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Critiques de Roland Barthes (184)
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La Chambre claire

Ma première lecture de la Chambre Claire de Roland Barthes date d'il y a maintenant plus de dix ans, lors de mes études d'Art Appliqué, et j'en gardais un souvenir flou. Rien de tel alors qu'un audiobook de qualité pour redécouvrir cet essai fondateur sur la nature de la photographie et la manière dont elle peut être envisagée en tant que medium de l'image mais également en tant que forme d'art spécifique, porteuse de sens intrinsèque.

Un grand merci à Babelio et Audiolib qui m'ont donné l'occasion de redécouvrir ce texte lors d'une opération Masse Critique. La Chambre Clair nous propose les réflexions de Roland Barthes sur le sujet de la photographie, et le livre audio se prête merveilleusement bien au sujet tant la lecture calme et posée de Daniel Mesguich m'a donné l'impression d'être projetée dans son salon aux côtés du sémiologue, confidente à laquelle il ferait part de ses méditations sur le sujet au fur et à mesure d'elles lui viennent, qu'il explore une piste de réflexion ou une autre.

Car si c'est un ouvrage fondateur de la pensée sémiotique autour de la photographie, la Chambre Clair est aussi un essai très personnel, puisque n'étant pas photographe, Barthes choisi de baser sa réflexion sur les photos qui lui plaisent ou le marquent en tant que spectateur, d'en interroger le comment, le pourquoi… Et parmi celle-ci une photo noire et blanc de sa mère, prise au Jardin d'Hivers quand elle était enfant, photo qui pour lui plus que toute autre le touche, saisit l'essence de la femme qu'elle était ou serait. Cette photo revient donc souvent au fil de l'essai, analysée sous plusieurs angles, qui permettent à Barthes d'isoler progressivement des noèmes que la photographie encapsule inévitablement.

Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de me demander à quel point sa pensée aurait été différente aujourd'hui, où le noème « Cela a été » qu'il déclare intrinsèque à la photographie a été rendu caduc par la photographie numérique et l'existence de photoshop. Cette certitude que l'on pouvait éprouver il y a même vingt ans devant un cliché argentique n'est plus une évidence, et toutes les réflexions qui en découlent sont donc rendues plus ou moins caduques… Sujet de méditation intéressant.

Néanmoins La Chambre Clair reste une lecture (ou une écoute) passionnante (ainsi que certes un peu exigeante), et une source de sujets de réflexions inévitable pour quiconque s'intéresse à la photographie ou à l'image…. Et je ne peux que recommander l'aventure en audio, qui donne au texte une toute autre dimension.

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Fragments d'un discours amoureux

Un grand fracas, ma petite fille Céleste 3 ans vient de pulvériser sa poupée qui parle et quelle adore, des fragments de son plus cher désir de Noël jonche le sol. Je suis là auprès d'elle avec mon Roland Barthes à la main, mais qu'est ce qui se passe , tu l'adores, tu la réclames, tu y penses si souvent pour jouer.

« Tu ne comprends rien papou je ne l'aime plus, Juliette m'a montré la sienne elle est géniale » !

Je plonge dans les Fragments d'un Discours Amoureux : "JE T’AIME est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules." C'est tout elle, pas d'explications possibles je ne comprends rien !

Est- elle jalouse ? De sa petite sœur qui a 8 mois sans aucun doute, mais soyons sérieux je ne vais pas, un bouquin de philo, à 3 ans ?

Je replonge dans les Fragments d'un Discours Amoureux, " la jalousie naît d'une crainte" celle de ne pas posséder, de devoir partager avec Juliette cette poupée mais comment l'obtenir et pouvoir goûter ce plaisir de la posséder ?

Céleste est perplexe, elle cherche à me convaincre d'en racheter une autre, celle de Juliette est si belle, tu vois et toi que j'aime ?

Et dans un un élan que seule Céleste est capable « Papou, mon Papou tu pourras me donner la même que Juliette », mais oui, et je m’entends dire « pour ton anif je vais chercher la MêMe », et je range ce bouquin de fou !



Je viens de faire l'expérience de mes dérèglements ! De mes faiblesses aussi , " mon corps est un enfant entêté ».

Il me revient en mémoire les expériences de mes enfants, et je me dis bêtement que tous les parents devraient le lire ce bouquin, comprendre que l'on fait n'importe quoi en amour et surtout pendant l'adolescence.  « Lumineuse expérience de la relativité de soi et de tout ».



Je suis en pleine fragmentation, il me faudrait un peu plus de cohérence et un peu moins de désordres, je vais relire le texte de Roland Barthes et le conseiller ce livre un peu diabolique qui nous reflète avec autant de finesse et nous révèle à nous même avec une telle lucidité.



Au moment de partir Céleste se jette au coucou de Mamie "je t'aime TOI".

« Seule brille, indestructible, la volonté de comblement. ».
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Journal de deuil

Beaucoup de vide dans ces pages, pour peu de mots. Mais quels mots. Il en va de même du deuil de Roland Barthes, qui peine à exprimer son chagrin : le silence règne et les mots manquent. Pourtant, comme il l'écrit lui-même : "Qui sait ? Peut-être un peu d'or dans ces notes ?" Et en effet ce sont des pépites éparses que le lecteur trouvera dans ces carnets.

Barthes cherche à mettre le doigt sur l'essence de son chagrin par petites touches, par fragments, car l'aborder dans une forme de globalité serait proprement impensable.

Quelque chose d'extrêmement émouvant dans la relation fusionnelle de Barthes avec sa mère. Sa mort est un déchirement. Comment vivre après, comment se souvenir, comment exprimer l'inexprimable. Tentatives de réponses et au milieu jaillit souvent la beauté, l'émotion et la littérature.

Et toujours cette recherche autour du langage, compulsive, ce fantasme d'un énoncé neutre, épuré, qui se ferait l'exacte représentation du réel.

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L'Empire des signes

La préciosité du style de Barthes épouse parfaitement l'exotisme suave de l'archipel du soleil levant. Ses phrases farcies de parenthèses me bercent de leur clapotis. Exemptes de tout pittoresque, ses réflexions me font voyager – exquis voyage imaginaire ! Mais ce n'est pas tout, c'est de la philosophie.



« La langue inconnue, dont je saisis pourtant la respiration, l'aération émotive, en un mot la pure signifiance, forme autour de moi, au fur et à mesure que je me déplace, un léger vertige, m'entraîne dans son vide artificiel, qui ne s'accomplit que pour moi : je vis dans l'interstice, débarrassé de tout sens plein ».

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Fragments d'un discours amoureux

Barthes nous prévient : C'est un portrait, si l'on veut, qui est proposé ; mais ce portrait n'est pas psychologique ; il est structural : il donne à lire une place de parole : la place de quelqu'un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l'autre (l'objet aimé), qui ne parle pas (p 7). Pourtant le structuralisme est généralement chassé : Structure : ce mot, naguère, faisait grincer des dents : on y voyait le comble de l’abstraction (p 56). L’écriture est fragmentée, ce qui expose le lecteur aux facilités du grappillage, et a pu contribuer au succès public de l’ouvrage. Les 79 fragments ont des titres et des sous-titres, et ce sont les sous-titres qui forment le calligramme de la quatrième de couverture. Les titres sont divers, en diverses langues, parfois opaques (parmi les premiers : Agony, Atopos, Tutti sistemati, Laetitia, Domnei). Le titre Amour est absent mais le plus long titre est le Je-t-aime, traité par exception de façon technique et distanciée : De même que l’amen est à la limite de la langue, sans partie liée avec son système, la dépouillant de son « manteau réactif », de même la profération d’amour (je-t-aime) se tient à la limite de la syntaxe, accueille la tautologie (je-t-aime veut dire je-t-aime), écarte la servilité la phrase (c’est seulement une holophrase) (p 182). Le livre s’achève sur le Non-vouloir-saisir, qui est la fin du discours : Que le Non-vouloir-saisir reste donc irrigué de désir par ce mouvement risqué : je t’aime est dans ma tête, mais je l’emprisonne derrière mes lèvres. Je ne profère pas. Je dis silencieusement à qui n’est plus ou n’est pas encore l’autre : je me retiens de vous aimer (p 277).

Le message dominant est la frustration et le manque : le discours amoureux est aujourd’hui d’une extrême solitude (p 5). Quelquefois, il m’arrive de bien supporter l’absence. Je suis alors « normal » : je m’aligne sur la façon dont « tout le monde » supporte le départ d’une « personne chère » ; j’obéis avec compétence au dressage par lequel on m’a donné très tôt d’habitude d’être séparé de ma mère – ce qui ne laissa pas, pourtant, à l’origine, d’être douloureux (pour ne pas dire : affolant) (p 20). Je suis un mutilé qui continue d’avoir mal à sa jambe amputée (p 49). Une mémoire exténuante empêche de sortir à volonté de l'amour, bref d'y habiter sagement, raisonnablement (p 62). Restent une moisson de pépites, comme dans l’Art d’aimer chez Stendhal, ou plus près de nous dans la Critique du jugement chez Quignard : 

Son corps était divisé : d'un côté, son corps propre – sa peau, ses yeux – tendre, chaleureux, et, de l'autre, sa voix, brève, retenue, sujette à des accès d’éloignement, sa voix, qui ne donnait pas ce que son corps donnait (p 85).

Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. C'est comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir (p 87).

C'est, au départ, pour l'autre que je discours sur la relation ; mais ce peut-être aussi devant le confident : de tu, je passe à il. Et puis de il, je passe à on : j'élabore un discours abstrait sur l'amour, une philosophie de la chose, qui ne serait donc, en somme, qu'un baratin généralisé (p 88)

Hors l’accouplement (au diable, alors, l'Imaginaire), il y a cette autre étreinte, qui est un enlacement immobile : nous sommes enchantés, ensorcelés. Nous sommes dans le sommeil, sans dormir ; nous sommes dans la volupté enfantine de l'endormissement : c'est le moment des histoires racontées, le moment de la voix, qui vient me fixer, me sidérer, c'est le retour à la mère (p 121).

L’amitié mondaine est épidémique : tout le monde s’attrape, comme une maladie (p 165).

Renversement historique : ce n'est plus le sexuel qui est indécent, c'est le sentimental - censuré au nom de ce qui n’est, au fond, qu'une autre morale (p 209).

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Sur Racine

Il faut voir cette vidéo

http://www.dailymotion.com/video/xr2wtr_1ere-interview-video-en-france-de-rene-pommier_news

puis lire ce que mon ami René Pommier dit de ce Barthes sur Racine.

http://www.babelio.com/livres/Pommier-roland-barthes-ras-le-bol-/823193

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Fragments d'un discours amoureux

Abécédaire de réflexions socio-sémantico-psycho-philosophiques sur l’Amour. On y découvre toute l’Universalité de la chose. On y sort de la solitude de sa détresse ou de ses passions. On y apprend, utilement, à « renoncer à vouloir saisir » l’Autre.
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Le plaisir du texte

Un reflexion sur la sensualité et la sexualité d'un texte. Qu'est ce que lire, écrire? Quel plaisir cela procure-t-il? Et ce plaisir est il le même pour tous? Pour l'écrivain, pour le lecteur? Un texte court mais pertinent, un regard inusité sur ce qui nous à amène à aimer les mots.
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Écrits sur le théâtre

Ces Ecrits de Roland Barthes sur le théâtre sont forcément ancrés dans leur époque (des années 1950 au début des années 1970). Il y est question d'une vie théâtrale très peu provinciale (seul Roger Planchon tire son épingle du jeu à Villeurbanne.) Il y a eu depuis la décentralisation théâtrale, mais le déséquilibre avec la capitale est encore étourdissant... Il y est question du renouveau brechtien et du Théâtre National Populaire de Jean Vilar, alors qu'il y a eu depuis Grotowski et son théâtre pauvre, qu'il y a eu une profonde mutation des approches de la scène avec les apports des plasticiens, des chorégraphes et des performeurs. Mais cela n'enlève en rien la richesse d'analyse de Barthes lorsqu'il parle des spectacles du Berliner Ensemble ("Mère Courage" ou "Le cercle de craie caucasien"), lorsqu'il fustige le conservatisme de la critique et de l'élite parisienne. Et j'avoue m'être particulièrement réjoui d'entendre Barthes descendre avec une douce ironie les bêtises et les inepties de ce que nous n'appelons plus la bourgeoisie (car elle ne veut plus que nous la nommions ainsi pour mieux défendre son occupation des pouvoirs). C'est pourtant un théâtre bourgeois qui tient le haut du pavé aujourd'hui en France. Qu'est devenu le TNP? Existe-t-il un théâtre populaire et novateur? Encore une fois, il faut chercher hors de nos frontières. Après Brecht, après Grotowski, Rodrigo Garcia? Castelucci? Jan Fabre? Ostermeier?
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Mythologies

C'est dans cette oeuvre que j'ai découvert mon mot : "posture". Je l'ai trouvé dans 4 articles ;

- L'acteur d'Harcourt (mythe de la beauté, de l'éternelle jeunesse, idéalisation, objet romanesque et illusion),

- L'écrivain en vacances (statut privilégié, gens de lettre, nature sacralisée),

- Le pauvre et le prolétaire ("Les temps modernes" de Charlie Chaplin, représentation politique prolétaire contre patron, aliénation par le travail),

- "Nautilus" et "Bateau ivre"

Et son contraire "imposture", je l'ai trouvé à deux reprises :

- La grande famille des hommes (grande expo photos, identités, diversités physiques et culturelles, nature humaine universelle, Dieu).

Pour moi, le mot "posture" évoque la conscience, la résistance et en même temps la fragilité. Ce mot a une épaisseur. Mais cette épaisseur est limitée.

En conclusion, la mythologie est un système de valeurs dans un langage collectif. Le mythe a un sens. C'est un symbole. Il est une forme qui peut se déformer d'où l'imposture. Le mythe est instrumentalisé par la petite bourgeoisie. Mais pas seulement : publicitaires, journalistes, politiques.

Cet essai a été écrit au milieu des années 50 en pleine décolonisation et 12 ans environ avant mai 68. C'est une oeuvre qui me parle.
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Littérature et réalité

Cet essai est un recueil d'articles écrits entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1970. Il traite de la question du réalisme en littérature. L'article de Ian Watt qui introduit cet ensemble rend compte des analogies entre réalisme philosophique et réalisme littéraire. Ce changement de perception est apparu à la Renaissance avec la remise en cause des conventions issues de la pensée grecque puis de l'ordre médiéval.

Par contre, cela se complique avec l'article de Léo Bersani intitulé: "Le réalisme et la peur du désir." Dès qu'il s'aventure dans des considérations psychanalytiques, tout s'embrouille. Exemple page 55: "Ce qui distingue les analyses freudiennes, c'est qu'elles proposent une histoire de la structure du sujet dont l'un des stades est la solidification des structures de la personnalité (qui sont la sublimation post-œdipienne de pulsions pré-œdipiennes)." Mais si l'on fait l'impasse sur ces passages fumeux, l"analyse de Bersani est riche d'enseignements. Il nous rappelle que "les grands romanciers du XIXe siècle dénoncent dans leur société une sorte de communauté inauthentique du désir. L'harmonie sociale ne s'étend pas plus loin que l'imitation du désir des autres; on a besoin des autres pour savoir ce qui est désirable, et en même temps il faut éliminer les autres pour posséder les objets qu'ils ont désignés à nos appétits parasites."

Enfin, l'article de Roland Barthes, "L'effet de réel", traite de la place des éléments en apparence insignifiants dans les textes littéraires réalistes, des sortes de détails inutiles qui n'étaient pas présents dans la culture classique, où le réel ne pouvait en rien contaminer le vraisemblable. Ce détail ne font rien que signifier le réel, ils nous disent: "nous sommes le réel".
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Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux es..

Dans cet essai Roland Barthes nous propose une analyse presque scientifique de l'écriture. Il étudie entre autre l'impact de l'Histoire sur celle-ci, l'importance et l'indépendance du style qui se construit sur le vécu de l'écrivain, l'emploi du passé simple et de la troisième personne du singulier dans le roman ...



Les nombreux exemples que propose Barthes pour illustrer son propos (la littérature Marxiste, Agatha Christie, Balzac ...) éclairent le texte et la dense réflexion qui l'habite. En effet, il convient de s'atteler à cet essai avec suffisamment de disponibilité d'esprit pour pouvoir en saisir toute l'essence. D'ailleurs, je pense honnêtement ne pas avoir tout saisi malgré mes nombreux griffonnages et prises de notes au hasard des marges au cours de ma lecture.



J'ai particulièrement apprécié le mépris de Barthes pour la métaphore que je qualifierais de "commerciale" au cours de la diatribe qu'il adresse au naturalisme ainsi que la nécessité d’appréhender le langage réel dans la littérature afin de rendre l'acte littéraire plus humain. Aussi, l'analyse de L'île mystérieuse de Jules Verne vers la fin de l'ouvrage m'a quelque peu enthousiasmée surtout que je viens de finir Vendredi ou les limbes du pacifique qui reprend les mêmes traits aventuriers. J'ai ainsi pu prolonger agréablement cette lecture.



Par ailleurs, dans les nouveaux essais critiques Barthes propose des analyses très intéressantes des Maximes de La Rochefoucault ou des œuvres de Proust ou Flaubert, Il n'est finalement pas si difficile de se confronter à ces pensées si on ne connait pas ces œuvres, ça a été le cas pour La vie de Rancé de Chateaubriand que je ne connaissais pas et dont j'ai trouvé l'analyse fort éminente.



J'ai retrouvé dans cette relecture le même plaisir que j'avais eu la première fois à m'y confronter. J'aime ce regard technique que propose Barthes sur l'écriture et ce qui la constitue. Il la fait exister, il en analyse les procédés, il la rend vivante ; pour moi, ce fut une très belle redécouverte et - finalement - la réminiscence de très bons souvenirs estudiantins.



Challenge "XXème siècle"
Lien : http://www.adeuxlignes.fr/?p..
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L'Empire des signes

Le 24 novembre 2015, conférence sur le sujet, à la Maison de la Culture du Japon à Paris : http://www.mcjp.fr/francais/conferences/l-empire-des-signes-de-roland-barthes-le-temps-d-un-recadrage/l-empire-des-signes-de-roland-barthes-le-temps-d-un-recadrage
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Écrits sur le théâtre

Forcément ce livre est daté. Nous ne pouvons pas voir les pièces de théâtre tel que Roland Barthes les a vues. Nous ne sommes pas de la même époque.

Toutefois en remplaçant l’expression « théâtre bourgeois » par divertissement, on obtient des textes très actuels, grinçant et qui sont applicables pas uniquement au théâtre mais à toutes les formes d’art.

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La Préparation du roman I et II : Cours et sémi..

Peser les conditions techniques et matérielles de l’accès à la production de l’Œuvre. Passionnant.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/06/10/note-de-lecture-la-preparation-du-roman-i-et-ii-roland-barthes/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Le plaisir du texte

Que jouissons-nous du texte ? Cette question ,il faut la poser ,ne serait-ce que pour une raison tactique :il faut affirmer le plaisir du texte contre les indifférences de la science et le puritanisme de l 'analyse idéologique ;il faut affirmer la jouissance du texte contre l 'aplatissement de la littérature à son simple agrément .

Comment poser cette question ? IL se trouve que le propre de la jouissance ,c 'est de ne pouvoir être dite .IL a donc fallu s ' en remettre à une succession inordonnée

de fragments : facettes ,touches , bulles , phylactères d 'un dessin invisible :simple mise en scène de la question , rejeton hors-science de l 'analyse textuelle .

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Fragments d'un discours amoureux

Omon-mi (mon enfant) d’Ousmane Aledji: l'humanisme peut-il être l'apanage d'une culture?



Le nom Ousmane Aledji sonne au Bénin, particulièrement théâtre. Le doute est levé tout de suite, car, acteurs de la chose littéraire, dramaturges, spectateurs, téléspectateurs et auditeurs reçoivent ce nom comme un nom de la même famille que le théâtre. Son ascension récente à la tête de la structure faîtière du théâtre béninois (FITHEB) en est une grande illustration. Mais depuis 2002 où il a servi Cadavre mon bel amant aux éditions NDZE, le silence au niveau de ses publications est resté plus qu’assourdissant. Un silence mal ruminé par ses lecteurs qui peuvent désormais se réjouir de Omon-mi (Mon enfant), co-édité par les éditions Plumes Soleil et Artistik Editions. De quoi est-il question ?



Omon-mi (Mon enfant) restera une pièce de théâtre unique. Les théâtrologues classeront difficilement la pièce dans une catégorie précise. Toujours est-il que cette pièce de 100 pages sort des sentiers battus et bat en brèche plusieurs règles du théâtre, à commencer par celle des trois unités, action, temps et lieu.

L’ACTION

La pièce raconte une histoire prise en elle-même pour banale notamment dans certaines contrées africaines. Un enfant qui naît enroulé dans du placenta. Sacrilège. Sacrilège pour une tradition puriste respectueuse des lois de la nature qui n’accepte aucun enfant qui ne sort des entrailles de sa mère indemne, la tête en premier. Sacrilège pour une tradition fidèle à ses principes, rejetant toutes modifications, toute autre manière de venir au monde considérée tout de suite comme une anomalie. Sacrilège donc qui mérite une punition adéquate. Le refus d’existence. La mise à mort. Arraché donc à sa mère pour ce crime d’anomalie de sortie, l’enfant sera condamné à être enterré vivant par des adultes commis à la tâche. Malgré la crise de conscience de l’un d’entre eux, les protestations de la mère rebelle pour avoir déjà mal ingurgité le malheureux et mortel sort qu’on a fait subir à son autre enfant Albinos, le Dah, chef de la communauté et ses conseillers n’ont pris autre décision que celle indiquée par la coutume, même au détriment de l’une des pratiques de cette dernière qui aurait permis de consulter l’avis des ancêtres. Une folie maternelle logique coiffe tout.



LE TEMPS

Même si l’on pourrait difficilement rejeter les vingt-quatre heures d’action, le temps dans cette pièce n’est pas linéaire. Il suit un rythme anachronique, fonctionnant comme un récit en analeps. La scène s’ouvre sur un environnement nocturne, remonte aux actions de la journée, la naissance, le baptême, le conseil des sages, l’enlèvement, l’horrible inhumation, pour revenir à la même nuit et indiquer le cynisme de ces thaumaturges qui se saoulent après avoir commis l’innommable. En dents de scie donc, le temps de cette pièce reste bien collé à son temps historique, celle d’un monde qui malgré son ouverture sur la modernité reste bien attachée à des pratiques qui s’endurcissent, et persistent. Mais la concentration du temps aussi en vingt-quatre heures, cette accumulation en un temps si réduit pourrait traduire cet enfer, cet engrenage que la tradition fait subir aux parents qui ont le malheur de voir leurs enfants naître avec des normes autres que celles dictées par la société ; comme si les parents pouvaient décider de la manière dont leurs enfants allait naître. Ce temps d’enfer est comparable à La parenthèse de sang évoquée par le célèbre dramaturge Sony labouTansy.



LE LIEU

Les lieux de la pièce sont loin de respecter la règle de l’unité. Le dramaturge lui-même précise les divers lieux. De la forêt où l’enfant a été enterré à la boite Nelson bar, l’espace dans cette pièce est bien ouvert et multiple. A la naissance, l’enfant a reçu un baptême conséquent chez ses parents qui ont reçu des visites. Il a été ensuite volé donc a pu quitter chez ses parents pour être transporté par ses ravisseurs dans la forêt. Il a ensuite quitté l’espace terrestre pour celui souterrain, puisqu’il a subi une inhumation indescriptible. Mais avant tout ceci, il a fallu que le Conseil siège pour décider de son sort. Ainsi, si le temps peut être comparé à un engrenage, il n’en est pas de même pour le lieu, ouvert pour des mouvements multiples. Mais toujours est-il que ces mouvements, loin d’être à l’avantage du personnage principal qu’est la mère et de son enfant, sont à leurs dépens.

L’action, le temps et le lieu forment donc un cercle tragique comme celui des tropiques d’Aliound’Alioum Fantouré pour mieux assommer, pas politiquement mais socialement l’individu.

Mais on prendrait mal la pièce si, avec le temps, l’action et le lieu on déduit sans autres formes de procès qu’Ousmane Alédji reste dans la même logique que Florent Couao-Zotti par exemple dans la nouvelle parue dans le recueil Poulet bicyclette et cie et intitulée « L’enfant sorcier », où le nouvelliste sauve l’enfant des griffes de ses bourreaux, traitant la pratique de barbares. Ce serait mal lire la pièce d’Alédji. En réalité, le dramaturge sort de ce sentier battu et propose à ces lecteurs une autre approche de ces critiques occidentales toutes formulées dans le seul but d’indexer la seule Afrique comme couvant des pratiques barbares. L’horreur indexé est-il uniquement imputable à une seule région du monde ?



OMON-MI, UNE PIECE A THESE

La rébellion de la mère et sa folie sont loin d’orienter le lecteur vers une position dénonciatrice des pratiques ritualistes. En réalité, le lecteur est progressivement orienté sur une analyse de la situation autre qu’une condamnation béate. On sait que l’une des raisons évoquées par le colon pour envahir le continent africain dans le but unique de s’emparer de ses richesses est l’évocation de ces pratiques qui le confondent aux grands singes de la forêt équatoriale. Claude Lévis Strauss, Gobineau… dans leurs rapports de voyage peignaient le Noir en noir. Il fallait insister sur la barbarie pour montrer la nécessité de nous leur apporter la Lumière, prétexte à une colonisation sauvage. Est donc barbare, toute pratique culturelle venant de ces gens noirs, si noir que l’on pourrait se demander si Dieu si bon peut mettre une âme dans un corps si noir (Montesquieu). Les premiers écrivains africains tel que Paul Hazoumè à travers Le pacte de sang ont donc servi de relai à ces théories colonialistes qui confortent la domination coloniale. Même jusqu’à ce jour, il est clair dans l’entendement humain, que quand on évoque la barbarie, l’on pense d’abord au continent africain. En témoigne plusieurs ouvrages et films condamnant l’Afrique.

Mais Alédji ici, prend tout le monde à court. Loin de se contenter de condamner le fait, il ouvre ferme sa pièce sur une série de questionnements. Le lecteur est promené un peu partout dans presque toutes les grandes capitales du monde où des pratiques identiques ou pires sont monnaie courante.

« Dans les hôpitaux d’Acapulco, de New York, d’Abidjan, de Londres ou de Paris les mieux équipés du monde, on se débarrasse des enfants sorciers, par centaines.

Dans certaines régions de la Chine, les fœtus féminins sont traités comme des ennemis de la République. Ailleurs, des laboratoires souterrains se battent autour des cellules souches pour cloner 42 fœtus en une heure. » p. 91-92.

Sous d’autres noms plus civilisés donc, les mêmes pratiques se déroulent, officiellement avec une législation appropriée. Mais pourquoi accepter et financer les avortements, pourquoi autoriser l’euthanasie, pourquoi cloner des fœtus et s’en prendre dans le même temps aux africains qui sélectionnent leurs nouveaux nés ?Même si Aledji n’approuve aucune des pratiques, il s’interroge quand même sur le droit qu’ont les uns de s’en prendre aux autres alors que dans le même temps ilsont les mêmes cultures meurtrières ?

On comprend ainsi aisément cette série de questions posée par l’auteur :

« Faut-il au nom d’un humanisme bienveillant, de la correction, de la morale et de l’éthique, laisser naître et grandir un enfant que l’on sait différent, déficient handicapé ?

Nous sommes-nous entendus sur des exécutions excusables d’enfants ?

L’humain a-t-il le droit de s’arroger le pouvoir de vie de mort sur son semblable ?

Y a-t-il une culture plus humaine, plus humaniste, plus civilisatrice qu’une autre ? » p. 91

Cette série de questions déterminent la neutralité que voudrait afficher Aledji, une neutralité en réalité convertible en thèse respectueuse des pratiques de chaque culture.



UNE ECRITURE INNOVANTE

Cette sortie des sentiers battus ne se limite pas uniquement à la thématique. L’écriture restera aussi innovante avec un découpage en 14 scènes sans actes. Le lecteur découvre aussi des répliques ordinaires similaires à celles que l’on pourrait découvrir dans un récit romanesque. Une attribution de parole dans un dialogue théâtrale extraordinaire où le ne voit pas écrire le nom des personnages mais où l’on découvre juste des tirets de dialogue. L’on note aussi la présence de personnages comme Le narrateur qui raconte effectivement les faits et la présence de scènes avec pour seul contenu une didascalie.L’on pourrait cependant déplorer la présence abondante de didascalies surtout au niveau des débuts de scènes. Un constat qui s’éloigne du nouveau théâtre qui se veut respectueux du metteur en scène, libre dans ses retouches et orientations de la pièce.



Au total, Aledji renoue avec les publications, avec une grande innovation et enchante la dramaturgie béninoise avec une orientation pertinente d’un sujet sociologiquement capital : omon (enfant).



Anicet Fyoton MEGNIGBETO
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Sur Racine

Un viatique pour toute lecture un peu contemporaine du grand Racine- qui ne se comprend pas seulement en lisant le très sérieux "Dieu caché" de Goldmann.



On a le droit de toucher aux classiques , et pas seulement parce que C'EST BARTHES.



Le langage a, depuis le XVIIème siècle, trouvé d'autres clés que celle de l'étude des tropes, de la versification ou de l'histoire littéraire. Ainsi, il faut relire Phèdre ou le revoir sur scène après avoir relu la magistrale analyse des trois aveux qui précipitent Phèdre dans la faute en la sortant du mutisme et la jetant dans le langage qui, en nommant la faute, la crée...



Je trouve aussi qu'il y a dans ce petit livre passionnant et remarquablement écrit une vraie compréhension du monde grec, de son soleil implacable et de sa proximité originelle avec les dieux..



Je le reprends, et en relis souvent des passages: la horde, les pères et les fils, Phèdre...Pas une ride, à mon avis, et même si c'est un parti pris, il est assez brillant et convaincant pour se laisser séduire...C'est loin d'être le cas de la plupart des essais littéraires,souvent réservés aux seuls initiés, pompeux et...pompants!
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Mythologies

Toujours un délice, à lire et à relire...



Barthes s'est amusé à decrypter ,dans nos modes de vie contemporains, ce qui relève de l'actuel , donc du transitoire, de l'éphémère - et ce qui s'apparente à une conceptualisation de l'éternel humain...



Ainsi les Romains du cinéma américain, s'ils transpirent à grosses gouttes sous leur cuirasse dorée et leur jupette à plis, c'est leur "cogito ergo sum" : oui, ils PENSENT...et le peplum souligne par la sudation excessive cet effort cérébral inusité...



On se prend à rêver d' une réactualisation de ces mythologies, le beau Roland n'étant plus là- écrasé par un bus parisien devant le Balzaar dont il sortait à l'étourdie- il aurait sûrement interrogé la sémiologie du jean stone washed ou du cuir destroy, de l'insupportable téléphone portable, de la liseuse mangeuse de livres, des réseaux sociaux devenus organes vitaux, Facebook, Tweeter ou...Babelio..



Je propose d'ouvrir ici - dans les commentaires, si le coeur vous en dit- une remise à jour de ce passionnant décodeur de nos petites manies et grandes psychoses collectives...



Chiche? A vous/ nous de jouer!!
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L'Empire des signes

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