Antonin Artaud, pas encore déchaîné, se rattache à un quelconque mobile pour ne pas perdre pied. C'est parce que je sais ce qu'il devint plus tard que je me permets cette constatation facile. Si je ne l'avais pas su, j'aurais simplement dit qu'Artaud, passionné de théâtre jusqu'à la fièvre, combat pour le ramener à la vie des nerfs.
Les
oeuvres réunies dans ce deuxième volume s'attachent à la période de la fin des années 20 avec la naissance du théâtre
Alfred Jarry en 1926/1927.
Antonin Artaud expose sa conception idéale du théâtre :
« Si nous faisons un théâtre, ce n'est pas pour jouer des pièces, mais pour arriver à ce que tout ce qu'il y a d'obscur dans l'esprit, d'enfoui, d'irrévélé se manifeste en une sorte de projection matérielle, réelle. […]
Pas un geste de théâtre qui ne portera derrière lui toute la fatalité de la vie et les mystérieuses rencontres des rêves. Tout ce qui dans la vie a un sens augural, divinatoire, correspond à un pressentiment, provient d'une erreur féconde de l'esprit, on le trouvera à un moment donné sur notre scène ».
Nous découvrons également ses propositions de mise en scène, ses réactions face aux critiques, et diverses impressions nées de rencontres littéraires et picturales avec des artistes de son temps. Aujourd'hui, cela ressemble à une époque qui ne pourra plus jamais exister. Qui se prend encore aussi sérieusement la tête avec les quelques blagues que les artistes aiment se lancer sérieusement ?
Utile pour comprendre une phase de l'évolution d'
Antonin Artaud et pour confirmer ses vues artistiques, ses ambitions, sa volonté de ne jamais laisser passer un compromis.