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EAN : 9782204143455
294 pages
Le Cerf (13/10/2022)
4/5   2 notes
Résumé :
Le travail, lui aussi, a une histoire. Elle traverse les âges. Que représentait-il pour les chasseurs du Néolithique et les pasteurs du Croissant fertile ? Quelle conception s'en faisaient les scribes de Babylone, les prophètes de Jérusalem, la Bible, les philosophes d'Athènes, les juristes de Rome ? À quel point les paysans du Moyen Âge l'appréhendaient-ils différemment des ouvriers de la Belle Époque ? Et que devient-il aujourd'hui face aux mutations technologique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Olivier Grenouilleau, historien connu nationalement notamment pour ses ouvrages sur les traites négrières, publie en 2022 L'Invention du travail chez les éditions du Cerf.

Il produit là non pas un essai issu de ses propres recherches, étant notamment spécialiste du travail forcé et de l'esclavagisme, mais plutôt une compilation de toutes les visions du travail qu'il a pu glaner ici et là. Ainsi, contrairement à ce que j'avoue avoir espéré y trouver, cet essai est bien une synthèse sur les principaux avis tenus à propos de l'activité désignée comme du travail. On y croise quelques historiens, des sociologues mais aussi et surtout beaucoup de penseurs, souvent religieux pour les siècles anciens, davantage philosophes pour les plus récents, afin de comprendre comment le travail a été pensé (et non réalisé) dans notre histoire. L'auteur se concentre (et il précise bien ce biais) sur la sphère occidentale, tant géographiquement qu'historiquement (en piochant dans l'Antiquité qui nous inspire encore, c'est-à-dire les civilisations mésopotamiennes, égyptiennes, grecques et romaines). Il organise son propos en trois temps majeurs. D'abord, un temps préhistorique et antique où le travail désigne avant tout le produit de l'effort et non l'effort produit. Puis, un temps médiéval et moderne, très marqué par la vision chrétienne catholique (toujours dans le biais occidentalocentré) où le travail est une nécessaire besogne pour faire tenir la société sous l'égide de la divinité. Enfin, depuis l'industrialisation des sociétés occidentales, un temps contemporain où le travail est une norme qui organise la société. le problème de rester dans de tels éléments généraux est de ne pas faire de focalisations sur les formes de travail, mais uniquement regarder comment il est pensé, le plus souvent par celles et ceux qui l'organisent justement, pas par celles et ceux qui le font.

Nous avons donc là surtout un catalogage, cela ressemble à une (très) longue liste à la Prévert ; les titres des parties réussissent à périodiser le propos généraliste de l'auteur, mais sinon c'est assez difficile de voir une trame, une thèse se dessiner.

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Reçu dans le cadre de Masse critique, cet ouvrage est une très intéressante analyse historique de la notion de travail dans le monde occidental. Selon les époques et les sociétés, les humains ont pensé différemment le travail, sa nature, sa signification. Ainsi, les chasseurs-cueilleurs du Néolithique accomplissaient des activités susceptibles d'être considérées aujourd'hui comme du travail, alors qu'ils n'avaient sans doute pas le sentiment de travailler. On peut considérer que le travail tel que nous le concevons aujourd'hui apparaît dès lors que les hominidés fabriquent des outils dits secondaires, c'est à dire réutilisables, à partir d'autres outils. de nombreux auteurs, de l'Antiquité à aujourd'hui, pensent que l'outil fait l'humain. le travail, porteur de sens social et spirituel pour l'individu et la société peut être repéré à trois moments de l'histoire humaine. Dans la Bible d'abord, lorsque Adam et Eve sont évincés du Paradis, et sont désormais contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins. Dans un 2ème temps, au Néolithique lorsque Homo Sapiens invente l'agriculture et l'élevage puis avec l'apparition des cités-états en Mésopotamie, apparaissent des formes de divisions du travail. Enfin, au XVIIIème siècle, à l'époque de la révolution industrielle, avec l'affirmation du capitalisme, appelé à devenir le clé de voûte de l'édifice socio-économique et politico-culturel, apparaît le travail tel que nous le connaissons aujourd'hui. Se référant aussi bien aux auteurs de l'Antiquité qu'à la Bible et aux auteurs de l'époque moderne et contemporaine, notamment Adam Smith, mais aussi les utopistes, Marx, Hanna Arendt, pour ne citer que les plus marquants, cet ouvrage expose de façon précise l'évolution du travail au fil du temps. Mais, il s'interroge aussi sur le sens de la notion de travail. du travail délaissé à une partie de la population pour permettre à l'autre de s'adonner à des activités de loisirs, du travail pour expier ses fautes et plaire à Dieu, au travail comme facteur de progrès social ou au contraire facteur d'aliénation, autant d'approches de la notion qui jalonne l'histoire de l'humanité. Ouvrage d'histoire d'abord mais jalonné de questions d'ordre philosophique d'un grand intérêt à l'heure où nous nous interrogeons sur le partage du travail ou la nécessité de travailler plus, et sur l'impact du travail humain sur l'environnement.
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L'année dernière, j'ai tenté de lire un livre sur le travail (dont j'ai complètement oublié le titre), paru chez Flammarion. Ça n'avait pas été une grande réussite. Celui-ci n'est pas plus une réussite quand bien même je l'ai trouvé plus accessible, plus intéressant ; mais je vais être franche je l'ai trouvé très inégal. J'ai décroché souvent et apprécié régulièrement.

Ce que j'en ai néanmoins retenu est très intéressant, étant donné que l'auteur part de la préhistoire jusqu'à nos jours pour offrir au lecteur un panorama sur la valeur travail, tout en combattant les clichés/idées reçues que certains peuvent avoir sur les époques. Comme notamment l'âge préhistorique qui serait une sorte d'âge d'or avant l'aliénation de l'homme par le travail, qui irait de pair avec le progrès ou encore la civilisation. Or, comme le montre l'auteur, l'homme préhistorique ne fondent sans doute pas une civilisation en tant que telle, mais il a néanmoins cherché à améliorer son quotidien avec des outils, donc il y a bien l'idée du progrès et de travail.

Bien évidemment, ce livre n'est pas seulement une succession d'étape progressiste dans le travail pour arriver à aujourd'hui. Même si évidemment Olivier Grenouilleau parle de la machine qui aliène l'homme, plus qu'elle ne le libère. En effet, ces pages parlent également des approches philosophiques du travail qui change ou se télescope selon les périodes. D'un malheur divin depuis Eve et Adam, à un devoir divin (après tout la Bible regorge de travailleurs et travailleuses), et sociétal car il faut bien manger, s'habiller, se loger, sans oublier l'ordre qu'il permet, le travail a toujours était matière à réflexion.

Mais dans cette manière de le penser, l'historien - qui a fait un remarquable travail de recherche sur des textes bien divers (on y verra autant Weil, que Calvin ou encore l'historien Moses I. Finley) – montre, que plus que la manière de le condamner ou de l'encourager, les hommes ont souvent hiérarchisé le travail. Qu'il soit manuel ou intellectuel, pour soi ou encore pour autrui, servile ou patronal, on se rend compte que personne ne le voit de la même manière sur le temps long de l'histoire. Par exemple, lors d'une lecture de Master je me souviens que dans un livre de Moses I, Finley le travail plus noble était relié à Athéna quand celui plus sale, plus servile était lié à Héphaïstos. Ici, si l'humanité admet que le travail est nécessaire pour vivre, les moines de l'époque médiévale font de leur travail spirituel le meilleur. Sans doute pour cela que le haut du panier de l'église souvent issu de l'aristocratie, laissait aux frères lais le dur labeur. A travers la réflexion sur le travail, on voit aussi cette vision dichotomique du riche et du pauvre, du vilain et du noble.

Cependant, interroger le travail, c'est aussi interroger l'idée de repos que l'église cadre, le temps de loisir qui aliène l'homme autrement ou encore le droit à la paresse qui selon Lafargue rend à l'homme corvéable son humanité. C'est interroger pareillement le travail et son but, le travail et son changement, etc. etc...

En résumé, c'est un bon livre accessible mais pour ma part il me faudra une nouvelle lecture pour reprendre les passages qui m'ont rebutée.
Lien : http://encreenpapier.canalbl..
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Qui ne connaît pas son passé n'a pas d'avenir. La Bibliothèque à remonter le temps, collection unique en son genre, s'adresse à tous. Elle allie goût du savoir et plaisir de la lecture en vous invitant à voyager en compagnie des meilleurs historiens. Que vous soyez adolescent, adulte, professeur ou tout simplement citoyen, découvrez l'Histoire comme vous ne l'avez jamais vue. Professeur des universités, Olivier Grenouilleau est l'auteur d'une oeuvre récompensée par de nombreux prix. Il compte parmi les grands historiens d'aujourd'hui.
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