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Critiques de Raymond Carver (211)
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Parlez-moi d'amour

Parlez-moi d'amour est le titre parfait pour décrire ce recueil de nouvelles.



Il est aussi minimaliste qu'est le contenu de chacune des nouvelles présentés, des histoires sur l'amour au quotidien.



Pourtant, cela ne les empêche pas d'être rempli de profondeur par les interactions qu'ont les personnages, leur caractère propre à chacun et leur vision de ce qu'est l'amour. L'auteur (Raymond Carver)nous offre ainsi un simple soupçon de réflexion par rapport à ce sujet sans alourdir le texte.



Sur ce, pour d'agréables moments de lecture détente, prenez le temps de lire ce recueil de nouvelles légères à l'âme.



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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Je viens de lire rapidement et plaisamment ce recueil de cinq nouvelles de Raymond Carver. C'est la simplicité d'écriture et le caractère vivant et actuel de chaque nouvelle qui m'ont plu.

La postface de l'écrivaine Tess Gallagher - qui fut aussi la dernière compagne de Raymond Carver - est très éclairante sur l'auteur et son oeuvre.

C'est elle qui a découvert, relu et corrigé un peu - avec l'aide de Jay Woodruff - les manuscrits qu'elle avait trouvé au fond d'un tiroir après la mort de son ami.

Ils savaient que Ray récrivait ses nouvelles jusqu'à trente fois. Ils se sont "contentés d'unifier les noms de personnages et de lieux, de façon à ce que Dotty ne se transforme pas en Dolores d'une page sur l'autre, ou à ce que Eureka ne devienne pas Arcata. Les dénouements auxquels Ray apportait toujours des soins particuliers, avaient été laissés dans l'état où on laisse un repas quand le téléphone sonne." Ils les ont "laissés tels quels, la nouvelle s'achevant alors sur des espèces de points de suspension."

Je suis impatiente de découvrir d'autres nouvelles de cet auteur qui correspond bien à mon état d'esprit actuel sur les choses de la vie : le couple, la séparation, la vieillesse.

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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Ceci est un petit recueil de nouvelles au ton simple et franc, se terminant chaque fois sur un point d’interrogation, laissant le lecteur avide d’une action supplémentaire. Ce goût de l’inachevé fait partie du style de l’auteur.



Les nouvelles racontent des scènes de la vie de quelques couples qui, pour certains, cherchent à renouer et n’y arrivent pas, ou qui, pour d’autres, sont sur le point de se séparer. Une nouvelle décrit aussi un homme en visite chez un couple et qui coupe du bois pour l’hiver. Là-dessus, il fait ses bagages et s’en va. Une autre raconte l’histoire d’un couple dont la femme fait des rêves et les raconte à son mari qui les inscrit dans un calepin.



Les nouvelles m’ont plu, je leur ai trouvé un ton direct et une simplicité que j’aime. J’ai été intriguée par ces personnages qui ne s’expriment pas beaucoup derrière leurs gestes et que l’on peut juste deviner tristes ou fatigués. On veut en savoir plus, mais on ne peut qu’imaginer derrière le peu de mots qui en est dit. Il y a un moteur qui est le naturel de Carver dans tout ça qui est d’une pure beauté littéraire.

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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Retrouver Raymond Carver fait partie des moments délicieux de la vie car dans les instants délétères et la faiblesse de l’actualité littéraire proposée actuellement il est normal de retrouver ces auteurs qui, contrairement à ceux qui seront oubliés avant même d’être lus, resteront à jamais comme des grands maitres de l’écriture.

Dans ce recueil de nouvelles, 5 (Appelle si tu as besoin de moi, Rêves, Vandales, Du bois pour l’hiver, Qu’est ce que vous voulez voir?), Raymond Carver nous replonge dans ce monde si délicat qu’il aime nous faire partager, celui des gens qui l’entourent et qui vivent une vie normale. Cela peut paraitre anodin mais tout au contraire, les mots sont si bien choisis, les moments si bien décrits comme les sentiments et les dialogues que ces vies simples deviennent passionnantes. Et puis il se passe toujours quelque chose d’imprévu, pas toujours drôle, parfois même triste mais aussi des vies qui reprennent vie, des gens qui essayent de nouveau, qui rechutent ou résistent. C’est toute la magie du monde de Carver dans ces cinq nouvelles retrouvées par Tess Gallagher, sa dernière compagne et cela fait notre bonheur.

«On était au milieu du mois d’aout et Myers changeait de vie, comme il en avait déjà changé bien des fois. La seule différence, c’est que cette fois il était sobre » (Du bois pour l’hiver).

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Parlez-moi d'amour

C'est un recueil de dix-sept courtes nouvelles qui mettent en scène des américains ordinaires, le plus souvent de la classe moyenne, en prise aux aléas de la vie quotidienne : une séparation dans un couple, un enfant renversé par une voiture ou, plus banalement, un couple qui, en jouant au bingo, s'aperçoit que leurs voisins sont en train de tricher ou un photographe qui passe faire des photos des maisons du quartier. Le motif est souvent très ténu, mais à chaque fois Carver trouve un angle de vue qui rend la scène intéressante, avec une économie de moyens qui est remarquable. le seul regret c'est qu'à peine le livre refermé, on a déjà oublié les trois-quarts de ces nouvelles et on sait que le quart restant va vite s'envoler à son tour. Il faut faire avec le souvenir de ce petit bonheur de lecture.
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Les Trois Roses jaunes

Tranches de vies, pas toujours limpides, tant pour les personnages que pour le lecteur mais on se laisse finalement emporté sans déplaisir.
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Tais-toi, je t'en prie

Des nouvelles sans chute? Etonnant! Mais ce n'est, à mon avis, que pour souligner la banalité de ce que vivent ces personnages, et leurs espoirs sont là, leurs fatigues aussi, et leurs silences...

De l'obésité à l'addiction au tabac, de la jalousie à la tendresse conjugale, de l'envie de vivre à la campagne aux soirées dans les cafés de la ville, tout est résumé dans ces quelques récits, servis par une très belle plume.
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Elephant

Les sept dernières nouvelles que Carver a écrites dans sa vie. Elles me semblent visiblement plus mûres, mieux construites - parfois avec des matériaux déjà utilisés - , plus longues pour certaines et toujours stylistiquement plus abouties par rapport à leur contenu.

La toute dernière, "Errand" (qu'on pourrait traduire par "La commission"), si la 4e de couverture la mentionne spécifiquement comme un possible "étirement musculaire" en vue d'un développement plus long - un roman -, hypothèse à laquelle je n'adhère pas, reste cependant totalement singulière par rapport à toutes les autres nouvelles (que j'ai lues) de l'auteur. En effet, elle représente la mort de Tchekhov (qu'il adorait), un sujet donc très éloigné de l'univers de Carver qui, comme on sait, était celui-là-même où il évoluait.

Une évidence trop tardive : mon plaisir est centuplé à le lire dans le texte (même s'il s'agit d'anglais américain souvent en registre oral).

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Le monde de Raymond Carver

Quelques mois avant son décès prématuré mais prévu, Raymond Carver a accepté, sans doute encouragé, et contribué au projet photographique de son ami Bob Adelman de décrire, par des images en noir et blanc, son univers d'auteur dont le succès était désormais établi, au niveau national et international. L'univers narratif était aussi son propre univers personnel : on pouvait un peu s'en douter par le "précisionnisme" de sa prose (terme qu'il employait pour corriger les critiques qui lui avaient attribué celui de "minimaliste"), mais je n'en avais pas mesuré le degré de coïncidence.

Ce livre se compose donc des planches en noir et blanc d'Adelman, comparées pour chacune à l'extrait du texte de Carver (nouvelle ou poème) qui y fait référence. Une intéressante postface de Tess Gallagher, deuxième femme et compagne des onze dernières années de l'auteur, elle-même écrivain, fournit des précisions très utiles sur la biographie et la poétique de Carver, en insistant tout particulièrement sur ses longues années d'alcoolisme et sur la lutte héroïque pour son sevrage, et, sur le plan de la création littéraire, notamment sur sa conception de l'auto-fiction et son regard si particulier sur des personnages et des situations fondamentalement dépourvus d'espérance. Là réside par contre la distinction entre son écriture et sa vie.

Les photos comprennent de nombreux portraits de l'auteur, de ses parents, épouse, fille et amis, des paysages des lieux de domicile et endroits de pêche, des vues de maisons, de milieux agricoles ou industriels ou urbains "désertifiés", fréquentés ou parcourus et utilisés dans ses textes, des détails matériels (ex. voiture, cabine téléphonique, calque de dentition, etc.) qui constituent souvent l'axe d'une nouvelle, des pages manuscrites ou tapuscrites, des intérieurs de ses domiciles, des anciennes photos de l'enfance ou de la jeunesse. Elles sont toutes d'une intensité poignante.

Les comparer avec des textes - que je connaissais parfois - m'a permis de m'apercevoir, mieux que par des pages de discours sur la poétique, le procédé très particulier des descriptions et la force de l'implication - autobiographique ou de témoignage direct - de l'auteur dans son écrit, son empathie pour les losers : tout cela mis en relation avec la cyclicité dans la vie de l'écrivain entre la déroute alcoolique et la reprise de confiance en soi par l'expression écrite. Son humour noir face à la question de la désespérance déjà évoquée m'est semblé aussi plus compréhensible grâce au visuel.
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Les Vitamines du bonheur

Voici l'objet de ma seconde expérience de lecture des nouvelles de Carver, après Débutants.

La surprise dépassée, mon admiration demeure intacte devant sa prodigieuse maîtrise des techniques de la nouvelle mises au service d'une narration de situations, non d'événements ni de récits surtout pas introspectifs, lesquelles constituent le moyen sans doute le plus efficace de rendre la noirceur du quotidien des classes populaires américaines contemporaines. Moins dramatiques encore que le souvenir que je garde des situations lues dans le recueil premier - encore qu'une nouvelle soit ici reproduite quasiment à l'identique que dans l'autre ("Ce n'est pas grand-chose, mais ça fait du bien") ; plus quotidiennes encore sans renoncer à paraître insolites...

Une encore plus grande subtilité dans la présence-absence de l’œil du narrateur...

Des presque-riens que les thèmes de ces nouvelles, des aperçus qui ne parlent guère mais permettent de deviner presque tout...

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Débutants

J'ignore tout de la littérature américaine récente. Cet auteur m'a été présenté par un ami, frappé par la ressemblance qu'il y voyait avec le nouvelliste sur lequel je suis en train de travailler. Si je n'ai retrouvé que peu de ces éléments de ressemblance, j'avoue avoir été franchement séduit par Raymond Carver (1938-1988).

Ce recueil dépeint avec un réalisme saisissant le monde étouffant de la lower-middle class provinciale américaine, peuplé de personnages - surtout masculins - faibles, tristes, désabusés, proies de relations familiales et amicales frustrantes, de l'ennui et, pour la plupart, de l'alcoolisme.

Parfois des drames surviennent dans ces vies monotones, parfois leur éventuel dénouement est à peine suggéré, mais le plus souvent Carver décrit plutôt des situations. C'est là une caractéristique qui sied particulièrement au genre de la nouvelle, non seulement pour sa brévité (ici la longueur varie entre 4 et 40 p.) mais pour la facilité de l'ellipse et des renvois.
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Les Feux

Dans ce volume, Carver nous offre quatre nouvelles et, surprise, des poèmes, mais aussi une longue réflexion sur le métier de nouvelliste.

A l'âge de 20 ans, il est déjà marié et père de deux enfants. Il enfile les petits boulots comme les déménagements. Il n'a pas le temps pour se consacrer à l'écriture comme il le voudrait. Il n'a pas le temps de s'étendre. Alors la nouvelle est le format qui lui convient.

« Ma capacité d'attention m'avait fui ; je n'avais plus assez de patience pour m'essayer au roman... A l'orée de la trentaine, j'ai renoncé à tous mes rêves de grandeur."



Un métier qu'il a choisi et qu'il défend. Un format court mais précis, aux mots choisis porteurs de sens. Des mots qu'il retravaille sans cesse pour les épurer.

" Les mots, c'est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu'il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu'ils puissent dire le mieux possible ce qu'on veut leur faire dire. "

Des mots pour exprimer son amour, l'amour pour le père et pour les autres, le sens de la vie et sa vacuité, le goût et le pouvoir de l'alcool et de la cigarette, la douleur de vivre des petites gens et leur manque d'espoir...



Le regard qu'il porte sur le monde, le sien et celui des autres, est empli d'une infinie tristesse. Mais qu'on ne s'y trompe pas, son empathie pour ces personnages est immense et sincère. C'est dans les fêlures humaines qu'il plonge sa plume pour en tirer la magnificence de ses écrits. Il est le peintre des petites gens, des exclus de l'american way of life.

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Les Vitamines du bonheur

Comme quoi errer sur les réseaux sociaux ne signifie pas toujours perdre son temps. Sans cela, je n'aurais peut-être jamais découvert les lignes de Raymond Carver.



Dans ces douze nouvelles, l'auteur s'introduit dans les maisons de la middle class, dans l'Amérique des années quatre-vingt, univers qu'il connaît bien. Raymond Carver raconte des moments de couple, de familles et surtout, la solitude. Les protagonistes ont tous une bouteille dans une main, une cigarette dans l'autre. Et la télévision qui marche en arrière-fond. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir.



Le chômage persiste, la solitude installée, les hommes résignés.



Le style de Raymond Carver, c'est tout ce que j'aime dans la littérature américaine, des phrases courtes et percutantes. L'auteur s'attarde sur les gestes de ses personnages, plus parlant que des dialogues. Il ne se passe pas grand chose dans ces histoires, seulement le temps qui défile, des tranches de vie racontées simplement. Un dîner chez des collègues de bureau, un frigo qui tombe en panne, la perte d'un enfant, des alcooliques dans un centre pour en finir, une soirée partagée avec un aveugle... Des récits de vie avec des événements qui changeront les personnages pour toujours ou au contraire, qui feront encore qu'ils subissent la vie. Si l'ensemble n'est pas très réjouissant, je n'ai jamais trouvé que le récit tombait dans le pathétique. D'ailleurs, certaines des nouvelles se terminent avec une note d'espoir ; la main tendue d'un pâtissier, un déménagement qui annonce peut-être le début d'une nouvelle vie.



Je ne manquerai pas de lire à nouveau Raymond Carver.


Lien : https://marcelpois.wordpress..
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La vitesse foudroyante du passé

Carver est connu pour être l'un des plus grands nouvellistes de l'histoire de son pays, et peut-être de l'histoire de la littérature contemporaine. Ce qui me frappe dans ces poèmes, c'est que je les lis, ressens, non comme des poèmes, mais bien comme des nouvelles plus courtes, plus percussives que ses nouvelles ordinaires. Bien sûr ils sont plus imagés que les nouvelles "classiques" de Carver, mais ils ont tous pour origine un instant, une photo prise de la vie quotidienne de l'auteur. Ils sont un bout de vie vécu et semble-t-il immédiatement posé. Ils sont des micro-nouvelles, et de là vient, selon moi, leur force.
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Suite à la belle critique de Nastasia, j'ai ajouté cette référence dans mes pense-bêtes et j'ai fini par trouver le livre en bibliothèque. J'aime en général les nouvelles qui favorisent un style vif où par quelques traits seulement le climat et les personnages doivent être installés. Les nouvelles recèlent aussi de grands espaces de liberté à combler par le lecteur. Et c'est ce qui m'a plu, ici aussi. Oui, c'est bien écrit.



Mais que cet univers est sombre et que ces vies sont tristes qui se délitent dans un vide quotidien dont on ne voit pas le fond ! A croire que le lot de chacun est de sombrer pour ensuite déployer de grands efforts (débiter huit stères de bois) pour se reconstruire. Alcoolos sur le retour, mariages ratés, rêves partis en fumée. Pour le coup, il est brisé le rêve américain.



Et la dernière nouvelle, n'arrangera rien. D'une criante authenticité dans laquelle l'hypocrisie hypertrophiée propre à ce peuple atteint son paroxysme au cours d'un repas d'adieu rempli par des formidables, des gentils tout pleins, des nous ne vous oublierons jamais, pour le lendemain, alors que les hôtes ont perdu gros pendant la nuit et sont en pleine débâcle, voir les invités les quitter sur un très révélateur "- Ah bon ? dit-elle. Quel dommage. Je suis désolée pour lui. Tu leur as rendu les clés, hein? On a dit au revoir à tout le monde. On peut y aller, maintenant."



A conseiller donc seulement si vous aimez le noir de noir, prenez aussi une ou plusieurs barres de chocolat de même nature, ça remonte le moral, paraît-il.
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Parlez-moi d'amour

"Parlez-moi d'amour" nous dit Raymond Carver, mais plus facile à dire qu'à faire ! Couples à la dérive, retrouvailles d'un père et de son fils, amitiés qui se défont, jeune couple qui se cherche, vieux couple qui essaie de se retrouver... Pas de scènes dramatiques, seulement la vie (presque) quotidienne et ses aléas. C'est sobre, minimaliste, bouleversant, souvent désespéré. A lire absolument comme tous les recueils de nouvelles de Raymond Carver.
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Neuf Histoires et un Poème

En premier, j’ai vu le film "Short cuts" et seulement ensuite j’ai lu "Neuf nouvelles et un poème". J’avais beaucoup admiré Robert Altman, qui avait donné une étourdissante leçon de cinéma, en entremêlant de nombreuses histoires fort différentes. Je ne cacherai pas que j’ai été presque déçu en lisant l’original de R. Carver. (Souvent, c’est l’inverse qui se produit: le livre découvert d’abord laisse une plus forte impression que le film vu par la suite). Cependant, je ne voudrais pas laisser croire que le recueil de l’écrivain est sans valeur, à mes yeux. Loin de là. Les neuf récits indépendants qui nous sont proposés sont caractéristiques de l’Amérique profonde, dépeinte sans indulgence (mais sans cruauté) comme elle est: petite-bourgeoise, étriquée et hypocrite. Un poème s’ajoute aux neuf nouvelles. Au final, ce livre de R. Carver me semble recommandable.
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Neuf Histoires et un Poème

L'existence de ce recueil est très intimement liée à la sortie du film Short Cuts de Robert Altman en 1993 qui puise sa matière de ces neuf nouvelles et de ce poème. Les nouvelles qui constituent ce recueil proviennent à l'origine de recueils différents et ayant des dates de publication différentes s'échelonnant sur plus de quinze ans de la production de Raymond Carver.



Il est important de noter que le choix de réalisation qu'a fait Robert Altman, à savoir, entrecroiser toutes les histoires simultanément, dénature profondément l'écriture de Carver, qui, lui, nous propose des histoires indépendantes et très linéaires, prises une à une. Ceci pourrait avoir tendance à faire croire que l'écriture de Carver se rapprocherait de celle d'un Dos Passos, dans Manhattan Transfer, par exemple, qui mélange les destins de nombreux personnages non connectés, or il n'en est rien. Ce procédé n'est pas inintéressant et se prêtait particulièrement bien au propos du réalisateur, de vouloir brosser un tableau de l'Amérique moyenne contemporaine, mais ne correspond pas vraiment aux caractéristiques propres de l'écriture de l'auteur qui nous occupe aujourd'hui.



Ce sont donc dix histoires, déconnectées, mais ayant toutes un rapport avec l'Américain moyen, monsieur tout-le-monde, avec ses petits travers, avec ses coups de malchance, avec l'air du temps.



1) De L'Autre Côté Du Palier nous évoque le comportement légèrement envieux d'un couple d'amis qui gardent l'appartement de leurs voisins et se permettent quelques libertés en leur absence.



2) Ils T'Ont Pas Épousée est sans doute l'une des plus pathétiques — au sens pitoyable —, mais ne faisant écho qu'au pathétique — au sens minable — de certaines personnes, en l'occurrence un homme qui écoute les commentaires de certains pauvres types à propos du physique de sa femme et qui, ce faisant, lui impose des changements d'hygiène de vie drastiques.



3) Les Vitamines Du Bonheur abordent plusieurs thèmes, dont celui de la réussite professionnelle des femmes, dont celui de l'empiètement de la vie professionnelle sur la vie privée (plus d'actualité que jamais !) ou encore, celui, assez omniprésent chez Carver, de l'adultère.



4) Tais-Toi, Je T'En Prie, Tais-Toi ! est une Xème mouture de l'adultère et de ses conséquences selon Carver. Ici, l'évocation d'un simple souvenir, battement d'aile de papillon au Cap et qui provoque une tornade à Los Angeles…



5) Tant D'Eau Si Près De La Maison est une nouvelle assez inclassable, qui nous présente le prosaïsme et le manque d'empathie d'un groupe de copains partis à la pêche auprès d'une rivière sauvage et qui, découvrant un cadavre, terminent bien tranquillement leur partie de pêche avant de prévenir les autorités,puisque, de toute façon, il n'y a plus rien à faire pour elle…



6) C'Est Pas Grand-Chose, Mais Ça Fait Du Bien est, selon moi, la nouvelle la plus aboutie et la plus intéressante du recueil, en tout cas, c'est ma préférée. Elle nous conte un fait divers, une maman qui commande un gâteau d'anniversaire chez le pâtissier pour son fils et fils en question qui se fait faucher par une voiture le jour de l'anniversaire en question. L'angoisse des parents et la scène d'hôpital est magistralement rendue, de même que la scène finale que je vous laisse découvrir.



7) Jerry Et Molly Et Sam est encore une nouvelle bien sentie où le cadeau empoisonné d'une chienne bâtarde aux enfants devient le révélateur d'une vie loupée pour le père de famille. Très finement observé…



8) L'Aspiration, autre nouvelle un peu atypique du recueil, qui surfe sur la futilité de notre statut d'individu consommateur, pas si éloignée d'après moi de la pièce de Miller, Mort D'Un Commis Voyageur.



9) Dites Aux Femmes Qu'On Va Faire Un Tour (et je vous laisse deviner ce qui peut bien passer par la tête de deux copains de longue date, légèrement encroûtés dans leur vie de jeunes papas, lorsqu'ils ont quartier libre pour la journée…)



et enfin 10) Citronnade, un poème vaguement poétique, qui montre le regret d'un père qui demanda à son fils d'aller faire quelque chose et qui n'en revint jamais. Et si je ne lui avais pas demandé, et si…, et si…, et si… Bref, l'éternelle chaîne de causalité et l'éternelle vacuité de la vie.



En somme, un recueil solide, quelque peu inégal, je trouve, mais qui a le mérite de présenter un certain panorama de l'Amérique, ce qui a son intérêt et Robert Altman ne s'y est pas trompé. Peut-être pas un indispensable, mais un bon moment à passer par un orfèvre ès nouvelles. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Cinq nouvelles posthumes de l'écrivain Raymond Carver qui nous plongent dans l'univers chaotiques de couples à la dérive.

Les scènes décrites sont minimalistes.

Le style ciselé de l'écrivain retransmet parfaitement chaque action, chaque sentiment des personnages.

Les nouvelles sont cependant trop courtes pour s'imprégner totalement des histoires.
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Minimaliste et intimiste, Raymond Carver sait, au travers de ce recueil de cinq nouvelles, nous faire pénétrer dans l'univers des classes moyennes et d'âge moyen dans les États-Unis des années 1980 (éventuellement, fin 1970).



Rien de spectaculaire, pas de chichi, pas d'enquête surprenante, pas de scénario alambiqué : seulement de petites tranches de vie de gens qui ont vécu ; des personnages qui ont un passé, une épaisseur, qui ont tissé des liens et parfois les ont rompu, qui ont connu des joies, des peines, qui ne sont ni bons ni méchants mais qui souvent se remettent en question, souhaitent changer de vie, se débattent avec l'alcool ou ont usé leur relation conjugale.



(On suppose, à lire ces lignes qui sentent tellement le vrai, que derrière la fiction, l'auteur y a injecté une bonne dose d'autobiographie tellement ses personnages lui ressemblent, à des degrés divers, ou bien sont des copies quasi conformes de celles et ceux qui ont partagé sa vie.)



Ce sont cinq nouvelles fortement empreintes de nostalgie et teintées d'un sentiment de vouloir tourner la page sans le vouloir vraiment, parce que c'est encore trop frais, parce que ça fait encore trop mal, parce que c'est tout de même une manière de déchirement qui s'opère, sous des airs d'être enveloppé dans du velours.



Ce sont cinq nouvelles très cohérentes entre elles, où l'on peut facilement et sans délai d'adaptation glisser de l'une à l'autre grâce à un choix éditorial judicieux. (Je ne sais pas si tel est le cas dans l'édition américaine mais ici, pour la traduction française, les nouvelles ont été agencées de façon à ce qu'un ou plusieurs élément(s) de la nouvelle suivante rappelle(nt) la précédente et ainsi de suite jusqu'à la dernière qui pourrait à son tour amorcer la toute première, rendant ainsi le recueil parfaitement circulaire.)



Presque à chaque fois, on retrouve, sur la côte ouest des USA, un couple de quadra/quinquagénaires qui bat plus ou moins de l'aile ou bien alors un seul des membres du couple, le tout essayant de se rabibocher du mieux possible avec une évidente bonne volonté mais sans beaucoup de résultats.



Car la bonne volonté ne suffit pas toujours, surtout si l'alcool s'est invité dans le couple et y a laissé des traces, si l'usure du temps de la vie commune a consumé une grande partie du feu qui crépitait entre les cœurs, faisant s'envoler les espoirs d'avenir qui allaient avec.



Raymond Carver s'attache à nous faire goûter des ambiances et des sentiments avec une volonté claire de ne surtout pas dépeindre au-delà de l'événement, du point d'orgue qui structure chaque nouvelle. On a l'impression de l'entendre nous dire : « Je vous fais un petit polaroïd et je m'en vais. Vous en ferez ce que vous voudrez. »



Il aime à nous souligner le contraste qui existe entre le couple ou l'individu focal, d'une part, et un couple " bien portant " (ou supposé tel) d'autre part, en ayant soin, au préalable, de nous rappeler combien un couple (quel qu'il soit) peut paraître enviable et bien assorti — vu de l'extérieur — et combien précaire est l'équilibre de l'édifice, vu du dedans.



En tout les cas, l'auteur, en vieux routier de la nouvelle, possède un art consommé de cette technique d'écriture, une maîtrise stylistique absolue, qui donne l'illusion que cette écriture est simple et naturelle ; c'est dire le talent de l'illusionniste ! Bref, un bon moment à passer, pas exceptionnel selon mes critères d'appréciation propres, mais à n'en pas douter un recueil très convenable et recommandable. D'ailleurs qu'est-ce que vous voulez savoir ? Ce n'est que mon avis après tout, c'est-à-dire bien peu de chose.
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