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Critiques de Truman Capote (740)
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De sang-froid

Cher Monsieur Capote,







Bien qu'il s'agisse ici d'une lettre d'outre-tombe et qui vous sera adressée dans l'au-delà, faisons pour un temps comme s'il n'en était pas ainsi. Pourquoi a-t-il fallu que vous rendiez l'âme l'année où moi, j'ai ouvert les yeux pour la première fois, acte par lequel j'officialisais mon arrivée dans ce monde mystérieux mais aussi, bien trop souvent, noir et ténébreux ?



J'ai enfin l'immense opportunité, de par cette lettre, de pouvoir vous dire ce que je ressens à votre égard. Sachez, cher Monsieur Capote, que je vous aime et vous admire autant que je vous hais.

Je vous admire car je trouve que votre écriture est emplie d'une immense richesse, autant par le style que vous utilisez que par la profondeur des sentiments que vous voulez faire transparaître. Vos écrits, romans comme nouvelles, sont poignants car ils révèlent une certaine meurtrissure de l'âme que l'on dénote chez bon nombre de vos personnages, tels que Grady dans La traversée de l'été, P,B Jones dans Prières exaucées ou encore Holly Golightly dans Petit déjeuner chez Tiffany pour n'en citer que quelques-uns. On retrouve aussi un profond attachement que le lecteur ressent indubitablement pour ces derniers. Voilà donc une des raisons pour lesquelles je vous aime ; vos personnages sont empreints d'une profonde sensibilité mais aussi d'une certaine fragilité qui les rend attachants et ne me laisse par conséquent pas indifférente. Ce sont des êtres qui ont le plus souvent été blessés et qui essayent autant bien que mal de vivre avec la crainte d'être rejetés ; sachez que je comprends cette souffrance.

Voici en revanche la raison pour laquelle je vous hais et qui n'est pas totalement incompatible avec la première. Vous faîtes naître chez moi, toujours par l'intermédiaire de vos personnages, des sentiments de violence (violence envers la société, les hommes,,,) que je croyais avoir réussi à canaliser et à refouler. J'éprouve en effet une profonde affection pour Perrry Smith et Dick Hickock, les criminels dont vous retracez le parcours et que vous analysez dans votre roman-reportage De sang froid. D'après les faits que vous relatez (faits qui sont véridiques), on pourrait assimiler ces hommes non pas à des êtres humains mais davantage à de véritables bêtes. Or, le sentiment que j'éprouve pour eux est tout autre, Il est vrai que les crimes dont ils se sont rendus coupables sont absolument atroces puisqu'ils ont tué une famille entière d'innocents fermiers littéralement « de sang froid » dans l'espoir d'un magot totalement inexistant. Néanmoins, malgré cette animosité apparente chez ces deux individus, vous arrivez à les « ré-humaniser » en montrant qu'il existe chez eux quelque chose de troublant, une vivacité d'esprit et d'intelligence qui les rend attachants, Je me suis en effet sentie inexorablement touchée par eux et c'est ce sentiment que vous avez réussi à faire resurgir en moi que je déteste.

Cela démontre cependant une nouvelle fois à quel point votre écriture est talentueuse pour arriver à susciter chez un même individu des émotions totalement contradictoires, à l'opposé du « bon sens » et qui ne paraissent pas du tout en adéquation avec sa personnalité.



Excusez-moi d'abuser encore un peu de votre patience mais je souhaiterais vous poser deux questions. La première est celle de savoir si durant vos visites aux condamnés Smith et Hickock dans le Couloir de la mort, vous avez vraiment ressenti un amour charnel pour Perry et si celui-ci était réciproque ?

Enfin, pouvez-vous me dire dans quelle mesure vous estimez que votre roman La harpe d'herbe peut être considéré comme un roman autobiographique ?





Je vous prie d'excuser mon écriture qui peut parfois manquer de limpidité mais comprenez ma timidité à m'adresser à un écrivain que j'idolâtre et que je considère comme étant le plus Grand Écrivain du XXème siècle,,,
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De sang-froid

Quel livre ! Je viens de le refermer, et en suis encore tout étourdie.

Truman Capote nous raconte un fait divers sordide qui s'est déroulé dans la fin des années cinquante dans le Kansas : le meurtre de quatre membre d'une même famille, froidement assassinés dans leur maison par deux repris de justice, Perry Smith et Dick Hickock.

Les faits sont connus dès le début du récit, qui commence par un chapitre clairement intitulé "les derniers à les avoir vus en vie", dans lequel on fait la connaissance de tous les protagonistes : les victimes, les coupables, les voisins. Pas de suspense donc, mais ce n'est pas ce qui compte ici.

L'auteur a mené un véritable travail d'investigation, interrogeant durant de longs mois de nombreux témoins et des enquêteurs, étudiant des rapports de police, et rendant visite en prison aux deux coupables. Sa rencontre avec Perry Smith l'a particulièrement touché, ayant vu dans ce délinquant ce que lui-même aurait pu devenir sans la littérature.

Que Truman Capote ait beaucoup donné de sa personne pour l'écriture de ce livre, cela ne fait aucun doute. À tel point que selon ses proches, il ne sera plus jamais le même. De sang froid constitue son sommet littéraire, ses productions ultérieures ne seront pas à la même hauteur, et il sombrera dans l'alcool et la drogue.

Ce que j'ai trouvé extraordinaire dans ce roman, c'est que malgré l'implication totale de l'auteur dans son écriture, il laisse le soin au lecteur de se faire une opinion. Il ne cherche jamais à l'influencer, il se contente de lui livrer les faits bruts. Le récit est minutieux, on a l'impression de voir un documentaire. Les différents plans s'enchainent. Le style est simple, voire dépouillé ; Truman Capote semble totalement détaché, et c'est ce qui rend son texte d'autant plus fort.

À travers les deux coupables, dont on découvre le passé grâce à différentes lettres de proches, à travers la famille des victimes, à travers les habitants du village de Holcomb, l'auteur dresse un portrait saisissant d'une certaine Amérique profonde. Smith et Hickock sont deux pauvres bougres, mais Truman Capote ne cherche pas à apitoyer son lecteur, pas plus qu'il ne cherche à enfoncer les deux meurtriers. Les différents personnages sont décrits sans fard, rien n'est enjolivé : Truman Capote nous montre la nature humaine, brute, sans artifice.

Un chef-d'oeuvre, et je pèse mes mots. Si vous n'avez pas encore lu ce livre, précipitez-vous !
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De sang-froid

Un roman atypique sur la folie des hommes



Grand classique de Truman Capote publié en 1966 dont l’adaptation de Richard Brooks a été un succès au cinéma un an plus tard, je me suis plongé dans « De sang-froid » trônant dans ma bibliothèque depuis des années.



Pour résumer le contexte à l’époque, Capote découvre dans le New York Times du 16 novembre 1959 le quadruple meurtre d’une famille de fermiers à Holcomb dans le Kansas. Il pense alors en faire un roman-réalité et réussit à convaincre le New Yorker d’enquêter lui-même sur l’affaire. Des années après avoir écrit ce roman, sa rencontre avec un des assassins Perry Smith, fou de littérature, le hantera à jamais et Capote tombera dans la dépression, l'alcoolisme et la drogue. Comme vous pourrez le constater à la lecture de cet ouvrage, on ne ressort pas indemne d’un tel récit.



Ainsi, en 1959, à Holcomb, petite bourgade du Kansas, deux jeunes, Perry et Dick, tuent, sans mobile apparent, quatre membres d'une même famille, les Clutter.

Très étonnant ! L’auteur commence par décrire Holcomb, puis tous les protagonistes de l’affaire dont les quatre victimes en leur annonçant leur mort prochaine, ce qui est pour le moins inhabituel dans un roman. La lecture s’avère quelque peu déroutante au départ car rien n’est caché jusqu’au moment du meurtre.

Par la suite, plutôt que de décrire le crime en détail, Capote préfère sauter le fait principal et suivre les deux hommes dans leur course poursuite vers l’inconnu en disséquant leurs moindres faits et gestes. On se doute qu’ils se feront attraper mais on ne sait pas où, comment et surtout quand ?



Personnellement, les moments les touchants de ce roman furent les différentes lettres écrites par des tiers ou les protagonistes eux-mêmes :

La sœur de Perry qui écrit à son frère en prison pour des faits antérieurs au meurtre,

L’analyse de cette même lettre, rédigée avec une écriture magnifique, par un compagnon de cellule de Perry,

Les différents échanges de lettre entre Perry et son frère d’arme, Perry ayant servi sous les drapeaux un moment,

Les témoignages écrits de Perry et Dick durant le procès.

Les témoignages écrits ou imaginés des médecins durant le procès.



Par ailleurs, Capote s'intéresse fortement à la psychologie des deux jeunes meurtriers et fait état à de leur passé pour dresser un portrait à la fois terrifiant et attendrissant des deux compagnons d’infortune (au sens propre du mot), surtout pour le personnage de Perry. Jusqu’à la fin du récit, l’auteur, obnubilé par les soucis du détail, analyse en profondeur le comportement de tous les acteurs, quels qu'il soient, qui rencontreront Perry et Dick. Je pense notamment à Mrs Meir pour le riz espagnol et aux lunettes d’Andy avant la sentence suprême.



En terminant le livre, on comprend mieux pourquoi Truman Capote a choisi délibérement le titre « De sang-froid » pour décrire à la fois le comportement des deux tueurs et plus particulièrement celui de Perry au moment des faits mais également le système procédurier insoutenable et implacable de la peine de mort en vigueur aux Etats-Unis.



Pour conclure, un bon roman très atypique à apprécier très lentement comme le bon vin, que je rapprocherais de « L’assassin qui est en moi » de Jim Thompson, forçant le lecteur à plonger tête baissée dans l’univers effroyable d’un psychopathe. De nature différente, «De sang froid» est un roman-réalité dont on devine la fin alors que «L’assassin qui est en moi» ou encore sous l’ancienne appellation «Le démon dans ma peau» est pourrait-on dire un vrai polar dont le suspense reste entier jusqu’au bout. A lire absolument… dans les deux cas de figure, même si je suis très, très fan du deuxième étant amateur de polar noir.
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De sang-froid

En choisissant d'écrire sur un fait divers, Truman Capote entre dans le genre nouveau de la littérature non fictionnelle. Une voie qu'empruntent après lui, avec succès, de nombreux auteurs comme l'Américain Norman Mailer (Le chant du Bourreau) ou les Français Didier Decoin et Emmanuel Carrère (L'adversaire) pour ne citer qu'eux.



Dans ce nouveau genre les auteurs font un travail de journaliste qui se livre à une véritable enquête. Pour la rédaction de Sang-froid, Truman Capote rencontre les deux jeunes meurtriers d'une famille de fermiers — tuée froidement et sans véritable mobile (50 dollars) - il tisse des liens avec eux qui peuvent paraître déplacés, mais nous les fait voir de l'intérieur, et c'est précisément ce qui est passionnant.



J'ai lu il y a quelque temps, un livre captivant de Janet Malcolm, Le journaliste et l'assassin, où elle relate une affaire qui pose le problème des auteurs avec leur sujet dans la littérature de non-fiction. Un cas d'école déontologique où la question est de savoir quelles sont les limites qu'un auteur doit se fixer, ou même s'il doit en avoir.



Un chef d'oeuvre de la littérature américaine qu'il faut évidemment lire.

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De sang-froid

Enquête , réquisitoire contre la peine de mort , livre inclassable mis en valeur par la magnifique écriture de Truman Capote .

Ce livre est basé sur un faits divers qui s'est déroulé aux Etats -Unis en 1959 , crime horrible , les deux criminels voulaient être ' riche ' et ont choisi leurs victimes au hasard , ils n'ont aucun remords , n'éprouvent aucune émotion d'où le nom du livre .

Truman Capote va enquêter pendant quelques mois , il va rencontrer à plusieurs reprises les meurtriers , il va essayer de donner du sens à ce crime épouvantable , ce massacre d'une famille entière , il reconstitue minutieusement les différentes étapes .

L'auteur va reconnaître qu'il aura du mal à s'en remettre , il essaye de trouver un peu d'humanité chez ces deux personnes considérées par le monde entier comme des ' monstres ' , il fait des recherches sur leur enfance , leur adolescence pour tenter de comprendre comment cela a-t-il pu arriver .

Evidemment , il ne donne pas de réponse , il n'y en a pas .

Il nous montre que malgré leurs actes horribles , qui n'ont aucune excuse , ce sont des êtres humains malgré tout .

Un roman qu'on n'oublie pas , magistral .
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De sang-froid

De sang-froid

Récit véridique d'un meurtre multiple et de ses conséquences

Truman Capote 1965

Traduit par Raymond Girard 1966



Un meurtre, aussi sordide soit-il, ne fait pas un grand roman. Quatre membres d'une famille respectée sont sauvagement assassinés en 1959 au Kansas. Très peu d'indices sont retrouvés et il faudra une enquête acharnée, mais aussi de la chance, pour trouver les coupables.

Truman Capote, figure des milieux littéraires, se passionne pour ce fait divers. Il y voit une matière fictionnelle extraordinaire qui le pousse à rencontrer les protagonistes et suivre l'affaire jusqu'à sa conclusion.



Tout le talent d'un écrivain réside dans sa dextérité à transformer un crime cruel en histoire universelle. Car l'auteur n'interroge pas moins que l'humanité toute entière : comment un homme banal peut-il tuer "de sang-froid" une famille complète ?

D'où vient le mal ? Peut-on l'arrêter ? L'axiome œil pour œil, dent pour dent ne satisfait qu'un instinct primaire de l'être humain. La vengeance lui donne l'illusion de la justice, mais l'éloigne de la vérité et le prive de toute humanité. Oui, ce récit est aussi un plaidoyer contre la peine de mort.



Mètre-étalon du roman-enquête, De sang-froid fait entrer la non-fiction dans la littérature. La vague actuelle de livres "true crime" en témoigne, le crime exerce une fascination morbide, comme une recherche désespérée de l'élan vital.

La maîtrise du récit impressionne ici par sa reconstitution des faits aussi méthodique que romanesque. Les personnages prennent si justement corps et âme que l'on s'attache vite à eux. Grâce à son analyse aiguë de leurs psychés, Capote nous attrape pour ne plus nous lâcher. La fluidité de sa plume achève l'œuvre et l'on se surprend à ne pas vouloir la terminer.

Seul un grand roman a cette puissance-là.

Un roman culte.



PS La traduction datée ajoute un charme désuet et ne gêne en rien la lecture.



PPS J'ai lu ce livre dans une édition offerte. Il traînait dans ma bibliothèque depuis des années. Désormais il y trône, et reste disponible à un prix abordable.

Autrement dit : lisez-le !



Mais peut-être l'avez-vous déjà lu ?
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Un été indien

Pour scolariser Bobby, ses parents ont quitté la ferme familiale sur les contreforts des Alleghanys (Virginie Occidentale). Ainsi un triste matin, le coeur brisé, le jeune garçon a dit adieu à la maison de son enfance et à ses grands-parents qu'il aimait. " On ne se donna jamais la peine de retourner là-bas ... mais peut-être qu'un jour, avant de mourir, j'y retournerai y vivre. "



En quelques pages, Truman Capote nous émeut en profondeur. Arraché brutalement de ses racines et sans retour, son jeune héros connaît (pour lui, un traumatisme indélébile) ce que nous mettons souvent des années à vivre ; pour beaucoup, la fin de l'enfance heureuse et insouciante dont faisaient partie des maisons familiales et nos chers grands-parents.



Issu du passé, l'héritage constitutif et fondateur de notre être qui ne peut disparaître. Tel le secret du grand-père de Bobby : " Vivre, laisser vivre et prendre plaisir à la vie, tout cela faisait partie du " secret " de grand-père ; recevoir l'amour et le partager. "



Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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De sang-froid

Conteur virtuose de l'Amérique et ses travers, Truman Capote se sert d'un fait divers pour nous faire voyager dans la tête de deux tueurs.



Ce roman de non-fiction pour lequel l'auteur, complètement obsédé, a passé plus de cinq ans à enquêter sur place, interrogeant les témoins, va lui permettre d'analyser ou de projeter sur les meurtriers, les mobiles d'un crime que le lecteur est invité à vivre par procuration



Dans un cheminement intime et très personnel, toutes les ficelles du genre en main, Truman Capote ramène du passé des images fortes et dérangeantes.



L'auteur américain revient sur sa thématique récurrente sur la destinée : certains êtres sont condamnés à un sort funeste contre lequel il est impossible de lutter ?



Pas d'incantations moralisatrices, pas de clichés rebattus, pas de jugements de valeur. Les faits, rien que les faits.

Ces faits qui vont nous pousser tout seuls à la réflexion :

Des vies misérables et solitaires ou des enfances malheureuses pourraient expier ou expliquer des meurtres commis de sang-froid, complètement dénués de conscience et de compassion ?



Le titre de l'ouvrage (De sang-froid) est ambigu. Il fait référence à la fois à l'attitude des deux assassins lors de cette nuit fatale, mais aussi à celle de la société qui les exécute.



Lire Truman Capote, c'est se laisser happer par un flux de conscience mettant à nu l'essence même de la société américaine.





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De sang-froid

Très grand coup de cœur pour ce roman noir, sans doute le plus célèbre de Truman Capote, en tout cas celui qui contribuera à son immense notoriété.



Ce roman me faisait peur depuis longtemps et il prenait la poussière sur l'étagère. Et comme souvent quand un classique me fait peur, une fois lu, je me ficherais bien des claques pour avoir failli passer à côté.



Roman choral à la construction narrative originale et pourtant facile et agréable à suivre, "De sang-froid" ne vous laissera sans doute pas de marbre. Je vous souhaite de garder le vôtre tout au long de votre lecture. En ce qui me concerne, ce fut difficile tant le sujet prend aux tripes mais ce roman m'a complètement captivée, et comme aspirée entre ses pages.



Ici, la chronique sociale se fait enquête puis étude psychologique. Avec un sens du suspense qui sert le caractère dramatique tout en retenue et sans effets de manche, Truman Capote tient le lecteur en haleine et le place dans la situation délicate d'un juge. A l'instar des personnages du roman, et face à un homicide collectif odieux qui défraya la chronique de l'Etat du Kansas en 1959, le lecteur est tout à la fois spectateur impuissant du drame, enquêteur, juré et sociologue.



Le roman dégage une puissance envoûtante que j'ai rarement rencontrée en littérature et qui donne au récit une densité et une intensité remarquables. Capote nous offre une remarquable plongée dans les Etats-Unis des années 50 et 60. Un roman que je classe désormais parmi mes incontournables.





Challenge MULTI-DÉFIS 2019

Challenge XXème siècle - Edition 2019

Challenge USA

Challenge PAVES 2019

Challenge XXème siècle (sans limite de temps)
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De sang-froid

Truman capote a travailler plusieurs années afin de reconstituer ce fait divers qui s'est déroulé dans les années 50 dans le Kansas. Et il n'en est pas sorti indemne; ce que je comprends aisément.

Deux voyous déciment une famille entière afin d'essayer de s'approprier leurs richesses.



Ce roman est prenant, il nous livre une réflexion sur le meurtre gratuit avec toute une psychologie des meurtriers : du pourquoi du comment ils en sont arriver là. Mais l'auteur ne s'arrete pas là, il nous montre également la psychologie du voisinage face a cet acte barbare.

C'est également un beau plaidoyer contre la peine de mort.

Et tout ceci sans que l'auteur prenne une seule fois parti, il a réussi a garder une impartialité incroyable tout au long de son récit.
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De sang-froid

C'est sur un fait-divers sordide, repéré dans un entrefilet du New York Times, que trébuchera l'existence de Truman Capote au début des années soixante. Fasciné par ce quadruple assassinat d'une honnête famille du Kansas, il consacrera six ans à scruter les éléments du drame, non sans répercussions ultérieures sur son équilibre mental.



Six années d'entretiens avec les enquêteurs, les autochtones, les proches des victimes, les témoins, mais également les deux meurtriers. Six années à observer, questionner, analyser, assembler chaque détail pour livrer finalement le plus authentique et le plus minutieux des « romans-vérité ».



Pour ma part il m'aura fallu trois semaines pour terminer cette lecture. J'avoue, j'ai traîné des pieds. Non pas que je me sois ennuyée, loin de là, mais la légèreté de mes pérégrinations d'été n'était clairement pas raccord avec la noirceur et la densité du sujet. Donc bon.



Il n'en reste pas moins, notez bien, que cette inclassable chronique judiciaire, sociétale et psychologique est un illustre classique, cité comme une oeuvre majeure de la littérature américaine en général et de mister Capote en particulier.




Lien : HTTP://MINIMALYKS.TUMBLR.COM/
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De sang-froid

Truman Capote raconte l'histoire vraie d'une tragédie incroyable qui a frappé les quatre membres de la famille Clutter dans une petite bourgade du Kansas en 1959. Cette mort brutale et sans mobile apparent plonge les habitants de Holcomb dans la frayeur et l'incompréhension. Dans la frayeur car ici, à Holcomb ils n'ont que des amis. La banalité du quotidien, la paix et la tranquillité basculent dans une déprime collective. Plus rien n'a de sens depuis que ce crime sordide a été commis envers une famille généreuse et sans histoires. Ils ne se sentent plus à l'abri de rien et chacun se met alors à suspecter son voisin.



De sang-froid, les deux psychopathes Perry et Dick exécutent leurs victimes, et quittent les lieux en blaguant, sans un impact sur leur conscience.



Dès le début du roman on connaît donc les faits. Implacables, sans possibilité de retour en arrière, sans oser espérer fermer les portes à double tour pour que la folie n'entre pas, ces faits frappent le lecteur, le prennent dans ses tenailles, le ligotent aux pensées ténébreuses de ces tueurs fous.



La suite du roman se déroule sur les traces de la fuite irrationnelle de Perry et de Dick. En évoquant leur passé tout au long de ce périple infernal vers le Mexique ou sur la route 66, on creuse ainsi leur enfance, leur parcours, leurs failles, leur carence émotive. Juste des faits, pas de jugements, en équilibre entre folie et blessures. De cette lecture, Perry m'est apparu le personnage le plus troublant, le plus effroyablement fragile, le plus complexe. La rencontre entre ces deux hommes ne pouvait que conduire au crime le plus atroce, sans filtre.



Roman sur la psychologie meurtrière, les désordres de la personnalité, la brutalité de la peine capitale, qui nous fait entrer dans le tsunami d'incompréhension qu'impliquent de tels crimes. Enquête menée à la façon d'un journaliste n'épargnant aucuns détails, sur les pas de criminels hors normes, d'une folie implacable, qui ne laisse pas indemne.













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La traversée de l'été

A l’été de ses dix-sept ans, Grady McNeil refuse d’accompagner ses parents en voyage en Europe, préférant rester seule à New York. Enfin, pas tout à fait seule, puisque la riche jeune fille fréquente en secret le modeste gardien d’un parking de Broadway. Entre la passionnée Grady et le nonchalant Clyde, l’idylle n’est pas sans nuages, et, l’été passant, le jeune couple s’achemine peu à peu vers le drame.





Premier roman écrit par Truman Capote à l’âge de dix-neuf ans, La traversée de l’été impressionne par la maturité et la finesse psychologique qu’il dénote. L’on est aussi frappé de voir germer dans cette première œuvre bien des ingrédients du futur Petit déjeuner chez Tiffany, l’auteur semblant fasciné par les parcours désespérés de personnages libres et épris d’absolu, blessés dans la poursuite de passions qui les marginalisent définitivement. Grady et Tiffany sont toutes deux de très jeunes et fragiles filles de la bourgeoisie américaine, pleines d’aspirations anticonformistes qui les prédestinent au mal de vivre, voire au drame ultime lorsque les contraintes de la réalité et de leur milieu menacent de leur couper les ailes. Ainsi, si Tiffany réussit à traîner son spleen au fil d’une existence fantasque de papillon de nuit, Grady a tout de la fureur de vivre destructrice de James Dean.





Ce livre posthume, rédigé en 1943 et retrouvé par miracle quelque soixante ans plus tard, n’avait pas été jugé digne d’être publié par son auteur. Pourtant, aussi concis et efficace que subtil et nuancé, il dévoile déjà le talent du grand écrivain que fut Truman Capote.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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De sang-froid

Tout est parti d'un fait divers réel et horrible, l'assassinat d'un riche fermier avec trois membres de sa famille. En novembre 1959, à Holcomb petite ville paisible dans la campagne du Kansas, Herb Clutter, sa femme, sa fille et son fils furent abattus en pleine nuit chez eux de manière sauvage. Ils étaient des gens sans histoire, bienveillants, toujours le coeur sur la main. C'est sans doute ce qui accentua la douleur de ceux qui les connaissaient, le traumatisme du pays et son appropriation par l'opinion publique.

La construction narrative de ce récit m'a sidérée. Un « true crime » comme on dit là-bas de l'autre côté de l'Atlantique, un roman-vérité. Truman Capote est allé chercher la vérité au coeur de l'Amérique profonde, au coeur des personnages de cette histoire, la légende dit qu'il ne s'en est jamais remis après avoir non seulement écrit ce livre, mais surtout après être entré en totale immersion dans ce récit vrai pour tenter d'en comprendre les rouages... Truman Capote a eu la possibilité de rencontrer et interviewer tous les acteurs de cette tragédie, y compris les deux meurtriers.

Truman Capote est allé loin, très loin, dans ce voyage presque sans retour.

L'art de l'écrivain, revêtant l'étoffe du journaliste pour l'occasion, nous ouvre les portes béantes du crime, nous fait entrer sous la peau et dans la tête des deux protagonistes de ce crime sordide qui repose sur cinquante dollars, un poste de radio et l'idée d'un coffre-fort soufflée par un camarade détenu d'un des deux assassins mais qui n'exista jamais chez la famille Clutter. Quand bien même le coffre-fort aurait existé, le crime aurait été tout aussi sordide.

Truman Capote vient plaquer ses mots au plus près des visages des personnages, de leurs respirations, comme un reporter avec sa caméra. Dans un style dépouillé jusqu'à l'os, il écrit, décrit ce qui est, nous fait pénétrer dans la conscience trouble des meurtriers, nous dévoile d'où ils viennent, leurs chemins respectifs, leurs dédales pour en arriver là, à se croiser dans cet itinéraire fatal et absurde.

C'est une redoutable plongée dans les tréfonds de l'âme humaine.

Que va devenir dans notre imaginaire cette nuit fatale qui semble sceller à jamais la cruauté d'un crime gratuit sans nom ? Que va devenir cette nuit qui va poursuivre les meurtriers, deux repris de justice qui se sont connu en prison, les rattraper à leur grand étonnement, les ramener vers la loi des hommes et leur justice ?

C'est une chronique qui donne vie à ceux qui ont donné la mort, sans rien n'excuser ni justifier de leurs gestes insensés, ni le passé, ni le présent, tout est posé là comme des faits, la vérité vraie de ce qui fut, de ce qui est, avec le froid des mots implacables.

Pourtant tout au long du récit, les deux meurtriers nous deviennent vite familiers. Autant leur donner un nom à eux aussi, puisqu'ils s'appellent Perry Smith et Richard Hickock. Deux jeunes criminels apparemment sans coeur, détachés de toute émotion. Quelle réalité se cache derrière les apparences ? Truman Capote saisit cette réalité en totale distance. Leur part troublante d'humanité nous est révélée dans cette trajectoire longue depuis le départ de leur rencontre jusqu'à cette destination ultime qui va les mener jusqu'au couloir de la mort et sous la potence d'une prison du Kansas.

Nous traversons avec les deux meurtriers des territoires solitaires, nous empruntons des routes tantôt accablées de soleil, tantôt balayées par les pluies. On dirait que tout cela ressemble à leurs vies éphémères dont ils n'ont pas conscience un seul instant, comme cette nuit fatale où ils sont entrés chez les Clutter et en sont sorti quelques heures plus tard avec la même désinvolture proche de la folie.

Ce récit m'a plongé dans les tenants et les aboutissants d'un drame aussi sanglant qu'absurde.

Il nous montre d'où ces deux assassins viennent, nous faisons connaissance avec leurs familles, nous découvrons peu à peu la mécanique implacable qui les a conduits au pire, presque sans qu'ils en prennent conscience. C'est terrible. Comment expliquer, alors, ce terrifiant passage à l'acte ?

Truman Capote, bien sûr, ne tranche jamais cette insondable interrogation.

Ici j'ai été touché par l'empathie de cet écrivain avec les personnages. Quel talent en effet de pouvoir donner une voix à ce qui est inaudible.

Cette empathie nous plonge jusqu'au vertige.

À peine le procès était commencé, tout était déjà couru d'avance, les foules hostiles au dehors, des jurés en absence totale de neutralité parce que certains connaissaient les Clutter, des avocats de la défense pas vraiment à la hauteur de l'enjeu, un juge totalement impartial. N'enlevant rien à la tragédie sauvage commise par les deux meurtriers, ce texte est un réquisitoire implacable contre le mode de justice de certains Êtats des États-Unis.

Le pire, c'est que cela continue soixante ans plus tard.

Ce texte est un plaidoyer saisissant contre la peine de mort, un peu comme le fut dans un autre style le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo qui m'avait particulièrement ému. Nous connaissons les opinions publiques particulièrement sensibles sur ce sujet, ici chez nous encore mais aussi aux États-Unis où elles sont toujours exacerbées.

Le hasard du calendrier fait que ma lecture et l'écriture de ce billet interviennent quarante ans après l'abolition de la peine de mort en France et une semaine après ce magnifique et puissant discours de Robert Badinter au Panthéon pour célébrer l'événement.

De Sang-froid est un texte somptueux, magistral. Totalement actuel.

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Petit-déjeuner chez Tiffany

Malgré Quelques belles trouvailles littéraires, je n ai pas été transporté, et plutôt déçu, par ce déjeuner chez Tiffany. L image d Audrey Hepburn minaudant et profitant des hommes ne m a meme pas ému. Certes, ce brûlot de Truman Capote contre la société conservatrice et bien pensante de son temps a dû faire du bien à l époque, mais cela manque de rythme -qui n intervient que dans les dernières pages-, et je lui préfère largement le ton caustique d Henri miller ou le clinquant lucide du great Gatsby (autre époque).

Pourtant, je relirai Truman capote, car suivent ce petit déjeuner manqué deux tres jolies nouvelles : la guitare de diamants et Un souvenir de Noël. S y révèle un Truman capote plein d inventivité et de fraîcheur... fraîcheur que l'on retrouve chez son amie Harper Lee, mais avec un style plus raffiné et tendu.

Truman Capote serait il plus novelliste que romancier ? À suivre. En tous cas pour moi le charme de poupée fragile d' Holly n a pas opéré.
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Cercueils sur mesure

Là où d'autres auraient rempli un pavé, Truman Capote a écrit un tout petit livre, une longue nouvelle d'à peine plus d'une centaine de pages.

L'intrigue n'a rien d'exceptionnel : un tueur envoie des cercueils miniatures à ses futures victimes, et...

L'intérêt réside dans le style de l'auteur.

Une écriture parfaitement maîtrisée, qui permet à Truman Capote d'en dire vraiment beaucoup en très peu de lignes.

Dès le début, il nous plonge dans un lieu, une époque, une ambiance, et pose les bases de son intrigue.

Il arrive en très peu de temps à faire vivre ses personnages, si détaillés en si peu de place.

Un enquêteur obsédé par sa recherche de la vérité, des protagonistes et des témoins ambigus.

L'enquête avance, tantôt à grands pas, tantôt bien plus lentement, recule parfois : Truman Capote joue parfaitement avec le rythme.

La vérité se laissera-t-elle attraper ?

Bel exercice de style de l'auteur, Cercueils sur mesure se lit très vite.

Pour ceux qui ont déjà lu De sang-froid, il ne faut pas chercher à comparer ces deux ouvrages.

De sang-froid reste à ce jour une de mes plus grandes expériences de lecture ; j'en tremble encore.

J'ose une comparaison pâtissière : De sang-froid est une immense pièce montée, imposante et parfaitement exécutée ; Cercueils sur mesure est une petite bouchée, soigneusement travaillée et réjouissante pour les papilles, qu'il serait dommage de dédaigner.

Bon appétit !
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Mademoiselle Belle

Cela faisait un moment que j'avais cet ouvrage dans ma PAL et à chaque fois, je retardais volontairement le moment de le lire, me disant : Il me reste encore un ouvrage de mon auteur fétiche à lire... mais bon,j j'ai fini par flancher et à me laisser à la tentation de renouer avec mon cher et aimé Truman Capote. Ce qui me rassure un peu, c'est qu'en postface, il est bien stipulé que pas toutes les nouvelles de Truman adolescent avait été publiées, certaines ayant volontairement été écartées car jugées trop puériles mais peut-être qu'un jour nous seront-elles enfin mises à notre disposition (du moins, un nouvel espoir se profile dans mon horizon).



Ici, ce sont quatorze nouvelles que notre jeune Truman Capote a écrites alors qu'il n'était encore qu'adolescent et pourtant, elles sont d'une très grande maturité et ouverture d'esprit à l'égard de "la veuve et l'orphelin", oserais-je dire. Certes, toutes ne sont pas parfaites selon les critiques (bien qu'elles le soient pour moi et c'est là l'essentiel). Pour moi, cet immense auteur que nul n'a su égaler sait, contrairement à ce qui est dit en postface, se mettre à la place d'autrui, de chaque personnage dont il retranscrit les mésaventures (oui, autant vous prévenir tout de suite, l'écriture de Capote est souvent assez dramatique et sans happy end), nous faire vibrer à chaque page et nous plonger à chaque fois dans un univers d'ailleurs (non pas fantastique mais bien réel mais un qui ne nous paraît pas accessible). Une écriture fluide, parfois dérangée, il faut l'admettre mais tellement délectable !



Un vrai petit bijou que je ne peux que vous recommander ! Cependant, il est vrai que si vous débutez dans la découverte de cet auteur, je vous conseille de commencer avec son roman "De sang-froid" qui vous montrera ce qu'est vraiment l'empathie humaine, malgré les horreurs qu'il décrit ! A lire et à relire sans modération !
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De sang-froid

Le 15 novembre 1959, deux ex-détenus récemment libérés sur parole, Perry Smith et Richard Hickock dit « Dick », font irruption dans la maison d'un fermier prospère de l'ouest du Kansas nommé Herbert Clutter, avec l'intention de dérober l'argent qu'il détiendrait dans un coffre-fort. Information recueillie lors de l'incarcération d'un des deux malfrats de la bouche d'un ancien employé du fermier, mais erronée. Quand ils se rendent compte de l'absence de coffre-fort et d'argent, ils assassinent froidement toute la famille présente sur place : le père, la mère et deux de leurs enfants âgés de 15 et 16 ans. Puis ils repartent avec un maigre butin : quelques dollars, une paire de jumelles et un poste radio.

Arrêtés six semaines après, ils seront reconnus coupables et condamnés à la peine de mort. Ils sont exécutés par pendaison le 14 avril 1965.



C'est ce crime crapuleux qui retient l'attention de Truman Capote dans les journaux. Il s'y intéresse, mène de nombreuses investigations, recueille bon nombre de témoignages, des courriers, questionne la population locale et les autorités, consulte les documents de l'affaire, interroge les deux criminels, sonde leur for intérieur, cherche les causes profondes... Il veut saisir la trajectoire de ces deux hommes, comprendre comment deux êtres peuvent basculer petit à petit dans la délinquance et s'y enfoncer jusqu'à commettre un tel acte. Il veut savoir aussi comment une petite ville tranquille appréhende un tel événement, en analyser les répercussions. Il veut saisir tous les aspects de cette affaire, par l'étude de la nature et des causes du crime d'un point de vue individuel et social à la lumière des aspects psychologiques, sociologiques, économiques ou que sais-je encore. C'est un champ d'étude qui le fascine, l'obsède et l'épuise. 5 ans d'enquête, 8000 pages de notes...



Son enquête minutieuse sera la matière de son roman le plus connu de son œuvre. Je ne l'avais jamais lu, je n'ai pas vu les versions cinématographiques. Je viens donc d'en découvrir la teneur. J'ai abordé cette lecture après avoir consulté uniquement les conclusions de critiques sur babelio afin de m'assurer seulement d'une bonne lecture, et après avoir pris connaissance via internet de la nature et des premiers éléments de l'affaire Clutter. Je suis donc partie presque en aveugle sur cet ouvrage, en tout cas juste avec l'essentiel pour ne pas perdre de temps à la compréhension du contexte, j'ai fait le choix de le lire comme une chronique judiciaire, avec la curiosité de découvrir comment l'auteur avait articulé son ouvrage, s'il était fidèle à la réalité des faits ou s'il s'en éloignait pour en faire un roman fictionnel, s'il prenait parti pour une cause ou une autre, s'il écartait certains pans de ses recherches ou s'il en restituait les fruits de manière exhaustive. Beaucoup de curiosité donc et un intérêt très vif pour son écriture et le liant qu'il allait mettre dans tout cela.



Je viens d'achever ma lecture et je suis d'abord impressionnée par la quantité d'informations relevées par l'auteur au cours de son enquête ; j'ai lu un dossier d'instruction très dense sous forme de roman. Un roman qui a tout d'une fiction mais qui raconte une histoire vraie, dans le détail, s'attachant aux faits, aux victimes, à leur entourage, aux auteurs du crime, à la ville et ses habitants, aux conséquences... Une lecture descriptive, longue de 506 pages, où l'on ressent pleinement le total investissement de l'écrivain, corps et âme plongés dans cette noirceur.

C'est un roman reportage, qui s'effeuille progressivement. Le tout est restitué magistralement, c'est sans conteste un roman très abouti de l’œuvre de Truman Capote qui témoigne de ses grandes qualités d'écrivain, le point culminant de son œuvre. Un roman phare qui lui apportera la gloire avant de l’entraîner inexorablement vers son déclin, incapable de se remettre de sa rencontre avec Perry Smith avec lequel il a noué des liens d'amitiés et qu'il a vu comme son autre soi s'il n'avait pas trouvé la voix de la littérature, incapable de se remettre en phase avec lui-même et retrouver le sens de l'écriture, sombrant dans l'alcool.



«  De sang-froid », un titre dont on saisit plusieurs sens : le sang-froid des criminels dénués de sentiments lorsqu'ils abattent leurs victimes d'un coup de fusil dans la tête après les avoir ligotées et égorgé pour l'une d'entre elles, le sang-froid de la justice qui prononce la peine capitale, le sang-froid de Truman Capote qui conserve la tête froide dans l'analyse de cette affaire et parvient assez bien à ne pas mettre ses sentiments personnels dans ce qu'il rapporte.



Un roman qui m'a plu, séduite par la plume de l'auteur et sa capacité à narrer une affaire criminelle dans le détail, mais souffrant de quelques longueurs qui ont parfois diminué l'intérêt de la lecture ainsi qu'une traduction quelques fois approximative.



Un excellent roman à ne pas manquer de lire, un jour, quand vous le sentirez.
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De sang-froid

Ce livre magistral est responsable d'un événement unique dans ma vie : c'est le seul qui m'a sortie du lit pour vérifier si ma porte d'entrée était fermée, et ce, deux fois de suite ! Un livre que j'ai lu jusqu'à quatre heures du matin, ce qui m'arrive rarement…



Evidemment, l'extraordinaire travail d'investigation (six années de travail et 6000 pages) est unique en son genre. C'est une preuve que l'écriture dite blanche ne s'improvise pas (cette écriture blanche tellement galvaudée !). Chaque détail vient s'ajouter au suivant dans un savant alliage et c'est la simplicité de la narration et de l'enchaînement des points de vue, couplée à la férocité des actes de ce crime ordinaire qui glacent le sang. C'est l'extrême efficacité avec laquelle les détails s'enchaînent qui nous plonge petit à petit dans l'horreur alors que le récit est froid et la plume détachée.



Quel tour de force ! Capote fait partie de ce mouvement, au même titre que Tom Wolf, dans les années soixante où le journalisme empruntait à la littérature. Mais alors que Tom Wolf se sentait proche de Capote, lui déclarait qu'il avait déroulé son récit sans esbroufe et sans « vomi empourpré »…



Ce livre démontre avec une minutie jamais égalée comment un Perry Smith ou un Dick Hickock peuvent commettre des actes monstrueux tout en gardant une figure humaine. Plusieurs fois, Perry et Dick ont failli renoncer à ce crime et l'on apprend même page 349 que l'un veut prouver à l'autre qu'il a du cran et qu'il peut foncer sans lui. Ce seul motif est absolument terrifiant. Parce qu'à la fin, le gain n'est pas énorme et les victimes, les Clutter, n'ont jamais rien fait aux bourreaux. C'est juste une affaire de quelques dizaines de dollars et d'un poste de radio volé !



Un éblouissant exercice qui nous place tantôt dans l'horreur qu'ont vécue les victimes, et tantôt nous arrache un sentiment de compassion vis-à-vis des bourreaux. Et l'on referme le livre avec cette conclusion terrifiante : un meurtre barbare peut être perpétré avec des points de bascule vers l'horreur qui ne peuvent jamais être définis et c'est souvent un faisceau de circonstances, une situation dans son ensemble qu'il faut examiner à la loupe en plaçant la loupe devant chaque oeil pour donner toutes les clefs d'un crime ordinaires. Et même avec tout ce travail, le meurtre demeure un mystère !



Un livre magistral, unique en son genre et jamais égalé. Assurément un chef-d'oeuvre qui ne nous laisse pas indemne, et dont l'écriture, d'après les proches de Capote, ne l'a pas laissé indemne non plus, en particulier sa rencontre avec Perry Smith.



4,5/5
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Un été indien

Tourner une page dans le cours de sa Vie n'est pas si anodin !

Truman Capote décrit avec justesse, pudeur et beaucoup de nostalgie ce passage douloureux à travers l'enfance de Bobby, le narrateur. Quitter ses grands-parents parce que l'herbe est plus verte ailleurs, parce que ses parents en ont décidé ainsi ! De l'attachement à… l'arrachement.

C'est pour toi Bobby, pour ton Avenir !

Troquer la chaîne de l'héritage contre le rêve américain. Vivre cet instant comme un déchirement et des années plus tard…se retourner sur ce passé. Comme des boules de billards qui heurtent les rebords de notre âme et finissent par atteindre l'abîme de nos regrets !

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Truman Capote

Truman Garcia Capote (nom de naissance Truman Streckfus Persons) est né à la Nouvelle-Orléans en ...

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