleusement les annonces gouvernementales et je n’oublie jamais de pointer chaque jour grâce à l’application EasyHere. À 8 heures précises, j’envoie ma Fiche Journalière de Présence. Ils ont donné le nombre de morts, le nombre de contaminés et le nombre de victimes dans le monde. Ils ont aussi donné les statistiques et le prévisionnel sur les morts par semaine pour les mois à venir. Cela signifie que l’isolement est loin d’être terminé, parce que les chiffres ne sont vraiment pas bons. Il y a eu trois témoignages : une femme et deux hommes. J’ai pu en déduire qu’en général cela se passe plutôt bien, les gens trouvent à s’occuper et le journaliste a dit que le peuple enfermé depuis si longtemps est un héros. Il faut reconnaître que toutes les chaînes, tous les sites d’information ainsi que les stations de radio ont mis les bouchées doubles afin de subvenir aux besoins des utilisateurs. Il y a les grandes rencontres avec des experts, des analystes et des personnalités politiques, des rediffusions d’émissions qui ont marqué l’histoire des médias, des débats contradictoires, des événements sportifs retransmis en direct, des jeux nouveaux chaque semaine, des concerts mythiques, des artistes qui jouent en live depuis chez eux, des milliers de vidéos classées par thématique (nature, animaux, voyage, histoire des civilisations perdues, cuisine, sport), des communiqués et des alertes, et Rezo est une source inépuisable d’informations. Au final, je dis que celui qui s’ennuie ne doit pas faire beaucoup d’efforts.
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J’ai fait l’expérience que je voulais faire depuis toujours : me raser la tête. Je suis un autre maintenant. Comme quoi on peut devenir un autre assez facilement. Cela veut bien dire quelque chose.
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Non,c'était la peur,la lame de fond de la peur,une peur muette,sourde,implacable.Son cœur s'emballa.
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Ce qui submergea Jonathan en une fraction de seconde et le laissa comme pétrifié sur le seuil ne fut pas la surprise de constater que la cuisine de Vladimir Martin était en tout point identique à la sienne, à la différence que tout y était neuf (couleur des murs et du sol, meubles, électroménager, petite pendule en forme de vache à gauche de la fenêtre), ni l'envie d'exiger des explications sur cet étonnant mimétisme. Non, c'était la peur, une peur muette, sourde, implacable. Son coeur s'emballa.
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La dernière semaine de juin s'écoula avec la lenteur d'une lave épaisse. La France fondait sous des températures insensées - une actualité qui reléguait à l'arrière-plan les guerres financières, culturelles, sportives et militaires.
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Non sans une pointe d’ironie, Sergi, fils de modestes immigrés andalous que la misère avait arrachés à leur Séville natale à l’aube des années 90 pour les replanter dans une loge de concierge de la place Dupleix (XVe arrondissement de Paris), accusa Paul, l’heureux héritier d’une grande famille tourangelle, de profiter de ses privilèges comme le pire des aristos. Paul rétorqua que la ‘grande famille’, c’était un peu exagéré, et rectifia : il s’agissait plutôt de spécimens de fin de race passablement dégénérés dont la Touraine était farcie ; on n’échappe pas à ses origines. Et, coupant court, comme il connaissait le goût immodéré de son beau-frère pour le café, il proposa un expresso et disparut sans attendre de réponse.
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La famille occidentale, franchement, ça pue la folie groupale !
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Des choses ? Quelles choses ? Si tu parles de choses qui engagent les êtres, je pense qu'un nombre infime de ces actes nous échappe peut-être, comme tu le prétends, mais que la plupart ne sont pas l’œuvre d'un inconscient qui nous ferait faire n'importe quoi ! Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'on peut faire les pires conneries impunément ?
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Être plus près d’elle, sentir son odeur, toucher sa peau, ses tâches de rousseur que tu avais devinées sur son profil, ce léger duvet blond sous l’oreille, ces lèvres fines, frôler d’une phalange le tortillon rebelle évadé de la pince noire qui retenait ses cheveux en un chignon désinvolte.
Tu t’es dit : « Je vais oser. Pas difficile. Il suffit d’oser. » Et… tu es resté là, assis, sans bouger, à la regarder.
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Le pervers est un caméléon.

La réussite des uns provoque la faillite des autres.

L'hypocrisie : clé de voûte de la manipulation.

La nudité est animale, l'impudeur est humaine.

La qualité des relations de voisinage repose sur l'hospitalité.

Contrairement au travail, l'argent rend libre.
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Vous subissez une triple contradiction : vous souhaitez rester invisible, mais désirez gagner de l’argent grâce à votre art, tout en considérant qu’il est dénué de valeur marchande. Le dire serait un aveu d’impuissance, une manière d’exhiber sans pudeur la piètre estime dans laquelle vous tenez vos oeuvres, mais vous le pensez si fort que cela se lit dans vos yeux.
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Et puis, peut-être qu’il n’y a pas de visage, mais seulement des cartes en relief dont on suit les lignes, les cavités, les trous noirs, et qui rappellent un paysage, une montagne, une plage, un chemin. Ce n’est pas la matière qui importe, cette viande à orifices, mais ce qu’elle devient dans les yeux des autres.
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Tu te crois seule, ma fille, à ne pas toujours sourire ? Viens, viens avec moi dans la rue, tu verras. Les autres, ils ne sont pas moins tristes. Chacun porte le drame de sa vie et, souvent, le dissimule d’un masque. C’est pourquoi certaines rencontres sont des malentendus, et ce qui les fait tenir, c’est la curiosité.
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Personne n’atteindra jamais le coeur de sa souffrance. La douleur est un continent de solitude. Ce qui est désormais inamovible et inséparable de son être demeurera en dehors de tout entendement.
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Perdus dans un rêve publicitaire, dans un monde consumériste assourdissant et son organisation urbanistique qui, généreusement, laissait subsister çà et là quelques îlots de verdure aux teintes villageoises. Avant de couler à pic dans les eaux troubles de cet obscur désir de l’objet.
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L'ennui est une invention des gens sans imagination.
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Les histoires d’amour n’ont que le commencement. La suite, c’est de l’entretien.
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L’ennui est une invention des gens sans imagination.
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