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Citations de Régis Debray (414)


Il faut guérir les Israéliens de la peur (…) et soulagé les Palestiniens qui ont peur de cette peur.
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la frontière, marque de finitude, stigmate d’imperfection
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[ Le propre de l’homme : les outils ]

Nous n’avons jamais eu de rapport immédiat à la nature, mais tout de suite médiatisé par des appareils et des symboles. Pourquoi un tel suréquipement techno-culturel ? À cause de notre sous-équipement physio-anatomique, insuffisamment spécialisé. « C’est la faiblesse de la main qui suscite et appelle l’outil. » Aurions-nous eu l’horloge interne du pigeon voyageur que nous n’aurions pas eu besoin d’inventer la clepsydre, ni la boussole astronomique. « Propre à tout, immédiatement bon à rien », le bipède désarmé à station verticale, qui frisait « l’erreur de la nature », en a profité pour devenir polyvalent, omnivore, fonctionnellement opportuniste, voyageur et adaptable à tous les climats et milieux (le sapiens est la seule espèce animale répartie sur les cinq continents). « Tu périras par tes vertus, tu triompheras par tes vices », a dit Nietzsche. Dérèglement ou couronnement du courant phylogénétique ? L’un et l’autre, l’un par l’autre. Il faut 47 jours à un bovidé pour doubler son poids de naissance, 60 à un équidé, 180 à un sapiens. Sous les pressions sélectives du milieu, le retard biologique à la maturation suscite le bond en avant dans l’acculturation, et la faiblesse de nos comportements héréditaires reporte les chances de survie spécifique sur la transmission culturelle, et notamment sur l’éducation des petits (plus longtemps dépendant des adultes que tous ses cousins anthropoïdes à la phase de dressage plus courte). Ainsi à la question fameuse : « que manque-t-il à l’homme pour l’empêcher de rester un animal ? » on pourrait presque répondre : une solide dotation génétique, défaut retourné par le « vol du feu » en avantage comparatif. Tel serait le noyau rationnel sous-jacent au mythe de Prométhée, dont il ne faut pas oublier que l’exploit impie n’est pas dû à l’orgueil mais à la faute de son frère Épiméthée, l’étourdi qui avait vidé sa hotte de cadeaux jusqu’à se retrouver sans qualités pour en doter les hommes, les petits derniers de la distribution des essences. La force aux lions, la vitesse aux antilopes, les sabots aux quadrupèdes, la fourrure aux ours. Et plus rien pour le bipède sans plumes. Il fallut bien donner le feu à l’infirme pour lui permettre au moins de survivre. Dans le commentaire inspiré et précis qu’il a fait du mythe fondateur (sans Prométhée, pas de Faust), Bernard Stiegler a mis en évidence le rapport existant entre « la technicité originaire des mortels » et leur « défaut d’origine ». La prothèse technique, malgré son nom, n’est pas un simple ajout, un accessoire anodin ; il a fait démarrer la course. Du monde technique, on dit qu’il est devenu notre seconde nature ; mais comme on n’en avait pas de première, on n’a pas eu le choix. L’être humain : d’emblée un être de deuxième main.
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Le propre d'une civilisation est de porter en son sein un gène récupérable et susceptible d'hybridation. Elles ne meurent pas sans enfants, naturels ou légitimes. Rien se meurt tout se transforme. (p.223)
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L'homme sait ce qu'il fait. Mais il ne sait ni comment il a fait ce qu'il fait ni ce qu'a pu, ou pourra faire, ce qu'il a fait.
Remarque de Régis Debray : Et il vaut mieux pour lui ne pas le savoir, car cela risquerait de le vexer profondément.
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On sait comment l’État en France, quand il a choisi de se suicider pour, dit-il, se moderniser, a inventé toutes sortes d’organes de défausse au titre plus ou moins pompeux – Comités, Hauts-Conseils, Observatoires, Forums, Conventions, etc. – et dix autres « autorités administratives indépendantes ». Ces inlassables fournisseurs de rapports pour rien ont pour la plupart l’utilité du figurant sur scène, quand l’acteur n’y est plus.
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Le retour à la sève et aux sucs ne s'est pas fait un beau matin, sans préavis. Le glissement, que nous voyons en live, de l'Esprit sans la Nature (pôle progressiste) vers la Nature sans l'Esprit (pôle réactionnaire), a demandé plusieurs siècles. Les termes en ion du prométhéisme ont émergé à la fin du dix-huitième (communication, régénération, civilisation, colonisation, etc.). Le dix-neuvième a enchaîné avec la machine à vapeur, l'engorgement des métropoles et le passage en accéléré de l'agriculture à la manufacture. L'Esprit atteint enfin sa vitesse de libération au vingtième siècle avec les aéroplanes, la machine-outil, le bébé-éprouvette, les aliments ultra-transformés, les transgenres et le désormais classique «on ne naît pas femme, on le devient ». Ce sont les décennies fabuleuses, 1900-1925, des avant-gardes qui ont exploré tous les possibles de l'ingénierie, OGM compris, ouvrant la voie à notre régime actuel : le concept sans l'affect, le marché sans frontières, l'art sans œuvre, la reproduction sans sexe, la dissidence sans risque, le roman sans récit, le café sans caféine et le mot sans la chose. Ayant débranché sa prise de terre, l'Esprit se pense désormais à même d'effacer la matière première sous le produit fini, l'inné sous l'acquis, et de voir dans le monde sensible, le plus bas de gamme des mondes possibles.
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L'ivresse du nous une fois refoulée dans les stades de foot ou aux abords, chaque moi-je reste en tête-à-tête avec les images de dévastation quotidienne sur son écran, sans nation, peuple ou Cité interposés pour le distraire d'une mort annoncée.
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L'histoire est ce que font les hommes, mais qu'avons-nous fait de ce qui nous a faits?
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Qui procède au remembrement des parcelles, assainit le bocage, améliore la productivité, fait ses additions et réclame un bonus. Qui, en ville, taille des avenues et remplace les ruelles par des esplanades. Tout ce qui entrave et enclave, pèse et empèse, l'insupporte - Héritage, Tradition, Localisation. Pas de fil à la patte. Respecter, c'est radoter. Son devoir à lui est de créer du jamais vu. L'an I de la République. L'an I de l'homme nouveau. « Du passé faisons table rase », de la couche d'ozone, des nappes phréatiques et des séquoias aussi, et demain l'Internationale sera le genre humain. Rien de plus condamnable, à ses yeux, et de plus rétro, que l'injonction d'Épictète : « Ne prétends pas changer la nature des choses. » Lui, justement, c'est son métier, son orgueil et sa feuille de route.
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Malraux a noté que "le monde moderne porte en lui-même, comme un cancer, son absence d'âme."
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La guerre, c’est quand l’histoire se remet en marche. La paix, c’est quand dominent les arts de la mémoire. Guerre et paix. Cela alterne.
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Le marché de l’art ne serait pas rentable s’il ne fonctionnait à la magie.
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J’ajouterai un plus en faveur de l’option S. Tu pourras fréquenter des gens qui ne la ramènent pas. J’ai souvent été frappé (et cela, dès les bancs de l’École) par la simplicité bon enfant, la modestie bourrue et franco de port des travailleurs en sciences dures, fussent-ils Prix Nobel. Le cabotin doué pour les caméras étant l’exception, au reste utile, les scientifiques ont beaucoup moins d’ego que nous, les littéraires, pour qui le confrère est un rival, à fuir ou à débiner. Les scientifiques travaillent en équipe et ont besoin les uns des autres, pour valider une expérience ou corroborer un théorème. Ils ont un juge de paix extérieur, le monde physique, le tiers objet, qui ne ment pas, quand nous n’avons, nous, que de fugaces rapports de force, de goût ou d’opinion pour nous départager. Cela fait de cette population taciturne, dépourvue d’hystérie et à la vie rangée, où l’on trouve plus d’anticonformistes pour de bon que chez nos casseurs d’assiettes patentés, l’authentique aristocratie d’une société narcissisée, où chacun peaufine sa petite différence jusqu’à ressembler à tout un chacun. Tu peux déjà le vérifier sur ton géniteur, et cette lettre ouverte ne le démentira pas : moins on est d’utilité publique, plus on soigne sa publicité.
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Dans mes BD d'enfant, vers 1950, les citadins de l'an 2000 se déplaçaient en mini-soucoupes volantes. Le fait est qu'ils vont en trottinette. Ça rassure.
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La paix d'une cité comme celle d'un ménage reposent sur des questions que chacun s'accorde à ne pas poser.
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La bonté ? Miséricordieux s’intitule le D.ieu des musulmans, et c’est bon signe. Ce qui ne l’empêche pas de réserver ses faveurs aux siens : nous d’abord. Les institutions caritatives musulmanes, nombreuses, soignent et soulagent les musulmans. Le D.ieu juif s’intéresse aux Juifs, point final. Achille prend pitié de Priam. Josué n’a pas de compassion pour ses ennemis. Celui des chrétiens, moins exclusif, a des vues plus larges. Il veut que tous les hommes soient sauvés, les mongoliens inclus. Pas de saint Vincent de Paul, pas de Mère Teresa dans les religions de la Loi. Chez elles, le caritatif s’exerce à l’intérieur du groupe. Si un juif orthodoxe tombe sur un enfant abandonné au coin d’une route, l’homme en lui le secourra d’instinct, mais il devra triompher de l’orthodoxe : est-il de la Synagogue ou non ? Le musulman regardera aussi son entrejambe pour éclairer sa décision, et le chrétien, que l’enfant soit garçon ou fille, circoncis ou non, le mettra aussitôt chez les sœurs. Le Lévitique fait interdiction aux estropiés et aux handicapés de sacrifier au Temple ; Jésus invite les femmes, les estropiés et les lépreux à sa table. D’un D.ieu monade sans portes ni fenêtres, il fait un D.ieu monde, à claire-voie. C’est plus aéré, moins décourageant.
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Décentraliser la puissance publique, c'est bon pour la démocratie locale ; et aussi pour la corruption générale et les mafias transnationales. (page 474)
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On est passé d'une religion séculaire de l'Histoire à un culte religieux de la nature.
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"Le vu par tous l'emportera à la longue sur le lu par quelques-uns." p.76
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