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Critiques de Witold Gombrowicz (150)
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Cours de philosophie en six heures un quart

J'ai bien aimé.

L'auteur nous offre sa lecture de Kant (jugement s par lesquels je peux connaître le monde), d'Hegel (pour qui notre compréhension du monde ressemble à la visite d'une cathédrale : on y entre et c'est progressivement en voyant chaque détail que l'on finit par comprendre l'ensemble), de Kierkegaard (l'anti-Hegel), Sartre (qu'il trouve trop cérébral), Heidegger dont le même Sartre s'est beaucoup inspiré...

Ça donne envie d'être intelligent...
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Les envoûtés

Roman trouvé dans une boîte à livre. Je l ai lu assez rapidement...on a envie de suivre les personnages jusqu au bout dans leurs extravagantes déambulations...C est un roman gothique avec une atmosphère sombre, des implicites, des recoins sans lumière et des fantasmagorie funambulesques.. avec une fin étrange et plutôt obscure...on ressent une trame sous jacente du récit très structurée...mais la métaphore m en échappera au final.

Bon je ne suis pas rancunier pour autant, bon moment de lecture malgré tout au fonds d un vieux château en ruine de Pologne et ses fantômes, malgré cette conclusion troublante éminemment non explicite!
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Le festin chez la comtesse Fritouille et au..

Outre celle du titre, ce recueil contient deux autres nouvelles extraites de Babakai : «Meurtre avec préméditation» et «Virginité». Les trois ont en commun des récits loufoques tournant en queue de poisson, des situations floues où les personnages principaux s'enferment dans des spirales de raisonnements tordus, des surenchères de doutes nettement obsessifs, frôlant le délire pathologique. On est plongé dans le royaume de la démesure, l'enfer des incertitudes : qu'a vraiment mangé ce bourgeois chez la comtesse, le meurtre est-il possible sans matérialité, l'idéalisation de la virginité est-elle compatible avec l'amour. . . Autant de questions avec lesquelles les acteurs devront se débrouiller, et le lecteur aussi, puisque l'auteur ne donne aucune piste de solution.



J'ai trouvé cette lecture déconcertante par ses thèmes, mais fascinante dans la mesure où l'auteur nous tient sur le fil du rasoir; un peu plus d'intensité, le lecteur risquerait fort de décrocher devant trop d'absurdité, un peu moins, la fébrilité engendrée par le suspense s'évanouirait. Un auteur à suivre.
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Les envoûtés

Ce roman feuilleton polonais qui paraissait dans deux journaux polonais à été arrêté à l'aube de la guerre, de telle sorte que les trois derniers chapitres ne sont jamais parus jusqu'en 1986.

Nous nous trouvons confrontés dans ce roman gothique à un mystérieux château polonais, dit maudit, et où dans ses alentours, des choses étranges se passent. Walczak et Maya, les deux protagonistes principaux du roman sont d'une ressemblance troublante, que ce soit par leur physique ou par leur manière d'être. Ensemble, et l'un contre l'autre, ils vont essayer de trouver et de démêler cette étrange ressemblance, qui semble liée à l'aura du château. Entre faits surnaturels et réflexions sur plusieurs sentiments humains, Gombrowicz nous tisse ici un roman ou chaque personnage est lié l'un à l'autre dans une histoire tragique.

Très beau roman gothique, tous les éléments s'y retrouvent sans tomber dans le ridicule. Ici pas de fantômes ou de créatures inventées par l'Homme, mais seulement la réalité de la vie.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Cosmos

Si Deleuze avait essayé de se faire romancier, voici peut-être le livre qu’il aurait écrit – à considérer d’ailleurs que tous ses livres ne sont pas déjà de la mauvaise romance, comme son goût pour le schizo-romantisme pourrait le laisser croire. Gombrowicz est sauf de cette sale manie qui, chez les galériens de la fantaisie abandonnés de Dieu, consiste à promouvoir une idéologie basée sur le motif suivant : « la paranoïa est l’avenir de l’homme » même si, à en faire un ressort dramatique, à le présenter joliment comme la possibilité d’accès à une forme de mysticisme alors qu’il ne s’agit que du reflux vers un monde primitivement abandonné, quelque chose comme un exercice de séduction semble malgré tout s’imposer.





Il est question, dans ce livre, de choses sur lesquelles se fixe électivement un narrateur et qui n’ont pour lui valeur que de signes qui s’adressent à lui seul, paranoïaquement, dans le mystère d’une référence forclose. Lorsque tout fait signe de manière aussi impérieuse, le monde se codifie, se trouvant des lois arbitraires pour se poser un minimum de bornes et ne pas finir aspiré. L’obsession côtoie la paranoïa, ainsi que nous pouvons en avoir des exemples croissants dans notre monde même depuis quelques années. Dans Cosmos, le codage est ouvertement arbitraire pour qu’il en surgisse une forme de poésie de l’association libre et incongrue. Dans notre monde, le codage est également irrationnel bien qu’il cherche à se justifier après-coup. La poésie qui en résulte n’en est pas aussi charmante. L’univers grouille, lourd de significations impossibles à percer car elles s’arrêtent là, sur notre terre, semblant attendre quelque chose de nous et de nous seulement – ce qui est évidemment faux. De cette fermeture ne peut émerger que le nihilisme : « Il n'existe pas de combinaisons impossibles... N'importe quelle combinaison est possible... »





Ce petit livre de poésie paranoïaque semble donc traduire assez justement la dégénérescence induite par la vie dans la dimension de la seule immanence. Il tourne en rond, produit parfois de charmantes associations et s’éteint aussitôt. Bienvenue dans le monde des lignes de fuite.

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La Pornographie

Sans doute l'autre grand livre de Gombrowicz dans l'ombre de l'écrasant Ferdydurke... Lui et un ami à qui le lie des sentiments ambivalents se retrouvent dans la propriété d'un ami de province. Là, l'un et l'autre, sans même s'en parler, se focalisent bientôt sur un jeune homme et une jeune fille , voisins et chastes amis d'enfance, dont ils vont obsessionnellement tenter de provoquer l'accouplement... pour, attirés qu'ils sont par leur jeunesse inaccessible, trouver dans cette finalité une forme d'assouvissement à leur concupiscence.

On retrouve le goût prononcé de Gombrowicz pour l'absurde, le grotesque, les personnages aux tics verbaux, les relations troubles et teintées de mépris, les syllogismes improbables, les moments de "Révélation" suspendus, les surinterprétations d'évènements banaux...



Entrer dans l'univers de Gombrowicz n'est pas donné à tout le monde. J'en connais et des meilleurs qui n' y parviennent pas.Trop tordu, trop hermétique, trop étranger à notre logique, fut-elle rompue au nonsense.



En tous cas cette histoire de deux vieux salauds qui veulent à tout prix voir baiser deux jeunes, c'est une certaine conception de la pornographie: le pornographe n'est pas tant celui qui opère que celui qui regarde, qui veut regarder, et qui se repait tant de le vouloir que soit il ajoute au spectacle par son délire et aggrave son impact en lui, soit, mu par sa monomanie, il le construit tout entier.

Gombrowicz nous dit que la pornographie, c'est un regard, pas une attitude. Et un regard, bien souvent, de moraliste...

Sujet original qu'il nous livre originalement, et qui plus est en impliquant son double de narrateur...



Ceux qui ont aimé Ferdydurke aimeront La pornographie. J'en suis!

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Les envoûtés

Je dois bien avouer que je suis quelque peu déçu de ce roman dans sa globalité.



L’histoire commençait pourtant bien, une ambiance gothique assez simple et classique, mais assez efficace pour nous plonger dans l’atmosphère intrigante qui entoure ce château perdu dans la campagne polonaise et celle de son propriétaire, le vieux conte, qui y vit reclus depuis des années.



Le premier tiers de l’histoire est le plus intéressant à mon avis. Mais déjà à ce moment-là des points viennent empêcher de profiter pleinement du récit. Tout d’abord, un triangle amoureux bancal, puisque les sentiments des protagonistes sont plutôt clairs dès le départ, mais pourquoi pas.



Non, ce qui m’a le plus gêné dès le début de ma lecture c’est l’insistance avec laquelle on nous répète, littéralement toutes les 3 pages, à quel point les deux personnages se ressemblent, au lieu de nous montrer concrètement en quoi ils sont similaires.



Mais le vrai « problème » que j’ai eu avec cette histoire concerne la seconde partie du roman, lorsque les personnages quittent les alentours du château pour aller passer un temps monstrueux en ville. Près d’un tiers du livre se déroule à Varsovie et je trouve qu’une grande part de ce qui y arrive aurait pu être réduite, voir retirée du récit sans que cela en altère ni sa compréhension ni son intrigue.

En effet, les nouveaux personnages que l’on y rencontre et la majeure partie de ce qui se passe à ce moment n’influent que très peu sur le fil rouge de l’histoire et me laissent simplement un goût de remplissage. Cela est peut-être dû à son mode de parution initial...



Quant à la dernière partie, on ne peut pas parler de dénouement exceptionnel et l’apparition de nouveaux personnages qui tombent à pic semble un peu facile. Cependant, le roman retrouve sur sa fin un rythme agréable et on a droit à quelques petites surprises, assez classiques à ce genre, mais qui fonctionnent relativement bien ici.

On regrettera tout de même le manque d’explications sur certains points soulevés durant l’histoire.



En bref, les longueurs dont il souffre et le scénario trop léger le classe bien loin des meilleurs de sa catégorie.
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La Pornographie

N’y aurait-il pas des relents de “Chaud-derrière” de Laclos dans ce très étrange roman, au parfum de scandale, de Witold Gombrowicz ?



En effet, l’écrivain polonais semble nous pondre au milieu du XXème siècle un récit libertin façon XVIIIe siècle : le quatuor, avec les deux ingénus, et les deux personnages plus âgés qui se jouent de leur jeunesse et de leur inexpérience et les utilisent avec un certain sadisme (le terme arrive à brûle pour point) comme moyen pour assouvir leurs fins érotiques, perverses presque pasoliniennes. Libre-arbitre pour les maîtres et déterminisme implacable pour les objets de leurs fantasmes.

Néanmoins, de façon très subtile certes, les deux jeunes gens ne font pas le même effet au narrateur et son complice, le jeune homme est plus fascinant pour nos deux compères tordus, sans doute cet attrait est la trace littéraire (et volontaire) de l’homosexualité de Gombrowicz lui-même.



Du reste, cette objectivation des êtres, cette jouissance par procuration et dans la manipulation, ce plaisir dans la dégradation, la destruction des liens amoureux sont inhérents à ce courant libertino-littéraire, c’est toujours la défaite d’Eros sur Thanatos, loin d’une sensualité solaire, égale, heureuse et franche.



Toutefois, comme son nom ne l’indique pas, il n’est absolument pas question d’obscénité dans le roman, rien de plus que que l’émoi causé par la nuque du jeune homme dans les premières pages.



Gombrowicz aime à se mettre en scène comme personnage et narrateur de sa propre histoire, loin pourtant du courant de l’auto-fiction, son désir de “tester” son roman en le vivant de l’intérieur, comme un personnage sera aussi la cause d’un accueil mitigé en Pologne. En effet, les passages relatifs à la Résistance passent mal pour les polonais qui savent que Gombrowicz, le vrai, vivait en ce temps-là en Argentine, bien loin des calamités qui s’abattaient sur ses concitoyens, notion - la citoyenneté - au demeurant très secondaire, voire reniée par l’auteur.



Qu’est ce donc que ce singulier roman, une métaphore du sort de la Pologne, jouet entre les mains des dictateurs russe et des allemand de l’époque ? Ou bien est-ce le roman d’une vieillesse qui se déteste et qui cherche à exister, à fusionner dans la jeunesse, comme deux aimants qui s’attirent (du moins le suppose t-il…) et s’opposent à la fois ?



Toujours est-il que le style de Gombrowicz y est pour beaucoup dans le plaisir de la lecture. L’auteur souhaitait rendre accessible son oeuvre, comme dans un “roman de province”, l’intrigue glisse sans anicroches ni platitude, juste ce qu’il faut d’exigence dans le style pour nous permettre d’appréhender les thèmes très alambiqués du livre.



Gombrowicz s’interroge d’ailleurs sur ses partis pris stylistiques : “ai-je raison de penser que plus la littérature est téméraire et d'un accès difficile, plus elle devrait retourner vers des formes anciennes, faciles, auxquelles les lecteurs se sont habitués ?”



Mille fois oui Witold ! Et vous, qu’en pensez-vous ?
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Cours de philosophie en six heures un quart

Gombrowicz est un auteur que j’ai découvert il y a bien des années grâce à ma lecture d’un des essais de Milan Kundera, L’art du roman, je crois.



Depuis, j’ai pu apprécier la façon dont il décrit avec ironie, mais aussi sans pitié, l’être humain.

Ainsi son immaturité voire son infantilisme dans Ferdydurke, immaturité qui faisait sens à l’époque avec toutes ces foules embrigadées par les régimes fascistes, ..ou staliniens. Et qui est toujours d’actualité.

Et puis, dans Cosmos, la volonté absurde et obsessionnelle de l’être humain à tout vouloir expliquer, sa rationalité dénuée d’empathie.

Bref, un auteur sans illusion sur l’humanité, un auteur qui dérange, un peu comme Kafka, mais avec plus de sarcasme, de dérision.



Aussi, quand j’ai découvert ce Cours de Philosophie en Six heures et quart, grâce à la critique courte mais affûtée de mon ami Black Radis, je me suis demandé comment cet ouvrage d’un écrivain hors normes pourrait m’éclairer, moi dont les connaissances en ce domaine se limitent à quelques auteurs qui me parlent d’attitude face à la vie..et à la mort, Spinoza, Montaigne, Schopenhauer, Nietzsche et Camus, entre autres, plutôt que de maniements de concepts.



Eh bien, peut-être parce que je ne suis pas philosophe, et donc mauvais juge, je dois dire que j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage.

Certes, je me doute que c’est simpliste et iconoclaste pour un vrai philosophe certifié pur jus.

Certes, ça se limite à beaucoup de philosophes allemands: Kant, Hegel, Schopenhauer, Nietzsche, Marx et Heidegger, auxquels il faut ajouter Husserl, Kierkegaard, Sartre.

Mais, en dépit des formules à l’emporte-pièce, et des affirmations vachardes, c’est d’une clarté extraordinaire, et surtout j’ai compris ce qui anime les réflexions de tous ces philosophes; et c’est passionnant car j’y ai découvert que, sans le savoir, cela rejoignait beaucoup de mes préoccupations.

Ainsi de Kant, et ses questions de l’à priori et de l’à postériori, de la relation entre science et métaphysique, de l’impossibilité de démontrer l’existence de Dieu, ainsi de Hegel et de l’importance de l’avancée de l’Histoire et du rôle de la dialectique dans ce mouvement, de Schopenhauer et de la volonté de vivre, aussi de la contemplation dans l’art. Passionnantes aussi les analyses de Sartre et son concept de la liberté, Kierkegaard, Heidegger, Nietzsche.

Et enfin, il y a une analyse absolument claire et sans concession de l’œuvre de Marx et de ses conséquences: matérialisme athée, dimension sociologique de l’homme, domination de la nature...



En conclusion, mes remerciements à Witold Gombrowicz, et d’autant plus que j’ai lu qu’il a écrit ces lignes à la demande de ses proches pour s’occuper l’esprit alors qu’il était en fin de vie.

Peut-être qu’un agrégé de philosophie a trouvé nul cet ouvrage, mais tant pis.

En ce qui me concerne, il m’a permis de comprendre enfin les questionnements de tous ces philosophes, et d’alimenter mes réflexions sur la vie, je n’en demandais pas plus.







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Cosmos

Je n'ai pas envie de parler de Cosmos, j'ai envie de parler de Zulawski. L'adaptation de Cosmos est son dernier film, assez en deçà de ses grands opus, mais très au dessus d'une bonne partie de la production française contemporaine. Pas de romantisme échevelé façon "l'important c'est d'aimer", pas de punkitude nihiliste façon "Possession", même pas le brio noir du "Diable", mais une adaptation honnête de Gombro avec sa galerie de personnes fantasques, ses détails ésotériques qui tue, son ironie intacte.

Long life the art of Zulawski.
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Les envoûtés

Roman gothique sauce Gombrowicz: Ca faisait envie. Evidemment, le Mientus de Ferdyduke qui cherche à fra..terniser, tout comme les reclus aux éperons de Trans-Atlantique le jeune couple concuspisco-complaisant de La pornographie n'ont pas ici leurs avatars... Il faudra se contenter de jeunes aristos joueurs de tennis, d'une veille noblesse agonisante en son château et d'un bout de torchon qu'on voir osciller étrangement sur sa patère par le trou d'une serrure... Mais pour peu qu'on ait son Gombrowicz en tête et son Lovecraft en bandoulière, ça marche. Alimentaire et feuilletonesque peut-être, mais y'a bon.
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Cosmos

Je trouve, tout le monde ne partagera sans doute pas mon avis, que les auteurs de la « Mittel Europa » sont un monde à part, ont « quelque chose que les autres n’ont pas », pour paraphraser les regrettés France Gall et Michel Berger.

Je pense bien sûr à Kafka, Musil, Broch, Zweig, plus près de nous Kundera, Jelinek, Tokarczuk.

Et aussi, à l’extraordinaire Witold Gombrowicz, dont j’avais déjà apprécié la satire caustique et déjantée de l’immaturité des humains dans Ferdyduke.



Ce sont des autrices et auteurs qui ont en commun, je trouve, cette caractéristique de vous entraîner dans un abîme d’ambiguïté, de perplexité, de questionnements et de réflexions dont on se demande si elles sont philosophiques, ou se moquent de la philosophie.



Cosmos, c’est un texte difficile mais absolument époustouflant.

Cosmos c’est la folie angoissée du questionnement comme la mise en évidence de l’inanité de ce questionnement. C’est l’absurde, mais sans la réponse camusienne de l’acceptation de l’absurdité de la vie comme moteur de l’action et de la solidarité entre les hommes comme sens de la vie.



Difficile d’en faire une analyse, car l’auteur semble nous dire qu’il n’y a rien à comprendre à Cosmos et bien qu’il ait aussi écrit qu’il fallait le prendre comme un roman policier.



Dans cette histoire dont je ne donnerai pas le détail, le narrateur va essayer de comprendre des signes et de les relier alors que rien ne semble les lier.

Le point de départ est la découverte, lors de son arrivée dans une pension de famille avec son camarade Fuchs, d’une part d’un moineau mort et pendu à un fil, et d’autre part des bouches de deux femmes, l’une de Catherette déformée suite à un accident, l’autre de Léna parfaite et sensuelle.

A partir de là s’engage une « enquête » obsessionnelle, morbide et absurde de signes: bout de bois pendu à un fil, fissure du plafond ressemblant à une flèche dont est recherché ce qu’elle désigne , etc…; jusqu’à ce que le narrateur accomplisse lui-même, sans émotion, un acte cruel qui lui fait créer un « signe » le reliant aux autres signes,

Et à la fin, un autre événement tragique, je n’en dis pas plus, n’entraînera chez lui aucune tristesse ni compassion, mais l’amènera à une jubilation sans retenue, car, en y ajoutant lui-même un geste morbide, tout « prendra sens ».



C’est grinçant, perturbant, glaçant.



J’en tente une explication, dont peut-être l’auteur se moquerait.

C’est, pour moi, sur le mode de la farce délirante, ou du récit à la limite de la folie, une critique de la folie immature des humains à trouver un sens à la vie soit par le raisonnement abstrait de la philosophie, soit par la religion (curieusement un prêtre apparaît à la fin du récit). Et cette quête absurde du sens rend inhumain.



Un roman pas banal, difficile, sûrement pas « feel good », mais de ceux qui, à une altitude stratosphérique, ne se livrent pas d’un coup, et vous entraînent dans une foule de questions.

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Trans-Atlantique

Beaucoup de lecteurs sont désarçonnés par les romans de Gombrowicz, n'y comprenant rien lorsque l'auteur évoque tous ces morceaux de corps: le mollet de la Pornographie, la gueule ou le cucul de Ferdydurke ou encore la bouche de Léna dans Cosmos. Au-delà de l'interprétation facile (obscénité, provocation) ou de sa vulgate philosophique (Gombrowicz structuraliste, Gombrowicz existentialiste) et surtout, SURTOUT avant qu'on me parle d'absurde (fléau de la pensée qui abêtit et réduit la portée de l'oeuvre), il faudrait peut-être envisager la toute simple liberté du romancier qui signe son oeuvre en affichant sa dette envers un autre romancier, en particulier Rabelais. Cette liberté d'écrire comme on pisse contre un arbre (dixit Gombrowicz), avoir les coudées franches et ne suivre que la logique interne de l'oeuvre, on la retrouve spécifiquement dans son Trans-Atlantique.

Un exemple: c'est du Rabelais ou du Gombro?

"Le Baron, comme juché sur un carosse à quatre chevaux, distribue les Ordres et sonne les Fanfares. Pyckal, tout farci de goujaterie, ouvre la gueule en grand. Ciumkala salive, chiffonnant sa casquette entre ses doigts. Bref, le Baron: Hauteur, Humeurs, Foucades, Rodomontades. Bref, Pyckal: casser la gueule ou montrer son cul. Bref, Ciumkala: flux saliveux et farfouilleux trifouillage."
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Cosmos

La fascination du néant. La bifurcation du destin. Un lapsus de trop. La chair rutilante, l'absence derrière, sémiotique des sens.

L'exploration se poursuit sur des chemins de traverse, de Ferdydurke à Cosmos: Gombrowicz fait sa contrebande, fourguant son immaturité au premier venu, menant son chariot bringuebalant vers des terres plus accueillantes, jusqu'à ces puceaux exhibés de la Pornographie, obscénité de la politique ou politique de l'obscène. Mais la forme c'est le tout, cosmos ordonné des oeuvres, insaisissable. Roman unique, si lourd de conséquences, à la limite du conscient.
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Le festin chez la comtesse Fritouille et au..

Bienvenue en Absurdie!!!



Gombrowicz est un des auteurs dont fait l’éloge Kundera dans l’Art du roman, comme un des auteurs de l’Europe dite centrale ( à côté de Musil, Broch,..) qui ont retrouvé la liberté de ton qui était celle de Cervantes, ou Sterne, ou Diderot.



De lui, je n’ai lu, il y a quelques années, que l’extraordinaire Ferdyduke, ce roman absolument déjanté, qui m’a laissé un souvenir mémorable sur la dérision salutaire et nécessaire à l’égard de la bêtise qui asservit l’être humain, et donc, pas seulement à cause de son « cucul », et de son « zut à qui le lira! » qui termine le livre. A ce propos, je digresse, comme à mon habitude, je rappelle qu’il y a sur Babelio deux critiques géniales de ce livre par les duettistes Bobby The rasta lama et Hordeducontrevent.



Revenons à ce petit livre acheté pour une bouchée de pain (encore que le prix du pain augmente beaucoup en ce moment!) à mon Emmaus voisin.

Il s’agit de trois nouvelles extraites du recueil Bakakai.



Dans la première, «Meutre avec préméditation », on va voir un juge obsédé de découvrir un crime là où il ne semble de toute évidence qu’il n’y a que mort naturelle, jusqu’à ce que l’oppression qu’il produit sur une maisonnée ne vienne transformer sa fiction en réalité.



Dans la seconde, «Le festin chez la Comtesse Fritouille », un narrateur n’appartenant pas à l’aristocratie, et à qui une comtesse fait la grâce de l’inviter à ses banquets, va se trouver un jour confronté à un bien étrange festin, à un étrange chou-fleur, et… au mépris des aristocrates.



Dans la troisième, « La virginité », un fiancé qui fait l’éloge de la virginité, va, après quelques années au loin, retrouver sa vierge promise habitée d’étranges pulsions.



Je n’en dis pas plus, j’en ai déjà trop dit.

Mais c’est loufoque, grotesque, grinçant, absurde.

On aime ou on n’aime pas cette façon décalée de raconter une histoire, personnellement j’aime beaucoup.



J’y retrouve pour ma part avec plaisir cette façon unique qu’a l’auteur de se moquer de l’obsession humaine à vouloir tout expliquer, de la cruauté des différences sociales, de la bêtise des conventions de toutes sortes que la société nous impose.

Et puis, c’est remarquablement écrit pour déconcerter le lecteur, avec des sous - entendus qui ne veulent rien dire, d’absurdes envolées lyriques, etc..



Le seul reproche, c’est trop court, on en redemande, j’espère que les autres nouvelles de Bakakai sont du même niveau, et sinon, j’ai toujours à mon programme Cosmos, et Cours de philosophie en six heures et quart.

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Ferdydurke

FERDYDURKE de WITOLD GOMBROWICZ

Jojo, la trentaine, se sent immature, ses tantes et ses amis le trouvent également immature, il faut que ça change, il doit devenir adulte. Le rêve et la réalité vont dès lors se mélanger sans qu’il soit possible de les différencier. Jojo de retour à l’école se lance dans un concours de grimaces, il est traité par Pinko le surveillant et Le Rabougri, un prof, comme un lycéen de 15 ans. Il est amoureux d’une lycéenne de 16 ans sans réaliser qu’il en a trente. Il est décalé où qu’il aille et considéré comme un enfant. Il ne sait jamais pourquoi il se déplace d’un endroit à l’autre, il erre sans logique et reste un ado quoi qu’il fasse.

Un livre qui ressemble à une satyre imprécise plus particulièrement de l’enseignement et de la culture, d’ailleurs le langage utilisé par Gombrowicz comporte nombre de néologismes dont une grande partie commence par »Culcul »! Exemple: le pays entier est culculisé! Des mots voire des phrases sont passées dans le langage courant: « violer par les oreilles » »elle ne m’aimait pas, elle me fabriquait ma gueule ». Les gens qui se revendiquent « artistes » l’amusent beaucoup! Un livre très riche, délicat à suivre( plusieurs passages n’ont aucun rapport avec Jojo et paraissent comme des accidents de texte).
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Cosmos

COSMOS de WITOLD GOMBROWICZ

Un univers bien étrange que celui de Gombrowicz. Le narrateur et un ami de rencontre cherchent une chambre à louer. En chemin ils trouvent un moineau pendu, puis en arrivant s’étonnent d’une convergence entre la bouche de la servante et celle de fille de la maison. On avance dans ce qui pourrait être un polar mais qui n’en est point un. On suit une flèche au plafond , chaque mot en appelle un autre, les néologismes s’enchaînent, c’est un univers à la fois totalement absurde et dans lequel une forme de logique s’intègre.

Je me suis baigné avec grand plaisir dans cet univers que je ne peux comparer à aucun autre auteur, si ce n’est par certains côtés à Thomas Pynchon.

Gombrowicz a été cité régulièrement pour le prix Nobel qu’il n’a jamais obtenu.
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La Pornographie

LA PORNOGRAPHIE de WITOLD GOMBROWICZ

Ne vous laissez pas impressionner par le titre, il n’y a rien de pornographique dans cette histoire. Witold ( l’auteur ) quitte Varsovie pendant la seconde guerre mondiale avec Frédéric, rencontré récemment. Hommes dans la force de l’âge ils se rendent à la campagne, dans une maison où se trouvent Henia , une jeune fille et Karol, un jeune garçon. Henia est promise à Albert, mais Witold et Frédéric, ne vont avoir de cesse de vouloir faire naître une histoire sexuelle entre Henia et Karol. Une grande partie du livre consiste en cette manipulation perverse. Y arriveront ils ? Peut être, mais l’arrivée d’un résistant célèbre va modifier la donne.

Fantasme, mise en scène et manipulation sont au programme, le tout teinté d’un érotisme latent.

Facile à lire comparé à d’autres livres du même auteur je vous conseille ce bijou de perversité.
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Cosmos

Un livre très particulier qui ne plaira pas à tout le monde, assurément, par un auteur qui a influencé Kundera.

La lecture est ardue, épineuse et dans l'ensemble assez laborieuse.

Un roman étrange, perturbant, intriguant et fou. Il s'agit ici d'un exercice littéraire, qui poursuit l'objectif d'analyser les associations et liens qui se créent, qui se font et se défont, en permanence, entre les choses, les faits et les mots.



Certes cette lecture est difficile, parfois pénible, mais elle présente un intérêt certain dans l'objectif recherché, l'originalité du travail et la qualité de son exécution.



Pénible, mais remarquable.
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Souvenirs de Pologne

Une lecture appréciable avec son style à la fois élégant et brut de décoffrage, et une belle porte d’entrée sur la culture polonaise du début du XXe siècle.

Je recommande si vous cherchez une œuvre pour avoir un premier aperçu ou un premier échantillon de la Pologne.
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