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Critiques de Orson Scott Card (766)
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Terre des Origines, tome 2 : Le général

On enchaîne avec le deuxième tome de Terre Des Origines, sobrement intitulé Le Général, mettant un scène un nouveau personnage et ce, dans un rôle prédominant.



Laissant Basilica à feu et à sang flanqué de Nafai, son père et ses frères, nous voilà cheminant dans le désert, à la recherche de réponses et de sécurité. Un grand projet est en marche si l'on en croit Surâme, l'IA qui chouchoute l'humanité depuis sa venue sur la planète Harmonie, il y a 40 millions d'années. Et Nafai semble avoir un rôle à y jouer, du haut de ses quinze piges. Ce n'est déjà plus le même gosse que dans le premier tome, vous vous en doutez bien, Scott Card ne ménage que rarement ses ados, provoquant chez le lecteur un attachement toujours très fort pour eux.



Après un premier volet plutôt lent à l'allumage, le second est d'emblée beaucoup plus rythmé, et rares seront les temps morts. On enchaîne les chapitres, alternant entre nos compagnons et Mouj, le général, avant bien évidemment que tout ce petit monde ne croise leurs destinées. L'intrigue est prenante, les issues nombreuses et incertaines, et l'auteur nous offre là une évolution dans le récit de belle qualité, et ce avec une plume toujours très agréable.

Les protagonistes sont une vraie réussite, comme souvent avec mon mormon préfèré, même si l'on échappe rarement à ce petit côté naïf que l'on retrouve parfois dans ces quêtes initiatiques.



Un gros rythme, une histoire envoûtante et des personnages incroyables, mes inquiétudes du premier tome ont vite été balayées. Le voile se disperse quelque peu, et Scott Card ne fait de toute façon que peu de mystere quant à la finalité du voyage. Hâte de poursuivre l'aventure!
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Terre des Origines, tome 4 : Le retour

Avant-dernier volet de la saga, Le Retour aborde l'étape majeure de l'exode de notre petite communauté. Après de nombreux tumultes, au sein de Basilica tout d'abord, et par la suite au cours de leur périple, le groupe de Nafai parvient enfin à faire ses adieux à Harmonie.

Bon, l'ambiance est toujours fraîche, le sentiment de huis-clos aussi pesant que dans le tome précédent, mais ce départ insuffle un regain de niaque aux différents protagonistes, pas toujours avec les mêmes objectifs cependant...



Une tension toujours très palpable. Les rapports entre Nafai et son frère ne sont visiblement pas près de s'améliorer, englobant ainsi toute la troupe dans leur querelles, contraignant les occupants du vaisseau à choisir leur camp, de façon de plus en plus définitive.

On est complètement immergé. A l'affût des moindres faits et gestes, on ne fait confiance à personne au vu des complots, trahisons et autres jalousies jalonnant le voyage. Le retour sur la Terre Des Origines ne changera rien, évidemment. Bien au contraire.



Cette Terre d'ailleurs, 40 millions d'années après que les humains l'aient quittée, est ébauché d'une belle manière par l'auteur, nous gratifiant de deux sociétés détaillées de créatures étranges ayant subies les affres de l'évolution. Sur les personnages et leurs rapports durant leur implantation sur notre planète, Scott Card excelle une nouvelle fois, rendant ceux-ci attachants ou détestables avec aisance. On regrettera quand même la sacro-sainte rivalité entre Nafai et Elemack, semblant sans fin et parfois forcée, donnant également une impression de réchauffé à l'intrigue et aux événements.



Bien qu'il reste encore un tome, la fin de celui-ci laisse quand même grandement à désirer. Ma note reflète mon plaisir de lecture pour ce livre, laissant le bénéfice du doute à la suite de l'histoire, mais il reste un sacré goût amer d'inachevé après avoir refermé les dernières pages. Grosse pression pour la dernière ligne droite.
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Le Cycle d'Ender, tome 2 : La Voix des morts

Depuis l'extermination des Doryphores par Ender, plus de trois millénaires ont passé. Et pourtant, en voyageant fréquemment à une vitesse proche de celle de la lumière, Ender est toujours vivant. Son livre « La Reine et l'Hégémon » a fait prendre conscience aux gens que les Doryphores étaient des êtres intelligents qui ne méritaient pas de disparaître. Le succès du livre est tel que désormais Ender, surnommé le Xénocide, est un nom universellement haï. Il se fait cependant oublier en devenant Porte-parole des morts, un genre de prêtre qui analyse la vie des personnes décédées pour expliquer qui elles étaient vraiment.



La découverte d'une nouvelle race d'êtres intelligents sur Lusitania, les « piggies », offre à l'humanité une occasion de se racheter. On dépêche immédiatement des xénologues, qui ont l'instruction de les étudier, sans leur donner quelque indice que ce soit sur les habitudes humaines, afin de ne pas modifier leur comportement.



Quand on retrouve un xénologue atrocement torturé par les piggies, la question se pose à nouveau : les humains sont-ils capables de vivre en harmonie avec ce nouveau peuple, ou devront-ils les éliminer également ? Ender, appelé comme Porte-parole des morts sur Lusitania, mettra tout en œuvre pour que les deux espèces puissent se comprendre.



Ce second tome du cycle d'Ender est une grande surprise : terminées, les corps d'armée, la stratégie, les guerres spatiales. L'ancien génie militaire devient ici « psychologue », et analyse ce qui empêche deux groupes de comprendre les différences de l'autre. Une suite audacieuse, qui met au placard tout ce qui a fait la réussite du tome précédent pour se lancer dans du neuf, et qui se révèle tout aussi séduisante.
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Comment écrire de la fantasy et de la science..

Avant de donner mon avis il est important que je précise que je n’ai pas emprunté ce livre pour écrire de la fantasy ou de la science-fiction, mais uniquement parce qu’après l’avoir feuilleté il m’a semblé intéressant pour moi en tant que lectrice. Je l’ai lu finalement en entier car le ton de l’auteur est plaisant, mais je l’avoue, ma lecture s’est faite un peu dans le désordre, et pas en continu. La partie 5 (vie et carrière) est en conséquence celle qui m’a le moins intéressée (encore que le chapitre « se créer un lecteur avisé » soit assez amusant). Pour le reste j’y ai surtout glané quelques titres pour enrichir ma PAL car il fait référence à de nombreux romans sans pour autant spoiler. Ce qui m’intéressait au départ c’était d’essayer d’entrevoir comment les auteurs de littératures de l’imaginaire créent des mondes, des univers. Et de ce point de vue j’ai trouvé cet ouvrage fort intéressant d’autant qu’il ne donne pas des recettes, mais des exemples (sauf pour se créer un lecteur avisé!). Quand il parle de la construction du récit cela m’a un peu moins intéressée dans la mesure où l’écart avec des textes qui ne relève pas de l’imaginaire est moins grand. J’ai même trouvé que les questions de point de vue, de personnages et de construction était abordées de manière plutôt agréable par rapport à bien des ouvrages. Globalement c’est un ouvrage bien fait (il a quand même reçu un Prix Hugo de non-Fiction !), mais mon avis est celui d’un lecteur, pas d’un écrivain.
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Comment écrire de la fantasy et de la science..

Orson Scott Card est une figure suffisamment incontournable des littératures de l'imaginaire anglo-saxonnes pour qu'on puisse lui prêter une expertise certaine dans les rouages propres à ce genre, qu'ils concernent les étapes de création, de distribution ou de critique. Au-travers de cet ouvrage, il présente les bonnes pratiques à mettre en œuvre — ainsi que les écueils à éviter ! — dans l'acte d'écriture en général ainsi que les procédés scénaristiques typiques des littératures de l'imaginaire.

Les techniques et observations compilées dans cet ouvrage se répartissent, à mon avis, soit parmi celles qui tombent sous le sens (mais une piqûre de rappel de fait jamais de mal) soit parmi celles qui sont véritablement pertinentes ; notamment pour ce qui concerne l'élaboration d'univers romanesques crédibles. Ce livre présente également, selon moi, l'avantage de vouloir démystifier et désacraliser le travail d'écriture.

Le principal défaut que je lui trouve cependant est son orientation assurément anglo-saxonne ; en particulier pour ce qui concerne le monde de l'édition, trop dissemblable d'un bord et de l'autre de l'Atlantique.
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Abyss

Novélisation du film éponyme de James Cameron.



Ecrit par un maître de la sf, ce qui ne gâche rien.

En effet, certaines novélisations ont tendance a être par trop lapidaires et n'apportent rien de plus au film. Ici, c'est tout le contraire.



L'histoire : Une équipe d'une base de forage en grande profondeur est "réquisitionnée" par l'armée pour récupérer les ogives nucléaire d'un sous-marin ayant sombré dans une fosse marine. Mais cette fosse est habitée par des entités extra-terrestres.



Dans cette œuvre, les personnages sont bien plus profonds que dans le film, avec une histoire, un passé. Surtout le Lt Coffey qui gagne beaucoup en humanité.

Les extra-terrestres sont eux-aussi beaucoup plus développés, avec une histoire propre, des motivations, des objectifs.

L'intrigue est haletante, le style facile d'accès. Une fois commencé, on ne peut plus lâcher ce livre.



Enfin la lecture de ce roman permet d'apporter une foule de détails et d'explications qui permettent de mieux comprendre toutes les scènes du film, voire de le voir sous un jour nouveau.
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Comment écrire de la fantasy et de la science..

Le célèbre auteur de science-fiction Orson Scott Card a écrit deux manuels d’écriture, dont cet ouvrage qui a reçu le Prix Hugo de non-Fiction. C’est donc avec un grand intérêt que j’ai ouvert le livre. La première moitié du livre m’a parfois laissée dubitative, mais la deuxième moitié s’est révélée instructive.



Je vais me concentrer sur les points forts. Tout d’abord, il n’y a pas de recette à suivre pour écrire le best-seller de l’année, contrairement à ce que d’autres manuels ou articles proposent. L’auteur admet qu’il a « sa manière » d’imaginer un roman (il crée un univers jusque dans le moindre détail puis il imagine une histoire après : je ne fonctionne pas ainsi), et il tente de donner des conseils généraux applicables dans tous les cas.



Il ne se contente pas de souligner l’importance de « construire son monde » et son passé, il propose quelques exemples concrets, allant jusqu’à la création d’une race extraterrestre et son évolution à travers les âges. Il rappelle que l’auteur doit concevoir tous les éléments (y compris le passé ou les règles comme règles du voyage spatial ou règles et limites de la magie) même s’il n’y fait jamais référence dans son roman : le récit gagnera en profondeur. Ce point est déjà analysé par d’autres conseillers en écriture de SFFF, mais c’est toujours utile de le marteler.



J’ai aussi lu avec intérêt ce qu’il nomme les éléments qui structurent l’histoire : le Milieu (l’univers), l’Idée, le Personnage et l’Évènement. D’après lui, un de ces éléments est plus important que les autres et détermine la manière de raconter l’histoire. Son analyse et ses exemples sont convaincants.



L’auteur enchaîne avec la problématique de l’exposition (présentation de l’univers) spécifique à la SFFF. Il décortique le début de Wild Seed d’Octavia Butler (qu’il porte aux nues) : là encore, un exemple concret est inspirant. Il continue avec des remarques sur le niveau de langage d’un texte, et j’ai bien aimé quand il déclare que des proses trop recherchées peuvent rater leur objectif. Certains devraient en prendre de la graine.



Il termine son manuel par des considérations factuelles sur la vie des aspirants auteurs puis des auteurs, inspiré de sa propre expérience. Je n’en suis pas là !



Par contre, le début de l’ouvrage est une explication sur l’histoire du marché SFFF de l’édition américaine, et ses définitions de la science-fiction et de la fantasy sont étonnantes pour un écrivain de ce calibre : la science-fiction, c’est les boulons est les rivets ; tandis que la fantasy, c’est les arbres. Ah bon.



En conclusion, ce manuel m’a réellement intéressée qu’à partir de la deuxième moitié. Ne ne laissez donc pas tomber si vous trouvez le début peu instructif.



En aparté, sur la fin de l’ouvrage, l’auteur explique comment soumettre des manuscrits à des éditeurs américains, en soulignant qu’il faut envoyer son texte immédiatement à plusieurs maisons d’édition, car le processus de sélection est très long. L’éditeur français (Bragelonne) ajoute une note de bas de page indiquant qu’en France c’est différent, et qu’il faut préciser si on a proposé le manuscrit ailleurs (sous-entendant que c’est mal vu)… Je sais que certains éditeurs souhaitent avoir l’exclusivité d’un manuscrit le temps du processus de sélection. Mais oui. La réponse prend en général plus de 6 mois. Donc vous patientez un semestre, vous avez un refus, vous l’envoyez à une autre maison et attendez plus de 6 mois un autre refus. Dans 3 ans, votre texte est toujours en soumission, et vous n’aurez contacté que 5 ou 6 éditeurs. Ces gens-là savent-ils que quand on cherche un emploi, on envoie son CV à des centaines d’entreprises, et que les recruteurs le savent parfaitement sans jamais trouver à redire (et heureusement), cela fait partie des règles du jeu ? Pourquoi un aspirant auteur devrait-il agir différemment ?
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Le Cycle d'Ender, tome 1 : La Stratégie Ender

Voila un gros coup de coeur .

Cet opus est un régal .

L'intrigue est parfaitement construite , laissant le temps au lecteur de prendre ces marques avant d'embarquer pour un voyage palpitant .

Les personnages on tous une épaisseur conséquente , ce qui permet une identification du lecteur par rapport à eux .

Et les stratégies millitaires sont parfaitement décrites , le lecteur est emporté par un flux d'adrénaline en méme temps que les personnages .

On fait corps avec eux dans cet excellent space opéra millitaire , qui s'affirme comme étant incontournable à tout fans du genre .

Brillant .
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Personnages et point de vue

Ce « manuel d’écriture » à destination des aspirants auteurs est un de ceux proposés par Orson Scott Card, écrivain reconnu de science-fiction et de fantasy. Contrairement à d’autres pensums publiés dans ce domaine, il ne prétend pas donner des recettes « à suivre absolument si vous voulez écrire un bon livre », mais détaille différentes méthodes pour construire et faire vivre un personnage.



Le processus de création encouragé invite à se poser une série de questions pour approfondir les personnages, y compris les personnages secondaires, et à les éloigner des archétypes unidimensionnels ou des fonctions types dans l’histoire, même pour les romans « à thèse ». Leur donner un passé, des relations diverses ou des motivations les enrichit et évite de tomber dans le piège du « méchant », car chacun croit bien agir : un pollueur ne rêve pas de polluer la planète.



D’après l’auteur, le poids respectif des dimensions milieu/personnage/idée/événements (lequel est le plus important dans ce roman ?) déterminera la profondeur nécessaire aux personnages. En effet, certains récits ne nécessitent pas de multiples personnages complexes, car ils nuisent à la force de l’histoire.



Évidemment, Orson Scott Card donne des éléments pour susciter l’émotion et provoquer de la sympathie envers ses protagonistes, techniques qui passent par la crédibilité et la motivation de leurs actes. Son essai poursuit sur la différence entre la présentation et la représentation, puis le montrer et le raconter (le fameux « show don’t tell »). Contrairement à ce qui est souvent affirmé aujourd’hui, il martèle que le « raconter » (le « tell ») a son utilité et est parfois plus impactant que le « montrer ». Et il rappelle qu’il n’est pas utile de tout montrer ou raconter : l’auteur doit savoir escamoter ce qui est sans grand intérêt.



Il poursuit logiquement sur les différentes formes de narration (omnisciente/interne ; au passé ou au présent ; à la première ou à la troisième personne du singulier). Il souligne aussi qu’un narrateur ne doit pas cacher longtemps au lecteur les informations qu’il détient, au risque de perdre en crédibilité. On ne peut pas maintenir le suspense à tout prix !



Même si aujourd’hui on peut retrouver des articles divers sur le sujet, j’ai apprécié la lecture de ce livre qui regroupe les principales analyses sur les personnages avec des exemples détaillés, et surtout Orson Scott Card prend suffisamment de recul pour juger certaines modes (« show don’t tell » systématique, descriptions physiques, narration au présent…).



Un ouvrage agréable à lire, qui synthétise ce qu’il faut savoir sur le sujet, didactique mais pas péremptoire.


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La saga des ombres, tome 1 : La stratégie de ..

Bean est un très jeune enfant à l'intelligence prodigieuse et avec une mémoire infaillible. Cela va lui valoir de se retrouver à l'école de guerre en compagnie d'autre enfants surdoués, dont Ender Wiggin, le héros de "La stratégie Ender".



Ce roman est une vision différente de "La stratégie Ender", focalisée sur les aventures de Bean.



Malheureusement, pour moi, j'avais souvent une impression de déjà vu et ça avait un air de réchauffé.



J'ai pensé lui mettre 3 étoiles à cause de la réutilisation de la même histoire et du manque de surprise, mais, finalement, je lui ai donné 4 étoiles car il m'a beaucoup plu à cause du talent de conteur de Card. Mais, j'aurais préféré qu'il emploie son talent sur une histoire complètement nouvelle.
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Abyss

Souvent, on voit l'adaptation cinématographique d'un livre... et là, c'est tout l'inverse... Et c'est plutôt réussi. Orson Scott Card apporte vraiment un plus avec ce récit à une histoire qui était déjà captivante. Les personnages sont très bien développés et beaucoup de réponses se trouvent dans ce bouquin. J'ai trouvé l'atmosphère des scènes se déroulant sous la mer beaucoup plus oppressante que dans le film. Un fond de conflits, des personnalités très fortes, des intelligences extra-terrestres, la tension liée aux profondeurs, ça donne du très lourd... Je suis contente d'avoir sorti ce livre de ma PAL. Je crois que j'en garderais un meilleur souvenir que le film.
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Les Chroniques d'Alvin le Faiseur, tome 4 :..

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, on reprend la saga d’Alvin le Faiseur avec son quatrième tome, Le compagnon, d’Orson Scott Card.



-Ah, La petite maison dans la prairie, mais avec de la magie, c’est ça ?



-C’est caricatural et réducteur, mais oui, c’est un peu ça.



Or donc, Alvin…



-«… et les chipmunks !* »



-Tu sors. Tout de suite.



-Quoi ?



-Ecoute, je peux supporter beaucoup de choses désagréables, le creux de onze heures, le sable entre les orteils, boire la tasse, le boulot qui arrive à l'heure de partir, mais les références douteuses ? Non. Pas moyen. Tu t’en vas. Je me débrouillerai sans toi pour cette critique.



-Maieuuuh !



-DEHORS !



Bien ! Or donc, disais-je, Alvin a terminé son apprentissage et s’en retourne chez lui, à Vigor Church. Il essaie d’enseigner l’art du Faiseur à ses concitoyens, avec un succès relatif. Hélas, sa paisible existence est troublée par les poursuites de son ancien maître, Conciliant Smith, jaloux du soc d’or qu’Alvin a forgé à la fin de son apprentissage, et par les menteries d’Amy, jeune fille tombée amoureuse de lui et qui raconte leurs ébats purement fictifs. Comment Alvin va-t-il s’en sortir pour bâtir la Cité de Cristal ?



Le début du roman est long. Très long. Trop long. Non, je ne parle pas de tout l’aspect mise en place, mais du dialogue entre Peggy, la Torche**, et Becca, la tisserande. Mes dieux, quelle longueur ! Quelle amertume ! J’avoue ne pas avoir compris à quoi servait ce passage, tant Becca m’apparut sèche, froide et indéchiffrable. Leurs échanges me semblèrent désespérément obscurs.



Fort heureusement, j’ai retrouvé ce qui procurait mon plaisir dans cette série, à savoir l’immersion dans la tête des personnages, avec En-Vérité Cooper***, un Anglais qui dissimule son pouvoir, et Calvin, le petit frère d’Alvin, envieux et mauvais, qui se tourne, lui, vers le côté de la destruction.



De nombreux passages fort détaillés sont consacrés à ce dernier, d’ailleurs, pour mon plus grand plaisir mêlé de répulsion, disons-le. Sans Calvin, m’est avis que que ce serait un brin niaiseux, c’te histoire. Tous ces bons sentiments autour d’Alvin et de ses amis, s’ils étaient pris tout seuls, donneraient un plat quelque peu écoeurant.



Enfin, et ce dernier point ne constituera pas une critique à proprement parler, il y a beaucoup de dialogues, dans une grammaire massacrée. Et cette syntaxe, cette orthographe martyrisée me rappela les sorcières des romans de Pratchett, elles aussi issues d’un milieu rural et guère fortuné. Je suis curieuse de voir quel anglais engendre ce français, tout en contractions et en fautes de conjugaison. Je jetterai un œil au texte original, si un jour l’occasion se présente.



Bref, Le Compagnon est un roman qui possède une double fonction : conclure l’affaire Conciliant Smith, fermer une bonne fois le chapitre de l’apprenti, tout en créant une nouvelle némésis pour Alvin.



Et même si j’ai moins apprécié ce tome, même si la romance ne m’inspire guère, je n’en reste pas moins curieuse de lire la suite.



*Allusion à un dessin animé américain de piètre qualité de ma jeunesse, adapté en long métrage insupportable aux oreilles.



**La Torche a le talent de voir le présent, le passé et les avenirs possibles de chaque personne.



***Si vous trouvez son prénom bizarre… et bien, sachez que ce n’est pas le seul dans le genre de cette saga.

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Le Cycle d'Ender, tome 3 : Xénocide

Ender vit sur Lusitania depuis 30 ans aux côtés de Novinha et de ses enfants. La reine des Doryphores est enfin sortie de son cocon et a commencé à se multiplier, tandis que les Humains et Pequeñinos entretiennent plus ou moins de bonnes relations. Mais le virus de la descolada menace, et le Congrès stellaire a envoyé une flotte pour empêcher toute pandémie spatiale qui risquerait d'anéantir la race humaine, condamnant à une mort certaine tous les habitants de la planète. Un cercle vicieux s'enchaîne, et Ender cherche à tout prix à éviter le pire, à éviter qu'une autre espèce soit exterminée, comme à l'époque où il a commis l'erreur de sa vie...



573 pages de blabla en petits caractères, voilà tout ce qu'est le troisième tome du Cycle d'Ender : une quantité de pages infinie pendant lesquelles les personnages parlent, tergiversent, se remémorent des souvenirs, délibèrent, débattent, philosophent, réfléchissent, épiloguent et palabrent. Pour trouver de l'action dans ce tome, il faut batailler, beaucoup. Pour ne pas s'endormir sur des théories et rhétoriques étalées sur 40 pages, il faut lutter, énormément (j'ai d'ailleurs maintes fois perdu le combat). Pour réussir à suivre toutes les intrications de l'intrigue, ses tenants et ses aboutissants éventuels philosophico-physiques, il faut s'acharner, croyez-moi (d'où la sensation d'exténuation à chaque fois qu'on ferme le livre, d'où le sommeil qui vient vous emporter toutes les 20/30 pages pour vous guérir de ce calvaire), même avec une certaine once d'intelligence et de connaissances en physique et philosophie.

Non pas que les thèmes soient inintéressants, au contraire. Ils touchent à la condition de l'Homme, à sa capacité à l'acceptation d'autrui, voire de lui-même, à sa place dans l'univers, à l'essence même de la vie, du temps et de l'espace... Mais que de longueurs... Que de charabia parfois... Que de complexité... On en perd son latin, son chinois, voire même son français. C'est juste beaucoup trop, sur trop de pages.

Et pourtant, malgré un nombre incalculable de fois où l'envie d'arrêter a frôlé la pratique, on continue. C'est pénible, ça fait mal, c'est dur, c'est comme l’ascension du mont Everest (au moins, on risque pas sa vie, c'est déjà ça), mais on est là alors on poursuit sa route, certainement avec l'espoir de voir au sommet éventuellement la lumière qui nous a tant touchés dans le tome 2. Mais que nenni, cet opus n'est qu'une introduction au dernier tome, où l'action promise dans le 3 risque (enfin) d'avoir lieu. Mmh, ça promet...

A tout cela s'ajoute le pan religieux loin d'être négligeable, immensément plus présent que dans les tomes précédents. Et c'est souvent un point perturbant, vu l'origine mormone de l'auteur qui développe la religion dans tous ses bons comme ses mauvais côtés, privilégiant l'aspect esclavagiste tout de même et développant le fanatisme, l'obscurantisme et l'extrémisme. Parfois c'est fait exprès, parfois c'est une activité admise dans la société d'aujourd'hui qui passerait presque pour du normalisme. Je pense entre autres à ce moment où Quim, alors prêtre, et son frère Miro, infirme, discutent de l'action du premier d'aller baptiser tous les Pequeñinos et tous les arbres de Lusitania, même ceux qui ne le veulent pas, parce que c'est important pour leur salut... Si ça ne fait pas écho aux Mormons à Salt Lake City qui "s'amusent" à baptiser toutes les personnes sur la planète, même les morts, pour leur assurer d'être reconnus par Dieu (ce qui se passe de commentaires)...

Et pourtant, Card diabolise à de nombreux endroits la religion, la questionne souvent sans vergogne, maintient certains de ses personnages dans l'athéisme. De quoi pas mal faire danser la girouette. Cependant, la fin tend fortement à "remettre les pendules à l'heure", quand une planète s'est libérée du carcan de faux dieux, pour finalement, après plusieurs décennies, revenir à un modèle de sanctification et déisme loin d'être anodin. Un pur blasphème pour le progressisme...

Ce roman aurait clairement pu être raccourci. Malheureusement, il est difficile de faire l'impasse dessus pour qui souhaite poursuivre la grimpette.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le Cycle d'Ender, tome 2 : La Voix des morts

En prenant en mains le destin du cocon de la reine des Doryphores, Ender s'est contraint à chercher un nouveau monde pour la race éteinte. mais ses sauts de puce dans l'espace à la recherche de la terre parfaite l'ont amené, accompagné de sa soeur Valentine, 3000 ans après les faits qui l'ont rendu célèbre. Désormais, tout le monde ignore qui est réellement Ender. Tandis que Valentine s'est enfin construit une vie sur la dernière planète visitée, Ender, devenu Porte Parole des morts, est appelé à parler la mort d'un grand scientifique assassiné par une autre race extra-terrestre : les Piggies. Serait-ce le monde tant convoité par la reine des Doryphores ? Serait-ce enfin l'occasion pour Ender de racheter ses actes ?



Ce tome a peu de choses à voir avec le précédent : beaucoup plus mature, encore plus réfléchi. L'intérêt majeur du livre met du temps à se dévoiler, l'intrigue prend bien son temps pour démarrer. Il faut bien atteindre la moitié pour se voir définitivement embarqué dans cette aventure. On veut savoir ce qui est arrivé à Pipo et Libo, on veut comprendre le cheminement des coeurs vers la vérité, on veut déceler les secrets des Piggies. Et finalement, le moment qui révèle tout récompense le lecteur d'une rare beauté littéraire, baignée d'une lumière douce traversant les feuilles des arbres frôlées par le vent. le fond, le message... Tout est beau. Et cette beauté sort presque de nulle part, sans qu'on s'y attende un seul instant vu le contexte de violence et de non-communication. C'est CE passage qui explique tout, qui rend la lecture de ce livre passionnante et intense, profonde et introspective.

L'auteur ancre son récit dans un cadre mi-humaniste, mi-religieux intelligent et philosophique qui pose de réelles questions sur l'Humanité : l'Homme et sa vision de l'étranger, du différent, l'Homme et ses instincts destructeurs et hypocrites.

Le catholicisme présenté n'a pas changé d'un iota en plusieurs millénaires. L'idée me hérisse personnellement le poil, bien qu'elle suggère plusieurs interprétations telles que :

- le catholicisme ne s'envisage pas dans le changement et l'évolution ;

- le catholicisme est vu par ses fidèles comme parfait tel qu'il est ;

- le catholicisme, du moins sa version actuelle, ne sera jamais démodé ;

- le catholicisme, de manière plus critique, est le reflet d'une société ou tout simplement de la race humaine qui a peur du changement, ce qui est à la base même de ce roman dans la répétition des erreurs commises, le xénocide des doryphores et le xénocide annoncé des Piggies à la fin constituant un écho aux génocides du siècle passé qui certainement pourraient se reproduire dans ce siècle, nous prouvant encore une fois que l'Homme n'apprend pas de ses erreurs passées et reproduira toujours le même schéma du traitement d'autrui.

Beaucoup de thèmes sont lourds de sens et invitent à la réflexion sur soi-même, sa perception des autres. Une belle suite difficilement abordable au premier abord. Mais une fois le col de la montagne passé, quelle vue surprenante et époustouflante !

Il me tarde de lire la suite...


Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le Cycle d'Ender, tome 1 : La Stratégie Ender

SF militaire, mais pas que...,La manipulation partout présente, celle des "puissants", militaires ou politiques, ou tout "simplement" de ceux qui dès l'enfance sont ou se sentent "différents". Manipulations par les sentiments, par la peur, par l'envie ...

Et milieu de tout cela un enfant particulièrement "grand", fort et intelligent, parmi des adultes "petits", faibles et se croyant intelligents. Mais un enfant tout de même, ses pensées le reflètent, comme un lointain reflet des pensées de l'auteur sur le monde des adultes, pensées de tout enfant qui précocement est devenu ou est né trop tôt "adulte".



Je me demandais comment rendre en images les combats dans la salle d'entrainements...alors mon fiston m'a téléchargé le film...de ce cotè là mission presque remplie...sauf que la "stratégie" et bâclée,et que les 5 années "d'école" sont vite expédiées, et pour le reste...c'est un peu trop "oui chef...oui chef" ...dommage, il y avait les moyens et les ingrédients pour réaliser un très bon film...



La fin du livre est surprenante, à l'américaine avec "une sorte " de "happy end", suivie des prémices d'une autre histoire, comme pour se racheter de toute cette "sauvagerie", comme je viens de le lire dans une citation sur Babélio....les américains font la guerre...pour en éviter une autre....peut être un " sursaut" de culpabilité de l'auteur.



Arrêtez vous à la page 358, le chapitre 15, La voie des morts, ouvre une autre histoire, un peu trop "sucrée"...



Que ces avant dernières lignes ne vous détournent pas de cet excellent livre, qui comme toute bonne SF qui se respecte, nous emmène et dans "l'imaginaire" et dans l'introspection, dans le pire comme dans le meilleur de "l'espèce humaine"...voir de son âme...d'enfant, pure et cruelle à la fois...

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Sonate sans accompagnement

Première intrusion dans l'oeuvre d'Orson Scott Card, par le biais de ces onze nouvelles - dont deux sont à rattacher aux Maîtres chanteurs et au cycle d'Ender, selon l'éditeur.



Difficile dès lors d'en faire une critique uniforme si ce n'est pour louer cette écriture incomparable qui réussit l'exploit de servir "une imagination audacieuse associée à une grande crédibilité des personnages", pour citer la préface de Ben Bova. Mêlant les genres et les styles avec une grande dextérité, Orson Scott Card nous entraîne dans un monde tantôt futuriste ("Fin de partie", "Retour aux sources"), tantôt imprégné de fantastique ("Exercices respiratoires", "Les Euménides"), toujours terriblement "terrifiant".



Dans sa postface, l'auteur nous donne quelques explications sur les origines de ses nouvelles, dont les motifs récurrents (la "douleur poussée jusqu'à la cruauté, la laideur jusqu'au grotesque", "l'amour de la mort, la joie payée d'un prix impossible, une foi irréaliste en une justice poétique") sont autant de preuve de son "optimisme mitigé".



A la lecture de ce recueil, et surtout des deux nouvelles qui le délimitent, je partage volontiers ce constat et n'espère pas ici livrer un avis définitif. Si certaines histoires n'ont pas réussi à m'entraîner au delà de la perplexité ("Mets de roi", "Retour aux sources"etc), toutes portent en elles quelque chose de tragiquement sublime, hors des schémas dichotomiques classiques. Ainsi, Sonate sans accompagnement fait sans aucun doute partie des rares ouvrages qui suscitent une "arrière-lecture", un temps supplémentaire de réflexion teintée de sensations qui persistent une fois la dernière page terminée. Pour cela, je conseillerai aux futurs lecteurs d'espacer leur lecture pour faciliter la "digestion" des thèmes abordés.
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Les Chroniques d'Alvin le Faiseur, tome 2 :..

Deuxième de la série de fantasy "Alvin le faiseur" d'Orson Scott Card.



Le roman se passe dans les années 1800 et dans une Amérique où les sortilèges et les pouvoirs existent. L'histoire se concentre surtout sur deux frères amérindiens : L'un, un grand guerrier charismatique, et l'autre, un chaman puissant. Et les deux ont une solution différente face à l'invasion de l'homme blanc; le guerrier veut les bouter hors de l'Amérique et les renvoyer en Europe, le chaman veut séparer le territoire entre les amérindiens d'un côté et l'homme blanc de l'autre. Et, bien sûr, Alvin, le septième fils, avec ses pouvoirs en développement, va se trouver mêlé à tout cela.



L'auteur a réussi, par le rythme de son histoire, à surmonter mon scepticisme, et ce n'est pas facile.



Son talent de conteur m'a permis d'apprécier cette histoire que j'ai bien aimée.
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Le Cycle d'Ender, tome 1 : La Stratégie Ender

Parmi les grands maîtres de la SFF étasunienne, il en est deux, Orson Scott Card et Brandon Sanderson, de confession mormone dans un milieu majoritairement athée ; on les accuse parfois de prosélytisme en dépit de la qualité de leur travail, mais force est de constater qu’ils ont compris, contrairement aux auteurs français, que l’Imaginaire par-delà le simple fait d’exposer sa foi peut également développer des raisonnements autour de la philosophie dont elle est empreinte et n’est pas forcément le seul thème à aborder. Sanderson étant encore pour moi un illustre inconnu (ce qui ne saurait durer), on pourra néanmoins déjà s’étonner sur le fait que Card dans son œuvre n’hésite pas ainsi à faire intervenir des scènes extrêmement crues : quand il dénonce quelque chose, il n’y va pas par quatre chemins.

C’est par ce questionnement éthique permanent mis face à la dureté de la réalité qu’est né ce qui est considéré comme son plus grand chef-d’œuvre, le tome 1 de la saga Ender, autour de laquelle tout un méta-cycle s’est développé. Un classique du new space opera et de la SF militaire, et qui renouvelle le thème de l’invasion extraterrestre…



Contexte



Si auparavant comme moi vous avez lu le trop méconnu Ender : Préludes, recueil de novelettes de l’Enderverse, vous devez savoir que la Terre est en pleine conquête spatiale malgré différentes contraintes liées à l’espace-temps et peine à conserver l’ordre entre les différentes nations. Les enfants sont limités à deux dans chaque famille, les pays comme la Pologne refusant de s’y plier étant mis sur liste rouge ; celle-ci s’est d’ailleurs rangé du côté des éternels ennemis des US, la Russie, avec le monde musulman autour du Second Pacte de Varsovie. Comme si on s’amusait pas déjà assez, une bande de cinglés de l’espace, des insectoïdes surnommés les doryphores, a failli deux fois nous mettre la pâtée pour nous envahir. La deuxième fois, l’Humanité a failli se faire rayer de la carte, sauvée de justesse par un mystérieux officier du nom de Mazer Rackham (dont on a tiré un excellent vin rouge – ben ouais, j’étais obligé de la faire, sinon on va être en-dessous du quota d’humour pour cet article !). Depuis ces évènements, les US traumatisés ont mis la main basse sur tout, le hard-power sur le monde entier, le développement technologique des armes qui a littéralement explosé, afin de parer la troisième invasion, car comme le dit un des Crazy Harry d’Hollywood : « On a toujours su qu’ils reviendraient. »

Dans tout ce bardaf vit un enfant de six ans, Andrew Wiggin dit Ender, troisième enfant malgré les restrictions limitant à deux par couple. Son frère Peter et sa sœur Valentine ont en effet échoué aux examens qui devaient vérifier qu’ils avaient suffisamment de gènes de leur cerveau de père pour devenir les petits génies de la prestigieuse École de Guerre. Sauf que Ender, lui, a toutes les capacités qu’il faut, et Pierre n’apprécie, mais alors vraiment pas cette nouvelle !



Thématiques



Le roman va donc suivre l’ascension de Ender, formé dès son plus jeune âge à devenir une machine à tuer dans l’espace, où ses supérieurs vont tout faire pour exciter son agressivité et son légendaire sens de la stratégie. L’absence de côté humain qu’on pouvait craindre pour de la SF militaire est donc ici absolument nulle : c’est au contraire le cœur du récit, sans pour autant le rendre explicitement antimilitariste.

On est plongés en effet en permanence dans la tête de Ender, autiste génial qui apprend à une vitesse phénoménale et se fait par conséquent harceler par tous les autres gamins (parce que très franchement, quelle idée d’aller devenir plus intelligent !). Je sais que les autistes minéraux ont été un temps un cliché de la SF, mais c’est justement le total opposé que l’on découvre ici, ce qui somme toute est bien plus réaliste : parce que si vous croyez que la tête d’un autiste c’est juste un ordi, alors vous êtes absolument à côté de la plaque. Ayant moi-même eu des symptômes du syndrome d’Asperger durant toute mon enfance, je dois vous dire qu’Orson Scott Card a parfaitement compris cette forme de psychologie. Il analyse en permanence mais n’en reste pas moins humain avec des émotions sans cesse changeantes face à la brutalité et la complexité du monde, et l’on doit moins cette analyse à son intelligence que le fait qu’elle est décuplée par la peur constante du harcèlement. Ender est un être faible, contraint en permanence de blesser et tuer par ceux qui le manipulent, et dont il essaye tant bien que mal de s’extraire ; pourtant, les professeurs, les autres enfants, tout le monde, y compris lui-même, le détruit peu à peu.



« Ce sont des tueurs qu’il leur faut pour lutter contre les doryphores. Des gens capables d’écraser la tête d’un ennemi dans la poussière et de répandre leur sang partout dans l’espace.

Eh bien, je suis votre homme. Le putain de salaud que vous espériez quand vous avez autorisé ma conception. Un outil entre vos mains. Qu’est-ce que ça change si je déteste la partie de moi dont vous avez le plus besoin ? Qu’est-ce que ça change si, quand les petits serpents m’ont tué dans le jeu, j’étais d’accord avec eux ? Si ça me faisait plaisir ? »



Une autre psychologie complexe qui se dégage du livre, c’est celle de Pierre, à côté de qui Edmond Pevensie ressemble à Sainte-Anne. Les dialogues entre frères et sœur, en terme de violence et de noirceur… ça se pose là ! On ne sait jamais quand il joue et lorsqu’il parle sérieusement, et à vrai dire lui-même ne doit pas le savoir non plus. Le fait qu’on ne soit jamais dans sa tête renforce cette impression d’ennemi imprévisible, tantôt prêt à tuer, tantôt tentant désespérément de conserver son côté humain. Imaginez que vous viviez dans la même chambre qu’une personne qui a juré de vous tuer… Au bout d’un moment, il se passerait quoi ?

Vous l’aurez compris, entre les harceleurs et le frère dysfonctionnel, les doryphores sont moins les méchants que les déclencheurs de l’intrigue, le récit moins un combat spatial qu’un combat intime. Mais à tous ces antagonistes il faut encore ajouter le gouvernement humain lui-même, qui va de plus en plus être remis en question : est-ce que c’est vraiment nous au final, les gentils ? Entre les restrictions des États-Unis, le fait qu’on transforme des enfants en fanatiques, de pucer le cerveau des plus prometteurs, l’absence totale d’humanité qu’on accorde à l’ennemi, il y a franchement de quoi se poser des questions (et la VO est parue du temps des années Reagan, quelle coïncidence…). Card ne tombe pas pour autant dans la caricature facile, étant donné qu’il subsiste notamment encore le multiculturalisme dans cette société, sans doute grâce à Mazer Rackham, ainsi qu’une certaine marge de liberté d’expression, et que les Docteurs Frankenstein ne sont pas sans appréhension face à ce qu’on leur a demandé de créer…

Qu’est-ce qu’on pourrait encore ajouter, traité de manière brillante ? La dénonciation de la fanatisation des enfants avec une importante recherche psychologique même pour les personnages secondaires ? Le traitement des combats spatiaux en apesanteur ? Une anticipation brillante des mondes informatique et vidéoludique et de la montée des populismes ? L’espoir d’une rédemption à la toute fin ouvrant les horizons à des tomes plus lumineux ?



Quelques (très) légers défauts



Évidemment, rien n’est parfait, et le roman pourrait être vu comme contenant quelques clichés sur les Européens : les espagnols ont le sang vif, les français s’appellent Bernard, mais rien de plus significatif. Par contre, au niveau de l’ansible (un truc dont l’auteur ne s’est jamais caché qu’il l’a piqué à Ursula Le Guin, qu’il adorait), c’est bien pratique d’avoir un appareil de communication instantanée, mais on nous fait le coup du « c’est trop compliqué pour comprendre ». D’autant plus dommage que tout le reste de l’aspect technique du roman se tient et n’empiète pas sur le reste. Enfin, l’ascension de Peter  en parallèle du roman n’ayant pas de lien direct avec celle d’Ender, certains pourront trouver peu probable le fait que deux individus d’une même famille occupent une telle place dans l’Histoire quand il n’y en a pas eu un pour épauler l’autre.



Pour aller plus loin



Parce que j’adore suranalyser



On pourrait croire que le roman pourrait se limiter à trois degrés de lecture déjà assez importants, à savoir une évolution sociologique de l’humanité après un phénomène tel qu’une invasion extraterrestre, une immersion dans l’intime de la psychologie infantile, et enfin un questionnement sur tous les plans (éthique, technologique, stratégique) autour de l’armée du futur ; mais on pourrait encore y voir des trouzaines de parallèles, avec la guerre froide, les guerres mondiales, et même (peut-être surtout) les guerres médiques. Oui, oui, j’y ai réfléchi pendant qu’on les revoyait en cours, et somme toute ça n’est pas si éloigné que ça dans l’idée. Ça pourrait faire un bête copier-coller dans l’espace, ou la goutte d’eau d’originalité en trop pour un vase déjà bien rempli ; Orson Scott Card s’en inspire beaucoup, certes, mais pour donner un cachet de réalisme sachant que des faits semblables se sont déjà produits tout en ne le faisant pas empiéter sur le récit. De sorte que le lecteur lettre s’amusera à y retrouver toutes les similitudes : deux guerres où l’ennemi est une menace gigantesque et pourtant humiliée, après quoi tous les États en place doivent se liguer avec le plus fort qui agite ces étrangers comme épouvantails pour étendre sa politique, espace = mer => bataille de Saturne = bataille de Salamine (même issue déterminante), et, spoil mineur, mais quand les humains partent avec l’idée d’éradiquer définitivement les doryphores, on pourrait pousser le parallèle jusqu’à y voir la revanche d’Alexandre le Grand… Sauf que la guerre du Péloponnèse n’a pas encore eu lieu.



Un mot sur le film



Enfin, je sais que l’adaptation cinéma a quelque peu fait débat ; moi-même j’avais pas trop apprécié la première fois étant trop jeune. Mais force est de constater qu’il reprend le récit fidèlement au livre et ne le modifie que pour lui conférer davantage d’efficacité. Comment en effet retranscrire dans la première scène de bagarre les délibérations mentales d’Ender ? Le réalisateur choisit ainsi de mettre plutôt en avant sa vivacité d’action et son agressivité. La médecin est également remplacé par une machine lors de l’opération qu’Ender doit subir au début du récit, ajoutant à la froideur de la scène et ne la rendant que plus brutale. Enfin les arcs n’étant pas directement liés à Ender sont élagués afin de se recentrer sur ce personnage.

Ce souci d’efficacité constitue toutefois par moments un défaut considérable : exemple qui crève les yeux, la scène d’ouverture qui est tellement le degré zéro de l’exposition qu’on dirait limite Le dernier maître de l’air (il va falloir que je lâche la grappe à ce film, mais c’est limite Dragon Ball Evolution moins le côté nanar). Mais à côté de ça ! Asa Butterfield est super-convaincant au niveau dramatique, mais c’est pas une surprise si vous avez vu Nanny McPhee 2, les effets spéciaux d’une beauté et d’une profusion, et la scène finale avec le doryphore muet (lesquels n’avaient jamais été montrés de tout le film) et malgré tout le fait qu’on comprenne tout ce qu’il veut dire, est une des plus marquantes du cinéma de space op ! Comment rendre aussi humain un gros insecte en images de synthèse, fallait le faire…

On y trouve également une explication sur pourquoi ces extraterrestres voulaient envahir la Terre et une superbe direction artistique. Enfin, sachez que la première version du roman est disponible dans Ender : Préludes, mais beaucoup plus pauvre thémtiquement. Si vous voulez la connaître, lisez-la avant le roman, ou ne la lisez pas ; mais sachez cependant que ça vous révélera le twist final.



Conclusion



La stratégie Ender est un bouquin brillant, dérangeant par son réalisme et sa noirceur, écrit avec ses tripes tout en multipliant avec brio les idées remarquables. Mais au-delà de ça, c’est une expérience intime qui nous confronte à notre propre violence interne. Je n’ai jamais ressenti de catharsis, seulement des traumatismes, d’où ma grande perplexité face au genre horrifique ; pourtant, ça fait du bien de voir un livre qui parle de toute la violence refoulée en toi, toute l’agressivité et le sentiment d’incompréhension, de voir un personnage comme toi se débattre souvent en vain autant qu’il peut pour s’améliorer, le voir échouer trop souvent sans jamais le juger, pour au final découvrir l’espoir qui reste, quoi qu’il arrive, au bout du tunnel. Achetez ce bouquin, lisez-le, parce que sinon, elle va passer à côté de quelque chose, votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Le Cycle d'Ender, tome 2 : La Voix des morts

La grande surprise .

Le premier tome était tourné vers la stratégie millitaire , les combats , ect .

Et pour ce deuxiéme tome l'auteur renverse complétement la donne en proposant un opus ou le coté guerrier céde totalement la place à une intrigue ou la philosophie régne .

Quelle immense surprise , et quelle grande réussite !

On pouvait craindre que ce parti pris soit catastrophique pour cet opus , il n'en estrien .

Les deux opus sont clairement séparés et la maestria de l'auteur est double .

Il maitrise d'une main experte cet opus d'une profondeur rare .

Les personnages sont passionants, les questions que ce livre met en avant sont plus que pertinente .

On se régale devant tant d'intelligence dans la narration et dans le style proposé ici .

Cet opus c'est le vrai début de la saga , et qu'on à envie de continuer !

Immense.
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Le Cycle d'Ender, tome 1 : La Stratégie Ender

J'avais acheté ce livre et le tome 2 en poche aux alentours de 1996. Ayant débuté la lecture, j'avais abandonné, comme souvent à l'époque. Je n'étais pas un lecteur assidu, pas fan non plus de SF militaire et cherchant plutôt des livres simples et prenants. Pas vraiment mature pour la SF.



Zap la digression => aller directement après la ligne blanche.

L'été dernier, j'ai retrouvé chez mes parents mon tome 2 et laissé de côté le tome 1 - étant donné que j'avais vu le film. Le tome 2 a attendu dans ma PAL plusieurs mois, puis je l'ai redécouvert tout en ayant oublié que j'avais le tome 1 ! Les chroniques et les échanges sur Babelio semblaient indiquer que je pouvais lire le 2, car j'avais vu le film !

J'ai véritablement aimé le tome 2, si différent du 1, une toute autre histoire, un recommencement, ailleurs, dans une autre époque. Tellement aimé que j'ai acheté le 3 et le 4, tout lu.

Cet été, un an plus tard, j'ai "découvert" ce tome 1 que j'avais oublié (ah, le grand âge !) et que j'étais sur le point d'acheter. Quelle joie ! Il ne me restait que lui à lire (avant peut-être de passer à d'autres cycles liés à Ender et dont je ne sais pour le moment strictement rien).



Que dire sur ce roman qui a dû être commenté des dizaines de fois ici-même ? Tout d'abord qu'il n'a rien de rébarbatif pour ceux qui n'aiment pas la SF militaire. Nous sommes plutôt immergés dans une formidable leçon de vie, où stratégie et tactique sont décortiquées sous l'angle de la psychologie. C'est toute la force de l'auteur qui nous délivre les pensées, analyses et raisonnements. Nous comprenons tout des motivations des uns et des autres.

La description des jeux d'entrainement et des combats contre les ennemis est parfaitement compréhensible, on s'y croirait. Il faut certes aimer visualiser les choses, mais il y a tant d'action que l'on ne s'ennuie pas un seul instant. Sur ce domaine de la salle d'entrainement, le film a rendu l'espace et l'apesanteur de manière admirable.

On découvre par ailleurs l'importance des relations d'Ender avec sa famille, son extrême jeunesse (qui paraît peu crédible) ainsi que son parcours mental pour atteindre les sommets de son art, même si l'on sent qu'il a été désigné et, en quelque sorte, prédestiné par le commandement militaire. Pourquoi lui ?

Traité de management ? Réflexion sur la violence et la guerre, l'humanité, la haine, le commandement et l'amitié assurément. Même les vilains doryphores entrent dans la psychologie.

Le final est magistral, extraordinaire surprise guerrière et ouverture optimiste.



Je comprends mieux certaines notions évoquées à partir du tome 2 donc oui, je recommande de commencer par le 1, même si je crois avoir préféré le 2, qui n'a rien à voir en termes d'histoire et nous apporte plus d'émerveillements liés à la créativité de l'auteur.

Je vais désormais courir revoir le film et envisager de lire d'autres livres du même auteur, dont j'aime décidément beaucoup le style et la narration.




Lien : https://www.patricedefreminv..
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