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EAN : 9782072853678
48 pages
Gallimard (14/02/2019)
4.03/5   17 notes
Résumé :
"Pour mieux comprendre ce qui lui reste d'emprise sur les esprits, il faut rendre à l'idée sublime d'Union européenne son aura d'origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l'auraient oublié d'où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d'or : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12. L'emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l'an 95 de notre ère et célèbre l'imminent avènement du Royaume. Vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est excellent !
L'Europe fantôme, c'est l'UE : elle n'existe que sur le papier !
Au début de ce petit essai, Régis Debray, aventurier-philosophe, qui a suivi le Che en Bolivie, utilise un langage masqué, comme savent le faire les philosophes qui attaquent le régime au pouvoir : on dirait une sorte de "novlangue bobo-précieuse", avec une ironie grinçante !
Mais au bout d'une quinzaine de pages, on s'aperçoit qu'il fait en réalité le procès de l'Union Européenne, telle qu'elle est conçue actuellement : une machine technoïde sans âme, et sans aval, pour soi disant établir la paix européenne, ce qui est très louable, mais surtout pour favoriser l'économie de marché, ce que beaucoup d'entre nous n'apprécions guère.
.
"Tartempion" ne s'y retrouve pas, car :
-- le drapeau bleu étoilé provient d'un message de foi ( Saint Jean ) dans ce monde athée ;
-- formaliser l'UE, c'est mettre la charrue avant les boeufs ;
-- il n'y a pas d'identité viscérale de l'Européen ;
-- l'anglais "global" commercial utilisé, l'Angleterre du Brexit partie, ne représente que peu d'Européens, alors que c'est le langage de Bruxelles ;
-- la vitalité et la souplesse attendues, l'efficacité fait plutôt l'effet d'un échec ;
-- en cas de défense européenne, comme le suggère notre président inexpérimenté, qui appuiera sur le bouton nucléaire ? de quel nationalité seront les chefs suprêmes ? en quelle langue parleront-ils ?
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D'où l'auteur déduit le titre : "L'Europe fantôme", qui n'existe que sur le papier, et même avec un déclassement industriel, culturel et moral.
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Personnellement, je pense que l'Union Européenne est une grosse bêtise qui, comme l'exprime Régis Debray, désagrège l'identité des pays, qui, à l'image de Singapour, Israël ou la Suisse, n'ont pas besoin d'avoir une grosse superficie pour être dynamiques !
En creusant plus loin, je pense que des enjeux économiques, motivés par des intérêts supranationaux ont égoïstement, par avidité, par intérêt, "déconstruit" cette Europe en faisant mine de construire l'UE...
A notre petit niveau, mondialistes contre nationalistes, on ne peut pas faire grand chose...
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On peut juste observer et commenter la folie des hommes.
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Je ne suis pas franchement un adorateur de Régis Debray, je ne souscris pas à toutes ses idées, mais j'ai apprécié l'échange et le débat qu'il a eu sur le thème de l'Europe avec l'écrivain Laurent Gaudé dans l'émission Livres & Vous diffusée ces derniers jours sur Public Sénat. C'est à cette occasion que j'ai découvert la parution récente de L'Europe fantôme, un court texte de Régis Debray publié dans la collection Tracts chez Gallimard.

« Pour mieux comprendre ce qui lui reste d'emprise sur les esprits, il faut rendre à l'idée sublime d'Union européenne son aura d'origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l'auraient oublié d'où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d'or : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12. L'emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l'an 95 de notre ère et célèbre l'imminent avènement du Royaume. Vision mystique engrisaillée, projet politique encalminé : les deux ne sont pas sans rapport. » – Régis Debray

Ce petit livre de 48 pages est à la fois un essai, un pamphlet et un tract. Régis Debray nous y livre sa vision de l'Europe, nous explique en quoi le projet européen était voué à échouer dès sa fondation, mais aussi comment cet idéal européen reste si présent dans l'esprit des citoyens des nations européennes, malgré l'absence d'une véritable « identité européenne ».

Je ne suis pas en accord avec la totalité du contenu de ce tract, pour reprendre la terminologie retenue par l'éditeur, mais j'y ai trouvé de nombreux éléments intéressants, dont quelques extraits que je vais tenter d'ajouter ici.

Globalement, j'ai apprécié cette lecture. C'est un livre court, rapide à lire malgré une tendance de Régis Debray à complexifier son propos par des références obscures ou peu accessibles aux non-initiés. Comme tout pamphlet, rien n'oblige à adhérer sans restriction à toutes les thèses de l'auteur, mais c'est en tout cas un point de vue intéressant et éclairé. Peut-être pas totalement inutile à quelques semaines d'élections européennes qui ne semblent guère passionner les électeurs.
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critiques presse (1)
LesEchos
27 février 2019
Dans le premier numéro de la nouvelle collection de Gallimard, Régis Debray lance un pavé dans la mare de l'Union européenne. Entre nostalgie, critique et désillusion.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'euro est un billet de Monopoly, sans date, sans lieu ni devise, illustration fantomatique d'un no man's land incorporel. Le dollar incarne une mémoire et un territoire, avec une géographie, une généalogie ( les Pères fondateurs ) et une métaphysique ( in God We trust ).
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Pour mieux comprendre ce qui lui reste d'emprise sur les esprits, il faut rendre à l'idée sublime d'Union européenne son aura d'origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l'auraient oublié d'où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d'or - qu'accroche à ses balcons notre République mécréante : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean,12. «Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête : elle est enceinte et crie dans les douleurs de l'enfantement.” Douze comme les apôtres, les portes de la Jérusalem céleste et les tribus d'Israël. L'emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l'an 95 de notre ère, Domitien empereur, et célèbre l'imminent avènement du Royaume. Vision mystique en-grisaillée, projet politique encalminé : les deux ne sont pas sans rapport. Ils ont raison, ceux et celles qui décrivent l'excellence du programme Erasmus et des soutiens à notre agriculture, qui vantent les bienfaits ou dénoncent les méfaits de l'euro, mais, europhiles ou europhobes, n'auraient-ils pas intérêt à jeter un coup d'œil perspectif sur l'enjeu et l'objet même de leur croisade, pour ou contre ?
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C’est tragique que l’Europe, la grande aventure d’une génération, l’ultime grand récit qui laisse le bec dans l’eau, soit devenu un jeu d’ombres, et que puisse être pris au sérieux ce qui l’est si peu. Accordons qu’il n’y a rien de gai à voir le Continent où fut inventée la politique, s’émasculer lui-même avec l’extension du domaine marchand à tous les aspects de la vie, la statistique en idole suprême.
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Mais pouvait-il en être autrement, dans nos contrées, dès lors qu’une civilisation dynamique et englobante venait à folkloriser nos cultures locales, transformées en écomusées, séjours touristiques et Venises encombrées ? Ce n’est pas par servilité mais par inculturation que l’extraterritorialité du droit américain est vécue comme naturelle. On ne comprendrait pas sinon qu’on accepte aussi facilement d’être taxé (acier et aluminium), racketté (les banques), écouté (la NSA), pris en otage (l’automobile allemande), commandé ou décommandé in extremis (militairement), soumis au chantage (nos entreprises en Iran), etc. L’hyperpuissance a obtenu sa naturalisation, et nous vivons comme nôtres ses conflits domestiques (tous de cœur derrière Mme Clinton, la bonne Amérique, contre la méchante, celle de Trump, en nous affiliant au Parti démocrate). « Le pouvoir, c’est de régner sur les imaginations », disait Necker, et l’américanisation de notre espace public (les « primaires ») a suivi celle de nos rêveries intimes.
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Malraux a noté que "le monde moderne porte en lui-même, comme un cancer, son absence d'âme."
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