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EAN : 9782266022774
251 pages
Pocket (12/09/1999)
3.53/5   17 notes
Résumé :

" L'idée du crime ne lui causait nulle répulsion, nulle crainte, et le crime accompli, elle ne sentirait nul remords. C'était simplement une image monstrueuse entre tant d'autres, et qu'elle fût réalisée la distinguerait à peine des images monstrueuses qu'elle avait senties grouiller en elle dès l'enfance et qui remplissaient déjà ses rêves.

" Madame Alfieri ? Un volcan sous la glace ... Un personnage de roman ... Ganse le sait trop bien.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un roman dont je me demande encore bien pourquoi je ne l'ai pas abandonné, ou plutôt si, pour une de ses rares qualités : une tendance à s'améliorer au fil des pages. Sinon, l'écriture est belle mais la lecture pas vraiment fluide. C'est verbeux, ou plutôt les personnages ont tous tendance à s'écouter parler et même penser. La première partie, où Bernanos plante le décor et égratigne ses contemporains au travers des protagonistes, est longue comme un jour sans pain. J'ai trouvé qu'il n'y en avait pas un de supportable, tous sont aussi antipathiques, chacun dans son genre. Mais vers la fin de cette partie on sent pointer le drame. Enfin arrive la deuxième partie, bien plus prenante, qui ressemble un minimum à un roman policier, qui s'annonce prometteur (le premier chapitre est même brillant), mais voilà … c'est un roman posthume inachevé. Heureusement on sait quand même qui est l'assassin ! Ce n'est pas un roman que je recommanderais sauf si vous êtes fan de Bernanos, ce qui n'est pas mon cas.
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Bernanos s'est un jour avisé de s'essayer au genre policier, peut-être plus rentable quand on a famille nombreuse et qu'on vit de sa plume. Mais voilà, Bernanos ne sait faire que du Bernanos.

Grande oeuvre que ce "Mauvais Rêve", moins connue mais tout aussi sidérante que "Sous le Soleil de Satan". Le personnage sur le fil du rasoir entre sainteté et gouffre de l'enfer est cette fois un personnage féminin, madame Alfieri. Grande, grande dame.

Ce roman est composé de deux parties :

- la première partie campe le décor et présente les protagonistes. Elle ne manque pas d'intérêt même si elle semble parfois un peu "phraseuse."
Bernanos y évoque le monde sans idéal qui a survécu à la guerre des tranchées, écorche au passage le microcosme littéraire et ses idoles, Anatole France et André Gide. Il caricature la bourgeoisie, sa vaine médiocrité, ses peurs, sa suffisance.
Pourtant, même s'il tourne en dérision les groupes humains (communistes, écrivains, mondains, rentières avaricieuses, jeunes paltoquets cérébraux et sans nerfs), il ne condamne pas les individus qui les composent et qui tous luttent, souffrent et font ce qu'ils peuvent pour échapper à leur enfermement dans une médiocrité qu'ils n'ont pas créée seuls mais qui est oeuvre collective.

- La seconde partie est somptueuse, le roman atteint là son apothéose. Et l'on saura enfin qui triomphera, de l'ange ou du démon.

On peut ne pas aimer Bernanos, mais cet homme-là savait écrire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A ce moment, dégrisée par la peur, l’absurdité de son entreprise, la certitude de l’échec lui apparurent de nouveau avec une telle force d’évidence qu’elle ferma les yeux comme sous un choc en pleine poitrine, étouffa un gémissement. Le désespoir seul avait pu l’amener jusque là — un désespoir dont elle n’avait jamais eu qu’à de rares minutes, une claire conscience — désespoir sans cause et sans objet précis, d’autant plus redoutable qu’il s’était lentement infiltré en elle, imprégnant ainsi qu’un autre poison plus subtil chaque fibre de sa chair, courant à travers ses veines avec son sang. Nulle parole n’eût pu l’exprimer, nulle image lui donner assez de réalité pour frapper son intelligence, tirer sa volonté de son engourdissement stupide. A peine se souvenait-elle de l’enchaînement des circonstances, liées entre elles par la logique délirante du rêve, qui l’avait entraînée jusque-là, et pour quel dessein elle y était venue. Le seul sentiment qui subsistât dans cette horrible défaillance de l’âme était cette sorte de curiosité professionnelle apprise à l’école du vieux Ganse. Comme à ces tournants d’un livre où l’auteur ne se sent plus maître des personnages qu’il a vu lentement se former sous ses yeux et reste simple spectateur d’un drame dont le sens vient de lui échapper tout à coup, elle eût volontiers tiré à pile ou face un dénouement, quel qu’il fût. L’angoisse qu’elle ne réussissait pas à dominer ne ressemblait d’ailleurs pas à celle de la crainte : c’était plutôt la hâte d’en finir coûte que coûte, une sorte d’impatience, si l’on peut donner ce nom à la fureur sombre, implacable, qui se fût aussi bien tournée en ce moment contre elle-même.
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Ce qui me lie à toi est encore bien plus fort que l'amour.
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« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine. […] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer. […] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête 11:30 - Générique
Référence bibliographique : Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration : https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
#GeorgesBernanos #scandaledelavérité #LittératureFrançaise
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