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EAN : 9782746525160
128 pages
Le Pommier (17/08/2022)
3.88/5   37 notes
Résumé :
Algérie, années 1950. Mokhtar grandit à l'ombre du figuier de son douar, contre lequel son grand-père Kouider aime s'adosser pour faire la sieste. Aussi vieux que le grand-père, peut-être plus, le figuier est un membre à part entière de la famille, prodiguant ses fruits deux fois l'an et une sève dont on fait des cataplasmes. Mais un jour, Moussa, le père, part avec femme et enfants vivre à la ville.
Là, Mokhtar découvre la mer et ses poissons, le cinéma Lux,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Dans Mokhtar et le figuier, roman, court, sobre, tout en délicatesse, Abdelkader Djemaï raconte l'histoire d'un enfant, Mokhtar, qui grandit dans l'Algérie des années 1950, nous suggérant et nous laissant entrevoir les signes annonciateurs de la guerre, jusqu'à l'indépendance en 1962.
L'enfant passe ses premières années dans une modeste maison auprès de ses parents et grands-parents dans un petit village, un douar. Il décrit cette vieille bâtisse, son puits, le four en boue séchée dans la courette, près du figuier. Ce figuier aux deux récoltes annuelles, sous lequel son grand-père Kouider fait la sieste et que sa grand-mère Aïchouche lui a présenté un matin comme un membre de la famille, pour sa bonté et sa générosité.
Lassé de louer çà et là ses bras, le père de Mokhtar décide de quitter le douar des Ouled Ahmed. C'est dans une charrette tirée par un mulet que Mokhtar et ses parents prennent donc la direction de la grande ville pour s'installer dans une pièce louée dans un haouch.
Toujours très observateur, le jeune garçon s'habitue rapidement à son nouvel environnement et sera le premier enfant de sa lignée à franchir le portail d'une école, découvrant alors, outre la mer, le cinéma ou le hammam, la lecture et l'écriture.
Un après-midi, alors que Mokhtar est dans ses cahiers, sa mère prend son stylo et aligne dans la paume de l'enfant les huit lettres de leur patronyme : un pacte silencieux venait d'être signé, celui d'y ajouter d'autres lettres, d'autres mots, d'autres phrases…
À hauteur d'enfant, Abdelkader Djemaï nous restitue l'Algérie à la veille de l'indépendance.
Il décrit le quotidien, l'extrême simplicité et sobriété de cette vie à la campagne avec ses fêtes et moult images odorantes. Très simplement et avec habileté, il fait cohabiter des scènes de vie très sombres, comme les hivers où les paysans doivent affronter la boue et le vent dans des conditions plus que difficiles avec d'autres très lumineuses comme celle où l'on découvre les remèdes utilisés par Aïchouche pour soigner la famille et le secret confié à Mokhtar…
À la vie rude, dure de ces fellahs qui doivent courber l'échine pour survivre, il brosse en parallèle le portrait de Manhès, le puissant propriétaire alsacien du domaine, qui en loge et en fait travailler une soixantaine sur les centaines d'hectares qui avaient appartenu à leurs aïeux avant la colonisation, qui parade, juché sur son pur-sang et qui reçoit régulièrement les notables de la région. Une colère sourde latente qui ne tardera pas à s'exprimer…
En ville, les habitants du quartier et les locataires du haouch ne trouvent pas vraiment leur place et restent entre eux quand ils ne sont pas sur leurs lieux de travail.
En plus d'un quotidien difficile, le renforcement des barrages sur les routes par l'armée, le bourdonnement des hélicoptères et la danse des convois militaires...
Sans trop savoir, sans trop comprendre, Mokhtar entend parler du maquis, des commentaires sur « La voix libre de l'Algérie libre et combattante », une émission que le FLN émettait en soirée, depuis la capitale égyptienne…
C'est à travers des images, des odeurs, des sons, des souvenirs, que sont évoquées, et le plus souvent seulement suggérées, ces années allant des prémices de la guerre jusqu'à l'indépendance. Une concentration de sensations dans un récit d'une extrême concision.
Inoubliable figuier, figure centrale du roman, personnage à part entière, dont Mokhtar imagine les racines courant sous la terre et se perdant dans son grand ventre, et ses branches pareilles à de longs bras aux coudes noueux et à la peau légèrement grise et devant sans doute toucher le ciel. Quelque peu effrayant pour le jeune enfant, mais rassurant par la saveur de ses délicieuses figues violettes !
Cet arbre est le témoin et en quelque sorte le socle de la famille, le gardien des souvenirs enterrés à son pied.
En honorant le pacte silencieux, Abdelkader Djemaï nous offre sans jamais tomber dans le pathos un roman touchant, sensible, émouvant, délicieux et poétique à souhait où tout est dans le détail, l'attention au quotidien.
Mokhtar et le figuier se lit comme un conte dans lequel Mokhtar a survécu à la misère, au colonialisme, à la guerre et a appris à lire et à écrire, cette écriture qui le sauvera et nous enchantera.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Voici un ouvrage qui porte merveilleusement bien son nom et qui a été mon coup de coeur de cette rentrée littéraire 2022. Ce roman a toutes les caractéristiques de ce bon fruit que l'on aime manger à la fin de l'été dans nos régions méridionales. Une fois ouvert, on découvre une chair tendre, sucrée et toutes ses saveurs subtiles explosent à chacune de nos bouchées...
Comme l'attente de la saison des figues, j'ai toujours hâte de découvrir les sorties proposées par les Éditions du Pommier car les livres lus sont toujours synonymes de coups de coeur.
Dans ce court roman se situant dans une Algérie des années 1950, on fait la connaissance de Mokhtar, un jeune garçon qui va quitter la campagne pour partir avec sa famille s'installer à la ville. Ouvrage touchant, pudique et d'une grande sensibilité, on découvre une époque à travers les yeux d'enfants du personnage. Il ne vous faudra que la lecture de quelques pages pour être emporté dans ce récit et vous attacher au jeune Mokhtar.

Je tiens à remercier vivement le Pommier pour m'avoir fait découvrir ce très beau texte à la couverture magnifique. Je suis heureuse d'avoir pu découvrir au travers de cette histoire son auteur, Abdelkader Djemaï dont j'ai beaucoup aimé la plume.
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j'aime les figues, et celles que donne le figuier de Mokhtar ont 'une saveur exceptionnelle... COUP DE COEUR ..
Mokhtar a tenu sa promesse: " raconter, plus tard, le monde des siens dans lequel il n'avait pas fini de grandir. Il n'oublierait pas non plus d'évoquer les gens du haouch. Jamais il n'avait entendu ses parents, qui s'aimaient en silence, dire du mal d'eux.
Il savait qu'il lui faudrait, un jour, honorer le pacte silencieux qui l'avait lié à sa mère un après-midi d'hiver : celui d'ajouter d'autres mots, d'autres phrases, d'autres lettres aux huit qu'elle avait lentement tracés sur la paume de sa main droite. "

Années 50, en Algérie, Mokhtar est encore tout gamin quand il quitte la campagne où il est né pour aller vivre en ville avec ses parents. Ses yeux d'enfant enregistrent les images, les odeurs, les sons, le monde autour de lui, les prémices de la colère ... et Abdelkader Djemaï honore la promesse de Mokhtar.. magique.


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Déjà, parlons de la couverture qui est magnifique. Les couleurs, le graphisme, la superposition de ces figues que l'on s'imagine comme autant de petites madeleines de Proust. Et il y a en effet quelque chose de l'ordre du souvenir et de la nostalgie dans ce court roman d'une centaine de pages. Abdelkader Djemaï nous parle d'un enfant qui s'appelle Mokhtar et qui grandit dans l'Algérie des années 50. L'auteur est lui-même originaire d'Oran et est né en 1948. Je n'irai pas chercher plus loin des traces autobiographiques dans cette oeuvre de fiction – même si les derniers paragraphes peuvent nous inciter à le faire –, mais j'ai été frappée, je dois le dire, par une impression très forte de sincérité. Dans une langue à la fois simple et poétique, le narrateur nous raconte l'enfance de Mokhtar à la campagne, évoque les coutumes familiales et se focalise sur l'infiniment petit et l'infiniment précieux : un chemin caillouteux, les lampes à pétrole, les osselets, les remèdes de sa mère Aïchouche et le figuier, bien sûr. Témoin imperturbable des événements, abritant sous sa terre les souvenirs sacrés de la famille, il est le symbole d'un enracinement profond qui perdurera même quand Mokhtar et les siens partiront pour la grande ville. Vraiment, c'est un roman très touchant que je suis contente d'avoir lu.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Un petit livre de 66 pages sur ma liseuse, vite lu, rempli de poésie, de tendresse, un très agréable moment de lecture, teinté de nostalgie.

En Algérie, dans les années 1950, Mokhtar vit heureux, entouré de sa famille, dans une modeste maison, un seul arbre trône dans leur jardin, autour duquel toute la vie de ce foyer tourne.

Un magnifique figuier près du coin cuisine, Il leur donne des fruits deux fois par an, de l'ombre pour que son père, puisse se reposer après le travail, il recueille les traditions familiales. C'est un phare vers lequel chacun se dirigera selon les joies, les peines ou les deuils. Il a aussi le pouvoir
de guérir.
" Pour chaque saison, Aïchouche avait des remèdes contre les tracas de santé de sa famille, qui n'avait jamais connu le médecin.
Avec le lait du figuier, elle lui avait enlevé la verrue qui poussait dru sur son mollet gauche.
Quand l'un des siens se plaignait de maux d'estomac, elle lui donnait à boire de la poudre de figues sèches bouillie avec l'eau du puits. Une eau à laquelle elle accordait,comme son mari, des vertus thérapeutiques."

Puis c'est le départ pour la ville. Sans trop de regret, Mokhtar n'est qu'un enfant, il découvrira le cinéma, l'école, la mer avec Kouider, son père, Aïchouche, sa mère, l'aidera pour ses devoirs.
Une chose qu'ils n'oublieront jamais c'est leur figuier, ancré à jamais dans leur mémoire et vers lequel chacun reviendra toujours.

Mokhtar nous raconte son quotidien à travers ses yeux d'enfant. Un récit très sensible et émouvant.
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critiques presse (1)
LePoint
21 juillet 2022
Abdelkader Djemaï signe un roman au ton juste où l'humain a toute sa place dans le récit historique.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
À partir de ce jour-là, une sorte de pacte silencieux s’établit entre eux. C’était comme si ces huit lettres semées, graine après graine, par la main de sa mère le mettaient dans l’obligation d’ajouter, pour elle, d’autres lettres, d’autres mots, d’autres phrases qu’elle ne pouvait pas écrire, elle qui ne s’exprimait qu’en darija, l’arabe populaire. Comme si elle lui demandait de continuer à bien apprendre à lire et à écrire à l’école pour, qui sait, plus tard, raconter ce livre invisible écrit par les petites gens, les analphabètes, les pauvres et les sans-voix. Un livre auquel, comme ses voisines et tous les siens, elle appartenait modestement.
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Dans la rumeur bourdonnante du port et la brise rafraîchissante qui, ce matin-là, venait du large, l’horizon, derrière la longue jetée de pierre, se présentait à lui telle la ligne de chance de la paume d’une main fertile. Il était une invitation au voyage, une porte ouverte à l’aventure. C’était comme si ce paysage d’eau, de ciel et de soleil ressemblait à la couverture d’un livre, un livre nouveau qu’il lui faudrait un jour ouvrir.
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Pour les fellahs,le plus dur, c’était l’hiver, qui les trouvait encore plus démunis, encore plus vulnérables. Il leur fallait affronter l’air glacial qui brûlait leurs visages et leurs mains, résister aux pluies qui s’abattaient en trombes en ruinant souvent leurs gourbis. Dans cette lutte inégale, ils devaient surtout faire face à la boue épaisse et grasse qui clapotait sous leurs pieds mal chaussés. Parfois, ils les enveloppaient de chiffons ou d’herbe desséchée.
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Tôt, chaque matin, son père se rendait sur les chantiers de terrassement ou de construction. Sa mère lui servait du café moulu qu’elle avait, pour la première fois acheté en paquet. Jusque-là, elle faisait griller les grains dans une poêle à frire avant de les écraser dans le mortier à l’aide du pilon en fonte.
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À son réveil, il retrouva une partie du décor qu'il avait quitté la veille: le kanoun, le soufflet en cuir, le mortier, les seaux, les bassines et les marmites. Mais il n'y avait pas le four d'Aïchouche, le poulailler grillagé et le petit enclos aux moutonx. Le puits à la margelle en pierres grises était, quant à lui, remplacé par une fontaine à la bouche étroite qui donnait, près des toilettes communes à la turque, une eau saumâtre. Mais surtout, il manquait le figuier et son ombre verte.
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Vidéo de Abdelkader Djemaï
Vendredi 8 mai 2009 Abdelkader Djemaï, romancier franco-algérien, vivant en France depuis 1993 après avoir dû fuir la guerre civile en Algérie, évoque l'exil contraint de l'écrivain, à travers la figure d'Albert Camus et sa propre existence. Il est l'auteur de Camus à Oran (1995) ; dernier roman paru : Un moment d'oubli (Seuil, 2009) dans le cadre du banquet de printemps 2009 intitulé " Exils et frontières"

Abdelkader Djemaï : Né à Oran en1948, Abdelkader Djemaï a été enseignant, journaliste et écrivain en Algérie. Il arrive en France en 1992, devant fuir la guerre civile algérienne, car il est menacé de mort. Son expérience lui inspire ses nombreux romans et récits. Son enfance et la guerre civile en Algérie constituent les thématiques de plusieurs de ses romans ; Eté de cendres (1995), Sable rouge (1996), 31, rue de l'Aigle (1998) qui forment une trilogie autour de la tragédie algérienne, ou encore Camping (2002). de même, le roman-photo : Un taxi vers la mer (2007) sur l'enfance en Algérie. Ensuite le déracinement, l‘exil et l'errance inspirent : Gare du Nord (2003), le Nez sur la vitre (2005) et enfin Un moment d'oubli (paru au Seuil cette année). La littérature française constitue pour lui un point d'appui essentiel. Et notamment la figure d'Albert Camus qui a lui-même vécu à Oran, est déterminante. Il a écrit Camus à Oran.
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