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Critiques de Roland Barthes (184)
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Journal de deuil

Un beau livre sur le deuil, la mort, la solitude et le sentiment d’être abandonné face à soi. Belle entrée en matière avec ce grand Monsieur
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L'Empire des signes

J’ai dévoré ce livre très accessible et facile à lire avec des photos, des dessins, des chapitres courts dédiés à un élément. Je n’ai pas tout compris dans sa finesse n’étant Pas une fine connaisseuse de Barthes mais on se laisse conduire par ses mots, ses pensées d’une intelligence, d’une finesse, d’une pertinence et d’un décalage impressionnants. Une mise à distance comme une mise en abîme de nos croyances pour mieux aller vers la culture orientale.... il nous amène à nous questionner... et tout cela dans un livre poétique et doux. on en sortirait presque en se sentant plus intelligent....
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Leçon

Le texte de la leçon inaugurale donnée par Barthes au collège de France, en janvier 1977. Un texte magistral pour comprendre le pouvoir de la langue, le pouvoir de toute langue. C'est dense, mais c'est profond, essentiel et — plus que jamais — actuel. Un texte très politique. Voyez la citation.
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Journal de deuil

J'ai été déçu.

Fallait-il publier ce livre ? Je peux comprendre que tout ce que Barthes a écrit puisse intéresser, mais là ce ne sont que des fragments, des mots posés sur un cahier. C'est insuffisant pour moi.
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La Chambre claire : Note sur la photographie

J'en suis à ma quatrième relecture de cet essai fondateur dans l'analyse de l'image photographique et chaque lecture me donne une vision nouvelle, intimiste autant qu'analytique de la prise de vue et de l'impact d'une image saisie, composée, posée.

En cette période de recouvrement d'images, des réseaux sociaux, des philtres, des selfies et de la mise en scène de soi (du moins de ce que l'on croit être soi) il me semble essentiel de relire Roland Barthes pour bien comprendre que " la photographie c'est l'avènement de moi-même comme autre : une dissociation retorse de la conscience d'identité".

J'ai eu beaucoup d'émotions en lisant les passages évoquant sa mère me rappelant la lecture du "Journal d'un deuil".
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Fragments d'un discours amoureux

Pour ceux qui ne connaissent pas ce livre, il s’agit d’un ouvrage « à ambiance », à visée heuristique : le but de Barthes était d’écrire un « De l’amour », de capter le sentiment amoureux, de le définir le plus précisément et le plus justement possible. Seulement, ce qui a jusqu’ici été effectué dans cette optique, fut de passer par le rationnel (des définitions, etc) pour capter l’émotion, et bien entendu ça ne marche pas. Barthes a eu l’idée géniale de passer plutôt par l’émotion pour saisir l’émotion ; et ainsi naquit "Fragments d’un discours amoureux" : un recueil organisé et expliqué de citations d’œuvre littéraires sur l’amour, par thématiques (« Absence »/ « Corps » / etc). Ce qui peut être déroutant au début, c’est que ce livre est organisé par ordre alphabétique, comme un dictionnaire : on peut avoir l’impression d’un livre assez rigide, peu propice à l’étalement de sentiments amoureux… Mais l’introduction explique bien la démarche et l’organisation du livre, puis on se laisse porter : je l’ai trouvé très agréable à lire et/ou à feuilleter !



Mais ce sur quoi je voulais insister plus particulièrement, c’est qu’il s’agit d’un livre à lire quand on est amoureux je pense : c’est à ce moment qu’on m’a re-conseillé de le lire, et cette fois ça a marché, j’ai réussi à me plonger dans l’esprit du livre ! A part pour la beauté en soi des citations, je ne vois aucun intérêt à lire "Fragments d’un discours amoureux" si ce n’est pas dans le cadre d’une introspection, d’une recherche de soi, d’un questionnement sur ses émotions. C’est d’ailleurs un livre que je n’aurais aucun mal à classer dans le développement personnel ! Je trouve qu’il touche très juste, et nous fait prendre conscience de la manière dont la littérature (puisqu’il s’agit exclusivement de citations) peut révéler l’humain ! C’est d’ailleurs à ce sujet que je pourrais adresser le seul reproche à faire à cet ouvrage : les références ne sont vraiment pas claires, j’aurais aimé pouvoir retrouver les livres dont les citations sont issues, mais ce n’est pas toujours évident… C’est bizarre tout de même, peut-être un problème d’édition…



Mais enfin, il s’agit d’une très bonne re-découverte ! C’est pour moi un livre que tout le monde devrait avoir dans sa bibliothèque ! Je vous laisse donc sur la citation du livre qui m’a le plus parlée :



"« Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends. » L’autre, lui, n’attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaye de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais, à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend. "
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La Chambre claire

Ce que j'aime chez Audiolib ce sont les belles voix associées aux textes et l'interview qui les accompagne. Daniel Mesguich lit la dernière oeuvre de Roland Barthes intitulée "La chambre claire" et Benoît Peeters, qui fut son élève et ami, la commente.

Contrairement à ce qu'évoque le sous-titre, "Note sur la photographie", cet essai ne traite pas la photographie d'un point de vue technique. Alors peu importe si la photo est numérique aujourd'hui, ce livre reste d'une grande originalité car il présente les pensées de Roland Barthes qui s'interroge sur ce qu'est la photographie pour lui. Pour cela, il se place du point de vue de celui qui regarde.

Alors que ce livre est une commande, il ressemble à une autobiographie car il nous permet de rentrer dans l'intimité de l'auteur qui évoque le deuil de sa mère à travers les photographies de famille.

Roland Barthes utilise beaucoup de termes latins surtout dans la première partie du livre construit comme un recueil de textes courts à la manière de "Mythologies" mais de façon personnalisée puisqu'il utilise le « Je ». Il nomme le photographe Operator et celui qui regarde le Spectator. Il a créé aussi les termes de Studium et de Punctum.

Barthes choisit d'observer en précisant qu'une photo témoigne de ce qui a été mais aussi de ce qui sera, par exemple les personnes que l'on voit vivantes sur la photo qui sont mortes aujourd'hui. C'est un réel qu'on ne peut plus toucher et en cela il fait le lien entre la photo et la mort.

Barthes parle peu de la photographie d'art même si Robert Mapplethorpe est souvent cité. Alors qu'il la présente comme inclassable, il compare la photographie au théâtre, à la peinture ou au cinéma et la met en avant, « la distingue de la communauté des images ».

Je trouve que les propos de Roland Barthes ne sont pas si simples que ça, ils sont profonds et sa belle écriture sublime une grande sensibilité, en écho au développement dans une chambre noire mais qu'il choisit claire parce que les photographies peuvent apporter la lumière.





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Leçon

Leçon inaugurale des Cours au Collège de France.
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Critique et vérité

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Journal de deuil

Je déconseille à qui voudrait aborder l’œuvre de Barthes d'y entrer par ce livre. Non qu'il soit difficile - c'est certainement le plus limpide de ses textes - mais découvrir Barthes avec le journal de deuil exposerait son lecteur à un ennui profond; il y pleure sa mère dans de brèves notules qui sont autant de points noirs déposés sur des fiches - points noirs sans dimension ni profondeur, petits accès maniaques d'écrivain déprimé par la mort de sa mère et qui s'accroche à l'écriture comme pour ne pas perdre la main: "En écrivant ces notes, je me confie à la banalité qui est en moi" (29 octobre).



"Qui sait? Peut être un peu d'or dans ces notes" (27 octobre). Bien que cette interrogation le suggère, je ne pense pas que Barthes ait jamais songé à publier ce texte - sinon peut-être de façon posthume - sachant que ses papiers seraient déposés à l'IMEC (Institut pour la Mémoire de l'Édition Contemporaine) après sa mort.



Jusqu'à hier, je n'avais jamais prêté attention à ce livre dont j'ignorais tout. Par hasard, il n'attira mon attention sur les rayons d'une bibliothèque que parce j'avais lu de fraîche date "La chambre claire"; que cet essai sur la photographie est aussi une troublante méditation sur la mort.

Ce journal de deuil n'a que cet intérêt là; celui de vous introduire dans une sorte de work in progress, c'est-à-dire la genèse de cette très belle œuvre de Roland Barthes; "La chambre claire". Le journal de Deuil de Roland Barthes est le premier élan d'un projet dont la trace se retrouve dans ces lignes entre crochets: "[Sans doute je serai mal, tant que je n'aurai pas écrit quelque chose à partir d'elle (Photo, ou autre chose).]" (p. 227).
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La Chambre claire : Note sur la photographie

Barthes caractérise l'impression mentale produite par la contemplation d'une photographie en produisant deux concepts très personnels : le studium et le punctum. le premier est la perception la plus immédiate que nous avons de ce qui est représenté et que nous associons à nos propres expériences visuelles ; nous identifions un sujet que nous pouvons nommer avec l'évidence la plus spontanée ; le studium est l'impression première partagée par tous les regardeurs, antérieure à tout jugement esthétique, moral, personnel. le punctum quant à lui pointe un détail qui peut troubler la conscience du regardeur, il est la manifestation d'une relation personnelle du regardeur à la photographie regardée ; beaucoup plus subjectif, le punctum est un point focalisant l'intérêt, ce sera un ou plusieurs détails qui d'ailleurs ne surgissent pas toujours immédiatement à la conscience.



Technique du compte rendu visuel, la photographie est d'abord l'invention d'un chimiste qui a su fixer dans la matière des impressions lumineuses formant la marque d'une analogie avec une portion de l'espace placé devant un objectif. C'est une saisie mécanique d'une portion du monde projetée sur les deux dimensions d'une surface chimique. Sans nier complètement le fait qu'un photographe puisse avoir une intention en cadrant de telle ou telle manière, la volonté de l'artiste photographe a un rôle mineur dans le résultat sans aucune comparaison avec celui du peintre dans la production d'un tableau. Ce petit bout d'espace-temps figé sur du papier qu'est la photographie ne prend sa signification ( ou ne la prend pas) qu'après coup. C'est le regardeur qui va lui donner un sens et qui la transforme en objet sémiologique (objet qui, en l'occurrence, est susceptible de connaître un destin social s'élevant au rang de mythe).



La photographie n’est pas une invention d’opticien mais une invention de chimiste. Les peintres de la renaissance se servaient de la camera obscura bien avant que Nicéphore Niepce ait pensé à placer au fond de cette chambre noire une surface sensibilisée au nitrate d’argent. L’art photographique n’est pas un art de la chambre noire comme on aurait pu le dire de la peinture de la Renaissance. La chambre noire de l’appareil photo est entièrement mécanique et automatique ; le photographe lui a délégué son pouvoir de représenter. Mais c’est la lumière du jour qui révèle le photogramme, cet instant de réel irrémédiablement perdu dont la trace est figée dans une émulsion. C’est dans le jour que la photographie se fait invisible sous le masque d’un sens qui occulte le non-sens de ce qui fut une fois pour toute sans espoir de retour. L’art photographique est un art de la chambre claire.



La photographie comme saisie d'une contingence qui renvoie du reconnaissable au regardeur (studium) par lequel pointe parfois un détail troublant (punctum) sont les idées principales qui se dégagent de cette « note sur la photographie ». Mais la forme même de « La chambre claire » est une méditation mélancolique qui n'est pas sans beauté, à l'opposé d'un exercice théorique aride. L'écriture de Roland Barthes se situe ici entre l'essai et la méditation. La Chambre claire a tout l'air d'un essai conçu après la mise en ordre de notes prises en regardant des photographies ; ces contemplations, rapportées à la première personne, donnent au texte un caractère méditatif où l'auteur assume sa subjectivité. C'est d'ailleurs une méditation très personnelle tant l'intimité de Roland Barthes y affleure: lorsqu'il écrit ces notes, il évoque la perte encore récente, de sa mère et c'est ce deuil qui l'a ramené vers quelques vieilles photos de familles.

Enfin, cette méditation à un caractère explicitement mais subtilement bouddhiste (en passant d'abord par la phénoménologie).

Puisant dans le vocabulaire husserlien, il assigne à la contemplation de la photographie une noématique dont il m'est difficile de dire si elle est conforme à la phénoménologie husserlienne : « le nom du noème de la photographie sera donc : « ça a été », ou encore : l'Intraitable. » (p. 120). Mais c'est pour insister sur le caractère contingent de l'impression réalisée par la lumière sur la pellicule et le papier photographique. La méditation de Barthes ne s'intéresse pas aux façons de cadrer et à la technique du photographe ; ces questions ne touchent pas à l'essence de cet art (qui n'a pas acquis ce statut d'art sans mal) mais sur cette saisie unique de quelque chose « qui fut » par la chimie des révélateurs sur une surface de papier. Car la photographie « répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement ». Elle est la rencontre matérialisée et singulière de quelque chose qui fut et qui n'est plus et qui nous ramène à l'impermanence de toute chose qui est au fondement de l'ontologie bouddhiste. Se référant à Alan Watts, Roland Barthes écrit : « Pour désigner la réalité, le bouddhisme dit sunya, le vide ; mais encore mieux : tathata, le fait d'être tel, d'être ainsi, d'être cela ; tat veut dire en sanscrit « cela » et ferait penser au geste du petit enfant qui désigne quelque chose du doigt et dit : Ta, Da, ça ! Une photographie se trouve toujours au bout de ce geste ; elle dit ; ça, c'est ça, c'est tel ! Mais ne dit rien d'autre (...) » (pp.15-16). Mais parce qu'elle ne peut montrer que quelque chose qui fut et ne sera désormais plus jamais, la photographie met le regardeur face à ce qui est sans retour ; autrement dit l'idée de la mort. (Une mort que nous conjurons en recherchant les photographies les plus « vivantes »).



Ce qu'il y a d'étonnant dans ce texte entièrement parcouru par l'idée de la mort, c'est que le fond d'inquiétude funèbre qui l'imprègne ne se réduit peut-être pas à l'état subjectif d'un Roland Barthes encore endeuillé de la perte de sa mère. Il reste qu'il parvient à nous persuader (sinon convaincre) qu'il touche aussi à quelque chose d'universel.

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Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux es..

Le problème qui se pose à l'écrivain est qu'il doit utiliser utiliser ce qui lui préexiste, le langage et les mots, qui ont déjà leur tradition, pour écrire le surgissement de l'au-delà du langage qui est l'expérience humaine. Sitôt les mots assemblés et parcourus, ils se referment et l'écrit qui avait libéré l'être et le langage, se stabilise et se fige de nouveau dans un ordre qui participe à son tour à la progression de la tradition. On a beau vouloir transmettre, comme le veut l'intellectuel, celui qui prétend parler pour les autres, une intention dans l'écriture et tenter de faire de l'écriture un acte, la communication d'un contenu, on échouera à faire de la littérature, on ne produira qu'une écriture close et idéologique, formée à partir de mots devenus valeurs et jugements, que l'on assène comme des objets en bloc ; une écriture sans portée ni profondeur, une écriture sans vie ou déjà morte produite par un scripteur plutôt qu'un écrivain. (Et Paf pour Sartre).



Avant le travail des grammairiens du XVIIème siècle, l'écriture, dont l'outil n'est ni uniformisé ni épuré, peine à se stabiliser. Le pouvoir monarchique en imposant l'ordre, impose aussi l'unité de la langue et l'intention de l'écriture. On écrit alors pour être "clair" et la clarté est cette intention d'harmonie, cette atonie de l'écriture policière de l'intellectuel qui parle pour ne rien dire sinon "faire joli". La poétique classique est donc exempte d'acteurs humains et d'expériences humaines. Le passé simple et la troisième personne du singulier (le "il") l'aident beaucoup en cela en retirant au verbe sa puissance d'action pour n'en retenir que la valeur grammaticale et au personnage sa profondeur intérieur au profit de son apparence superficielle de figurant ; le passé simple et la troisième personne rendent la narration causale, lointaine et sans sujet ; le Roman s'écrit comme l'Histoire et l'écriture, écrite par la "bourgeoisie" se dit alors "Belles lettres".



La Révolution n'y change rien car elle maintient l'autorité intellectuelle de la bourgeoisie. Ce n'est qu'après 1848, quand elle prend le pouvoir, que l'écriture change. La bourgeoisie se rend compte que sa place ne peut plus se rapporter, sans mensonge, aussi "proprement" qu'auparavant maintenant qu'elle est à l'oeuvre. Flaubert pose les conventions de la littérature qui se cherche une nouvelle légitimité, cette "littérature artisanale" qui implique de grands efforts pour "trouver un style". Zola, Daudet et Maupassant suivent médiocrement en insistant lourdement sur les effets pour montrer ostensiblement que "c'est bien écrit" - et la littérature réaliste est paradoxalement surtout artificielle. Vient alors la grande écriture traditionnelle (Gide, Valéry, Montherland, Breton), mais aussi les premières tentatives de disloquer l'écriture : Mallarmé par l'"agraphie", Camus et l'"écriture blanche" ou absente, Queneau et l'écriture "orale", sans style. Proust, lui s'accapare la littérature et fait éclater le "il" en imposant le "je".



Mais la dislocation de la littérature, c'est encore un style littéraire et l'écriture trahit son aporie profonde de ne savoir que se recombiner pour se maintenir vivante ; l'écrivain est à la recherche depuis de l'"utopie du langage", cette langue qui disparaîtrait sous l'expérience, qui saurait dire sans dire et faire surgir par soi-même cet au-delà de la littérature qu'est l'expérience humaine. Ce faisant, l'essai revient à sa thèse initiale dans une boucle qui insiste sur le fait que l'écriture n'a d'autre avenir que de se recommencer toujours en restant au seuil de cette utopie, seul moyen de maintenir vivante la recherche de l'au-delà du langage, de même que tout le projet de La recherche qui n'est qu'une introduction à l'écriture, mais pas encore, pour le personnage, projet littéraire ; la condition de la littérature est toujours de rester en deça du dire et de se consumer pour exister. Forme et fond se rejoignent car la forme de l'écrit n'a d'autre objet que de révéler le fond de l'existence.



Il est à noter que le mot "bourgeoisie" ressemble fortement à ce que dit Barthes de ces mots-valeurs dénoncés chez le scripteur-intellectuel et que rapporter l'expérience humaine ne se fait pas nécessairement sans engagement d'écriture : rien n'empêche l'écrivain.e de rester en surface et de s'exonérer de puiser au fond de lui ou d'elle pour révéler la "vérité" d'une existence. L'écriture peut alors être engagement sans être acte ; engagement d'un être biologique qui mène avec investissement sa recherche de se raconter dans son époque pour rapporter une vérité existentielle contemporaine. L'écriture ne serait pas alors nécessairement désinvestissement total de la "réalité" sans pour autant n'être qu'intention consciente de provoquer un effet. Par ailleurs en prétendant que le chef d'oeuvre littéraire est désormais impossible sous prétexte que l'époque des "belles lettres" est terminée et que le langage résorbé sur lui-même n'est qu'un éternel recommencement, Barthes semble ne pas tenir compte du fait qu'il existe un monde, ce qu'il prétend pourtant, en dehors des mots, et que le chef d'oeuvre, puisqu'il est écriture qui se nourrit de l'expérience existentielle, peut très bien s'inspirer des néologismes apportés par les expériences de vie sociales contemporaines, ne serait-ce que du fait des évolutions technologiques. L'isolement de la littérature ne se fait que par oubli de l'expérience humaine et le structuralisme pourrait être cet oubli... C'est que peut-être notre époque aurait besoin de retrouver le passé simple et le "il", non pas pour figer la littérature, mais permettre aux lecteurs et lectrices de retrouver le sens objectivé de leur existence au milieu du désordre ambiant, existence dont la littérature a fortement contribué depuis Proust à rendre consciente l'individualité. Le retour du passé simple et du "il" paraîtrait alors un moyen de retrouver un sens du "social", ou du "communautaire", celui qui s'est manifesté en littérature au XIXème siècle, précisément à un moment de grands changements politiques et sociaux et que nous pourrions avoir retrouvé depuis une trentaine d'années après une seconde partie de siècle occupé à se débarrasser des systèmes politiques nationaux. Hypothèse...
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Mythologies

Très difficile de rédiger une critique au sujet de ce classique de la science sociale car je l'ai trouvé terriblement inégal.

Les analyses de mythes sont intéressantes. Sémiologue réputé, Roland perçoit un combat de catch, une inondation, le goût partagé pour le vin, le tour de France... comme des manifestations de l'idéologie dominante : "l'idéologie petit bourgeois". Avec humour, finesse et intelligence, l'auteur déconstruit le "naturel" de certains événements, de certains gestes, de certaines images et de certains mots en verbalisant les fondements idéologiques qui les sous-tendent. Autre point caractéristique de cet ouvrage : Roland Barthes revendique clairement son parti prix idéologique marxien, jugeant faire de la "sémioclastie" et critiquant à longueur de temps la domination de l'idéologie "petit bourgeois".

Toutefois, à mon sens, la seconde partie annihile tout le plaisir que m'a procurée la lecture de cet ouvrage alors qu'elle n'en représente qu'un quart. Peut-être n'ai-je pas les connaissances nécessaires en matière de sémiologie et de sémantique, mais sa tentative de définition du mythe m'a plus embrouillé l'esprit qu'autre chose. Répétitive et obscure, la tentative d'explication du mythe a remis en cause toutes les leçons que je pensai avoir tirées de la lecture de ce livre.

Si vous attaquez ce livre, un seul conseil : ne lisez pas la seconde partie si vous n'êtes pas rodés à l'analyse des signes et des mots !
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Mythologies

Notre union n’a pas été un coup de foudre, mais un rapprochement dicté par la raison. Rien de mal à ça, ça peut former des unions solides. Mais pourtant, en ce dimanche ensoleillé, je ne peux plus me voiler la face : je tourne tes pages sans envie, par habitude, voire même peut-être par devoir, ne pensant qu’à m’échapper et prendre l’air dans le parc. On ne peut plus continuer comme ça, je renonce à découvrir tes deux cents pages restantes qui contenaient pourtant tant de promesses au début de notre histoire, et je reprends ma liberté : le monde est rempli d’autres livres qui ne demandent qu’à se faire apprivoiser.



Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Soyons honnête, la différence de génération n’a pas aidé. Dans ton désir de décrypter l’actualité, tu ne me parlais que d’acteurs disparus aussi vite qu’ils ont été célébrés, de sportifs qui n’ont jamais réellement fait leur trou, d’effets de mode dont je n’ai jamais entendu parler ou de scandales qui avaient déjà perdu leur statut d’ « anecdotique » avant même ma naissance.



J’ai bien essayé de m’accrocher, de transposer tes sujets d’étude dans mon monde à moi, mais tu sais que je boude les émissions à succès, que je coupe le son dès l’arrivée des publicités, et que j’ai toujours un livre sur moi pour m’éviter la lecture des magasines people en salle d’attente. Mes efforts ont été vains.



Puis j’ai pris un peu de recul, et j’ai réfléchi. Les mythes, c’est éternel pour moi. Ou du moins, ça dure vachement longtemps. Si les tiens n’arrivent même pas à durer quelques générations, c’est que tu as dû te tromper quelque part. Le constat est peut-être dur, ou injuste, ou dû à ma seule vanité, mais il est préférable qu’on en reste là. J’ai récupéré mon marque-page, je te laisse la protection plastique pour ta couverture, et à la prochaine boîte aux livres de mon quartier, nos chemins se sépareront pour toujours. Tu trouveras, j’en suis sûr, un lecteur à la hauteur de tes attentes.
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Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux es..

Essai vraiment très intéressant sur les rapports entre littérature et politique durant la modernité, même si parfois Barthes s'emporte un peu quant aux illustrations de ses propos. D'ailleurs, lui non plus n'échappe pas aux influences sur son écriture et il n'est pas aussi neutre qu'il semble le croire.
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L'Empire des signes

Va-et-Vient du bout du Monde



Cette étude amoureuse du pays du soleil levant peut paraître un peu intellectuelle voire rébarbative de prime abord : le style théorisant de Roland Barthes ne gâche heureusement pas la finesse de ses observations sur le Japon.



Ce livre se présente comme des fragments d'étude comparée entre le Japon et l'Occident : preuve que la fascination qu'exerce ce pays a été (et est toujours) tenace, profonde. Les courts chapitres qui rythment la lecture sont autant de morceaux choisis de la vie quotidienne du Japonais, de la scène la plus banale au rituel le plus lointain. Ce que souligne avec brio Barthes dans cet ouvrage, c'est la différence de paradigmes et de valeur qui distinguent la culture japonaise de la culture occidentale. Sous le regard presque anthologique, on sent rapidement l'enthousiasme de l'auteur, son amour pour ce pays mystérieux, si étrange en apparence.



Comme toutes les valeurs se renversent pour le Français en voyage au Japon, l'intellectualisme de Barthes aussi se renverse dans ce livre, pour tendre vers une sensualité amoureuse, caressante. Amoureux du Japon, passionné de cultures, amateurs d'énigmes : ce livre est un amuse-bouche raffiné.
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Poétique du récit

Que l'on aime ou pas, cet ouvrage constitue une base obligatoire pour quiconque prétend étudier la littérature.
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Alors la Chine ?

En avril-mai 1974, Roland Barthes a effectué un voyage en Chine avec un petit groupe de ses amis de Tel Quel. de ce mois chinois, il va écrire un article « Alors, la Chine ? », paru dans le Monde, le 24 mai 1974.

En 1975, l'éditeur Christian Bourgeois a souhaité imprimer ce texte pour son plaisir et celui de ses amis. Il précise avec humour que quelques exemplaires ont été mis en vente pour les curieux, inconnus de l'éditeur et de l'auteur.

Quand j'ai ouvert ce livre à la bibliothèque j'ai d'abord été surprise par sa taille puisqu'il y a seulement 14 pages. C'est donc un article assez court mais Christian Bourgeois a voulu montrer que Roland Barthes a des choses à dire sur la Chine et les Chinois même s'il ne dénonce pas la violence totalitaire. C'est pour cette raison que cet article a été critiqué et a fait couler beaucoup d'encre.

J'en suis surprise car il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Certes, il évoque la cuisine, les enfants et l'écriture comme les trois principaux signifiants de ce pays mais il indique aussi que le Texte politique est partout.

Cet article ressemble plutôt à un exercice sémantique et dans ce domaine Barthes est assez fort. D'ailleurs il justifie son point de vue dans une postface en expliquant que les réactions négatives posent une question de principe: qu'est-il possible (et non pas permis) de dire ou de ne pas dire ? Et puis il a un argument pour ses contradicteurs qui me semble juste : « N'est-ce pas finalement une piètre idée du politique, que de penser qu'il ne peut advenir au langage que sous la forme d'un discours directement politique ? »



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Fragments d'un discours amoureux

J'aime bien lire Roland Barthes. Même si le sémiologue français utilise des mots et des formulations peu courantes que je ne comprends pas toujours, je vois où il veut en venir.

Avec "Fragments d'un discours amoureux" publié en 1977, Barthes propose un essai original formant un ensemble construit à partir de textes courts.

Le chantre de la pensée structuraliste fait une analyse très personnelle du sentiment amoureux. Il s'appuie sur ses lectures d'oeuvres diverses, poésies, pièces de théâtre et surtout romans et fait référence aux arts comme la musique ou la peinture. Il s'en sert pour construire des propos basés sur ses expériences ou ce qu'il a entendu. Il explore ainsi la relation amoureuse comme un abécédaire (Absence, Comprendre, Déclaration, Etreinte, Fête, Insupportable, Jalousie, Rencontre, Tendresse, Union, Vérité...) parfois avec un grain d'humour. Et il est assez juste de comparer la méthode utilisée par Roland Barthes aux collages des surréalistes.







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Fragments d'un discours amoureux

Impossible de lire « Qui a tué Roland Barthes ? » La septième fonction du langage … de Laurent Binet

sans lire et découvrir avant … Roland Barthes …

Je me suis donc lancée dans ce livre « Fragment d’un discours amoureux » !!

J’ai tenté de m’imprégner de ce beau discours amoureux !! j’ai capté l’ambiance … l’essence de l’amour selon Roland Barthes !!

L’amour … le sujet amoureux … sont « décortiqués a la loupe » !! Les mots … les attitudes … les gestes … le ressenti …

Une certaine souffrance du sujet amoureux est palpable …

Une agréable découverte … littéraire …

« Roland Barthes est un homme qui a passé son temps à traquer les signes ! … D’ailleurs, il était le maître d’une science qui s’appelle la sémiologie, c’est-à-dire la science des signes. »

« Décrivant son projet pour Fragments d’un discours amoureux, Barthes précise que « tout est parti du principe qu’il fallait faire entendre la voix de l’amoureux ».

Ici, pas de théorisation de ce discours amoureux, mais sa seule expression. « C’est un portrait qui est proposé, mais ce portrait n’est pas psychologique » ;

il se fait l’écho de « quelqu’un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l’autre – l’objet aimé -, qui ne parle pas ». Un texte si juste qu’il retentit en chacun,

longuement… »
Lien : https://lespatchoulivresdeve..
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