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Dina Regnier Sikiric (Traducteur)Nathalie Eberhardt (Traducteur)
EAN : 9782918619000
192 pages
La Dernière Goutte (07/10/2010)
4/5   10 notes
Résumé :

Etrange don que celui d'Ernest. Fils d'une baronne écervelée au point d'en oublier qu'elle l'a un jour enfanté, il est doté d'une imagination hors du commun et capable de subjuguer son auditoire en contant de fabuleuses histoires. Il ensorcelle tous les coeurs: des cohortes d'enfants l'acclament, les adultes se languissent de lui. Jusqu'au jour où les exploits du facétieux jeune homme parviennent aux oreilles de son oncle, &#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voilà un texte magnifique ! Ernst, le conteur, "l'affabulateur", séduit les gens qu'il rencontre tel le joueur de flûte d'Hamelin, au fur et à mesure des histoires qu'il invente, qui expriment à travers la tradition du conte et l'inconscient collectif dont il est porteur, toute la beauté et la richesse de la vie humaine. Malheureusement pour lui il tombe entre les mains de l'Inquisition, qui voit en lui un suppôt de Satan, parce qu'il oppose la sagesse, la liberté et la connaissance de l'imaginaire aux superstitions et au fanatisme. Mais où est donc la vérité ? Dans une vision du bien statique et définitive que nous pensons devoir défendre jalousement, où dans ce mouvement de vie toujours en évolution où le bien et le mal se confrontent sans cesse à travers nos émotions, nos pensées et nos actes ? N'est-ce-pas le mensonge du conte, l'affabulation, (comme en toute oeuvre issue de l'imagination) qui nous disent le plus profondément les vérités qui sont les nôtres ?
Ce livre qui raconte l'histoire d'un conteur est lui-même un conte, un peu comme dans ces mises en abîme où on voit une image reproduite dans une autre image etc. Par ce jeu habile de miroirs où le vertige ainsi crée donne au récit une profondeur de sens troublante, la réalité n'est décrite que par les remous qu'elle provoque, un peu comme ceux d'une pierre jetée dans l'eau.
S'ouvre alors un profond questionnement sur le respect de l'autre, la tolérance et la nécessité d'un regard autre que celui de la raison pure.
Et c'est ce regard qui, parce qu'il perçoit plus que l'apparence et qu'au-delà de la simple réalité il entrevoit quelque chose de plus grand, c'est ce regard quasiment prophétique du conteur (sauvé par tous ceux qu'il a aidé à vivre en leur offrant rêve et beauté) qui, ouvrant l'avenir, sortira vainqueur des forces de la mort :
"Je vais vous raconter une histoire... l'histoire du damoiseau Ernest d'Ehrenberg. Mais pas aujourd'hui, peut-être dans un an, dans deux ans peut-être. Ayez juste un peu de patience, je ne vous demande que cela, juste un peu de patience...

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Ce roman se lit d'un trait. Il se passe au Moyen-Âge... ou peut-être aujourd'hui car son sujet est d'une grande universalité, actualité. C'est un texte magnifique et très puissant sur la force de l'imaginaire, de la poésie, du récit. Et qui plus est, il est édité chez une maison d'édition qui mérite qu'on s'y arrête tant chacune de ses oeuvres est un bijou. le soin apporté aux livres, la mise en page, le choix des titres au catalogue relève d'un vrai travail d'éditeur, métier devenu trop rare aujourd'hui où éditeur rime plus souvent avec marchand de papier et où le livre devient produit...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Comme l'écorce terrestre, comme n'importe quel fruit, 'âme est constituée de différentes couches dont chacune tend vers l'état ultérieur tout en témoignant comme il se doit, de celui qui précède. Pareillement, l'âme possède, conformément à l'idée d'une constance de la nature dans toutes ses créations, un grand nombre de strates fort distinctes qu'un même fil cependant lie entre elles. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le devenir mystérieux de l'âme et sa vie, que la connaissance est impuissante à saisir. Cette activité onirique affleure, chez la plupart des gens, et s'évanouit dès qu'elle se heurte à la lumière du jour et du monde.
Chez d'autres, elle plante ses racines plus profond, si bien que les puissances de la réalité doivent redoubler d'effort pour l'en extirper. Chez certaines personnes, extrêmement rares, l'activité onirique s'est retranchée dans des abîmes tels que la charge de toutes les forces assaillantes réunies demeure sans effet. Ce genre d'homme n'est venu au monde que comme être de chair et de sang ; sa conscience, son esprit, siège ailleurs, hors du monde , au-delà pou en deçà. C'était pour cette raison, probablement qu'Ernst le damoiseau était resté presque muet jusqu'à sa sixième année.
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Alors, quel reproche ? Le mensonge, dont on s'est déjà, si souvent, plaint ? L'inexpugnable penchant pour toutes sortes d'affabulations, pour la déformation de la réalité et pour l'élucubration pleine de vices, pour la frivolité des tours qu'il joue ? L'inclination au libertinage et au vagabondage ? La manie de se commettre avec toutes sortes de gens louches, de se rendre spectateur de divertissements sans noblesse, de traîner dans les foires et dans les bistringots ? Ou d'autres choses encore ? La répugnance pour tout espèce d'enseignement spirituel, qui va souvent jusqu'au toupet de s'en moquer ? Le fait qu'il ait des activités clandestines, tout occupé qu'il est avec ses livres impies, ses romans d'aventure et ses recueils de poésie ? L'indolence qu'il manifeste dès qu'il s'agit de s'appliquer aux choses utiles ? Son obstination tout à fait inconvenante à ignorer le moindre rappel à l'ordre, au devoir et aux traditions ? Tout cela ou d'autres choses encore, plus condamnables, plus délétères ?
P. 71 & 72
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Qualifier d'adversaire Ernest le damoiseau, c'était parler depuis des profondeurs intimes qui étaient peut-être inconnues du Père Gropp. S'il avait approuvé Ernest et s'il l'avait accepté, il se serait détruit et se serait écarté de la voie sur laquelle il marchait avec une conviction de fer. S'il avait essayé ne serait-ce que de le comprendre, il serait devenu un autre et non plus cet homme plein de haine envers la vitalité qui s'épanouit d'elle-même, ce persécuteur de toute créature qui joue avec la liberté et plane en appesanteur. C'était à cette dernière, précisément, qu'il s'opposait, tel un dompteur.
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Il lui était agréable de sentir le damoiseau si proche. rarement il avait ressenti une telle sympathie émaner de lui et lui revenir. l'homme, pas simplement cet individu-là qu'il lui était donné de voir et d'entendre, mais la nature humaine toute entière, la création fraternelle nourrie au même sein maternel, guidée par un esprit que l'on ne peut imaginer, que l'on ne peut atteindre par aucune foi, aucune déclaration, aucun nom,aucune prière, que l'on ne peut que respirer afin d'exister grâce à lui, lui étaient chers et lui paraissaient digne d'amour comme jamais cela ne lui avait semblé auparavant.
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Il détestait les festivités publiques, les réjouissances populaires, les cortèges et les retraites aux flambeaux, la musique, la danse et les mascarades. Et vu qu'en basse Franconie, les bonnes gens avaient depuis toujours la vie et ses plaisirs lascifs chevillés au corps, le début de son magistère ressembla immédiatement à une attaque de gel dans un jardin en fleurs.
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Video de Jakob Wassermann (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jakob Wassermann
10 mars 2010 :
Mot de l'éditeur : Léonard Maurizius, homme de lettres élégant et frivole, est accusé d'avoir assassiné son épouse. Au terme d'un procès tumultueux, le meurtrier présumé est condamné à la prison à vie par le procureur Andergast. Il croupit en prison depuis plus de dix-huit ans lorsque Etzel Andergast, enfant unique du redoutable procureur, féru de justice et d'absolu, et convaincu de l'innocence de Maurizius, demande à son père de reprendre le dossier «Maurizius». Face à son refus, Etzel part en campagne pour obtenir la révision du procès. Tournant le dos à sa famille et à ses valeurs traditionnalistes, Etzel traque l'homme qui pourrait connaître la vérité et se cache sous une fausse identité à Berlin. Fondé sur une célèbre erreur judiciaire, ce chef-d'oeuvre, à la fois lucide et romantique, a la grandeur d'une tragédie grecque. Porté par les implications morales et philosophiques de la crise européenne et allemande du début du siècle dernier, L'Affaire Maurizius témoigne des questions qui hantent l'oeuvre de Jakob Wassermann : la quête d'ouverture, souvent refusée, et l'affirmation d'une double identité presque toujours suspecte.
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