Certains romanciers nous disent: il n'y a plus de mystère, voyez Emma Bovary, de déception en déception, les hommes sont prévisibles et terre-à-terre. Mais certains romanciers, dont Taillandier, nous disent: non, le mystère existe encore, on ne fait qu'approcher les gens sans jamais connaître leurs véritables motivations.
Il y a deux types de romanciers comme il y a deux types d'amour: de ceux qui souhaitent dévoiler les mystères et de ceux qui veulent conserver encore un peu de ce mystère. C'est pourquoi les histoires à charge, de celles qui nous content la déception et l'amertume, ne sont qu'un côté de la médaille, alors que, tout près, il y a ces histoires qui nous disent l'obscurité et le silence, qui nous font signe, du fond d'un corridor ou d'une ruelle: regarde, tu croyais savoir mais il y a ici quelque chose qui pourrait t'impressionner, te remettre en question.
Je suis un grand lecteur de ces histoires qui déniaisent et lessivent la conscience, mais aussi un grand contemplateur de ces petites historiettes simples qui nous dévoilent un pan de la vie encore inachevé, encore libre du doute.
"J'apprenais à aimer la parole hésitante, le geste de la main, le soupir, le suspens, la phrase inachevée, les repentirs, les à-peu-près; cette syntaxe qui se laisse démunir, qui s'en remet à l'égarement d'un regard, au respir, aux épaules, à l'être-là, et à l'espoir, et au sourire."
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Une histoire ordinaire d'adultère ; et un tableau de moeurs contemporaines dressé par l'auteur, François taillandier. Cet adultère est questionné par la femme qui l'a commis. En filigrane, l'on ressent que c'est un roman introspectif dans lequel l'auteur se questionne lui-même sur les choix malheureux de l'homme – au sens être humain - peut faire et ce qui l'y pousse.
Ce récit construit par des phrases alambiquées, au style complexe et dont la structure enchâssée désarçonne, transpire l'hésitation et les tourments humains… En résulte un sempiternel roman sur l'adultère, ponctués par les incessants et lassants questionnements d'une femme bobo parisienne, qui semble s'inventer des problèmes. Une femme libre, mais qui s'empoisonne, s'emprisonne, toute seule. Comme si être femme libre, maître de ses choix en termes de partenaires sexuels, et le concept de tranquillité d'esprit étaient incompatibles…
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Aie Aie Aie... impossible à finir sous risque de finir asphyxiée sous cet amas de romantisme...Dommage, cependant certaines citations sont très bien tournées !
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Comment cesse t-on de faire le fier ? Pas compliqué. C'est arrivé à d'autres, à bien d'autres , que de se résigner un beau matin à aller voir un monsieur ou une dame qu'on paie pour qu'il ou elle écoute, et on se retrouve à poil, voilà, on dit "Monsieur, Madame, je viens vous voir parce que je suis en morceaux". Voilà. En morceaux. C'est une histoire banale.
Se déserter soi-même, est-ce une clef pour la liberté ? J’étais passé tout doucement de l’abattement extrême, de la défaite, de la déroute, à cette indifférence, à cette renonciation, à ce refus d’attendre ou d’espérer quoi que ce soit, qui n’est pas le bonheur, mais supprime heureusement la question du bonheur, annihile l’épuisante impatience de triompher et de marquer des points.
… il nous faut étayer, compenser, faire jouer le contrepoids intérieur, faire la part de nos affects et de ce qui ne concerne que le pantin social; d’où une tension continuelle qui ne trouve apaisement que dans l’échange secret, à deux; dans la reconnaissance mutuelle de ces difficultés; dans leur légitimation humaine, oppositionnelle. L’amitié nous donne ce bonheur de pouvoir s’avouer, de découvrir qu’on est pas seul.
La faiblesse et l’aveu. C’était tout bête. Bête et nouveau. D’elles seules dépendait tout sentiment de proximité humaine. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Peut-être parce que sans l’aveu, il ne subsiste que l’apparence, la comparaison, la compétition, et avec elles la solitude.
Le Pen et sa clique sont les alliés numéro 1 de la marchandise mondiale. Une fois désignés comme le mal absolu, tout ce qui n’est pas eux est acceptable. Ils détournent l’attention de ce qui est vraiment au pouvoir. après ça, mets-les aux commandes, ils seront laminés en trois mois, comme les autres, leur programme ils se torcheront avec. Nos gouvernants ne sont plus que des commis.
Les événements tels que naître ou mourir, les histoires en lesquelles il nous semble vivre ce que nous avons de plus personnel, de plus singulier, sont ce qu’il y a de plus codifié, de plus semblable partout et pour tous.
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits.
Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés.
Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés.
Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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