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Critiques les plus appréciées

La mort immortelle

Petite visite sur Babelio pour partager l'une des rares lectures que j'ai réussi à achever en cette période où mon travail ne me laisse pas le temps de lire !

La trilogie du problème à trois corps est LE phénomène SF de ces dernières années et la récente adaptation par Netflix ne va pas manquer de faire du bruit. Les tomes 1 et 2 m’avaient fascinée par la densité de leur univers, la cohérence avec laquelle Liu Cixin examine les implications à court et (très !) long terme de son incroyable hypothèse et la résonance politique, sociale et scientifique de son intrigue. Je dois avouer que ce 3e volet m’a parfois perdue.

Après une incursion dans la Constantinople de 1453 et une réflexion physico-philosophique sur l’origine de l’univers, j’avais pourtant repris mes marques dans l’ère de la dissuasion établie à la fin de La forêt sombre. L’histoire ne pouvait pas en rester là. D’une part, la dissuasion des Trisolariens reposait sur Luo Ji qui n’était pas immortel. Il allait donc fatalement devoir se demander qui prendrait son relai et à quelles conditions. D’autre part, on ne savait pas ce qu’étaient devenus les vaisseaux qui avaient pris la fuite lors de l’Ultime bataille. Et surtout, dans un univers aussi vaste, les relations avec Trisolaris pouvaient in fine n’être qu’un problème parmi d’autres…

Je reste impressionnée par l’imagination sans bornes de Liu Cixin et sa capacité à envisager imparablement les implications de ses prémisses. J’apprécie la réflexion à laquelle il nous convie sur la mémoire courte des humains, leurs difficultés à résoudre les dilemmes d’action collective, leur présomption, leur manque de rationalité. Mais je me suis perdue dans les discussions sur les fragments dimensionnels qui traversent l’univers, la propulsion par courbure, les champs noirs qui réduisent la vitesse de la lumière, les doubles métaphores enchâssées, les sous-univers microscopiques et leurs répercussions potentielles sur le mouvement d’expansion-contraction de notre univers. J’ai perdu mes repères spatio-temporels face aux allers et venues au fil des millénaires et des galaxies. Et j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui m’ont semblé désincarnés du fait de la perspective macroscopique.

Par ailleurs, après avoir passé près de 3.000 pages avec Liu Cixin, je dois dire que je suis un peu agacée par sa vision holiste des choses – libertés et démocratie semblent toujours compliquer inutilement les réponses humaines, les femmes sont entravées par leur empathie alors qu’il serait tellement plus rationnel de s’en remettre à des hommes (militaires, politiques ou experts du renseignement) ne craignant pas de prendre les mesures qui s’imposent.

Cela dit, je ne regrette pas une seule seconde l’immersion dans cette série d’une ambition folle qui se démarque complètement de tout ce que j’ai pu lire par ailleurs. Elle est vraiment à lire, pour le plaisir de se laisser surprendre par une intrigue véritablement vertigineuse et pour la rencontre grandiose de l’astrophysique, de la philosophie et de la poésie.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Visa

Brillantissime !
Une belle plume, une très belle surprise.
Yann Moix réussit à se glisser dans la peau d'un fonctionnaire nord-coréen.
Les dialogues hermétiques font penser à ces plateformes téléphoniques où l'on tourne en rond comme des poissons dans un bocal.
C'est plus un interrogatoire qu'une entrevue chaque mot pèse et les nuances n'existent pas chez les uns. Un choc des cultures et du langage aussi. Précision et parcimonie chez l'un, nuances et acceptation chez l'autre.
De l'humour : serment du jus de pomme au lieu de serment du Jeu de Paume. Ne dis pas c'est pas faux mais Ce n'est pas faux pour changer.
En quatre-vingt seize pages et avec beaucoup d'empathie, l'auteur nous offre une réflexion sur notre peuple et ses incohérences, nous sommes tolérants mais nous avons guillotiné notre roi. Toute notre société est pointée du doigt.
Côté nord-coréen, on se rend compte et on cmprend qu'un peuple mourant de faim qui grâce à un homme peut à nouveau manger lui en soi reconnaissant et lui voue un culte.
Les États-Unis ne jouent pas le beau rôle avec leur mentalité va-t-en guerre.
Il y a tant de réflexions apportées par ce texte que je ne peux que vous le conseiller.
Pour ma part je vais lire d'autres livres de cet auteur et essayer d'en apprendre plus sur la Corée du Nord don't j'ignore absolument tout.
Visa offre une lecture rapide, jubilatoire comme je les aime. Bref un coup de coeur.
Cette fiction sort le 2 mai, merci aux editions Grasset
#Visa #NetGalleyFrance
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Connemara

A presque quarante ans, Hélène doute de sa réussite. Elle a quitté sa petite ville des Vosges, elle a une belle maison à Nancy, de beaux enfants, un beau mari, un travail valorisant. Mais comment va-t-elle ? Est-elle heureuse ? Pas complètement puisqu’elle cherche sur les sites de rencontres un moyen de s’évader d’un quotidien trop routinier. Lors d’une escapade, elle revoit par hasard Christophe Marchal. Et c’est toute son adolescence qui lui revient. Il était la star du lycée, le beau gosse de l’équipe de hockey, un idéal inaccessible pour Hélène accaparée par ses études. Que reste-t-il trente ans plus tard du héros de ses fantasmes ? Un homme qui n’a pas voulu ou pas pu quitter la région, un père en instance de divorce, un ex-sportif qui prend du ventre. Cette fois, Hélène est en position de force. Elle n’est plus l’adolescente bûcheuse invisible. C’est une femme accomplie, élégante, séduisante, cultivée qui met facilement Christophe dans son lit. Une histoire d’amour est-elle possible entre cette femme qui a tout et cet homme qui espère encore un avenir meilleur … ?

Comme à son habitude, Nicolas Mathieu situe son histoire dans le Grand Est et raconte le clivage entre ‘’la France d’en bas’’ et les classes dirigeantes.
Sous couvert d’une banale histoire d’adultère, il se livre à une véritable étude sociologique du pays. Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière un point de vue éminemment politique, on lit tout l’amour et la tendresse de l’auteur pour sa région et ses personnages.
Des personnages qui abordent la quarantaine avec dans le cœur la nostalgie du passé. Christophe veut rechausser les patins, revivre les moments de gloire de sa jeunesse, malgré les kilos en trop, malgré les beuveries avec ses potes, malgré son père qui perd la mémoire, malgré son fils qui va partir loin avec sa mère. Hélène va faire l’amour avec Christophe, pour rattraper les années perdues à étudier, pour prouver qu’elle peut encore séduire, pour montrer que maintenant c’est elle qui a les cartes en main.
Nous sommes en 2017, Macron va faire son entrée en scène. Ce pourrait être l’heure de gloire pour Hélène et ses semblables, ceux qui ont fait HEC, ceux qui brassent de l’air (et des euros), ceux qui vendent du vent. La start up nation va faire exploser la classe politique, valoriser le néant et mépriser les classes populaires. Et pourtant, ils vont continuer à (sur)vivre, à se battre, ceux qui, comme Christophe, pensent qu’il fait bon vivre en province, que quand on n’a rien on peut toujours espérer un peu plus, que rien ne vaut un samedi soir entre potes autour d’une bière à hurler ‘’ Terre brûlée au vent Des landes de pierres Autour des lacs, c'est pour les vivants Un peu d'enfer, le Connemara’’ avec Michel Sardou.
Encore une fois, Nicolas Mathieu nous propose une vaste fresque sociale, psychologique et quasiment historique. Sa belle écriture se met au service de personnages qui nous deviennent proches, dans lesquels on se reconnait sans peine. Il ne faut rien savoir de la France, de l’Est, du peuple, pour le taxer de condescendance. Au contraire, il est la voix des petites gens, les petites commerçants, les résidents des lotissements, les amis du café du commerce, les sportifs du dimanche, les femmes de ménage, les buveurs de bière, les viandards, les gros fumeurs, les fans de barbecue et de Michel Sardou.
Elle est touchante la France de Nicolas Mathieu. Elle nous prend aux tripes et au cœur, elle nous renvoie aux bonheurs et aux espoirs simples et concrets, à la vie telle qu’elle est.
Un roman sociétal qui nous fait vibrer au son cadencé des lacs du Connemara. Coup de cœur.
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Accident de personne

Après quinze vaines minutes d’attente sur le quai du métro, je tressaille en entendant cette douce voix qui me signale dans les haut-parleurs que le trafic est interrompu suite à un accident grave de voyageur et m’enjoint de prendre une correspondance ou mes pieds pour rentrer chez moi.
Accident de parcours donc sur mon trajet comme avec cette lecture.
Pourtant j’avais tout bien planifié, pour une journée qui me promettait 2h30 dans le métro et de l’attente, ce roman, qui raconte une tentative de suicide ratée sous ce moyen de transport me paraissait tout indiqué.
Dès les premières lignes (pas celles du métro cette fois), je regrette mon choix, mais c’est trop tard, je suis déjà assise dans la rame, il n’est plus possible de faire machine arrière…
Le style trash et assez vulgaire me rebute d’entrée. Je finis par m’y faire, mais je n’ai pas ressenti d’attachement pour les personnages. Le livre étant écrit par une autrice de one-man show, j’espérais au moins que ce livre me ferait rire, mais non, j’ai à peine esquissé quelques sourires…
Il y a des scènes volontairement choquantes que j’ai trouvées gratuites (comme si l’autrice s’était dit ah ouais, c’est bien dégueu ça, je vais le mettre. Et puis, qu’est-ce que je pourrai bien rajouter pour pousser le curseur encore un peu plus loin ?), …
J’ai regretté cette volonté de provoquer à tout crin, je n’ai pas compris le but, ce n’est pas au service de l’histoire. L’effet a été de m’agacer et de me donner envie de partir en courant pour sauter à pieds joints dans le dernier métro. Résultat, je me suis hâtée d’oublier ces scènes, avec une efficacité redoutable puisque j’ai déjà tout oublié après 15 jours.
C’est dommage, le scénario était original, il y avait une bonne idée de départ avec des personnages hauts en couleur : Daphné qui se cherche un tueur pour la suicider après plusieurs tentatives ratées (d’autant que le tueur à gages s’avère débutant et gaffeur hors-norme -dans un genre Gaston puissance 1000), une ancienne psychiatre reconvertie en psychothérapeute après ses ennuis avec la justice, et des flics, un peu … particuliers.
Des sujets intéressants sont abordés (homosexualité, l’influence du porno trash sur la sexualité des jeunes, féminisme, dark web, violences intra-familiales) mais la forme qui ne m’a pas convaincue est venue gâcher les messages. Les ingrédients étaient là mais la mayonnaise n’a pas pris en ce qui me concerne (dommage j’adore la mayonnaise).
Le genre est assez inclassable et la fin toute rose assez déroutante : rose pour un cœur mi-guimauve, mi-entrailles à l’air tout sanguinolent !
Il est tard, le métro me ramène chez moi, timing parfait, j’en suis aux dernières pages, ouf !.
Bonne nouvelle ! j’en ai fini moi aussi de cette histoire et de ce billet et ce n’est pas Daphné qui viendra me contredire puisque Bonne nouvelle est le nom de la station qu’elle a choisi pour mettre fin à ses jours !
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Les Sorcières du phare

Posé sur la table au centre de la librairie un livre avec une belle couverture peuplée d’arabesques surmontées d’une pleine lune et en plein milieu, un phare. Au dessus le titre avec le mot « sorcières » et sur la quatrième de couverture le mot Écosse qui me saute dessus.
Combo gagnant, cerveau court-circuité et livre qui bondi tout seul dans ma musette !

Quelques jours plus tard me voila happée :
Écosse, XVIIème siècle, au fin fond du village de Lon Haven, vivaient de braves gens. Ils vivaient chichement mais ils étaient heureux. La vie était dure mais les paysages sauvages et magnifiques. Les enfants profitaient de ce terrain de jeu inépuisable et la vie s’écoulait paisiblement. Et puis un jour une femme fut accusée de sorcellerie et les choses changèrent à jamais…

Écosse 2021, Luna est une jeune femme à la fois fragile et courageuse qui tente de poursuivre son chemin malgré la terrible perte qu’elle a subie. 20 ans plus tôt ses sœurs et sa mère ont disparu à Lon Haven et sa mémoire lui fait défaut quant au déroulement des évènements. Quand on lui annonce que l’une de ses sœurs a été retrouvée elle fonce tête baissée. Pourtant quelque chose ne colle pas, 20 ans se sont écoulés pourtant sa sœur disparue et tout juste retrouvée a toujours 7 ans. Une erreur ? Luna la reconnaît pourtant, c’est bien la petite fille qui hante ses souvenirs, à moins que ...

Quand l’impossible est sous vos yeux il n’y a pas d’autre choix que de revoir sa vision du monde et de mener l’enquête.

Si les faits historiques sont à la base de ce roman, Luna va très vite nous emmener vers une histoire mêlant folklore, légende, ésotérisme et secrets bien enfouis, le tout ficelé par une intrigue qui tient le lecteur dans l’attente du dénouement. Le déroulement en huis clos et l’ombre de cet imposant phare plane sur l’ambiance de ce livre et la rende oppressante. Quels sombres secrets le phare dissimule-t-il ? Et qu’est ce que les habitants de Lon Haven taisent ?

Il y a quelques trous dans la raquette concernant la cohérence du récit et certaines réactions. Je n’ai pas compris l’intérêt du personnage d’Ethan qui selon moi ne sert à rien. Mais l’intrigue demeure prenante et bien menée. L’autrice brouille les pistes et on ne sait pas trop sur quel terrain elle nous emmène : ésotérisme, magie, fantastique, ou réalité farfelue ? Le champs des possibles reste ouvert.

La construction du roman par ses sauts dans le temps et ses changements de narrateur aurait pu s’avérer catastrophique mais on ne s’y perd pas et les éléments finissent pas s’assembler.

Malgré quelques bémols j’ai beaucoup aimé cette aventure et l’hommage rendu à ces femmes tombées dans l’oubli après avoir été violemment exécutées pour des crimes qu’elles n’avaient pas commis.
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La Maison aux pattes de poulet

Avec sa superbe couverture, son titre faisant référence à la célèbre maison de la sorcière Baba Yaga et ses très bonnes notes sur la toile, je m’étais dit que La Maison aux pattes de poulet allait être une lecture intéressante et originale. Moi qui étais un peu au désespoir après plusieurs lectures très mitigées, je plaçais pas mal d’espoir dans celle-ci… Vu ma note, vous vous en doutez, cela n’a pas du tout fonctionné.

Les deux premiers chapitres m’ont fait un eu peur. Je me rappelle avoir pensé : Mais qu’est-ce que je fais là ? Et puis j’ai poursuivi. Il y a eu du mieux mais j’ai assez vite déchanté au final. Et j’ai fini le roman parce que je n’aime pas abandonner, et surtout je voulais avoir le fin mot de l’histoire. Cela n’a pas été évident, mais au moins, ma curiosité a été satisfaite.

Le problème est que l’histoire n’a pas su me toucher, bien au contraire. Elle instaure une distance avec le lecteur très rapidement à mon goût. On ne s’attache pas, ni aux personnages, ni à ce qu’il se produit. Tout glisse nous laissant spectateur plutôt qu’acteur. Et pourtant la narration se voulait immersive en nous offrant les points de vue de plusieurs des héros, et en tissant son intrigue sur un événement des plus horribles et douloureux. Mais il n’y a eu aucune étincelle, rien n’a su toucher mes cordes sensibles, et pourtant il est assez facile de m’émouvoir habituellement.

Bellatine et Isaac m’ont aussi laissé de marbre. Un frère et une sœur qui ne se comprennent pas, qui ne communiquent pas et qui transforment leur relation en un affrontement. C’est épuisant psychologiquement parlant. Bellatine est en plus… pas antipathique mais la jeune femme ne fait rien pour être appréciée. Elle se braque pour un rien, ne réfléchit pas deux secondes, s’imagine des choses, se noie dans son apitoiement. Elle n’évolue qu’à la toute fin, et c’est beaucoup trop long pour un personnage de cet acabit. Isaac était un petit peu plus sympathique, mais sa fuite en avant, sa nonchalance, son fardeau, le deuil qu’il ne parvient pas à faire… Trop de drames, trop d’oppression, aucune lueur d’espoir, aucune bouffé d’oxygène. L’impression de se noyer avec les deux héros sans issue possible.

Et en partant de là, il était difficile de poursuivre sereinement. Certes l’intrigue est intéressante, surtout quand on commence à comprendre ce qu’il y a en jeu ainsi que l’événement qui a été l’élément déclencheur. Mais attendre presque 300 pages pour que les choses bougent vraiment, c’est long. Trop long.

Sans surprise La Maison aux pattes de poulet n’aura pas du tout su me convaincre. Il y avait pourtant de quoi me charmer, mais la façon dont l’auteur a mené son histoire et a construit ses personnages n’a pas su résonner en moi.
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L'Amour de ma vie

Alors qu' Emma lutte depuis quelques années contre un cancer, et attend ses derniers résultats, son époux qui écrit des nécrologies dans un quotidien national entreprend d'écrire celle de sa femme...
Curieuse idée, me direz-vous (enfin, c'est ce que j'ai pensé, en plus d'un curieux départ de roman ...). Et là, alors qu'il vit avec elle depuis environ dix ans, qu'ils ont une petite fille de trois ans , il découvre des incohérences, puis de gros blancs et donc des mensonges.
En bon journaliste, il va fouiner et découvrir qu'un autre homme est très présent (et ce depuis des années ) dans la vie d'Emma : liaison passée ou toujours d'actualité ? A moins que ce ne soit plus compliqué...

Pour apprécier ce roman , il faut passer sur ce début que j'ai trouvé un peu "étrange" : qui écrit la nécrologie de sa femme ? Cela permet à l'autrice d'amener l'enquête de Leo sur sa femme, mais il aurait pu être juste un quidam lambda, le simple fait de tomber sur une photo de remise de diplôme universitaire de sa femme, dans la tenue d'une autre université, peut amener un questionnement chez n'importe quel individu... le fait qu'il soit journaliste fait qu'il a des rescources que nous n'avons pas ( en la personne d'une collégue au passé top-secret ).
Il y a beaucoup d'incohérences dans ce récit, il ne faut pas trop être exigeant sur la vraisemblance, le réalisme. Mais curieusement, cela passe parce que l'autrice sait distiller les informations au compte-gouttes, et amener du suspens. Je n'avais rien deviné.
Quand on arrive à la fin, qu'on connait le secret d'Emma, on est assez troublé par la façon dont on y arrive, car au fond, ce roman ne parle que d'une seule chose : qui est cet amour ?
Les personnages ne sont pas spécialement sympathiques et j'ai eu du mal à m'attacher à Emma (et même à Leo ).
Il y a aussi beaucoup de lourdeurs, le cancer d'Emma n'était pas "indispensable", puisque , passé la raison d'être de la nécrologie, on n'en parlera plus, cette femme "péte" la forme.
Le fait qu'elle soit célébre pour avoir animé des émissions scientiques est problèmatique lorsqu'on connait à la fin un petit détail...

Donc beaucoup de maladresses dans ce roman, pas très convaincant, mais tout de même très agréable à lire. Un avis mitigé, donc...
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La Chienne

La littérature est une fenêtre sur le monde. Elle permet de voyager, de s'immerger dans un univers qui n'est pas le notre, d'élargir notre vision du monde en découvrant les multiples facettes d'un pays, ses habitants, sa culture, ses coutumes, ses moeurs.
« Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez fait partie de ces grands classiques que je souhaite lire depuis longtemps. Malgré cela, ce roman aussi court que brutal, devenu un best-seller dans son pays, lauréat d'un prix littéraire en 2018, marque ma première incursion dans la littérature colombienne.

Ici, l'autrice a une délicate approche de la maternité.

*
Dans ce roman d'une toute petite centaine de pages, Pilar Quintana propose une oeuvre aussi subtile que troublante, aussi émouvante que cruelle.
Damaris, une colombienne en mal d'enfant, trouve du réconfort en adoptant un chiot de quelques jours dont la mère a été retrouvée morte sur la plage. Elle l'appelle Chirli, du nom qu'elle aurait choisi si elle avait eu une fille.

« Comme elle ne savait pas où mettre la chienne, elle la posa sur sa poitrine. Elle se logeait parfaitement dans ses mains et sentait le lait. Une envie terrible de la serrer très fort et de pleurer s'empara d'elle. »

Immédiatement, Damaris s'attache à ce petit animal sans défense. Elle reporte son besoin de tendresse et d'amour sur Chirli qui devient l'enfant qu'elle rêvait d'avoir.
Elle le nourrit à la seringue, dort avec lui, l'emporte partout jusqu'au jour où la chienne se perd dans la jungle.

« Elle cria d'une voix furieuse, neutre, douce et suppliante sans aucun résultat jusqu'à ce que le calme revînt et que l'on n'entendît plus aucun aboiement ni bruit. Face à elle, il n'y avait que la jungle, silencieuse et tranquille comme un monstre qui vient d'avaler sa proie. »

*
Pilar Quintana développe des personnages complexes de manière fouillée et délicate.
Il y a un travail incroyable sur l'écriture pour, en quelques mots, dresser des portraits intenses et ambigus. L'autrice creuse leur psychologie pour nous les rendre sympathiques et l'instant d'après odieux.

En quelques lignes, d'une plume brute et violente, Pilar Quintana arrive à nous mettre dans la peau de cette femme fragile qui souffre de ne pas pouvoir être mère. C'est un amour intense, poussé à l'extrême qui révèle des traits de caractère étrangement fascinants par son ambivalence.
L'autrice exprime des émotions fortes et profondes, elle saisit des sentiments confus qui entremêlent à cet amour démesuré et absolu, la peur de l'abandon et de la perte, la trahison, la culpabilité, l'amertume, l'inquiétude, la chagrin, la frustration et la haine.

J'ai ressenti une tension sourde monter au fil du récit, l'impression tenace et croissante d'un drame à venir. Enfermée dans ce huis-clos écrasant, oubliant le temps qui passait, je n'ai pas pu m'empêcher de le dévorer d'une traite, emportée par ce récit resserré à la beauté indéniable et tragique.

*
Si j'ai aimé ce petit livre, c'est aussi pour son décor qui participe grandement à rendre les émotions si intenses et bouleversantes.
Damaris vit dans un petit village côtier de Colombie, un endroit isolé, d'une extrême pauvreté, cerné par la forêt amazonienne d'un côté et l'océan de l'autre. C'est un lieu dangereux et traître qu'il faut connaître pour ne pas se faire piéger.

L'écriture est intense, brutale, percutante, excessivement sensorielle. J'aime la façon dont l'autrice parvient à nous faire basculer dans ce monde angoissant où la jungle et l'océan Pacifique forment un rempart naturel et entretiennent l'idée de huis-clos. La nature sauvage, ici, est autant sublimée qu'inquiétante. Les odeurs, les bruits, les couleurs, les animaux sauvages et la flore, la sensation de chaleur étouffante et de moiteur renforcent cette impression désagréable d'oppression et d'agression.

J'ai senti venir la fin, tout en la redoutant. Mon coeur s'est serré devant tant de violence, et j'ai eu besoin de la tendresse de mon chat pour m'endormir.

*
Pilar Quintana nous offre un récit dérangeant, éprouvant, mais singulièrement fascinant.
Un huis-clos brut et violent sur le désir de maternité.
Une autrice à découvrir.
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J'ai quelques questions à vous poser

Thalia Keith, " c'est celle qui " a été retrouvée morte en 1995, dans la piscine du campus de la prestigieuse école Granby dans le New Hampshire. L'enquête a montré que la cause de sa mort était la noyade mais le corps présentait également des signes de fracture ouverte à l'arrière du le crâne, des hématomes au niveau du cou révélant qu'elle a été étranglée. Un seul suspect officiel, le jeune et noir préparateur physique Omar Evans. Son ADN a été retrouvé sur le maillot de Thalia. Il a avoué, il s'est rétracté. Accusé de meurtre sans préméditation, il a été condamné à soixante ans de réclusion. Elle avait 17 ans, c'était il y a 23 ans.

Bodie Kane était la colocataire de la très populaire Thalia, pas son amie. Vingt-trois ans après les faits, désormais célèbre podcasteuse spécialiste du cinéma, elle revient à Granby pour donner des cours durant quinze jours. Ce n'est plus l'adolescente mal dans sa peau, ne se sentant pas à sa place entourée de camarades beaux et riches qu'elle ne comprend pas, elle a grandi « par-dessus elle comme les anneaux autour du centre d'un arbre, mais elle était toujours là. ». le doute s'installe. Et si Omar Evans avait été inculpé à tort ?

La structure narrative choisie pour porter cette contre-enquête est très sophistiquée, spiralaire. L'intrigue ralentit à coup de flashbacks, accélère lorsque le présent éclaire le passé pour permettre de lire des indices, dans un va-et-vient captivant qui avance comme un thriller psychologique fouillé. le caractère glissant de la mémoire ainsi que la nature fugitive de la vérité sont au centre de tout le récit. Rebecca Makkai dit remarquablement comment les souvenirs se réactivent lorsqu'on revient sur les lieux de leur expression mais se transforment avec le temps qui passe. Bodie se retrouve à évaluer sa propre expérience de 1995, révisant minutieusement ses souvenirs à l'aune de ses quarante ans.

Car les années 90 ne sont pas les années 2010. L'autrice ne recherche pas le sang mais ouvre sa focale sur une réflexion plus large à l'aune des préoccupations actuelles qui interroge la société américaine, son racisme endémique, son système judiciaire défaillant, la frénésie sensationnaliste souvent nauséabonde autour des True Crimes, l'emballement des tribunaux médiatiques et surtout les violences faites aux femmes qui désormais ne sont plus tues

Le meurtre de Thalia et ses suites s'inscrit au croisement de toutes ces problématiques. C'est chargé, c'est très riche mais toujours fait avec subtilité tant Rebecca Makkai questionne avec acuité les tropes du MeToo. La fin du roman suspend tout jugement définitif tout en apportant la quasi certitude de qui a tué la jeune fille et pourquoi, laissant intelligemment au lecteur toute sa place pour ajuster ses propres considérations, voire introspections sur l'adolescent qu'il a été et le chemin qu'il a parcouru depuis.



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Des orties et des hommes

Les auteurs que je vais rencontrer à la Comédie du Livre (salon du livre de Montpellier, pour les non-initiés ;) ) sont d'habitude les joueurs que j'ai déjà lu et apprécié et avec qui j'ai envie de parler de cette première lecture avant qu'ils me parlent de la prochaine. Avec Paola Pigani, ce fut totalement différent. J'ai eu la chance de la rencontrer plus longuement, puisqu'elle est d'abord venue animer, dans le cadre de sa résidence à Montpellier, un atelier d'écriture auprès du public que j'accompagne professionnellement. C'est forcément un temps privilégié, où on découvre en premier lieu la personne elle-même. Les exercices furent intéressant et la volonté d'enrichissement mutuel par l'échange évidente.

Je ne pouvais ensuite que venir la rencontrer sur son stand du salon pour m'intéresser plus directement à son versant auteure, raison d'être tout de même de sa présence à Montpellier. Entrée en littérature par le biais de la poésie puis de la nouvelle, Paola Pigani s'est essayé au roman à partir de 2013. Celui-ci est son deuxième, qu'elle m'a conseillé comme une entrée en matière dans son œuvre. Et le côté indéniablement autobiographique du livre est en effet un plus pour s'immerger dans son univers.

Car Pia, la jeune héroïne du livre c'est bien Paola. Le village de Cellefrouin est le village natal de l'auteure, la narration à la première personne, on ne cherche pas à nous masquer la vérité. C'est bien son histoire, celle de sa famille exploitante agricole cherchant à survivre de son travail, à acquérir des terrains, à faire construire une maison pour ne plus dépendre du propriétaire qui les fait travailler, tout cela dans un monde en pleine évolution, où on observe ces enfants sollicités dans le travail qui découvrent la musique, les émois amoureux et qui observent les changements en comprenant que cela impactera fortement leur avenir.

Le style est très recherché, il y a beaucoup de trouvailles stylistiques, de métaphores, de recherches pour évoquer l'influence des saisons, des bêtes sur les humains. Cela est parfois troublant car il y a une sorte de décalage entre un récit par une enfant devenant adolescente et un style clairement adulte, mais on finit par s'habituer et comprendre que ce sont à la fois des souvenirs d'enfance et une recréation d'un monde par une adulte nourri de toutes ses nouvelles connaissances. On sent poindre chez la jeune fille le rêve de l'auteure, distillé sans être affiché clairement, au milieu des doutes sur le futur qui ne s'annonce pas tranquille. La galerie des personnages qu'il soit familiaux ou non est très riche également. Ils réapparaissent de façon très ordonnée, rythmant agréablement le récit, marquant des points d'étape car la narratrice se voit évoluer en constatant en miroir les changement chez eux, qu'il s'agisse de ses sœurs, de ses amies d'enfance, des vieilles dames du village qui perdent en autonomie.Mention également pour les orties, qui figurent presque elles-aussi un personnage principal, du titre où elles prennent la place des souris de Steinbeck aux différentes apparitions où elles sont le plus souvent réhabilitées, par leur utilité et par ce qu'elles symbolisent d'un monde qui ne se laisse pas facilement saisir.

Paola Pigani sait donc à merveille peindre le temps qui passe, le temps ravageur pour cette agriculture traditionnelle et ce petit village isolé, tellement mal armé pour résister à la marche de l'époque. Le Monde évoque pour en parler "un chant d'adieu au monde paysan", malgré la tristesse qui sourt de ces lignes j'ai assisté avec plaisir au récital.
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Le premier homme (BD)

Jacques Ferrandez adapte le dernier roman d'Albert Camus en bande dessinée.
Le manuscrit " Le premier homme" trouvé dans sa voiture lors de l'accident qui lui avait coûté la vie avait été confié en 1961 par son épouse pour le dactylographier en vue de l'éditer. Le livre n'est paru qu'en 1994.
Albert Camus apparaît sous le nom de Jacques Cormery .
Les étapes de la vie de l'auteur sont bien présentes, en ayant soin de garder les principales.
L'album présente différentes phases bien distinctes et très importantes.
Les idées et les principes d'Albert Camus sont là comme le dégoût qu'avait son père pour la peine de mort. Un père qui se fera tuer en France dès les premiers jours de la première guerre mondiale en 1914.
Camus nous rappelle ce moment de l'exécution tant détestée dans "L'étranger" mais sous une autre forme.
La phrase célèbre de Camus " Un homme , ça s'empêche " est prononcée par son père représenté en tant que soldat, zouave, contre les Marocains en 1905. Il avait été écoeuré par les atrocités commises par les ennemis.
Son instituteur " Monsieur Germain" qui a tant compté pour Albert Camus, porte le nom de Monsieur Bernard.
Quand Camus revient près de sa mère qu'il n'abandonne jamais, l'auteur mêle deux images du présent et du passé en une sorte de fondu enchaîné.
Les illustrations sont magnifiques. À ce stade, on peut parler de véritables peintures.
Les personnages, très expressifs traduisent leurs émotions.
On retrouve l'empathie qu'avait Camus pour sa grand-mère qui avait été très dure pour lui portant. Elle était trop pauvre pour se laisser aller à des sentiments.
L'auteur illustre le fait par une image pas très ragoûtante mais très concrète.
Un magnifique album complet , un travail très abouti et gigantesque j'imagine car il compte quand même 183 pages.
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Un chant de Noël : Histoire de fantômes pour Noël

Bon, je n'apprendrai à personne que Charles Dickens sait écrire. (Et ne me demandez pas pourquoi je lis ça en avril.)

Tout ce que je savais de son conte de Noël, c'est sa version Disney, et le fait que la plupart des tropes des histoires de Noël en proviennent.

Hey bien c'est très bon. J'ai compris pourquoi cela a tant été imité. J'ai aussi compris que très peu d'imitateurs ont fait un bon travail. J'ai ri et j'ai été ému. L'histoire s'adresse beaucoup moins aux enfants que je m'y attendais, les personnages, même Scrooge, y sont d'une grande complexité.

(D'ailleurs : il y a quatre fantômes, pas trois!)

Je devrai retenter du Dickens.
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Le Chant des innocents

Troisième roman de PG Pulixi paru, il s'agit en fait d'une prequelle à "L'illusion du mal ", permettant de découvrir l'histoire et le passé qui ont faconné le commissaire Vito Strega tel qu'on le retrouve aux côtés des enquêtrice Eva et Mara dans celui-ci.

Est aussi mise en scène, sans interférences dans l'enquête menée par Strega, d'une figure tueuse à ses heures perdues traçant une trajectoire parasite et balbutiante, et dont la présence semble n'être qu'un acte de naissance pour recroiser son orbite lors d'un futur épisode.
Ce n'est pas un cheveu sur la soupe, mais pas loin, cet "alien" se raccrochant tant bien que mal au scenario du roman.

Il faut être honnête, le roman est nettement moins prenant, intéressant, que "L'illusion du mal". La personnalité de Strega prend clairement le pas sur la trame elle même, au demeurant plutôt linéaire pour un thème se presentant comme complexe.
Mais la lecture reste agréable et fluide, et le style, nerveux, s'exprime bien par l'enchaînement de courts chapitres.

Mais à mon sens, si l'on envisage de découvrir et poursuivre cette série de Pulixi, dont le quatrième épisode vient de paraître, la lecture de ce tome est intéressante à la pleine compréhension des personnages. Et en replaçant dans l'ordre chronologique les differents livres cela donne "le chant des innocents " pour Strega en premier, puis "L'île des âmes " pour Eva et Mara, et enfin "L'illusion du mal" ; le quatrième épisode, "La septième lune", reprend les protagonistes après la conclusion de ce dernier.
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Désarrois

« [S]on père, celui qui l'avait élevé, façonné pour le meilleur et pour le pire, […] était aussi celui qui l'avait précipité dans les plus grands désarrois de toute sa vie. » ● Pius Ringeling, né en 1901, un vétéran de la Première Guerre mondiale, est professeur d'allemand, anglais et chimie au lycée de Heiligenstadt à l'est de l'Allemagne. Il est marié à Wilhelmine, professeure à l'école d'infirmières et sages-femmes. Ils ont trois enfants, Magdalena, l'aînée, Hartwig et Friedward, né le 1er septembre 1933. Pius Ringeling élève ses enfants à la dure. S'il ne met que quelques claques à sa fille, ses fils reçoivent le fouet à la moindre incartade. Pour échapper à son père, Magdalena se marie au plus vite avec Karl Lehmann qui a déjà une fille, Gundula, et Hartwig s'enfuit à seize ans en s'embarquant sur un cargo frigorifique à destination des Etats-Unis. A quinze ans, Friedward réussit par un dialogue habile à mettre un terme provisoire aux sévices que son père exerçait sur lui. Il se lie d'amitié avec un nouveau venu au lycée, Wolfgang Zernick, le fils du nouveau cantor de l'église. Ils sont tous les deux de brillants élèves et, arrogants, se tiennent à l'écart des autres. ● le titre, Désarrois fait explicitement référence aux Désarrois de l'élève Törless de Musil, qui est cité dans le roman, de même qu'est cité Tonio Kröger de Thomas Mann. ● Christoph Hein est un conteur hors pair. J'avais déjà énormément apprécié L'Ombre d'un père. Dans ce roman-ci on trouve aussi un père dysfonctionnel. Pius est extrêmement sévère et l'éducation qu'il donne à ses enfants, notamment à Friedward, qui est le personnage principal, va avoir des conséquences sur toute leur vie. ● On a toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qui va arriver après, la tension narrative est permanente et pourtant elle est établie sans effet de manche, sans esbroufe, dans un récit qui va son chemin, avec des surprises. ● le roman évite tout manichéisme ; même s'il est clair que la RDA était une dictature, certaines choses étaient peut-être meilleures à l'Est qu'à l'Ouest et les conditions de la réunification, notamment à l'Université, posent problème. ● Pius est un fervent catholique dans un pays communiste sans que cela paraisse être problématique. En revanche, sa foi s'oppose catégoriquement à l'homosexualité de son fils Friedward, ce qui est une des lignes narratives principales du roman. ● Malgré tout, le roman laisse un peu le lecteur sur sa faim. Les années d'adolescence de Friedward sont racontées avec beaucoup de détails, mais ensuite, l'auteur passe beaucoup plus vite sur ses années d'homme adulte et la fin m'a paru très abrupte. Contrairement à beaucoup de romans contemporains, j'ai trouvé que celui-ci aurait facilement pu compter une centaine de pages supplémentaires. ● Je recommande néanmoins ce beau roman qui se lit avec grand plaisir.
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Solitudes

Sur ce que j'en ai lu jusqu'à présent, j'apprécie particulièrement l'écriture, le style et les scénarios de Niko Tackian.

Ce roman offre de très belles descriptions de la Montagne, et plus particulièrement du Vercors, en plein hiver et surtout en pleine tempête hivernale.
Un paysage et des conditions rudes, desquelles de par les descriptions admiratives et quasi tendres exudent un sentiment amoureux de la Montagne, tout en mettant en exergue sa dangerosité. Pour illustrer, j'aime bien ce petit extrait, "Au loin la ligne noire des montagnes se détachait comme le dos d'une bête recroquevillée sur elle-même, prête à bondir sur sa proie".

Sur le fond, le roman se décline selon la règle de la tragédie théâtrale, adaptée au polar moderne tout de même.
Unité d'action ; une seule, autour d'un meutre en relation avec d'anciens non résolus, , servie par des personnages atypiques, en nombre réduit, et tous en relation directe avec l'intrigue, sans digressions, avec des destins sacrificiels.
Unité de lieu ; la Montagne, le Vercors précisément, en configuration hostile ; la nature, personnage à part entière voire principal, est dangeureuse.
Unité de temps ; quelques jours d'enquête intense, se déroulant entièrement, et symboliquement, au coeur d'une tempête hivernale.

Sur la forme, l'écriture déliée rend facile et agréable la lecture, l'on tourne facilement les pages.
L'intrigue, elle, est tout de même très alambiquée, un peu capillo-tractée. Mais l'on est tellement vite et bien pris dans l'ambiance, lugubre, froide et oppressante, qu'elle passe sans coup férir au moment de la lecture.
Tackian est un auteur très intéressant à suivre.
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Un air d'éternité

Le prologue nous emmène en Allemagne en 1931 avec un groupe de personnes dans une situation bien difficile.
Chapitre 1
2018 : Lisa qui a connu un drame personnel, élève son fils Tim, 10 ans, héberge son grand-père Loulou pendant les travaux de sa maison et sa mère Cécile , qui se reconstruit tout doucement après une vie de quelques années avec un homme violent.
L'annonce de la découverte dans des travaux de la ville d'ossements ayant appartenu à un soldat allemand semble bouleverser Loulou, le grand-père.
De plus, une mansarde contenant un carnet et d'autres objets est retrouvée dans les combles de la maison en travaux. Lisa en est la première avertie.
1939 : Pendant presque cent pages, on repart en 1939 et cette partie m'a paru longue car je ne savais pas facilement la rattacher à la partie de 2018.
À partir de la page 175, on revient en 2018 et c'est à ce moment du roman que les faits du présent et du passé vont très bien se lier. Lisa et Cécile, sa mère vont mener leur enquête et lire le carnet laissé par leur grand-tante et tante, Aurélia. Même si on repart dans le passé, les faits racontés sont liés à Aurélia, à sa soeur Marie, la mère de Loulou, le grand-père de Lisa.
Le roman devient donc passionnant à partir de la page 175 comme si l'auteure avait pris du temps à faire vivre ses personnages. J'ai ressenti qu'elle vivait avec eux.
À partir de ce moment, je n'aurais plus lâché le roman jusqu'aux révélations finales du grand-père Loulou.
Clarisse Sabard mêle une petite romance actuelle dans la période de 2018, de l'amitié aussi et arrive vraiment à faire vibrer son roman à fond.
Je dois dire que le début prenait un peu de temps à se mettre en place mais comme je connais l'auteure, je savais que la vie allait arriver, avec une plume vibrante.
Pour ce qui est de la période de la seconde guerre, les personnages sont bien sûr imaginés mais dans les faits historiques sont bien réels avec la résistance, la collaboration, les nazis et toute l'horreur que cette jeunesse et les autres ont dû endurer.
Personnellement, je reçois ce livre comme un exemple d'humanité.
Si les gens se montraient humains pendant cette période , sans exclure les Juifs , en les aidant rien qu'un peu, en ne prenant pas position pour les nazis, ils faisaient déjà de la résistance.
Un tout beau roman.
J'aurais pu le noter 4 étoiles pour les petites longueurs du début mais l'intensité de la suite a bien vite effacé ce petit défaut.
PS : Une couverture pas insignifiante du tout avec cette robe jaune à petits pois qui traverse les années.
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Lella

Ils ont vingt ans et Paris vient d'être libéré.
Quand une aventure sentimentale devient artistique pour nous offrir un moment de beauté éternelle. Les photos sont prises en banlieue parisienne et en Bretagne, au large de l'île de Groix, en passant par Pont-Aven, en souvenir de Paul Gauguin, entre 1946 et 1950.

On ne trouve ici rien de ce qu'on a l'habitude de trouver dans les albums de photographes de renom : ni biographie, ni analyse d'oeuvres, ni éloge de collègues photographes et d'artistes, plus largement.
Dans cet ouvrage, baigné de photos sans titre, il n'y a que trois chapitres courts :
— par Claude Nori, alors jeune photographe, intimidé et heureux de contribuer à la sortie du livre, en 1998.
— par Boubat lui-même qui nous confie sa perception de l'art photographique. La photographie, pour lui, partage le privilège de la poésie : celui de n'avoir ni commencement ni fin. Elle retrace leur amour par une série de fulgurances.
— par Lella F., le modèle, je dirais plutôt l'héroïne. Elle est la plus exubérante des trois commentateurs. Douée d'une jolie plume, elle parle de son enfance parmi les émigrés italiens, l'un plus ingénieux que l'autre. Elle possède, dès son jeune âge, cette faculté de trouver du beau dans la misère (ce que reflètent mes citations). Puis elle revient à sa Rencontre avec Édouard, tandis qu'elle est encore étudiante à l'École d'arts appliqués de la rue Duperré, à Montmartre. le début est associé à des images florales où elle et la soeur de Boubat, Séguis, se montrent très proches du culte panthéiste de la nature, tant elles cueillent de fleurs sauvages en ombelles… pour ceindre innocemment la tête d'Édouard… Ils sont fantasques, tous les trois. Lella et le photographe en herbe se marie rapidement. Lella raconte aussi la rencontre avec Picasso, l'accueil généreux qu'il leur fait, deux enfants qu'ils sont, chez lui, rue des Grands Augustins.

Lella est imbibée de littérature, elle évoque Dostoïevski, aime se référer à Proust. « Il m'a souvent été demandé ce que je pensais de cette photo. Je trouve, citant Proust à nouveau, qu'elle est un peu chargée de la « substance transparente de nos minutes, les meilleures », celles que nous avons partagées au fil de nos jeunes années, Boubat, Séguis et moi (avant que le cours des choses ne nous disperse) »…
Voici donc la jeunesse impérieuse aux cheveux ondulés, au soutien-gorge noir sous un corsage transparent.
Cette série de photos, joyeuses et poétiques, est déterminante dans la carrière de Boubat. Il est encore un artiste en devenir et ces oeuvres sont conçues dans l'insouciance d'un premier été d'amour. Mais déjà, le format systématiquement carré des clichés rompt avec les portraits classiques.
C'est cette harmonie, cette fraîcheur, cette sensation de liberté inouïe, qui m'ont tapé dans l'oeil dans le salon du livre ancien et d'occasion, à la sortie du parc Georges-Brassens (Paris, 15ème) et m'ont fait acheter le bouquin. Ainsi, je continue mon exploration de la photographie humaniste après Doisneau et Ronis.

Je regarde longuement les photos à la maison. Lella est belle, qu'elle s'incline, pensive, sur un coquillage ; qu'elle s'agenouille devant un lavoir, qu'elle coure sur la plage laissant les empreintes profondes de ses pas… Elle m'a fait même penser à « La Liberté guidant le peuple » d'Eugène Delacroix ! Elle a de la chance, ce sont les mots qui m'ont échappé, en prenant l'album dans mes mains au salon, et je les redis… Et aussi, à cet instant-là, un étrange sentiment me pique les joues, comme de légères morsures : je connais ce visage, je connais ces lieux, je sais tout d'elle, comme si c'était moi… J'éprouve ce qu'elle éprouve… Ne riez pas ! Avouez plutôt que certaines lectures nous poussent au mysticisme, quand on les vit vraiment.
Le photographe, Édouard Boubat, est beau lui aussi, avec son air angélique et lunaire. Il prend espièglement le mur sur lequel sont punaisées une photo de Lella et la sienne.

Le baiser pas si volé que ça, ce serait l'essence de la photographie, d'après lui.

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Camille va aux anniversaires

Digne héritière de Bridget Jones, avec deux décennies de plus, Camille promène sa solitude à Paris, après que son mari l’a quittée, pour une femme même pas plus jeune qu’elle !
Le calendrier des quinquas semble devoir concéder des créneaux nombreux aux anniversaires, et Camille est même chargée d’en organiser un, « surprise », pour Bianca, la fiancée de son meilleur ami; L’occasion pour Camille de faire un petit tour dans une cité balnéaire fictive de Bretagne ! C’est aussi une opportunité pour faire le point sur sa vie !


Avec beaucoup d’humour, Isabelle tague les travers de nos modes de communication, avec en ligne de mire les réseaux sociaux et les messageries, dont elle connait les pièges et les limites , ce qui ne l’empêche pas de tomber de sauter dedans à pieds joints.

On éprouve de l’empathie pour cette héroïne si contemporaine, qui promène sur notre mode de vie un regard à la fois ironique et tendre.

On retrouve des points communs avec le premier roman d’Isabelle Boissard, la fille que ma mère imaginait, et c’est un atout.

Roman très agréable à lire et autrice à suivre



256 pages Les Avrils 24 avril 2024
#Camillevaauxanniversaires #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Comment j'ai rencontré les poissons

« Tandis que je mourais là-bas à petit feu, je voyais surtout cette rivière qui comptait plus que tout dans ma vie et que je chérissais. Je l'aimais tellement, qu'avant de me mettre à pêcher je ramassais son eau dans mes mains en coquille et je l'embrassais comme on embrasse une femme. »

Je referme ce livre, Comment j'ai rencontré les poissons, et j'entends encore couler dans l'âme de son écrivain Ota Pavel, le chant merveilleux et nostalgique d'une rivière qui a compté plus que tout dans sa vie.
Ce livre rassemble de joyeuses et poignantes histoires qui tournent souvent autour de la pêche à la carpe, à la truite, à l'anguille... Mais toutes ces histoires truculentes et touchantes forment un beau prétexte pour l'auteur de nous parler de son père pour lequel il a toujours éprouvé une profonde admiration. Ah ! Parlons de son père, ce représentant de commerce d'une célèbre marque d'aspirateur, homme volage par nature qui aspirait sans cesse à un désir de liberté, que son épouse et mère de trois enfants n'a jamais cessé de rechercher à chacune de ses impossibles escapades amoureuses...
La légende familiale dit qu'il aurait même vendu des aspirateurs dans un village tchécoslovaque non relié à l'électricité.
La légende familiale dit que sa femme qui l'aimait, - et qu'il aimait, ne cessait de lui pardonner ses échappées amoureuses, peut-être parce qu'elle savait consciemment ou inconsciemment qu'elles étaient vaines...
En apparence, nous sommes invités à de fameuses parties de pêche à la hauteur d'un enfant avec toute la tendresse et la gouaille que cela convoque, mais si l'on regarde un peu plus loin le paysage en toile de fond en cette veille de seconde guerre mondiale, on entend déjà le bruit de la barbarie à visage humain, l'antisémitisme qui grimpe dans cette Europe centrale, ici à Prague ou ailleurs... Oui, il faut le dire, les Popper, - c'était le vrai nom de la famille de l'auteur, sont juifs et les chroniques qui nous sont ici partagées par Ota Pavel ne manquent pas d'évoquer ce contexte douloureux.
Cette tragédie traverse ces chroniques puisque le père et les deux frères de l'écrivain seront déportés au camp de concentration de Terezín, d'où ils reviendront vivants, les parties de pêche pourront enfin recommencer. J'ironise, mais je pense sincèrement que cette passion partagée dans la famille, en particulier entre un père et son fils, fut un bel antidote à la barbarie nazie qui avait tenté d'anéantir l'humanité.
Une des histoires qui m'a le plus touché est peut-être celle qui invite un gardien de pêche un peu bancal mais fin limier, sorte de Quasimodo des rivières... Elle convie toute l'espérance inattendue qui surgit au dernier moment, celui qu'on n'attend plus...
Une autre barbarie les attendait au lendemain de la guerre, plus pernicieuse, celle du communisme qui avait la volonté d'apporter le bien à tout un peuple. Plus tard les Juifs seront de nouveau des boucs émissaires désignés par le régime totalitaire en place.
Mais ce régime tout aussi intrusif qu'il est, - qui continue de l'être sous une autre bannière, non plus sur ce territoire vaste de l'Union Soviétique mais désormais cantonné à la seule Russie de Poutine, n'aura jamais de prise sur la jubilation folle d'une partie de pêche ni sur la nature enchanteresse qui accueille ce bonheur. Non, ils n'ont jamais réussi à voler cela. Ils ne le voleront jamais.
Ota Pavel a un sens inouï de la narration, il sait nous raconter des histoires, j'avais l'impression à chaque instant d'être à ses côtés au bord de cette rivière, à l'intérieur des forêts, à la lisière d'un rêve protégé du reste du monde.
Je vous avoue avoir pleuré à la fin de ma lecture, je ne saurais dire pourquoi, ne me le demandez pas, je déteste pourtant la pêche... Peut-être que je pense tout simplement à mon Papa ce soir, qui sait...?

♫ Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l'eau profonde ♪
C'est que jamais quand ils sont polissons
♫ Leur maman ne les gronde
Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chaussettes ♪
Ou à cracher comme des pas polis ♪
Elle reste muette
♫ La maman des poissons elle est bien gentille
Elle ne leur fait jamais la vie ♪
♫ Ne leur fait jamais de tartine
Ils mangent quand ils ont envie ♪
♫ Et quand ça a dîné ça redîne
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Produire tous ses légumes, toute l'année !

Agronome et jardinier passionné, Blaise Leclerc nous dit tout pour produire soi-même de savoureux légumes, bio bien évidemment.
Agrémenté de photos, ce guide est très pratique avec une fiche technique pour chaque légume avec quelques astuces du jardinier. Des tableaux nous donnent les dates de semis, plantation et récolte des légumes sur l’année. Il y a même une carte de France qui montre les avances ou les retards de semis par rapport à la région de référence.
Après avoir appris combien de surface cultivable il faut consacrer à son potager, le jardinier vous apprend à vous organiser.
« L’intérêt de faire son potager est de pouvoir y récolter plusieurs légumes tous les jours. Cela nécessite un peu d’organisation pour que toutes les productions n’arrivent pas en même temps. »
Mais ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les fiches techniques par légume qui donnent toutes les informations nécessaires pour bien réussir sa culture avec le calendrier et les données de production. On y trouve les grands classiques mais également des légumes moins connus comme le panais ou le topinambour.
Voilà de bons conseils pour cultiver bio et local de bons légumes de saison. Même sans chercher l’autonomie alimentaire, il est intéressant de cultiver un petit potager afin d’avoir des légumes frais, de saison et faire pousser des variétés qu’on ne trouve pas dans le commerce.
Maintenant, y’a plus qu’à chausser ses sabots… !

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