Petit format très adapté aux multiples méditations que ne manquent pas de provoquer les oeuvres peintes sélectionnées dans ces pages rêveuses faites pour en célébrer d'autres. Éloge des livres et de la lecture dans la peinture qui magnifie au passage la représentation des mains au contact du papier dans des scènes bibliques ou religieuses de l'art occidental mais aussi des scènes profanes. Codex imposants, livres d'heures et de dévotion peints au Quattrocento, traités de philosophie et de chimie, recueils de poésie plus tard. Livres reliés, empilés, posés, rangés, livres fermés et livres ouverts. le Petit paresseux du XVIIIe, endormi sur son livre, attendrit (Greuze, 1755), le Rat de bibliothèque perché sur son escabeau, au XIXe siècle, fait sourire (Carl Spitzweg, v. 1850). La lecture si souvent sage et studieuse a aussi ses abandons (Félix valloton, 1924). Soif de savoirs et plaisirs de lire se mêlent à des histoires de peintures de la Renaissance jusqu'à aujourd'hui. A remettre entre toutes les mains.
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Voilà un bon petit livre d'histoire de l'art pour qui s'intéresse à la lecture et à ses représentations artistiques au fil des siècles. Une introduction -fort synthétique mais non moins intéressante - sur l'histoire du livre permet de centrer le sujet avant que les pages suivantes ne nous amènent à observer les menus détails de grandes peintures.
Si je devais n'exprimer qu'un regret concernant cet ouvrage, ce serait celui-ci : les commentaires d'oeuvre laissent parfois sur notre faim et il me semble - bien que je ne sois pas spécialiste en histoire de l'art- que certains tombent un peu "à coté" (je pense notamment à celui concernant le portrait de Léopoldine).
Pour autant, c'est un biais original pour replonger (ou plonger) dans la lecture de quelques oeuvres parmi les plus géniales de leur époque.
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Selon Proust dans Le Temps retrouvé : "Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie mais de l'obscurité et du silence." Et si les scènes de lecture ont pu donner lieu à certains des plus beaux portraits de l'histoire de l'art, c'est sans doute parce qu'elles permettent une évocation de l'intériorité, du silence de l'âme. (p. 3)
Les livres dans la peinture
Faire entrer un livre dans un tableau c’est comme y inclure la possibilité d’un espace supplémentaire et vertigineux, un espace infini. Car peindre un livre ce n’est pas seulement représenter un contenant, une reliure de cuir, un dos avec un signet et un tranchefil, des cahiers blancs couverts de caractères, c’est aussi esquisser un contenu, imaginer une façon de lire, inviter à la lecture et à l’écriture. C’est aussi représenter le rapport du corps au livre : la position, assise ou couchée, le jeu du regard, les gestes de la main. C’est enfin saisir l’espace et le temps suspendu de la lecture.
« Le sentiment que nous éprouvons pendant que nous regardons un tableau n’est pas à distinguer du tableau, ni de nous-même. Le sentiment, le tableau et nous-même sommes réunis en notre mystère. » Cette définition de Magritte pourrait s’appliquer à chaque livre, à chaque lecture.
Omniprésent dans la peinture occidentale, le livre est comme une minuscule mise en abîme, une toute petite nature morte qui symboliserait la sagesse, la dévotion, l'érudition, la culture, l'intelligence, mais aussi la subversion, le rêve ou le fantasme. Faire entrer un livre dans un tableau c'est comme y inclure la possibilité d'un espace supplémentaire et vertigineux, un espace infini.