AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Guillemette Belleteste (Traducteur)
EAN : 9782743607708
672 pages
Payot et Rivages (01/03/2001)
4.29/5   520 notes
Résumé :
Nathan Price, pasteur baptiste américain au fanatisme redoutable, part en mission au Congo belge en 1959 avec sa femme et ses quatre filles. Ils arrivent de Géorgie dans un pays qui rêve d'autonomie, et de libertés. Tour à tour, la mère et les quatre filles racontent la ruine tragique de leur famille qui, même avec sa bonne volonté et ses croyances de fer, ne résiste à rien, ni à la détresse, ni aux fourmis, ni aux orages... ni aux Saintes Écritures.

... >Voir plus
Que lire après Les yeux dans les arbresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
4,29

sur 520 notes
A la veille de la décolonisation, un pasteur baptiste fanatique part avec sa femme et ses filles au Congo Belge afin d'évangéliser un village reculé. le père avec une obstination qui tourne à la démence tente de baptiser la population délaissant sa famille alors que le pays, avec la proclamation de son indépendance, la prend au piège en sombrant dans le chaos. Les 5 femmes survivront et tour à tour nous raconteront cette expérience extrême qui les aura marquées à jamais.
Le roman, tragique mais empreint aussi de drôlerie et d'un humour ravageur (les filles du pasteur ne sont pas des mauviettes !) fait mouche dès le départ et nous faisons vite cause commune avec elles. Bien sûr, l'histoire de cette famille est indissociable du contexte politique dans lequel elle se déroule : sans didactisme, entremêlant habilement les deux, Barbara Kingsolver nous fait vivre cette période trouble et mouvementée du Congo devenant Zaïre et n'hésite pas à pointer du doigt les sinistres agissements des occidentaux.
« Les yeux dans les arbres » est un magnifique roman, sans doute le plus ambitieux et abouti de Barbara Kingsolver.
Commenter  J’apprécie          573
Décidément, je vais m'atteler à lire tout ce que Barbara Kingsolver a écrit… Les yeux dans les arbres est un roman magnifique, ambitieux, profond, intense, tragique, parfois révoltant, et en plus, comme un cadeau, plein d'humour et de dérision. L'autrice, après un avant-propos en forme de mise au point (les personnages sont fictifs, mais le Congo belge présenté ici est bien réel) puis de remerciements, divise son récit en sept livres, dont les titres, sauf le dernier, s'inspirent de la Bible. Et pour cause… Nous allons suivre l'installation puis le quotidien de Nathan Price, pasteur baptiste américain obtus et fanatique, de sa femme et de ses quatre filles dans un minuscule village congolais, Kilanga, en 1959, juste avant l'indépendance. Barbara Kingsolver donne la parole aux cinq femmes. Les cinq premiers livres sont construits de la même manière. Orleana, la mère, installée en Géorgie, se remémore ses années africaines sans que le lecteur puisse situer la date de son retour aux Etats-Unis. Les récits de chacune des filles lui succèdent, pas toujours dans le même ordre, avec une ou plusieurs interventions. On entendra Rachel, 15 ans en 1959, aux cheveux et aux cils presque blancs, futile, soucieuse de son apparence, débrouillarde et, comparativement à ses soeurs, limitée intellectuellement. Les jumelles, Leah et Adah, 14 ans, que leur institutrice américaine juge surdouées, se révèlent toutes deux passionnantes. Elles ont développé une relation ambiguë, où se mêlent amour, culpabilité, rivalité, envie et jalousie, essentiellement à cause de l'hémiplégie d'Adah. Ruth-May, 5 ans, particulièrement éveillée, s'intéresse à tout ce qui l'entoure et sera la première à développer des relations avec les Congolais. Et le père… Eh bien, le père est un authentique cinglé, un de ces fous de Dieu incapable de la moindre ouverture d'esprit, insensible à tout ce qui n'est pas sa religion, prêt à tout sacrifier par aveuglement, pour arriver à ses fins, à savoir baptiser le plus d'enfants qu'il lui sera possible, envers et contre tout.
***
Si la plus grande partie du roman se déroule entre 1959 et 1961, le dernier tiers nous présente l'évolution de cette famille, épisodiquement, entre 1962 et 1998, l'année qui suit l'assassinat de Mobutu. Les récits d'Orleana contiennent souvent des indices qui m'ont servi d'incitations à accélérer ma lecture : le rythme du roman ralentit paradoxalement au milieu du récit, quand certaines choses basculent, mais on en comprend vite la nécessité. Barbara Kingsolver dénonce ici deux impérialismes : le colonialisme et le fanatisme religieux. Bien sûr, le racisme sous toutes ses formes habite les relations avec les Congolais. Il peut se traduire par l'indifférence, la condescendance, le mépris, la violence, etc. J'ai adoré ces cinq voix si différentes qui m'ont entraînée dans la tourmente de l'indépendance de ce Congo belge en train de devenir Zaïre, dans l'histoire de l'abominable assassinat de Lumumba, dans les révélations des exactions et de l'insatiable cupidité de Mobutu, dans le désastre de cette Afrique dont nous continuons à piller les richesses. Un grand roman !
Commenter  J’apprécie          457
Cette histoire pourrait être d'actualité. La religion ou plutôt les religieux extrémistes et fanatiques peuvent entraîner le chaos dans leurs familles mais aussi auprès de tous ceux qu'ils essaient de convaincre.

Nathan, époux et père violent voulait prêcher la bonne parole au Congo. Il décide de partir avec sa famille. du confort américain, ils passent à la débrouillardise africaine. Vivre avec des serpents et autres animaux venimeux qui s'invitent dans la maison, pas facile pour les trois adolescentes dont une handicapée et une petite fille de cinq ans. Quant à leur mère, elle devra apprendre à dépecer les animaux pour manger, aller chercher de l'eau, tout faire bouillir.

Nathan n'a que faire de la survie des siens. Son but est de baptiser tout un village. Il se heurtera avec le chef du village, pendant que les habitants aident sans rien dire Orleanna et les quatre filles. L'histoire du pays change avec la déclaration d'indépendance du Congo belge qui deviendra le Zaïre par la suite. Les habitants votent, apprennent qu'ils ont des droits, des choix. Nathan et sa parole de Dieu peuvent aller se faire pendre. Son fanatisme, pourtant, ne va pas se calmer.

Dix-sept mois d'enfer dans une vie cela ne devrait pas faire le poids. Sauf, pour une mère qui devra choisir par deux fois entre ses filles, pour les sauver. La mort de la petite dernière, mordue par un serpent, va déclencher chez elle un réflexe de survie et elle part avec ses trois autres filles, laissant le père sur place. Elles vont parcourir, à pieds, la moitié du pays avec la saison des pluies et Orleanna ne rentrera aux Etats-unis qu'avec une de ses filles, les deux autres, trop malades pour continuer le voyage, resteront sur place.

Orleanna, Rachel, Leah et Adah vont devoir apprendre à vivre avec leur culpabilité, leurs regrets, leurs envies, chacune à sa façon. le reste de l‘histoire est aussi intense, mais je ne vous raconterai plus rien, à vous de lire ce roman passionnant, dépaysant, difficile parfois mais avec cette pointe d'humour qui est une seconde nature chez l'auteure et l'amour d'un pays qui reste collé à la peau.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          460
Il est des livres dont on se demande pourquoi on n'en a pas entendu parler plus tôt. Dès qu'on les entame, on sent qu'ils sont faits pour nous.
Etats-Unis. 1959. Un pasteur veut partir au Congo pour porter la bonne parole. Faisant fi des conseils de son entourage, il s'entête et part avec sa famille – son épouse et ses quatre filles - dans un village où tout est à faire au niveau religieux (pense-t-il).
Nous allons suivre la manière dont est vécue cette nouvelle vie avec les yeux des quatre soeurs et de leur mère.
Une vie difficile entre le choc culturel, la différence de niveaux de vie, les troubles politiques et le caractère dur du père. le pasteur est un homme envahi par sa foi, au point qu'il s'éloigne de la réalité. Il maltraite son épouse et ses filles, chaque action de leur part qui ne répond pas à l'enseignement de Jésus leur est reproché.
Rachel, la soeur aînée, nous parle de ce bouleversement avec justesse : «Ce qui nous est arrivé au Congo tient au fait qu'il a fallu que, manque de veine, deux mondes opposés se rentrent dedans et provoquent une tragédie. Après un coup tel que celui-là, on ne peut que suivre la voie de son coeur. Et dans la famille, on dirait que nos coeurs renferment des choses foncièrement différentes.» En effet, au-delà des tragédies qui ponctuent leur existence au Congo, on ressent très fort les différences de caractère des personnages. Leur manière unique de réagir aux événements renforce ce roman. Cinq voix nous parlent, cinq voix qui forment une chaîne de 1959 à 1986, cinq voix qui prendront des chemins très différents.
Le colonialisme en Afrique est un sujet qui m'intéresse énormément et mon intérêt a été comblé. J'ai été emportée par Rachel, Adah et les autres et l'auteur nous offre une peinture riche du Congo d'après l'indépendance. C'est un magnifique roman que je conseille vivement. Indéniablement, un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          400
Une lecture très intéressante sur la colonisation et le combat pour l'indépendance. le choc des cultures, entre une famille américaine croyante et une Afrique démunie, prise entre les colons et son besoin de retrouver sa liberté.
Ce roman nous dévoile ce pan d'histoire au coeur même de la population, sans nous épargner le pour ou le contre.

Encore une lecture enrichissante au-delà de ce fait historique, elle nous ouvre le chemin sur des réflexions qui sont malgré tout toujours en latence pour mieux nous éclater en pleine face dans un futur proche, sous d'autres formes, mais nous y sommes confrontés en permanence, ce besoin que l'homme a de conquérir des territoires, imposer sa culture et sa religion.
Parlant de religion, le père, missionnaire baptiste, m'a exacerbée au plus au point, ce personnage nous pointe du doigt, une forme d'aveuglement pour un dieu au détriment de sa famille, de sa vie, il y a un moment il faut savoir ouvrir les yeux et se rendre à l'évidence, dans des cas aussi dramatiques vécus par ces africains, tous les dieux rassemblés n'ont jamais pris en considération leurs prières, qu'ils soient catholiques ou autres, les misérables sont restés englués dans leur pauvreté, leur famine, leur souffrance, et la guerre n'a pas été évitée entre les "blancs et les noirs".

J'ai bien aimé la forme du roman , où chacun a la parole hormis le père et heureusement, le point de vue des filles et de la mère à tous les stades de cette aventure périlleuse. le choc des cultures, fut réellement une épreuve morale, physique qui a su leur donner une certaine force, certes, mais aussi beaucoup de souffrance et une perte douloureuse.

Un roman qui nous percute et nous sonne, nous laissant en admiration face au courage de ces femmes, mais aussi une belle leçon de vie et d'humilité. Des réflexions sur l'Humain dans un large registre.

Un livre qui nous poursuit au delà de la lecture et un bon pavé pour nous plonger au coeur de l'Afrique meurtrie par tant de colonisation, de bien d'autres misères.

A lire assurément.
Commenter  J’apprécie          312

Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
Mais le dernier : le bébé qui traîne son odeur comme un drapeau de reddition à travers ta vie parce qu'il n'y en aura plus d'autres à venir - oh, c'est l'amour au nom différent. C'est l'enfant que tu tiens dans tes bras pendant une heure après qu'elle se soit endormie. Si tu la déposais dans son berceau, elle pourrait se réveiller autre et s'envoler. Alors tu te balances auprès de la fenêtre, buvant la lumière de sa peau, respirant les rêves qu'elle exhale. Ton coeur gémit au double croissant de lune de ses cils abaissés sur ses joues. Elle est celle que tu ne peux te résoudre à poser.
Commenter  J’apprécie          160
Il fallut moins d'un mois à notre maisonnée pour sombrer dans le chaos le plus complet. Nous dûmes supporter la rage montante de Père quand, de retour à la maison, il constatait que le dîner n'en était encore qu'au stade de la discussion : celui de savoir si oui ou non il y avait des asticots dans la farine, voire de la farine tout court. Son mécontentement ayant atteint un point de non-retour, nous pansâmes toutes trois nos blessures et nous nous convoquâmes mutuellement à un genre de sommet féminin. A la grande table de bois sur laquelle nous avions passé tant d'heures fastidieuses à étudier l'algèbre et le Saint-Empire romain, nous étions maintenant installées afin de déterminer nos priorités.
"La première chose, c'est de faire bouillir l'eau, quelles que soient les circonstances, annonça Rachel, notre aînée. Tu notes, Adah. Parce que si nous ne la faisons pas bouillir pendant trente minutes, nous allons attraper des plébiscites ou je ne sais quoi encore."
Dûment noté.
"La deuxième, il faut décider de ce que nous allons manger."
Commenter  J’apprécie          70
« Envisage même une Afrique qui n’aurait pas été conquise. Imagine ces premiers aventuriers Portugais aux approches du rivage, scrutant les abords de la jungle à travers leur longue vue de cuivre ajustées. Imagine que par quelque miracle de peur ou de respect, ils aient abaissé leurs lunettes, fait demi-tour, hissé les voiles et repris la mer. Imagine que tous ceux qui sont venus après en aient fait autant. Que serait maintenant l’Afrique ? »
Commenter  J’apprécie          100
Deux cents dialectes différents, dit-il, parlés à l'intérieur des frontières d'un soi-disant pays inventé dans un salon par des Belges. Autant parquer ensemble moutons, loups et poulets, et leur demander de se conduire en frères. (p. 192)
Commenter  J’apprécie          152
Voici ce que je vois : d’abord, la forêt. Des arbres tels des bêtes musculeuses grandies au-delà de toute raison. Des lianes qui étranglent leurs semblables dans leur lutte pour le soleil. Le glissement d’un ventre de serpent sur une branche. Un chœur de jeunes plants inclinant leurs cols surgis de souches d’arbres décomposées, aspirant la vie de la mort. Je suis la conscience de la forêt, mais souviens-toi, la forêt se dévore elle-même et vit éternellement.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Barbara Kingsolver (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Barbara Kingsolver
« On m'appelle Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver lu par Benjamin Jungers
autres livres classés : congoVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1504) Voir plus




{* *} .._..