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EAN : 9782226328700
165 pages
Albin Michel (02/01/2017)
3.36/5   21 notes
Résumé :
Le soir du second tour des élections présidentielles la ville s'embrase, le pire est arrivé. David se retrouve à déambuler face aux émeutes et à sa vie ratée. Mina, elle, a préféré s'embarquer sur un cargo vers les Antilles pour ne pas assister à la débâcle. Deux êtres en proie à l'impuissance d'aimer qu'une nuit de cataclysme va profondément changer. Deux voyages intérieurs qui s'entremêlent en fiévreuses et subtiles sinuosités. Eric Pessan poursuit une œuvre singu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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2017, nous élirons notre futur(e) Président(e) de la République et le scénario du livre pourrait devenir réalité.

Un homme découpe sa carte d'électeur en petits morceaux avec de gros ciseaux, un couple pleure, d'autres crient leur colère ou manifestent. Oui, c'est arrivé, le pays a basculé du côté de l'extrémisme. « Chacun a les dirigeants qu'elle mérite, crie un homme caché par l'ombre d'un mur. »

David erre à travers les rues de la ville seul, se fait apostropher par des clochards, pardon SDF, ou par des personnes qui, comme lui, ont perdu tous leurs repères. David cet homme qui ne sait jamais dire non à son patron, qui part travailler la boule au ventre, revient lessivé avec toujours la même boule au ventre qui a encore grossi. Cet homme est gris, insipide à force de renoncement. Même Mina, il a réussi à la perdre à force de se taire, de ne pas s'expliquer, de renoncer. C'était pourtant une belle histoire d'amour entre eux. Mina aurait bien voulu tout partager avec David, mais voilà, le mur est devenu opaque à force de ne pas se parler, ne pas se confier. « Peut-être qu'avec David ils ont manqué d'endurance, qu'ils se sont essoufflés trop vite, qu'ils n'ont pas su faire front ensemble. A force d'humiliations minuscules, chacun n'avait plus assez d'estime de soi pour supporter d'être aimé. » Elle est partie, retournée chez ses parents, les écouter, les regarder s'engueuler, plutôt son père gueuler, exiger…
Le jour des élections, elle est partie sur un cargo direction les Antilles pour ne pas savoir, ne pas voir, ne pas connaître le résultat. Quitte à être seule, au moins l'être au milieu de nulle part sans apercevoir la terre ; la mer, encore la mer, toujours la mer.

Pourtant, ils sont encore connectés, encore liés. Ils ne peuvent s'empêcher de penser l'un à l'autre, de sentir, voir les mêmes choses à peu près au même moment. Lui « Faiblement éclairé, son reflet n'a que des trous la place des yeux », elle « Mina chercher son regard dans le reflet d'un hublot, ne voit qu'une vague figure percée de trous béants. ».
A terre, les français se réveillent avec la gueule de bois. Ils se ruent dans la rue, les pour, les contrer, les autres. le pays se retrouve coupé en deux. Ceux qui ont voté pour et les autres.
Eric Pessan l'écrit dans le dernier chapitre, cite une phrase de Tristan Bernard « Agé de presque quatre-vingts ans, arrêté durant l'Occupation pour être déporté à Drancy, l'écrivain aurait déclaré à son épouse : Jusqu'à présent nous vivions dans l'angoisse, désormais, nous vivrons dans l'espoir »

Certains chapitres, commençant par « Il y a le feu sur terre sont écrits avec des paragraphes qui ne se terminent pas par des points, pour mieux faire ressortir l'urgence, l'essoufflement, le trouble suite aux résultats du second tour des élections présidentielles.
‘Qui a envie de voter pour quelqu'un qui annonce d'emblée de ne pas pouvoir contrer la financiarisation du monde ? Qui a envie de s'engager pour quelqu'un qui est à demi dans le renoncement ? Qui veut soutenir quelqu'un qui ne parle que de rigueur, de crise, d'austérité, dans un monde que l'on sait prospère et florissant comme jamais le monde ne l'a été ?
A force d'oublier qu'ils doivent faire rêver, les partis traditionnels ont enfanté un cauchemar. »

J'ai découvert Eric Pessan avec Muette, un superbe livre aux petites phrases quotidiennes et assassines. La nuit du second tour est un roman intense et engagé, peut-être pour nous dire réveillons-nous avant qu'il ne soit trop tard..
Et vous, que feriez-vous si cela arrivait ?
Les éditions Albin Michel ont publié un livre engagé. La littérature sert à ça aussi.
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C'est peu de dire que ce roman bouscule. C'est pire que ça, il vise juste. Tellement juste que l'on se prend à croiser les doigts pour que cette lecture appartienne à ce processus que l'on utilise pour conjurer le sort. Imaginer le pire pour qu'il ne se produise pas. Et c'est justement ce que pointe Eric Pessan. Nos renoncements, nos petites lâchetés, notre tendance à rester spectateur en nous persuadant que tout ira bien.

L'espace-temps qu'il utilise nous projette dans une sorte de no man's land au temps suspendu. Cette nuit est celle où l'on sait que le pire est arrivé (l'extrême droite a gagné l'élection présidentielle) mais sans avoir aucune réelle idée de ce qui se passera ensuite. "Il y a le feu sur terre". C'est pourquoi Mina a choisi de passer cette nuit au milieu de l'océan, sur un cargo qui vogue vers les Antilles. L'envie d'une parenthèse hors d'atteinte du flot d'informations, faute de réseau. Avec pour compagnie un équipage roumain et un couple sujet au mal de mer qui ne quitte pas sa cabine. Plusieurs mois auparavant, Mina vivait avec David. Ils se sont quittés lorsque leur relation a tiédi. Mais ce soir, en ville, David pense à Mina. Il erre dans la ville où les voitures brulent et la police tente de juguler les manifestations. Il marche dans l'inconnu.

Pour David et Mina, chacun dans sa bulle, c'est le moment de penser à ce qui les a conduits là. David qui se rend au travail le matin la boule au ventre, pliant de plus en plus sous le joug d'un management autoritaire et déshumanisé. Mina, soumise à l'autorité caractérielle et perverse d'un père qui fait supporter son handicap à toute sa famille. Comment ont-ils petit à petit renoncé à affirmer leur propre volonté ? Comment ont-ils laissé ces contraintes peser sur leur couple ? Comment les sommes de renoncements et de petites lâchetés de millions d'individus ont-ils abouti à ce résultat au second tour de l'élection présidentielle ?

"La catastrophe se déploie lentement, elle est intime, insidieuse, elle s'installe par petites touches et métastase le présent. La catastrophe n'envoie pas bouler les immeubles à grand renfort d'effets spéciaux, elle est une plume qui s'ajoute au poids d'une plume qui s'ajoute à celui d'une autre plume, et ainsi de suite depuis des années. La catastrophe avance comme poussent les ongles ou les cheveux. le processus est invisible à l'oeil nu."

Faut-il que le pire arrive pour qu'enfin l'espoir renaisse ? Faut-il toucher le fond pour enfin trouver l'énergie de remonter à la surface ? Comme l'a dit un écrivain célèbre raflé en 1943 et enfermé au camp de Drancy : "Nous vivions dans la peur, nous allons désormais pouvoir vivre dans l'espoir". Il est à la fois revigorant de se rappeler que de tout temps, on a résisté et que l'on résistera encore. Mais il est aussi désolant de constater que l'on pourrait éviter les extrémités auxquelles on arrive.

"Cette nuit on se dit qu'ils (les partis politiques) sont coupables, tous coupables. Peut-on leur imputer notre échec, de ne pas avoir su nous conduire comme des humains dignes de ce nom ?"

Oui, Eric Pessan touche juste, comme en témoignent les post-it qui transforment mon exemplaire en hérisson tant les phrases qui m'interpellent sont nombreuses (mais je ne peux pas reproduire ici tout le livre, n'est-ce pas ?). Je défie quiconque de ne pas se sentir concerné par l'image qu'il nous renvoie de nous, pauvres humains soumis à nos dictatures quotidiennes et trop occupés à tenter de survivre.

Une lecture marquante, profondément remuante mais tellement utile.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Après Incident de Personne que j'avais lu la semaine dernière et dont j'avais parlé ici, je me suis lancé dans la lecture d'un autre roman d'Eric Pessan : La nuit du second tour, dont j'avais entendu parler dans l'émission le Masque et la Plume sur France Inter. Les critiques/chroniqueurs de l'émission n'étaient pas forcément emballés par ce livre, mais le thème et l'idée de départ m'ont suffisamment intrigué pour me donner envie de le lire.

Le point de départ de ce roman est porté par son titre : il se déroule la nuit suivant le second tour de l'élection présidentielle française. On devine rapidement que l'élection a été remportée par le (la) candidat(e) du parti d'extrême-droite, même si ni le candidat ni le parti ne sont nommés explicitement dans le livre.

L'auteur nous propose alors de suivre les pas et les pensées de deux personnages : David et Mina, qui formaient un couple quelques mots avant le début du récit. David, secoué par le résultat de l'élection, parcourt les rues de sa ville. Quant à Mina, elle se trouve à bord d'un cargo qui vogue vers les Antilles, puisqu'elle a choisi de fuir avant que la catastrophe électorale n'ait lieu.

Le récit n'est pas forcément passionnant, il ne se passe d'ailleurs pas grand chose de passionnant pendant cette fameuse nuit du second tour. Bien sûr, la ville que parcourt David est le cadre de manifestations spontanées, d'incendies de voitures et de pillages barbares, et Mina nous guide à travers la vie particulière sur un cargo transatlantique. Mais le récit qu'en fait l'auteur semble vouloir reléguer ces événements au second plan, au profit des pensées des deux personnages sur le mal-être individuel et sur le couple. A cela s'ajoute des tentatives de discours sur la politique, parfois un peu simpliste voire moralisateur. Finalement, entre ces deux aspects du roman, entre les réflexions existentielles et l'essai politique, l'auteur ne choisit pas vraiment et il n'est parvenu à me convaincre ni d'un côté, ni de l'autre.

J'ai tout de même retenu un extrait qui m'a bien plu :

Qui a envie de voter pour quelqu'un qui annonce d'emblée ne pas pouvoir contrer la financiarisation du monde ? Qui a envie de s'engager pour quelqu'un qui est à demi dans le renoncement ? Qui peut soutenir quelqu'un qui ne parle que de rigueur, de crise, d'austérité, dans un monde que l'on sait prospère et florissante comme jamais le monde ne l'a été ?

A force d'oublier qu'ils doivent faire rêver, les partis traditionnels ont enfanté un cauchemar.

[...]

A ceux qui protestaient, qui réclamaient des améliorations, des espoirs, on n'a jamais répondu. Les partis traditionnels ont moqué leur ingénuité et leur candeur ; ils ont dit aux gens qu'ils ne pouvaient pas comprendre, qu'ils ne réalisaient pas, qu'ils ne pouvaient pas s'imaginer. Qu'est-ce que vous croyez ? Que les solutions se trouvent sous le sabot d'un cheval ? Ceux qui gouvernent comme ceux qui voulaient gouverné ont infantilisé le mécontentement, se sont amusés des grands élans donquichottesques de ceux qui voulaient changer le monde. Ils ont dit de ne pas bouger, de ne rien faire, de se contenter de voter et de ne surtout pas venir exprimer de déception. Ils ont dit qu'il fallait participer, aider, collaborer, accompagner, promouvoir. Ils ont rabâché que les temps n'étaient plus au faste et au luxe sans jamais apporter une seule preuve.

Les partis politiques traditionnels n'ont pas su offrir un sourire, une joie, ou - à défaut - l'espoir d'une joie possible à ceux qui en avaient besoin.


J'ai traversé ce roman sans déplaisir, mais aussi sans enthousiasme, sans entrain. Il me semble que l'idée de départ avait plus de potentiel que ce qui nous est finalement proposé, et c'est là le coeur du problème selon moi : il y avait tellement plus, tellement mieux à faire avec ce livre. Je n'aime pas les déceptions, et cette lecture en est malheureusement une.
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S'il y a bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas en ouvrant La nuit du second tour, c'était de tomber sur un aussi beau roman.
Située dans un contexte politique, l'histoire n'avait pas toutes les chances de me conquérir, la politique étant un sujet qui est loin de me passionner. Mais La nuit du second tour n'est pas qu'un livre abordant le sujet de la politique, il est également l'histoire de deux errances et une remise en question pleine de vérité et de poésie. Pas besoin de plus pour faire toute la différence.

L'auteur nous plonge dans une époque très proche de la notre, une époque qui semble parfois complètement hors du temps avec son absence de noms (que ce soit de politiques ou de partis) auxquels se raccrocher. Les élections sont françaises, et le pire est arrivé. On imagine sans mal ce que l'auteur essaye de signifier, mais rien ne sera jamais nommé. Une merveilleuse idée pour dénoncer avec intelligence, sans pointer du doigt un coupable expressément nommé.

C'est donc ainsi que débute ce récit, dans un drôle de flou temporel et situationnel, dans lequel le lecteur est invité à se laisse embarquer, dans la même mouvance que David et Mina, les deux protagonistes. David erre la nuit entière dans une ville ravagée par la révolte et l'incompréhension tandis que Mina vogue dans un cargo en direction des Antilles.
Le roman utilise alors les élections pour donner un sens aux questionnements de Mila et David, pour revenir sur leur situation passée, pour entamer chez les deux jeunes gens une introspection mêlée de doutes et de regrets. La politique passe vite au second plan et n'en devient que plus intelligemment utilisée.
Pour ma part, j'ai eu l'impression de passer ma lecture à entrevoir des idées et dénonciations sur la politique et la société sans qu'elles me soient imposées. Tout est fait de façon très subtile, ce qui rend les propos à la fois beaucoup plus percutants et amène une réflexion plus poussée.
Il faut aussi dire que toutes ces idées sont le plus souvent présentées à travers les pensées de Mina et David, ce qui joue d'ailleurs énormément sur l'impact qu'elles peuvent avoir car l'on se sent très proche des deux protagonistes, deux adultes somme toute très normaux, auxquels il est facile de s'identifier et de se prendre d'affection.

Mais ce qui fait pour moi la force de ce roman, c'est son style très particulier, à la fois très maîtrisé et d'une poésie aussi belle que simpliste. Les mots sont justes, les ressentis criants de vérité. Et le rythme des paragraphes qui s'enchaînent, alternant les voix de David et Mina, le début du paragraphe de l'un semblant être l'écho de la fin du paragraphe de l'autre, offre à l'histoire une structure à la fois si poétique et si entraînante, que le roman se dévore en quelques heures.

Il n'y a pas à dire, avec ce roman qui touche de très près à notre actualité tout en embarquant le lecteur dans une histoire pleine d'humanité, La nuit du second tour est un récit qui arrive à nous donner à réfléchir et, à la fois, à nous toucher.
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Ce n'est pas un secret pour qui suit ce blog : j'aime Eric Pessan, enfin, entendons-nous bien, lorsque j'écris cela, comprenez : j'aime les livres d'Eric Pessan. Je l'ai découvert il y a longtemps avec Les géocroiseurs et juste après avec L'effacement du monde, son premier roman, superbe, que je conseille vivement à tous. Je parle volontairement de ce premier roman, car j'ai retrouvé dans La nuit du second tour, la profondeur, la mélancolie, l'abîme dans lequel ses personnages s'enfoncent se posant mille et une questions. David et Mina sont deux personnes un peu perdues depuis qu'elles se sont quittées, David abruti par son parcours professionnel et sa peur de dire non à son responsable pour garder son emploi, Mina évoluant comme une somnambule, sans vraiment participer à sa vie. Et puis, quelques mois après cette séparation, survient une campagne pour l'élection présidentielle aussi lamentable que celle que nous subissons actuellement (qui pourrait bien se finir comme dans la fiction) : "Des années et des années de débats, de dénonciations, d'appels à l'intelligence, de luttes pour finalement en arriver là. L'addition des crises et des promesses trahies, des dépressions et des chances ratées, des petitesses et des rancoeurs, des ego et des arrivismes, plus la conviction profonde que le pire ne se produira jamais ont permis que cela advienne." (p.129) Ces deux phrases peuvent décrire l'élection bien sûr mais aussi la relation entre David et son employeur. Sur fond de violence, de peur, de frustration, David et Mina évoluent, vont au plus profond d'eux-mêmes pour tenter de rebondir et se sortir de ce brouillard qui recouvre leurs vies : "Un jour, quelque chose devait fatalement céder, parce qu'il est plus facile de se rompre que de se transformer, de se déchirer que d'adopter une nouvelle forme. David habite une vie invivable, un champ devenu stérile de n'être pas entretenu." (p.16/17).

Ce roman est assez court, dense, formidablement écrit, les phrases élégantes, parfois très visuelles : "Des nappes de brouillard lacrymogène coulent au sol et lèvent des nuages à hauteur d'homme. Les volutes masquent la confusion, s'improvisent rideau, se tissent et se déchirent net quand un manifestant en jaillit, poursuivi par des policiers en civil." (p.102). L'écriture est sobre et travaillée, va à l'essentiel à l'intérieur de David et Mina, sans pour autant oublier de décrire les arrière-plans : ville en révolte ou océan déchaîné. Quelques chapitres du début et de la fin adoptent une ponctuation et un découpage particuliers marquant à la fois l'urgence de la situation et la déroute de David, Mina et plus globalement des Français accablés par le résultat de l'élection.

J'aurais aimé être plus léger dans mon propos, mais le bouquin est tellement en phase avec ce que nous vivons actuellement et qui n'est pas risible du tout que ça m'est impossible. Fillon sombre par trop de malhonnêteté et le Pen grimpe haut, très haut, trop haut malgré une honnêteté aussi absente que celle de son confrère. La gauche est divisée comme jamais... J'ai rarement autant craint une élection.

Un roman -pour revenir à mon sujet principal- qui se lit lentement, malgré le feu dans les rues, qui se savoure pleinement et dont les deux protagonistes principaux risquent bien de marquer le lecteur durablement, j'ajoute une qualité littéraire indéniable et évidente, et voilà, un autre coup de coeur de ce début d'année.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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critiques presse (1)
Bibliobs
24 janvier 2017
Dans son roman de politique-fiction imminente, Eric Pessan ne nomme rien, mais dit tout.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui s'est produit est tout à la fois confus et tellement prévisible : des défaites minuscules qui n'en finissent plus de s'additionner aux fiascos de la veille, et de l'avant-veille, et des semaines passées. Un goût d'acidité dans l'estomac. Une accumulation comme une masse d'eau qui donne du poids contre une digue ; isolée goutte à goutte, l'eau n'a aucun pouvoir, son action est dérisoire, mais elle peut compter sur un lent travail de sape, d'infiltration et de pression pour grignoter le béton particule par particule, centimètre après centimètre ; l'eau a pour elle la patience et le volume.
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Depuis le temps que l'on écrit des livres, continue-t-il, on se demande bien à quoi cela sert. Si les livres pouvaient empêcher les gens d'être cons, si les livres pouvaient donner l'exemple, ça fait longtemps qu'on le saurait. Soit personne ne lit de livres, soit ceux qui devraient les lire ne les lisent pas, soit personne ne comprend vraiment ce qui est écrit dans les livres. Si on lisait vraiment, vous m'entendez ?, vraiment, il n'y aurait plus de violence, ni d'assassinat, ni de guerre. Cette nuit n'aurait pas eu lieu. La vie n'est pas possible sans littérature, crie-t-il.
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Qui a envie de voter pour quelqu’un qui annonce d’emblée de ne pas pouvoir contrer la financiarisation du monde ? Qui a envie de s’engager pour quelqu’un qui est à demi dans le renoncement ? Qui veut soutenir quelqu’un qui ne parle que de rigueur, de crise, d’austérité, dans un monde que l’on sait prospère et florissant comme jamais le monde ne l’a été ?
A force d’oublier qu’ils doivent faire rêver, les partis traditionnels ont enfanté un cauchemar
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Au bureau, dans la rue, le week-end et le soir chez ses parents, Mina donne le change et nul ne se doute du grand froid qui gèle son ventre, tous la complimentent sur sa bonne mine, son sourire, la sérénité de son regard. Depuis l'enfance, elle a compris à quel point il est facile de dissimuler. Pas besoin de masque, de maquillage ou de tenue de camouflage. Pas besoin de mensonge. Il est facile de dissimuler parce que les gens ne regardent pas vraiment, n'écoutent pas vraiment, ont d'autres priorités, d'autres chats à fouetter, d'autres soucis en tête.
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A force de trahisons, à force de renoncements, à force d’immobilisme, à force de réalisme, à force de donner l’impression qu’ »ils n’y sont pour rien, à force de laisser croire qu’ils ne peuvent absolument pas influer sur l’ordre des choses, à force d’orgueil, à force de dédain, à force de répéter qu’ils ne sont pas responsables, à force de morgue et d’ignorance, les partis politiques traditionnels ont fini par provoquer la catastrophe, se dit Mina.
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Vidéo de Éric Pessan
Le jeudi 25 mai 2023, les éditions Aux forges de Vulcain, représentée par David Meulemans, ont présenté aux libraires les deux romans qu'elles publient à la rentrée littéraire 2023 : MA TEMPÊTE d'Eric Pessan et AVANT LA FORÊT de Julia Colin. Ces deux romans sortent le vendredi 25 août 2023. Cette présentation est destinée à des professionnels du livre, qui doivent, au sein d'une rentrée littéraire de quatre cent titres, se répartir des lectures, et les faire pendant l'été, pour pouvoir à la rentrée conseiller des romans aux lectrices et lecteurs. Par manque de temps, l'exercice n'a pas été préparé. Nous sommes donc loin d'un standup à l'américaine, millimétré. Mais c'est cette raison même qui nous fait aimer cette vidéo : David commence sa présentation, et là, cela prend un tour inattendu car la diffusion avait prévu une surprise, une explosion de cotillons, pour fêter le succès du roman de Gilles Marchand, LE SOLDAT DESACCORDE. La "diffusion" ? La diffusion, c'est ainsi que l'on nomme dans le monde du livre les personnes qui font le lien entre les maisons d'édition et les libraires. Bien sûr, une maison d'édition a des liens directs avec les libraires. Mais la diffusion met au service des livres publiés toute une armée de personnes qui permettent d'apporter, à toutes les librairies francophones, de Paris à Santiago, les informations requises sur les nouveautés. Sans la diffusion, il n'est guère possible de donner à un livre l'écho qu'il mérite. Merci aux diffuseurs et à leurs représentantes et représentants !
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