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Critiques les plus appréciées

Satchmo

Satchmo est le fils d'une prostituée qui travaille pour un mac. Souvent dépressive, il essaie de s'occuper d'elle, notamment en lui faisant à manger. Sinon, il aime traîner dans les rues des quartiers noirs de la Nouvelle-Orléans. Parfois avec ses amis, Jay, Bud et Carmen. Parfois seul, notamment lorsqu'il grimpe sur les toits du Lala's Bar, où il s'enivre de la musique jazz de l'orchestre de King Joe, le meilleur trompettiste de la ville. Le concert terminé, il descend aussitôt le retrouver. Celui qu'il appelle tendrement Papa Joe a, ce soir-là, une belle surprise pour lui. Le premier cornet avec lequel il a joué. Autant dire un trésor pour Satchmo. Et même s'il ne sait pas encore tout à fait bien jouer, sûr qu'il compte apprendre dans le seul but de faire un duo avec Papa Joe. Mais il va très vite se rendre compte que la vie est loin d'être facile lorsqu'on est noir à la Nouvelle-Orléans...

Ce roman graphique n'est pas une biographie en soi mais Léo Heitz s'est librement inspiré de la vie du célèbre trompettiste Louis Amstrong, surnommé Satchmo ou Satch. Élevé par sa mère, une prostituée dépendante de son mac et de l'alcool, pour laquelle il voue un amour sans faille, sa rencontre avec Papa Joe va lui ouvrir de bien meilleurs horizons. Mais il ne fait pas bon être noir et pauvre dans une Amérique ségrégationniste et violente. Le jeune Satchmo l'apprendra à ses dépens. Pour autant, il fera tout pour réaliser ses rêves et sauver sa mère, quitte à se corrompre. À travers la vie de Satchmo, Léo Heitz rend parfaitement compte de l'ambiance délétère de cette Amérique des années 20, du racisme ambiant, de l'injustice et de la corruption. S'il aborde des thèmes difficiles, le parti pris de donner vie non pas à des personnages mais des animaux (souris et rat) allège le propos. La musique en toile de fond, cet album retrace avant tout la vie d'un jeune noir, qui plus est, fils d'une prostituée, voulant s'affranchir. Graphiquement, tous ces animaux évoluent dans des pages sombres, essentiellement noires et marron où seul le rouge sang transparaît, accentuant cette impression de désespérance et de violence.
Un drame social et familial, aussi tragique que touchant...

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Einstein : Le fantastique voyage d'une sour..

J'ai découvert cette petite souris, alors qu'elle s'appelait Armstrong et volait vers la lune. Sa curiosité envers cet astre était en partie motivée par le désir de démontrer à son peuple que la lune n'est pas un fromage. Dans ce nouveau tome de ses aventures, elle s'appelle Einstein et c'est encore le fromage qui sera à l'origine de son questionnement. Rendez-vous compte, elle est arrivée un jour trop tard pour la grande fête du fromage. D'où cette interrogation : peut-on remonter le cours du temps ?

Ce sera l'origine de tout un périple qui fera réfléchir la souris sur le temps, la mesure de celui-ci, et finalement rencontrer Einstein, l'homme, grâce à une visite dans les greniers de l'institut des brevets de Berne où Einstein travailla de 1905 à 1909 et où notre souris va mettre au point une machine fantastique, qui ne l'emportera pas exactement là où elle avait prévu.
La théorie sur la relativité aurait-elle été alors soufflée au génie par une petite souris ? A vous de le découvrir.

Un album magnifique, aux illustrations splendides, dans les mêmes tons que le précédent, un peu sépia, délicieusement désuètes, fourmillant de détails. A examiner de près pour ne pas manquer les clins d’œil de l'auteur, Il faut suivre en particulier l'histoire de cette montre reçue en cadeau par notre souris. Un vrai plaisir de les regarder en détail, de savourer leur richesse.

Contrairement à celui sur Armstrong, la petite souris n'est pas le héros d'une aventure empruntée à celle des hommes, le voyage dans le temps n'existe toujours pas, Mais il est l'occasion de se poser plein de questions, de réfléchir à ce qu'est le temps, d'enquêter aux côtés de cette petite souris, qui a tout d'un grand scientifique... Et de faire plus ample connaissance avec Einstein et ses travaux.
A noter que la dernière partie, qui présente le travail du physicien, reste quand même assez ardue, même si l'auteur a fait un travail réel de vulgarisation pour se mettre à la portée des enfants. Peu importe s'ils ne comprennent pas tout, la lecture de la partie album reste un véritable plaisir.
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Nada


Nada, rien, niente, nothing, Nichts, niets, típota, ...un drôle de titre pour un roman dans n’importe quelle langue et pourtant la jeune Espagnole, Carmen Laforet, a obtenu avec ce titre, à l’âge de 22 ans, le "Premio Nadal", le plus prestigieux prix littéraire d’Espagne, duquel elle a été d’ailleurs la toute première récipiendaire en 1944.


Après ce succès prometteur, Carmen Laforet a attendu une huitaine d’années pour écrire son second best-seller : "La Isla de los demonios". Paru en France en 2006 ( !) sous le titre "L’île a ses démons".

Née, le 6 septempre1921, malgré son beau nom français à Barcelone, et décédée le 28 février 2004 à Majadahonda près de Madrid, de la maladie d’Alzheimer,
à l’âge de 82 ans, a comme romancière célèbre fui le monde des écrivains.

Comme le note dans une préface, Juan Manuel de Prada, auteur de "La tempête" : Comme Rimbaud, Salinger et Dashiell Hammett, Carmen Laforet a à un certain moment de sa vie "opté pour le silence".

Il est vrai aussi qu’elle s’est mariée en 1948 avec le critique littéraire Manuel Cerezales (1909-2005) avec qui elle a eu cinq enfants. Je présume que s’occuper de 5 gosses, qui se sont suivis rapidement, ne laisse que peu de temps à l’écriture. Il y a des jolies photos de l’auteure avec ses bambins sur Internet, voir : RTVE.es. "Los enigmas de la vida de Carmen Laforet".
Trois d’entre eux sont devenus écrivain comme maman : Augustin, Christina et Silvia Cerezales.

Le dernier ouvrage qu’elle a publié de son vivant, en 1981, fut un essai : "Mi primer viaje en USA" (Mon premier voyage aux États-Unis). Entre 2004 et 2008, trois de ses œuvres ont été publiés à titre posthume.

Un "fin" critique littéraire a lancé la boutade : "Despuès de Nada, nada" (après rien, rlen). Une mauvaise blague qui est contredite par les recherches universitaires qui ont cours pour étudier des textes de Carmen Laforet jamais rendus public.

Déjà en 1947, un film fut réalisé de Nada par Edgar Nevile avec Conchita Montes, mais la censure franquiste en a coupé une bonne demi-heure.

À la fin de la guerre, Andréa (Carmen ?) prend le train pour Barcelone pour y entreprendre des études de Lettres. Comme orpheline, il a été convenu qu’elle logera dans la capitale de la Catalogne chez sa grand-mère.

Très vite, elle se rend compte qu’elle est tombée dans un véritable capharnaüm, avec des oncles et des tantes qui ont tous de quoi déboussoler l’adolescente.
Andréa souffre le martyre, mais elle a décidé d’être heureuse.

Trouvera-t-elle un jour son bonheur ?

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Céleste, tome 2 : Il est temps, monsieur Prou..

J'avais été conquise par le premier tome de Céleste au charme indéniable et ma lecture m’avait donné l’envie de découvrir le tome II. Voilà qui est fait avec le même plaisir de lecture

Après une fâcherie suivie d’une rupture avec son employeur Marcel Proust, Céleste accepte de revenir à son service mais elle pose ses conditions : Elle sera dorénavant gouvernante et sa sœur Marie viendra la seconder dans cette tâche harassante qui consiste à s’occuper d’un écrivain, enfant capricieux et gâté, aux nombreuses phobies et à la santé fragile.
Passant la majorité de son temps dans son lit à écrire et se lamenter, Proust laisse les deux femmes s’occuper de tout.
Nous sommes loin du génie de Proust et l’on voit Marcel avec ses travers d’homme riche et habitué à être servi. Il peut se montrer maniaque, exigeant et lunatique mais Céleste et sa sœur Marie gèrent haut la main ses maniaqueries.
Obligé de déménager, il laisse Céleste tout gérer, de la recherche d’un appartement calme (il déteste le bruit) jusqu’au déménagement des meubles de famille.

« Vous allez être bien ici pour finir votre œuvre
- Bien, c’est bien…mais…vous êtes sûre que le quartier est fréquentable ?
- - Chuuut…j’ai tout vérifié…Rien que dans cette rue, il y a une princesse, deux barons… »

Tout cela pourrait paraitre fastidieux mais, sous la plume de Chloé Cruchaudet, le récit se fait léger jusqu’à s’envoler dans l’onirisme. Elle a réussi à mettre du rythme, à dessiner la célérité de Célestine d’un trait léger et inventif aux couleurs tendres.
On découvre aussi une époque, celle de la première guerre mondiale et du travail éreintant des femmes. On découvre aussi que le prix Goncourt décerné à Marcel Proust avec son roman « A l’ombre des jeunes filles en fleur » a eu pour rival Dorgelès avec « Les croix de bois ». Pour ce prix, Marcel Proust sera moqué et vilipendé par la presse.

L’auteure a bien su mêler le réel de la biographie à la fiction plus fantaisiste de sa vie privée et c’est très réussi.

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Dialogue avec mon jardinier

Il y a un petit côté fable dans cette histoire entre deux personnages que tout sépare. Ils me rappellent le rat des villes et le rat des champs, chacun profitant de sa vie

« - C’est quoi pour toi une belle salade ?
- Tu sais bien ce que c’est. C’est quand elle est pommée, blanche au cœur, tendre. Bonne à manger, quoi.
- Eh bien, mon dessin c’est pareil ! »

Leur vie est diamétralement opposée, l’un est un citadin cultivé et artiste, l’autre un cheminot qui a quitté l’école très tôt, et a les deux pieds sur la terre qu’il cultive. L’un est un dilettante, l’autre un travailleur. Pourtant, en vertu de leur ancienne complicité du temps de l’école primaire, ils renouent une amitié faite de curiosité, de respect et de générosité. Le jardinier cultive le potager du citadin qui vient passer ses vacances à la campagne et l’équilibre est trouvé.
On ne sait pas grand-chose de l’un et de l’autre et l’histoire, entièrement dialoguée, va nous les faire connaitre à travers leurs échanges pudiques, curieux, sensibles et d’une grande tolérance.
Il y a beaucoup de simplicité et de sincérité dans ces va-et-vient qui nous font entrer dans la vie de chacun des protagonistes. La grande complicité qui les lie gomme les différences sociales. Ainsi l’un parle de sa peinture tandis que l’autre raconte sa vie toute simple avec candeur.

« La glace, c’est quand on veut faire le beau, quand on veut s’arrêter de travailler. Pour travailler, on n’a pas besoin de se regarder. A la campagne, c’était riche d’avoir une armoire à glace On la mettait dans la chambre des parents. »

C’est à la fois drôle et t’attendrissant et c’est un bon moment de lecture.


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Infrason

Comment réagiriez-vous si votre vie était perturbée par un bourdonnement continuel ?
Comment une chose aussi bénigne, aussi inoffensive, a pu mettre des vies sens dessus dessous ?
Moi qui souffre d'acouphènes, je compatis. Mais j'ai l'avantage de savoir l'origine contrairement à Claire, l'héroïne du roman de Jordan Tannahill « Infrason ».
Cette professeure de littérature dans un lycée coule une existence paisible, dans sa résidence pavillonnaire, auprès de ses amours Paul, son mari et Ashley, leur fille adolescente.
Un soir, au coucher, Claire entend « Le Bourdonnement », elle fait le tour de la maison pour en trouver la source. Elle interroge les autres membres de sa famille, mais il semble qu'elle soit la seule à entendre ce bruit.
Elle sort dans le quartier, sans plus trouver la cause. Et plus elle se concentre, plus il s'intensifie. Et ce bruit ne la quittera plus, provoquant insomnies, migraines, saignements de nez, l'étonnement et l'incompréhension de ses proches.
De plus en plus minée par cette nuisance, elle se confie à ses élèves pour savoir si d'autres personnes perçoivent ce son. Dans un premier temps, c'est une réponse négative unanime. Mais un jour à la fin d'un cours l'un deux, Kyle, jeune homme solitaire, sensible, aux dispositions intellectuelles supérieures, lui confie entendre, également, le bourdonnement et aussi la mère d'un de ses camarades. Bientôt Claire et Kyle se retrouvent le soir pour sillonner en voiture la région à la recherche de la source d'émission et leur complicité, mal perçue, provoque le renvoi de Claire du lycée.
Bientôt, un petit groupe des victimes se forme et une réunion est prévue à l'initiative d'un géophysicien à la retraite, le docteur Howard Bard et sa jeune compagne Jo, professeur de Yoga. Ils donnent une explication naturelle au phénomène : la Résonance de Schumann et déclarent pouvoir en tirer bénéfice par la concentration et la synchronisation mutuelle et arriver à une sensation proche de l'orgasme.
Seulement, ces réunions, de plus en plus fréquentes, inquiètent les proches des participants. Et le passé sulfureux du Docteur ne prône pas en sa faveur. Les membres de ce groupe ne sont-ils pas manipulés ? Participent-ils de leur plein gré à ses rassemblements ?
Ce roman est une fine analyse du comportement humain en général et du traitement de l'information. Il nous interpelle sur la fragilité des rapports, l'égoïsme, les aprioris. Mais aussi sur l'intransigeance, le cloisonnement de la pensée, l'embrigadement, l'endoctrinement, mais également sur des fléaux très actuel, la désinformation et les théories du complot.
Bâti comme un simili thriller, ce livre nous garde en haleine jusqu'à son terme. Nous n'en sortons pas indemnes et nous donne envie d'en savoir plus sur le sujet, entre nuisances d'origine naturelle tel la Résonance de Schumann (ondes électromagnétiques de très basses fréquences appartenant au champ électromagnétique de la Terre, elles se propagent dans la cavité formée par la surface de la terre et l'ionosphère, c'est pour cette raison que l'on parle de résonance. Les éclairs sont sa principale source). le champ magnétique fait partie des choses discrètes entrant en interaction avec la vie humaine, exerçant une influence réelle sur nos comportements. Par exemple, il est avéré que les spationautes, lors de leur voyage dans l'espace souffrant de certains symptômes tels que maux de tête et malaises appelés « mal de l'espace ». Mais parait-il, les résonances géomagnétiques peuvent favoriser une santé optimale par certaines pratiques, contempler la nature et s'y promener, respirer à plein poumon, mais aussi pratiquer la méditation de pleine conscience et de la gratitude et de la bienveillance aimante (c'est ce que le petit groupe dans le roman cherche à réaliser et qui le discréditera auprès de l'opinion). Mais ces nuisances peuvent, bien souvent, provenir de causes matérielles telles les éoliennes, lignes à haute tension ou autres bruits industriels et les témoignages sur internet sont nombreux de groupes de personnes souffrant de mal-être et de malaises dues à ces pollutions sonores.
On pourrait dire beaucoup plus sur le sujet, n'hésitez pas à vous procurer ce roman pour vous faire votre idée.
Sincères remerciements aux Éditons du Seuil pour cette lecture.
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The magic of Aria n°1

Le monde d'Aria est un univers où les fées, les elfes, les démons et les magiciens existent. Ils ont quitté les sous-bois pour peupler la ville de New-York afin de s'en donner à cœur joie dans la joie et la luxure. Bref, un vrai conte de fée !

Nous avons un graphisme assez sympathique aux belles couleurs mais accouplé à un scénario plutôt soporifique à défaut d'être féerique. The magic of Aria ne parvient pas à décoller et à nous procurer un minimum de plaisir. Pourtant les cadavres et les massacres se succèdent. Mais bon, il faudrait une construction du récit qui tienne la route ainsi que des personnages charismatiques qu'on aurait envie de suivre.

En effet, malgré l'apparence où le monde magique rejoint le monde réel, il n'y a rien de vraiment original dans ce qui nous est présenté. On se perd très vite dans les fils de cette intrigue qui n'est guère passionnante. Franchement, je suis passé à autre chose dès la fin du premier tome de ce comics. Les fées ne sont plus ce qu'elles étaient, franchement !
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L'appel de Mordant, Tome 2 : Un cavalier pa..

Un plateau de "saute-contre"( de jeu de dames) dans un monde en guerre...
3 pions ( 3 jeunes femmes), aucun homme dans le Royaume du Roi Joyce ne croit que les femelles puissent réussir quoi que ce soit...

Térisa a été translatée via des miroirs! Voir le tome 1: https://www.babelio.com/livres/Donaldson-Lappel-de-Mordant-Tome-1--Le-miroir-de-ses-reves/127609/critiques/3861699
-Madame, Maître Eremis ne croit pas en votre existence, il vous vous abuser et se servir de vous.L'aspirant Gérarden la met en garde.

Eremis est prêt à la coucher sur son lit, quand Gérarden parvient à la faire sortir de la chambre. Eremis était parvenu à la charmer.
"Oh, ses bras autour de ma taille et sa main sur ma poitrine..."

Térisa va prendre conscience de ses pouvoirs, elle est u,e Archi-Mage.
Eléga, l'ainée des filles du Roi Joyce a pactisé avec le Prince Kragen ( un ennemi du Royaume) et Myste, la cadette, est partie retrouver un champion bardé d'armes dévastateurs... ( Translaté aussi par erreur, il a détruit une partie de la forteresse du Roi...)

3 pions, 3 jeunes femmes vont gagner le bord du plateau du "saute-contre" et devenir des... Reines de Mordant.

"Il voulait sauver le monde. Savez-vous combien cette aspiration est dangereuse ? Les hommes qui brûlent de sauver le monde - et qui commettent quelques erreurs - deviennent des tyrans."
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Le Couteau : Réflexions suite à une tentative d..


J’ai toujours pensé que la tentative d’assassinat du grand auteur d’origine indienne était dû "grâce" au fatwa prononcé en 1989 par l’imam Khomeini, mécontent du continu du best-seller "Les versets sataniques" de la victime.
Or selon Salman Rushdie ce n’est pas le cas, car son agresseur de 24 ans en avait lu à peine 2 ou 3 paragraphes et avait regardé sur YouTube 2 ou 3 clips de fanatiques religieux.

Toujours est-il que ce fou de Hadi Matar, d’origine libanaise mais né aux États-Unis, a effectivement essayé, le 12 août 2022, de tuer Rushdie et a réussi à le blesser gravement et à lui faire perdre l’œil droit et la main droite.

Étant a-religieux, je trouve l’existence d’un fatwa, ou ordre de tuer quelqu'un pour ses idées, totalement inadmissible et criminel. Qu’ils soient des hauts dignitaires religieux ne devrait pas être une raison de ne pas les traîner devant des cours de justice civile, comme tout et chacun responsable de la mort d’autrui. Surtout si le véritable responsable laisse faire la sale besogne par un tiers. Aucune religion n’a le monopole de la vérité et ne devrait résoudre des désaccords métaphysiques par l’élimination physique.
Et dire qu’en Iran et parmi les chiites enragés, ce sinistre spécimen est considéré comme un héros et un saint !
Je m’excuse de cet intermédiaire personnel, mais lorsque je me souviens de cet acte monstrueux, mon sang se met à bouillir. Si l’infaillibilité du Pape constitue déjà une aberration, le fatwa des vieux ayatollahs dans leur monde clos de Téhéran relève d’un tout autre ordre.

Salman Rushdie se pose la question pourquoi il n’a pas réagi et tenté de se défendre ?
Comment aurait-il pu ? Il a été surpris par un fana idiot armé de 51 ans plus jeune que lui, qui avait suivi des cours de boxe ! Il admire par contre le courage des gens autour de lui qui se sont attaqués à cet individu illuminé. Il a eu le sentiment de mourir lorsqu'il a vu l’énorme perte de sang et à pensé à sa jeune épouse bien-aimée, Eliza, marié même pas un an avant.

Avec beaucoup d’affection, l’auteur raconte sa rencontre lors d’un congrès, en 2017, avec la belle poétesse afro-américaine Rachel Eliza Griffiths, auteure de 6 œuvres, parmi lequel son recueil de poèmes "Mule y Pear" (non traduit) de 2011, qui est tombé dans les prix littéraires. Malgré leur 31 ans de différence, le couple s’est marié le 24 septembre 2021.

L’auteur raconte son séjour à l’hôpital, son pénible programme de rééducation et son retour à la maison et termine par une réflexion comment il faut tourner la page.

L’ouvrage autobiographique compte un chapitre (le chapitre numéro 6) tout à fait remarquable, dans lequel Rushdie présente une conversation fictive entre lui et son agresseur, dont il ne mentionne jamais le nom, mais qu’il qualifie de la lettre "A".

L’auteur rappelle aussi qu’en 1994, le Nobel égyptien, Naguib Mahfouz, a été également, à l’âge de 82 ans, victime d’une agression similaire en pleine rue, parce qu’il avait osé accuser les fondamentalistes islamistes de "terrorisme culturel".

Entretemps, Hadi Matar, qui plaide non coupable, se trouve en taule et s’il est condamné au cours de son procès, qui aura lieu cette année, il risque 25 ans d’emprisonnement pour tentative d’assassinat et 7 ans pour attaque à main armée.

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Les tourmentés

Skender n'est, aujourd'hui, plus que l'ombre de lui-même. Ancien légionnaire puis mercenaire, il a tué, pour son métier, de par le monde. Évidemment, ça laisse des traces. Qu'il a tenté d'effacer à coup d'alcool et de cachets. Son épouse, apeurée, craignant pour elle et leurs enfants, ne supportant plus l'homme qu'il est devenu, le renvoie chez sa mère. Skender s'est alors isolé dans une cabane dans un bois, loin des hommes et de sa famille, après un séjour en prison. Aujourd'hui, il vit comme un clochard... Max, son frère d'arme, lui, s'est inventé une nouvelle vie auprès de Madame. Homme à tout faire, chauffeur, garde du corps, il est à son service H24 et se plie à toutes ses volontés. Même à celle, la plus inattendue et amorale, d'une chasse à l'homme. Et ce gibier, Max l'a tout trouvé en la personne de Skender...

Skender n'a plus rien. Et n'est plus rien. Sa vie ne vaut plus rien non plus... Jusqu'au jour où Madame lui propose, pour 3 millions, d'être sa cible vivante. Et cette chasse à l'homme, inavouable, scandaleuse, cynique, qui se passera sur une réserve dans le nord de la Roumanie, Skender a 6 mois pour s'y préparer. Aussi bien physiquement que mentalement. Mais, avant cela, avec le premier million reçu, il va renouer avec sa femme, Manon, et ses deux garçons, Jordi et Dylan. N'oubliant jamais que Madame se prépare, non pas à l'affronter, mais à le tuer. De cela, il en est presque sûr, de même que Max. Et ce sont ces six mois avant le jour fatidique que Lucas Belvaux déroule gentiment, passant de l'un à l'autre personnage, se mettant dans leur peau, dévoilant leur âme et états d'âme. Chacun avec ses ressentis, ses doutes, ses renoncements, ses interrogations, ses rêves, ses craintes, ses espoirs, ses regrets, ses démons, son passé. Six mois haletants, oppressants au cours desquels la tension monte... jusqu'au dénouement inattendu.
Un premier roman habilement construit, remarquable de par ces personnages singuliers et cette ambiance lourde. Un roman sans ménagement...



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On m'appelle Demon Copperhead

Demon Copperhead rêve de voir la mer depuis tout petit.
Normal pour un enfant de 9 ans. Mais le petit Damon (son véritable prénom) n’est pas né dans la bonne maison (d’ailleurs il ne vit pas dans une maison mais dans un mobil home), ni avec les bons parents (difficile puisque son père est mort et sa mère une junkie défoncée qui ne va pas tarder à faire une bonne overdose).
Alors, une fois sa mère morte, Damon, qui en avait déjà bien bavé, va se rendre compte qu’il n’avait fait jusque-là qu’effleurer la misère du monde, et que maintenant il va y être plongé jusqu’au cou.
L’océan qui l’attend c’est celui des malheurs. Seule bonne nouvelle, il ne périra pas noyé sous la vague, puisque que c’est lui qui nous raconte son histoire à la première personne d’un ton gouailleur, lucide et désabusé. Et puis Mrs Peggot, la vieille femme qui élève son petit-fils Maggot, le meilleur copain de Damon, lui a prédit qu’il était impossible qu’il se noie car il est né coiffé. D’ailleurs, son père étant mort noyé en sautant d’une falaise de la baignoire du Diable, Demon s’est fait la promesse de ne pas prendre de bains ni de périr sous les flots.
Ce dernier point nous apporte un petit motif de réconfort, car rien ne va être épargné au petit Damon balloté de pseudos familles d’accueil en combines foireuses.
Heureusement, de bonnes personnes vont venir parfois baliser son chemin, le rattraper par le col avant qu’il ne sombre complètement ou qu’il pense à se jeter du haut de la falaise.
Un roman-fleuve bien noir qui vous enfonce la tête dans cette misère crasse dans laquelle tous se débattent en tirant le diable par la queue, en se forgeant leur propre morale et repères pour survivre. Il suffit de tendre la joue droite pour s’en prendre une bonne sur la joue gauche, et puis on recommence.
Barbara Kingsolver signe un roman social extrêmement riche, dense, avec peu de temps morts. Si vous ne savez pas ce qu’est un redneck, alors lisez ce livre, vous n’aurez pas de meilleure définition de cette population blanche et pauvre de laissés-pour-compte de l’Amérique, prompte à voter et revoter Trump. J’ai été également édifiée par les ravages des différentes drogues (euh … médicaments) comme l’oxycodine qui se transforme en juteux business pour des groupes pharmaceutiques puissants et des médecins véreux.
Ce livre décrit minutieusement l’histoire de la Virginie Occidentale, sa population comme ses anciennes usines de charbon et cultures de tabac en faillite. J’ai également découvert le terme de melungeon, qui désigne une ancienne communauté métissée avec des origines européennes, africaines et indiennes, dont descend le père de Damon.
La galerie de personnages est foisonnante, pourtant on ne s’y perd jamais. Ce roman est également une immense et intense fresque de tous les sentiments humains.
Le lecteur ressort de ces 605 pages rincé, abattu. Pourtant, tout au bout, il y aura peut-être un espoir, et, qui sait, l’océan, je vous laisse découvrir par vous-même…
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Matin et soir

Un livre court, que j'ai pris en main sous l'excuse brinquebalante que je suis a court de temps, comme si l'important etait de vite finir une lecture, comme si je ne savais pas qu'a ce livre suivra un autre, peur de ne pouvoir continuer, peur de ne savoir continuer, comme si j'avais peur que le temps me soit compte, comme une prise de conscience de l'age, et voila que l'auteur me balade dans les dernieres pensees d'un vieil homme, qui reflechit a sa vie, ou qui se rememore sa vie, c'est bien fait pour moi, ca m'apprendra, ca m'apprendra quoi? a plus positiver, peut-etre, ou a devenir fataliste, je ne sais plus tres bien comment peut m'influencer, si elle m'influence, cette histoire, ce catapultage d'une naissance a une mort, ressassant des moments triviaux d'une vie, bien que je me dise que pour celui qui les ressasse ils ne doivent pas etre si triviaux que ca, ce que peuvent etre les moments marquants d'une vie simple, et de toutes facons ce n'est peut-etre pas un vieux qui ressasse mais un mort, et le personnage central du livre, Johanness, est peut-etre deja mort, et ce qui nous est presente comme ses gestes et ses pensees, ses pas, ses habitudes et ses hallucinations, n’existent que dans les limbes entre la vie et la mort, ou ne sont que la plaidoirie que se prepare son ame a reciter devant le gardien des portes de l'au-dela, Saint Pierre ou n'importe quel autre nom qu'on lui donne en d'autres cultures, et qu'en la realite du livre, Johannes n'est deja plus, il n'est plus que neant, il a toujours ete neant, ce sont toujours d'autres que lui qui existent physiquement, son pere et sa mere a sa naissance, sa fille a sa mort, qu'eux dont on peut entendre de vraies paroles, de vrais sons, son pere prophetisant “il sera seul ici-bas, toujours seul, et quand tout sera fini, quand arrivera son heure, il se decomposera et retournera au neant d'ou il est sorti, du neant au neant, c'est le cours de la vie, pour les personnes, les animaux, les oiseaux, les poissons, les maisons, les outils, pour tout ce qui existe”, sa fille le pleurant “quel drole personnage etais-tu, mon cher pere Johannes, tu etais bizarre et tetu, mais bon aussi… aie pere Johannes aie pere Johannes”, et de cette naissance a cette mort nous autres lecteurs nous ne connaitrons que les ombres qui hantent le mourant, et toute cette histoire devient, plus que l'histoire de la vie d'un homme, une parabole sur toute vie, sur ce qu'est, et ce que n'est pas, toute vie, dans une mise en scene appuyant sur le melancolique, ou la veille et le reve se melangent, tout comme la vie et la mort, dans un langage simple, epure, mais sensible, qui devient onirique par sa repetivite, je dirais plutot stances que repetitions, parce que si beaucoup d'autres y ont vu des influences de Samuel Beckett et de Thomas Bernhard, et avec raison, moi j'y vois aussi une influence biblique, les stances des Psaumes de David, et c'est peut-etre par ce que je sais, que Fosse s'est a un moment de sa vie converti au catholicisme, que j'y vois des reminiscences bibliques, et pas seulement dans la forme mais aussi dans le fond, et la vie qui nous est racontee, l'ombre de vie qui nous est racontee, est un exemple de vie simple, ou meme exemplaire, et c'est pour cela qu'elle nous est racontee depuis un certain au-dela, mais il est possible que j'exagere, ou meme que je radote, ce qui pourrait en tous cas attester que ce petit livre, que j'ai pris en main pour de fumeuses raisons, m'a laisse sa trace, et je le mache et le remache après l'avoir ferme, et sa digestion sera surement beaucoup plus longue que sa lecture, signe qu'elle m'a ete somme toute benefique, et que je peux, en toute conscience, inciter d'autres a l'entreprendre, et de ne point se laisser abattre par une ponctuation haletante, de virgule en virgule ce texte se respire mieux, il emplit les poumons, puis l'esprit et le coeur, et, une fois les poumons apaises, il a des chances de durer, dans l'esprit, dans le coeur.
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Femmes en résistance - Intégrale

Ce roman graphique met en lumière le destin de quatre femmes d’exception entrées en résistance contre l’occupant nazi.
Si chaque histoire est bien indépendante, une femme, fictive celle-là, permet de faire le lien entre ces quatre femmes contemporaines mais qui ne se sont jamais connues. Cette femme imaginée par l’auteur, c’est Anna dont le nom d’espionne est Gerda. On n’apprendra qu’à la fin de la dernière histoire ses motivations et son lien avec la jeune enquêtrice en possession de son carnet.

La première femme est une aviatrice anglaise qui s’obstine à s’imposer dans un monde très masculin. En 1940, elle s’enrôle dans la Royal Air Force qui a créé une section féminine au sein de l’ATA qui assure le transport des avions sortis d’usine jusque sur le front.

La seconde à entrer très jeune en résistance se nomme Sophie Scholl. C’est une jeune étudiante allemande qui va s’opposer au IIIe Reich. Membre de la Rose Blanche, elle milite pour alerter l’opinion publique en distribuant des tracts dénonçant le parti nazi.
« Mais que fait le peuple allemand ? Il ne voit ni n’entend. Aveuglé, il court à sa perte à la suite de ses séducteurs… »

Bertie Albrecht, le troisième portrait, s’est battue pour l’égalité des femmes, elle milite pour le droit de vote des femmes. En 1940, elle organise une filière d’évasion vers la France libre pour les prisonniers de guerre. Très active, elle fonde le mouvement Combat aux côtés d’Henri Frenay.

« A l’époque, comme j’avais la chance de posséder une bicyclette, je transportais des massages de la résistance à travers toute la région
- Je ne sais pas si jà cet âge, j’aurais eu ce courage…
- - Ma chère enfant, il n’était pas question de courage. Mes camarades et moi n’étions pas vraiment conscients des conséquences de nos actes. Nous cherchions seulement à nous rendre utiles. »

La dernière des quatre résistantes est Mila Racine, une jeune juive. Munie de faux papiers, elle s’occupe des internés et surtout des enfants juifs qu’elle place dans des familles. Convoyeuse dans un groupe de résistance, elle les fait passer en Suisse.

A la fin de chaque histoire, on trouve une biographie agrémentée de photos pour aller plus loin dans la découverte de ces destins de femmes courageuses.
Outre le plaisir de lecture, on apprend beaucoup en parcourant ces quatre biographies. Il met en lumière le destin de quatre femmes, quatre résistantes, peu connues du public, et c’est nécessaire pour les faire connaitre du plus grand nombre.


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Le premier miracle

Voilà encore un roman de Gilles Legardinier que je n'avais pas encore lu. Il m'est souvent arrivé de moins apprécier ceux qui sortent de son étiquette « feelgood », mais ce n'est pas systématique. Pour preuve, je viens de passer un agréable moment dans ce thriller ésotérique.

Tout commence au bord d'une petite rivière en Bourgogne, alors que Benjamin Horwood, historien anglais s'octroyant des vacances, est en train de pêcher (sans hameçon au bout de la ligne) lorsqu'il est dérangé par Karen qui le somme de la suivre sans délai. Karen est un agent gouvernemental d'un service de renseignements anglais un peu spécial, qui a vu sa création pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger certaines œuvres d'art d'Hitler et des nazis. Jusque-là, c'est le professeur Wheelan, accessoirement l'ancien mentor de Ben, qui collaborait avec Karen quand les compétences d'un historien étaient requises. Ce dernier venant de mourir dans un accident de voiture, c'est Ben qui a été élu pour prendre la relève et Karen a besoin de lui illico presto dans une affaire prenant des proportions internationales. Ben, voulant profiter de ses vacances, les premières prises depuis bien trop longtemps, refuse poliment l'invitation. Mais après avoir été convaincu par l'importance de l'affaire, se résumant à un coup de feu tiré dans les pieds, Ben finit par suivre Karen, contre sa volonté il faut bien l'avouer...

De là, malgré une collaboration quelque peu houleuse au départ, Ben va mesurer l'ampleur de ce qui se trame et mettre toute sa volonté à résoudre les énigmes auxquelles ils sont confrontés...

Nous sommes là dans une sorte d'enquête à énigme un peu à la Da Vinci Code, ayant en toile de fond l'histoire de l'humanité et des sciences. Et pour ce faire, l'auteur a su bien se documenter pour pouvoir baser son intrigue sur des événements crédibles (il récapitule d'ailleurs, en fin d'ouvrage, les événements qui ont réellement eu lieu). On est donc lancé dans une quête qui se veut de plus en plus captivante, et intéressante également, de par tout ce qu'on peut apprendre par la même occasion.

À la Da Vinci Code donc, mais en un peu plus soft quand même. L'auteur étant fidèle à lui-même, il n'en oublie pas ce pour quoi on l'apprécie : la dimension humaine et les relations entre les protagonistes gardent toujours une part importante dans l'intrigue. L'humour, lui aussi, est toujours de mise.

Ainsi, on apprécie voir évoluer les relations entre les personnages en même temps que l'enquête suit son cours. Enquête basée en Angleterre mais qui nous fera voyager. Au Japon, en Égypte, en Hongrie, en Écosse. En avion, en voiture, en bateau. Il y en aura pour tous les goûts et on ne pourra guère s'ennuyer.

Malgré le côté prévisible dans la relation entre Ben et Karen, ainsi que le manque de suspense à certains moments, j'ai apprécié suivre ces aventures hautes en couleur, aux dimensions historiques fort intéressantes. Tout au long de ma lecture, j'ai d'ailleurs pris plaisir à consulter le Net pour mieux me rendre compte des œuvres et reliques dont il était question.

Côté personnages, on n'est pas en reste non plus. On ne peut pas dire qu'ils soient surprenants mais on finit pas s'y attacher. Ils jouent bien leur rôle, restent "humains" et fidèles à leurs convictions malgré les tentations, et leurs répliques sont souvent amusantes.

Il n'y a pas de temps mort. L'humour vient ajouter une touche de légèreté non négligeable. Les aventures et voyages sont nombreux. L'intrigue est riche en informations tout en restant palpitante. J'aurais aimé ressentir un peu plus de tension et d'urgence, mais j'ai tout de même passé un bon moment.
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Lebensborn

Il ne faut pas se méprendre sur ce titre.
J'avais pensé à une incursion à l'époque des nazis dans l'un de ces fameux Lebensborn.
Mais il n'en est rien, ce récit est la quête de ses origines réalisée par la mère d'Isabelle Maroger, Katherine née en 1944 et se sait adoptée, et ceci des années 90 aux années 2000.
Au décès de sa mère adoptive très aimante, Katherine a un déclic, elle se décide enfin à partir sur les traces de ses parents biologiques.
La recherche se révèle, grâce à Internet, beaucoup plus facile qu'elle ne le pensait et elle va ainsi aller de découvertes en découvertes et de rencontres en rencontres qui se dérouleront de manières bien différentes.
Cette quête se révèle très touchante, pleine d'une très jolie émotion.
J'ai aimé le trait très doux, presque enfantin d'Isabelle Maroger, qui raconte cette histoire de son point de vue de femme moderne, et du choc que va provoquer cette histoire sur ses croyances familiales.
Il a cependant fallu du temps à Isabelle pour parvenir à accoucher de ce roman graphique très personnel (environ 7 ans).
Un petit bijou de tendresse et d'amour, qui pourra aussi être un joli point de départ pour une discussion avec des ados sur cette période de l'Histoire.
J'ai apprécié en fin de livre les explications historiques apportées par Isabelle Maroger. J'ai ainsi appris que Himmler avait demandé aux soldats SS de procréer avec le plus de femmes possible, y compris hors mariage afin de peupler l'Europe de bébés aryens, les parents subissant une série de tests afin de prouver leur « bon » profil à l'aide d'enquêtes généalogiques, cela essentiellement en Norvège. Il y a ainsi eu entre 10 et 15 lebensborn en Norvège, 10 en Allemagne, dans d'autres pays d'Europe dont un en France dans l'Oise ! Environ 15 000 enfants y sont nés et d'autres, kidnappés dans les pays de l'Est, y ont été "élevés" (comprendre arrachés à leur famille, on leur apprend l'allemand, puis ces soi-disant orphelins y sont proposés à l'adoption). Les enfants nés le 7 Octobre comme Himmler se le voient attribué comme parrain d'office ! (trop d'honneur...) !
J'ai tout aimé dans ce roman graphique qui se feuillette comme un album photo de famille que je vous recommande.
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Les Indes fourbes

Votre bibliothèque mérite ce qu'il y a de mieux : offrez-lui les Indes Fourbes. Un monument de la BD.

Nous sommes happés dès les premières pages par les pérégrinations de Don Pablos, un filou de basse extraction qui, en partance pour les Indes, tentera de s'élever au dessus de sa condition et d'y faire fortune.

Les auteurs mettent un peu de temps à poser les bases. Je n'ai pas tout de suite saisi où l'on m'emmenait. La suite sera tout simplement magistrale. Je ne pensais pas que le recit nous emmènerait si loin. L'histoire est contée avec finesse et poésie. Elle est parfois drôle, parfois dure et cruelle.

Et impitoyable.

Les personnages sont rayonnants, leurs mimiques d'un réalisme confondant. Tout un panel d'émotions qui insuffle une vitalité aux différents protagonistes. On reconnaît la touche de Guarnido que l'on a déjà croisé dans Blacksad. Ça ne pouvait être qu'une réussite.

Une Bd qui se lit trois fois. Une première pour la découverte. Une seconde lorsque l'on a compris que l'on s'est fait pigeonner. Et une troisième pour le plaisir.

Mille mercis !
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Comme si de rien n'était

Soyons chauvins, nous aussi les Belges ! Barbara Abel est une romancière belge, reine du thriller en général mais également du thriller psychologique. La suivant depuis plusieurs années, j’avais hâte de découvrir son dernier bouquin ! J’ai eu la chance de la rencontrer, en petit comité, un jour avant sa publication officielle et ainsi de parler de son nouvel opus.

Ici, on fait la connaissance d’Adèle et Bertrand, un couple bourgeois vivant dans une banlieue assez cossue en compagnie de leur fils, Lucas. Un jour, en allant chercher son fils au cours de solfège, elle rencontre son professeur, Hugues Lionel qui dit la connaître et la prénommer Marie. Adèle est certaine de ne pas le connaître tandis que lui prétend l’avoir déjà rencontrée….

De là commence une histoire sous haute tension, où le lecteur n’en mène pas large et veut à tout prix découvrir le lien qui unit ces deux personnes. J’ai vite été happée comme si – moi-même – je menais une enquête.

Il est très intéressant de voir comment Barbara Abel défie ses protagonistes, somme toute ordinaires, comme peuvent l’être nos amis ou nos voisins et ensuite, leur faire vivre un total cauchemar, dans lequel personne ne voudrait se trouver. C’est cette banalité de la vie, des gens, des situations qu’elle choisit de décortiquer dans ses livres, qui touchent d’autant plus les lecteurs et dont Barbara Abel a fait sa marque de fabrique qui fonctionne terriblement bien…

Ce livre est très travaillé sur la psychologie des protagonistes et j’ai vraiment apprécié l’écriture fluide et agréable si caractéristique de l’autrice. Elle ne manipule pas seulement ses personnages mais aussi ses lecteurs. Et ça, j’aime beaucoup !

Vous l’aurez donc compris ; je vous conseille vivement ce dernier livre de Barbara Abel : « Comme si de rien n’était ».

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Les Gouttes de Dieu, tome 32

Ce trente-deuxième tome débute avec la suite de l'histoire qui terminait le tome précédent, à savoir l'hypothétique réconciliation entre deux jumeaux, graçon et fille, l'un n'aimant que le vin rouge et l'autre que le blanc. Ils sont donc déterminés à vendre l'auberge dont ils ont hérité, ne parvenant pas à s'entendre sur les sélections de vins à proposer aux clients. Shizuku et Miyaby vont donc employer les grands moyens oenologiques pour concilier leurs préférences et préserver la continuité de l'affaire.

Puis, arrive le moment crucial toujours attendu, la divulgation de l'énigme du dixième apôtre, en l'absence de Loulan, démissionnaire malgré elle, et de Christopher qui s'est retiré de la compétition.

Les deux jeunes vont encore une fois emprunter des chemins différents pour la découverte de l'apôtre, Shizuku en partant vers la Bourgogne pour trouver le cépage de pinot noir qui pourrait selon lui correspondre, et Issei à Hawaï pour réaliser de la plongée sous-marine qui, selon lui, pourrait le mettre sur la voie. Il aura d'ailleurs à trouver un vin de remplacement pour une réception, ce qui a un petit air de déjà vu, sans être déplaisant pour autant.

Encore des rencontres sympathiques pour les deux garçons, une styliste pour Shizuku, une monitrice de plongée pour Issei, toujours des filles très séduisantes qui s'insèrent parfaitement dans la thématique de la saga.

On approche donc des trois quarts de celle-ci et, même s'il reste encore douze tomes, on voit bien que la vitesse de croisière est atteinte pour les deux jeunes et que le dénouement approche.

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Le pauvre coeur des hommes

"For sweetest things turn sourest by their deeds;
Lilies that fester smell far worse than weeds"
(W. Shakespeare, sonnet 94)

Ah, le pauvre coeur des hommes !
Après avoir refermé le livre, je me dis que le traducteur ne pouvait pas mieux saisir le titre original "Kokoro", un mot qui signifie à la fois le coeur, mais aussi l'esprit, l'âme, les sentiments... bref, tout ce dont est faite l'essence d'un être humain.
Décidément, ce n'était pas une bonne idée de finir ce roman juste avant de me coucher, car le saké littéraire de Sôseki est bien fort. Il serre la gorge, laisse un arrière-goût amer, et se prête à toutes sortes de ruminations nocturnes. Mais malgré l'impression de solitude, d'impuissance et de vanité de l'existence, le lecteur ne se sent pas abattu pour autant ; il se retrouve plutôt dans cet indéfinissable état de douce mélancolie empathique que les esthètes japonais appellent "mono no aware".

Une très belle lecture, donc, même si ceux qui espèrent d'y trouver quelque scénario épique seront bien déçus. Pareil pour les amateurs de détails historiques sur la fin de l'ère Meiji. On n'apprendra pas non plus les noms des personnages principaux, car ce n'est vraiment pas nécessaire.
Ce qui frappe tout d'abord chez Sôseki est le minimalisme de ses personnages, qui contraste avec la grande profondeur psychologique du roman.
Le livre est divisé en trois parties, chacune consistant en de très courts chapitres (qui rappellent la publication originale sous forme de feuilleton) qui vous poussent à continuer à lire, encore et encore...
Le récit est situé en 1912, et le narrateur des deux premières parties est un jeune étudiant à l'université de Tokyo. Lors d'un séjour estival, il fait connaissance d'un homme vieillissant, qu'il appellera bientôt le Maître. Un homme réservé, retiré de la société, qui ne veut plus s'investir émotionnellement, ni s'ouvrir aux autres. le jeune homme gagne sa confiance et ils discutent souvent... mais très vite, il devient évident que le Maître ne dit pas tout.
On découvre ensuite la famille campagnarde de l'étudiant, ses sentiments compliqués envers ses parents, et ses efforts pour trouver une place dans la vie. Et le livre finit par une longue lettre du Maître, qui dévoile sa tragique histoire et le secret qu'il avait gardé toute sa vie. le jeune étudiant sera la seule personne au monde à qui le Maître ouvrira entièrement son coeur.
La lettre du Maître retrace le choc violent d'un garçon honnête et naïf avec la réalité. Obligé de jouer son rôle dans cette mauvaise pièce, il finira par se méfier de tous ses acteurs, y compris de lui-même. Il sait qu'on ne pourra jamais effacer certaines répliques et tout recommencer... la seule possibilité qui reste, c'est mettre fin à cet engagement raté au théâtre du Monde.

Le livre a été écrit en 1914, à la fin de l'ère Meiji. Après des siècles d'isolation, l'empereur Meiji ouvre le Japon au monde occidental, à sa pensée, sa culture et son style de vie. Sôseki a réussi à saisir l'esprit de cette époque, ses conflits entre la tradition et la modernisation, entre la vie citadine et campagnarde, entre le conservatisme et libéralisme japonais. Et il les a tous projetés dans l'âme d'un vieux professeur sans importance.
Dans ce choc de deux cultures, il a ensuite implanté l'éternel thème de crime et de châtiment, de faute et d'expiation. Tout cela en dehors de la réalité judéo-chrétienne, à commencer par Job, en passant par Dostoïevski, pour aboutir à Jung et la psychanalyse moderne. Rien de tel. Son point de vue, c'est l'ancien code bushido et le mot "junshi"... vous les comprendrez parfaitement en lisant le roman.
Je ne connais rien à la littérature japonaise, alors j'ai surtout ruminé "à l'occidentale" : que va devenir cet étudiant ? Il perd en même temps deux personnes très importantes, c'est fatal ? Ou, au contraire, sain ? Il sera obligé de se débrouiller seul, désormais. La lettre du Maître lui a brusquement asséné des vérités sur la vie qu'il n'a pas encore pu comprendre seul, à son âge. Pourrait-il supporter la révélation que tant que l'homme vit, il doit douter ?
Il a pourtant vu lui-même comment il était difficile au Maître de se distancier du monde... et aussi comme c'était inhumain.

Et voilà précisément la modernité de "Kokoro", servie comme sur un plateau. Tant de questions bouleversantes qui nous concernent toujours, dans un roman raconté si posément, écrit il y a plus de cent ans à l'autre bout de la planète. Contrairement aux romans "à la mode", l'histoire de Sôseki restera toujours "moderne", tout comme celles de Shakespeare cité en exerque, ou de n'importe quel autre auteur "classique".
On doit parfois partir à la recherche de la littérature moderne dans le passé. Pour comprendre que ces anciennes histoires parlent toujours de nous. Qu'une autre époque ou une autre culture ne sont pas forcément incompatibles avec la nôtre.
Consciemment ou inconsciemment, Sôseki montre la grandeur éthique mais aussi les limites de la tradition japonaise. le tableau qu'il propose est étonnant, et déconcertant pour la pensée européenne. Il nous ouvre les portes de pièces curieuses, en disant : regarde, ne touche à rien, ne juge rien. Bien des choses que tu verras ici ne sont plus que du passé. Mais sans cela, tu ne comprendras pas le présent. 5/5
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La baby-sitter

Je suis tombée par hasard sur un recueil de longues nouvelles écrites par une certaine Gudule, autrice franco-belge.
Le titre du recueil est Le club des petites filles mortes.
Forcément, j'ai sauté dessus, pour me remettre de ma lecture d'un Stephen King particulièrement émouvant.
Mais je vous en parlerai plus tard.

Donc, je commence le permier récit : La baby-sitter.

On entre directement dans l'action, si l'on peut dire.
Deux jumeaux de 9 ans, un garçon Cyril et une fille Violette.
Leurs parents doivent aller à un séminaire, mais leur baby-sitter habituelle n'est pas disponible, et l'agence leur recommande chaudement Lucie, une jeune fille très compétente.

La mère des enfants accueille la baby-sitter et la présente aux enfants qui l'adoptent sur-le-champ.
Même le chat en tombe amoureux.

C'est dans une grande maison dressée à flanc de paroi d'une montagne, entourée de verdure et de forêts que Lucie va s'occuper des enfants pendant deux jours et une nuit.

Une chose que la douce baby-sitter fait très bien : raconter les histoires.
Ce qui tombe bien, parce que les enfants adorent ça.

Premier soir, Le chaperon rouge.
Les jumeaux blottis dans le lit de papa et maman n'en perdent pas une miette.
Le talent de Lucie les envoûte, d'autant qu'elle a une sorte de don pour mimer les personnages.
Et croyez-moi, ça fiche les jetons.

Seulement, Lucie a un passé très chargé et intense, qu'elle croyait effacé... mais les circonstances font que...
Est-elle si douce que ça ? On lui confie des enfants, après tout.

Amateurs de frissons, lisez cette nouvelle stupéfiante. Il m'arrive rarement d'avoir peur en lisant un livre d'horreur, mais là, l'auteure est très forte.

Àmes très sensibles s'abstenir, cependant, même si le lecteur s'en sort vivant.
La preuve, je suis encore là pour vous vanter l'écriture de Gudule et son récit.

Du moins, je crois que je suis là... Hahahaha.
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