Avec
le quatrième K,
Mario Puzo compose une oeuvre qui s'éloigne des écrits qui l'ont rendu célèbre. Publié au début des années 1990, ce roman unique se place à la croisée de plusieurs genres et se révèle d'actualité après les événements des dernières décennies.
La quatrième de couverture en dit sans doute trop long car elle dévoile une partie de l'intrigue qui met du temps à être mise en place. L'histoire fonctionne d'ailleurs sur différentes temporalités. L'auteur prend pas mal de temps pour placer le contexte et l'environnement du roman. Il faudra donc être patient avant de constater que cette perte de temps n'est qu'apparente : le scénario dévoile progressivement sa richesse, sa consistance et sa complexité.
Le roman est assez long (presque 400 pages) et pourtant il se laisse lire sans temps mort. Les nombreuses ellipses sont terriblement frustrantes mais permettent d'accélérer le mouvement. le dénouement est hélas assez prévisible. Sa mise en scène est par ailleurs beaucoup trop longue.
Bien que le roman soit très différent de ce qui a fait le succès de
Mario Puzo, nous retrouvons ici la signature du maître romancier. Il y a bien entendu le personnage de L'Oracle qui ne peut que faire penser aux figures de patriarches siciliens qui sont passées à la postérité. Ensuite, nous avons droit aux longues descriptions de chaque personnage plus au moins important, témoignant d'un important travail de recherche et d'imagination. Tout cela peut agacer les moins attentifs, mais permet de camper les personnages et leur donner un fonds solide, une réelle personnalité.
Il faut d'ailleurs reconnaître que l'on se projette tout de suite dans l'histoire. le roman est tellement complexe qu'on ne peut que le voir comme un film ou une sorte de documentaire fiction.
Hélas, certains passages de l'intrigue sont franchement trop exagérés… Il est difficile d'en dire plus long, mais l'une des péripéties dessert franchement l'ensemble. Et cela est fort dommageable à un tout qui aurait été sans doute plus intéressant sans cela.
Les adeptes de
Tom Clancy devraient également trouver leur compte ici. L'orientation thriller est pleinement maîtrisée et disséminée à plusieurs reprises. L'aspect technologie est également mis en avant sans faire dans la surenchère. L'écriture est toujours fluide, simple, accessible et curieusement intemporelle.
Le principe au coeur du roman est assez original et s'apparente à de la politique fiction. Pourtant si l'on songe aux attentats du 11 septembre, cette fiction est devenue une réalité. Cette impression rétrospective assez déroutante transforme la lecture de ce roman en une expérience désagréable d'un point de vue émotionnel mais ô combien enrichissante !
Assurément,
le quatrième K est moins un roman qu'une expérience, un exercice de politique. Au départ l'on peut être attiré par la couverture et l'actualité et se dire qu'il s'agit au fond d'une lecture de détente de circonstance, progressivement le roman dévoile son potentiel et vous marquera. A lire et à faire connaître autour de vous !