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Critiques de Robert Louis Stevenson (1191)
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L'Île au trésor

Le jeune Jimmy Hawkins gère avec sa mère l'auberge dans laquelle un certain Billy Bones, un vieux loup de mer, soit-disant marin, plus probablement pirate et paranoïaque, a trouvé refuge. Billy Bones, victime de la "marque noire", synonyme de mort imminente dans le monde des pirates, rend l'âme dans une crise d'apoplexie particulièrement virulente. C'est le point de départ de plusieurs évènements simultanés : le père de Jimmy, malade, décède à son tour ; Jimmy trouve dans les affaires du mort une carte mystérieuse ; les sbires de Flint, pirate légendaire, débarquent en force à l'auberge. Jimmy et sa mère s'enfuient chercher de l'aide auprès notamment du médecin qui s'occupait du père de Jim. Le docteur Livesey reconnait dans la carte trouvée par Jim LA carte qui permettra de trouver un fabuleux trésor.



L'hispaniola, une goélette, est affrétée. Mais dès le début du voyage, les marins semblent partagés entre l'obéissance au capitaine et la rébellion. Heureusement, Jimmy sympathise avec le cuisinier de bord, Long John Silver, un marin à la jambe de bois qui ne se déplace jamais sans son perroquet sur l'épaule...





Vous aimez l'action ? Vous aimez l'humour ? Vous aimez l'aventure ? Vous aimez vous faire peur ? Vous aimez les histoires de pirates ? De trésors cachés ? D'île inconnue ? Et vous n'êtes pas en train de (re)lire "L'île au trésor" ?!? Tsssss....



Cette histoire nous est contée, dans une large mesure, par le jeune Jimmy Hawkins, relayé par le docteur Livesey quand Jim n'assiste pas aux évènements évoqués mais pourtant nécessaires à l'avancée du récit. Même si l'histoire est très connue et a fait l'objet de multiples adaptations cinématographiques et télévisées, je ne peux que vous encourager à découvrir ce roman qui fait la part belle au vocabulaire de la marine et de la piraterie, à vous délecter de l'attitude toujours ambiguë de Long John Silver, à vous émerveiller du courage et de la ténacité du jeune (d'ailleurs, je ne crois pas qu'on sache son âge, on sait juste qu'il est jeune...) Jim, à pousser des cris de victoire ou à trembler quand la défaite semble assurée... Le personnage John Silver est celui, qui, de loin, m'a le plus passionnée : une sorte de pirate au vocabulaire châtié, grand orateur devant l'éternel, courageux, fort, charismatique (et même sympathique !), tout en étant le comble de la roublardise, de la dissimulation et de la ruse. C'est à lui seul l'archétype même du pirate que Stevenson dévoile sous nos yeux (ébahis).



Enfin, ce livre m'a procuré un petit plaisir supplémentaire bien personnel : livre lu dans ma jeunesse, j'ai, cette fois-ci, et en parallèle de ma lecture "classique", raconté, soir après soir, à mes filles, les aventures de Jimmy et John Long Silver, et les ai vu s'enthousiasmer, se cacher les yeux (de peur), s'interroger, en "direct live", tandis qu'elles me réclamaient toujours plus de cette histoire, les yeux ouverts comme des soucoupes pleines d'étoiles !



Quoiqu'il en soit, L'ile au trésor, c'est du suspense, de l'angoisse, de l'action, du mystère, des meurtres et des pirates. Sans doute le "meilleur roman de piraterie" que je n'ai jamais lu. Top !
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L'Île au trésor

Pas étonnant que 'L'ile au trésor' soit devenu un classique de la littérature enfantine... et des romans de pirates... et des romans d'aventures...



Car il y a tout ce qu'il faut sur cette ile : un fabuleux trésor caché, des flibustiers prêts à tout pour se l'approprier, un jeune héros astucieux et brave, du rhum, un climat oppressant et malsain, une carte avec des croix rouges indiquant le trésor, des canons, des couteaux et des fusils, une goélette pour rentrer, une grotte, quelques soldats fidèles, un perroquet...



Je n'ai pas lu L'ile au trésor quand j'étais petite (je me demande d'ailleurs bien pourquoi), je n'ai jamais vu aucune adaptation et ne connaissais ni l'histoire, ni les héros, ni L'Hispaniola. Ce n'est donc pas par nostalgie que je me suis retrouvée plusieurs soirs d'affilée à lutter contre le sommeil pour rester encore un peu avec Jim, Long John Silver ou le docteur Livesey !



Face à Long John Silver, le pirate à la jambe de bois, aux mille ruses et à la fausse bonhomie, personne ne peut faire le poids. Probablement même pas Jack Sparrow, le chef des Pirates des Caraïbes. Mais Jim s'y essaiera malgré tout, armé de l'insouciance de ses 12 ans, des compétences de ses amis et de pas mal de chance... et peut-être parviendra-t-il à lutter !



Avec cette grande aventure comme en rêvent les enfants, pleine de rebondissements, de secrets, de poursuites dans les voilures ou de combats au corps à corps, ce livre appuie juste là où ça fait du bien. Je recommande donc à tous une petite semaine d'évasion sur L'ile au trésor (sans forcément lire la préface ou les nombreuses notes du traducteur, trop techniques et pas assez épiques à mon goût).



Challenge PAL, challenge Multi-Défis 12/xx et challenge XIXè siècle 2/xx
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L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Monsieu..

Un peu partout dans le monde, dans les diverses sociétés et depuis l’aube des temps, le mythe de l’homme double ou de l’homme au double visage a hanté l’humanité. Probablement aussi parce que la tradition veut que les visages et les personnalités constitutives de ce couple soit diamétralement opposées et que l’on ne sache jamais trop par avance à laquelle on aura affaire. C’est vrai, c’est inquiétant, que ce soit avec nos amis ou avec quiconque d’ailleurs, on aime bien savoir si c’est du lard ou du cochon et la duplicité de l’interlocuteur est toujours quelque chose de très mal vécu et de foncièrement angoissant. De l’exemple fameux du dieu Janus des Romains à l’incroyable Hulk des séries américaines en passant par une myriade de loups-garous et autres dieux ou héros polymorphes d’ici ou d’autre part, tous ont eu la part belle dans l'imaginaire collectif.

Au XIXème siècle, quelques écrivains ont su donner chair à ces mythes, ces récits fondateurs de l’humanité, il y eut Johann Wolfgang von Goethe avec son mythe de l’apprenti sorcier, il y eut Mary Shelley avec son Frankenstein ou le Prométhée moderne et il eut Robert Louis Stevenson avec son étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde.

Mais ce que l’auteur réussit parfaitement, c’est à glisser son doigt sous notre épiderme et à nous faire sentir qu’en chacun de nous, deux êtres (au moins) sommeillent. L’un franchement plus reluisant que l’autre, qu’on n’ose pas trop montrer et qui nous fait honte parfois, mais qui est pourtant tellement constitutif de nous-même.

Un peu à l’image du héros de Kafka dans Le Procès, Stevenson fait vivre au personnage intègre de l’avoué Utterson la douloureuse expérience d’une introspection minutieuse de son passé. Je vous restitue le passage en question :



« Tout en continuant à cheminer, il réfléchit un moment à son propre passé. Il explora les moindres recoins de sa mémoire. Sait-on jamais ? N’aurait-il pas commis jadis quelque iniquité qui, tel un diablotin, pouvait toujours resurgir ? À première vue, son passé semblait pur, et il aurait dû pouvoir scruter le sans broncher. En réalité, il était atterré et tremblait à l’énumération de ses fautes. Comme elles paraissaient nombreuses ! »



Évidemment, cela chatouille forcément quelque chose de nous-même et cette nouvelle est une véritable orfèvrerie. Le message de R. L. Stevenson pourrait être "en chacun de nous, un Mr. Hyde sommeille, et ce Mr Hyde fait peur, à tout le monde, mais surtout à nous-même". Bien sûr, le suspense voulu par l’auteur a forcément pâti de la notoriété de l’ouvrage et l’identité cachée de Hyde (Hyde rappelle tellement le verbe to hide que ce n’est presque plus un jeu de mots) ne fait guère de doute pour le lecteur du XXIème siècle, mais tel ne fut pas toujours le cas, notamment à sa sortie en 1886.

C’est donc une narration bien menée et qui possède de fort nombreuses qualités, qui conserve toute sa fraîcheur et qu’on aurait tort de se priver d’encore lire ou relire, mais tout ceci n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Île au trésor

C'est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau... Hisse et ho... Santiano ? Non, c'est l'Hispaniola. Raté !



"Hisse et ho, marins d'eau douce ! Souquez ferme et plus vite avant que Jack Sparrow n'ait vent du trésor et ne nous le souffle !".



De l'histoire, je ne connaissais que celle de la série animée réalisée par Osamu Dezaki (à vos souhaits) et diffusée en France en 1987 au très célèbre Club Dorothée (celui que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître).



Je confirme que la série animée était assez fidèlement adaptée du roman et que non, le livre n'est pas pour les ti n'enfants !



Ce roman, c'est celui d'une chasse au trésor, d'une île mystérieuse, des pirates et des honnêtes gens embarqué sur le même bateau... sans que les braves gens ne s'en doutent...



Bref, une vraie histoire de pirates et de trésor comme on les aime, le livre qu'il faut lire lorsque la pluie cingle les carreaux dehors, que le vent souffle, que le baromètre est calé sur "tempête" et qu'un bon feu de bois crépite dans la cheminée.



Ce roman, c'est aussi dépaysement assuré, aventures garanties, frissons et gilet de sauvetage en option. Et l'impôt sur la fortune en cas de découverte du trésor ? Voyez cela avec sa Majesté le roi d'Angleterre !



Dans ce roman, il y a des marins qui boivent (à la santé des putains d´Amsterdam ?), y a des marins qui meurent, qui fomentent et qui complotent, prêts à se mutiner (à défaut de se lutiner).



Le pitch ? Le héros et le narrateur, c'est Jim Hawkins, un gamin qui a croisé le chemin d'un marin nommé Billy Bones (plus pirates que marin). C'est un ivrogne, il est violent et cet homme est venu se réfugier dans l'auberge de ses parents.



Lorsque Bones avalera son certificat de naissance, tout va s'enchaîner et c'est sur une lande sombre et désertique, battue par les vents que Jim verra avec épouvante surgir...



Mais non, pas le Chien maudit des Baskerville... Heathcliff, dégage toi aussi, c'est pas ta lande désertique.



Non, il assistera, impuissant, à l'arrivée d'une bande de flibustiers (et pas d'eau douce) à l'aspect plus qu'inquiétant et fermement décidés à avoir la peau de Billy Bones qui, d'après eux, possèderait la carte de l'emplacement d'un trésor !



Mais c'est Jim qui a la carte et c'est lui qui se retrouvera sur le pont de l'Hispanolia en route vers cette île mystérieuse où ce scélérat de capitaine Flint a enterré son trésor... Yo, oh, oh, et une bouteille de rhum.



Pas de bol quand on jacasse trop (n'est-ce pas, sieur Trelawney ?) et que même le perroquet connaît le but du voyage, c'est que l'on court le risque de se retrouver avec de drôles d'hommes d'équipage dont le plus inquiétant de tous n'est autre que Long John Silver, le flibustier le plus redouté de son temps...



Le matricule du pauvre Jim et de ses amis, le docteur Livesey, Sir Trelawney et le capitaine Smolett va chauffer, c'est sûr !



Waw, ça c'était de l'aventure qui décoiffe !





Lu dans le cadre des Challenges "Romans Cultes" de Métaphore et "La littérature fait son cinéma" de Kabaret Kulturel.


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Voyage avec un âne dans les Cévennes

Au chapitre des lectures de vacances, j'y vais moi aussi de ma petite contribution. On sait tous que le choix d'un lieu de vacance n'est jamais complètement dû aux seules boucles du hasard. Ceci est particulièrement vrai pour nous autres lecteurs acharnés qui glanons ici ou là, au gré de nos découvertes littéraires, des idées ou des envies particulières.



N'échappant évidemment pas, une fois encore, à cette règle, c'est l'envie de découvrir un livre qui m'a poussée à lire une contrée (ou l'inverse). Sans grande surprise, vous aurez compris de quel livre et de quelle région je veux parler puisque le titre est suffisamment évocateur.



Nous voici donc en chemin sur les sentiers cévenols au début de l'arrière-saison (fin septembre — début octobre) de l'année 1878. Robert Louis Stevenson est alors un jeune homme écossais de bientôt vingt-huit ans qui n'a encore écrit aucun des grands succès que nous lui connaissons aujourd'hui.



Il n'a entrepris jusqu'à présent que des voyages ou des séjours paisibles, en Angleterre, en Allemagne ou dans le nord de la France. Voici donc sa première véritable aventure en territoire sauvage, celle qui en appellera beaucoup d'autres par la suite, en Amérique ou dans la zone pacifique notamment.



On y côtoie un jeune Stevenson, inexpérimenté en matière de baroudage, ayant soif d'aventure et de découverte, assez attachant dans sa façon de voir le monde, mais aussi, avons-le parfois un peu présomptueux et imbu de lui-même, notamment dans sa manière de juger à l'emporte-pièce les naturels du pays.



À la vérité, c'est encore loin d'être une expédition au Klondike, seulement un voyage très bref — pas plus de treize jours — allant en gros du Puy-en-Velay à Alès en passant par Florac, bien qu'au sens strict, le voyage mentionné dans le titre débute au Monastier-sur-Gazeille et se termine à Saint-Jean-du-Gard.



Ce qui fait la renommée de ce voyage, outre la célébrité acquise ensuite par son auteur, outre qu'il ait été minutieusement relaté par écrit dans un récit de voyage, c'est bien évidemment qu'il ait été entrepris à pied et en solitaire, avec pour seul compagnon un âne — en l'espèce une ânesse baptisée par l'auteur lui-même, Modestine.



Dans toute la première partie du récit, les efforts déployés et les mésaventures cocasses tournant autour de Modestine constituent le sel de la narration. On y voit dans ce premier tiers de voyage un Stevenson malhabile avec l'animal, volontiers colérique et même parfois violent, qui passe son temps à médire tant de l'âne que de la population locale, que du mauvais temps ou de la traîtresse obscurité nocturne.



Il faut attendre les Cévennes véritables, et notamment le petit village du Bleymard, pour sentir un changement positif d'attitude. Une complicité s'installe peu à peu entre l'homme et l'animal. Les paysages commencent à trouver grâce à ses yeux, même jusqu'à l'émerveillement. Autour du Pont de Montvert et de Florac, l'auteur semble tombé sous le charme de la région et, vous l'imaginez, amoureux de sa compagne quadrupède.



Ce récit de voyage se caractérise aussi par de fréquentes (trop fréquentes à mon goût) digressions où l'auteur recrache sa science sur les guerres de religion qui ensanglantèrent les Cévennes à l'époque des Camisards autour de l'année 1703.



À force de nous parler de l'absurdité de ces conflits entre Catholiques et Protestants, à force de nous seriner que ses origines protestantes le rapprochent plus des Protestants d'ici que des Catholiques, on finit par s'ennuyer un petit peu sur ces considérations, bâties auprès d'une maigre poignée d'individus, fréquentés pendant quelques minutes ou quelques heures (au mieux) et qui seraient censés représenter un échantillonnage valable de la teneur réelle de ces populations. — Bref, des considérations religieuses de l'auteur qui m'ont un peu barbée.



En revanche, ce qui est à mettre au crédit de ce diable d'Écossais, c'est son talent de conteur déjà grand à l'époque. Sa plume est alerte, parfois drôle ou caustique et, dans des moment grâce, capable d'une évanescente randonnée lyrique.



J'en terminerai donc en concluant qu'il ne s'agit peut-être pas du meilleur de Robert Louis Stevenson mais assurément d'un premier pas vers la grandeur.



Si par hasard, comme moi, vous vous aventurez sur les traces locales laissées par l'auteur et ce récit, vous vous apercevrez qu'il existe depuis vingt ans une association qui fait la promotion de ce voyage pédestre et que tout au long du parcours emprunté par Stevenson, on voit fleurir sur les bars, boutiques ou restaurants un petit panonceau à son effigie.



On vent aussi des guides, des cartes détaillées ou des cartes postales présentant le parcours, une manière de mini chemin de Saint Jacques de Compostelle cévenol pour randonneurs amis des lettres.



J'ai eu l'occasion de constater durant mon séjour que parmi tous ces commerçants qui collent sur leur vitrine le portrait de Stevenson, bien peu ont effectivement lu le livre, quoique l'ouvrage soit de taille modest(in)e. (Je dis " bien peu " car je n'ai pas poussé le vice jusqu'à sonder exhaustivement chaque tenancier d'échoppe, mais sur tous ceux que j'ai interrogés, aucun n'a encore lu le livre...)



En somme, une impression de lecture bonne mais pas exceptionnelle que je suis très contente d'avoir entreprise sur le théâtre même des événements car cela a constitué pour moi un plus, tant pour le voyage que la lecture. Toutefois, gardez à l'esprit qu'il s'agit là d'un petit âne d'avis, grêle et têtu comme la sus-nommée Modestine, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Île au trésor

En cet an de grâce 20.., ayant décidé de relater en détails le récit de ma lecture de l'Ile au Trésor, fameux roman d'aventures s'il en fut, je saisis ma plume et reviens au récit du jeune Jim Hawkins qui, ayant rencontré Billy Bones, se trouva plongé dans une incroyable quête au trésor.

Je naviguai huit jours durant auprès de lui, tenant fermement la barre alors que les vagues roulaient sous la coque de l'Hispaniola, défiant les compères du défunt Flint et m'associant à Long John Sliver, le redoutable flibustier à la jambe de bois, lorsque ma vie ne tint plus qu'à un fil.

Le trésor est entre nos mains aujourd'hui mais je ne rêve plus que de squelettes séchant au soleil, de la voix de Ben Gunn que les échos reprenaient et des cris de Pew l'aveugle, lâchement abandonné en route.

Mais parlons du livre lui-même.



Je le vois encore comme si c'était hier, enfoui poussiéreux dans ce vieux carton relégué parmi d'autres dans le grenier. S'y trouvaient entassés les fameux Clan des Sept qui marquèrent mon enfance ainsi que d'autres petits romans moins glorieux. Mais celui que je pris dans mes mains, rouge et or, manipulé par tant de doigts nerveux et enthousiastes, aux feuilles jaunies et illustré par ce cher Geoffroy de Pennart - jeune encore et débutant en son métier, mais celui-là même qui illustra par la suite la fameuse Sophie la Vache Musicienne - éveilla aussitôt en moi des envies d'enfance et d'aventures, prête que j'étais, en ces mornes vacances de Noël chez mes parents, à partir à la découverte du monde.

Que dire? Aussitôt et plus sûrement que ne l'aurait fait une bonne rasade de rhum, me voilà embarquée auprès de Jim et de ses compères dans une aventure dont ils ne soupçonnaient pas les dangers. Cependant, plus que tout, ce fut l'écriture résolument moderne, sèche et humoristique de ce grand gaillard d'écossais qu'est Robert Louis Stevenson qui m'envoûta, comme elle envoûta Borges, Proust, Pratt, Calvino et autres personnages légendaires ayant tous en commun une pratique louche et obsédante de la littérature.

Vous qui cherchez un souffle nouveau, chargé de sel et d'embruns, n'hésitez plus: montez clandestinement dans l'Hispaniola et tenez-vous prêt: les pirates ne vous épargneront pas!
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L'Île au trésor

Votre vie ronronne trop tranquillement entre deux questions pour un champion et un épisode de Derrick? Vous rêvez à vos prochaines vacances devant votre fond d'écran insulaire? Pire, vous en revenez? Alors il est grand temps d'embarquer à bord de l'Hispaniola!

Venez respirer les embruns avec le jeune Jim Hawkins, partez à la recherche du trésor, frémissez devant le machiavélique Long John Silver!

L'Ile au trésor, c'est le grand roman d'aventures et de piraterie par excellence. Un de mes bouquins fétiches! J'ai découvert ce livre tout jeune et je le relis régulièrement, sans jamais m'en lasser.

Une construction à l'ancienne avec chapitres titrés, belles tournures, rythme haletant et personnages charismatiques, un page-turner avant la lettre, le style en plus.

Un rien manichéen mais ne boudons pas notre plaisir, un bon roman d'initiation et surtout un excellent divertissement!
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L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Monsieu..

Comme tout le monde, je connaissais l'idée de la personnalité double à l'origine du roman de Stevenson.



Mais je n'avais pas en tête la structure vaguement fantastique de l'histoire, les personnages secondaires, le suspense ou même l'idée philosophique sous-jacente que nous avons tous un Mister Hyde en nous (et pas juste certains de mes collègues pénibles...). Je me suis donc régalée à cette lecture !



Outre mon plaisir, j'en retiendrai peut-être qu'il ne faut pas jouer avec le feu, les sels impurs ou notre côté sombre, sous peine de perdre le contrôle... mais que, quand on réprime tout en soi, on se retrouve avec une vie morne et terne comme celles de Utterson ou Lannion...



J'ai donc l'impression que Stevenson nous a posé plein de questions sur la nature humaine dans son conte psychanalytique, mais s'est bien gardé de nous donner des réponses... Soit le Docteur Stevenson ne les avait pas, soit son Mister Hyde l'a empêché de nous les donner...



Challenge XIXème siècle

Pioche dans ma PAL avril 2018 - merci @Witchblade !
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Voyage avec un âne dans les Cévennes

"Je n'ai pas souvent éprouvé tant d'intime satisfaction en présence d'un site. Je me mouvais dans une atmosphère délicieuse et me sentais allègre et tranquille et heureux. Peut-être quelqu'un dans un autre pays pensait-il à moi. Ou peut-être une de mes pensées avait-elle surgi spontanément et s'était-elle évanouie à mon insu, qui me faisait du bien. Car certaines pensées , s'effacent avant qu'il nous soit possible d'en déterminer les traits exacts, comme si un Dieu, cheminant par nos grands-routes vertes, ne faisait qu'entrouvrir la porte de la maison, lancer un coup d'oeil souriant à l'intérieur et s'éloigner pour toujours. Est-ce Apollon ? Ou Mercure ? Ou l'amour aux ailes repliées ? Qui peut le dire ? Mais nous vaquons plus allègres à nos besognes et sentons paix et joie en nos coeurs. "

P213



lecture de ce passage gravée sur mon répondeur, sur le mémo des moments qui me tiennent à coeur....

La traversée des Cévennes, accompagné de mon âme et sans modestie, est plus douloureux mais aussi riche en couleurs que le pélerinage de Compostelle ... ils se parcourent dans la douceur avec infiniment de bonheur.



Trop de redondance, satisfaction de lecture avec 2 étoiles seulement !

Mais le coeur pleins d'étoiles et de bons moments, sous le firmament ...
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L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Monsieu..

Je viens de me pencher sur L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Monsieur Hyde et je puis vous avouer que je n'avais encore jamais lu ce court roman de Robert Stevenson. Il fait sans doute partie de ces livres entrés dans une sorte de grande légende littéraire dont on connaît les contenus presque par coeur sans même les avoir lus.

Qui ne connaît pas en effet cette dualité douloureuse, déchirante, violente sur laquelle repose le ressort narratif de ce roman ? Sans doute les adaptations cinématographiques ont contribué à donner un écho presque intemporel à ce récit qui, du reste, dépasse sans aucun doute la sphère fantastique, même si elle en porte la genèse.

Je me souviens d'ailleurs d'une adaptation savoureuse avec le truculent et grimaçant Jerry Lewis dans une version humoristique et totalement déjantée.

Je vous rappelle très rapidement le sujet au cas où vous l'auriez oublié.

Le docteur Henry Jekyll est un médecin londonien, précurseur des tendances de la médecine psychanalytique moderne... Ayant diagnostiqué deux éléments de sa personnalité, - le bien et le mal, il a la volonté de vouloir les dissocier grâce à une expérimentation qu'il engage sur sa personne. Sa volonté est de se libérer de la part malveillante qui sommeille en lui, de l'évacuer pour que ne subsiste désormais plus que la part bienveillante. L'opération réussit qui donne naissance à deux personnages distincts : le praticien distingué, le docteur Jekyll, estimé de la haute société, et le monstre abject et dépravé, Mr Hyde. Croyant se libérer ainsi de ses cruelles angoisses, Jekyll tombe en fait sous la domination absolue de Mr Hyde... Il va ainsi comprendre qu'il est impossible de séparer en l'homme le bien et le mal…

Mes premiers pas dans ce texte m'ont permis de renouer avec ce style de narration qui ne me semble plus guère pratiqué aujourd'hui par les auteurs contemporains et c'est bien dommage car je trouve ce procédé bien percutant, un récit enchâssé dans un autre, tel que le convoquait avec un talent immense un certain Stefan Zweig. C'est tout le charme désuet des romans de la période victorienne que j'ai retrouvé dans ce texte, qu'on peut lire aujourd'hui avec nos lunettes contemporaines.

Ici, les deux personnages, - le Docteur Henry Jekyll et son alter-ego diabolique Mr Hyde, nous sont présentés par  Utterson de Gaunt Street, juriste de son état, à la faveur d'une première scène où un homme pressé, courant dans une rue comme s'il fuyait quelque chose, fou furieux, renverse sur son passage une fillette, la piétinant presque, sans même donner le signe qu'il se préoccupe de son sort...

Le décor est planté.

Peu importe finalement qu'on connaisse déjà ou non le récit et son dénouement, la saveur de ce roman fantastique, aux allures gothiques, nous revient dans sa complexité vertigineuse qui interroge ce sujet intemporel qu'est le bien et le mal et la confrontation permanente de ces deux versants. Car c'est bien de cette affrontement que veut nous parler l'auteur, je veux dire l'affrontement, cette dualité en nous, qui nous constitue, corps et âme, dans le tumulte des flots de l'existence.

Robert Stevenson se saisit du genre fantastique pour nous amener devant un miroir effrayant, nous montrer l'envers du décor, c'est-à-dire le tréfonds de nos âmes, l'autre côté obscur qu'on connaît à peine de nous, qu'on ignore peut-être, enfoui par notre propre histoire et ses ressorts parfois insaisissables.

Qu'importe que nous connaissions par avance le dénouement, Robert Stevenson m'a emporté ici dans une narration fort habilement menée, une écriture ciselée et quelque chose qui en fait un texte de qualité qui, finalement, malgré l'apparence désuète, n'a peut-être pas pris une seule ride depuis toutes ces années. C'est la force de ces grands romans classiques.
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Voyage avec un âne dans les Cévennes

En ces périodes de fêtes, voilà un extraordinaire album qui est un véritable feu d'artifice pour les yeux...en plus de la relecture de ce grand texte du futur auteur de "Dr Jekyl et Mr Hyde" !!! Bravo pour l'initiative des éditions du Rouergue !

Comme tant de personnes, le portefeuille est quelque peu plat, en cette fin d'année... alors je vais me défaire ce mon exemplaire pour faire plaisir à un couple d'amis , qui devrait être enchanté par ce livre magnifique...qui fait

tellement de bien, tant par la tolérance du récit de notre voyageur, Stevenson que par notre photographe, qui a su ajouter en "merveilleux", par les clichés tous plus beaux les uns que les autres ...!!..



"Je crois avoir lu pour la première fois - Voyages avec un âne dans les Cévennes- alors que j'étais encore adolescent. C'est l'âge où l'on rêve d'émancipation, où l'on souhaite franchir les murs qui nous encerclent

pour partir seul, loin, sac au dos, avec simplement quelques sous en poche et de l'imaginaire plein la tête. On rêve de rencontres, d'amitiés sincères, de terres vierges pour une vie nouvelle, plus intense, affranchie

des conventions... Pour tous ceux qui recherchent ce dépaysement aussi bine intérieur qu'extérieur, la lecture de ce récit ne déçoit pas. Tout ici sonne vrai, juste. Stevenson n'est pas un écrivain romantique,

peintre d'une nature reconstituée. Le jeune écossais est un aventurier véritable, il dort à la belle étoile au coeur de la forêt, il se lave dans les torrents, il s'ouvre avec une générosité débordante à toutes les rencontres, à tous les imprévus. [p.9 / Nils Warolin ]





Nils Warolin nous explique fort bien ce premier coup de coeur, jeune, pour ce texte de Stevenson, qui au delà du récit de voyage , est un véritable manuel de vie. Nils Warolin dédie ce travail de photographe à ses grands-parents , eux-mêmes, photographes ! Il choisira l'automne pour parcourir le même chemin que Stevenson a réalisé également en automne...

Je n'en dirais pas plus car cet album allie avec un talent certain la sensibilité d'un écrivain écossais du 19e au fond de notre campagne française et celui d'un artiste-photographe contemporain... et c'est une magnifique réussite...A ne pas manquer !!



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L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Monsieu..

Cela commence par une apparente enquête policière assez commune et cela finit en apothéose fantastique, scientifique, psychologique et philosophique avec le journal du Docteur Jekyll qui révèle le fin mot de l'histoire.



Du Londres de la fin du 19ème, le contraste est saisissant entre les beaux quartiers autour de Regent's Park et le glauque de Soho. Jekyll habite dans l'un et Hyde dans l'autre. Le premier a les bonnes manières, le second est brutal. Jekyll offre le thé, Hyde peut tuer gratuitement.



Pour retrouver le diabolique Hyde, Mr Utterson, un notaire ami de Jekyll, mène une enquête personnelle. Cette démarche permettra de confondre l'assassin. Mais, avec la découverte du journal de Jekyll, l'histoire se termine de manière magistrale.





Cette centaine de pages est une oeuvre de R.L.Stevenson (L'île au trésor). Ici c'est le grand écart avec la mer ou à dos d'âne dans les Cévennes. La dimension fantastique vient du fait qu' il a développé par écrit un de ses cauchemars puis ensuite il a lu des articles de Charcot puis de Freud sur l'hystérie.



D'ailleurs le nom de Hyde veut bien dire caché, mais quand cet inconscient refait surface, on pourra dire, qu'à notre conscience, il apparaît particulièrement hideux!
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L'Île au trésor

J'ai lu l'île au trésor assez tardivement, après d'autres romans de ce type et je dois donc avouer que c'est l'une des meilleures histoires de pirates que j'ai jamais lue. Une fois la première page tournée, impossible de s'arrêter.



Imaginez une lande déserte, battue par les vents, où le jeune Jim Hawkins, terrorisé, assiste à l'arrivée d'une bande de pirates à l'aspect inquiétant, décidés à avoir la peau de Billy Bones, qui possède la carte de l'emplacement d'un trésor ; imaginez ensuite ce même Jim Hawkins, debout sur le pont de l'Hispanolia, scrutant fiévreusement l'océan dans l'espoir d'apercevoir cette île mystérieuse où ce scélérat de capitaine Flint a enterré son trésor...

Mais le jeune garçon et ses amis, le docteur Livesey et Sir Trelawney, ont engagé de drôles d'hommes d'équipage, et le plus inquiétant de tous n'est autre que Long John Silver, le flibustier le plus redouté de son temps...



Dès les premières lignes, où Stevenson pose son décor, l'atmosphère trouble et étrange qui prédomine ne fera que s'épaissir, et il faudra du courage à Jim pour affronter la cruauté de ces pirates sanguinaires, la duplicité de Long John et l'atmosphère étouffante de cette île maudite. On se prend à partager l'excitation de cette chasse au trésor, et à dévorer ce fabuleux roman qui sent le vent du large et sur lequel plane l'ombre inquiétante du capitaine Flint.



Bien qu'écrit en 1883 ce roman n'a pas pris une ride, rien de désuet, ni de figé dans ce formidable récit où le talent de Stevenson était à son apogée. En conclusion, je vous livre un extrait de son petit discours à l'adresse "des lecteurs hésitants" :



"Si des histoires de mer aux chansons de matelot,

La tempête et l'aventure, la chaleur et le froid,

Si des goélettes, les îles, les robinsons marronnés, et les flibustiers, et l'or bien caché,

Et toute la vieille histoire romanesque... peuvent plaire comme elles m'ont plu autrefois,

... - Alors, ainsi soit-il, allons-y !"





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L'Île au trésor

Mutineries et contre-mutineries, flibusteries et autres fourberies, on connaît (ou pas) l'histoire de ce récit d'aventures d'humains à la quête du trésor caché sur une île mystérieuse. De 7 à 77 ans on est susceptible d'accrocher sans réserve au ton de ce narrateur mi-enfantin mi-adulte, à coup sûr diablement efficace.

Je me suis laissé séduire chez mon libraire préféré par la dernière traduction de Jean-Jacques Greif, et me suis lancé dans une comparaison incomplète et rapide avec ce qui se faisait en 1911 (merci aux ebooks libres de droit, « adaptation de André Laurie »).



Les pirates s'expriment maintenant dans un langage populaire, élision des « e » et expressions courantes plongent le lecteur dans la vraisemblance là où à une autre époque on ne semblait pas prêt à la privilégier au détriment d'une bienséance langagière.





Pour moi l'arbitre : « C'est mieux maintenant» : 1 – « C'était mieux avant » : 0.



Long John Silver se découvre en 2018 avec un surnom de «Barbecue» par ses potes les pirates, point de « Barbecue » en 1911 ni de surnom apparemment (je n'ai pas relu en entier l'ancienne version, juste quelques recherches et comparaisons rapides). Est-ce une liberté de traducteur ou y avait-il un surnom dans le texte originel ? L'effet barbecue est personnifiant, je l'ai ressenti comme positif envers le fameux Long John Silver (mais j'aime bien les barbecues il faut dire).





« C'est mieux maintenant» : 2 – « C'était mieux avant » : 0.



Le passé simple est mort, vive le passé composé. La narration reste au passé bien sûr, (passé composé + imparfait) versus (passé simple + imparfait), le subjonctif disparaît également (il me semble). Plus moderne à coup sûr, moins marqué d'une époque où l'on privilégiait apparemment un langage écrit soutenu (voire élitiste). Avec le passé composé, la narration semble plus orale qu'écrite aussi à mon avis, et plonge (peut-être) mieux dans l'action.





« C'est mieux maintenant» : 3 – « C'était mieux avant » : 0.



Le vocabulaire a été re-lifté aussi. Je suis tombé par hasard sur le terme de « squire » en 1911, remplacé par un « sieur » (il y a aussi mutin à la place de rebelle dans le spoiler précédent, les exemples sont légion)





Le score reste inchangé pour moi faute de vision d'ensemble : « C'est mieux maintenant» : 3 – « C'était mieux avant » : 0.



Et 1 et 2 et … 3 zéro, avec beaucoup de subjectivité je me range du côté de la modernité et m'arrête là, mais je pourrais entendre une préférence de puristes pour la préservation de l'oeuvre dans sa version originelle (encore qu'une traduction dénature forcément).
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Le Maître de Ballantrae

Quelle aventure ! De Robert Louis Stevenson, j’avais lu enfant « L’île au trésor » puis adolescent « Dr Jekyll et M. Hyde ». C’était tout. Récemment, je suis tombé sur un autre livre du même auteur, « Le Maître de Ballantrae ». Pourquoi pas, me suis-je dit. En lisant l’avant-propos, j’ai appris qu’il s’agissait de son œuvre la plus aboutie. Encore mieux. Je l’ai lu, j’ai adoré et j’en suis encore tout imprégné. Je confirme, il s’agit de son œuvre la mieux réussie – et ce n’est pas peu dire ! –, une des plus passionnantes histoires que j’ai lues, tout auteur confondu. Ce roman est en fait une longue narration d’Ephraïm MacKellar, fidèle régisseur du domaine Durrisdeer, frappé par les luttes fraternelles. Quelques lettres du colonel Burke viendront combler les pièces manquantes.



En 1745, alors que le prétendant au trône d’Écosse Charles Stuart veut disputer sa couronne au roi d’Angleterre, lord Durrisdeer veut lui apporter son soutien mais ne veut pas tout perdre si la révolte jacobite échoue. Heureusement, il a deux fils. Pile ou face ? C’est l’aîné, James, le maître de Ballantrae, qui ira se battre. Mais, après la défaite de Culloden, ce dernier doit chercher refuge à l’étranger. Ainsi, son cadet Henry resté fidèle au roi Georges peut dorénavant jouir du manoir et des titres de noblesse de la famille. Ici commencent les vraies péripéties. Dans sa fuite, Ballantrae est capturé par des pirates et se voit forcé de devenir l’un des leurs. Il réussit à s’échapper du côté de New York et, de là, il parvient à se faire un chemin jusqu’à Paris où il trouve une position honorable. Mais le destin s’acharne sur lui et il doit à nouveau se faire un nom, dans les Indes britanniques cette fois-ci. Pendant toutes ces années, Ballantrae n’aura cesse de tourmenter son cadet pour lui rappeler qu’il lui doit sa position et pour lui soutirer de l’argent. C’est le début d’une longue lutte entre les deux frères qui se terminera dramatiquement sur les rives de la rivière Hudson.



Milord Henry est effacé, terne, ennuyeux, presque maladif. Il éprouve beaucoup de difficulté à tenir tête à son frère le maître de Ballantrae, vif, courageux et flamboyant. D’autant plus que la préférence du père semble aller à l’aîné et que même Milady Alison (fiancée à James avant sa démise) et sa fille Katharine ne peuvent s’empêcher que d’être séduites par cet homme plus grand que nature. Cette œuvre est une véritable étude de caractères.



Si Ballantrae peut se montrer cruel et machiavélique, il n’en demeure pas moins un personnage sympathique. Le lecteur, même s’il le redoute, ne peut s’empêcher de s’émouvoir sur son compte et espérer qu’il survive à toutes les péripéties que le destin lui envoie. Et que lui-même provoque, parfois… D’une rivalité grandissante entre frères – les protagonistes allant même jusqu’à comparer leur situation avec le récit biblique d’Esaü et Jacob, fils d’Isaac –, le récit s’engage dans une lutte entre le Bien et le Mal.



Ainsi, même s’il nous fait voyager des Highlands d’Écosse au Nouveau Monde, sur l’océan Atlantique et mêmes jusque dans les Indes, « Le Maître de Ballantrae » est beaucoup plus qu’un simple roman d’aventures. Cette histoire peut sembler complexe mais, étonnamment, elle se lit facilement. La narration de MacKellar y est pour beaucoup. Il s’en tient à l’essentiel et se permet, ça et là, d’apporter quelques explications nécessaires à la bonne compréhension de son récit. Rien de superflu ! Du grand art ! Aussi, il réussit à nous livrer fidèlement les états d’âmes et les passions de chacun des personnages, à nous y faire croire et parfois même à nous les faire vivre. Évidemment, derrière la plume du régisseur se trouve celle de Stevenson, un grand maître de la littérature.
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L'Île au trésor

Eh oui ! Alors qu’un Voltaire menait ses querelles philosophiques avec un Rousseau et qu’un Kant rédigeait ses fameuses critiques, les pirates parcouraient les mers à la recherche de trésor !



Un roman d’aventures et de piraterie parfaitement écrit du début à la fin. Tous les ingrédients y sont.



Le rythme de la narration y est rapide et passionnant, les descriptions sont brèves, suggestives, précises, les dialogues réalistes, vivants, amusants, l’intrigue est bien ficelée, les personnages remarquables et sympathiques… Stevenson, en bon conteur, s’attaque à un genre populaire pour nous offrir un roman immortel. Tout est raconté avec gaieté (même la mort !). On peut remarquer les influences de ce roman partout dans les films de pirates (unijambiste, marque noire… etc).



L’Ile au trésor est l’histoire d’un jeune garçon, trop ennuyé à rester sur le seuil d’une auberge à contempler les marins passer (la vie aussi) et qui d’un coup du hasard (le choix du hasard), il est introduit dans une aventure dangereuse qui le tire de sa vie monotone et sans intérêt pour qu’il vive. On le voit alors affronter la mort avec un sang froid admirable car il sait qu’il n’a rien à perdre et qu’il a déjà été trop chanceux pour être de cette aventure. Et si Du Bellay disait "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage/ (…) Et puis est retourné, plein d'usage et raison/ Vivre entre ses parents le reste de son âge !" Jim est revenu, en plus de cela, avec de l’or !

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Voyage avec un âne dans les Cévennes

"Apprends à t'orienter de nuit

Apprends à t'orienter de jour

Trouver gite refuge ou sentier

Apprends à savoir t'orienter"*



Que savez-vous du sentier, de la Grande Route ? Etes-vous déjà parti, comme ça, un lourd sac au dos, sans être tout à fait sûr de pouvoir revenir ? Robert Louis Stevenson, un jeune homme chétif ayant passé la moitié de sa jeunesse cloué au lit, a un jour pris son sac et, en quelques jours, a traversé une chaîne difficile des Cévennes. Un chemin de Grande Randonnée porte encore aujourd'hui son nom, la-bas, quelque part entre les Cévennes et l'obscur Gévaudan.



De son voyage, Robert Louis Stevenson en a tiré un livre "Voyage avec un âne dans les Cévennes", publié en 1879, soit quelques années avant la publication de 'L'île au trésor" qui fera de lui l'un des plus grands auteurs de la littérature mondiale.



Quand il se rend en France, en 1878, Robert "Lewis" Stevenson a déjà transformé son nom en un plus francophile Robert "Louis" Stevenson. C'est que l'auteur aime la France et en parle couramment la langue. Avec des amis, il en a déjà traversé les vallées et les fleuves et même tiré quelques livres. Aucun de ses précédents voyages n'a cependant l'ampleur de celui qu'il s'apprête à effectuer. Il entend en effet marcher seul et, s'il le faut, dormir à la belle étoile. La randonnée, cette idée folle de marcher pendant des heures pour l'unique plaisir de marcher, est alors un phénomène assez nouveau. Ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle qu'apparaissent les premiers guides et ce récit de Stevenson serait l'un des premiers ouvrages majeurs à raconter une telle expérience.



"Nu sous un nuage orageux

Qui te surprend chemin faisant

Dans ce printemps pluvieux et chaud

Sur ton GR chemin faisant"*





Ce récit prend la forme d'un journal écrit quotidiennement sur la route. Tous les matins, il s'efforce de noter ce qu'il a vécu la veille. Il a pris la route au Monastier, un minuscule village où les gens s'affairent autour de lui et l'aident à préparer son voyage. On lui propose une ânesse, Modestine, qui deviendra son compagnon tout au long de l'aventure. D'une source de préoccupation, d'abord, quand l'ânesse ne veut pas avancer et que l'Ecossais ne sait pas la diriger, l'ânesse devient rapidement sa meilleure et seule, unique amie.



Le récit commence ainsi, avec cette amitié naissante entre l'homme et l'animal. Un tiers du récit est consacré à Modestine. Avec elle, il va marcher plusieurs jours, se faire surprendre par la pluie, la nuit tombante, sans étoile. Il va trouver gîte dans un monastère, il va apprendre à s'orienter de nuit, à s'orienter de jour. A trouver refuge dans les abris les plus improbables. Ainsi, perdu au milieu de nulle part décide-t-il de s'installer pour la nuit :



" Je n'avais pas souvent éprouvé plus sereine possession de moi-même, ni senti plus d'indépendance à l'endroit des contingences matérielles. le monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieusement habitable. Chaque nuit, un lit y est préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes."



Superbe moment de littérature que ces pages nocturnes où Stevenson le fragile, le chétif, le tuberculeux, qui était à deux doigts de mourir dès qu'il franchissait la porte de sa chambre édimbourgeoise, Stevenson, l'auteur de romans d'aventures qui a passé sa jeunesse enfermé chez lui, passe une nuit dehors, découvre une autre vie, un autre lui. Il n'en moufte mot, bien sûr. Impossible de lire la moindre faiblesse dans les lignes qu'il écrit au matin. Stevenson fait figure d'aventurier exemplaire, toujours heureux de ses mésaventures, heureux de connaître autre chose, autre identité, autre chemin. Il n'a pour réponse aux quelques déconvenues qu'il rencontre qu'un simple verre de brandy et un peu d'amour.



"Vaï Vaï Vaï Vaï", dit la chose, que sais-tu du sentier

Faut faire semblant d'être un autre, seule façon d'exister"





La préface de Francis Lacassin nous permet d'apprendre d'autres détails précieux, que Stevenson se garde bien, lui, de dévoiler. On peut se demander pourquoi diable quitter son Ecosse pour quelques mauvaises terres françaises, même par passion pure pour la marche ? Lacassin, aidé par une correspondance désormais connue de Stevenson en donne la réponse : par dépit amoureux. Bien sûr. Son aimée est partie aux Etats Unis pour divorcer de son riche mari américain. Stevenson ne peut l'accompagner et s'inquiète de l'issue de ce voyage. Et donc, voyez-vous, c'est pour fuir son monde connu, qu'il décide de partir au loin. Ses lettres en attestent : il ne cessa durant tout son voyage de penser à elle. Il lui dédie chaque ligne et lui fait même certaines dédicaces à peine voilées ici ou là.

Je suis de ceux qui trouvent ça sublime : la femme au loin, partie régler ses comptes, et Stevenson, seul avec son corps de rien, s'enterrant dans les profondeurs de la France.



"Un homme seul fête l'automne

Le poids de l'âme fait le coeur lourd

La nuit nous tient en ciel d'orage"*





Lisez donc ce livre et vous aurez une sympathie infinie pour lui. Peu importe la destination et le voyage, finalement, c'est le coeur de Stevenson qui est le sujet de cet ouvrage. C'est sa sensibilité que l'on aime, pas de vulgaires descriptions de paysages, dont Stevenson se rend de toute façon rarement coupable.



On apprend, en lisant sa biographie, que Stevenson est mort à quarante quatre ans à Samoa. Pour avoir été avec eux quotidiennement pendant les dernières années de sa vie et pour leur avoir raconté tant d'histoires, les Samoans ont veillé sur son corps une nuit durant, ont porté son cercueil face à la mer et sur son tombeau inscrit cette épitaphe écrite par Stevenson lui-même :



Under the wide and starry sky,

Dig the grave and let me lie.

Glad did I live and gladly die,

And I laid me down with a will.

This be the verse you grave for me:

Here he lies where he longed to be;

Home is the sailor, home from sea,

And the hunter home from the hill.





*Les citations marquées d'une étoile sont de la plume de Jean-Louis Murat. Impossible de ne pas associer les deux hommes et leurs oeuvres respectives :



"Miss popeline, mazette, mais moi j'existe aussi

Au bout de combien de rêves changerait-on de vie ?"*



L'album Toboggan fait ainsi figure de compagnon idéal à cette lecture.
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Le Mort Vivant

Quand j'ai vu le titre : Le mort vivant, mon imagination s'est mise en route mais rien à voir avec The walking dead, une histoire de vaudou ou autre, pas de fantastique, pas d'horreur.

Le début avec une histoire de tontine m'a laissée plutôt sceptique. Mais de suite après grâce à un malencontreux accident de train, nous nous retrouvons confronté à un mort qui n'est pas celui que l'on croit. Cadavre qui apparaît et disparaît au nez et à la barbe des héritiers potentiels qui se retrouvent fort embarrassés.

Par inadvertance, je me suis plongée dans un vaudeville fort amusant, bien écrit, plein de rebondissements. Une excellente lecture pour se détendre.



Lu dans le cadre du Challenge Solidaire 2019.
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L'Île au trésor

L'île aux trésors fait partie de ces livres peuplant mon enfance, et que je ne me souvenais plus si j'avais lu, ou juste parcouru, ou alors lu une version simplifiée... ou même encore juste connu les personnages par une adaptation dessin animée ou film.



Une lecture s'imposait donc, ne serait-ce également que pour redécouvrir le phénomène Stevenson. Un auteur sans doute sous-évalué alors qu'il est l'auteur de deux classiques de genre, l'histoire du Docteur Jekyll et de Mister Hyde, classique du fantastique s'il en est, et cette Ile aux trésors qui fixe dans la littérature l'imaginaire du pirate pour des millions de lecteurs. D'autres grands l'avaient précédé pour évoquer les bandits des mers (Defoe, Melville, Verne) mais il reste malgré tout sans doute celui qu'on cite le plus volontiers en exemple.



Qu'est-ce qui fait de ce livre un classique ? Le héros enfant l'a sans doute fait adopter par la jeunesse, qui sait construire les réputations (regardez Harry Potter). L'ouvrage, tout en étant pas du tout simpliste, car le style est assez recherché, va droit au but dans l'action et l'aventure. Le format est rapide à lire (190 pages dans mon édition) et ne saurait donc rebuter le lecteur "populaire".



Tout cela a forcément contribué à la grande diffusion de l’œuvre, mais c'est surtout ses qualités d'évocation de personnage haut en couleurs, cette absence de manichéisme qui est assez moderne pour l'époque, avec des personnages tels le célèbre John Silver qu'on aime détester sans pouvoir lui dénier une habilité et une roublardise qu'on finirait même par envier. Bref de réelles qualités d'écrivain démontrées par l’œuvre et qui feront que Stevenson a été beaucoup apprécié de ses contemporains (Henry James, Alfred Jarry, André Gide, Marcel Proust furent parmi ses admirateurs). Cela donne forcément envie, après avoir lu les deux œuvres connues, d'aller découvrir le reste, car la lumière mise sur des titres phares laisse parfois dans l'ombre des pépites... à aller découvrir tel l'or de Flint dans les caches de l'Ile au trésor.
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L'Île au trésor

Je pense sincèrement que « L'ile au trésor » est vraiment la quintessence dans la catégorie livre d'aventures. En effet, tous les ingrédients sont réunis pour notre plus grand plaisir :

Un jeune héros dégourdi, c'est-à-dire Jim Hawkins, une bande de pirates dont le plus brillant représentant est évidemment le terrible et charismatique Long John Silver, une ile tout ce qu'il y a de mystérieuse et bien sur un trésor…. On assaisonne tout cela avec un voyage sur un magnifique vaisseau nommé l'Hispaniola, un naufragé nommé Ben Gunn, et un perroquet appelé Flint qui n'a pas la langue dans sa poche.

Pendant cette lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à deux livres qui ont bercé mon enfance : L'ile mystérieuse de Jules Verne et aussi le trésor de Rackam le Rouge qui emmène lui aussi Tintin et ses compagnons à la recherche d'une ile au trésor…

Ce qui est bizarre, c'est que pendant toute la lecture de ce livre, j'ai réalisé que je connaissais relativement bien l'histoire. Je suis cependant absolument incapable de dire par quel biais, si c'était par une série, un film ou la lecture de cette oeuvre de Stevenson…Ma mémoire serait-elle en train de devenir défaillante ?



Nous étions quinze sur le coffre du mort… Yo-ho-ho ! Et une bouteille de rhum !







Challenge A travers l'Histoire 2021

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L'ILE AU TRESOR

Au début de l'histoire, le vieux flibustier arrive a l'auberge avec

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