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Citations de Véronique Ovaldé (783)


Pietro Santini cultivait une sorte d'ostentation accueillante, chaleureuse, généreuse. D'aucuns l'auraient trouvé vulgaire ou équivoque. Mais le monde est semé d'envieux et d'aigris. Ils vous en veulent de réussir.
N'est-ce pas ?
N'est-ce pas.
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C'est qu'ils passèrent une grande partie de leur temps au lit.Comme une sorte de doigt d'honneur à Iazza, aux règles de Iazza, aux pères fondateurs et aux vieilles en noir qui détestent encore plus les femmes qu'elles ne détestent les hommes.Aïda était une fille qui ne voulait pas pleurer comme une fille, elle voulait pleurer comme un homme, elle disait ce genre de chose, elle avait seize ans, et c'est peut-être aussi ce qui lui plaisait chez Leonardo (...)


( p.276)
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Elle a fait un détour par la maison-du-bas.La maison penche un peu comme si elle était déçue ou mal à l'aise.Personne ne s'en occupe plus (...)
Malgré son état, la maison donne une impression de permanence.(...) Je suis morte et ruinée mais je suis là. Pourquoi les maisons désertées ressemblent-elles à des
squelettes ?
(...)D'ailleurs comment une maison survit-elle au départ ou à la mort de ses habitants ?


( p.191)
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Les vieilles pour Silvia, ça avait toujours été des grands-mères à moustache se massant les varices, un fichu sur la tête, leurs pieds pareils à des ceps de vigne crevassés , le dos bossu à force de potager.Alors que cette vieille- là, avec sa chevelure éclatante et ses bagouses et sa gouaille affectée, était devenue assez vite la Demoiselle.

( p.114)
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Elle passait beaucoup de temps en voiture à rouler à toute vitesse sur la corniche. Son mari lui avait offert une Coccinelle décapotable noire - qui allait remarquablement bien avec tout, c'est pratique le noir, c'est chic, c'est un peu l'élégance cardinale.
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Atanasia n'avait jamais voulu devenir comme les amies de sa mère qui parlaient de leur mari en permanence, comme si elles avaient parlé d'une catastrophe avec laquelle elles cohabitaient, qui discutaient sans cesse de gens absents, trouvant dans l'exercice de la médisance une joie, un réconfort et une preuve de la confiance qu'elles s'accordaient, partageant des secrets, désignant celle qui serait exclue du groupe et celle qu'on réintégrerait, jetant l'opprobre, s'épouillant comme le font les grands singes.
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Entre deux individus, l’harmonie n’est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir.

Simone de Beauvoir (1908-1986)
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C'est idiot, les surnoms, comment ça vient. Et comment ça reste.
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Et Joanne lui avait dit, Cette petite robe est gentiment négligée. Trop bien s'habiller est une marque irréfutable d'une basse extraction. Ou plus vraisemblablement avait-elle dit, Si tu te sapes comme pour une croisière, ça fait pauvre fille.
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Véronique Ovaldé
Il m’arrive d’ailleurs souvent de ne pas terminer les livres. Je peux m’arrêter vingt pages avant la fin, je me fiche de savoir comment ça se termine. C’est la façon dont on mène un récit qui m’intéresse. Il y a, dans la lecture, quelque chose de terriblement consolateur. Consolateur de soi, de sa vie, de la nature humaine, de sa nature périssable.
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Elle lui dit :
- Je suis toute petite et mouillée. "
Sa phrase grinça ; il regarda les seaux dans lesquels plicploquaient les gouttes qui traversaient le toit. Il vit le lit plus loin et la baignoire, toutes les petites choses parfumées posées sur le bord, il vit les murs suants et les foulards qui pendaient sans bouger aux dix coins de la pièce. Évidemment quand il la regarda au milieu de ce naufrage, il fut touché-charmé-ensorcelé.
Elle était toute petite et mouillée.
Alors il avança et c'en fut fait de lui.
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Le but de toutes histoires c'est de satisfaire le désir ardent de celui qui les lit
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Les drames ne surviennent pas dans le hasard et le chaos des choses. Les erreurs de jugement participent d'une grande organisation souterraine qui se répand en racines et radicelles vivaces sous vos pieds, lesquelles attendent leur heure, patiemment, muettement, creusant leurs chemins multiples et fertiles, endurantes pourritures, jusqu'au moment où elles sortent de terre, explosent au grand jour et vous enserrent les chevilles pour vous soustraire à la lumière et vous emporter dans leur obscurité.
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Je sais qu'un jour, disait-elle à Joanne, les angoisses m'étoufferont et m'empêcheront définitivement de voir le monde tel qu'il est, ce sera comme une cataracte, quand le cristallin se trouble, et je deviendrai insupportable, d'une anxiété asphyxiante. L'angoisse m'étreindra parce que les lumières seront allumées et que je ne saurai pas où sont les ampoules, parce qu'on annoncera un orage et que je ne saurai pas changer les plombs, parce que la porte germera al et que j'aurai entendu du bruit dehors, parce que deux fourmis trottineront sur le parquet et qu'elles seront sans doute venues coloniser la maison pour installer leur fourmilière au milieu du salon, parce que j'aurai cette drôle de douleur dans la jambe gauche et qu'elle sera peut--être en train de se paralyser, du reste ne sommes-nous pas tous en train de nous diriger vers une paralysie définitive, et on ne pourra plus me parler, je serai en circuit fermé, je serai une petite vieille perpétuellement affolée, sur le qui-vive, ressassant et remâchant, avec des lèvres qui pépient en silence et les mimiques de celle qui converse avec les fantômes, et on ne pourra plus me parler, je n'entendrai plus rien de ce qu'on me dit, mes oreilles bourdonneront envahies par mon angoisse, je serai coupée du monde.Comment échapper à une si piteuse vieillesse ?
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« Il s’agissait simplement de moi, moi qui ne me voulait peut-être pas du bien, moi contre moi, moi toute seule contre moi. » (p. 50)
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[ Incipit ]

PROLOGUE

Le retour de la femme jaguar

Quand on lui apprend qu'elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Vatapuna.
Elle sait qu'il lui faut retrouver la petite cabane au bord de la mer, s'asseoir sur le tabouret dehors et respirer l'odeur des jacarandas mêlée à celle, plus intime, plus vivante, si vivante qu'on en sent déjà poindre la fin, celle pourrissante et douce de l'iode qui sature l'atmosphère de Vatapuna. Elle se voit déjà, les chevilles sur le bord d'une caisse, les mains croisées sur le ventre, le dos si étroitement collé aux planches qu'il en épousera la moindre écharde, le moindre nœud, le plus infime des poinçons des termites géantes.
Tout au long du voyage en minibus qui l'emmène du port de Nuatu jusqu'à Vatapuna, Vera Candida somnole en goûtant à l'avance la lenteur du temps tel qu'il passe à Vatapuna. Vera Candida sait qu'en revenant à Vatapuna, elle récupérera son horloge. Celle qui ne ment jamais, qui ne fait pas disparaître comme par un enchantement malin les heures pleines, celle qui ne dévore rien et égrène avec précision, et une impartialité réconfortante, les minutes, qu'elles soient les dernières ou qu'elles ponctuent une vie encore inestimablement longue.
Il y a longtemps de cela, Vera Candida a perdu son horloge.
C'est arrivé quand elle a quitté Vatapuna vingt-quatre ans auparavant. Elle avait pris dans le sens inverse le même minibus que celui-ci - moins rouillé sans doute, moins rafistolé avec des tendeurs et du gros scotch noir, moins bringuebalant et bruyant, moins sale, la route n'était pas encore visible sous les pieds quand on soulevait le tapis de sol, les pneus étaient moins lisses, mais le chauffeur était le même, des grigris jumeaux se balançaient au rétroviseur, juste empoussiérés maintenant et plus ternes, la radio diffusait déjà une soupe inaudible et criaillante, une sorte de continu crachotement de sorcière.
Vera Candida est seule dans le minibus, elle n'a plus de bébé dans le ventre, mais quelque chose de moins étranger et de plus destructeur, et elle n'a plus quinze ans.
Terminus, gueule le chauffeur.
Vera Candida s'empare de son sac à dos, elle le glisse sur ses épaules, les sangles lui blessent la peau, elle grimace, se dit, C'est ainsi que je sais que je faiblis, le type la regarde descendre, il se penche vers elle quand elle est sur la chaussée :
Je vous connais ? lance-t-il.
Elle se retourne et le fixe. Il paraît gêné. Il dit :
Je croyais que je vous connaissais. Mais je vois tellement de gens.
Il fait un geste rond qui englobe la rue et les alentours déserts.
Vous ne pouvez pas me connaître, répond-elle. Elle sourit pour ne pas paraître trop abrupte. Elle sait quelle impression elle peut produire; elle a trente-neuf ans, à cet âge on sait quelle impression on produit sur ses contemporains. Elle devine le malaise du chauffeur, Vera Candida a le regard azur et féroce, ce qui coïncide mal. Elle a, depuis qu'elle est née, toujours gardé les sourcils froncés. Il y a des gens qui ne regardent jamais leur interlocuteur dans les yeux mais juste au-dessus, sur le point le plus bas du front, et ce décalage crée un trouble indéfinissable. Vera Candida a ce genre de regard, c'est comme un muscle de son visage qui serait toujours crispé, une malformation congénitale, impossible d'avoir l'air doux et attendri. Déjà minuscule, Vera Candida ne lâchait personne avec sa scrutation, elle semblait percer chacun à jour - sans que cela fût vrai d'ailleurs, Vera Candida n'avait pas ce pouvoir, elle ne faisait que fixer les gens comme l'aurait fait un bébé jaguar. Et on n'avait qu'une envie, c'était de décamper le plus vite possible.
Le chauffeur referme la porte coulissante et démarre.
Vera Candida pose son sac, elle respire l'odeur des palétuviers, la poussière de la route, le gasoil, et les effluves du matin caraïbe - le ragoût et les beignets -, elle perçoit le jacassement des télés et des radios par les fenêtres ouvertes - il doit être sept heures sept heures trente, estime-t-elle -, le ressac de la mer en arrière-plan, un chuintement discret, elle reprend son sac et traverse le village, se dirige vers la cabane qu'elle a quittée vingt-quatre ans auparavant.
Il y a un snack à la place.
Une baraque en tôle cadenassée. Vera Candida s'approche pour jeter un œil à travers la porte vitrée, les relents persistants de graillon lui rappellent l'état de son estomac, elle se sent nauséeuse, elle jure entre ses dents, Putain de putain, elle s'attendait de toute façon à ce que la cabane en bois ait été rasée, c'était couru d'avance, elle le savait, n'est-ce pas, avant d'avoir entrepris le voyage, alors pourquoi a-t-elle entrepris ce voyage, elle entrevoit des tabourets retournés sur les deux tables et un comptoir bricolé avec du bois de récupération, elle s'assoit sur son sac et reprend son souffle, elle croise ses mains devant elle, voit ses doigts se superposer les uns aux autres, elle pense à ce que charrie son sang, elle pense à son corps qui déclare peu à peu forfait, elle a la tentation de se laisser aller à un désespoir tranquille. Elle ne se sent pas si mal, elle se sent juste en proie à la fatalité.
Pssst, entend-elle.
Elle lève le nez et aperçoit sur sa gauche, à travers le grillage, une petite vieille, les doigts accrochés au fil de fer, debout dans son jardin pelé, qui lui sourit d'un sourire de nourrisson édenté.
Pssst, répète-t-elle.
Vera Candida se remet sur ses pieds et se dirige vers la vieille, soupçonnant que la voix de celle-ci ne pourra venir jusqu'à elle, elle s'approche tout près de la vieille femme qui porte des breloques brillantes autour du cou, des médailles surdimensionnées et des sautoirs en strass, on dirait un catcheur, elle a l'air d'avoir sorti la totalité de son coffre à bijoux et enfilé tout ce que ses cervicales peuvent encore endurer, elle a un œil morne et un œil pétillant, elle semble avoir cent-dix ans. Vera Candida regarde les doigts de la vieille accrochés au grillage comme des griffes de serin, elle dit, Bonjour.
Tu es Vera Candida, rétorque la vieille de sa toute petite voix. Elle toussote et ajoute, Ta grand-mère m'avait bien dit que tu reviendrais.
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Tout le long du chemin qui le menait chez Irina, Lancelot pensa à sa femme. Il ne faut jamais comparer son épouse à sa maîtresse. L'épouse gagne à chaque fois. Sa mère lui avait toujours répété (et elle en savait quelque chose, elle qui avait, durant toute l'enfance de Lancelot, quitté et été quittée plus qu'à son tour ) qu'un homme prend une maîtresse pour rester avec sa femme tandis qu'une femme prend un amant pour quitter son mari (pendant quatre ans elle avait attendu que son amant marié et père de famille se carapatât de chez lui, et il avait fini par aller s'installer à Majorque avec ses deux fils et sa femme enceinte).
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C'est très difficile, pensait Vera Candida, d'oublier que votre enfant est un organe siamois de l'un des votres, c'est très difficile de ne pas le considérer tout le temps comme un membre supplémentaire et parfait de votre propre corps.
Alors Vera Candida vit Monica déboucher du coin de la rue de ce pas de guerrière qu'elle avait depuis si longtemps adopté...
... Vera Candida se dit, C'est moi en plus costaud, elle la regarda, grande et brune, le visage sombre et la chevelure qui vivait sa vie autonome de chevelure d'amazone, elle se dit, C'est moi en plus fort et en plus exigeant. "p : 243-244
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L'écriture d'Irina est partout, elle écrivait les recettes sur n'importe quel support, le verso d'un emballage de biscottes, le dos d'une enveloppe. Certaines recettes doivent dater de ses toutes jeunes années quand elle était encore obligée de noter que pour reconnaitre de l'eau bouillante il lui fallait attendre "de grosses bulles + ploup ploup". Lancelot les classe en tas, il les lit et espère dénicher quelque chose de personnel, une remarque amusante, une date, n'importe quoi. C'est alors qu'il tombe sur, coincée entre la brandade de morue et le poulet au curry (recettes récoltées à l'époque où elle n'était pas encore végétarienne), écrite de la main d'Irina (de grandes lettres inclinées à droite, les barres horizontales des T qui servent de toit aux autres lettres), c'est alors qu'il tombe sur la recette du napalm.
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Dans un endroit aussi clos que Iazza, il faut un Pippo. Un être qui désole les mères, ou plus exactement qui leur permet de se désoler ensemble comme s’épouillent les grands singes. Un être paisible et incompréhensible qui est, Dieu merci, le fils d'une autre.
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