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EAN : 9782226193988
195 pages
Albin Michel (19/08/2009)
3.21/5   106 notes
Résumé :
En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.

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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 106 notes
J'aime l'écriture de Sylvie Germain mais la fin étrange de ce roman m'interpelle.
Métamorphose, anamorphose, paramorphose, téramorphose, hagiomorphose, patamorphose sont des termes cités dans Hors champ.
J'ai suivi Aurélien pendant une semaine, le dimanche il se réveille dans son canapé, un peu hagard, les voisins du haut ont fait la fête toute la nuit, une pendaison de crémaillère. le lundi il se rend au travail, il se fait bousculer dans la rue comme si les gens ne le voyaient pas, état qui ira en s'aggravant toute la semaine jusqu'à ce qu'il devienne invisible le samedi, dernier jour de l'histoire que conte Sylvie Germain.
Un roman qui pose beaucoup de questions sur la présence, les sentiments et le vécu.

Challenge Petits plaisirs - 196 pages
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Aurélien approche de la cinquantaine.
Bel homme, il a un bon métier, un amour dans sa vie.
Ce dimanche là, rien ne tourne rond, rien ne lui semble comme d'habitude.
Le lendemain, en allant au travail, les gens le bousculent comme s'ils ne le voyaient pas.
Et jusqu'au samedi suivant, ça va empirer.
Ses collègues semblent ne pas le voir, sa fiancée l'ignore comme s'il n'était pas là, un ami lui dit qu'il a l'air flou.
Chez sa mère il réalise que son personnage disparaît sur les photos de famille.
Il est carrément hors-champ.
Tout cela jusqu'au samedi où il disparaît complètement, évanouit dans la nature.

Quel livre étrange !
On se demande s'il s'agit d'un conte fantastique, d'une métaphore, ou d'autre chose encore.
Personnellement je l'ai pris pour une métaphore.
Mais plusieurs possibilités sont offertes.
Est-ce que, quand les autres ne nous voient plus on disparaît complètement ?
On peut penser à ce que devient un être qui n'est plus aimé.
Être regardé, entendu, senti c'est exister
On peut penser à un SDF que plus personne ne voit, comme s'il n'existait plus.
Exclu de la communauté, il disparaît petit à petit.
On peut penser aux personnages d'un roman, qui disparaissent une fois le livre fermé.
Bref, je pense que chaque lecteur mettra son ressenti sur la disparition progressive d'Aurélien.
Sylvie Germain ne nous donne pas les clés pour bien comprendre.
Mais comme à son ordinaire, elle nous enchante avec son écriture intelligente et poétique.
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Quel roman déstabilisant ! le genre de récit étrange qui transporte le lecteur dans un univers fantastique et angoissant, un livre qui trouble dès le premier chapitre, mais auquel on s'accroche désespérément, même si l'on en devine l'issue funeste.

En l'espace d'une semaine, une toute petite semaine, Aurélien, un homme séduisant, proche de la cinquantaine, sans histoire, employé d'une entreprise commerciale et menant somme toute une vie banale, va s'effacer aux yeux des autres. Dans la rue, d'abord, les passants le bousculent, comme s'ils ne l'avaient pas vu, l'autobus ne s'arrête pas à son signe, ses collègues ne l'attendent pas pour déjeuner et lui trouvent un visage flou, Clotilde, sa compagne semble l'oublier et même sa mère a du mal à le reconnaitre et à se souvenir de son existence.

Cauchemar ou réalité ? Dépression ou névrose ? Inadéquation à la société ? Mise à l'écart comme ces SDF anonymes auprès desquels les gens passent sans même les remarquer.
Du dimanche au samedi suivant, dans une atmosphère kafkaïenne, on assiste à l'effacement total d'Aurélien. Non seulement il devient progressivement transparent, perd sa voix, son ombre, ses affaires disparaissent, son téléphone ne sonne plus, aucun message ne lui parvient, les photos de lui s'effacent dans les cadres chez sa mère… Il n'existe plus ; il disparait même de la mémoire de ses proches.

Qu'est-ce qui nous fait vivre et avancer quotidiennement ? Existons-nous par le regard des autres ? Quelles traces laissons-nous de notre passage sur terre ?
Autant d'interrogations que nous propose l'autrice dans ce roman dérangeant. D'une d'écriture fluide et recherchée, mais non dénuée d'humour et de dérision, elle tient le lecteur en haleine jusqu'au bout l'entraînant dans l'effacement total de son personnage et en l'invitant à s'interroger sur le sens de la vie.

Jusqu'ici je ne connaissais pas Sylvie Germain, quelle bonne idée de la part du Challenge Solidaire d'en avoir proposé la lecture cette année. Hors champ est un roman troublant, atypique mais très prenant, qui m'a vraiment interpellée.

#Challenge Solidaire 2023
#Challenge ABC 2023/2024
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Troublant ce livre de Sylvie Germain vers lequel je suis venu grâce au challenge solidaire. Un être ordinaire, vous, moi, que rien ne prédisposait à devenir ou plutôt à ne plus devenir. Un roman kafkaïen, absurde, l'auteure ne fournit pas d'explication, le propos n'est pas là, elle instille tout du long les changements qui arrive à son personnage. Petit à petit, son nouvel état apparaît et donc disparaît.
Sylvie Germain fait un parallèle entre l'homme dont elle forge le destin et les sans domicile fixe, ces gens qu'on croise mais qu'on ne remarque pas ou plus. Et elle nous pose cette question : Est-ce-que l'on n'existe qu'à travers le regard des autres ?
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En une semaine le vie d'Aurélien bascule.
"Décidément les choses sont de mauvais poil aujourd'hui" observe Aurélien. C'est vrai, le disque dur de son ordinateur vient de lâcher, alors qu'il venait juste de terminer un travail long et difficile. Déjà, la veille, la tringle de la penderie avait cédé, la clenche de la porte des toilettes lui était restée dans la main...
Le lendemain, en se rendant au travail, il se fait bousculer par les piétons qui s'excusent en lui disant qu'ils ne l'avaient pas vu. Ses collègues le trouvent flou, terne, flapi. Que se passe-t-il ? Un malaise s'installe.
Et ce malaise va s'intensifier les jours suivants lorsqu'il s'apercevra qu'il n'a plus d'odeur, plus d'ombre, plus de visibilité auprès des autres. Sa compagne ne se soucie pas de sa présence. Même sa mère lui prête peu d'attention.
Plus personne ne le voit, ni ne l'entend....

Est-ce un roman, un conte, une parabole ? Difficile à dire. Peut-être les trois.
C'est un récit court, mais intense, sur le poids d'un individu dans la société. Dans quelle mesure sommes-nous important pour les autres ? Survit-on dans la mémoire des autres ?
J'ai lu d'autres livres de Sylvie Germain (L'inaperçu ; le monde sans vous) qui parlent de l'absence, de l'effacement, mais ici l'effacement est porté à l'extrême.
Son héros ne connaît pas son père biologique. Il est le fruit d'une rencontre éphémère. Son beau-père est un homme de spectacle. Son beau-frère est cloitré dans un monde parallèle depuis son agression. Sa naissance, sa famille déjà sont empreintes d'irréalité.
Ensuite le déroulement de cette semaine n'est qu'un compte à rebours. Il perd peu à peu tout ce qui fait une identité aux yeux des autres : l'odeur, la vue, la voix. Il devient "une buée d'homme".

Sylvie Germain n'a jamais aussi bien revendiqué le "goût des autres". Et son écriture est belle et prenante.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le lecteur, si vraiment il s'engage dans sa lecture, devient un personnage lié au roman qu'il lit puisqu'il entre à son tour dans l'histoire et refait, à sa façon, tout le parcours du texte. Mais ce personnage échappe totalement au pouvoir, à la volonté, à l'imagination de l'auteur du livre dont il n'est pas une "création", mais un invité. Un drôle d'invité, anonyme, venu on ne sait d'où, qui arrive à l'improviste et sort quand ça lui chante de l'espace du livre, sans souci de ponctualité, de la moindre convenance, qui s'y attarde ou le traverse à toute allure, riant, bâillant d'ennui, râlant, applaudissant ou se moquant, selon son humeur, sa sensibilité, ses intérêts. Les grands romans grouillent ainsi d'hôtes anonymes qui fouillent dans les coins, dérobent par-ci par-là une poignée de mots, une ou deux idées, quelques images qu'ils utilisent ensuite dans leur vie.
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Sa curiosité est retombée, il parcourt à présent distraitement le site qu’il visitait, pressé même dans sortir et de se remettre au travail. Soudain il s’arrête, la main en suspend. Un paysage vient de happer son attention. Il s’agit du Château de Blonay, panneau peint par Courbet pour servir de cache à sa sulfureuse Origine du monde. Un ciel d’hiver, vaste, gris blême, la masse obscure du château dressée sur une colline noire, et au premier plan, des arbres nus sur fond de neige. Il contemple longuement le tableau, s’imprègne de ses tons froids, de son austérité, de son silence. L’ordinateur finit par se mettre en veille, l’image disparaît de l’écran qui se laque de noir où tournoient des spirales mauves et bleu électrique, Aurélien ne bouge pas, il ferme les yeux. C’est en lui qu’il ranime l’image, et peu à peu celle-ci se transforme, elle s’étend, l’horizon recule, tirant une ligne bleuâtre entre le ciel blafard et la terre enneigée.

Il a trois ou quatre ans, il glisse le long d’une pente, blotti contre sa mère sur une luge. Des arbres défilent à vive allure, leurs branches sont griffues et leurs silhouettes maigres, on dirait des squelettes de sorcières calcinées. Il pousse des cris – de joie, d’excitation, de peur, d’émerveillement. C’est la première fois qu’il voit la neige, la touche, la sent. Ses cris se cassent aussitôt dans l’air glacé, comme des stalactites, il a l’impression que sa voix se détache de son corps et qu’elle part rebondir au lointain. La clarté du jours est étrange, elle poudroie, soyeuse et cendrée, il n’en n’a jamais vu de semblable. C’est une clarté d’aube du monde, ou de sa fin, à moins qu’il ne soit entré par effraction, par enchantement dans un autre monde ? Toute cette beauté insolite l’éblouit et l’inquiète, c’est comme s’il assistait à sa propre naissance. Mais laquelle ? Est-il en train de naître ou en voie de mourir ? Et derrière lui, l’enserrant, est-ce bien sa mère, toujours, ou une autre personne… un de ces arbres-sorcières, peut-être, ou la cruelle Reine des neiges ? Il n’ose pas se retourner. Le vent siffle, lèche sa face d’une langue râpeuse. Est-ce la langue d’un loup immense et invisible ? Il rit, d’un rire aigu ou perce la panique. Sa mère resserre son étreinte et lui chantonne à l’oreille sa ritournelle, dont les drôles de mots sonnent si joliment : « Biedroneczko lec do nieba, przynies mi kawalek chleba. » Son rire s’apaise aussitôt et tinte avec gaieté ; seule sa mère sait chanter cela, dérouler cette phrase ainsi qu’un filet d’eau fraîche versé d’une cruche avec vivacité.
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Il a marché longtemps, il finit par entrer dans un square et s'assied sur un banc face à un petit manège. Des animaux ridicules, de couleurs criardes, des caricatures de voitures de course et même deux chars d'assaut miniatures pourvu l'un d'une mitrailleuse, l'autre d'un canon, remplacent les chevaux blancs et dorés des anciens carrousels, et la musique diffusée est au diapason de cette laideur agressive. Une fillette en anorak mauve brodé d'étoiles argentées pousse des cris suraigus derrière la mitrailleuse qu'elle agite en tout sens. Ce sont des cris d'excitation, de joie, qui montent d'un cran chaque fois qu'elle passe devant sa mère. "Pan pan boum ! Je t'ai tuée, maman !" Sa victime, très souriante, agite la main avec grâce à chacune de ses mises à mort comme s'il s'agissait d'un hommage rendu à sa personne.
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Misère, qu'un roman où l'on ne trouve rien à voler. Mais aussi, folie et éreintement qu'un roman qui force sans cesse à s'arrêter pour mieux jouir d'une phrase, d'une description, d'une situation, tout en incitant à foncer à bout de souffle pour connaître la fin de l'histoire.
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Petit escargot
grimpe doucement surtout
c'est le mont Fuji !

Parfaitement droit
le trou creusé en pissant
la neige à ma porte
...
La fille acidulée feuilletant un recueil de poèmes d'Issa lui a remis l'humeur en gaieté ...
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Videos de Sylvie Germain (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Germain
Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
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