Valérie Valère est née le 11 novembre 1961, seize jours avant moi.
L'écriture est entrée dans sa vie en 1977, année où j'ai voulu en terminer avec la mienne, sans succès.
En 1979, elle publie son premier livre, "
Le pavillon des enfants fous", alors que je m'émancipe. Je découvre cet auteur de mon âge à travers ce premier livre, qui m'effraie et me fascine à la fois. Elle a des problèmes avec la nourriture, j'en ai avec l'alcool. Plus tard, elle publie "Malika", histoire d'un amour interdit entre un frère et une soeur, que je ne comprends pas, vivant exactement l'inverse. Mais j'aime son style.
Puis paraît "
Obsession blanche", dont le titre dit tout. L'angoisse du blanc, de la page à remplir, du vide qui nous entoure et veut nous engloutir. J'ai la phobie du blanc moi aussi depuis que j'ai failli mourir dans la neige. le livre est difficile d'accès, Valérie est déjà ailleurs. J'ai une vie de presque adulte, un travail, un compagnon, un avenir tout tracé d'une prison dont je commence à voir les barreaux se dessiner.
Le 17 décembre 1982,
Valérie Valère meurt d'une crise cardiaque dans son sommeil, usée de tout.
Quinze jours après, j'envoie tout balader, et je m'évade de mes prisons.
L'écriture entre dans ma vie.
Valérie Valère a demandé que ces cendres soient dispersées dans la mer.
Je ne l'ai jamais vue à la télévision, ni entendue à la radio. Je ne l'ai jamais vue vivante, ni entendu sa voix.
Valérie Valère m'a laissée le souvenir d'un fantôme très familier.
Mes cendres seront dispersées dans la Méditerranée.