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sur 2761 notes
Honoré de Balzac a trouvé le titre universel qui peut contenir tous les ouvrages de la création. Quels qu'ils soient, ils ne seront jamais que des actes de la Comédie humaine.

Je regardais mes compagnons de voyage dans le TGV qui me transportait vers Marseille. Qui à faire l'important en ouvrant son ordinateur, qui à faire l'importun en parlant fort, qui à lire son journal, et m'adressais à eux en moi-même : n'avez-vous pas le sentiment que ce qui vous occupe et vous distrait de l'essentiel n'est que futilité, qu'agitation dans la grande comédie humaine ? Jusqu'à ce que le grand rideau tombe sur cet acte qui vous donne la vedette.

Et moi donc ? Et bien figurez-vous qu'en ce moment même où vous êtes persuadé d'avoir le premier rôle, je suis en compagnie d'un certain Honoré de Balzac. Il me ravit de sa langue, de son imagination, de son humour parfois, de son humanisme toujours. Je suis avec le Colonel Chabert, vivant parmi les morts, mort parmi les vivants, et qui sacrifiera les importances de la vie terrestre à la tranquillité de son âme.

Marseille, déjà. Quel bon voyage.
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J'ai enfin lu le Colonel Chabert, deuxième Balzac que je lis après le Père Goriot que j'avais beaucoup aimé. le Colonel Chabert a été une lecture agréable, bien que ardue parfois du fait du vocabulaire juridique que je ne maîtrise pas. Une lecture toutefois très courte puisque le roman ne fait qu'une centaine de pages avec les (nombreuses) notes de bas de page.

Tout le monde connaît l'histoire de ce soldat qui a perdu son identité car il a été déclaré mort et, avec elle, sa vie puisqu'il va rétrograder et passer de colonel, héros de la bataille d'Eylau, à pauvre vagabond plongé dans la misère et la solitude. J'ai trouvé ce roman très intéressant, poignant parfois. Les classiques du 19ème siècle sont toujours de belles découvertes car ce sont souvent des lectures que je trouve profondes, denses, enrichissantes. Cette fois, j'ai beaucoup appris sur le début de ce siècle, sur la politique de la période, entre Empire et Restauration, et sur le Paris de l'époque qui ne s'étendait pas encore, au sud, au-delà du boulevard de l'Hôpital. Et puis ce personnage – quel personnage ! – du colonel, qui tient à sa dignité jusqu'au bout,

Bref, une lecture intéressante que je recommande pour explorer une certaine vision de la dignité, mais aussi de l'égoïsme et de la cupidité, avec en toile de fond le Paris fascinant mais implacable du 19ème siècle.
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Voilà un récit De Balzac accessible et qui se laisse dévorer rapidement. Un homme est laissé pour mort sur un champ de bataille. Il revient dix ans plus tard auprès de ses proches qui ont fait leur deuil et commencé de nouvelles vies. Héros des guerres napoléoniennes, il est également un paria avec le nouveau régime politique. Balzac en vient à s'interroger sur comment continuer à vivre alors que tout change autour de nous...
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Le coeur de l'intrigue, c'est le face à face entre un homme âgé et sa femme plus jeune qui ne le désire plus, qui ne l'aime plus, alors qu'elle est toujours belle, qu'il est pauvre et qu'elle est riche, et riche grâce à lui, qu'il n'est plus reconnu socialement alors qu'elle est une grande dame, une ancienne prostituée devenue grande dame grâce à son mari.
Le reste - l'hypocrisie de la société, les chicaneries de la justice, les plaisanteries des clercs de l'étude, ne sont qu'accessoires aux yeux du personnage principal. Car c'est la trahison de sa femme qui le fait le plus souffrir, celle qui devrait être à ses côtés et qui est la première à l'abandonner. Ce personnage de femme est saisissant pour ses manipulations et ses intrigues égoïstes dénuées d'humanité ; face à elle, Chabert est un héros, un héros militaire mais surtout un héros moral, une figure de saint prêt à tout sacrifier, sa vie, son argent, son nom et son identité, pour le bonheur de celle qu'il a aimée, même s'il la sait coupable.
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Livre lu dans le cadre du challenge solidaire 2019 - des classiques contre l'illettrisme.

Un vieil homme arrive dans un cabinet d'avocats et déclare être le Colonel Chabert, comte d'Empire, qui a pourtant été déclaré militairement mort à Eylau.
L'homme raconte son incroyable histoire à Maître Derville :
Sa veuve s'est remariée et a eu deux enfants de sa nouvelle union, et possède une grande richesse.

Nous allons savoir si cet homme est bien le colonel, s'il va retrouver son identité et ses biens, et s'il va reconquérir le coeur de son épouse remariée.

Dénonciation de la lenteur de la justice, des situations effarantes auxquelles on doit parfois faire face en toute impuissance : prouver que l'on est vivant lorsque l'administration nous croit mort. Critique de la société du paraître, de la trahison, de la manipulation, et des gens obsédés par l'appât du gain au détriment de la morale.
Contraste entre la veuve riche, heureuse, belle, opportuniste
et son mari appauvri moralement, physiquement et financièrement, triste, qui a soif de vengeance mais pour lequel l'amour est plus fort.
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Attention, je sais que je vais être injuste mais, après La Peau de chagrin, le Colonel Chabert me déçoit, me semble un peu bâclé. Les personnages gentils sont trop gentils; on se croirait chez Victor Hugo. Pourtant, c'est très bien: un ancien cavalier d'Empire, déclaré mort à la bataille d'Eylau refait surface, d'entre les morts - au sens littéral - et trouve sa femme et héritière remariée, riche et maman. C'est la tuile. D'autant que son nouveau mari est un lèche bottes de la Restauration. du coup, il a vraiment le seum notre pauvre colonel.
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Le colonel Chabert, ou la descente aux enfers d'un homme qui, alors qu'il parvient à regagner les berges du Styx, et qu'il pourrait saisir la main amicale qu'un samaritain lui tend, fait le choix de la misère et du naufrage, se laissant dériver jusqu'au néant social.

Le colonel, un homme brisé par la vie qui lui a par le passé apporté la gloire et le bonheur, reste animé au début du livre par une dernière fibre d'espoir et d'énergie, qui l'amène maladroitement auprès de la bonne personne : Derville, un homme de loi, animé par son intérêt propre, mais aussi par le respect des institutions, et une bienséance morale et bourgeoise qui l'amèneront à prendre pitié de ce malandrin qui a tant servi le pays.

Face à cette figure rationnelle, qui sait présenter au vieux colonel abîmé par les événements ses intérêts et la stratégie pour les atteindre, s'érige la comtesse Ferraud. Celle-ci, comme tant d'autres personnages du Naturalisme du XIXème, a gravi les échelons grâce à la séduction et à un usage impitoyable de celle-ci en vue d'obtenir et préserver ses intérêts.

Contraire de la figure froide et bienveillante de maître Derville, elle est la Passion incarnée, celle qui sait aller réveiller au fin fond du colonel les sentiments les moins raisonnables, et s'en servir comme des liens inoxydables pour ligoter le colonel et ainsi s'en débarrasser à jamais.

Et si finalement, le colonel était un personnage tout romantique ?
Chevalier de l'épopée impériale, dernière geste des héros au coeur vaillant, il avait épousé une jeune femme par amour, par-delà la condition de cette dernière, par-delà le qu'en-dira-t-on, par-delà ses intérêts de long terme. Sa première mort, celle de laquelle il ressuscite, l'a transporté dans un monde nouveau, qu'il ne reconnait plus. Ce nouveau monde, où intrigues factieuses, bureaucratie, tromperies et intérêt individuel priment, n'est pas le sien. le romantisme est mort, et avec lui, Chabert.
Aussi, la comtesse, de prime abord responsable de la nouvelle défaite du colonel, n'est en réalité qu'un moyen, un moyen par lequel cette nouvelle époque se débarrasse d'un personnage qui n'a rien à y faire. Et celui-ci accepte son destin sans guère protester - malgré tous les efforts de Derville - car, dans le fond, il connait cette triste vérité, et s'y plie.

Le colonel Chabert, c'est aussi, comme bien souvent avec les romans De Balzac et de ses congénères, une belle reconstitution du Paris du XIXème, quand la misère absolue fréquente le faste le plus étalé, et quand les hommes de droit doivent régler des problématiques d'époque : les tribulations issues des changements de régimes, et les querelles de fortunes des uns et des autres (noblesse d'Empire, noblesse ancienne, noblesse nouvelle etc).

Je reprocherais à ce livre d'être finalement bien court, et de ne présenter qu'un nombre très limité de péripéties et de personnages. J'aurais apprécié que le personnage de la comtesse soit plus développé, notamment sur sa relation avec Chabert : on aurait pu faire durer le suspens, ce qui n'est pas le cas ici. Dès leur premier entretien seule à seul, elle l'envoûte aussitôt.

Doit-on finalement plaindre ce pauvre colonel ? Sans doute, oui, sur un point.
Celui de ne pas être mort en héros, la première fois. Chabert incarne l'Empire, il est l'Empire. Sa mort sur le champ de bataille, c'était l'évidence, et il n'est pas parvenu à l'atteindre. Jamais il n'aurait pu revenir dans le Monde, car celui-ci n'était plus le sien. Alors, de héros, il passe à vaurien, que Derville n'aurait pu sauver. Derville est le chevalier des temps modernes, celui d'une époque faite de droit, d'argent et de conciliabules. Il a vu en Chabert un lointain aïeul, dont les outils étaient autres, et a tenté de l'aider... en vain.
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Sous la Restauration, un cabinet d'avocats voit un jour arriver un vieillard détruit physiquement comme moralement. Il prétend être le colonel Chabert, ce soldat de Napoléon tué en 1807 à la bataille d'Eylau, et raconte son improbable histoire. Mais entre temps sa femme s'est remariée...
Un classique qui n'est pas des plus célèbres et qui reste intéressant à découvrir. Il est très court, ce qui l'apparente plus à une longue nouvelle : c'est un peu frustrant, car finalement l'intrigue est assez réduite. Je n'ai cependant pas aimé plus que cela : une trop grande partie du récit est consacrée au cabinet d'avocats, et le style De Balzac est pour moi un peu trop lent...
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Le Colonel Chabert est un court roman qui nous donne un bref aperçu de la transition entre l'Empire et la Restauration. Pour cela, il met en lumière le malheureux destin d'un des colonels de Napoléon, Hyacinthe Chabert.

Balzac s'inspire d'histoires réelles survenues à des soldats de Napoléon pour tisser son intrigue. Et celle-ci parvient à être émouvante. On prend Chabert en pitié, ce dernier étant de plus en plus misérable face à ceux qui le dénient ou le moquent, ce qui rappelle facilement la vie du Père Goriot. Ses états d'âme à propos de la guerre et de sa condition actuelle hors de la société sont très intéressantes pour leur caractère tragique.

Reste que l'aspect juridique est très présent sans être le plus intéressant, notamment ce début de roman avec les clercs de Dervilles qui m'a rapidement assommée. Cette partie-là étant la plus importante, je n'ai pas été aussi transportée que je l'aurais souhaité.
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J'avais d'autres projets de lecture, mais au sortir du voyage Outre-terre de Jean-Paul Kauffmann, le colonel Chabert s'est imposé à moi. Jean-Paul Kauffmann en a du reste si bien tiré la substance en matière d'identité, de dépouillement, de mort sociale, que ce fut une découverte déjà habitée d'un regard éclairé. Moins de fraîcheur mais plus de lucidité. Au-delà de sa grande justesse existentielle, j'ai trouvé le texte plaisamment romanesque dans sa première partie, un peu trop appuyé dans la seconde et lapidaire sur la fin. Une construction volontaire et orientée au-delà de l'histoire qui déroute et attire l'attention.

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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