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EAN : 9782283028421
168 pages
Buchet-Chastel (10/04/2015)
3.92/5   12 notes
Résumé :
Nos destins et ceux des animaux qui nous entourent ont-ils, au-delà de l'affection que nous nous portons, à voir ?
C'est la question qui travaille cet étonnant recueil de nouvelles. Au fil de narrations sensibles et iconoclastes, presque toujours servies par de puissants portraits de femme, Guadalupe Nettel confronte le lecteur à ce que notre humanité a de plus cruellement animal. Des poissons, des chats, ou encore des cafards mêlent ainsi leur destinée à cel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Buchet Chastel pour l'envoi de ce superbe ouvrage, très bel objet livre avec une couverture granuleuse, très agréable au toucher et avec une très belle illustration.


C'est un recueil de nouvelles mettant en scène des narrateurs le plus souvent féminins pour 4 nouvelles sur 5 et des situations particulièrement difficiles de la vie quotidienne. Le ton est concis, tantôt poétique tantôt pragmatique. Le style et les intrigues sont parfaitement claires et tranchantes de réalisme.


"La vie de couple des poissons rouges" ou la cohabitation de deux poissons combattants chez un jeune couple nouvellement parent. Comme la narratrice jeune-maman, j'ai été excédée par la muflerie de Vincent mais il faut dire que celle-là baisse bien trop vite les bras et se résigne bien trop vite. Une histoire banale couple en souffrance. Triste, révoltante, poignante, peinante. Le style de cette nouvelle est clair simple, sans fioritures. La psychologie féminine est dépeinte à merveilles dans toutes ses contradictions. Je me suis d'ailleurs facilement identifiée à la narratrice, partageant ses émotions. Une nouvelle à la saveur douce-amère sur les aléas de la vie de couple des humains et autres poisson rouges.


"Nos ancêtres les cafards". Un entomologiste nous raconte son enfance et le pourquoi de sa vocation, sa ressemblance troublante avec un certain insecte peu amène. Les cafards effraient, révulsent, dégoûtent mais la sagesse de la vieille Clémencia ouvre de nouvelles perspectives, des hypothèses qui, bien que farfelues, ne sont pas loin d'être kafkaiennes. A nos ancêtres les cafards, nous devons le respect car finalement les cafards ne sont-ils pas des humains comme les autres ? C'est à la fois frissonnante et attendrie que j'ai parcouru les tribulations de ce petit garçon en mal d'affection, solitaire, et abandonné comme le mal aimé à six pattes. Une belle leçon d'humilité dans un style caustique non dénué d'humour tendre avec en toile de fond la question de l'abandon et de la psychiatrie tout à fait cohérente.


"Féline" : Histoire de chats, deux chats, deux grossesses, l'une humaine et inopinée, l'autre féline et décidée (bizarrement). Le ressenti de la narratrice oscille tour à tour entre doute, rejet, tendresse, peur. De même que l'animal qui l'accompagne dans cette expérience, le côté versatile ressort du comportement de cette jeune femme. Un message d'amour aux chats, à leur indépendance, leur empathie, à leur liberté et aux choix qu'ils font peut-être avec plus de facilité que nous autres humains. A la fatalité aussi peut-être.


"Champignons" : Glauque transformation d'une passion charnelle et fusionnelle en relation végétative et unilatérale. De femme adultère à parasite champignonneux, il n'y a qu'un pas. Le parallèle est vite fait dans cette courte nouvelle et peu ragoûtant, il faut bien l'admettre. Le style est à l'image de l'intrigue, visqueux, et si les débuts flamboyants de cette passion défendue font sourire, la chute sombre dans le marasme, laisse la nausée au coeur et à l'âme devant ce nouvel état de la narratrice.


"Le serpent de Pékin" : Une histoire de famille, de voyage, de retour aux origines, de tentation et de changement. Les tentatives d'une famille désespérées d'une famille en perdition pour retrouver son bonheur d'avant. Le style est mélancolique et emprunt d'une certaine inertie. Sans doute, la nouvelle que j'ai préféré de ce recueil car exempte de l'air vicié qui flotte sur les précédentes malgré l'aveu d'adultère et le mal-être qu'il en ressort. C'est également la seule nouvelle qui met en scène un narrateur masculin, jeune lycéen. Moins d'identification ? Moins d'empathie et donc moins de malaise ? Je ne saurais le dire.



Je ressors de cette lecture mal à l'aise, nauséeuse. Les scènes évoquées poussent le lecteur dans ses derniers retranchements face à des situations quotidiennes qui sonnent désagréablement familières. J'ai adoré l'écriture de l'auteur et je suis heureuse de l'avoir découverte. Néanmoins, je ne conseillerai pas ce livre si vous avez le moral en berne. L'atmosphère de ces nouvelles ne ferait que vous engluer davantage. J'ai lu non avec plaisir (vu le ton des nouvelles, cela serait faire preuve de sadisme) mais avec une grande curiosité et un intérêt tout particulier pour le lien habile que réalise l'auteur entre humain et animal, en extrayant l'animal, le sauvage des humains civilisés que nous sommes sensés être.
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Quand j'ai vu que la traduction d'une nouvelle oeuvre de la jeune prodige mexicaine - trop peu connue à mon goût - Guadalupe Nettel était disponible en français, je n'ai pu m'empêcher de faire un saut de joie, mon enthousiasme s'expliquant par le fait que je vois (lis) en elle une artiste de la trempe de la bien plus connue Yoko Ogawa, rien de moins.

Dans cet excellent nouvel opus qui compte cinq nouvelles à forte connotation animale, l'auteur nous embarque - comme dans chacun de ses livres - dans son univers étrange, en nous révélant cette fois-ci les liens mystérieux et invisibles qui relient les animmaux aux êtres humains. Ont ainsi droit au chapitre les poissons rouges, les cafards, les chats, les champignons et le serpent qui, tel un miroir "reflètent nos émotions et nos comportements latents que nous n'osons pas regarder en face".

Rien d'exceptionel ni d'attirant au menu, me direz-vous. Oui et non. Car même si les situations de départ semblent à chaque fois anodines et pas dignes d'un intérêt particulier, Guadalupe n'a pas son pareil pour sortir sa l(o)upe, nous montrer ce qui se passe sous la surface des choses et à pointer le doigt sur les forces occulté(e)s qui échappent à notre oeil d'humain. Car comme elle l'a si bien compris, bien souvent, l'intérêt n'est pas dans les choses elles-mêmes, mais dans leur façon de se relier entre elles et au monde.

Son deuxième don est la capacité qu'elle a de nous entraîner dans ses découvertes extra-sensorielles peu ragoûtantes (convenez-en) sans l'avoir l'air d'y toucher et sans contrainte aucune, comme si elle éprouvait un réel plaisir à courtiser nos bas instinct de voyeur - ne serait donc pas le plus animal qui l'on croit ?, telle une araignée tissant une toile aux couleurs enchanteresses pour mieux nous dévorer.

En résumé, fans de Yoko Ogawa, mais aussi amateurs de beauté étrange, de nouvelles mystérieuses au style épuré à la tension croissante, n'hésitez pas. Dépaysement garanti!

Merci à l'éditeur Buchet-Chastel et à Babelio pour cette envoûtante découverte.



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Une auteure mexicaine, un titre intrigant, une collection dans laquelle je n'ai encore rien lu… hop, direction le sac de bibliothèque ! La première nouvelle au ton subtilement décalé met en scène une jeune femme enceinte qui devient quelque peu obsédée par ses deux poissons combattants dans leur bocal. La deuxième nouvelle permet de voir apparaître des constantes, des directions communes aux cinq textes.
Ces nouvelles sont assez longues pour bien installer l'ambiance. Les personnages apparaissent plutôt solitaires et renfermés sur eux-mêmes. Pour différentes raisons, ils ont du mal à communiquer avec leurs semblables et se sentent plus proche du monde animal, voir végétal
Tout le monde n'appréciera pas forcément l'univers de ces textes où les narrateurs, hommes ou femmes, jeunes dans l'ensemble, deviennent obnubilés par des animaux, par une espèce, et se rendent compte qu'ils se sont éloignés du règne animal, et que c'est cela qui ne va pas dans leur vie… Ils peuvent même devenir hôtes consentants de champignons, dans la quatrième nouvelle que j'ai trouvé un peu écoeurante, il faut l'avouer.
N'imaginez pas des nouvelles qui lorgnent du côté de la métamorphose, il ne s'agit pas de transformations physiques, enfin, pas tout à fait, car lorsque le mental est atteint, le corps subit parfois lui aussi des évolutions inattendues…
En bref, des nouvelles intéressantes et montrant un imaginaire plutôt original, qui fait penser à celui de l'auteure japonaise Yoko Ogawa. Elles aiguisent en tout cas la curiosité et donnent envie de relire cette auteure, peut-être dans un format plus long. Je note que l'auteure vit en partie en France, mais qu'elle écrit dans sa langue maternelle, limpide et très bien traduite.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Un recueil de nouvelles lues en un rien de temps, et qui réussissent à nous happer, à installer insidieusement une ambiance de malaise, et d'étrangeté. La première nouvelle est un modèle du genre : un couple se délite, sous les yeux (?!) de leurs poissons rouges. Les personnages semblent un peu dépassés, à subir leur vie, la relation à l'autre, et la confrontation avec l'animal, dans toutes les nouvelles, est là pour souligner le mystère, les difficultés de la relation entre deux être vivants. Des nouvelles réussies, une ambiance à part, un auteur, mexicain, cela change, à découvrir.
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Merci Babelio pour cette nouvelle sélection !
Et quel plaisir de recevoir un livre des éditions que j'affectionne tant : Buchet Chastel.
A chaque fois, il s'agit de romans sortant de l'ordinaire, originaux et de qualité.

De plus les nouvelles ont un attrait sur moi par leur côté dépouillé, énigmatique parfois, simple et complexe à la fois.
Cela a été le cas cette fois encore avec cet ouvrage au titre prometteur : "La vie de couple des poissons rouges", dont je ne connaissais pas l'auteur. Découverte supplémentaire fort agréable.

Il va sans dire que dans un recueil, certaines histoires nous touchent plus que d'autres de part notre vécu, nos sensibilités,...
Mention spéciale donc pour les nouvelles : "La vie de couple des poissons rouges" et pour "Féline".
Toutefois, dans chacune l'auteur réussit le tour de force de lier l'humain et l'animal de façon subtile et parfois dérangeante.

Une belle surprise que ce petit ouvrage, mais attention si votre vie de couple ne tourne pas rond (dans son bocal), n'entrez pas dans ces eaux troubles !!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Selon tes propres ancêtres, la seule manière d'en finir avec un démon ou avec une émotion infamante, c'est de la regarder en face. Voilà pourquoi j'ai acheté cet animal, voilà pourquoi j'ai décidé de le séparer de sa partenaire, pour observer sa douleur comme le reflet de la mienne.

(dans la nouvelle "Le serpent de Pékin")
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[...]Je suis convaincue que nos poissons s'aiment, bien qu'ils ne puissent pas vivre ensemble.
D'où avais-je tiré cette conclusion ? Je n'en avais aucune idée. J'ai réfléchi un peu à notre couple de poissons. Je me suis demandé selon quel critère ils avaient été choisis dans l'animalerie afin de partager le bocal qu'on avait donné à Pauline. Probablement rien de plus que le hasard ou la différence de sexe. Peut-être étaient-ils nés dans le même aquarium et connaissaient-ils depuis toujours. Ou au contraire, peut-être ne s'étaient-ils jamais vus avant d'être plongés dans ce récipient rond qu'ils avaient si étroitement partagé. Pouvait-on parler de destin dans le monde des poissons ?

(dans la nouvelle "La vie de couple des poissons rouges")
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Les félins souffrent en revanche d'une réputation d'égoïsme et d'indépendance excessive. Je ne partage absolument pas cette opinion. Les chats, c'est vrai, nous sollicitent moins que les chiens et leur compagnie est en général beaucoup plus discrète, voire quasi imperceptible. Je sais néanmoins par expérience qu'ils peuvent faire preuve d'une formidable empathie envers les êtres de leur espèce ainsi qu'envers leurs maîtres. En réalité, les félins sont extrêmement versatiles et leur caractère peut embrasser l'ostracisme de la tortue comme l'omniprésence du chien.

(dans la nouvelle "Féline")
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Un samedi matin, Isabel et moi étions assis dans la cuisine, à bavarder. Nous avions mis du pain à décongeler dans le micro-ondes. Tandis qu’elle m’expliquait les avantages du nouvel insecticide, nous avons entendu des crépitations inhabituelles dans le four. Quand nous avons ouvert la porte, trois cadavres de cafards gisaient sur le gril.
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Jusqu'alors, les champignons avait toujours été - pour moi en tout cas - des objets de curiosité qu'on voyait dans les dessins pour enfants, et que j'assimilais aux forêts et aux lutins. En tout cas, rien de semblable à cette rugosité qui donnait à l'orteil de ma mère l'apparence d'une huître.

(dans la nouvelle "Champignons")
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Videos de Guadalupe Nettel (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guadalupe Nettel
Boulder, la narratrice éponyme du roman d'Eva Baltasar, est cuisinière sur un cargo lorsqu'elle tombe amoureuse de Samsa ; attachée à son indépendance, elle décide néanmoins de s'installer avec elle en Islande. Leur amour est intense et sensuel, mais lorsque Samsa lui impose l'arrivée d'un enfant, leur couple se fissure ; tandis que le désir emporte la narratrice vers d'autres rives, elle réussit pourtant à nouer un lien singulier avec l'enfant biologique de Samsa. S'il est aussi question de maternité dans L'Oiseau rare, le désir ou le non désir d'enfant des héroïnes du roman de Guadalupe Nettel éprouve leur destin de femmes. La romancière y dépeint les multiples façons d'être mère et les mille façons d'aimer quand il faut faire face aux drames inattendus de la vie. Les deux autrices sondent avec poésie et justesse l'intimité de femmes ballottées par de puissants vents contraires.
Eva Baltasar est une écrivaine et poétesse catalane. Elle a fait paraître dix recueils de poèmes et trois romans. Ses deux premiers romans, Permafrost et Boulder, sont parus en français aux éditions Verdier (trad. Annie Bats, 2020 et 2022).
Guadalupe Nettel, née au Mexique, a partagé sa vie entre Mexico, Barcelone et Paris. Elle a écrit des recueils de nouvelles et quatre romans, dont le Corps où je suis née (trad. Delphine Valentin, Actes Sud, 2014), et Après l'hiver (trad. François Martin, Buchet-Chastel, 2016).
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