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Critiques de Sorj Chalandon (3482)
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Une promesse

Un petit village en Mayenne, un huis clos, un petit roman de par le nombre de pages (217), un Grand Livre d’Humanité et de Fraternité.

Sept amis, qui se voient journellement dans le café du village, sont liés par une promesse faite au Bosco, le tenancier. Quelle est cette promesse tenue fidèlement pendant dix mois ?

A lire si vous voulez la connaître !

Sorj Chalandon, conteur et poète dans l’âme, livre les secrets des personnages jusqu’à la révélation de la Promesse. Un roman plein d’émotions.

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L'Enragé

Belle-Île en Mer… Le nom fait rêver. Pourtant, Sorj Chalandon nous livre ici un roman glaçant. En effet, il s’appuie sur une histoire particulière : à la fin du XIXe siècle, le bagne a été transformé en colonie pénitentiaire pour enfants. Bien évidemment, il recevait les petits délinquants mais également les orphelins… bref, tous ceux dont on ne savait que faire.



Je le disais, le récit est glaçant. L’auteur se met à la place d’un des personnages, Jules Bonneau, dit La Teigne, alias l’Enragé. Coups, violence, rébellion, évasion… tout un programme !



C’est le deuxième livre que je lis de Sorj Chalandon. Je n’avais pas accroché à "Profession du père", mais ce n’était peut-être pas le bon moment pour le lire. J’avais abandonné au bout d’une cinquantaine de pages. Mais là, j’ai vraiment été emportée dans son tourbillon. L’écriture est âpre, servant avec excellence le récit. Cela me réconcilie avec ce romancier. Je vais certainement tenter de lire ses autres romans.



Un grand merci à Netgalley et aux Éditions Grasset pour cette très belle découverte.
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Retour à Killybegs (BD)

4 avril 2007. Attablé au fond du bar, Tyrone Meehan, figure emblématique de l'IRA et aujourd'hui considéré comme un traître, écrit. Pour laisser une trace. Pour raconter l'histoire. Sa vérité et non celle que certains tenteront d'établir et oseront expliquer pourquoi et comment il en est venu à trahir...

De son père, Pat Meehan, soldat de la brigade du Donegal de l'IRA, à son interrogatoire par les Anglais en passant par son engagement, ses amis perdus, ses compagnons de lutte, le conflit catholique/protestant, ses erreurs, sa femme ou encore son fils qui lui tourne le dos, Tyrone ne veut rien oublier...



Après le formidable "Mon traître", Pierre Alary adapte la suite du roman, "Retour à Killybegs". L'on retrouve Tyrone Meehan qui, dénoncé pour trahison, s'en retourne à Killybegs, là où il s'est réfugié. Dense, passionnant, cet album, avec une voix-off qui permet de s'immerger totalement, retrace, grâce aux flashbacks et aux étapes marquantes, le parcours chaotique de ce traître et met en lumière les raisons de ses actes. Riche historiquement et humainement, intense psychologiquement, ce récit se révèle puissant mais aussi teinté de tristesse et de désarroi. Graphiquement, Pierre Alary fait montre d'une maîtrise remarquable : le trait précis et élégant, la monochromie (passant du vert au ocre), la narration au cordeau, l'ambiance tendue.

Une adaptation d'une grande justesse...
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Retour à Killybegs

Comme chantait U2 (dont je ne suis pas fan, que les choses soient claires) : "I can't live with or without you", et voilà qui sied bien à Sorj Chalandon, qui s'exorcise ici de Denis Donaldson, son ami nord-irlandais, son traître.



Après "Mon traître", justement, où il romançait cette histoire d'amitié et de trahison entre un jeune Français naïf et romantique (Antoine), et une figure historique et respectée de l'IRA (Meehan, inspiré de Donaldson), Chalandon reprend son récit depuis le tout début, comme pour essayer de comprendre, d'expliquer -et de faire la paix avec lui-même ?

Retour à Killybegs, donc, où Tyrone Meehan voit le jour en 1925, au sein d'une famille nombreuse mais pas heureuse, la faute à la misère et à un père héroïque, alcoolique et violent. Enfui à Belfast à 15 ans, il s'acoquine rapidement avec l'IRA, est de tous les combats contre les Britanniques et les loyalistes, et devient, au fil des années, une gloire du nationalisme irlandais. Qu'il finit par trahir. Pourquoi ? Comment ?



Roman douloureux, dans lequel Sorj Chalandon se met dans la tête de Tyrone Meehan et déroule 80 ans d'histoire nord-irlandaise. On y croise des personnages réels (Tom Williams, pendu à 19 ans ; Bobby Sands, mort de faim à 27 ans), on découvre l'ignominie absolue des autorités britanniques en Ulster, et on mesure la détermination hallucinante des nationalistes. Tout ce livre est aussi une réflexion sur l'engagement.

Tyrone Meehan ne cherche pas à s'excuser, mais il nous fait part de ses certitudes et de ses regrets. Des rêves qui le portaient et de la haine qui l'animait, des coups donnés et des coups reçus, de la guerre, de la prison, de la pauvreté, de la dignité. Il n'y a pas de héros ni de zéro, il n'y a qu'un homme. Forcément, le roman prend aux tripes.

Je l'ai dévoré avec bonheur et affliction. Bonheur, parce qu'en tant que fan de Chalandon, de son écriture, de sa générosité, de la justesse des causes qu'il défend, j'ai été pleinement comblée. Affliction, parce que l'histoire est celle des vaincus, remplie de solitude, de violence, de désillusion. Toutefois, ce roman vibre aussi d'une intensité fiévreuse et rageuse, et c'est pourquoi sa lecture me semble incontournable : c'est l'hommage magnifique d'un romancier à un combattant qui incarnait l'idéalisme républicain, et qu'il considérait comme un ami.



Alors, lisez-le. Et vous ne pourrez plus vivre sans le souvenir de Tyrone Meehan.
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L'Enragé

16 mai 1927, Jules Bonneau dit la Teigne, 13 ans, est enfermé à la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne à Belle-Île-en-mer. À sept ans, tiraillé par la faim, il avait volé trois œufs, le début d’un engrenage.

Ses compagnons de bagne s’appellent, Moisan, L’Abeille, Petit Malo, Soudars le Caïd, Brillat L’Andouille, Loiseau surnommé Mademoiselle. Ce sont des oisillons tombés trop tôt du nid, des déchets d’orphelinat, des raclures de l’Assistance publique, des bouches en trop à nourrir, des gamins difficiles dont on se débarrasse comme on abandonne un chien.

Ici, les cogneurs en uniforme, veulent les instruire, ramener au bien cette mauvaise herbe, cette vermine, le pire de l’humanité, avec des insultes, des maltraitances et des coups de triques et de talons.

On ne s’évade pas d’une île même si certains ont tenté le coup. Et pourtant la Teigne et 55 de ses camarades vont profiter d’une émeute pour se faire la belle.



Une fois de plus l’écriture de Sorj Chalandon m’a emporté. Dans ce récit basé sur la mutinerie des enfants emprisonnés dans le bagne de Belle-Île-en-Mer, tous les sentiments se mélangent. La Teigne c’est l’histoire de la violence, les corvées, les punitions, les corrections, la crasse, la faim ; l’histoire de ceux qui tombent malades ou deviennent fous, des matons qui visitent les petits dans leur lit. Des enfants loués aux fermes alentours au bénéfice de la colonie qui touche leurs salaires. Sorj Chalandon nous entraine dans une effroyable battue, où matons, habitants de l’île et touristes espèrent percevoir la prime de 20 francs or pour chaque évadé capturé. Comme si ces enfants étaient des nuisibles. Une battue immortalisée par le poème de Jacques Prévert « Chasse à l’enfant ».

Et quand La Teigne redevient Jules Bonneau, Sorj Chalandon nous raconte la vie d’un port de pêche, la difficulté de survivre, les secrets de famille, les forts caractères qui parfois s’opposent mais la solidarité sans faille des marins.

Ce récit est ancré dans l’Histoire ; la guerre civile espagnole, la montée du nazisme et des croix-de-feu en France.

Un roman où le pire côtoie le meilleur. Les personnages secondaires sont saisissants de vérité : Ronan, le patron de pêche et sa femme Sophie et Camille Loiseau.

Sorj Chalandon trouve les mots justes qui percutent ou nuancent, une écriture sensible faite de courtes phrases, une plongée dans l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus noble et aussi de plus sombre. Vous l’aurez compris ce roman est un gros coup de cœur, j’espère que les fées des prix littéraires se poseront sur « L’Enragé » il le mérite vraiment.

Merci aux éditions Grasset de leur confiance.

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Enfant de salaud

Comment se construire quand on a, face à soi, un père qui ment tout le temps, et en plus vous maltraite ? L’enfant avait besoin de croire que son père était un héros, résistant, au passé glorieux, mais le grand-père lui explique un jour, qu’il est en fait un « enfant de salaud » car le père a fait la guerre du mauvais côté.



Alors qu’un problème de santé lui fait côtoyer la mort de près, le père laisse un message sur le répondeur de Sorj, où il lui explique, qu’il a fait partie de la division Charlemagne et a protéger le bunker d’Hitler !!! malgré le choc il pense qu’enfin il lui dit la vérité … Hélas…



L’auteur va se livre à sa propre enquête sur le passé paternel, jugement, témoignages… Et, en même temps, il couvre pour son journal le procès de Klaus Barbie devenu Altmann (et « conseiller de dictateur » en Bolivie !



Évidemment, le père de Sorj veut un passe-droit pour assister au procès, (qu’il obtiendra sans peine vues ses « relations ». Ce qui l’intéresse, à part, voir le nazi et le numéro de maître Vergès, digne d’un One man show hélas, c’est que Barbie-Altmann lâche le nom de celui qui a trahi Jean Moulin et que… cela fasse le buzz bien sûr…



J’ai aimé la manière dont Sorj Chalandon a construit son récit, avec d’un côté ce père, menteur pathologique, qui s’en sort par une pirouette même lorsqu’il est pris en flagrant délit de mensonge, versus le Boucher de Lyon, qui, fort habilement conseillé par son avocat, affirme qu’en tant que Klaus Altmann, il n’a rien à se reprocher, et ne devrait pas être là…



« Je venais de faire entrer le procès de mon père dans la salle d’audience qui jugeait Klaus Barbie. La petite histoire et la grande rassemblées. Dans le box vide de l’accusé, il y avait de la place pour les aventures de ce jeune Français. Pour ce père, en fond de salle, entré là par ruse.«



On ne peut s’empêcher de les comparer : la barbarie nazie et le père qui cogne son fils en hurlant en allemand. On comprend pourquoi l’un ne peut qu’être fasciné par l’autre, avec le négationnisme jamais très loin. Pour le père, l’Histoire a été écrite par les vainqueurs ! et il n’éprouvera pas le moindre intérêt, la moindre empathie, envers les victimes dont les témoignages seront d’une dignité absolue, mais pour lui ce ne sont que jérémiades…



J’ai aimé retrouver la plume de Sorj Chalandon, la manière dont il parle de sa relation toxique avec son père, qui prétend avoir porté tous les uniformes, vert de gris, pétainiste tricolore (sous oublier le coup de maître de la division Charlemagne alors qu’il était incarcéré en quand Hitler a tiré sa révérence) et sa capacité de résilience…



L’idée de faire un roman sur celui qu’était son père en transposant « son procès » à l’époque de celui de Barbie, est vraiment géniale. Cf.Vidéo)



Et comme il le dit si bien, le salaud n’est pas seulement celui qui a choisi le mauvais côté, mais :



« Le salaud, c’est le père qui m’a trahi ».



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur, ce qui est toujours très fort en émotion pour moi,depuis la lecture de « Le quatrième mur » et il m’en reste encore quelques uns dans ma PAL sans fond. .



#Enfantdesalaudrentreelitteraire2021sorjchalandon #NetGalleyFrance
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L'Enragé

Sorj CHALANDON prend la plume pour nous parler d’un pan de l’Histoire de France peu reluisant : les bagnes pour enfants. Cela m’a ramené à une autre de mes lectures, L’appel de la guerre, ou l’autrice (Manon PIGNOT )parle des enfants soldats de la première guerre mondiale mais aussi de la recrudescence de la délinquance juvénile après la guerre. Une des « solutions» à cette délinquance a été l’ouverture de lieux où les enfants étaient placés. Qu’ils soient orphelins, voleurs de pains affamés, petites frappes tentant de survivre, pas de disctinction, ce sont les mômes à redresser pour en faire de bons français.



Sorj CHALANDON pousse les portes de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer et nous laisse entrevoir l’horreur et l’inhumanité de ce qu’on subit ces enfants. Des enfants qui n’en ont que le nom. Jetés en pâture à des matons le plus souvent cruels, la plupart n’ont jamais connu que la loi du talion et celle du plus fort. Recevant des coups, de la souffrance, de l’humiliation, sans jamais connaître d’amour de respect ou même de reconnaissance de leur statut d’être humain. Traités comme des esclaves ils sont contraints d’abandonner toute humanité pour tenter de survivre. Leur vrai crime est leur existence même. On n’a pas besoin de gosses des rues, de pauvres.



Quand enfin la révolte gronde un petit groupe s’échappe mais un seul restera libre, les autres seront rattrapés par les braves gens. Cette société bien comme il faut, fière d’avoir livrer des gosses contre 20 francs. Bouffie d’orgueil d’avoir accompli son devoir en renvoyant des mioches en enfer. Mais un seul leur a échappé : Jules Bonneau dit La Teigne. Saisissant les rares mains tendues, Jules est tiraillé entre sa nature profonde et celle créée par des années de bagne qui a révélé la part la plus sombre de lui même : La Teigne, un être taillé pour la survie, rempli de haine et dénué d’empathie. L’auteur a construit finement ce personnage. Un gosse meurtri qui voudrait vivre comme monsieur tou le monde, qui essaie, qui lutte constamment contre lui même.



Si j’ai aimé cette dénonciation de cette partie de l’Histoire de France que certains seraient tentés de cacher sous le tapis, je suis tout de même restée un peu sur le quai. J’ai eu du mal à avoir de l’empathie pour Jules qui ne m’a pas touchée autant que je m’y serais attendue. J’ai eu l’impression d’un monde très manichéen ou les gentils et les méchants le sont à l’excès. Je m’étais attendue à plus de nuance, de subtilité de la part de cet auteur dont j’ai tant entendu parlé. Il en va de même pour les communistes et les fachistes qui ont tout de l’image d’épinal. Les personnages sont tous d’une seule pièce, rendant leurs réactions prévisibles et parfois peu crédibles.



Toutefois j’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui se lit tout seul. La plume est particulièrement fluide et il y a aussi des moments de grâce. Mais je reste sur cette impression d’avoir commandé un expresso avec un carré de chocolat noir et d’avoir eu un allongé avec du chocolat au lait.
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L'Enragé

Certains romans de Sorj Chalandon nous restent à jamais en mémoire, « Le jour d'avant », sur la catastrophe de Liévin, « Le quatrième mur », sur une pièce de théâtre en 1982 au Liban avec des acteurs de confessions différentes, interrompue par la guerre.

Celui-ci s'ajoutera à la liste.



Depuis le 19è siècle, des « colonies pénitentiaires » d'enfants existent en France, sorte de maisons de redressement pour des jeunes délinquants mais aussi des orphelins.

Cellle de Belle-Ile est l'un des plus connues et la mutinerie de 1934 est restée dans les annales.

Cet « enragé », c'est Jules Bonneau, un jeune garçon qui n'a pas eu de modèle parental ni d'éducation et qui, en intégrant ce « bagne », va encore plus se révolter contre la société.

Car l'éducation et le redressement promis dans ces maisons sont en réalité des privations, des humiliations, de la violence et de la maltraitance.

Le premier tiers du récit est difficilement soutenable, et il faudra attendre la mutinerie pour que quelques lueurs d'espoir apparaissent, notamment dans la personne d'un « Jean Valjean »...



Pour écrire ce livre, Chalandon s'est servi d'un abondante documentation, sur ces colonies, mais aussi sur le contexte historique.

En Espagne c'est la guerre civile, en France le Front populaire, et chez ces marins bretons, il y a de nombreux révoltés !

Mais cette rage qui anime son héros est aussi la sienne.

Victime de violences et d'humiliations dans son enfance (il l'a raconté dans d'autres livres), il fait sienne cette rage face à la vie.

Aujourd'hui journaliste et écrivain, il se sert de sa plume pour combattre les injustices et les violences et ce livre est un récit historique mais aussi personnel sur l'enfance meurtrie et sur la violence du monde.

Et si je devais mettre un bémol sur ce livre (4 étoiles au lieu de 5), ce serait peut-être un trop-plein de documentation et de thématiques au détriment du personnage principal.



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L'Enragé

Je me répète et persiste à dire que Chalandon est le meilleur auteur contemporain français. Une sensibilité à fleur de peau qui ne peut qu'émouvoir la lectrice que je suis. D'autant que cette histoire me parle sur de nombreux points. Je choisis de ne révéler que le fait est qu'il se passe dans mon département de naissance. Même ma ville native est écrite. Voici la biographie de Jules Bonnot surnommé La Teigne qui fera parti des 56 évadés du "bagne". Seulement comment prendre le large quand ce centre est sur une île ? L'auteur a retransmis avec justesse le sort de ses enfants abandonnés ou placés que la populace regarde d'un sale oeil. Ces pauvres minots sont tous catalogués comme des lépreux, voleurs, violeurs, etc. Populace prête à les dénoncer contre rançon. Jules sera le seul à ne pas être repris car hébergé par un pêcheur et sa femme. Il y apprendra les vrais valeurs mais difficile pour lui d'oublier les tortures et sévices subis dans cet établissement géré par l'état. La rencontre avec le grand poète me restera inoubliable. J'ai envie de décrire tous les sujets abordés. Mais non ! Faut laisser la découverte aux autres lecteurs. En tout cas une grande claque pour moi. Merci à vous Monsieur Chalandon de toujours nous surprendre.



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Enfant de salaud

C'est quand il est encore qu'un enfant de 10 ans que Sorj Chalandon apprend de la bouche de son grand père que son père était un salaud. Un salaud qui paradait en uniforme allemand place Bellecour à Lyon. Ce qui fait de lui un enfant de salaud.

Profitant du procès Barbie, en 1987, Sorj, nous raconte l'histoire de ce père. Chalandon, qui a vraiment commenté ce procès, pour lequel il obtiendra le prestigieux prix Albert Londres, démontre, ici, une nouvelle fois, si cela était encore nécessaire, ses qualités littéraires.

Il faut écouter cet homme (nous) raconter son (ses) histoire, car il parle comme il écrit ou il écrit comme il parle, c'est au choix et ses mots nous (me) percutent comme un uppercut au menton, à en rester K.O debout dans son fauteuil ou sur sa chaise. Je l'ai rencontré deux fois, pour la présentation du "Quatrième mur" où la salle était pleine à craquer et où beaucoup écoutaient debout, là où on aurait entendu une mouche voler, Chalandon nous a raconté Sabra et Chatila quand lui et deux autres journalistes ont vu l'insurmontable. C'était à chialer! J'ai acheté le bouquin.

Récemment, pareillement pour "Enfant de salaud", chez le libraire de mon coin, Chalandon nous a fait l'honneur de présenter son bouquin. Il nous a, entre autres, raconté Sabra et Chatila, pareillement à chialer. De cette voix qui vous prend tout...ou presque, l'espace d'un moment et il nous a parlé de son père, ce menteur, ce hâbleur. Et j'ai acheté le bouquin!

Seulement et il y a un seulement, pas grave direz-vous, c'est que, à la lecture, comme l'autre fois, je savais exactement ce qui allait se passer, de la même façon, de cette écriture, unique de force qui vous emmène là où il le souhaite avec des mots à vous empaqueter façon Christo, mais sans autre découverte si ce n'est "son" procès Barbie.

Alors si ce n'est pas déjà fait, achetez ce livre, c'est un chef d'oeuvre, un livre magnifique à lire absolument car même si on l'a déjà entendu chez Busnel ou ailleurs, c'est incontournable.
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Enfant de salaud

Merci à NetGalley et aux Éditions Grasset pour cette lecture.

Avant le procès de Klaus Barbie, le narrateur visite la maison d'Izieu (aujourd'hui un mémorial), où ont été raflés 44 enfants juifs et 7 adultes le 6 avril 1944. À l'exception de Léa Feldblum, aucun ne reviendra. le plus jeune des enfants avait quatre ans.

Le narrateur aurait aimé que son père soit là, pour que son père lui explique, pour qu'il l'aide à savoir et à comprendre. Que faisait-il, où était-il ce 6 avril 1944 ?

« Pourquoi es-tu devenu un traître, papa ? »

Sorj Chalandon, qui a reçu le prix Albert Londres pour la couverture du procès nous fait vivre le silence et l'impuissance de Me Vergès face aux terribles témoignages des rescapés, mais aussi les provocations de l'avocat quand la situation s'y prête et le refus de Klaus Barbie de comparaître à son propre procès.

Le père du narrateur assiste au procès, surveillé par son fils qui le voit bâiller aux témoignages des survivants. Tout le long du livre, le fils essaie de communiquer avec ce père tant aimé, en vain.

L'auteur raconte plusieurs histoires en parallèle, histoires qui se répondent, se mettent en exergue les unes les autres. Une structure éclatée qui a du sens.

Globalement un livre qui explique qu'être enfant de quelqu'un n'est pas neutre.


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Le Quatrième Mur

Je l'ai élu le meilleur livre de l'année 2013. Lu en septembre 2013. Incapable d'en faire une critique parce que scotchée. Conseillé à une amie en audio qui me dit d'en écouter l'interview de Chalandon à la fin du CD. Et là nouvelles émotions : il y a des sanglots dans sa voix, il parle de ses angoisses et de l'après-succès de son oeuvre avec des rencontres au Liban où il a reçu le prix Goncourt des lycéens. C'est aussi fort, attachant, passionnant, émouvant que le quatrième mur. Respect pour Monsieur Chalandon !

J'avais déjà lu cet auteur. Je persiste donc dans mon opinion sur lui : enfin un écrivain qui en a ! Qui ne va pas dans la facilité !

L'histoire : Georges découvre le Liban en guerre, pour une promesse faite à son ami Samuel, metteur en scène de théâtre qui se trouve dans un lit d'hôpital. Quelle promesse ? monter la pièce Antigone de Jean Anouilh, Antigone. Il va rencontrer les acteurs choisis par son ami : palestinienne, druze, maronite, chiite, chaldéen, arménien. Une belle leçon d'espoir, de désespoir et de passion.
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Le Quatrième Mur

Nous sommes en 1982. Pour honorer une promesse faite à un ami mourant, Georges accepte de laisser sa femme et sa fille de quatre ans pour se rendre à Beyrouth, au Liban, afin de monter la célèbre pièce d’Anouilh : « Antigone ». Alors que le pays est déchiré par la guerre, tout l’enjeu de cette représentation consiste à réunir sur scènes des acteurs issus de différents horizons politiques et religieux, soit des ennemis par leurs convictions, et de réussir à créer une harmonie scénique dans un décor en ruine, associant ainsi différentes communautés dans un même rêve de paix. Druze, Palestinien, chrétien, chiite, Phalangiste arriveront-ils à dépasser les tensions qui divisent leur peuple ?



Né en 1950, Georges n’a connu que la révolte, jamais la guerre. Ce soixante-huitard engagé va alors se retrouver propulsé dans une guerre qui n’est pas la sienne et qui le dépasse. Dès lors, il va connaître la peur, les menaces, les attentats et l’horreur des combats pour défendre le projet de son ami qui, progressivement, deviendra le sien. Un projet qui le changera à jamais…



Impossible de rester insensible à la lecture de ce rêve utopique qui ne laissera personne indemne (ni les personnages, ni le lecteur !). Comme pour « Retour à Killibegs », j’ai été complètement bouleversée par l’écriture de Sorj Chalandon, sa force, sa justesse et l’émotion qu’elle suscite. Pourtant, j’étais réticente au départ. Je n’avais pas envie de me plonger dans un récit de guerre, avec des conflits religieux qui me dépassent… Mais une fois commencé, impossible de lâcher ce roman, aussi dur soit-il, tant le sujet est habilement traité, de manière à ne pas perdre le lecteur tout en lui fournissant les clés essentielles à la compréhension d’un tel conflit. Malgré ce contexte plein de tension, l’art est au centre du roman. Le théâtre, même s’il a tout d’un projet insensé, voire vain, symbolise ce terrain neutre, dans lequel les conflits sont mis entre parenthèses et où l’on parle un même langage, plein de passion et de ferveur. L’espoir et le rêve de ces comédiens côtoient l’horreur de leur quotidien, les massacres et le danger. Avec « Le quatrième mur », Sorj Chalandon nous offre un magnifique roman sur l’amitié et l’engagement (politique, amoureux), mais également un récit de guerre terrible, qui a son lot de scènes insoutenables et de désillusions… Bref, vous l’aurez compris, malgré la dureté du sujet, j’ai adoré !
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Mon traître

Je n'avais qu'une connaissance parcellaire sur le conflit d'Irlande du Nord. Ce livre m'a donné l'occasion (comme je le fais fréquemment lors d'une lecture addictive ) de m'y intéresser plus à fond par des recherches personnelles.

Comme souvent, Sorj Chalandon se saisit de faits réels qu'il travestit, dans le cas présent, fort douloureux pour lui, c'est son amitié avec Denis Donaldson qu'il met en scène de façon originale. le traite devient Tyrone Meehan et le narrateur Antoine, Tony, un luthier( de belles descriptions sur ce métier artistique). C'est un roman puissant, magistral, qui dit la force de la fraternité , la confiance qui se fracasse

soudain , la douleur de la trahison, la tragédie de la guerre, encore plus quand il s'agit d'une guerre civile. J'ai été transportée en Irlande, j'ai partagée ces drames, la souffrance absolue de ce peuple, j'ai humé l'atmosphère tourbeuse, j'ai écouté la souffrance et la joie portée par la musique.

Un grand livre.
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L'Enragé

Je ressors totalement assommée de L'enragé, coup de massue juste après Triste Tigre. Je me sens écartelée entre un sentiment de culpabilité de petite bourgeoise et un désir d'agir, mais comment ? On nous dit que Dieu est omniscient, omniprésent, omnipotent mais n'est-ce pas le Diable ?



Comment est-ce possible une telle violence sur des enfants, à l'instar de Neige Sinno qui a été abusée sexuellement par son beau-père, pendant sept ans, et de Sorj Chalandon qui a été battu et brutalisé par son père ?



Les deux auteurs partagent leurs vécus, à la recherche de résonances. Il est vain de leur demander si la littérature les a sauvés, ils sont condamnés à vivre avec leur trauma.



L'enragé nous prend à la gorge dès les premières lignes. Ce sont les prémisses d'une lecture en apnée, le souffle coupé, la boule au ventre.



« Tous ont la tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit.

[…]

Sous les coups de matraques, ma mâchoire renonce. J'ai un troupeau de gardes sur le dos. Ils me redressent, me passent les menottes. Un surveillant frappe ma nuque d'un coup de nerf de boeuf et me crache au visage.

-Salopard, va !

Je tremble. Tous tremblent. Deux coups de sifflet ».



Nous sommes au réfectoire de la colonie pénitentiaire de Belle ile en mer, ouvert de 1880 à 1977, pour des mineurs de dix à vingt et un ans, abandonnés par leurs parents, internés pour des petits larcins ou des accusations non fondées.



C'est un centre de torture où les sévices font légion, et où les prisonniers servent de main d'oeuvre pour la construction navale, les travaux des champs, le gros oeuvre du ballast ferroviaire ou des voiries… Leurs salaires sont versés à l'administration pénitentiaire. Tout concourt à « nous écraser sous les charges, affamer nos corps, essorer nos esprits ».



Le 27 août 1934 éclate une émeute qui entraine l'évasion de 55 mutins (ou 56 selon certaines sources). Les touristes comme les habitants de l'île se mobilisent pour traquer les fuyards - à raison d'une récompense de 20 francs - , ils sont récupérés en l'espace de quelques heures, sauf un. Jacques Prévert est sur les lieux, en vacances. Très choqué, il compose le poème tristement célèbre, « la chasse à l'enfant ».



« Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens ».



Le père de Sorj Chalandon n'arrêtait pas de le menacer de le faire enfermer à Belle Ile. C'est pour cette raison qu'il s'est servi de ce fait divers pour construire l'enragé.



« En fait, Belle-Île m'avait toujours hantée. Et je me sentais coupable de ne pas avoir donné la parole à tous ces enfants dans mes écrits qui, je le savais, avaient été enfermés pendant près d'un siècle dans des conditions extrêmement dures ». Extrait d'un interview publié dans Le Télégramme, le 10 octobre 2023.



C'est ce qui le motive à raconter l'histoire du 56ème mutin, le seul qui n'a pas été retrouvé, Jules Bonneau, alias La Teigne, .



En tant qu'ancien enfant martyre, Sorj Chalandon est tout à fait à même pour se mettre dans la peau de Jules Bonneau et lui prêter sa voix.



Il s'ensuit un récit terrifiant qui nous malmène de bout en bout, en nous autorisant quelques rares bouffées d'air.



« Tu sais pourquoi je t'ai tendu la main, le premier jour ?

Non, je ne savais pas.

-Pour que tu desserres le poing.

J'ai souri ». (p.401)



On trouve aussi quelques traits d'humour.



« - Deux rouges à bord ? C'est plus « La Sainte-Sophie », c'est le cuirassé « Potemkine ». (p.372)



Pour organiser un enterrement sans argent, la bande d'amis trouve des subterfuges très drôles : « Les monogrammes correspondaient à un autre deuil, mais le doré faisait joli. […] le vieux mousse, lui se retrouvait déguisé en cocher, gants blancs et chapeaux haut de forme ». (p.267)



Sorj Chalandon connait bien Belle Ile en mer et il s'est appuyé sur une solide documentation. En fin d'ouvrage, il remercie Sophie et Ronan Naudin, propriétaires de la librairie « La Longue vue », dont il a repris les prénoms pour les sauveurs de Jules Bonneau.



l'enragé est très intéressant d'un point de vue historique, mais il est surtout remarquable par sa belle écriture vivante. Il m'a pris aux tripes, certes il m'a fait passer un mauvais quart d'heure mais j'en sors grandie.



Je suis étonnée qu'un livre d'une telle qualité n'ait eu aucun prix, surtout compte-tenu de l'importance de ses ventes !

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Mon traître

« Troubles »en Irlande du Nord, terrible histoire d’amitiés et de deuils.



Un jeune homme un peu naïf, un luthier français, a séjourné à Belfast et noué une amitié profonde avec des Irlandais qui l’ont accueilli comme un des leurs. L’Irlande devient une obsession. Antoine emporte en lui ce pays déchiré, où des chars patrouillent dans les rues, où un enfant est tué en allant acheter du lait, où des prisonniers meurent en faisant la grève de la faim. Une sale guerre…



Le téléphone sonne et il apprend que son ami est mort dans une explosion. Il est secoué, des larmes, un cercueil à porter sur son épaule, un cimetière des héros, un deuil…



Et puis un jour, un mot à la radio, un entrefilet dans un journal et il apprend que son autre ami était un traître. C’est un véritable K.O., il est complètement sonné. Est-ce la mort d’une amitié, celle d’un héros déchu, d’un menteur ? Doit-on tourner le dos? Peut-on pleurer et faire son deuil d’un ami et d’un pays?



Un roman troublant, un roman de détresse et de combativité, d’amitié et de trahison. Sorj Chalandon a vraiment le don pas juste de décrire, mais de faire ressentir. Et dans ces émotions, difficile de trancher entre le bien et le mal…

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Enfant de salaud

Retour du grand Chalendon où la seule petite déception que j’ai eu a été sur le précédent roman. Un genre de prolongement du Petit Bonzi et Profession du père mais encore plus fort. L’auteur assiste comme journaliste au procès de Klaus Barbie, et aussi en parallèle celui de son propre père dont il découvre le passé et comprend pourquoi son grand-père l’a traité, à dix ans, d’enfant de salaud. Des passages d’une grande force émotionnelle. Comment vivre et grandir avec un tel imposteur ? De la matière associée à un énorme talent ne peut qu’en faire un livre unique et inoubliable.
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Une joie féroce

Fidèle lectrice de Sorj Chalandon, j’ai choisi de lire ce livre sans rien en connaître au préalable.

Il y a une poignée d’auteurs en qui j’ai une telle confiance, que la quatrième de couverture n’influence en rien mon choix, ni la certitude du plaisir à venir.

Mais là, je dois dire que j’ai été surprise.

Lire sous la plume de Chalandon l’histoire banale et dramatique de Jeanne atteinte d’un cancer, quittée par un mari aussi lâche qu’ignoble me laissait entrevoir la déception d’un rendez-vous raté avec l’un de mes écrivains favoris.



Dans la première partie du roman, nous suivons Jeanne avec sa peur, son chagrin, ses premiers pas dans le traitement qui la laisse épuisée, la solidarité et le soutien d’autres femmes malades.

C’est grâce à elles que Jeanne va trouver la force nécessaire pour repousser le malheur qu’elle connaît et qu’elle ne veut plus, elle qui a perdu son fils âgé de sept ans.

Rire pour ne plus pleurer pourrait être la devise de ces guerrières bien décidées à ne rien lâcher, surtout pas la vie.

« Elle et les autres se moquaient de la maladie. Elles riaient de la mort. Allaient à la chimio comme d’autres à la manucure. C’était dur pourtant. Chacune souffrait, pleurait, poussait un cri de douleur au moment du lever mais aucune ne se plaignait. »



Lorsque l’auteur change de braquet pour nous entraîner dans un thriller aussi original qu’imprévu, j’ai compris que j’avais à nouveau entre les mains « un grand » Chalandon.



Ce livre est une magnifique leçon de courage, une belle histoire d’amitié et qu’importe les incohérences que ne manquent pas de souligner certains lecteurs sur l’improbabilité de ce braquage mené avec l’énergie du désespoir.

Un coup de cœur que j’ai terminé en larmes.



Merci à NetGallet et aux Editions Grasset.

#UneJoieFéroce #NetGalleyFrance

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Profession du père

Mais comment peut-on sortir sain d’esprit d’une telle enfance ?

Mais comment un homme aussi fou a-t-il pu passer sa vie en toute liberté, sans soins, imposant sa démence à son fils et à se femme ?

Un univers clos : le père, la mère, le fils. Jamais de visiteurs, jamais de visites

Le père : complètement mythomane, violent, tyrannique

La mère ; effacée, soumise, consentante

Le fils : plein de foi en son père, crédule, s’engageant par autorité paternelle dans ses délires, plein d’amour aussi malgré les coups qui pleuvent,

Quelle force de caractère pour s’en sortir indemne. Indemne au niveau du raisonnement et du comportement. Mais indemne au niveau du cœur et des émotions….. impossible.

Les angoisses du Petit Bonzi, qui bégayait, et ici celles d’Emile, qui est asthmatique, me font encore plus, si c’est possible, aimer et admirer l’homme qu’est devenu Sorj Chalandon.

Les rapports avec ses parents lorsqu’il est devenu adulte, sans haine ni reproches, avec malgré toujours de l’amour et une forme de respect en sont un fort témoignage.

Dans ce roman, tout semble trop pour être vrai. Mais, vrai, ou faux, ou exagéré, ou romancé, il représente avec force l’enfant blessé qui demeure toujours en nous.

Si tous les sujets traités par l’auteur sont durs et douloureux, il réussit à chaque fois, par la justesse de son écriture et la beauté de son esprit, à combler notre bonheur de lecteurs.

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Profession du père

Profession du père : tortionnaire et machiavélique.



Deux professions dont, pourtant, il ne se vante pas. Lui qui a sauvé la France à plus d'une reprise, qui a inventé le franc lourd et qui traite sa femme de pute parce qu'elle a assisté à un concert des Compagnons de la Chanson, c'est quand même pas n'importe qui !



Tous les locataires de l'immeuble devaient être sourds aux coups et aux insultes de cet homme hors du commun qui maltraitait sa femme et son fils sous couvert de toutes les décorations reçues. Quiconque était persona non grata dans cette vie étriquée où seule la maman travaillait : pas de vie sociale, pas de vie intellectuelle, pas de distractions, interdiction de faire du bruit, promesses, menaces et sévices à l'envi.



Une enfance trahie, bafouée, incitant à la fourberie. Et pourtant sans rancoeur ni rancune. Sans jamais toucher au désespoir, non plus.



Je suis sortie glacée de cette lecture mais avec toujours autant d'admiration pour le style simple et sans concession de Sorj Chalandon. Avoir choisi Libération pour l'exercice de sa plume n'était peut-être pas innocent. J'ajoute à présent mon admiration pour l'homme qu'il est devenu. Il doit aimer profondément la vie.

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