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sur 185 notes
Egalement scénariste et réalisateur, Paul Auster s'est imposé comme un auteur majeur du post-modernisme. A 77 ans et atteint d'un cancer, il publie ce qu'il annonce comme probablement son dernier livre, un ouvrage dense et court, où la marée des souvenirs assaille un écrivain vieillissant, tourmenté par la perte de sa femme et par les premières défaillances de l'âge.


Dans ce récit, où est le vrai, où est le faux ? Alter ego de l'auteur, Sy Baumgartner est un éminent professeur d'université en même temps qu'un auteur respecté. Mais, à plus de soixante-dix ans, le terme du voyage se fait pressentir. Même si, et pas seulement en esprit, l'homme n'a toujours rien lâché de ses activités, oeuvrant son relâche à son dernier ouvrage, il lui faut bien reconnaître que des détails commencent à le trahir. Veuf depuis dix ans, il a de soudaines absences, se brûle avec une casserole oubliée sur le feu, tombe dans l'escalier de la cave et ne se souvient plus de ses rendez-vous. le mari de sa femme de ménage s'étant accidentellement sectionné plusieurs doigts, le « syndrome du membre fantôme » lui inspire une « métaphore de la souffrance humaine et de la perte ». Ayant perdu la moitié de lui-même, il se voit en « moignon humain », souffrant de tous ses membres manquants.


Alors, irrépressiblement et de plus en plus souvent, les souvenirs éparpillés telles les pièces d'un puzzle envahissent le présent comme dans une tentative de recomposer sa vie : son enfance, l'histoire de ses parents entre Europe et Amérique, et, toujours et surtout, son coup de foudre pour Anna – Blume, comme la narratrice de l'un des premiers romans d'Auster –, leur long mariage heureux mais sans enfant, son admiration pour celle qui, poétesse et traductrice, ne s'est jamais souciée de publier son oeuvre, restée à l'état de manuscrits épars. Tout à son deuil impossible, en même temps qu'il continue inlassablement à plier les vêtements de l'aimée disparue, il rêve, à défaut de pouvoir lui redonner chair, de la faire revivre par l'esprit en faisant connaître ses écrits. Et le miracle se produit : éblouie par le recueil de poèmes qu'il a soigneusement choisis dans les tiroirs d'Anna pour une édition posthume, surgit une étudiante et son projet de thèse, une fille brillante, intellectuellement la copie de la morte, qui pourrait bien devenir une fille spirituelle, celle par qui la mémoire se transmet au lieu de se perdre.


Mettant, comme il sait si bien le faire, son style dépouillé au service d'un enchâssement d'histoires pleines d'incidents et de détails riches de sens, Paul Auster tisse les fils d'un récit poignant, non dénué d'humour, où amour, vieillesse et deuil trouvent, dans l'exploration de la mémoire et dans sa transmission, une continuité pleine de vitalité et d'espérance. Un dernier livre qui s'achève sur une épiphanie : la littérature ne meurt jamais et, à travers elle, ses auteurs non plus.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est avec une infinie tristesse que j'ai appris la mort de Paul Auster, ma seule consolation c'est qu'alors qu'il rendait son dernier soupir, il était dans sa bibliothèque au milieu de livres, et moi j'étais avec lui en achevant son dernier livre: Baumgartner.
Son dernier livre ne déroge absolument pas au monde de Paul Auster qu'il a tissé au cours du temps et de tous ses livres
L'évocation d'un univers nostalgique, des lieux intemporels et d'autres qui n'existent plus que dans la mémoire, à la magie de la vie, aux méandres labyrinthiques de nos mémoires, à la force et le pouvoir fabuleux d'aimer et d'être aimé.
Baumgartner, ce vieux monsieur qui tente de survivre à la perte irrémédiable de son amour, de son alter ego: Anna.
C'est avec tellement de délicatesse, de pudeur qu'il nous plonge dans ce deuil ,que nous entendons encore Anna taper sur sa machine à écrire.
Les mots de Paul Auster sont bouleversants, poignants, ils nous touchent car ils nous concernent, nous parlent.
Un après-midi, alors qu'il est très mal installé dans un transat, il nous embarque dans l'histoire des siens, nous parle de son père, de sa mère, de son voyage qui le conduit " à travers les terres baignées de sang d'Europe de l'Est, au centre de la scène d'horreur des massacres du XXe siècle et si l'homme -ombre qui a donné son nom à ma mère n'avait pas quitté cette partie du monde au moment où il le fit, je ne serais jamais né"
Le hasard, la chance, un moment infinitésimal comme le dira plus tard Jankélévitch et tout est joué ou déjoué.
Paul Auster et l'un de mes plus grands amis littéraires avec Proust, Gide et Makine.
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Je lis Paul Auster depuis que j'ai 18 ans, cela fait un bail. J'ai lu tous ses romans, je les attends toujours avec impatience. le petit dernier n'a rien d'exceptionnel mais je l'ai savouré avec délectation.

Seymour Baumgartner est un septuagénaire qui est veuf depuis une dizaine d'années. Sa femme, Anna Blume (comme le personnage d'un autre roman), s'est tuée lors d'une baignade en mer. Il va raconter leur vie mais pas de manière chronologique. le fleuve de la mémoire peut se perdre parfois dans des détails évanescents.

On y retrouve des références austériennes comme le baseball, cela m'a donné envie de revoir « Une équipe hors du commun » (Penny Marshall, 1992) sur une ligue féminine de baseball. Anna était très douée à ce jeu réservé aux garçons à partir d'un certain âge.

L'auteur parle de la mort et du deuil. La perte de certaines personnes donne l'impression d'avoir été amputé et il associe l'absence à la sensation du « membre fantôme ».

La vie est dangereuse mais il faut la vivre, nous n'en avons qu'une. Elle nous réserve parfois des surprises.

J'ai beaucoup aimé les petites histoires dans l'histoire dont celle de Frankie Boyle.

Je n'ai pas compris la fin mais elle est ouverte et laisse la place à l'imagination.




Challenge multi-défis 2024 (31)
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Paul Auster a annoncé que ce roman était probablement le dernier qu'il écrivait et qu'il devait consacrer ses forces au combat contre la maladie.
Il est tentant dès lors de lire ce livre comme le testament autobiographique d'un septuagénaire , d'autant que le héros-narrateur est un écrivain septuagénaire nommé Baumgartner, nom à la consonance proche de celui de Paul Auster.
Par ailleurs, l'auteur a semé de nombreux petits cailloux qui autorisent l'identification.

Il donne à son personnage une épouse poète et écrivaine de talent ( même si elle n'est pas publiée), qui s'appelait Anna Blume avant son mariage ( référence à l'un de ses romans), et dont la mère et le grand-père étaient des Auster. Mais ces indices sont bien davantage des clins d'oeil malicieux, d'autant plus que Siri Hustvedt est toujours bien vivante.

On sait que Paul Auster affectionne et maîtrise parfaitement les jeux de piste.
Dans 4321, il avait proposé quatre avatars de l'homme qu'il aurait pu être. On peut alors imaginer que ce Baumgartner serait son cinquième avatar !

Le livre démarre en fanfare sur une série d'accidents qui relèvent du burlesque . Sy Baumgartner, 70 ans, professeur de philosophie à Princeton, se brûle la main avec une casserole. le téléphone sonne et il apprend par la fille de sa femme de ménage que son mari s'est sectionné deux doigts avec une scie. Puis, alors qu'il escorte Ed Papadopoulos, un jeune préposé aux compteurs jusqu'au sous-sol, il tombe dans les escaliers et se blesse au genou.
Paul Auster ne ménage pas son personnage et n'hésite pas à se moquer du cerveau vieillissant des personnes âgées incapables de mener à bien plusieurs tâches à la fois ( passer un coup de téléphone à sa soeur, aller chercher un livre, fermer la braguette du pantalon ...).
Le thème de la mémoire est ainsi partout décliné dans toutes ses ramifications.

Alors même qu'il est maltraité, Baumgartner apparaît comme un personnage sympathique : attentif aux autres, il console la petite fille et s'inquiète de la carrière de Papadopoulos.

Juste au moment où il semble que le roman va se transformer en une histoire sur une amitié improbable entre Sy et Ed – le vieil universitaire et le jeune employé – Auster fait disparaître le personnage et emporte Baumgartner dans le passé.
Il se souvient de la mort inattendue de son épouse Anna qui s'est noyée il y a dix ans. Il raconte l'état de sideration qui a suivi, puis sa plongée dans la lecture de ses manuscrits jusqu'à sa décision de trouver un éditeur pour publier un recueil de ses poèmes.

Il va jusqu'à faire une incursion dans le surnaturel en décrivant un appel téléphonique d'Anna qui lui raconte ce que ça fait d'être mort.
"Il n'y a pas de punition, ni de récompense divine, ni trompettes ni feux de l'enfer, pas de havre de bonheur céleste, et aucun être humain ne reviendra jamais sur terre sous la forme d'un papillon, d'un crocodile ou de la prochaine incarnation de Marilyn Monroe. "
Sous l'humour jaillit l'angoisse du" Grand Nulle-part, espace noir dans lequel rien n'est visible, espace de nullité vide et silencieux, l'oubli propre au vide. "
Une fois encore, la mémoire et l'oubli sont au coeur du questionnement philosophique de Paul Auster

C'est d'ailleurs au cours de réflexions sur la mémoire qu'il décide de retourner dans son passé lointain.
Il évoque alors son père, propriétaire d'un magasin de vêtements d'origine polonaise, et sa mère couturière. Un père qui se rêvait révolutionnaire et menait une vie bourgeoise, une mère effacée qui n'a jamais connu ses parents.
Cette recherche des origines familiales aboutit sur l'absence et sur une certaine infamie du côté des grands-parents maternels, et sur l'insertion d'un texte écrit en 2017 lors d'un voyage en Ukraine sur les traces de son grand-père paternel.
Dans ce texte, il racontait la difficulté de connaître la vérité lorsque l'histoire s'efface au profit du récit et faisait coïncider cette réflexion avec son amour de la littérature.
" En l'absence d'aucune information susceptible de confirmer ou d'infirmer l'histoire qu'il m'a racontée, je choisis de croire le poète."

Le récit familial est un passage obligé dans les romans mémoriels, et Auster s'y plie avec complaisance. Pour autant, n'oublions pas à quel point il aime jouer avec l'identité et l'illusion tout en imbriquant des histoires les unes dans les autres.
Ses personnages ont souvent partagé certaines particularités de leur créateur sans pour autant lui correspondre, et peut-être aurions nous tort de confondre réalité et fiction, de penser que Paul Auster se soit livré à un transfert autobiographique.
En fait cela importe peu lorsqu'il s'agit de littérature, l'essentiel est la vérité que nous donnent les personnages. C'est ce que déclare l'auteur, lui qui préfère le faux au vrai, qui choisit de croire aux loups du poète.

Certes ce court roman ne brille pas par son originalité et son architecture dans l'oeuvre de Paul Auster. L'intrigue est minime et le personnage du vieillard qui se remémore son passé très conventionnel
Mais ce qui le distingue repose sur la qualité de la prose et sur l'intelligence des observations, et dans la manière dont ses personnages sont incarnés avec humour et tendresse.

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Baumgartner peut être lu comme le bilan d'une existence et il est naturel que Baumgartner soit un miroir très peu dépoli de Paul Auster.
Ce roman assez court ( 200 pages) est nostalgique et poignant car il investit le long cours de la vie.
Seymour Baumgartner, 71 ans, professeur à Princeton revisite la grande histoire de sa vie qu'a été son amour pour sa femme Anna Blume ( tiens, tiens un personnage des romans de Paul Auster).
Quand commence le roman Sy Baumgartner est veuf depuis 10 ans. Sur une plage, un soir, un dernier bain a été fatal à Anna. Une vague a brisé sa nuque.
Veuf vivant dans son appartement au gré de ses souvenirs.
Ce matin là un ensemble d'incidents, et une chute accidentelle va le ramener aux souvenirs de sa vie. Et les grands souvenirs de sa vie tournent autour d'Anna et de sa famille éxilée de l'Europe de l'Est et plus particulièrement d'Ukraine.
Ce grand père maternel qui s'appelait ... Auster.
Paul Auster nous gratifie d'un roman ou le désir de vie se télescope à la mémoire , parfois incertaine des souvenirs, alors que les prémices de la vieillesse apparaissent.
Lentement le puzzle de la vie de Baumgartner se met en place entre réalité, imagination et confession.
Les doutes, les angoisses, les fantômes perdus jalonnent le chemin.
Le vrai, le faux. Baumgartner- Auster.
Peut être le dernier roman de Paul Auster.

1er Mai 2024
Ce fut le dernier roman de Paul Auster. Paul Auster a quitté son cher Brooklyn cette nuit.
Livre épitaphe d'un immense écrivain dont les romans 4 3 2 1 et Brooklyn folies resterons les gardiens de sa mémoire
Paul Auster avait raconté qu'enfant il souhaitait un autographe du joueur de base ball Willie Mays . N'ayant pas de stylo, il n'avait pu avoir d'autographe . Depuis ce jour Paul Auster avait toujours sur lui un stylo. Il l'a tenu jusqu'au bout de sa vie et nul doute que celui- ci écrira sur les nuages.
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Plein de grâce et de finesse, ce roman testamentaire baigné d'une lumière de fin d'été est une ode aux femmes américaines et à leur liberté. Paul Auster enchâsse dans le récit principal des bribes des écrits du héros et de sa défunte épouse pour mieux donner à lire leur jeunesse et l'Amérique d'hier qui communique avec celle d'aujourd'hui (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/03/25/baumgartner-paul-auster/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Il m'a beaucoup touchée ce vieux prof de philo un peu paumé dans sa grande baraque, paumé et bien seul avec ses souvenirs qui lui reviennent régulièrement à l'esprit. Tout lui rappelle les jours anciens auprès de sa femme qui n'est plus, une poétesse qui a laissé une oeuvre dont une partie seulement a été publiée. Il faudrait entreprendre un gros travail de relecture mais le courage n'est plus là. Il travaille son petit essai sur Kierkegaard, commande des ouvrages sur Internet pour avoir le plaisir de discuter deux minutes avec la livreuse puis replonge dans ses souvenirs, les images d'Anna dont la mort accidentelle dix ans auparavant l'a laissé inconsolable. Les déplacements dans la maison sont devenus une aventure : il risque de tomber, de se prendre le pied dans un tapis et incapable de se relever, de mourir là, seul, oublié de tous.
J'ai beaucoup aimé ce texte très sensible qui dépeint un homme dont les repères présents s'effacent ou se floutent mais qui garde des souvenirs très précis du passé lointain. C'est comme ça quand on vieillit paraît-il, on finit par vivre davantage dans le passé, s'accrochant comme on peut à un présent un peu triste et mélancolique. Et l'on circule de l'un à l'autre comme dans un rêve, entre deux mondes, sans plus appartenir à aucun.
Un récit poignant non dénué d'humour et dont la précision des détails et leur réalisme nous laissent penser que l'auteur sait de quoi il parle.
Le dernier texte de Paul Auster  ? Moi je dis que non et j'attends la suite… En effet, la fin n'annonce-t-elle pas un début? Ce serait un beau pied de nez de l'auteur à ses lecteurs !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Cela faisait un bon moment que je voulais m'essayer à Paul Auster.
Je savais que son écriture était parfois obscure, voire difficile d'accès mais têtue comme une mule, j'ai attendu le bon moment, et, en regardant comme d'habitude les prochaines parutions qui feront flancher pour de bon ma PAL, j'ai remarqué que Auster venait de publier son nouveau livre.
Et là, l'illumination : je le veux ! "Quelle belle occasion" fais-je en moi-même.
Allez hop c'est parti.

Le texte est dense, sans discours à la voix directe mais plutôt indirect.
Baumgartner est un vieil universitaire donc écrivain, de soixante-dix ans.
Il a perdu sa femme, Anna, il y a une dizaine d'année, d'un accident, et veuf et seul, il a tout le temps qu'il faut pour penser et il dérive de-ci, de-là, et nous mêle à ses digressions, voyeurs que nous sommes, grâce à la plume de Auster.

Différents thèmes ; tout d'abord sa relation avec une amie d'Anna, Judith, plus jeune que lui, mais dont il est tombé amoureux et qu'il veut épouser. Il lui en parlera et elle l'éconduira gentiment, mais fermement.

Puis il repense à son père, qui était si fier de lui, si heureux que son garçon n'ait pas comme ambition de reprendre le magasin familial de prêt à porter pour femme.

Et puis instant de grâce, une étudiante s'intéresse à l'oeuvre de sa défunte femme pour son doctorat et il revit. Mais pour combien de temps ?

Et puis bien sûr, sa rencontre avec sa femme, Anna, histoire d'amour folle ; Auster ici décortique les premiers émois d'une nouvelle rencontre, et on en saura davantage à la fin du roman.

Justement, roman ou pas roman ?
Car il est question dans ses pensées sur sa famille paternelle d'un certain Auster.
Un coucou de l'auteur ? Mêle-t-il le faux du vrai ?

Je découvre tout juste cet écrivain si décrié, et pourtant si sensible.
Il faut une sensibilité et une empathie certaines pour ces pages noircies qui découpent une vie, sa vie en lambeaux merveilleux.
Quel cadeau que la mémoire ; c'est le message, à mon sens, que souhaite nous imprimer Auster. Il a un talent indéniable pour se mouvoir dans la cervelle et dans les méandres du coeur pour nous toucher et nous filons dans la lecture comme un cheval au grand galop, ne pouvant qu'avancer. Les pages se tournent toutes seules, et cette invitation aux voyages intérieurs sont des délices à consommer sans modération.

J'entends déjà les loups hurler : quel ennui, il ne se passe rien !
Et si, il s'en passe des choses, mais dans "l'intérieur".
Sinon, lisez un SAS, vous serez gâté en actions de tout acabit...

Je suis heureuse.
J'ai découvert Auster et j'ai aimé cette lecture.
Nous pouvons, je le crois, être accessible, ou plutôt se rendre accessible aux neurones et aux réminiscences d'un charmant septuagénaire qui s'encroûte certes dans sa vie quotidienne avec ses petites manies, mais qui nous offre grâce à Auster un plongeon dans le temps mais aussi dans le présent et surtout dans l'abysse le plus profond de notre conscience. À tous.

Alors oui, c'est une lecture qui peut sembler difficile, il faut faire des efforts, tout n'est pas mouliné tout cuit dans la bouche, mais les cadeaux sont bien là.

Je ne m'arrêterai pas ici, je souhaite continuer le voyage, les voyages.
Merci pour cette rencontre.

NB : j'ai appris il y a quelques jours le décès de Paul Auster.
Je suis triste, j'ai l'impression d'avoir perdu un ami.
Je commençais à peine Moon Palace.
Il va nous manquer.
Mais heureusement, grâce aux livres, à ses livres, nous pouvons le retrouver encore et encore.
Sans fin.



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Mes lectures de Paul Auster remontent à très loin, et je ne saurais dire pourquoi j'ai passé tant de temps sans continuer. En refermant Baumgartner, une envie très forte de rattraper le temps perdu... J'ai entendu des critiques et des fidèles lecteurs expliquer que ce n'est pas son meilleur, je ne suis pas en mesure de juger, je peux simplement affirmer que si toute la production romanesque était de ce niveau ce serait le paradis.

L'émotion ne m'a pas quittée, tout au long de ma lecture. Il ne m'a fallu que quelques lignes pour entrer de plain pied dans l'existence de Sy Baumgartner, enseignant chercheur à Princeton, septuagénaire solitaire et veuf inconsolable d'Anna, morte accidentellement dix ans auparavant lors d'un séjour à Cape Cod. le travail est un refuge pour Baumgartner actuellement occupé à la rédaction d'un essai sur Kierkegaard, même si Anna occupe très souvent ses pensées. Et c'est justement dans ces pensées que nous entraîne l'auteur, où l'on voit revivre quelques moments du couple et où leur relation prend corps. Baumgartner n'a pas pour autant renoncé aux femmes, il est même sur le point d'en demander une en mariage, comme une tentative de se tourner vers l'avenir alors que son esprit le ramène sans cesse au passé.

Ce roman est d'une beauté douloureuse dans ce qu'il exprime sur l'amour, le manque, le deuil et l'appréhension de la finitude. Si l'esprit de Baumgartner s'échappe dans le passé, son corps le rappelle souvent au présent (superbe scène de la chute dans l'escalier en ouverture du roman) mais plus encore sa conscience d'une trajectoire en bout de course. D'où l'envie inhérente de revisiter les moments clé de son histoire familiale, ou de continuer à explorer les ressorts philosophiques capables de sonder l'essence d'une vie. Tout ceci, Paul Auster le tisse avec une habileté qui m'a impressionnée. Malgré les thèmes douloureux, le roman est traversé d'instants lumineux marqués par des rencontres, des personnages qui viennent éclairer le quotidien de Baumgartner, le rattacher à la vie. J'en suis sortie infiniment touchée, voire bouleversée par moments, marquée à jamais par ce beau personnage au crépuscule, consciente de ne pas très bien en parler tant l'envie était forte de le garder pour moi.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Traduit par Anne-Laure Tissut

« Baumgartner » est sans doute le dernier livre de Paul Auster. On le sait malade.
La fin d'un long compagnonnage avec l'auteur, débuté alors que je n'étais qu'une jeune femme, semble se profiler. 

Nous rencontrons Sy Baumgartner, âgé de 71 ans et professeur de philosophie à la retraite à Princeton, 10 ans après la mort d'Anna son épouse, alors qu'il débute une sale journée. Il enchaîne les petits accidents domestiques (il se brûle la main dans la cuisine, il tombe dans l'escalier). S'en est presque comique. Mais rapidement l'esprit de Baumgartner quitte le « ici et maintenant » pour dériver vers le passé, vers l'absence d'Anna, son grand amour.

Brouillant les frontières entre conscience et rêverie, Auster nous offre une lettre d'amour à l'amour et à la littérature avec un regard terriblement sensible sur le deuil et sur le vieillissement. Tantôt drôle, tantôt mélancolique mais toujours subtil. L'image qui me vient à l'esprit est celle de la flamme d'une bougie parfois vive et lumineuse, parfois basse et vacillante mais qui refuse de s'éteindre.
Je pense que Auster a mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Baumgartner et ( interprétation facile ) beaucoup de Siri Hustvedt dans Anna.

C'est un roman modeste, pas le plus ambitieux de l'auteur, pas le plus brillant, il ne restera peut-être pas comme une pièce majeure dans son oeuvre et pourtant j'ai eu une tendresse folle pour lui.
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