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Critiques les plus appréciées

Deux Soeurs (BD)

Voici une BD assez humoristique sur deux sœurs qui cohabitent dans une maison mitoyenne mais qui ne se supportent vraiment pas.

On va dire que les deux sœurs ont un caractère strictement opposé. L'une est assez bobo quand l'autre est professeur à l'éducation nationale. Les cercles d'amis fréquentés ne sont pas les mêmes ainsi que la vie de chacune qui tournent autour de valeurs diamétralement opposées.

Evidemment, cela produit des situations assez comiques qui sont magistralement bien mises en case par l'auteur qui réalise d'ailleurs un très beau travail graphique. Le parallélisme des cases au départ est assez marquant pour faire une démonstration convaincante et amusante.

Il va alors survenir un événement qui va remettre en cause leur équilibre qui sera brisé. Il faudra vaincre l'adversité à deux. Reste à savoir si elles vont y parvenir malgré leur différence. C'est tout l'enjeu de cette comédie dramatique qui est agréable à lire.

Au final, on sent bien que ces sœurs qui ont été séparé par des histoires remontant à l'enfance ont envie d'être ensemble malgré tout. Il y aura comme une espèce de témoignage comme quoi on peut être différent et se crêper le chignon entre sœurs mais on arrive parfois à surmonter cela. Que du positif dans la joie et la bonne humeur !
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Les âmes fendues

C'est un ouvrage dont la lecture a été plutôt difficile en raison d'un sujet pas franchement vendeur à savoir les asiles d'aliénés où l'on traite des maladies mentales atteignant un certain pourcentage de la population. Le lieu sera un hôpital psychiatrique non loin d’Angoulême et son fameux festival de BD.

On va avoir droit à une analyse approfondie qui nous permet de changer notre regard sur cette vieille institution devant protéger la population mais surtout soigner les malades. On se place aussi bien du côté des malades avec une approche complète par exemple de la schizophrénie que des courageux professionnels qui font face malgré le manque évident de moyens mis à leur disposition. On va également nous expliquer les méthodes appliquées pour soigner toutes ces maladies de l'âme.

Sur le fond, on ne peut trouver que cette initiative de vulgarisation sur le format de la bande dessinée est tout à fait louable et même salutaire auprès du grand public qui se fait des idées. Il s'agit de voir les gens malades mentaux comme des êtres humains avant tout et ne pas stigmatiser dans des fantasmes et des idées reçues fausses.

Sur la forme, j'ai trouvé cela beaucoup trop bavard avec une mise en scène qui ne procurait pas vraiment une approche plus « divertissante ». C'est un choix parfaitement assumé par l'auteur qui est tout à son honneur entre pudeur et réalité mais qui n'a pas rencontré mon adhésion. Bref, je me suis ennuyé à un moment donné dans cette plongée en eaux troubles et un peu brouillonne.

Cependant, nul doute que cette BD pédagogique peut vous plaire afin d'approcher ce monde de la psychiatrie d'une façon plus humaine.
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L'illusion

♫ C'était comme un défi au temps
Le printemps avant le printemps
Un chemin qui va n'importe où
[...]Parfois dans nos rêves flous
Une voix de je ne sais où
[...] Une illusion qui meurt
D'un éclat de rire en plein cœur
Une histoire de rien du tout
Comme il en existe beaucoup ♫
- Hervé Vilard - 1979 -
----♪---♫---🕸---🌄---🕸---♫---♪----
J'ai rêvé peut-être ou j'ai dormi
Curiosités, merveilles d'Alice je vis
Et tout d'un coup, je dévisse
Monde de pantins, marioles et tristes
Trois nuits par semaine, tournent vices
Magicien, illusionniste ou son baron
Antichrist, chiffre 666, Nécronomicon
Heureux les yeux qui n'ont point besoin d'illusion
Génial mais chute brutale
Déchirez le voile de la morale
"Un baiser à travers le voile"
Tiens revoilà Hugo !
Un p'tit cadeau du coin de mon bureau.
Premier Chattam, ou derniers Châtiments
Merci pour vos "compliments"
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Terrasses ou Notre long baiser si longtemps..

Cette nuit, mon Agatha Raisin étant terminé, je cherchais une autre lecture, et puis les copains (Casimir, Gwen et Hélène) avaient attiré mon attention sur ce livre de Laurent Gaudé.

C'est un auteur que j'ai croisé lors d'une séance de dédicaces de son livre Chien 51, mais je ne l'avais encore jamais lu.

Quand j'ai vu le thème de Terrasses, je me suis jetée dessus, j'en ai lu l'incipit et puis tant que j'y étais, j'ai tout lu dans la foulée.

On est le vendredi 13 novembre 2015, il fait beau et doux à Paris, et les "personnages" s'apprêtent à passer une dernière journée de travail avec à l'esprit la soirée qu'ils ont prévu de passer avec amis, amants, famille.

L'auteur nous invite à suivre plusieurs personnes, faisant des allers-retours des uns aux autres, du moment de leur réveil jusqu'au soir.

Un vendredi soir à Paris, les terrasses sont bondées.
Au Bataclan, Eagles of Death Metal, un groupe californien, donnait un concert.

Je ne vais pas vous raconter ce qui s'ensuit, l'auteur le fait bien mieux que moi, et de façon très détaillée.

C'est simple, à la lecture des lignes, c'est comme si on y était.
Personnellement, j'ai failli y être. J'ai hésité et puis y ai renoncé parce que même si je suis tombée dans le metal quand j'étais ado, ce n'est pas le "death" que je préfère.
Tous mes potes ne s'en sont pas sortis, et ceux qui l'ont fait en portent encore les stigmates.
Les concerts ont repris au Bataclan, mais nous sommes nombreux à ne plus pouvoir en franchir les portes.

En lisant ce livre, nous sommes dans la tête de toutes ces personnes qui prenaient un verre en terrasse en ce début de soirée.
Rien qu'à tourner les pages, ils sont presque devenus des amis tellement on s'en sent proche.

Les tueurs ont choisi leurs cibles, sur ces terrasses. "Toi tu meurs, toi, pas !".
Pas comme au Bataclan où ils ont "tiré dans le tas".

Je n'ai rien d'autre à dire. Voilà comment j'ai découvert Laurent Gaudé.
Depuis le temps que je voyais passer ses livres sans arriver à me décider, le hasard l'a fait pour moi.

Pas le même Hasard avec un H majuscule qu'évoque l'auteur.

"Le Hasard continue à jouer avec nous. Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s'enrayent.
Nous retenons notre souffle. Attendons, prions, supplions, essayons d'espérer".
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Frankenstein

C'est la meilleure oeuvre de l'adaptation de Frankenstein que j'ai pu lire : voilà pour le constat qui a le mérite d'être clair. C'est un chef d'oeuvre de narration avec un dessin détaillé. J'ai rarement vu une telle qualité dans les dialogues ainsi que dans le déroulement du récit. Le choix du style graphique dans la carte à gratter colle totalement à l'ambiance de l'histoire.

On s'éloigne presque de l'aspect fantastique et horrifique qu'avait jusque là véhiculé Frankenstein notamment au cinéma ou dans la littérature. On s'inscrit ici dans le déroulement d'une époque à savoir le XVIII ème siècle avec un scénario qui s'inscrit dans une certaine réalité. On arriverait presque à croire que c'est du domaine du possible grâce aux explications données et aux inspirations philosophiques. Bref, le support bd apporte inconstablement quelque chose de nouveau. C'est assez rare pour le souligner.

J'ai aimé le côté romantique et tout cet aspect purement psychologique dans la relation entre un créateur et sa créature. Il y a une sensibilité toute fraîche que l'on ressent. Je pense que cette oeuvre peut vous faire changer totalement de perception sur le célèbre roman de Mary Shelley. Je conseille vivement cette lecture !
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Katie

Comme a son habitude, la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture a fait un travail plus que remarquable avec la couverture de ce roman. Une fois le roman fini, je prends grand plaisir à la scruter a nouveau.. tous les détails y sont.
Néanmoins, cette couverture, enfin plutôt l'image centrale m'a cruellement fait penser a Carrie de Stephen King. ( Sachant en plus que la femme du Maître avait écrit a quatre main avec McDowell ils se sont probablement croisé un jour. ). Mais Katie ne ressemble absolument pas a Carrie, ni dans le personnage, ni dans le roman en lui même.

Après cette couverture extrêmement soignée, le contenu du roman est également d'une très grande qualité. Comme l'auteur l'indique lui même, c'est son roman le plus horrifique, et qu'il a pris beaucoup de plaisir à l'écrire... Et bien moi, j'ai pris beaucoup de plaisir a le lire... Enfin plutôt a le dévorer.

J'ai quand même pris un peu peur car pour la saga black water je n'ai pas trouvé de fin, et comme je voyais défiler les pages sans que le final n'arrive, j'ai cru que McDowell nous rejouai le même tour. Mais que nenni !! Ici, il y a bien une fin et heureusement je dirais.

J'ai très clairement adoré ce roman, qui est a deux doigts d'être un coup de coeur : c'est sanglant, certains passages sont décrits avec moults détails, et les personnages sont extrêmement bien travaillés. Tout comme l'écriture de l'auteur qui crée une atmosphère bien particulière.
J'ai juste regretté un final un peu abrupte.

Vivement que la maison d'édition fasse paraître de nouvelles pépites.
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Kariba

Voici une vraie lecture jeunesse ayant pour cadre l'Afrique australe et équatorienne, sur les bords du fleuve Zambèze, non loin de la construction d'un barrage hydroélectrique menaçant les habitudes de vies des tributs qu'on déracine progressivement de leurs foyers.

Le cadre étant lancé, on va suivre une aventure assez ésotérique car les auteurs ont voulu donner du sens à une réalité historique qui prête à caution. Il faut savoir que nous sommes en présence d'un des plus grands barrages du monde d'une hauteur de 128 mètres et d'une largeur de 579 mètres. La création de ce barrage en 1959 a entraîné une détérioration significative de la situation économique de la population locale ainsi que de nombreux problèmes de santé

J'ai beaucoup aimé le graphisme qui donne un côté enchanteur à ces paysages africains à couper le souffle. C'est d'une beauté absolument extraordinaire. A noter également une mise en page dynamique ainsi qu'un support de qualité sur plus de 200 pages.

Comme dit, on va être entraîne dans une aventure assez magique mais qui reste assez enfantine. Le scénario reste suffisamment prenant tout le long de cette lecture aux multiples rebondissements.

Au final, nous avons l'alliance entre un dessin d'une excellente qualité avec un récit rythmé ayant pour cadre des croyances légendaires aux parfums écologiques. Certes, les thèmes en arrière-fond sont la colonisation et la protection de la nature mais avec un traitement plutôt subtil ce qui est grandement appréciable.
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Billy Summers

Certains diront peut-être que j'ai un coeur de midinette, mais Stephen King a encore réussi à m'émouvoir. J'ai fermé le livre les larmes aux yeux et ce n'était pas la première fois pendant cette lecture. Alors bien sûr, l'histoire n'est pas la plus originale du monde, certains personnages sont des caricatures de ce type de scénarios, mais il y a Billy, mais il y a Alice, mais il y a Bucky. Je les ais aimés ces trois-là, même si ce ne sont pas des enfants de coeur, surtout les deux hommes, même si le King a pris son temps pour nous présenter Billy. il le fallait pour le faire vivre, exister à nos yeux en tant qu'homme et pas seulement chasseur de primes.

Parce que oui Billy est un chasseur de primes, un bon, très bon même. Il a appris dans les marines et s'est longuement exercé en Irak. Expérience irremplaçable dans l'exercice de ce métier, même s'il faut aussi des dispositions naturelles pour devenir le meilleur sniper du régiment. Alors revenu en Amérique, pourquoi ne pas continuer à tuer, et être payé pour. Bien sûr, il ne tuera que des méchants, des vraiment méchants. Cela en fait-il quelqu'un de bien, la question n'est pas simple. Décider que quelqu'un est assez méchant pour devoir être tué, mine de rien, Stephen King nous ouvre avec cette problématique un champ de réflexion immense.

Mais aujourd'hui Billy est fatigué il veut arrêter, prendre sa retraite, Alors un dernier contrat, très bien payé, ça ne se refuse pas, même s'il sent très vite que, pour le dire sans gants : ça pue cette histoire. Des petites choses qui l'alertent, mais sans doute pas autant qu'il le faudrait, parce que Billy, que ceux qui l'emploient pensent un peu demeuré, Billy est un amateur de mots, ceux écrits par d'autres, et ceux que lui commence à écrire. Pensez-donc, pour ce contrat, la période où il doit se fondre dans la population locale, il est censé être un écrivain envoyé dans ce trou perdu par son agent pour terminer son premier livre. Il n'était que censé, mais il va se prendre au jeu et commencer à écrire l'histoire de sa vie. Et cela va le remuer, parce que sa vie n'a pas été un chemin de roses, plutôt plus proche du chemin de croix. Et en revivre certains moments n'est pas facile. Cela va mobiliser son attention, son esprit, peut-être plus qu'il n'aurait fallu.Sans compter les relations qu'il va nouer dans son entourage, qui lui font oublier un peu qu'il est là en attente de cet homme sur les marches du tribunal, cet homme qu'il doit abattre, le dernier ...

Bucky c'est son agent, pas littéraire cette fois, mais agent pour le mettre en contact avec ceux qui ont besoin de ses services, et puis Alice, Alice si fragile et si forte à la fois… Je vous laisse la découvrir….

Je ne suis pas (encore) une grosse lectrice du King, celui-ci doit être le quatrième. Alors je ne vais pas me livrer à des comparaisons. Ce que je sais c'est que j'ai aimé. Après la partie présentation, où l'on voit Billy s'installer dans cette petite ville, nouer des liens, devenir de plus en plus humain à nos yeux, tout en préparant la suite des opérations, partie que j'ai trouvée un petit peu lente, j'ai eu vraiment du mal à quitter tout ce petit monde et à fermer le livre, temporairement.

Il y a en tout premier lieu ces personnages, que l'auteur rend si vivants, si incarnés, si attachants, c'est pour moi le point le plus important du roman. Mais aussi, le scénario, qui effectivement sur la base n'est pas très original, le dernier coup qui va mal se passer et le héros qui va vouloir se venger, mais dans lequel l'auteur s'emploie à déposer les petits cailloux qui viendront après crédibiliser la suite, et auquel il sait insuffler un rythme et une tension qui ne nous laissent plus aucun répit.

Et puis, ce que je connaissais moins de l'auteur, c'est son amour de la littérature et des écrivains. Il y a de belles phrases sur le métier d'écrivain et le pouvoir de celui-ci. Je vous laisse en compagnie du King :
« Saviez-vous que c'était possible ? Saviez-vous qu'il était possible de s'asseoir devant un écran ou une feuille de papier et de changer le monde ? Ça ne dure pas, le monde finit toujours par revenir, mais en attendant, c'est génial. Il n'y a rien de mieux. Car tout se passe comme vous le voulez »
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L'absence est une femme aux cheveux noirs

24 Mars 1976,
« C'était un mercredi, l'automne argentin et la lumière dorée et les rues semées de feuilles jaunes et roussies, et dans les rues du vert du vert, uniformes armes et jeeps,… »,
Le pays se trouve sous le contrôle opérationnel de la Junte militaire,
Le lendemain, un des plus grands quotidiens titre « Tout est normal » !

Émilienne Malfatto écrivaine et photographe , dont j'ai lu et apprécié énormément les trois livres publiés, nous revient avec un nouveau récit poignant sur les pages noirs de l'Histoire de l'Argentine, celles de la terrible dictature de Videla qui sévit le pays de 1976 à 1983. Elle s'appuie sur le travail du photographe colombien Rafael Roa, une trentaine de clichés accompagnent son récit donnant corps et vie aux fantômes et cicatrices d'une des plus terribles dictatures d'Amérique latine.
Très peu de mots, quelques pages, on est déjà au coeur du sujet, celui d'une réalité atroce, inimaginable. Elle soulève le coin d'un lourd tapis sous lequel s'amoncellent quarante années de poussière . Des étudiants, des ouvriers….disparaissent du jour en lendemain, sans traces , “Los desaparecían”, pas de corps, pas de crime. À ces trente mille disparus s'y ajoutent cinq cent enfants volés, nés en captivité ou bien enlevés au berceau , et des milliers de parents qui attendent un retour improbable , miraculeux.

Tout ça, soit disant , pour endiguer le péril rouge….
Torturés à mort, emprisonnés dans des cageots ….en plein Buones Aires ,
Endormis et jetés nus d'un avion dans le fleuve,
Mort au fond de ce même fleuve ou dans des barils de sable et de ciment ou dans des tombes anonymes là-bas en Uruguay….

Même après un à peu près retour à la démocratie après 1983 et le procès de Vidal et ses acolytes en 1985 mettant Vidal et Massena en prison , la machine infernale ne se calmera pas. Huit ans de dictature signifie des tas de militaires mouillés, corps énorme, monstrueux, constitué de milliers de bourreaux, tortionnaires, assassins, officiers et subalternes à la recherche d'une amnistie pour blanchir ce passé de sang et d'horreur….Quarante ans après la plaie est toujours béante et ne se refermera pas de si tôt.'


Malfatto s'intéresse à nouveau à un pan terrible de l'Histoire d'un autre pays que la sienne. Est-ce son nom étranger « Malfatto » qui l'y destine ? Elle se pose aussi la question. J'ai lu de très nombreux livres témoignages , roman ou autres sur les dictatures d'Amérique latine, un sujet qui n'a rien de nouveau pour moi , pourtant le style de Malfatto qui alterne prose et vers libres donne un texte très fort, percutant, poignant, qui m'a encore une fois subjuguée . Quel talent !
Pour qui cela intéresse conseille deux films celui de Santiago Mitre
«  Argentina 1985 » (2023)récit du procès des bourreaux de la dictature et un film beaucoup plus ancien de 1999, “Garage Olympo” de Marco Bechis qui relate justement l'horreur décrit dans ce livre.

“d'un côté la vie normale
le quotidien le foot et les rires
(est-ce qu'on rit aussi en dictature?)
de l'autre la mort la douleur les hurlements “
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Scènes villageoises sans cochon

Attention j'avertis, c'est le style « plat » 😁! Mais bon si on veut écrire un récit à hauteur d'enfant, difficile de faire à La Coulon.

« Si je donne ma vie pour la patrie, alors,ça veut dire que je meurs ? »
« Oui ! «  a répondu le maître. »
« Alors j'ai pas envie . »
La petite Zeljka est croate, et la Croatie est en guerre. Elle aime le foot, et voudrait être astronaute quand elle sera grande car elle aime l'espace. Son maître d'école n'est pas d'accord, il dit c'est par ce qu'elle est malade. Effectivement elle a une maladie,on branche parfois sa tête à des câbles et à une grande machine qui dessine des lignes, mais elle veut quand même être astronaute.

Racontant une enfance en Croatie, probablement en partie autobiographique , l'auteur , adulte réussit en courts chapitres avec humour à restituer la vie d'un village et d'une famille de cocos qui ne vont pas à l'église, dans les années 90. Signes d'une guerre faussement lointaine, La Maison vide, la possession d'un jeu de Lego liée au travail à l'étranger des pères, les différentes ségrégations que l'auteur illustre aussi de coupures de journaux , révèlent la complexité sociale et politique d'un pays à travers un village , son microcosme , contemplé des yeux d'un enfant espiègle.
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Codine (BD)

Une très belle histoire d’amitié entre un « forçat » et un jeune garçon « délicat ». Une histoire tragique qui se déroule à Brăila, sur les bords du Danube et que clôt une note explicative sur l’incontournable Panaït Istrati, « prince des vagabonds » comme l’a surnommé Joseph Kessel, son frère de croix. Jacques Baujard est un grand passionné et fin connaisseur de l’œuvre du Roumain et il dédie son adaptation à l’illustrateur au nom de l’amitié !

J’ai beaucoup apprécié la restitution de la scène où Codine fait boire du vin à Adrien : « Bois, fratello. Si tu es bête, tu deviendras plus bête et ce ne sera pas dommage. Mais si tu as un cœur de feu, cette larme de vie ne fera que l’embraser… Bois sans crainte, fratello ! »
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La Colère

Lorsque son fils Isiah lui apprend qu’il va se marier avec Derek, Ike Randolph lui demande comment la petite fille qu’il a adopté en payant une mère porteuse dira qu’elle a deux papas, et lequel fait la femme lui demandera -t-on. Et il refuse d’assister au mariage.
Trois mois après Isiah et son mari sont morts, tués sur un trottoir de Richmond.
Ike est noir, et assez à l’aise grâce à son travail.
L’autre père, Buddy Lee, représente cette catégorie de petits blancs pauvres qui soutiendraient le système esclavagiste s’il existait encore.
Et alcoolique.
Et plein d’humour.
Chacun, à sa façon, Ike et Buddy Lee, sont racistes et homophobes.
L’intérêt du livre, qui pourrait s’intituler le chagrin, est de présenter un éventail de sentiments, depuis la culpabilité de n’avoir pas accepté le bonheur de leur fils, la volonté de leur dire qu’ils les aimaient, déclaration qui arrive trop tard, la peur de se laisser aller à la violence s’ils veulent venger leur mémoire, l’idée insupportable que l’assassin se la coule douce et que la police n’en a rien à faire, enfin, la colère, qu’ils connaissent bien l’un et l’autre , puisque, chacun appartenant à un gang différent, ils ont tué déjà et qu’ils ont passés des années en prison l’un comme l’autre.
La colère, d’abord contre l’homosexualité des fils, qui se transforme en colère contre les homophobes, à commencer par le discours du prêtre à l’enterrement, parlant d’abomination, puis contre eux-mêmes qui n’ont rien compris, puis contre leur assassin.
La colère joue comme un point d’union entre ces deux pères pourtant aux convictions opposées. Leur chagrin sans issue les force à opter pour la vengeance, autrement dit la haine, boostée par la colère.
Ce ne sont pas des innocents, et, puisque l’histoire se situe à Richmond, capitale sudiste, ils savent d’avance qu’ils vont se heurter aux suprémacistes, aux bikers en bande armée, et aussi au gang des Noirs qui ont leurs QG.
Et nous, lecteurs, non seulement nous comprenons cette colère, mais n’aurions pas accepté la première proposition d’Ike, celle de ne pas se salir les mains.
Nous la comprenons, bien qu’elle soit vraiment violente (un peu trop d’ailleurs, à mon sens) parce qu’elle est basée sur le chagrin dit et redit de la perte de leurs fils, enterrés ensemble.
« Ça devrait être interdit par la loi, ces choses-là. »
Au-delà de tout, le chagrin d’avoir perdu leur enfant, le désespoir d’Ike lorsqu’il repense à l’enfance d’Isiah, désespoir sans remède les unit et les arme dans une amitié qui dépasse leur racisme initial, et leur homophobie mortelle.
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Au coeur des ténèbres

Ce livre m'a ensorcelée…à l'image de la couverture que je trouve particulièrement bien trouvée, « La charmeuse de serpents » du Douanier Rousseau…Même exotisme, même fascination, même atmosphère. Il m'a fallu le lire à voix haute tant je le trouvais tout d'abord complexe et alambiqué. Peu à peu le charme a opéré, j'ai été mordue. Les phrases, murmurées, d'une poésie exotique magnifique, ont diffusé leur venin pour laisser une empreinte singulière, l'empreinte funeste du coeur des ténèbres dans lequel ce livre nous invite, jusqu'à nous étouffer.

Joseph Conrad nous convie à suivre ses pas, à prendre le chemin que lui-même avait déjà emprunté, direction le coeur des ténèbres du Congo belge, vaste jungle primaire habitée par des peuplades primitives, où se trouve le précieux ivoire pour lequel les pèlerins blancs sont prêts à tout, y compris à faire éclore leurs propre ténèbres.

« le mot “ivoire” passait dans l'air, tour à tour murmuré ou soupiré. On eût cru qu'ils lui adressaient des prières »

Mais avant de partir dans la folie congolaise, il faut passer par la Belgique pour se faire engager. Conrad compare Bruxelles à un sépulcre blanchi, la mort étant évoquée à travers ces deux femmes tricotant devant le bureau du Directeur de la Compagnie des Indes, tressant « leur laine noire comme pour en faire un chaud linceul », funeste présage avant même le départ que raconte un certain Marlow, sorte de double de l'auteur. La visite au docteur, obligatoire pour tous les engagés, lui fait craindre le pire, le médecin lui mesurant la tête, l'interrogeant sur l'existence ou non de problèmes psychiatriques dans la famille...Peu reviennent du Congo belge, du moins peu en reviennent sain d'esprit…La Nature sauvage, puissante, impérieuse, diffuse ses ténèbres aux hommes qui basculent alors dans la sauvagerie la plus primaire.

Ce passage de l'un à l'autre, cette inoculation hallucinante, si je peux dire, des ténèbres de la Nature à celles des hommes, ce processus d'ensauvagement des hommes blancs, est narré de façon sublime, très imagée. Conrad, en auteur de la mer, emploie souvent des images maritimes, celles des vagues impétueuses. le but de l'auteur est de montrer comme les forces morales des hommes blancs (Conrad les appelle les pèlerins tant ils se pensent investis d'une grande mission civilisatrice), soi-disant civilisés, alors qu'ils ne font que piller l'ivoire, s'effondrent progressivement comme ensevelies, submergées par cette Nature foisonnante qui semble deviner leur sombre dessein.

« Des arbres, des arbres, des millions d'arbres, massifs, immenses, jaillissant très haut ; et à leur pied, serrant la rive à contre-courant, se trainait le petit vapeur encrassé, comme un bousier paresseux rampant sur sol d'un noble portique ».

Ce livre raconte l'aventure du capitaine Marlow et sa rencontre avec Kurtz, héros personnifiant précisément les sombres dérives de l'homme bousculant dans la sauvagerie. Sans doute que via Marlow, Conrad se libère des images noires qui l'ont habité lors de son propre séjour dans la folie congolaise.
C'est un récit pittoresque, exotique, empreint d'un certain racisme, celui qui avait cours à cette époque. L'auteur dénonce certes la cupidité des hommes blancs, leur petitesse, l'impérialisme de Léopold II, tout en regardant les hommes noirs avec une certaine condescendance. En ce sens, on ne peut pas vraiment dire que ce livre soit un réquisitoire contre le colonialisme. C'est bien plutôt un récit sincère, sombre et sans espoir, inscrit dans son époque, qui veut montrer que, dans le cadre du colonialisme, toute civilisation tombe dans la sauvagerie. Conrad reste bien du côté du colon, dans un regard eurocentré avec les biais racistes de son époque, mais un regard sombre et amer, me semble-t-il.

« Ils braillaient, sautaient, pirouettaient, faisaient d'horribles grimaces, mais ce qui faisait frissonner, c'était bien la pensée de leur humanité – pareille à la nôtre – la pensée de notre parenté lointaine avec ce tumulte sauvage et passionné. Hideur. Oui, c'était assez hideux ».

Ce regard des colons, entachés de clichés et de racisme, entraine en effet inévitablement une rencontre ratée avec cette Afrique vue à travers le filtre de la force primaire, de l'anthropophagie, de la bestialité et d'où émane « L'odeur de boue, de la boue des premiers âges ». Cette façon d'être en Afrique ne peut que venir ronger leurs rapports avec ces tribus, dresser un mur et les enliser jusqu'au pourrissement. Comme rejetés, crachés, vomis. le coeur des ténèbres victorieuses au battement régulier et sourd comme ce bruit régulier de tam-tam entendu souvent derrière l'épais rideau d'arbres.

J'ai aimé la façon dont Conrad entoure de mystère cet homme dont tout le monde parle, Kurtz, et la fascination qu'il engendre. Kurtz semble avoir disparu, on ne sait pas vraiment s'il est mort et la mission de Marlow est de le ramener. On le dit homme cultivé, artiste, peintre, homme remarquable. Marlow découvrira un homme devenu sauvage, qui a su se faire accepter par les tribus mais qui a entouré sa maison de têtes décapitées et empalées sur des pieux, têtes de rebelles, ce qui en dit long en réalité, sur son emprise. Ses seuls mots, bredouillés au seuil de la mort, seront « L'horreur ! L'horreur ! ». Son portrait, tout en subtilité et nuances, est complexe et mériterait, de ma part, une relecture pour tenter d'en comprendre tous les messages et déterminer si Conrad est bien cet écrivain impérial ou au contraire un écrivain anti-colonial, il me semble que ce personnage de Kurtz permet d'avoir quelques clés pour mieux comprendre. Et au-delà de la cette compréhension, la complexité du personnage décrit en fait un personnage de littérature fascinant qui mérite d'être revisité. Ce d'autant plus que, sans doute, ce personnage complexe traduit les propres ténèbres intérieures et contradictoires de l'auteur.

J'ai adoré l'écriture de Joseph Conrad pour décrire ces ténèbres, cette nature sauvage. J'y étais. Je voyais cette foule d'adorateurs soumis autour de Kurtz, l'obscurité de la forêt, le scintillement de la longueur du fleuve entre les sombres courbes, j'entendais le battement du tam-tam, régulier et sourd, comme un battement de coeur…J'ai senti combien Kurtz, rassasié d'émotions primitives, était devenu sombre, l'ombre de lui-même, « une ombre insatiable d'apparences splendides, de réalités effroyables, une ombre plus ténébreuse que l'ombre de la nuit, et drapée noblement dans les plis d'une éloquence fastueuse ».


C'est d'une beauté absolue, d'un exotisme hypnotisant, je crois n'avoir jamais rien lu ainsi sur l'Afrique, et compense largement la complexité du récit par moment et le véritable dessein de l'auteur que plusieurs relectures me permettront peut-être de mieux comprendre. Me restent, en attendant ce second rendez-vous, une sensation étouffante, intense, mystérieuse et un style classique au charme suranné.


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Baumgartner

C'est avec une infinie tristesse que j'ai appris la mort de Paul Auster, ma seule consolation c'est qu'alors qu'il rendait son dernier soupir, il était dans sa bibliothèque au milieu de livres, et moi j'étais avec lui en achevant son dernier livre: Baumgartner.
Son dernier livre ne déroge absolument pas au monde de Paul Auster qu'il a tissé au cours du temps et de tous ses livres
L'évocation d'un univers nostalgique, des lieux intemporels et d'autres qui n'existent plus que dans la mémoire, à la magie de la vie, aux méandres labyrinthiques de nos mémoires, à la force et le pouvoir fabuleux d'aimer et d'être aimé.
Baumgartner, ce vieux monsieur qui tente de survivre à la perte irrémédiable de son amour, de son alter ego: Anna.
C'est avec tellement de délicatesse, de pudeur qu'il nous plonge dans ce deuil ,que nous entendons encore Anna taper sur sa machine à écrire.
Les mots de Paul Auster sont bouleversants, poignants, ils nous touchent car ils nous concernent, nous parlent.
Un après-midi, alors qu'il est très mal installé dans un transat, il nous embarque dans l'histoire des siens, nous parle de son père, de sa mère, de son voyage qui le conduit " à travers les terres baignées de sang d'Europe de l'Est, au centre de la scène d'horreur des massacres du XXe siècle et si l'homme -ombre qui a donné son nom à ma mère n'avait pas quitté cette partie du monde au moment où il le fit, je ne serais jamais né"
Le hasard, la chance, un moment infinitésimal comme le dira plus tard Jankélévitch et tout est joué ou déjoué.
Paul Auster et l'un de mes plus grands amis littéraires avec Proust, Gide et Makine.
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La Défaite de l'Occident

Depuis plus de quarante ans, j’étudie les analyses d’Emmanuel Todd qui, avec Alain Besançon et Hélène Carrère d’Encausse, annonça dès les années 1970 la chute de l’URSS, et observe depuis le début du siècle la décomposition du système américain. C’est l’un des contributeurs du blog «d’autodéfense intellectuelle » https://www.les-crises.fr, créé par Olivier Berruyer.

Le paradoxe de ce livre est que, partant d'une action militaire de la Russie, il amène à « la crise de l'Occident (…) avant de pénétrer la réalité de ce qui ressemble de plus en plus à un trou noir : au-delà de la spirale descendante de l'Europe, nous trouverons, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, des déséquilibres internes d'une ampleur telle qu'ils en deviennent des menaces pour la stabilité du monde. (…) Car le vrai problème auquel le monde est aujourd'hui confronté, ce n'est pas la volonté de puissance russe, très limitée, c'est la décadence de son centre américain, elle sans limite. »

En 2022, le PIB russe représentait 8,38 % du PIB américain (et, combiné au PIB biélorusse, 3,3 % du PIB du camp occidental). Comment, malgré ce déséquilibre en leur faveur, les Etats-Unis en sont-ils arrivés à ne plus pouvoir fabriquer assez d'obus pour l'Ukraine ? La réponse (désindustrialisation ; effondrement du système éducatif ; déficit d’ingénieurs) se trouve dans les citations publiées.

Pourquoi une large majorité des pays représentés à l’ONU soutient la Russie et l’aide à contourner l’embargo technologique et les sanctions économiques ?

Les sanctions ont complètement raté leur but. « La saisie illégale des avoirs russes à l'étranger a soulevé une vague de terreur parmi les classes supérieures du Reste du monde. En traquant l'argent et les yachts des oligarques russes, les Etats-Unis (et leurs vassaux) ont, de fait, menacé dans leurs biens tous les oligarques du monde, ceux des grands comme des petits pays. Échapper à l'État prédateur américain est devenu partout une obsession et se dégager de l'empire du dollar devient pour tous un objectif raisonnable, même s'il leur faut procéder de façon prudente et progressive.» Il suffit d’observer les cours de l’or pour comprendre l’ampleur du transfert en cours.

La peur qu'inspire le Trésor américain n'est toutefois pas le seul motif qui a conduit les Saoudiens à s’entendre avec les Russes pour maintenir le prix du pétrole, les Turcs à entrer dans un rapport de compétition cordiale avec les Russes, les Iraniens à se rapprocher toujours plus de Moscou, les Indiens à demeurer dans une alliance de fait avec ses dirigeants. « Comme l'avaient pressenti les Occidentaux, les valeurs politiques et morales ont aussi compté, mais, malheureusement pour eux, dans un sens qu'ils n'avaient pas du tout prévu. Les valeurs occidentales, de plus en plus, déplaisent. »

« L’une des caractéristiques essentielles de notre époque est la disparition complète du substrat chrétien, un phénomène historique crucial qui, justement, explique la pulvérisation des classes dirigeantes américaines. Nous y reviendrons longuement : le protestantisme, qui, pour une bonne part, avait fait la force économique de l'Occident, est mort. Phénomène aussi massif qu'invisible, vertigineux même dès lors qu'on y songe un peu, nous verrons qu'il est l'une des clés, si ce n'est la clé explicative décisive des turbulences mondiales actuelles. »

Le sociologue définit 3 phases successives d’une religion. « Il existe une méthode empirique assez simple pour distinguer les trois phases - active, zombie et zéro - de la religion chrétienne, toutes branches confondues, et marquer les transitions de l'une à l'autre phase.

Au stade actif, l'assistance au service dominical est forte.

Au stade zombie, la pratique dominicale a disparu mais les trois rites de passage qui accompagnent la naissance, le mariage et la mort restent encadrés par l'héritage chrétien. Une population chrétienne zombie ne va plus à la messe mais continue majoritairement de faire baptiser ses enfants(…). A l'autre extrémité de la vie, une société chrétienne zombie continuera de refuser l'incinération, qui fut longtemps rejetée par l'Église.

Le stade chrétien zéro se caractérise donc par la disparition du baptême et un essor massif de l'incinération. Nous vivons tout cela. »

Les « valeurs » des élites disparaissent avec la religion comme le prouve l’extinction progressive aux USA des WASP (White Anglo-Saxon Protestant) : « Il est rituel de se moquer des WASP. Et il est vrai que cette classe supérieure, comme n'importe quelle classe dirigeante, véhiculait toutes sortes de préjugés ridicules. N'en demeure pas moins qu'elle était porteuse d'une morale et d'une exigence. Entre 1941 et 1945, ses membres les plus jeunes ont été envoyés, comme le reste de la population mobilisable, faire la guerre en Europe ou dans le Pacifique ; ils étaient, comme Roosevelt, issus de ce petit monde enchanté qui n'avait pas hésité à instaurer des taux d'imposition s'élevant jusqu'à 90 % sur les tranches supérieures de revenu. » Un dicton populaire disait que les Cabot-Lodge ne parlaient qu’aux Lowell qui ne parlaient eux-mêmes qu’à Dieu … aujourd’hui l’Amérique décadente élit Bush, Obama, Trump ou Biden …

Le nihilisme est l’aboutissement du déclin éthique et intellectuel : « Les faits sont simples (…). La génétique nous dit que l'on ne peut pas transformer un homme (chromosomes XY) en femme (chromosomes XX), et réciproquement. Prétendre le faire, c'est affirmer le faux, un acte intellectuel typiquement nihiliste. Si ce besoin d'affirmer le faux, de lui rendre un culte et de l'imposer comme la vérité de la société prédomine dans une catégorie sociale (les classes moyennes plutôt supérieures) et ses médias (le New York Times ; le Washington Post) nous avons affaire à une religion nihiliste. Pour moi, chercheur, je le redis, juger n'est pas mon affaire mais il m'appartient de donner des faits une interprétation sociologique correcte. Etant donné la large diffusion de la thématique transgenre en Occident, nous pouvons de nouveau considérer que l'une des dimensions de l'état zéro de la religion, en Occident, est le nihilisme. »

« Réfléchissons un peu et revenons sur le sens profond de l'idéologie transgenre (…). Elle dit qu'un homme peut devenir femme, et qu'une femme peut devenir homme. Elle est une affirmation du faux et, en ce sens, proche du cœur théorique du nihilisme occidental. Mais comment l'adhésion à un culte du faux pourrait-elle mener à une alliance militaire plus sûre ? Je pense pour ma part qu'il existe en fait un rapport mental et social entre ce culte du faux et la non-fiabilité désormais proverbiale des Etats-Unis dans les affaires internationales. Tout comme un homme peut devenir femme, un traité passé avec l'Iran dans le domaine nucléaire (Obama) peut se transformer, du jour au lendemain, en un régime de sanctions aggravé (Trump).

Ironisons un peu plus : la politique extérieure américaine est à sa manière gender fluid. La Géorgie et l'Ukraine savent désormais ce que vaut la protection américaine. Taiwan et le Japon ne seraient pas, j'en suis convaincu, défendus par les Etats-Unis contre la Chine. Ceux-ci n'en ont plus les moyens industriels. Mais, surtout, l'idéologie nihiliste, qui progresse sans cesse en Amérique, transforme le principe même du respect des engagements en une chose désuète, négative. Trahir devient normal. »

Le nihilisme et les sanctions expliquent pourquoi les pays africains rompent avec la France au profit de la Chine ou de la Russie.

Cet essai décapant, aux propos parfois provocants (sur les Ecoles de Management et leurs alumni ; sur les dirigeantes des pays nordiques), est étayé par une multitude de données économiques et sociologiques qui fissurent l’apparence des PIB et dévoilent forces et faiblesses des états nations.

Appel à une révolution intellectuelle et morale, puisse ce livre contribuer au sursaut de l’Occident !
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Le Pays de Cocagne

Voici un space opera anglais coincé entre la limite du Pulp space opéra et celle de l'âge d'or,avec celle située juste au début du New space opera.
Le côté âge d'or transparait dans un agencement de rebondissements cumulatifs effrénés et dans la mobilisation d'aliens de derrière les fagots le tout dans un système solaire à l'aise dans la toile du merveilleux scientifique du début des années soixante,Venus et Mars sont ainsi rendues aussi habitables que fantasques au passage mais le roman va beaucoup plus loin dans l'espace proffond.
C'est un texte très contemporain en même temps, avec un univers de SF Old school (années 90) qui est infiniment crédible et parlant.
Le personnage principal concerne le lecteur par le drame qui le menace, autour d'une misère potentielle qui planne et qui génère de belles aventures pour y échapper. Des virées posées dans un environnement fonctionnel et crédible pour le lecteur.
C'est du bon space op des années 80 -90 où le lecteur à les mains dans le cambouis de la machinerie ,ou l'espace glacé et noir est juste là-dehors ,tout près et où les aliens sont biens embêtants parceque les différences c'est compliqué ,surtout quand le Haut du pavé technologique c'est eux ,les autres et pas vous.
La fin est surprenante et de grande amplitude.
C'est un long texte de 500 pages à l'intrigue assez sur-lignée mais pas plus que chez Vance par exemple. Certains trouverons que c'est un vilain défaut mais cela fait de ce roman attachant un texte accessible aussi à l'amateur de SF en culottes courtes...
Voici une lecture agréable et pi sé tout !
Un voyage loin dans le grand noir profond dans un univers fonctionnel qui est agréablement le reflet de l'époque de transition dans le genre SF qu'est l'époque de sa rédaction.
Le vaisseau par ailleurs n'est pas idiot et il est aussi de bonne compagnie et de bon conseil.

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La bombe (BD)

La folie humaine dans toute sa splendeur ! ...

C'est le cœur retourné et complètement dégoûtée que j'ai refermé ce très épais roman graphique, se consacrant à l'histoire de la bombe atomique, de sa création jusqu'à l'éradication des villes d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 8 août 1945.

Tout commence par deux scientifiques : l'un juif hongrois, Leo Szilard, et l'autre italien, Enrico Fermi, s'exilant tous deux aux États-Unis à la fin des années 1930, fuyant l'un l'Allemagne nazie et l'autre l'Italie fasciste. C'est avec eux, et bon nombre d'autres scientifiques physiciens (de grande renommée, et prix Nobel pour certains), que commencera ce qu'on appelle aujourd'hui la course à la bombe. À savoir qui des États-Unis ou de l'Allemagne réussira à fabriquer la première bombe atomique ? Il est clair que pour les États-Unis et l'Angleterre, il faut impérativement y arriver avant l'Allemagne, Hitler étant déjà suffisamment incontrôlable.

Ce qui s'en suit après, je vous laisse le découvrir par vous-mêmes, tellement je ne trouve pas les mots pour en parler. Les injections de plutonium faits sur des êtres humains à leur insu, les milliers et milliers de morts et blessés suite au largage des bombes, le "patriotisme" de certains qui prend des dimensions très excessives, et encore plein d'autres horreurs... Comment y mettre des mots là-dessus, sans avoir la nausée ?

Inhumain. Innommable. Tels sont les seuls mots qui tournent en boucle dans ma tête...

Il y aurait pourtant de quoi dire, "La bombe" m'ayant tenu éveillée plusieurs heures. C'est bien la première fois que je passe autant de temps à venir à bout d'un livre graphique, autant qu'un roman en fait. Et non pas parce qu'il m'ennuyait, non juste parce qu'il est très complet et qu'il ne se lit pas comme une BD lambda. Les auteurs ont mis cinq ans pour mener à bien leur projet : complet et sacrément bien documenté, on ne peut que les féliciter pour leur travail, qu'ils ont tenté de rendre le plus réaliste et le plus véridique possible.

Et c'est très réussi. Les "acteurs" sont nombreux, les événements également, et j'imagine bien toute la difficulté à les encastrer les uns aux autres, tout en faisant en sorte de ne pas perdre le lecteur. Et ils y parviennent : le côté scientifique n'est pas rébarbatif, grâce aux explications simples ; on finit par s'habituer aux nombreux protagonistes ; les dessins en noir et blanc vont à l'essentiel pour n'en être que plus percutants ; et le texte, sous forme de dialogues principalement, rend la lecture très fluide. On y reste longtemps, mais le temps passe vite.

Il est fait un parallèle à la fin, que j'ai trouvé horrible et poignant en même temps. Américains ravis d'un côté. Ruines et "fantômes" d'Hiroshima de l'autre. Dialogues de félicitations chez les premiers pendant que les seconds se passent de tout texte. J'en avais des sueurs froides...

C'est une lecture à la fois enrichissante, dans laquelle j'ai beaucoup appris, et exceptionnelle quant au travail des auteurs, aussi percutante que monstrueuse et glaçante. Une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui me marquera à jamais. Une lecture qui fait froid dans le dos, encore plus quand on sait qu'actuellement neuf pays possèdent l'arme nucléaire et que, maintenant perfectionnée (on n'arrête pas le progrès !), elle ferait beaucoup plus de dégâts...
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L'enclave

C’est un beau roman d’apprentissage que nous propose Benoit Vitkine, spécialiste des pays de l’ex-URSS et de l’Europe de l'Est.
Ilia, jeune voyou surnommé Le Gris, sort de prison et commence un long voyage pour rejoindre sa mère dans sa ville natale de Sovietsk sur la rive sud du Niémen. Le récit se déroule en 1991, et, cette année est celle de l’indépendance des pays Baltes. La ville natale du Gris se trouve dans l’enclave, l’Oblast de Kaliningrad, coupée de la Russie par la Pologne et la Lituanie, mais conservant un débouché sur la mer Baltique.
Loin d’une leçon magistrale de géopolitique, l’auteur, à travers les rencontres que le jeune garçon va faire tout au long de son voyage, nous montre cette période de basculement et d’incertitude tout en nous éclairant sur les aléas de l’histoire.
Le jeune garçon, aspire à la liberté, mais saura-t-il la trouver dans une URSS qui se délite et où chacun se prépare à un changement de vie ? Les tensions entre russes et autres nationalités augmentent tandis que les truands s’adaptent aux changements politiques sans état d’âme et que la corruption et la violence sont partout.
Comme dans un conte initiatique, chaque rencontre réserve une épreuve à Ilia ainsi que l’occasion de mieux comprendre les soubresauts de l’histoire. Mais cette liberté qui semble à portée de main, sera étouffée par la police et par les militaires qui sont là pour rappeler les dures lois de l’autocratie.

Malgré ses défauts de petit voyou sans foi ni loi, le jeune Ilia m’a touché par sa crédulité et son espoir fou de liberté. Il doit surmonter de nombreuses épreuves avant d’arriver chez lui et son avenir ne sera pas celui qu’il espérait.
Un roman d’apprentissage avec d’intéressants portraits humains et une découverte de cette région de Russie méconnue qui m’a enchantée. De plus, l’écriture fluide, rythmée de Benoit Vitkine nous emporte avec ardeur dans cette aventure humaine et historique.

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La ligne de partage

Tout commence avec le corps d'une jeune fille, découvert dans la glace, dans le Montana. S'en suit un coup de téléphone à Ben, par un agent du FBI avec qui il est en liaison depuis quelques années, qui lui apprend la mort de sa fille, Abbie, dont il n'avait plus de nouvelles depuis longtemps. À son tour, Ben appelle son ex-femme, Sarah, alors en vacances à Venise, pour lui apprendre la mauvaise nouvelle. Cette dernière se chargera de prévenir leur fils, Josh, qui vit à New York.

La découverte du corps d'Abbie fait la une de tous les médias. Et pour cause, elle était recherchée pour meurtre depuis plusieurs années...

Non, ceci n'est pas un polar, comme je l'ai cru dans les premiers chapitres. L'intrigue se transforme vite en drame familial à haut suspense. Sitôt le corps découvert et les différents protagonistes présentés, nous sommes écartés de la route suivie par les flics et les autorités et sommes invités à prendre des chemins plus ou moins tortueux nous amenant à chacun des membres de la famille Cooper. C'est par eux qu'on comprendra ce qu'il s'est passé, qu'on saura qui était vraiment Abbie et comment elle en est arrivée à être recherchée dans tout le pays pour meurtre et éco-terrorisme.

Tour à tour, on passe de l'un à l'autre, pour mieux apprendre à les connaître, pour mieux saisir leur histoire familiale. Et surtout pour comprendre comment d'une famille heureuse et unie, ils sont passés à une famille brisée, menée par les rancœurs et les reproches.

Avec pour fond la défense de l'environnement et les dégâts causés par les grandes multinationales, Nicholas Evans nous embarque dans une sorte de thriller où le suspense et les interrogations ne cessent de nous harceler. Il n'y a pas d'enquête à proprement parler, nous apprenons la vérité sur Abbie et la jeune fille qu'elle était au fur et à mesure que nous est racontée son histoire familiale. Les éléments sont nombreux et se recoupent, petit à petit, maintenant une forme de tension tout du long.

L'intrigue en elle-même est plutôt bien ficelée. Les différents points de vue ne nous permettent pas de nous ennuyer, malgré quelques longueurs çà et là. L'auteur prend son temps pour camper ses différents protagonistes, nous laissant les apprivoiser à notre rythme, pour ne pas les juger trop tôt. Tout doucement, la cadence de lecture s'accélère, au fur et à mesure que la vérité se fait jour et que les secrets se dévoilent.

Famille et conflits familiaux, grands espaces et paysages à couper le souffle, écologie et environnement, dépendance amoureuse et emprise psychologique, viennent subtilement s'immiscer dans l'intrigue que j'ai eue de plus en plus de mal à lâcher.

C'était bizarrement parti au départ, mais j'étais en plein dedans à la fin. Et la plume de l'auteur y est certainement pour beaucoup aussi, minutieuse, descriptive juste ce qu'il faut, sachant aussi bien dépeindre les lieux et décors que les ressentis des personnages.

En bref : Un bon roman, peut-être un peu lent par moments mais de plus en plus captivant.
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Les Gouttes de Dieu, tome 33

Avec ce trente-troisième tome, on atteint les trois quarts de la série, on connaît très bien maintenant les différents protagonistes, même si d'autres apparaissent, souvent pour peu de temps au fil de l'histoire. Il ne restera donc plus que onze tomes pour atteindre le moment suprême espéré, celui des Gouttes de Dieu.

Entretemps, Issei et Shizuku explorent chacun à leur manière les moyens de découvrir le dixième apôtre, le premier toujours en plongée sous le tutorat de la belle Elsa aux charmes de laquelle il succombe, le second en Bourgogne, accompagnée par une jeune styliste, Renée, devant elle aussi découvrir un vin pour un challenge bien différent.

Cet opus se termine sans que soit connu le nom du dixième apôtre, mais cela ne saurait tarder, Christopher étant même de retour, mais en tant que simple spectateur.

J'aime toujours l'ambiance de la série et, même si les enchaînements se ressemblent, si les descriptions de vins s'enchaînent, il y a toujours à apprendre dans cette lecture, le domaine du vin étant infini et les découvertes toujourts séduisantes, comme les jeunes héroïnes de la saga.

La qualité des dessins est égale à celle des précédents opus, avec toujours quelques belles planches sans texte, ce que j'apprécie particulièrement. Le dernier quart de la série sera-t-il aussi passionnant que les trois premiers? A découvrir en lisant la suite.
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