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Critiques les plus appréciées

« C'est un secret... Ne le dis à personne ! »

Charlotte, 95 ans, est partie dans les étoiles. Elle est allée rejoindre James, son époux qui l’attendait depuis si longtemps. Sa petite-fille, Pauline, très proche d’elle, est chargée de la liquidation de la succession. En cherchant les papiers, elle tombe sur un mystérieux carnets dans lequel sa grand-mère a consigné quelques épisodes de sa vie…

Ce court roman se lit très vite. Non pas parce qu’il ne contient qu’une petite centaine de pages. Certains textes sont fastidieux dès la première ! Danielle Billo Alvarez a une écriture fluide qui rend la lecture très agréable. Mais il y a également une certaine pudeur qui se dégage, ainsi qu’un amour filial que l’on ressent entre les différents personnages. Inévitablement, j’ai pensé à ma petite mamie, la gorge serrée et les yeux embués…

Mon seul regret est qu’il se termine un peu trop vite à mon goût. J’aurais aimé un épilogue un peu plus étoffé. Mais ce n’est qu’un détail comparé à tout le reste.

Merci à Librinova et à Mathieu pour m’avoir fait découvrir ce charmant petit livre.
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Rapsodiile unui gelos

Ces rhapsodies d’un jaloux constituent le quatrième (dans l’ordre de parution) recueil de poèmes d’Emil-Iulian Sude et le livre qui, dit-il, le « dégoûte ».
Il est, à mon humble avis, très (trop !) dur avec lui-même, car ce livre, bien qu’expiatoire, n’est pas à radier de sa bibliographie. Sa publication a été possible grâce à un concours organisé à l’initiative de Constantin Marafet (comme le monde est petit !).
J’y ai retrouvé le motif poétique (fort intéressant) de l’absence des genres purs, de cette idée que tout homme porte une part importante de féminité en lui et que toute femme cache une part de masculinité au fond d’elle-même.
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Petite Lisa

Ouvrage reçu lors d'une opération Masse critique privilégie, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce dernier.

C'est d'abord la couverture qui 'a tapée dans l’œil et même si l'on croit y décerner quelque chose de beau avec cette libellule et ce beau bleu, l'on distingue en fond un bâtiment qui ne laisse rien préfigure de joyeux et en lisant la quatrième de couverture avant de postuler pour cette opération, j'ai su que je ne me trompais pas et pourtant. A quoi cela sert de lire encore et encore des ouvrages sur la Shoah, sur toutes les souffrance que les IIIe Reich a fait subir aux juifs, aux tziganes, aux handicapés mentaux et autres me direz-vous, bref tous ceux qui étaient hors norme et ne correspondaient pas à la race aryenne ? Tout simplement, pour ne pas oublier, pour en savoir davantage, pour découvrir, il est vrai, chaque fois, de nouvelles atrocités que les hommes, femmes et enfants ont dû endurer et surtout pour se dire plus jamais cela. Malheureusement, l'on voit bien que l'Homme en tant qu'être humain (si l'on peut qualifier les bourreaux ou tous ceux qui cautionnent ce genre d'actes ou du moins, ferment les yeux), si il ne tire pas des leçons de son Histoire et ne réitère effectivement pas les erreurs du passé, est capable de faire autrement et ce, pas dans le bon sens du terme ! A la question philosophique "L'Histoire est-elle un éternel recommencement ?" Pour moi, et je le déplore (et désolée si certains me trouvent pessimiste, moi je me considère juste comme étant réaliste), je répondrai que Oui.

Plongeons-nous dans l'histoire, celle de Petite Lisa cette fois-ci. C'est à bord d'un avion qui devait la ramener sur les traces de son passé, en France, que Lisa, maintenant devenue une vieille dame, fait la connaissance d'Evelyne, hôtesse de l'air qui effectue son dernier vol précisément ce jour-là. Voyant que Lisa ne se sent pas bien, elle va la prendre sous son aile et finalement sympathiser avec elle. Cependant, elle est loin de ce qu'elle va découvrir du passé de "Petite Lisa", comme elle se plaira à s'appeler elle-même pour décrire du mieux qu'elle peut toues les atrocités qu'elle a enduré, non seulement elle mais toutes les autres femmes qui se trouvaient au Block 10 à Auschwitz à un moment où il ne fallait pas s'y trouver vous l'aurez bien compris. Quant à sa sœur Laure et à son père, tous deux ont été éliminés dès leur entrée au camp (du moins, c'est ce que Lisa a toujours cru). En racontant l'indicible, en faisant resurgir de sa mémoire ses pires cauchemars (pourtant bien réels), Lisa va apporter une nouvelle preuve de la cruauté humaine, de ces hommes qui, en voulant servir leur Führer, ont accompli les pires atrocités qui soient.

Un roman très bien écrit, extrêmement émouvant mai ô combien dur (difficile de ressortir indemne après une telle lecture) - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne l'ai pas lu d'une traite mais ai lu quelques ouvrages beaucoup plus légers entre temps mais que je ne peux que vivement vous recommander, même si j'ai trouvé qu'il y avait parfois certaines longueurs d'où le fait que je n'ai pas mis la note maximale à ce dernier mais cela ne concerne que mon avis personnel). Je vous laisse libres juges mais puis vous assurer que vous ne serez pas déçus. D'ailleurs, pour un premier roman, moi, je tire ma révérence à l'auteure, d'autant plus qu'elle ne s'est pas attaqué à un sujet facile et qu'elle a du énormément se documenter pour cela mais l'on n'en sait jamais assez et sans cesse, pour peu que l'on s'y intéresse, en consultant les témoignages des rescapés, nous pouvons en apprendre davantage pour peu que l'on ait le cœur bien accroché !
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L'Ambition

Quand un hypocrite ambitieux
fait figure d'honnête homme…

Jeune homme plein de fougue et d'ambition, Alessandro Farnese aimerait être Condottiere, seigneur de la guerre, dans cette Italie de la fin du XVème siècle où la Renaissance est déjà bien présente. Morcelée en une mosaïque de comtés, duchés, marches et principautés, sans compter les états du pape, L'Italie offre de splendides perspectives de gloire militaire, mais pas aux fils cadets de l'aristocratie: Alessandro est destiné à une carrière ecclésiastique. Il s'agit bien de carrière, non de vocation, car dans la monstruosité qu'est devenue l'église en cette fin de Moyen-Age, les charges d'abbé, les mitres d'évêque et les chapeaux de cardinal se vendent au plus offrant. Trop discipliné pour se cabrer et trop intelligent pour ne pas voir les possibilités qu'offre cette juteuse carrière, Alessandro décide de la faire sienne. Simple “écrivain apostolique”, il ne tarde pas à être happé par des jeux de pouvoir et d'amour qui, pour le dépasser, ne le détruisent pas, mais l'instruisent du fonctionnement de ce monde d'où la corruption, la débauche et l'hypocrisie la plus complète semblent avoir refoulé la grâce de Dieu.

Tome I d'un triptyque contant la vie d'Alessandro Farnese, futur pape Paul III, L'Ambition est un roman historique qui peut se lire au premier degré.
A ce titre, on y verra une vaste fresque de la Rome des Borgia et de la Florence des Médicis à leur apogée : familles nobles, haut clergé, artistes et philosophes
s'y mélangent pour former ce tourbillon combinant le pire et le meilleur que fut l'âge. Au second degré, les aventures d'Alessandro montrent la construction d'une personnalité moderne au XVème siècle : l'homme est inséré dans un cadre social et culturel contraignant, certes, mais il se détermine lui-même à l'intérieur de celui-ci. La robe de cardinal ne sera qu'un déguisement pour celui qui se veut, avant tout, conquérant, amoureux et chef de famille. Certains, enfin, verront se profiler un troisième degré dans le titre du triptyque : Les Trafiquants d'Éternité. Quand l'homme se laisse approcher par la transcendance,
pour s'en servir au lieu de se mettre à son service, il la ravale au rang de marchandise et met en marche tout un processus dont les effets pathogènes donnent matière tant au roman qu'à l' Histoire.

J'ai apprécié le sérieux avec lequel l'auteure, historienne, a su rendre l'époque, ses tensions et sa dynamique. Aussi le réalisme psychologique des personnages. J'ai trouvé pénible d'être immergé dans un milieu corrompu à ce point-là. Mais surtout, je ne suis pas arrivé à mes fins : comprendre l'ambition extrême d'Alessandro et, surtout, des Borgia. J'essaye habituellement de revêtir les personnages principaux d'un roman pour les comprendre. Ici, c'a été impossible. Même pas par dégoût, mais simplement parce qu'il n'y a pas correspondance. Là où chez eux il y a une passion terrible, un feu dévorant, il n'y a, chez moi, que le calme. Non pas que , jeune, je n'ai pas eu d'ambition. Mais parce qu'il n'y a rien de comparable entre vouloir un bon niveau de vie matérielle, une certaine reconnaissance sociale, une famille heureuse et ... ca. Je ne comprendrai sans doute jamais l'ambition extrême, tout simplement parce que je ne l'ai pas. C'est tout.

Merci à Cannetille de m'avoir proposé ce livre, et d'avoir bien voulu participer aux discussions qui ont accompagné sa lecture.



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Hurlements

Mon choix s'est porté sur la lecture de ce roman lorsque j'ai appris qu'Alexis Laipsker serait le prochain invité d'honneur du troisième épisode du salon lecture de la Ferté Saint Aubin en septembre .Entre nous , suivez bien l'actualité concernant ce salon , il est génial et n'a pas fini de nous surprendre !!! Bon , ceci étant , notre invité d'honneur ? Et bien je crois qu'il prend de plus en plus place dans la longue liste des brillants auteurs de romans noirs et polars qui " égaient " nos soirées ou ...longues journées pluvieuses , particulièrement en verve en ce moment ..."En Mai , fais ce qu'il te plait " qu'il disait l'autre . Vas-y , toi, sur le transat , sur la pelouse ou la terrasse .
Moi , scotché au chaud sur mon fauteuil , j'ai passé un trés bon moment avec les deux héros récurrents , le Cow-Boy et Menthe à l'eau .Sans trop en dire , on remarquera avec amusement l'association de l'eau et du feu. Bons à marier , quoi .. Lui , c'est bon gros bourru mal léché et redouté de tous ...sauf de la dite menthe à l'eau , quelque peu insolente ...C'est drôle , souvent cocasse et , comme trés souvent , trés efficace .Et puis , dans cette aventure , ça swinge , ça virevolte , ça court , ça roule vite .Le rhytme est endiablé et nous sommes maintenus en haleine par des chapitres courts , des dialogues à la hauteur , des fausses pistes crédibles ...Bref , Alexis Laipsker passe , à mon avis , avec brio l'examen probatoire .Bon , ce n'est que mon avis , comme d'hab itude ." Hurlements " est un roman qui laisse sans voix !!! Un sacré challenge , non ?
Attention , c'est du lourd .L'auteur a le don de passer du tragique , presque indicible , au plus léger , voire trés drôle ...Bon , pas drôle pour tout le monde , je vous l'accorde, mais mon statut de lecteur ayant des limites , je m'en tiendrai à ce qui m'arrange .Les victimes ( oui , oui , il y en a ) ont, sans doute, un regard différent sur la situation , enfin regard ...Mortes ? J'en sais rien , moi , vous n'avez qu'à lire . Bon , je veux bien vous accorder qu'elles ne sont pas mortes de rire , mais ce sera tout .
Au fait , auriez - vous une voix grave , par hasard ? Oui ? Bon , ben , je vous conseille de prendre une autre voie , cette caractéristique pourrait " gravement nuire à votre santé " et vous porter grand tort . Oui , je sais , le Cow-Boy et Menthe à l'eau ...Mais quand même .
A bientôt , chers amis et amies prenez soin de vous .
Amitiés . JFL;
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Contes d'une poche et d'une autre poche

Contes d'une poche et d'une autre poche (1929) contient quarante-huit petites histoires policières décalées, pleines d'humour et de finesse. Karel Čapek (1890-1938) était un magicien du verbe, qu'on se le dise !

Sur le mode de la conversation, du petit dialogue entre amis, Karel Čapek vous raconte une histoire policière insolite.
Par exemple, dans « Le poète » Nerad est témoin d'un accident au cours duquel une voiture a renversé une femme dans la rue Žitná. L'inspecteur de police Majzlík l'interroge, mais le poète était ivre cette nuit-là, donc il ne se souvient de rien. Mais pendant la nuit, il a écrit un poème ésotérique qui révèle le lieu du crime, l'heure, le numéro de plaque d'immatriculation et la couleur de la voiture.
Dans « L »'expérience du professeur Rouss, le professeur aide la police à confondre le coupable grâce au jeu des associations d'idées.
Les contes peuvent être loufoques : un voleur de cactus bien barré, une cellule de prison napolitaine « magique » (car ses occupants se repentent, sauf les Tchèques) ou plus graves : un psychanalyste guérit son patient de sa névrose, ce qui le conduit au pire. Un prisonnier innocenté remis en liberté s'avère coupable etc.
Čapek utilise l'ironie goguenarde aux dépens des policiers, des journalistes, des médecins, des experts, de l'administration, des postières, des écrivains (y compris de lui-même) de toute cette humanité qui se pique de juger son prochain. Et Dieu le sait bien ( voir le Jugement dernier)*.

Čapek voulait écrire des nouvelles qui enfreignaient les lois traditionnelles du genre. Par exemple avec un détective amateur : un jardinier (Le Cactus volé, le Chrysanthème bleu), un écrivain qui résout une affaire de plagiat, une épouse de policier, un policier qui s'en remet au prédictions fantaisistes d'une cartomancienne etc. Des gens tout à fait ordinaires, comme les criminels d'ailleurs. le meurtrier peut être clairement identifié dès le début, ou bien l' histoire ne présenter aucun meurtre ou encore aucune résolution (un vieux « cold case » remontant au XVème siècle). Čapek multiplie les points de vue : celui du témoin, du criminel, de l'entourage du détective etc. Certains contes ne portent pas du tout sur le crime ou le délit mais ils traitent surtout de la difficulté de rendre la justice.
Ils ressemblent alors à de petits apologues, toujours souriants, toujours légers qui préparent le lecteur à accepter la morale du récit.

Je vous invite vraiment à vous procurer cet ouvrage drôlement chouette.

*Le Jugement dernier et le Voyant sont sur un podcast de France Culture (épisode 5/5 de la Maladie blanche).
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-feuilleton/le-jugement-dernier-et-le-voyant-de-karel-capek-5263217

Merci beaucoup Bobby !
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Ravel

"On est pris tout de suite, captivé, emporté par un art qui tient du sortilège La vague sonore déferle et se brise subitement, laissant les auditeurs littéralement hallucinés, envoûtés par la magie de ce crescendo de plus de vingt minutes"

Maurice Ravel ne dort pas assez pour rêver d'un tel chef d'oeuvre.
Il n'est pas un artiste maudit, sans le sou. Et il n'a pas d'épouse, de maîtresse ou d'amant...

L'artiste disparaît avant même de mourir, derrière le Boléro. Il y a si peu de photos, et d'enregistrement. Et sa signature est brouillée par son apraxie: troubles neurologiques qui le rendent .. incapable de composer et de jouer de la musique!

Tout Ravel est pourtant dans le Boléro : son goût pour les défis, son amour de l'Espagne et de la danse, son génie d'orchestrateur et sa fascination pour la mécanique, héritée de son père ingénieur.

Le" Boléro de Maurice Rave" est une oeuvre composée de 2 éléments:
L' Ostinato (caisse claire et pizzicato), et de deux mélodies. Ces deux thèmes sont répétés tout au long de l'oeuvre, dans un très long crescendo (de plus en plus fort).

Maurice Ravel ne dort pas assez...
Ce n'est pas une biographie, juste les dernières années de la vie de Maurice Ravel. Et cette musique : taim taim tin tin, tin tin taim ...

Le crescendo du Boléro se réalise grâce à un changement progressif d'indication de nuances, ainsi que par l'ajout successif d'instruments. "Il n'y a pas, dans toute l'histoire de la musique, un exemple d'une virtuosité pareille. Ce tour de force est un enchantement pour l'oreille". Emile Vuillermoz,

Et, sa muse et ami Ida Rubinstein ensorcelle le public avec le Boléro sur la scène de l'Opéra Garnier le 22 novembre 1928...
"Avec une indifférence quasi démoniaque, Ida Rubinstein tournoyait sans arrêt, dans ce rythme stéréotypé, sur une immense table ronde d'auberge, cependant qu'à ses pieds les hommes exprimant une passion déchaînée, se frappaient jusqu'au sang."
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Les thés meurtriers d'Oxford, tome 10 : Bûche..

Dixième tome des aventures de Gemma Rose, détective amateur, tenant un salon de thé dans la ville universitaire d'Oxford et ... j'ai l'impression d'enfiler un bon vieux pull confortable ! Je connais les lieux, les personnages, le ton , je n'ai plus qu'à me laisser porter.

Et mes pas vont me porter vers un manoir où Gemma s'est laissée persuader d'apporter quelques douceurs pour un goûter de Noël offert aux familles nécessiteuses. Hélas, le temps de tout ranger, elle et les vieilles chouettes ne pourront pas repartir après la fête, la neige a bloqué les routes. Qu'importe ! elle dormiront sur place, le manoir est grand et l'hôtesse aux petits soins... Mais dans la nuit, Gemma cherchant son chat, tombera sur un cadavre ...

Elle résoudra l'affaire toute seule comme une grande, un peu aidée par les vieilles chouettes, mais aussi par un huis-clos, empêchant toute mauvaise intention venue de l'extérieur.Forcément , ça llimite le nombre des coupables... On aura droit à la fin à une démonstration digne de Miss Marple, ou Poirot, dans la bibliothéque avec le ...
Bref, un bel hommage à la reine du crime (enfin, c'est ce que j'y ai vu !). Un bel hommage aussi à nos papilles gustatives. Quelques sourires , et un fou-rire plus tard, je referme ce tome, en me disant : Vivement le tome 11 !
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Un long, si long après-midi

« [I]l se demande comment il se sentirait s'il vivait à Sunnylakes et qu'il devait faire face à une journée parfaite de plus, enfermé dans sa cuisine parfaite, attendant que ses enfants parfaits soient couchés afin que son mari parfait puisse lui en faire un autre. […] Cette maison est bizarre. M. Haney, sa mère et Mme Ingram, ils sont tous, comme… – du plastique, dit Joseph. Des mannequins dans une vitrine. Des simulacres. » ● En cet été 1959, à Sunnylakes, une banlieue de Los Angeles, on se croirait presque dans le Truman Show tant tout est parfait : les pelouses bien taillées, les vastes maisons enfouies dans les arbres, les belles voitures qui attendent dans l'allée… Mais ce décor à la Wysteria Lane cache des réalités bien moins belles, et notamment des femmes sous médicaments qui assument toutes les charges domestiques, aidées par des bonnes noires exploitées. Joyce Haney, qui est apparemment une heureuse mère de famille, disparaît soudainement en laissant derrière elle ses deux petites filles, Barbara et Lily, et une grosse trace de sang dans la cuisine. Que s'est-il passé ? Son mari Frank est-il impliqué ? le détective Mick Blanke, un transfuge de la police de New York à la réputation sulfureuse, va devoir enquêter. ● C'était le temps tant honni où le mâle blanc cisgenre dominait tout et pouvait presque tout se permettre. Dans le quartier de Sunnylakes, les femmes, blanches, ne pensent qu'à s'apparier à un homme et à fonder une famille pour pouvoir se conformer à ce qu'on attend d'elles – être piégées dans des rôles domestiques. de l'autre côté, la communauté noire doit subir un racisme exacerbé et une exploitation éhontée qu'il est aujourd'hui difficile de lire tant c'est choquant. ● La construction du récit m'a paru bien maîtrisée, engendrant un suspense qui fait tourner les pages. Il y a une belle tension narrative même si parfois les fausses pistes sont explorées de façon un peu trop longuette. ● Les personnages sont quelque peu caricaturaux ; l'inspecteur de police semble dénué de la moindre jugeote, tandis que Ruby, elle, comprend tout très vite. le contraste est évidemment voulu, mais il m'a paru manquer de nuances. Ne parlons même pas du chef de la police Murphy, qui, lui, est un stéréotype sur pattes, passant son temps à engueuler Mick. ● La fin m'a semblé clownesque. Elle tire le roman vers le bas. ● A la fin on se demande ce qu'a voulu faire l'autrice : un roman dénonçant la société américaine des années cinquante (et, j'imagine, ses répercussions aujourd'hui) ? Un roman policier ? Les deux, sans doute, mais pour un premier roman elle court trop de lièvres à la fois. ● Et que dire de ce que se sent obligée d'ajouter l'autrice dans une « Note » finale pour se conformer à l'évangile woke et éviter l'accusation honteuse d'« appropriation culturelle » : « Je suis douloureusement consciente qu'en tant que Londonienne blanche d'origine germanique, j'ai fait un choix critiquable en imaginant un tel personnage [Ruby, la bonne noire]. » Comment pourrait-on écrire de la fiction en s'interdisant d'imaginer certains personnages ? L'adverbe « douloureusement » me paraît si hypocrite, si lèche-bottes…
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Les fureurs invisibles du coeur

Honte sur moi, ça fait au moins 3 ans que ce livre conseillé par une amie qui en plus m’a laissé le livre en question m’attend. Il faut dire que c’est un pavé, pourtant une fois commencé les pages ont défilé aussi vite que speedy gonzalès dopé à la caféine.

Cyril grandit en Irlande dans les années 40 dans une famille assez particulière. Il découvre assez vite que lui aussi est particulier en comparaison de ceux qui l’entourent. Il est homosexuel, et à l’époque on a vite fait de se croire le seul à l’être étant donné que c’est considéré comme une tare, une anormalité. Cyril grandit cahin, caha et commet des erreurs, fait de mauvais choix par manque de courage.
Cyril est un anti héros avec bien des défauts mais qui est surtout le fruit de la société dans laquelle il a grandit. Au fil des pages l’auteur gardera toute la cohérence de ce personnage qui ne sera jamais vraiment virulent ou combatif mais qui saura se construire en s’appuyant sur ses faiblesses et faire correspondre sa vie avec ce qu’il est.

L’auteur enrobe la souffrance d’ironie et d’humour pour faire de cette histoire tragique qui aurait pu faire pleurer dans les chaumières un roman à la fois réjouissant et mordant. Sous couvert d’une plume bon enfant il aborde les sujets qui fâchent sans haine ni amertume et dépeint une Irlande conservatrice et bigote. Il égratigne, bouscule, chahute tel un gosse facétieux et irrévérencieux. Il rappelle le rôle joué par l’Église dans le conservatisme, la haine de la différence et l’hypocrisie de ses représentants.

Malgré les thèmes évoqués le livre ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos, j’ai beaucoup rit ! L’humour est une constante, même dans les moments les plus inattendus allant même parfois jusqu’à l’absurde. Les dialogues sont souvent cocasses et plein de subtilité.
J’ai trouvé particulièrement réjouissant le passage où Cyril se confesse et les conséquences…

Il y a parfois des coïncidences un peu grosses mais l’histoire garde sa cohérence. La voix de Cyril et son humour involontaire nous emmènent dans un voyage dans le passé et à travers le monde plein de rebondissements. Je suis passée par toute la palette des émotions sans ressentir aucun ennui, et si parfois l’auteur cède à son cœur d’artichaut et octroi des bonheurs un peu faciles, il ne sombre pas dans la guimauve.

Un juste équilibre entre douceur et instants sombres d’une vie.

Il me reste maintenant à découvrir Le monde selon Garp dont le titre revient souvent dans ce livre. Et même si sur le thème de l’homosexualité et du Sida j’ai préféré N’essuie jamais de larmes sans gants, Les fureurs invisible du cœur s’inscrit dans un autre registre et ne démérite pas. Cette lecture fut à la fois pétillante et touchante.
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Et chaque fois, mourir un peu, tome 1 : Blast

J’ai un peu hésité avant de me lancer dans cette lecture qui me faisait peur : un roman certes, mais aussi un effrayant exposé des horreurs et des effets de la barbarie humaine. Je me suis malgré tout engagée sur le chemin de Grégory, infirmier envoyé par la croix rouge, sur les lieux de crimes des hommes contre leurs semblables, là où la guerre fait d’innombrables victimes, là où la faim sévit, là où les séismes précipitent hommes, femmes et enfants sous les décombres, et partout où des mines antipersonnel amputent, dévisagent, tuent. Je ne regrette pas de m’être intéressée à ces événements sinistres, couchés sur le papier certainement pour rappeler combien le monde est malade et combien l’homme est capable de faire du mal sans limite, mais aussi pour saluer la bravoure et le sang froid de personnes comme ce héros qui ressent un besoin irrépressible de soulager, de soigner, d’apporter de l’amour à autrui.

Karin Giebel nous le présente sous toutes ses facettes : individu dévoué à la cause humaine, mais aussi un personne victime de grande souffrance dans sa vie privée, et qui deviendra une « tête brûlée », mettant son désarroi au service des autres, un être rempli d’une foi à soulever les montagnes, regorgeant d’une confiance en soi à toute épreuve voire capable de témérité.

La psychologie des personnages m’a passionnée, l’autrice nous amenant à comprendre que l’on ne gomme pas la fuite et le changement de situation, la torture, la peur, la culpabilité infligée par les bourreaux. Cet exposé fait de ce roman, un thriller psychologique de grande qualité.

Un coup de cœur qui me laisse sur ma faim : j’attends avec impatience le tome suivant.
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La Longue vue

Alors que j'avais adoré la Saga des Cazalet, je suis restée totalement hermétique au deuxième roman de Elizabeth Jane Howard, paru en 1956. Et pourtant le sujet me tentait (la dissection d'un mariage) et pourtant la façon de le décrire me séduisait de part son originalité. ( Chaque chapître décrit un moment du mariage en partant des années 50 pour retourner progressivement à la genése et la rencontre : 1942 – 1937 – 1927 – 1926, comme autant de polaroïds de l'époque et du couple. En cela l'illustration de la couverture épouse (si je puis dire !) parfaitement ce que l'on trouve à l'intérieur de ces pages.).
J'ai eu extrêmement de mal à rentrer dans cette histoire, à avoir envie de retrouver ce livre , le soir. J'ai dû me forcer...
Cela doit venir des personnages, froids, hermétiques, opaques. Mais je suis habituée à la littérature anglaise de cette époque, qui dit toujours les choses sans avoir l'air d'y toucher, mais souvent cela est accompagné d'une petite touche d'humour, de second degré. Point de ça ici, on n'est pas là pour rigoler !

On assiste dés le début à une invitation ( convocation) par courrier de l'épouse au mari, lesquels vivent dans deux maisons distinctes, la femme gérant l'aspect logistique d'une main de maître. Une petite fête de fiançailles, à lieu pour présenter la future épouse de son fils , ce sera suivi d'une crise de sa fille. Et l'on comprend que les deux enfants d'Antonia se précipitent dans des unions, dont on devine, qu'elles ne seront pas des plus épanouissantes. Alors, que s'est-il passé pour qu'un tel éloignement ait lieu entre le mari et la femme, c'est ce à quoi nous assisterons, impuissants, un peu effarés, par tant de froideur du mari, par l'époque qui faisait que les femmes devaient tolérer "ça", par les parents d'Antonia....

Ça en dit long sur l'évolution de la société (anglaise , mais pas que...), sur les hommes , sur leurs femmes. Et c'est sûrement sur cet angle-là qu'il faut aborder ce livre : historique.
Parce qu'au niveau de l'action, du suspens, des personnages: bof bof. Pas d'attachement de mon côté.
C'est fin, mais aussi un peu désuet, démodé, et pas assez "charmant" pour moi.
Bref, un peu déçue d'être déçue par l'autrice de la saga des Cazalet, qui est un petit bijou, je le rappelle...


(Si ce roman vous tente, je vous conseille de lire la préface qui est une mine d'or pour ce qui est de décortiquer l'oeuvre , et d'apprendre des choses sur l'autrice. )
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L'Axe du loup (BD)

Club N°56 : BD non sélectionnée
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Début accrocheur mais qui laisse place à l'absence de rencontres sur son chemin au profit du seul chemin...

Belles phrases, au final un peu vides.

Gwen
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Jamais lu de Sylvain Tesson auparavant donc je le découvre dans cette adaptation.

Une plume intéressante dans cette narration au long cours, un beau projet de voyage mais l'approche qui le met en avant en permanence sans ramener A Marche Forcée comme fil conducteur et un dessin qui ne m'a pas plus intéressé que ça, m'ont au final laisse assez peu convaincu.

Aucune émotion, aucune poésie, ça manque ma cible...

Greg
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Le récit est intéressant mais petit à petit, il y a une sorte d'impression de facilité qui sort le lecteur de la confiance que l'on peut accorder à l'auteur...

Vincent
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Après le livre, l'adaptation en film, voici en BD le récit du long voyage de Sylvain Tesson de la Sibérie au Golfe du Bengale, que réalisaient autrefois les évadés du goulag.

6000 km à pied, à cheval, à vélo, on suit le périple solitaire de cet écrivain aventurier.

Graphisme réaliste qui donne envie de voyage et de grands espaces.

Sophie
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Pas convaincu par le dessin et le petit format de cette BD.

Cette adaptation est-elle nécessaire ?

Clément
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La maison Usher (BD)

Club N°56 : BD non sélectionnée
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Ambiance glauque bien rendue par le graphisme et le choix des couleurs : on baigne dans l'univers de Poe.

Xel
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Belle ambiance, graphisme réaliste mais le parti-pris scénaristique qui consiste à faire intervenir Poe dans la nouvelle qu'il écrit me laisse complètement froid.

Benoit
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Une énième adaptation de la Chute de la Maison Usher d'Edgar Allan Poe mais avec quelques libertés scénaristiques, qui renouvellent quelques détails de cette nouvelle du 19eme siècle.

Dessins plutôt classiques mais de qualité, on est en terrain conquis et ça reste une adaptation agréable, même si dispensable.

Greg
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Bonne adaptation.

La volonté de faire apparaître l'auteur m'a surprise...

Virginie
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Glauque et surprenant, une adhésion au graphisme au service d'une histoire horrifique...

Vincent
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Dans les coulisses des aventures de Tintin


L’auteur a réussi, en exactement 50 pages, la prouesse de faire le tour de la vie et l’œuvre d’Hergé et sa création principale Tintin, de façon à que ceux qui comme moi, qui ont lu la collection complète et certains albums plusieurs fois, y trouvent plein d'informations et de faits qu’ils ignoraient de leur héros de jeunesse.

Il est vrai que très peu de personnes ont connu Hergé aussi bien que Benoît Peeters, qui comme gosse en Belgique dévorait les albums de Tintin, y a consacré sa thèse à l’université et a eu maints entretiens avec lui. La toute dernière interview qu’Hergé, vieux et malade, a accordée fut d’ailleurs à Benoît Peeters. C’est aussi lui qui, en 2006, a publié la biographie d’Hergé la plus complète : "Hergé, fils de Tintin" de 629 pages.

Hergé, pseudo choisi par Georges Rémi, né le 22 mai 1907 à Etterbeek, une commune de Bruxelles, lorsqu’il avait à peine 15 ans, en renversant les initiales de son nom de naissance : G.R. et R.G.

Son héros légendaire, Tintin, lui est né le 10 janvier 1929, lorsqu'il l’a dessiné pour la toute première fois pour le magazine "Le Petit Vingtième" avec son compagnon Milou. Anecdote amusante : le chien parlant doit son nom au diminutif du nom de la fille dont Hergé était tombé amoureux et qui se prénommait Marie-Louise.

La vie sentimentale d’Hergé n’a pas été des plus simples. Il a été marié de 1932 à 1977 avec Germaine Kieckens, la secrétaire de son chef à l’époque, et ensuite jusqu'à sa mort d’une sorte d’anémie le 3 mars 1983, avec Fanny Vlamynck, héritière unique de l’empire Hergé.
Les albums de Tintin ont été traduits en plus de 100 langues et c’est actuellement en Chine que ses albums se vendent le mieux.

Hergé n’a pas voulu qu’après sa mort d’autres dessinateurs continuent "ses" Tintins et Fanny, devenue Rodwell, y veille attentivement.

Dans cette première partie du livre, l’auteur trace la vie d’Hergé et l’apparition de tous les albums de Tintin. Dans la deuxième partie (une bonne quarantaine de pages), il répond à une ribambelle de questions au cours d’une conférence à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) à Paris, le 17 mars 2018, et au Nouveau Théâtre de Montreuil, le 2 février 2019.

Des réponses données à certaines questions compliquées ou traîtres, paraît l’incroyable maîtrise de Benoît Peeters de son sujet : le père de la BD européenne.
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Lettres à un jeune danseur

C'est lors du dernier café-philo auquel j'ai assisté que l'animatrice a apporté cet ouvrage dans lequel elle a puisé quelques citations puisque le thème était "Naissance(s) (au sens physique comme au sens plus large, c'est-t-à-dire celui de la naissance d'une oeuvre d'art.
Non seulement, cet échange fut très riche (comme toujours), les points de vue des participants extrêmement variés et complémentaire mais c'est surtout ces citations apportés par ladite animatrice qui m'ont poussés à vouloir découvrir cet ouvrage et puisqu'elle a eu la gentillesse de ma le prêter, j'en profite.

Dans cet ouvrage, il est question de danse certes puisque Maurice Béjart est avant tout un immense chorégraphe mais pas que...Tout d'abord, lui, ne se considère pas comme tel puisque, comme il l'explique, sans les danseurs pour lesquels il crée, ses chorégraphies ne seraient rien et puis, surtout, chaque danseur réinventera sa propre chorégraphie selon la manière dont il l'interprète. De cela, il ne s'en offusque pas, bien au contraire, il encourage même le jeune danseur à s’approprier sa création afin de ne pas interpréter sur scène non pas un copier-collé des pas qu'il a maintes fois répéter mais au contraire à laisser glisser l'émotion afin de le faire ressentir au public. C'es marrant parce que c'est justement ce que ma prof de théâtre nous enseigne, non pas de répéter un texte bêtement mais au contraire de le vivre afin de donner aux spectateurs. Sans cela, la magie n'opère pas et Maurice Béjart fait d'ailleurs un parallèle ici entre le danseur et le comédien.

Un ouvrage court mais très puissant, rempli de sagesse, de modestie et de leçons de vie ! A découvrir et à faire découvrir et maintenant, je comprends mieux pourquoi l'animatrice du café-philo auquel j'ai assisté s'est appuyé sur ce texte en rapport avec la "Naissance(s)" et je trouve qu'elle n'aurait pas pu trouver meilleur ouvrage pour étayer ses propos et je l'en remercie (d'autant plus qu'elle m'a permis de découvrir ce magnifique texte par la suite !
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Aliène

Fauvel, une jeune femme, arrive à Cournac, un village dans la campagne, pour garder la chienne de Luc pendant qu'il fait le tour du monde avec sa riche amie Hélène qui lui offre ce voyage. Hannah est une chienne clonée d'une première chienne ayant le même nom. Fauvel connaît Luc par sa fille Mado, les deux jeunes femmes ayant été étudiantes à Paris en même temps. En arrivant, Fauvel trouve la chienne assez antipathique et se demande un peu ce qu'elle fait là. Elle va découvrir des choses étranges… ● Ce roman avait tout pour me déplaire, à commencer par la recommandation dithyrambique des critiques du Masque et la plume (comme pour Télérama, en général je fais le contraire de ce qu'ils disent), puis par ses thématiques, par son onirisme, à tel point que je m'étais dit que je ne le lirai pas, malgré tous les éloges dans la presse. Mais par acquit de conscience j'ai quand même téléchargé le début, et ce fut un foudroiement : dès les premières lignes j'ai été happé, subjugué par le style, absolument magnifique et profondément original. ● Je m'étais attendu aussi à lire une sorte de manifeste grossièrement militant, or ce n'est pas du tout cela, le militantisme, bien présent, est très subtil ; on est loin, très loin des gros sabots, même si l'on comprend bien que l'autrice lutte contre le patriarcat, pour l'antispécisme, pour le féminisme, pour le « queer »... Et tout passe par la narration – et par l'écriture ; on est à l'opposé des grandes déclarations théoriques. ● le titre, « aliène », c'est à la fois le verbe aliéner et les aliens, les extra-terrestres qui jouent un rôle dans cette histoire. Mais si aliens il y a, on reste toujours dans ce qui est possible, on est sur cette ligne de crête fragile entre réalisme et onirisme fantastique, sans jamais basculer du côté où le récit n'aurait plus de sens. ● Les images, métaphores et comparaisons, foisonnent et sont superbes, on se demande où l'autrice va chercher tout ça, on est stupéfait de constater qu'elle va toujours plus loin dans l'écriture de l'analogie, qu'elle en invente toujours davantage. Par exemple : « Les yeux se révulsent, un peu de bave épaisse comme un lichen au coin des lèvres. Dans son corps, les molécules s'assemblent, se dissolvent, se collent, coursant à travers ses muscles, ses mains, son cerveau. Il est un homme nouveau, un homme de mystère, reconfiguré et secret, où est le siège de soi se demande-t-il, se demandent-ils tous tandis qu'ils se bouleversent sur le carrelage marron du salon, eux-mêmes et pas eux-mêmes, plus jamais comme ils l'ont été, différents encore de ce qu'ils seront, qui sommes-nous se demandent-ils avec de grands regards mais sans le penser totalement toutefois, car ils savent bien qu'ils sont cela : leurs corps, des flambées de plaisir. Probablement il n'y a que cela qui importe, et tant pis pour cette idée d'identité, ils ne sont jamais que ça, un assemblage de données physiques quelconques. Des atomes momentanés rassemblés qui se désagrègent lentement vers autre chose. » ● L'originalité de l'écriture vient aussi de l'association d'un vocabulaire soutenu et même parfois de mots rares avec un lexique familier, sans jamais rompre l'homogénéité de l'ensemble. ● le nom du personnage principal, Fauvel, est particulièrement bien trouvé (« fauve » + « elle ») et on nous précise que ce nom a été inventé par Fauvel elle-même, dont ce n'est pas le vrai prénom. ● Si le style de l'autrice m'a laissé pantois d'admiration, j'ai cependant trouvé que l'histoire se répétait un peu, surtout dans le troisième tiers, et que le roman aurait gagné à être un peu plus court. ● C'est néanmoins une expérience de lecture saisissante, tout à fait singulière, et que je recommande.
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Freak Island, tome 2

Avec Pumpkin Night et le premier tome de Freak Island, je me disais qu'Hokazono était peut-être un maître du Manga Slasher, que le monsieur à la tête de cochon était une sorte de leatherface doué de paroles et que son père me faisait étrangement pensé à l'autostopper bouffeur de doigts de Massacre à la tronçonneuse. Un hommage?
Probablement, mais un hommage où l'auteur aurait pris trop d'ayahuascas et serait partie dans un tripe incompréhensible pour le lecteur.
Ce tome 2 est complètement débile et je peine à trouver mes mots pour y exprimer ma déception.
Le seul moment marrant c'est quand l'homme cochon immortel, se tronçonne le ventre, "aïe je me suis coupée" et tourne de l'oeil à la vue du sang. Pour le reste passez votre chemin.
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Dans le fossé

T'es prêt Emir ?
Oui Goran et toi ?
Oui moi aussi !
Goran prit sa trompette , Emir ses poules et tous les deux se lancèrent dans ce qu'ils font de mieux , le bordel réjouissant , lâcher de poules sur fond de cuivres endiablés.
Vous l'avez l'image ? Et bien , vous avez le cadre de ce roman tonitruant, déjanté, très drôle et traduisant sous l'humour la vie en Bosnie après la guerre de 1992.
Notre héroïne , dont l' occupation favorite consiste à mater inspecteur Barnaby , est envoyée par sa mère représenter la famille aux obsèques de la tante Stana, victime d'un bout de poulet au calibre inadapté à son larynx.
C'est le cousin Stojan et sa golf II qui l'amène vers un moment hors du temps...

Très drôle donc , sans être trop dans le comique burlesque , désopilant, et bien critique comme il faut sur l'état de la Bosnie où le meilleur moyen de réussir semble la corruption.
l n'y a pas que la Bosnie qui charge ! L'étude sociologique des personnages , leur avidité, leur égoïsme ne s'applique malheureusement pas qu'aux locaux.
Une très belle découverte.
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La petite fille au bout du chemin

Un thriller qui résonne comme un plaidoyer pour les droits des enfants.
La Petite fille au bout du chemin se nomme Rynn Jacobs. Elle a treize ans et vit seule dans une grande maison depuis la mort mystérieuse de son père qu'elle dissimule aux yeux des rares habitants de cette localité rurale de Long Island. Citoyenne britannique, intelligente et pragmatique, Rynn tente de donner le change. Mrs Hallet, la propriétaire de la villa, louée pour une durée de trois années, est une mégère intrusive et autoritaire qui estime être la figure tutélaire de la petite communauté, ses ancêtres étant présents en ces lieux depuis trois siècles. Elle ne cesse de se rendre chez Rynn, laissant libre cours à ses préjugés vis à vis du policier de la ville, un italo-américain, et à l'égard de la jeune fille juive: « Et vous êtres intelligent. Comme la plupart des gens de votre race. »
Rynn est également harcelée par le fils de Mrs Hallet, Franck, dont les remarques et les gestes éveillent rapidement en elle un sentiment d'inquiétude d'une autre teneur. L'homme est un prédateur sexuel attiré par les adolescentes mais protégé de la justice par sa famille.

La Petite fille au bout du chemin est un roman particulièrement touchant. Ce thriller oppressant dont on ne pressent pas le dénouement est une description distanciée du cheminement psychologique d'une enfant en danger, isolée, tentant de survivre par tous les moyens. Qu'importent les conventions sociales, la morale, la loi. Laird Koenig dont l'oeuvre est centrée sur l'enfance - Attention, les enfants regardent, le Disciple, Labyrinth Hotel…- ne juge pas, il donne à voir la violence juvénile, réponse désespérée à celle des adultes.
Adapté en 1976 par le réalisateur Nicolas Gessner, le film a offert à la jeune Jodie Foster l'un de ses premiers grands rôles (la même année que celui d'Iris Steensma dans Taxi Driver).
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