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EAN : 9782070321117
240 pages
Gallimard (09/03/2006)
3.77/5   106 notes
Résumé :

Avril 1892, Inde. Un jeune homme sur les traces de son frère, un paysan meurtri par la misère et la domination des propriétaires terriens, une fascinante veuve au sang royal fuyant le bûcher et un candide joueur de cartes font route vers l'océan, espérant trouver l'eldorado de l'autre côté de "l'Eau noire".

Ils rejoignent d'autres Indiens entassés dans les cales de l'Atlas pour les vertiges mortels d'une traversée de plusieurs semaines ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Rares sont les romans qui traitent de ce sujet : l'engagisme. Suite à l'abolition de l'esclavage, il fallait trouver une main d'oeuvre bon marché pour remplacer les esclaves dans les champs de canne. A Maurice comme à la Réunion ou d'autres colonies, les colonisateurs faisaient donc venir à moindre frais, des miséreux, de l'Inde, de Chine ou d'ailleurs en leur faisant miroiter une fortune qu'il pourraient amasser et revenir au pays. C'est cette histoire que l'auteure nous raconte ici. En suivant quelques personnages principaux qui comprendront très vite que c'est l'enfer qui les attend. La description du transport en bateau à fond de cale, de l'Inde à l'île Maurice, puis les conditions de vie de ces "engagés", est effroyable, à peine plus enviable que celle des esclaves. C'est très bien écrit, très descriptif. le pathos vient naturellement au fil du déroulement de l'intrigue. "La misère du monde n'est pas de dimension humaine", nous disait Coluche.
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Nathacha Appanah a écrit un beau premier roman dont l'intérêt historique et géographique est indéniable. "Les rochers de poudre d'or" se situent sur l'île Maurice. Au 19ème siècle, ils constituent un eldorado pour des indiens dont les conditions sont misérables et qui veulent vivre un peu plus dignement.
Il y a Badri, le joueur du camphrier, Chotty qui s'épuise au travail pour payer les dettes de son père, Vythee qui veut rejoindre son frère aîné, Ganga une jeune veuve de sang royal qui doit être sacrifiée sur le bûcher, et bien d'autres…
Les Maistry, recruteurs pour les colonies, vont les convaincre de faire le voyage... mais quel voyage !
C'est le docteur Grant qui raconte les morts et les horreurs dans les cales du bateau. On se demande pourquoi il fait ce métier tellement il est méprisant et raciste. Si le changement de narrateur est judicieux, j'ai trouvé que le langage du médecin anglais n'était pas adapté à l'année 1892 (il dit Quel con !, prend son pardessus, parle de la merde pour les excréments...)
Pour autant, la situation est terrible et l'arrivée à Port-Louis assez brutale. L'eldorado va se transformer en cauchemars et Nathacha Appanah témoigne dans ce roman de l'histoire de son pays.
La plupart des colons français sont restés propriétaires des plantations de canne à sucre après la guerre contre les Britanniques en 1810 quand l'île Maurice tomba sous le régime Anglais. Alors que l'esclavage a été aboli en 1835, les anglais vont chercher des travailleurs indiens en masse pour les besoins grandissants de main d'oeuvre dans les plantations.
Contrairement aux esclaves, les indiens étaient sous contrat avec les planteurs français mais avec de telles contraintes que la différence n'était pas bien grande. Une histoire vraiment bouleversante.


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Dans ce roman, Nathacha Appanah nous entraîne à la suite des travailleurs indiens qui ont été trompés pour aller remplacer les esclaves dans les champs de canne à sucre à l'île Maurice à la fin du XIXème siècle. le livre est écrit en trois phases : on suit d'abord le recrutement des travailleurs et les différentes situations qu'ils fuient, puis la traversée en bateau, qui n'a rien à envier à celles des esclaves quelques siècles plus tôt et enfin leur arrivée dans leur nouvelle vie.

J'ai trouvé que l'écriture était très efficace pour faire comprendre des situations ou des émotions en peu de mots. C'est une écriture très visuelle où on se représente très bien les scènes, se focalisant sur un ou deux aspects marquants. J'ai beaucoup aimé aussi le point de vue présenté dans le livre, celui des travailleurs indiens qui ne comprennent absolument pas ce qui leur arrive et se présentent en toute bonne foi, fuyant des situations compliquées mais traditionnelles et se retrouvant à mourir et souffrir dans des conditions incompréhensibles pour eux.

Cette incompréhension entre les deux cultures est bien montrée par le journal du médecin de bord anglais. J'ai trouvé très étonnant comme procédé stylistique que la traversée soit montrée du point de vue de cet anglais, sans alternance, comparée aux autres parties. La partie mystique du bateau n'est pas forcément assez exploitée. A moins que ça ne servent qu'à montrer que ce système d'exploitation des hommes par d'autres hommes est tellement aberrant qu'il rend fou même ceux du « bon côté »?

La diversité des points de vue permet de généraliser le propos et de montrer que c'est bien la destinée de tout un peuple qui est ici montrée. Ce qui m'a le plus étonné c'est la haine entre anciens esclaves libérés et travailleurs indiens (malbars), préfigurant sûrement des problèmes communautaires dans l'île Maurice d'aujourd'hui.
J'ai trouvé le texte un peu court. J'aurais aimé voir plus de contexte historique, en particulier sur le ressenti des colons anglais et français qui sont obligés de payer leurs travailleurs dans une once d'humanité. J'aurais aimé aussi que l'histoire avec Chotti Lall et l'aspect mystique du voyage en bateau soient plus exploités.

J'ai beaucoup aimé ce livre même si je reste un peu sur ma faim et je pense que je lirai d'autres livres de cet auteur.
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De l'Inde au trajet en bâteau de deux mois jusqu'à l'installation dans leur nouvelle vie à l'île Maurice, Nathacha Appanah fait vivre différents personnages embarqués, bon gré mal gré, pour ce qu'ils pensent une vie meilleure – et qui finiront, sans surprise, dans une situation extrêmement proche de l'esclavage, pourtant aboli puisque l'histoire se déroule dans les années 1890.

J'ai apprécié l'alternance des personnages évoqués, et le fait qu'on ne les suit pas forcément dans la totalité des étapes ou de leurs pensées. Ils peuvent être parfois personnage principal d'un chapitre et secondaire voire simple arrière-plan à d'autres moments. Cela a donné libre cours à mon imagination et cela a donné plus d'amplitude et d'épaisseur au film qui s'est construit dans ma tête.

L'écriture de Nathacha Appanah est simple mais efficace. J'ai le petit regret de n'avoir que peu senti l'ambiance fin XIXème siècle mais pour ce qui est des pensées, émotions et histoires de vie, je me suis laissée complètement immerger et j'ai tour à tour compati, détesté, été émue par ces parcours de vie.
J'ai trouvé très réussi le personnage du médecin anglais (parangon du colonial odieux et haineux) et de sa destinée.

Encore et toujours l'incompréhension, l'incrédulité même, et l'indignation profonde face à l'exploitation de l'être humain par l'être humain.
Un livre nécessaire.
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Après avoir lu de cette auteure, grâce au club de lecture, « le Ciel par dessus les Toits » j'ai eu très envie de découvrir un peu plus cette écrivaine mauricienne. Si l'île Maurice est synonyme pour beaucoup d'entre nous de vacances sur des plages de sable blanc, de mer bleu azur, sous un soleil toujours présent, cette île a représenté pour des populations noires un lieu d'esclavage et lorsque celui-ci a pris fin, une terre d'immigration pour des Indiens fuyant une misère absolue dans leur pays.Loin de ces impressions paradisiaques, ce roman se situe en 1890 : l'île Maurice est alors sous domination britannique, depuis une trentaine d'années, mais les plantations restent la propriété de riches planteurs français qui recherchent à tout prix une main d'oeuvre bon marché pour remplacer leurs anciens esclaves. Les noirs habitent aussi cette île mais refusent de se faire maltraiter par les propriétaires blancs, peu d'entente sont possibles avec les Indiens qui acceptent des conditions de travail dont eux mêmes ne veulent plus. En peu de chapitres, les problèmes sont très bien posés. On comprend d'autant mieux tous les problèmes qui assaillent dès leur arrivée ces malheureux Indiens sur l'île Maurice que chaque personnage nous est présenté avant leur départ dans leur lieu de vie d'origine. On comprend alors, pourquoi ils partent, mais aussi comment ils vont être forcément déçus car trop de fables irréalistes, comme ces pièces d'or que l'on trouve en soulevant des rochers, leur obscurcissent le cerveau !

Ce roman nous permet de comprendre la situation des Indiens en 1890, certains sont accablés par les dettes que leurs parents ont contractées, un des personnage est seulement joueur de poker et perd tout l'argent de ses parents aux cartes, une jeune femme de sang royal doit brûler sur le bûcher de son mari mort à la chasse, un autre croit rejoindre son frère… Tous se retrouvent sur un bateau : l'Atlas qui après des mois de navigation d'autant plus éprouvante que les Indiens craignent beaucoup la mer, ils débarquent apeurés sur l'île « Meuriche » et trouvent une condition qui se rapproche plus de l'esclavage que celle de travailleurs pauvres et précaires.

J'ai beaucoup aimé ce livre, certainement parce que je ne savais pas grand chose de cette immigration mais aussi parce que cette auteure sait très bien raconter, j'ai quitté à regret ses personnages et j'aurais aimé les suivre un peu plus longtemps. Il y a un aspect qui m'a beaucoup intéressée : à quel point l'enfermement dans les traditions de l'Inde asservit la population et empêche les plus pauvres de s'émanciper, mais à quel point également, ces carcans représentent un lieu rassurant face à un inconnu encore plus menaçant que la servitude que l'on connaît bien. le roman l'annonce mais ne le décrit pas, visiblement les Indiens sauront grâce à leur courage et à leur force de travail devenir une partie très importante de la population active de l'île et à finalement s'enrichir même sans trouver les fameuses pièces d'or qui ont fait briller les yeux de leurs ancêtres.

Lien : https://luocine.fr/?p=11632
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Quand, entassés dans la cale… ils subissaient la colère de la mer qui
grondait comme cent orages à leurs oreilles, quand leurs corps roulaient
tels des bouts de chiffon d’un bout à l’autre de la sombre prison, quand ils
cherchaient désespérément à s’accrocher pendant les pires tangages pour
ne pas se fracasser la tête contre la coque ou pour éviter d’écraser leurs
propres enfants, quand la nuit était emplie des craquements de l’Atlas,
comme les cris d’une forêt pliant sous les assauts d’un cyclone, quand ils
avaient peur d’être emportés dans l’enfer du kala pani, ils fermaient les
yeux et pensaient à Merich. (p. 130)
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Ils se promènent là où ils sont interdits. Hier, j’ai vu un vieux qui
fumait à trois pas de moi. Je lui ai dit de déguerpir, ici c’est la place des
Anglais, il n’avait qu’à aller à l’arrière se souiller de suie. L’officier qui
m’accompagnait se tenait à la barre et m’a demandé à qui je parlais. Le
bateau rentrait dans les vagues et bondissait dessus avec des claquements.
Le pont était trempé. Le vieux s’est retourné et j’ai vu qu’il n’avait pas de
visage. Il avait des trous à la place des yeux, du nez et de la bouche.
C’était le vieux pêcheur » (p.124)
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Seeram avait connu la mer et la pêche toute sa vie. Jamais il n’avait
travaillé la terre (…). Son père et son grand-père avant lui étaient des
pêcheurs, ils savaient reconnaître les viviers à poissons, ils savaient
patienter jusqu’à la veille de la mousson pour que les vagues gonflées
fassent remonter les poissons et alors, alors seulement ils menaient leur
barque par-dessus l’écume blanche tels des conquérants. Ils avaient fait des
filets de pêche toute sa vie, vendu des poissons dès le pied posé sur la
plage, fait des courses de voiliers quand le vent était gonflé de promesse
de mousson… Il savait faire ça, le vieux. Mais les cannes à sucre, non »
(p.156-157)
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J’ai pris mes quartiers tôt le matin, avant la chaleur de Calcutta et
l’odeur de cette ville, où les morts sont plus nombreux que les vivants, ne
réveillent les mouches.
Plus que toute autre chose de ce pays, je ne supporte pas les mouches.
Elles sont noires, grasses, velues et rien ne les arrête. Dès que la ville
s’éveille, les mouches sont aux aguets, prêtes à s’envoler en nuées, à foncer
sur un visage luisant, à tourbillonner autour d’un casse-croûte. (p. 77)
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Badri pensait que mendier, finalement, ce n'était pas si mal. C'était son troisième jour à Agra et en mendiant, il pouvait se faire de l'argent ! Peut-être rentrerait-il bientôt chez lui ?
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Videos de Nathacha Appanah (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathacha Appanah
Nathacha Appanah était présente pour présenter son nouvel ouvrage : La mémoire délavée paru aux éditions Mercure de France. le roman s'ouvre par un magnifique vol d'étourneaux. Un vol au premier abord innocent mais dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. L'autrice traverse alors la mémoire de sa famille. le centre de l'ouvrage est marqué par un magnifique hommage à son grand-père qui travaillait dans un champ de cannes.
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