AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Olivier Bordaçarre (130)


Dans la cave, Mina avait repris son travail. Trier, laver, équeuter, tremper, sucrer, chauffer, égoutter, emporter, stériliser, ranger, conserver. Malgré la fraîcheur qui régnait au sous-sol, elle était en sueur. Les parfums s’encastraient dans les murs, imprégnant sa peau et ses cheveux. Parmi ses pensées éparses, des images du nouveau Martin. Elle avait noté l’absence d’alliance et la bague originale à l’annulaire droit, la tranquillité d’esprit, le raffinement, une certaine prestance. Et ce pantalon repassé, cette chemise mauve, ces sandales aux larges bandes de cuir pleine fleur : une distinction de gentleman qu’on rencontrait peu par ici. Il n’était ni agriculteur ni enseignant, encore moins ouvrier ou commerçant. Alors quoi ? Médecin ? Ingénieur ? Créateur de bijoux ? Collectionneur de … quoi ? Tableaux ? Antiquités ? Ou rentier, peut-être ? Mais pourquoi acheter une maison pareille ? Mina tentait d’établir un lien logique entre une baraque d’éclusier à peine habitable et un homme aussi soigné.
Commenter  J’apprécie          50
Il y a, comme ça, au hasard des circonstances, des choses que l'on vit pour la première fois, et ces choses, une fois vécues, se répètent et, une à une, se déversent dans le bain des habitudes, se mélangent au reste et mijotent doucement sur le petit feu du quotidien.
Commenter  J’apprécie          40
La vie ne tient qu’à un fil.
Commenter  J’apprécie          40
Devenir femme est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Ce fut une chance. Je ne regrette rien. Je suis libre. Cette fuite m’a permis de rétablir une vérité simple : tout devient.
Je suis anonyme, la violence m’effraie, le pouvoir m’indiffère, la compétition m’afflige, l’argent me dégoûte.
Le pauvre corps démembré de Claude Phalène fut la preuve irréfutable que le système de la double domination (masculine et financière) se fourvoie depuis longtemps en s’érigeant en modèle universel. Les dirigeants adoptent l’attitude du monolithe, alors qu’ils ne sont que des petits fragments de chair et d’esprit en perpétuel mouvement dans le cosmos. Ce nomadisme les terrifie. La peur les transforme en guerriers. Un morceau de plomb les rassure quand une constellation d’étoiles les inquiète. Ils ont des obsessions de paranoïaques, des tics, des phobies, des sexualités troubles, ils sont les grands malades de notre temps. L’histoire prouve abondamment que ce corps politique n’a pas d’avenir. Son noyau est pourri. Le pouvoir ne change jamais. Il est fascinant, addictif, contagieux. Les politiciens ne font que s’autoreproduire en améliorant leur maquillage. Ils ont quelque chose de l’amibe.
Commenter  J’apprécie          40
La douleur est un continent de solitude.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai ramassé la crotte de Bruno sur le balcon . Bruno est un épagneul de Pont - Audemer âgé de 5 ans .
C'est un chien qui a besoin de beaucoup d'exercice. Pour lui , l'isolement ce n'est pas l'idéal .
Commenter  J’apprécie          30
Personne n'atteindra jamais le coeur de sa souffrance. La douleur est un continent de solitude.
Commenter  J’apprécie          30
Avant des années durant, ils s'étaient laissé happer par les sollicitations incessantes de la ville et l'hystérie qui caractérise les rythmes des métropoles. Dans un Paris saturé, ils s'étaient immergés dans l'amoncellement des produits à vendre, avec l'illusion d'en être comblés, comme deux enfants des favelas picorant les déchets soldés d'une montagne en perdition.
Ils s'étaient dépensés sans compter, accumulant bons d'achat, offres spéciales, abonnements et cartes de fidélité, farfouillant dans les rayons des galeries commerciales pour y dénicher l'affaire du siècle, poussant des centaines de Caddies, déversant des tonnes de marchandises sur des kilomètres de tapis roulant, gaspillant des milliers d'heures dans les files d'attente et les embouteillages.
Commenter  J’apprécie          30
Elle remercie chaque jour, en silence, la littérature de lui avoir donné la force, le courage de vivre incarcérée.
Commenter  J’apprécie          30
Les roues bloquées par la tenaille des freins, les pneus ont explosé sur le bitume. A l'instant du choc, vitres et pare-brise ont été pulvérisés, moteur déboulonné, phares exorbités. La Clio rouge, toupie de papier froissé, a valsé jusqu'au centre du carrefour quand l'autre voiture terminait sa course, encastrée dans la devanture rose et or d'un institut de beauté. Un long silence de sidération a fondu sur les passants, sur les chiens à l'arrêt au bout des laisses tendues, et sur les choses elles-mêmes, les façades aux crépis de poussière, les fenêtres écarquillées, les panneaux de signalisation, les feuilles mortes.
Commenter  J’apprécie          30
L’équipe des décorateurs à laquelle Sergi avait été intégré sur décision de Rebecca André avait en charge la reconstitution en studio d’une chambre royale du château de Versailles pour la publicité d’un parfum de luxe. Aux ordres d’Oscar, le chef déco, Sergi devait peindre du faux marbre autour d’une cheminée factice, assurer la dorure du cadre d’un grand miroir, lustrer un carrelage en damier noir et blanc, patiner des encadrements de portes, des plinthes et des poutres en polystyrène, appliquer une couche de vernis brillant sur les décorations grossières de plusieurs vases chinois. Consciencieux, et oubliant le toc généralisé du système publicitaire, il ne comptait pas ses heures et restait d’une humeur égale. Oscar le félicita pour son sérieux et son efficacité.
Commenter  J’apprécie          30
Les monstres ont leur repaire. Ils s’y cachent. Terriers, caves, taudis, cartons, mouroirs en tous genres. Ils vivent et meurent dans leur trou. Ils occupent la place que la norme leur octroie : souterraine, froide, isolée. Longtemps, elle s’est crue perdue.
Son père lui répétait, très calmement : « Tu n’es pas un monstre. Tu portes sur toi les cicatrices d’un drame. C’est un fait. Tu ne peux pas t’y soustraire. Cela ne fait pourtant pas de toi un monstre. Tu es toi-même. Ne te sens pas réduite à ce qui te pèse. C’est un voile, oui, et tu peux lui reprocher d’être opaque et sans pitié, mais ton identité reste entière, avec ce qui la constitue essentiellement. Tu peux souffrir de ne pas te reconnaître dans ton miroir et d’en pleurer, mais ne néglige pas toutes tes capacités à être différente à chaque instant. C’est du sérieux, ça, tu sais ? Tu te crois seule, ma fille, à ne pas toujours sourire ? Viens, viens avec moi dans la rue, tu verras. Les autres, ils ne sont pas moins tristes. Chacun porte le drame de sa vie et, souvent, le dissimule d’un masque. C’est pourquoi certaines rencontres sont des malentendus, et ce qui les fait tenir, c’est la curiosité. Crois-tu que les amours ne se déterminent qu’en fonction des normes en vigueur ? Je sais que tu penses ça, mais le pire a déjà eu lieu, ma chérie. Notre ennemi, c’est la haine que tu as de toi-même. On va s’en occuper, pas vrai ? »
Commenter  J’apprécie          30
Dans le miroir du cabinet de toilette, après des semaines d’attente, la jeune femme découvre la moitié droite de son visage rendue à la lumière. Tout a été rongé par le feu. Son cœur s’emballe. Elle s’agrippe des deux mains au lavabo. Le rythme de sa respiration s’accélère. Elle tremble devant le résultat des multiples interventions chirurgicales.
Sa bouche a été refaçonnée dans le prolongement des lignes saines, mais ne recouvrera jamais ses courbes d’antan. Ses lèvres arrondies à la commissure sont boursouflées, tendues, à se fendre, et portent les stigmates des brûlures tirant vers le pourpre. La greffe de peau sur la joue a recouvert les chairs calcinées et ressemble à la carapace d’un crabe en pleine mue, humide et molle, gorgée d’une humeur blanchâtre. L’arête du nez décrit une frontière rectiligne entre la dévastation et ce qui demeure vivant. La paupière ne recouvre pas totalement l’œil figé, vitreux, sans vie ni vision, double presque parfait de l’autre mais immobile, sans larme, serti dans l’orbite.
Commenter  J’apprécie          30
- Connaissez-vous une seule personne qui ne possède pas de compte bancaire ?
- Celà, pour nous posséder, elles nous ont possédés. Sur toute la ligne. Et quand elles sont dans la merde, elles peuvent compter sur l'Etat. C'est tout bénéf !
Commenter  J’apprécie          30
La journée s’enroula sur elle-même jusqu’au dîner à l’ombre du parasol sous un soleil encore écrasant.
Commenter  J’apprécie          30
La pédagogie, ça ne marche plus avec les cons, passé un certain âge. Faut adapter son langage, c'est bien triste. La plume est plus forte que l'épée, mais le coup de boule c'est pas mal non plus. Ça aide à conclure. À cette heure-ci, c'est aussi ça la dialectique.
Commenter  J’apprécie          22
Il en était certain maintenant,malgré ses réticences à verbaliser le pire:Mina,comme un vulgaire objet de consommation,s'était fait acheter.
Commenter  J’apprécie          20
Le feu a interdit à la chair de se reconstituer. Peut-on s’habituer à ce fascinant spectacle ?
Commenter  J’apprécie          20
On ne vit pas de la peinture. On en crève.
Commenter  J’apprécie          20
Soumis à la mode de la plus grande consommation possible de néant, ils s'étaient agités des années durant comme deux papillons dans un bocal de cornichons.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Olivier Bordaçarre (483)Voir plus

Quiz Voir plus

Ascenseur pour le futur

Brett est en sixième en

1991
2015
2024

20 questions
130 lecteurs ont répondu
Thème : Ascenseur pour le futur de Nadia CosteCréer un quiz sur cet auteur

{* *}