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EAN : 9782246861645
320 pages
Grasset (31/08/2016)
3.62/5   115 notes
Résumé :
Sicile, 2020. Un virus mortel, « la Rouge », a déferlé sur l'Europe quatre ans auparavant et décimé la population adulte ; les jeunes, eux, sont protégés jusqu'à l'âge de la puberté. Anna se retrouve seule avec Astor, son petit frère de quatre ans.Elle doit affronter le monde extérieur avec ses cadavres, ses charognards, ses chiens errants et affamés, l'odeur pestilentielle, pour trouver, quand il en reste, des médicaments, des bougies, des piles, des boîtes de cons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 115 notes
Le post-apo est un registre que je trouve particulièrement intéressant, par son esthétique, par les thèmes qu'il permet d'aborder, notamment sur la nature humaine, sur la place de l'Homme sur Terre, mais aussi par les sensations qu'il procure. C'est un genre propice à beaucoup d'émotions. Dans "Anna", un peu comme dans "la route", la réflexion n'est pas le coeur du récit et l'auteur ne cherche pas vraiment à soulever de questionnements profonds. Comme le roman de McCarthy, "Anna" est avant tout une lecture sensorielle qui vise le coeur du lecteur. Ammaniti n'a pas manqué sa sa cible, j'ai eu beaucoup d'émotions lors de ma lecture de ce roman malgré ses défauts.

On retrouve dans "Anna" les composantes classiques du post-apo. Les personnages déambulent dans des décors quasi-déserts, des villes fantômes. Un virus a tué la quasi-totalité des êtres humains... du très classique donc. mais l'originalité du roman réside dans le fait que le virus ne tue que les adultes. du coup, les survivants que l'on va suivre sont des enfants. Cela permet au roman de se démarquer de la masse des récits pos-apo qui ont récemment pullulé et qui mettent souvent en scène un groupe de survivants suffisamment représentatif pour être un reflet de la société actuelle. Ce concept est en soi vecteur d'émotion. le lecteur est à la fois ému et effrayé par ces gosses livrés à eux-mêmes. On est touché par ces enfants si vulnérables, si naïfs, qui se raccrochent à des petits riens (une paire de baskets), qui, parfois, ne semblent pas prendre la mesure du drame qui se déroule et qu'ils vivent comme un jeu.
Malgré l'émotion suscitée par le sort de ces petits survivants, le lecteur ressent parfois un malaise face à eux, presque de l'effroi. Ces gosses sont imprévisibles, ils n'ont pas eu le temps d'être façonnés par l'éducation, ils ne sont pas cadrés par une quelconque autorité raisonnable. Ils ont un côté primitif, sauvage qui les rend inquiétants. Dans ces moments de malaise, j'ai pensé au film "les révoltés de l'an 2000" (le titre original, "Quien puede matar a un nino ?", est bien meilleur), très bon film espagnol des années 70 dans lequel des adultes débarquent sur une île dans laquelle il n'y a plus d'adultes. Dans ce film, les enfants sont très inquiétants et sont un peu filmés comme les oiseaux d'Hitchcock.

Ces sentiments ambivalents ressentis à la lecture témoignent de la réussite de l'auteur. Les enfants et leurs réactions sont vraiment crédibles. Trop souvent, dans les oeuvres mettant en scène des enfants on se dit "non, un enfant ne ferait pas ça ou ne dirait pas ça", trop souvent on sent l'adulte qui se met à la place de l'enfant. Ici, ce n'est pas le cas, ça sonne juste. L'adulte qui écrit se fait oublier et on ne voit que des gosses penser, agir et réagir comme des gosses au monde qui les entoure.

Il y a des défauts, des maladresses dans le roman d'Ammaniti, notamment la fin qui n'en est pas vraiment une et qui est très en dessous du reste du roman. Mais on ne lui en tient pas rigueur. "Anna" fait vivre de grandes émotions à son lecteur.
A ne pas lire si on est déprimé, le ton du roman étant très désespéré, après tout l'humanité est condamnée, c'est inéluctable puisque tous les enfants finissent par grandir.
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2020, quatre années ont passé depuis que le virus a fait surface et décimé la population mondiale.
Seuls les enfants survivent, et encore, dès lors qu'ils atteignent l'âge de l'adolescence, ils sont victimes de "La Rouge", et meurent dans d'affreuses souffrances... C'est dans ce monde ravagé que, livrés à eux-mêmes, Anna et son petit frère Astor tentent de survivre.

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Je remercie jamiK sans qui je n'aurai jamais découvert cet auteur ni ce titre. Version rustique d'un post-apo, ou La Route par les yeux d'enfants, plongée dans un monde sans adultes et sans lois si ce n'est celle du plus fort ou plus malin.
Les thèmes abordés et les idées disséminées le long du récit par Niccolò Ammaniti sont intéressants : voir l'apocalypse du point de vue enfantin, dans une Sicile coupée du monde, avec quatre ans de macération et toute les histoires qui ont pu être inventées et qui deviennent vite de nouveaux mythes ou religion, etc., mais j'ai trouvé que certains points auraient mérité plus de développement : le chien, la rouge, la pitchounette, les baskets, etc. tout ça partait bien mais fait un peu pschiit au final. le début promettait beaucoup mais je trouve que l'histoire part un peu dans tous les sens, avec moult péripéties, pour revenir enfin sur une ligne droite (quand on lit "scénario de jeu vidéo" c'est vrai que ça fait un peu cet effet "quête principale" "quêtes annexes" et "scriptage").
Je n'ai pas été satisfait par le tour que prenait l'histoire, tout va un peu trop vite et s'enchaine un peu trop rapidement, des flash-back et des rêves, des situations difficilement compréhensibles ou que j'ai eu du mal à me représenter... d'ailleurs j'ai trouvé le style de l'auteur parfois à côté de la plaque (avec des évènements importants torchés en une phrase banale et sans envergure, ou des descriptions lacunaires, par exemple) et une traduction laissant franchement à désirer côté syntaxe et idiotismes.

Bref, un dépaysement valant le détour, avec de nombreux éléments marquants et intéressants, mais un trame globale qui m'a laissé un goût d'inachevé.
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Ammanitì renoue avec ses thèmes préférés : l'enfance abandonnée à elle-même dans un univers chaotique et dangereux. La relation forte d'une soeur avec son frère comme un nouveau cordon ombilical de survie.

Anna, le titre, est peut-être un clin d'oeil au Voyage d'Anna Blum, en tout cas, notre Anna déambule dans une Sicile dévastée par une apocalypse : La Rossa, la Rouge, un virus effrayant frappe et tue les adultes du monde entier, les enfants ont un sursis jusqu'à ce que l'adolescence les mette à leur tour sous le joug de l'épidémie, les incendies ravagent les villes, la disette et la misère bouleversent moeurs et relations humaines.

Comme dirait poétiquement un certain berger des Pyrénées- le candidat aux élections, pas le chien!- la nature et l'humanité s'ensauvagissent furieusement...

Quelques belles pages et une vraie tension, le tout dans un italien fluide et facile à lire...je n'ai pas boudé mon plaisir, et j'ai dévoré mais me suis accordé quelques jours de réflexion et de recul avant de rédiger ce billet...

Je dois donc reconnaître que ce n'est pas un chef d'oeuvre et qu'un peu de sobriété dans l'horreur eût été la bienvenue..certaines pages sont d'un gore absolu- les vaches abattues par les bambins dans le supermarché ! - les détails scabreux finissent par donner la nausée, ou frôler l'insignifiance à force d'excès. Certaines chapitres sont totalement superflus- le chapitre baptisé le due buste- mais certaines pages demeurent:la pêche au poulpe, la poursuite d'Anna par le chien aux trois noms-et surtout le "personnage " formidable campé par ce chien, la tendresse qui unit le petit trio et la fin, jolie et bien trouvée, ni happy end ni issue catastrophique , toute claudiquante , clopinante et fragile ..

Bilan mitigé mais un bon moment de lecture quand même !
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J'aime tout particulièrement les atmosphères post-apo, je suis d'ailleurs une fan inconditionnelle de The Walking Dead (dont le premier épisode de la première saison a d'ailleurs très fortement malmené mon petit cœur). Mais ce qu'on oublie bien souvent, c'est que le post-apo ne concerne pas seulement les Zombies : l'Apocalypse peut revêtir d'autres visages.

Point de zombies ici, du moins de zombies tels qu'on les conçoit habituellement, mais « La Rouge », un virus qui décime la population dès qu'elle atteint l'adolescence, dès que les changements corporels se produisent. Anna, du haut de ces douze ou treize ans, approche à grands pas du moment où La Rouge s'appropriera son corps, mais pour le moment, elle est encore une fillette... Une fillette aux lourdes responsabilités qui doit s'occuper d'Astor, son petit frère, veiller sur lui, le protéger, jusqu'au moment où les « Grands », les adultes, il doit bien en rester quelque part, auront trouvé un vaccin. Ce n'est pas si simple lorsqu'on est soi-même une enfant, juste une enfant qui devrait courir après un ballon, ses couettes se balançant au gré de ses pas, ou jouer avec son vélo.

Mais si Anna court, c'est pour une autre raison, une raison de Grands : la survie.

Tout simplement.

Le risque majeur avec les romans post-apo est qu'ils ne soient pas à la hauteur de nos espérances. J'appréhende toujours le moment où je vais me plonger dans un nouveau récit de ce genre. Les personnages, l'atmosphère, la tension sont autant de composantes indispensables pour un roman efficace, autant de composantes qui peuvent complètement gâcher le moment espéré de lecture.

Mais Anna fait partie des romans qui touchent leur cible, de ces romans qui vous interpellent et dont on oublie même les failles. Certains points sont encore bien ancrés dans ma mémoire : pas de zombies au sens propre du terme, mais des zombies quand même, tout aussi cruels, voire plus étant donné que leur cerveau est bien actif.

J'ai parfois lu ci et là qu'il manquait d'action et je me suis demandée si nous avions lu le même livre. Ce roman en est plein et est d'ailleurs assez dérangeant parfois.

L'action se doit à la tension permanente, tout est un danger pour ces enfants : les chiens (Câlinou est une trouvaille vraiment réussie), le manque de nourriture, les autres enfants, le décor... Tous sont des obstacles dans cette course à la survie, dans cette course pour la vie. Il y a d'ailleurs un juste milieu entre cette tension et les moments plus tendres, ceux entre Anna et Astor, l'irruption de Pietro, Câlinou... L'auteur a su nous réserver des moments émouvants, drôles aussi, dans l'horreur environnante, il a su préserver des fragments d'enfance, un éveil à la vie, des émotions qui palpitent dans la poitrine et font bouillonner le sang dans les veines.

J'avais oublié que l'enfer peut émouvoir...

Une réussite.

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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2020 : quatre années ont passé depuis que le virus a fait surface et décimé la population mondiale.

Seuls les enfants survivent, et encore, dès lors qu'ils atteignent l'âge de l'adolescence, ils sont victimes de "La Rouge", et meurent dans d'affreuses souffrances...
C'est dans ce monde ravagé que, livrés à eux-mêmes, Anna et son petit frère Astor tentent de survivre.

Après Il Miracolo, Niccolò Ammaniti va adapter son roman Anna publié en France en 2016 chez Grasset.


L'intrigue, qui nous plonge dans un monde exclusivement peuplé d'enfants après qu'une épidémie a décimé l'ensemble des adultes, s'est avérée incroyablement visionnaire.
Si on ne peut qu'être frappé par les échos avec la pandémie de la Covid-19, l'intérêt du texte est ailleurs : dans le voyage qu'elle nous invite à accomplir aux côtés de cette jeune héroïne, à travers les décombres d'un monde redevenu primitif, où la beauté côtoie la plus grande violence.

Difficilr de rester insensible au sort d'Anna dans ce récit' 'anticipation dystopique, à la fois puissante et angoissante

Des personnages hauts en couleurs, tantôt cruels, tantôt émouvants, qui évitent clichés et archétypes , parsèment cette odyssée qui ressemble à un conte, riche de références et de symboles.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
LaPresse
18 octobre 2016
Un roman d'anticipation dystopique, à la fois puissant et accablant, qui porte un regard clairvoyant sur l'existence mais qui parvient difficilement à renouveler le genre sans sombrer dans certains clichés.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
22 septembre 2016
Il n'y a rien de désespéré dans Anna, ce beau roman qu'il ne faut surtout pas réduire à son sujet, postapocalyptique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
C'était ce moment de l'aube où la nuit et le jour ont le même poids et où les choses semblent plus grandes qu'elles ne le sont. Une traînée laiteuse marquait le bout de la plaine et le vent bruissait dans les plaques de blé épargnées par le feu.
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Ç'aurait été bien de perdre ses os, transformer sa chair en une gélatine transparente et se faire traverser par le courant comme une méduse. Plonger lentement tout au fond des abysses et là, parmi les créatures luminescentes qui y habitent, trouver Cola Pesce qui portait la Sicile sur ses épaules.
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La vie ne nous appartient pas, elle nous traverse. Sa vie était la même que celle qui pousse un cafard à boitiller sur deux pattes quand il a été écrasé, la même qui fait fuir le serpent sous les coups de pioche en tirant derrière lui ses boyaux. Anna, dans son inconscience, devinait que tous les êtres de cette planète, des limaces aux hirondelles, humains compris, doivent vivre. C'est cela notre devoir, c'est cela qui est écrit dans notre chair. Il faut aller de l'avant, sans regarder derrière soi, car l'énergie qui nous envahit, nous ne pouvons la contrôler, et même désespérés, amoindris, aveugles, nous continuons à nous nourrir, à dormir, à nager en luttant contre le tourbillon qui nous tire vers le bas.
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Anna se cala contre son épaule. « À quoi tu penses ?
— Aux chiens. Qui vivent au maximum quatorze ans. » Il resta quelques secondes silencieux. « Comme nous. »
Anna poussa un pied contre un mollet de Pietro. « C’est vrai…
— En quatorze ans ils font tout. Ils naissent, ils grandissent et ils meurent. » Elle l’entendit renifler. « À la fin, ce qui compte c’est pas combien de temps dure la vie, mais comment tu la vis. Si tu la vis bien, à fond, une vie courte vaut autant qu’une vie longue. Tu crois pas ? »
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Un après-midi, tandis que les enfants jouaient dans la pièce, Maria Grazia ouvrit grand la bouche, roula des yeux et s'étira tout entière comme si on lui avait posé dessus une montagne. La grimace qui lui déformait le visage l'abandonna et réapparurent ses traits.
Anna la secoua, lui serra la main et approcha l'oreille de ses narines. Pas un souffle. Elle prit sur la table le cahier des Choses Importantes et le feuilleta avec délicatesse. Il était plein de chapitres : l'eau, les piles, l'hygiène intime, le feu, les amitiés. Sur la dernière page il y avait écrit :
CHOSES A FAIRE QUAND MAMAN MEURT
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