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EAN : 9782070321612
264 pages
Gallimard (25/06/1976)
4.11/5   58 notes
Résumé :
Ce poème de plus de 200 pages est sans précédent dans l'œuvre d'Aragon. Il a essentiellement pour sujet le secret de la création poétique aussi bien chez des poètes imaginaires que chez les poètes nommés, et chez l'auteur lui-même.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est par la chanson que je suis (re)venu à la poésie, (après le premier contact au collège et au lycée, comme tout le monde), c'est par Jean Ferrat et Léo Ferré que je suis venu à Aragon. J'imagine que je ne suis pas le seul. La chanson est un magnifique pont entre deux mondes, celui de la musique et celui de la littérature, et un merveilleux outil pour entrer dans celui de la poésie.
En plus, Aragon, comme quelques autres (Verlaine ou Hugo, par exemple), a cette particularité d'avoir d'emblée une poésie « musicale » : par le rythme choisi, par la cadence des vers, par le choix des mots et des sonorités, les poètes impriment déjà comme un mouvement au poème qui ne peut qu'inspirer les compositeurs.
Quand en plus, ces compositeurs s'appellent Ferrat ou Ferré, c'est tout bonus !
Je débarquais à Paris en 1974 – c'était hier – et un copain communiste (un camarade, quoi) me fit connaître Ferrat. Je connaissais un peu pour l'avoir entendu à la radio, je savais par coeur quelques tubes comme « Potemkine » ou « La Montagne », mais j'appris ainsi à mieux cerner le chanteur, musicien et poète, et puis ce coup de foudre le disque « Ferrat chante Aragon ». A très peu de temps de là, j'eus une expérience similaire avec Léo Ferré et son disque « Les chansons d'Aragon ». Ferrat, comme Ferré, dans deux styles différents, mais avec la même ferveur, la même passion, le même respect dans l'adaptation, me firent, avec ces deux disques, un des plus magnifiques cadeaux qui soient…
En y réfléchissant bien, il n'est pas très étonnant que ces deux pointures de la chanson se soient penchées sue le cas Aragon : ils étaient poètes eux-mêmes (notez que Brassens, quelques années avant, leur avait montré la voie en adaptant « Il n'y a pas d'amour heureux »
Louis Aragon (1897-1982) est l'auteur d'une oeuvre immense (poésie, romans essais, articles divers) qui fait de lui un des écrivains-phare du XXème siècle. Son oeuvre poétique en particulier est d'une richesse et d'une qualité qui le placent dans le peloton de tête des plus grands poètes français, toutes époques confondues. Deux thèmes majeurs parcourent ces cinquante ou soixante années d'écriture : l'engagement (politique et patriotique) et l'amour exclusif et total pour sa femme Elsa. Un troisième thème recouvre les deux premiers et l'ensemble de sa production : l'amour de la poésie.
Le recueil « Les Poètes » est à la fois hommage à cet art, et à ses confrères en poésie, contemporains ou pas, dans les pas desquels il met ses pas. le « Prologue » compose une grande fresque qui fait défiler nombre de poètes de toutes époques et de tous pays. « La complainte de Robert le Diable » évoque de façon magistrale Robert Desnos, « La halte Collioure » ressuscite Antonio Machado, « Celui qui s'en fut à douleur » est un hommage à Francis Carco, « Feux de Paris » à Charles Baudelaire, et « Ainsi Prague » à Vitezslav Nezval, poète tchèque peu connu chez nous. Et tout au long des autres poèmes passent les ombres de Verlaine, de Rimbaud, d'Apollinaire
Un recueil à savourer lentement, en se laissant pénétrer par la musique des vers…
Et continuez le plaisir en écoutant ces mêmes vers transcendés par une musique composée par d'autres poètes : Léo Ferré : Les chansons d'Aragon, Ferrat chante Aragon (2 volumes). Isabelle Aubret chante Aragon (où elle reprend beaucoup de titres de Ferrat et Ferré), Hélène Martin chante Aragon, et pour faire bonne mesure, une excellente anthologie : « Aragon, de l'innocence du poème à la chanson » dans la collection Les voix de la poésie : les poèmes d'Aragon chantés par Catherine Sauvage, Francesca Solleville, Monique Morelli, Marc Ogeret, Jacques Douai, Colette Magny et même des textes récités par Aragon lui-même.
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Avec ce long éponyme (repris par Ferrat), Aragon salue avec noblesse et virtuosité ce que le début du XXème siècle a produit de plus beau: ses poètes.
L'art d'Aragon est de magnifier en quelques mots et de rendre familier au travers d'images éblouissantes ces poètes aujourd'hui disparus.
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Louis Aragon est un grand poète. A quoi reconnait-on qu'il mérite ce titre : la qualité de ses pensées, de ses poèmes et surtout le souffle qui les animent. En un mot, le lyrisme. L'influence du surréalisme y est moins présent que chez d'autres auteurs. Ce qui n'empêche pas Aragon de trouver des images qui impressionnent l'imagination, et cette façon de transfigurer le quotidien ou d'évoquer la personnalité d'autres poètes disparus (Nezval, Eluard, Desnos). Il a aussi beaucoup produit ce qui me laisse espérer encore d'autres lectures superbes.
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Je n'ai pas encore lu Les Poètes dans sa totalité, mais ce livre qui s'ouvre sur un "Prologue" qui dit la nécessité pour le poète de chanter après ceux qui l'ont fait, et se termine par un "Épilogue" qui proclame la relève à prendre après que le poète s'est tu nous promet une réflexion sur ce qu'est la poésie, mais surtout, nous offre à lire une langue sublime.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t’escortait dans les Halles

Parmi les diables chargés de chair tu noyais
Je ne sais quels chagrins ou bien quels blue devils
Tu traînais au bal derrière l’Hôtel-de-Ville
Dans les ombres koscher d’un Quatorze-Juillet

Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j’entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d’avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l’injure

Tu parcourais la vie avec des yeux royaux
Quand je t’ai rencontré revenant du Maroc
C’était un temps maudit peuplé de gens baroques
Qui jouaient dans la brumes à des jeux déloyaux

Debout sous un porche avec un cornet de frites
Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
Dévisageant le monde avec effronterie
De ton regard pareil à celui d’Amphitrite

Enorme et palpitant d’une pâle buée
Et le sol à ton pied comme au sein nu l’écume
Se couvre de mégots de crachats de légumes
Dans les pas de la pluie et des prostituées

Et c’est encore toi sans fin qui te promènes
Berger des longs désirs et des songes brisés
Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées
Jusqu’à l’épuisement de la nuit ton domaine

Oh la Gare de l’Est et le premier croissant
Le café noir qu’on prend près du percolateur
Les journaux frais les boulevards pleins de senteur
Les bouches du métro qui captent les passants

La ville un peu partout garde de ton passage
Une ombre de couleur à ses frontons salis
Et quand le jour se lève au Sacré-Coeur pâli
Quand sur le Panthéon comme un équarissage

Le crépuscule met ses lambeaux écorchés
Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change
Quand le soleil au Bois roule avec les oranges
Quand la lune s’assied de clocher en clocher

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu’au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

Je pense à toi Desnos et je revois tes yeux
Qu’explique seulement l’avenir qu’ils reflètent
Sans cela d’où pourrait leur venir ô poète
Ce bleu qu’ils ont en eux et qui dément les cieux

Louis Aragon
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PROLOGUE


Chanté



Il y a ce soir dans le ciel
Veiné d'encre et de rose Nil
Ce ciel vanné ce ciel de miel
Ce ciel d'hiver et de vinyle
Des vols de vanneaux qui le niellent


Ou si c'étaient que l'on devine
Des cigognes qui s'en reviennent
De quelles régions divines
De quelles rives diluviennes
Dans l'air bleu comme du Gershwin


Ou peut-être aussi bien des cygnes
Qui saignent dans le crépuscule
La lune blonde leur fait signe
Là-bas où les bateaux basculent
Et la première étoile cligne


Mais bah s'il y a ciel et plumes
Qu'importe l'aile alors ouverte
Qui bat le champ d'ombre où s'allument
Au velours d'une avoine verte
Les étincelles de l'enclume


Heure douce aux oiseaux légère
Heure aux amants tendre et troublante
Jour étrange où je rôde et j'erre
Comme une chanson triste et lente
Sur les lèvres d'une étrangère


Chimères canards ou mouettes
Dites-moi ces folles chandelles
Vous les voyez mieux d'où vous êtes
Au-delà de votre champ d'ailes
Sont-ce les yeux d'or des poètes

Firmament de métamorphoses
Où la raison se dépayse
La lumière se décompose
Omar Khayam Saadi Hafiz
O constellation des roses


S’il y a ciel il y a sable
Et ces yeux aux cieux qui s'éveillent
Sont-ce des chanteurs ineffables
Rimeurs de mots et de merveilles
Dans ma mémoire ineffaçables


Ciel sur le siècle et sur les armes
Au-dessus du jardin des morts
Ciel sur le saule et sur le charme
Et voici l'étoile Valmore
S'il y a ciel c'est pour les larmes


Les ténèbres sont les tambours
Des crucifixions humaines
Le poème y monte à rebours
D'Icare où la douleur le mène
Parmi les célestes labours


Il y a ciel où tu succombes
Sans nom que l'éclat de tes vers
C'est peu que passent les palombes
Et se balance un arbre vert
O Keats au-dessus de ta tombe


Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours




A toi géant triste et superbe
D'où la manne des mots émane
Poète vert des Feuilles d'Herbe
Ciel ou prairie ô Walt Whitman
Vieil homme en blanc Chair faite verbe


S'il y a ciel ce n'est point d'anges
Et le chant se passe de lyre
S'il y a ciel le ciel nous venge
Et que du vin de nos délires
Le vent divin fasse vendange


Ciel inverse au fond de la mer
Il y a des langues ardentes
Péchés dansants larmes amères
Le bas de la robe de Dante
Y frôle ceux qui mal aimèrent


La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges


Il est fait étoile d'Ovide
Avec les rayons de l'exil
Etoile au ciel almoravide
Où Federico trouve asile
Au-dessus de Grenade vide


Il y a grenade et grenade
Et pour un sourire éternel
S'entrouvre au printemps des manades
La blessure au cœur d'Aubanel
Egrenant les grains de l'aubade


Au-dessus des eaux et des plaines
Au-dessus des toits des collines
Un plain-chant monte à gorge pleine
Est-ce vers l'étoile Holderlin
Est-ce vers l'étoile Verlaine


Etoile au front d'Apollinaire
Sous le bandeau noir qu'il enlève
Point une aube extraordinaire
Comme l'idée au front de Scève
En prend la forme imaginaire


Etoile de sang sur la plaine
Que veut dire ce noir manège
Tu visas Pouchkine au cœur Haine
Et s'enfuit à travers la neige
D'Anthès Baron van Heckeren


Marlowe il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires A la lueur d'une lanterne


Nerval s'y pend c'était fatal
Les feux forment là-haut des phrases
Et près de Pétrarque s'installent
Le Hussard sur les Monts Caucase
Rimbaud dans ses draps d'hôpital


Et Germain Nouveau sous son porche
Qui compte les poux du ciel noir
Nassimi des pieds qu'on écorche
A la tête y rejoint ce soir
Les chanteurs transformés en torches


Vienne Abovian ô Katchatour
Disparu sans laisser de trace
Veilleur de la plus haute tour
Tcharentz et toi voici la place
Que vous étoilez tour à tour



D'autres périssent pour l'honneur
La balle qui tua Dovalle
Perça ses vers et puis son cœur
Et les drames de Paris valent
Ceux de la Perse ou d'Elseneur



Etoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe d'un rossignol
Mais que sait l’univers du drame


Il n’est pas que du sang qu'on verse
Il n'est pas que du chant qu'on perd
Qu'on meure à Paris comme en Perse
C'est vivant que l'on désespère
Et son chant le chanteur transperce


Je suis l'Archange et Lucifer
Tous les bourreaux mal nous bourrellent
Au prix en nous de cet enfer
De ce que nos mains naturelles
De notre âme s'emploient à faire


Celui qui chante se torture
Quels cris en moi quel animal
Je tue ou quelle créature
Au nom du bien au nom du mal
Seul le savent ceux qui se turent


Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni pour en avouer ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède


J'ouvre mon ventre et mon poème
Entrez dans mon antre et mon Louvre
Voici ma plaie et le Saint-Chrême
Voici mon chant que je découvre
Entrez avec moi dans moi-même
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COMPLAINTE DE ROBERT LE DIABLE



Chanté


Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles


Parmi les diables chargés de chair tu noyais
Je ne sais quels chagrins Ou bien quels blue devils
Tu traînais au bal derrière l'Hôtel-de-Ville
Dans les ombres koscher d'un Quatorze-Juillet


Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j'entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d'avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure


Tu parcourais la vie avec des yeux royaux
Quand je t'ai rencontré revenant du Maroc
C'était un temps maudit peuplé de gens baroques
Qui jouaient dans la brume à des jeux déloyaux


Debout sous un porche avec un cornet de frites
Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
Dévisageant le monde avec effronterie
De ton regard pareil à celui d'Amphitrite


Enorme et palpitant d'une pâle buée
Et le sol à tes pieds comme au sein nu l'écume
Se couvre de mégots de crachats de légumes
Dans les pas de la pluie et des prostituées


Et c'est encore toi sans fin qui te promènes
Berger des longs désirs et des songes brisés
Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées
Jusqu'à l'épuisement de la nuit ton domaine



Tu te hâtes plus tard le long des quais Robert
Quand Paris se défarde et peu à peu s'éteint
Au geste machinal que fait dans le matin
L'homme bleu qui s'en va mouchant les réverbères


Oh la Gare de l'Est et le premier croissant
Le café noir qu'on prend près du percolateur
Les journaux frais Les boulevards pleins de senteurs
Les bouches du métro qui cachent les passants


La ville un peu partout garde de ton passage
Une ombre de couleur à ses frontons salis
Et quand le jour se lève au Sacré-Cœur pâli
Quand sur le Panthéon comme un équarrissage


Le crépuscule met ses lambeaux écorchés
Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change
Quand le soleil au Bois roule avec les oranges
Quand la lune s'assied de clocher en clocher


Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne


Je pense à toi Desnos et je revois tes yeux
Qu'explique seulement l'avenir qu'ils reflètent
Sans cela d'où pourrait leur venir ô poète
Ce bleu qu'ils ont en eux et qui dément les cieux
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LA NUIT DES JEUNES GENS

VI POÈME DU VIOLON LAZARE


…Où cela se passait-il Dans quel cimetière
L'ombre à tes genoux montait de la terre entière

Tu demeures tout bête et regardes ta main
Gardant l'impression d'une main dans ta paume
Ne crains rien la mort t'abandonne son royaume
Pour cueillir un trèfle à quatre feuilles au bord du chemin


Où cela se passait-il Peut-être en Judée
Il y a partout des Lazare à mon idée

Au clair de la lune on lui voit toutes ses cordes
Les vers dans son ventre vide entrent par deux trous
Qu'as-tu fait de ton suaire homme maigre et doux
Ah Lazare tu n'es pas beau je te l'accorde

Où cela se passait-il qu'en disaient les rats
Et cette odeur de pourriture et cœtera

Ce violon comment voudriez-vous qu'il chante
Ce violon comment voudriez-vous qu'il crie
Quand la mort n'est plus là pour de sa main touchante
Faire signe à Marthe et Marie…

p.160-161
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ELSA ENTRE DANS LE POÈME
5. EXCUSE POUR EN FINIR


Je sais que je vous irrite
À chanter si tristement
Et mes paroles écrites
Vous semblent un testament
Qui l'avenir déshérite

Il n'y a pas tant raison
Par le temps qui court de rire
Et qui demeure en prison
Demandez-lui de tenir
L'œil toujours sur l'horizon

Suffit-il point que je place
Bonheur si haut que je fais
Ou vous faut-il une glace
Qui mente comme un portrait
Insensible au vent qui passe

Je ne saurais pas comment
Amis me forcer la gorge
Et jouer à l'enjouement
Avec moi rompez pain d'orge
Sans l'appeler du froment

Celui qui le vin d'amour
Dans son verre a réchauffé
A droit d'avoir le cœur lourd
Sans dire contes de fées
Quand vient la fin de son jour

Allez ailleurs si les gens
Mieux qu'avec moi s'y amusent
Ou sont plus intelligents
Que voulez-vous l'âge m'use
Comme une pièce d'argent

On n'y voit plus ni la France
La République ou le Roi
Ce n'est pas indifférence
Mais chacun porte sa croix
Sa couronne de souffrances

Pourtant au cœur de mes yeux
Comme un oiseau dans sa cage
Brille un rêve merveilleux
Qui contredit mon langage
Avec la couleur des cieux

Un mot gage mon domaine
Parler c'est lancer les dés
Et le point que je ramène
Gagne ou perd vous l'entendez
Je suis créature humaine

L'amour à qui s'en grisa
Lui faut-il en avoir honte
J'aurai vécu sans visa
Et ma vie au bout du compte
Se résume au nom d'Elsa

p.238-239-240
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