AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Georges-Michel Sarotte (Traducteur)
EAN : 9782020959131
244 pages
Seuil (05/02/2009)
3.77/5   231 notes
Résumé :
Julius Winsome, quinquagénaire, vit solitaire dans un chalet au cœur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas, contrairement aux hommes virils de la région. Il préfère chérir ce que son père aimant lui a légué : les milliers de livres qui tapissent son chalet et le Lee-Enfield, ce fusil rapporté par son grand-père anglais des tranchées de la Première Guerre mondiale. Son uni... >Voir plus
Que lire après Julius WinsomeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 231 notes
En cet après-midi glacial de la fin du mois d'octobre, un coup de feu retentit. Non pas que ce soit rare en forêt, loin des habitations. Mais, cette fois-ci, le coup de feu lui semble avoir retenti tout près de son chalet isolé. Trop près... Julius Winsome, confortablement installé dans son fauteuil près de son poêle à bois, termine sa nouvelle de Tchekhov avant de se décider à appeler son chien, Hobbes. Un vent cinglant le fouette dès la porte fermée. Malgré ses nombreux appels, son fidèle compagnon ne pointe pas le bout de sa truffe. Pénétrant plus avant dans la forêt puis dans la clairière, il le voit alors, allongé parmi les fleurs, en sang, respirant avec difficulté, une blessure infligée par un coup de fusil. Aussitôt, Julius l'emmène chez le vétérinaire de Fort Kent, à 25 kilomètres de chez lui. Malheureusement, cette balle, visiblement tirée de très près, aura eu raison de Hobbes. L'heure de la vengeance a sonné...

Julius Winsome vit dans son chalet, au coeur de l'épaisse forêt du Maine. Seul avec ses milliers de livres et son chien Hobbes. Détestant pourtant les armes, il aura fallu la mort tragique de son fidèle compagnon pour que l'homme calme et pacifiste bascule dans la violence. Malheur à celui, potentiellement responsable de ce massacre, qui croisera sa route. Ermite quinquagénaire, Julius Winsome, de douleur et de rage, se transforme en homme vengeur et violent. Gerard Donovan dépeint avec force et profondeur cette traque au coeur de la forêt dense et enneigée mais aussi la beauté et l'âpreté du paysage, la sauvagerie et la violence des hommes. Malgré l'animosité qui habite Julius, les pensées irraisonnées, l'on se prend d'affection et d'empathie pour lui et on le suit pas à pas dans son désir de vengeance. Un roman à la fois sauvage, poétique et intense...
Commenter  J’apprécie          820
Ce livre n'aurait jamais fait partie de ma PAL si mes pas , comme d'habitude , ne m'avaient pas conduit dans une librairie de la ville où l'un des libraires l'avait " décoré " d'un joli et attirant petit post-it . Il ne m'en avait pas fallu plus pour " craquer " ( je ne sais pas si le mot est approprié, je suis " une proie vraiment facile et docile " ) .

Le " héros ", c'est Julius Winsome , bien entendu et il vit seul dans un chalet " perdu " au milieu des bois , ne " donnant à la civilisation " que le grand minimum vital de son temps . Sa vie , ce sont les livres que lui a légués son père , des tas de livres qui occupent la plupart des pans de mur de son habitation . Les livres , les mots , des fleurs et son chien Hobbes , son fidèle compagnon adopté sur les conseils de Claire , une brève mais vaine relation sentimentale ....Seul avec Hobbes et heureux sans doute au milieu de cette vaste forêt, domaine de prédilection des chasseurs que Julius ne porte pas vraiment dans son coeur ... détourné des armes mais initié à leur manipulation par un père pour qui , à l'instar du grand- père , a ramené de la guerre , un profond sentiment de culpabilité et une foule de " fantômes " .

Et puis , le drame ... Hobbes tué par la balle d'un chasseur et , je vous laisse lire :
"Aucun motif logique , aucune raison précise, aucun rêve ne m'avait poussé à agir ou n'avait fait naître un autre homme en moi . J'étais seul responsable de tous mes actes , de tout ce que j'avais fait ou n'avais pas fait , à chaque instant de ces derniers jours .
Il était mon ami et je l'aimais . Un point c'est tout ."( p 244 )

Vous en savez largement assez pour vous lancer dans le froid , dans la neige , dans ces bois immenses , magnifiques et tragiques , prenez les pas de Julius pour une brève mais violente quête , une quête particulièrement âpre dans laquelle vous pourrez mesurer tout le talent littéraire de l'auteur qui , par la poésie de son style fera de Julius plus qu'un personnage , un véritable ami .

C'est un livre court , prenant , surtout psychologique , qui nous projette aux extrêmes limites du réel et de la folie qui peut s'emparer d'un être que tout portait vers un ailleurs plus humain .
J'ai apprécié cette lecture mais sans toutefois être transporté , peut - être pas trop poussé vers ces espaces désespérants de solitude , " un confinement " assez difficilement accepté dans le contexte actuel . Julius est un ermite vivant dans un monde clos par les livres , cerné par les livres , un espace exclusif que nous , amies et amis babeliotes , savourerions peut- être , mais , contrairement à lui, sans oublier l'importance des rencontres , des débats , des échanges, des discussions . Julius vit dans un monde étriqué qui lui masque la réalité d'un monde , certes cruel , mais auquel se soustraire n'est pas forcément un choix judicieux . Il y a beaucoup à " tirer " de ce roman , ce n'est pas le moindre de son intérêt .

Je vous souhaite une bonne soirée en vous invitant à aller faire un tour dans " ma cabane au Canada ( qui ) est blottie au fond des bois , on y voit des écureuils..." . À bientôt.
Commenter  J’apprécie          658
Voici un roman superbe , à la langue magnifique——puissante ——poétique véritable hymne à la littérature ——et à la nature froide, blanche, austère , dure et grandiose où vit Julius Winsome, quinquagénaire , seul , dans un chalet , au coeur de la forêt du Maine ......
Petit- fils et fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence , il ne chasse pas, vit une existence calme et tranquille , auprès de son chien Hobbes , son unique et bien-aimé compagnon...entre ses petites sorties en ville , son don pour le bricolage, ses nombreuses lectures, ses tentatives de jardinage ,...
Entouré des 3282 livres légués par son père , il se plaît à répéter des citations shakespeariennes que son père lui avait appris en lui montrant les petits caractères en bas de chaque page , où ces mots étaient repris et expliqués ...
Il enrichissait son vocabulaire d'une vingtaine de mots élisabéthains , mots venus du fin fond du XVI ° siècle....chaque semaine ...
Le jour où on lui tue son chien il change de registre , en lui se lèvera une folie meurtrière ...traquant tous ceux qu'ils croient être le ou les auteurs du coup de feu mortel ...
Récit d'amour et de vengeance , de chagrin , de mort , respect de la culture écrite , deuil et transmission, ermite cultivé, ce Julius , pacifiste dans l'âme et pourtant ,..
L'auteur déroule son texte et ne cherche pas analyser les raisons des gestes de son héros ...
Décalage entre l'amour pour les livres et ces gestes brutaux, la force de l'auteur est d'amener son lecteur à considérer avec tendresse et bienveillance , considération ce quinquagénaire ..
L'écriture est âpre , tendue , grave , poétique même dans l'horreur ....
La montée en tension du récit est remarquablement efficace ...
Un beau texte lu d'une traite ...
«  Que notre terrible vengeance soit le remède
Qui guérisse ce mortel chagrin... »
Commenter  J’apprécie          639
Julius Winsome, c'est le titre du livre de Gérard Donovan et le nom du personnage principal. Il vit dans la forêt du Maine en loup solitaire. Il est entouré du patrimoine familial légué par son père, des milliers de livres dans lesquels il s'évade amoureusement. Son grand-père, un ancien des tranchées de la première guerre mondiale, lui lègue, à son père d'abord et par voie de descendance à lui-même, un fusil, le Lee-Enfield avec lequel son père (combattant lui aussi, mais de la seconde guerre mondiale), lui a appris à tirer. Il sait les horreurs de la guerre par les récits des siens largement éprouvés et de fait, Julius aime la nature, les animaux et le doux murmure du temps qui s'écoule. Il vit à cinq kilomètres de toute habitation, dans un chalet isolé avec son chien, Hobbes, un terrier pitbull. Un jour, son fidèle compagnon ne rentre pas à la maison. Julius mesure alors par le manque de sa présence, combien il l'aime, combien il peuple l'espace de son affection et combien il rythme leur quotidien respectif. Tout d'abord, bien qu'inquiet, le maître attend le retour de l'animal. Puis, sans nouvelles, il le cherche. le chien habite maintenant tout son univers mental et environnemental. Il se passe quelque chose dans la tête de Julius. Il y a une rupture dans son entendement, dans sa solitude. Il croise un chasseur qui martyrise un cerf. À ce moment précis, Julius voit un tueur, un tueur d'animal, un tueur de chien. Il le tue. À quel moment précis Julius a-t-il épaulé le Lee-Enfield pour parcourir la forêt ? À quel moment les coups de feu répétés des chasseurs lui sont-ils devenus insupportables. Julius Winsome a été dérangé dans sa paix intérieure et maintenant il tire sur des chasseurs qui tirent sur des êtres à pattes, à plumes ou à poils, de façon inconsidérée, l'un comme les autres. Mais qui a tué Hobbes ? Hobbes, le chien tué à bout portant. le chien Hobbes retrouvé ensanglanté. Conduit chez le vétérinaire par Julius, agonisant, puis mort et enterré au milieu du parterre de fleurs, des fleurs minutieusement cultivées par son maître.
Commenter  J’apprécie          512
La cinquantaine, Julius Winsome est un solitaire. Il vit dans un chalet au coeur de la forêt du Maine, près de la frontière canadienne, avec pour compagnie trois mille deux cent quatre-vingt-deux livres reliés en cuir hérités de son père, une carabine Enfield et des souvenirs datant de la Première Guerre mondiale hérités de son grand-père, et son fidèle chien Hobbes.
« Le lieu est solitaire, non seulement en automne et en hiver, mais d'un bout de l'année à l'autre. le temps est gris et rude, les espaces sont vastes et désolés, et le vent du nord balaie tout sans pitié, vous arrachant même parfois certaines syllabes de la bouche. »

Julius est un homme paisible, amoureux des livres et des mots, de la nature et des fleurs, appréciant le calme et le thé chaud, vivotant de petits boulots, suffisamment pour profiter du peu dont il a besoin.
Mais par un après-midi glacial de la fin du mois d'octobre, son chien est tué d'un coup de fusil. A bout portant. La vie de Julius va alors prendre un tout autre sens...
« Il était mon ami et je l'aimais. Un point c'est tout. »

C'est dans une nature éblouissante de détails que nous entraîne l'auteur. La poésie des détails nous insuffle charme, sérénité, candeur. Presque le bonheur. Presque parce le changement radical de Julius nous empêche de profiter pleinement de la chaleur émanant du texte.
Un seul narrateur, Julius, discute avec le lecteur. Avec le lecteur ? Ou avec lui-même ? Et ce qu'il nous relate est la simplicité même de la vie, au coeur de cette forêt du Maine, au coeur des mots qu'il engrange grâce à ses nombreuses lectures, surtout ceux de Shakespeare qu'il collectionne et inventorie sur des fiches, et aux souvenirs laissés par son père et son grand-père décédés depuis bien longtemps. Gerard Donovan « force » ainsi le lecteur à suivre les déambulations de Julius, autant physiques que spirituelles, dans une nature rude et belle où le poids des mots cède peu à peu la place au poids des armes.
C'est beau et terrible à la fois. C'est une lecture à découvrir lentement pour bien s'imprégner du climat et de la pensée de Julius.

« Ceux qui vivent très vieux et ceux qui meurent très jeunes perdent la même chose. Ils n'abandonnent que le présent, puisque c'est tout ce qu'il possède. » Marc Aurèle.
Commenter  J’apprécie          476

Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
La Première Guerre mondiale, la bataille de la Somme, la morne terre agricole française où sont tombés un million d'hommes, un demi-million de Britanniques, deux cent mille Français et plus de cinq cent mille Allemands, tués par balle ou déchiquetés par des pièces d'artillerie, lieu bombardé par un million six cents boulets tirés par quinze cents canons durant une semaine entière avant que les Alliés lancent l'assaut, ce qui ne les a pas empêchés de perdre cinquante-huit mille hommes rien que le premier jour. À ton avis, Julius, combien de personnes gardent le souvenir de cet épisode ?
Commenter  J’apprécie          170
«  Mon père était un grand lecteur , et de longs rayonnages s'étendaient à partir du poêle à bois jusqu’à la cuisine, à droite et à gauche, bibliothèques de quatre étagères , contenant tous les livres acquis par mon père , car il lisait vraiment tout ...
J’étais donc entouré de trois mille deux cent quatre-vingt-deux livres, reliés en cuir , premières éditions ou livres de poche, tous en bon état , rangés par ordre alphabétique et répertoriés sur des listes écrites au stylo.... »
Commenter  J’apprécie          192
Etrangement, je me revoyais en train d'écrire ces mots en particulier, me rappelais l'odeur de la pièce, les objets aperçus au moment où je les traçais, la sensation éprouvée en formant les lettres, les vêtements portés, l'étroitesse et la sécurité du monde d'alors, la chaleur du feu, la tranquille affirmation de la part de mon père qu'il était important de posséder des livres mais qu'il importait encore plus de les lire. A présent que ce monde était parti au diable pour ne plus jamais revenir, ces souvenirs semblaient compter d'autant plus. Tout se trouve dans les livres, regarde tous ces livres, une existence entière anime ces murs.
Commenter  J’apprécie          140
Quelle tristesse de jeter cette première pelletée de terre sur sa tête, de voir cette découpure effectuée dans ce corps qui avait si souvent couru après des jouets que j'avais lancés ou frissonné sur le sol au cours de rêves dans lesquels il galopait en aboyant.
La pelle entrait et sortait du faisceau lumineux tandis que la terre heurtait son ventre, son dos, pénétrait dans ses oreilles, dans ses yeux, et que je l'ensevelissais, ainsi que tout ce qui avait contribué à faire de lui ce qu'il était : ses promenades, ses moments de repos, ses repas quand il avait faim, les étoiles qu'il contemplait parfois, le jour où je l'avais amené à la maison, la première fois où il avait vu la neige, et chaque seconde de son amitié, tout ce qu'il a emporté avec lui dans le silence et l'immobilité.
J'ai jeté sur mon ami le monde entier à coups de pelle et en ai ressenti le poids, comme si j'étais étendu à ses côtés dans ces ténèbres.
Commenter  J’apprécie          93
On combat l’hiver en lisant toute la nuit, tournant les pages cent fois plus vite que tournent les aiguilles...
Un hiver dure cinquante livres et vous fixe au silence tel un insecte épinglé, vos phrases se replient en un seul mot, le temps suspend son vol, midi ou minuit c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Chaque coup d’oeil rencontre de la neige. Chaque pas s’enfonce vers le nord. Voilà l’heure du Maine, l’heure blanche.
Commenter  J’apprécie          160

Videos de Gerard Donovan (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gerard Donovan
Le pays de cocagne - Gerard Donovan Marque Page 15-03-2011
autres livres classés : littérature irlandaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (457) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz de la Saint-Patrick

Qui est Saint-Patrick?

Le saint patron de l’Irlande
Le saint-patron des brasseurs

8 questions
251 lecteurs ont répondu
Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

{* *}