Citations de Romain Gary (5293)
Il paraît qu'il y a des gens qui ont une telle peur de la mort qu'ils finissent par se suicider, à cause de la tranquillité.
- C'est là que je viens me cacher quand j'ai peur.
- Peur de quoi, Madame Rosa ?
- C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo.
Ça, j'ai jamais oublié, parce que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais entendue.
Le besoin d'affabulation, c'est toujours un enfant qui refuse de grandir.
Il lui arrivait souvent d'appuyer sa main contre l'écorce dure et rassurante d'un arbre et de lever les yeux vers lui avec gratitude, et il s'était même lié d'amitié avec un très vieux chêne, certainement le plus beau, le plus puissant de la forêt, dont les branches s'ouvraient au dessus de Janek comme des ailes protectrices. Le vieux chêne murmurait et grommelait sans cesse et Janek essayait à comprendre ce qu'il cherchait à lui dire; il y avait même des moments de naïveté, dont il avait un peu honte, lorsqu'il attendait que le chêne lui parlât d'une voix humaine. Il savait bien que c'étaient là des enfantillages indignes d'un partisan, mais ne pouvait s'empêcher parfois de se serrer contre le vieil arbre, d'attendre, d'écouter, d'espérer.
- Voilà bien une réflexion masculine, mon petit Tad! Je ne suis pas assez idiote pour prétendre cela.
Je dis simplement que le premier homme dans l'histoire
de la civilisation à avoir parlé d'une voix féminine,
c'est Jésus.
Je le dis et je le prouve.
Car enfin, quel est l'homme qui, le premier, a prêche la pitié, l'amour, la tendresse, la douceur, le pardon, le respect de la faiblesse ?
Quel est le premier homme à avoir dit
merde -- enfin, c'est une façon de parler - à la force, à
la dureté, à la cruauté, aux poings, au' sang versé?
Jésus a été le premier à réclamer la féminisation du monde et moi je la réclame aussi.
J e suis la deuxième personne après le Christ à la réclamer, voilà !
Il faut dire sans vouloir vexer personne que Monsieur Hamil devenait de plus en plus con, comme ça arrive parfois avec les vieux qui ne sont plus loin du compte et qui n'ont plus d'excuses. Ils savent bien ce qui les attend et on voit dans leurs yeux qu'ils regardent en arrière pour se cacher dans le passé comme des autruches qui font de la politique.
Je termine enfin ce récit en écrivant encore une fois les noms du pasteur André Trocmé et celui de Le Chambon-sur-Lignon, car on ne saurait mieux dire.
Elle détestait le palais Okhrennikov, où tout proclamait la pauvreté des riches, si démunis lorsqu’il s’agit d’intimité chaleureuse, de légèreté, d’insouciance, ce qui les pousse à bâtir haut, élevant leurs plafonds dans une recherche de la grandeur typique de la petitesse.
(Gallimard, p.97)
– Ne pleure pas.
– Laisse-moi.
– Ne pleure pas. Je te demande pardon. Tu es un homme, maintenant. Je t'ai fait de la peine.
– Laisse-moi, je te dis!
Un train passa sur la voie. Il me parut soudain que c'était mon chagrin qui faisait tout ce fracas.
– Je ne recommencerai plus.
Je me calmai un peu.
Nous étions assis sur le remblai tous les deux, les bras sur les genoux, regardant de l'autre côté.
Les hommes étaient tous absolument surréalistes. Lenny n'avait pas très bien compris ce que c'était, le surréalisme, mais Bug lui avait confirmé que c'était justement cela, le surréalisme: il fallait pas essayer de comprendre. Les hommes, c'était tout à fait ça.
Il reste que L'Adieu aux armes est un des plus beaux romans d'amour du siècle et qu'on peut être un très grand écrivain et un assez pauvre type. Je ne dis pas ça pour Hemingway, je dis ça pour tout le monde, car on met le meilleur de ce qu'on est et de ce qu'on essaye d'être dans son oeuvre et on garde le reste pour soi-même...
Je sais qu'il existe aussi des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe.
Le vrai amour c'est quand il n'y a plus que l'autre.
Moi ce qui m'a toujours paru bizarre, c'est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu'on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser. Il y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça.
Les larmes trouvent toujours leur chemin, il ne sert à rien de vouloir les retenir.
Je ne vieillerai jamais, lui annonçai-je. C’est très facile. Il suffit de l’encre, du papier, d’une plume et d’un cœur de saltimbanque.
Le plus grand effort de ma vie a toujours été de parvenir à désespérer complètement. Il n'y a rien à faire. Il y a toujours quelque chose en moi qui continue à sourire
Tout ce que je savais, c'est que j'avais sûrement un père et une mère, parce que là-dessus la nature est intraitable.
Ils ont dit : "Tu es devenu fou à cause de celui que tu aimes."
J'ai dit : "La saveur de la vie n'est que pour les fous."
quand on comprend tout,on fait toujours une dépréssion nerveuse grave.C'est la lucidité qui veut ça.