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EAN : 9782366242812
176 pages
Cambourakis (06/09/2017)
3.7/5   15 notes
Résumé :
Barbara Balzerani a été l'une des rares femmes membres des dirigeants des Brigades rouges. Dans l'enceinte de la prison haute sécurité où elle a été incarcérée pendant de nombreuses années, elle a eu tout loisir de réfléchir à son parcours, à ses origines, de réexaminer les réflexions politiques et les questionnements philosophiques qui l'ont conduite à un tel engagement. C'est ce qu'elle fait dans cet ouvrage incontestablement autobiographique où elle développe un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je vous parle d'un temps
Que les moins de trente ans
Ne peuvent pas connaitre
L'utopie était là
Nourrissait le combat
Faisait l'espoir renaître
De peuples asservis
Aux rêves en débris
De ces gens qu'on lamine
Aux idéaux déchus
Ceux qui courbent l'échine
En traversant la rue*

Révolution, révolution
Ca voulait dire on s'ra heureux
Révolution, révolution
Nous sortirons d'un monde hideux

Mais des esprits chagrins
Y en avait quelques uns
N'attendant que la gloire
Des dirigeants véreux
Aux discours poussiéreux
Avides de pouvoir
De la chair à nitro
Vomissant du gaucho
Eteignant les étoiles
Loin de leur univers
Mettant la terre à poil
A peine un fait divers

Révolution, révolution
Ca voulait dire t'es pas d'ici
Révolution, révolution
Tous atteints de schizophrénie

Souvent il arrivait
Qu'aux faubourgs du palais
L'un ou l'autre ne flanche
Pour qui sonne le tocsin ?
Qui sont les assassins ?
La parole qu'on tranche
Au zinc du bar atteint
Qui avive la faim
D'exploser le système
Sans donner d'préavis
Dans le plus beau poème
Que doit être l'en vie

Révolution, révolution
Ca voulait dire qu'on prend vingt ans
Révolution, révolution
Terroristes ou résistants ?

« Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
A mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts »

Révolution, révolution
On était jeunes, on était fous
Révolution, révolution
Elle est encore en moi partout.

*Manu, si tu passes sur babel…

Camarade Lune, c'est le rêve avorté mais toujours présent au plus profond de Barbara Balzerani. Elle, l'une des dirigeantes des Brigades Rouges, cette organisation de lutte armée ayant combattu (ayant sévi, prenez le terme qui vous convient selon vos convictions) pendant près de vingt ans en Italie (de la fin des années 60 au milieu des années 80), l'oppression, l'asservissement et l'humiliation infligés par l'état Italien contre son peuple.
Ce livre n'est pas un livre politique, il explique juste le cheminement de la pensée de ce que les braves gens appellent un « terroriste ».
Barbara, depuis sa cellule, raconte sans langue de bois les raisons de son combat. Elle n'épargne personne que ce soit du coté de « l'ennemi » ou du coté des partisans, relevant les lâchetés et les contradictions des uns et des autres.
Ce livre ne fait pas l'apologie du terrorisme (machin si tu me lis…) il donne juste un angle de vue différent de ce qu'on à l'habitude d'avaler sans réfléchir. Il ne justifie pas, il explique comment des hommes et des femmes ont pu en arriver à prendre les armes contre le système. C'est un témoignage pour comprendre
Le livre date de 1998 et il aura fallut attendre… presque 20 ans pour qu'il paraisse en France (2017).
Tout comme Jean Marc Rouillan, Barbara Balzerani assume ses idées et son passé. J'aime les gens qui ne se cachent pas, qui ne se renient pas, même s'ils ont pu se tromper sur certaines méthodes… Ces gens que rien ne peut faire taire sont traités comme ne le sont pas les pires criminels, étonnant non ?
Camarade Lune, ou l'autre, un jour peut être…

ps: merci à visages pour la piste de lecture.
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Camarade lune, dis-moi, toi la spécialiste des croissants, comment faire pour retrouver ta plénitude, et , dans le livre assez schizophrenique de la camarade Barbara, me faire aimer autant ...lune que l'autre?

Camarade lune, je dois être une fichue femelle sentimentale moi qui n'ai quasiment aimé et surtout compris que la part intime, personnelle de ce livre, celle écrite italique et  à la première personne - et d'où proviennent, je viens de m'en apercevoir ,  toutes les citations que je viens de recenser et recopier .....à l'exception d'une seule, à la troisieme personne, écrite en principe,  avec le recul philosophique, celle où Barbara Balzerani, militante des Brigades rouges, fait part de son sentiment de ne plus appartenir au mouvement des femmes depuis qu'elle a choisi le terrorisme!

Camarade lune, quelle est celle qui croît,  celle qui décroît ?  Celle qui croit et decroit? Celle qui dit je ou celle qui dit elle? Es tu vraiment menteuse, comme on le dit,   jolie camarade de la nuit,  toi qui fais  un C quand tu decrois et un D quand tu crois?

Camarade lune,  j'ai ramassé comme un petit poucet à  cloche-pied, quelques petits cailloux pour suivre ..lune de tes routes: la famille ouvrière, le papa nostalgique de Benito, la maman malheureuse, harassé par le travail d'usine,  sans amour à donner ni à recevoir. Puis le choc d'un certain 11 septembre 1973, à  Santiago, et  celui de la mort du poète chilien si amical qui disait , trop tard,  le piège de la gentillesse et des démocraties fragiles. Puis les bombes et les coups de boutoir des Fascistes,   revenus avec la bénédiction d'une démocratie chrétienne corrompue, puis les camarades, camarade lune, ceux qui pleurent aux enterrements du poète , ceux qui tombent sous les balles à  Gênes, via Fracchia, ceux qui crèvent les pneus des camionnettes de fleuriste pour éviter des morts innocentes, le jour de l'assaut contre la garde d'Aldo Moro, mais aussi ceux qui exécutent Aldo Moro  un mois après son enlèvement.

Pourquoi ce petit jeu du je et du elle, camarade Barbara? Curieusement, la face lumineuse et sensible de ton récit  soudain se voilait pour une face cachée , distancée,  jargonnante et obscure. 

Et je te perdais, camarade lune, sans l'autre. Alors je t'enlève quelques étoiles.

Non que ton livre m'ait déçue. Un certain Chirac aurait dit qu'il m'a touché lune sans faire bouger l'autre. Mais je ne mange pas de ce pain-là pour plusieurs raisons.

Je te laisse deviner, camarade lune, toi l'astre féminin par excellence.
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Camarade Lune est le témoignage poignant de Barbara Balzerani, de son engagement dans les Brigades rouges, du rôle primordial qu'elle y a tenu puis de ses 20 ans de réclusion.. A travers ce témoignage elle nous passe aussi le film des années de plomb en Italie avec leur violence mais aussi leur esprit critique porteur d'espoir, d'utopie. Alternativement,elle prend la parole à la 1ere ou 3eme personne du singulier, permettant ainsi les allers et retours dans le passé et présent. Ceci permet aussi deux registres: l'un plutôt analytique, distant, objectif et l'autre plus affectif, émotionnel. Elle nous parle tout d'abord de sa soif de justice, de liberté, d'égalité. Élan qui est né de son enfance dans un monde moche, dépourvu de rêve dans lequel son père s'est fait licencié pour la simple faute d'être tombé malade à force de trimer à l'usine, dans lequel sa mère a oublié la tendresse trop fatiguée,
trop inquiète à subsister pour s'autoriser le luxe des caresses. Un monde dans lequel même l'école est venue lui rappeler qu'elle devait rester à sa place. Injonction répétée par sa mère. Alors, lorsqu'à peine à 20 ans en 68 ,elle entend parler qu'à Rome les étudiants sont dans la rue pour revendiquer un autre monde,elle sait qu'elle doit les rejoindre. Ce sera le début d'un engagement qui très vite exigera d'elle une totale abnégation qui l'éloignera rapidement de l'image qu'elle se faisait de la Liberté. Car " sa révolte était une révolte encore dépourvue du langage politique. Elle était le fruit d'une volonté obstinée de ne pas croire que tout était déjà vraiment dit..."
b.balzerani n'est jamais dans la victimisation. Son récit est sans concession,ni pour elle, ni pour le mouvement, ni pour le pouvoir politique. Elle est intransigeante et essaie de comprendre ce qui c'est passé, quels ont été les dérives,les mauvais choix. Elle assume tout et demande seulement la reconnaissance pour les Brigades rouges de leur lutte politique pour faire le deuil de l'image de criminels sanguinaires qui leur a été faite. Elle pose des questions essentielles comme les moyens utilisés pour la cause, les actes commis ne les ont ils pas éloignés de " l'humain" ? Mais sans ces Passages à l'acte comment y aurait il pu avoir un espoir de changement radical? Toutes ces questions ainsi que les réaction du pouvoir d'Etat de l'époque m'ont frappées par leur actualité !
Lorsqu'ils parviennent à enlever le Président de la Démocratie chrétienne, Aldo Moro, l'espoir est immense d'une remise en question des rapports de force et de la possibilité de repositionner les données politiques différemment, mais rien ne c'est passé comme prévu " quelles que soient les accusations que le prisonnier avait adressé à ses amis et alliés, quelles que soient les propositions de méditation, personne ne bougerait le petit doigt...Ainsi toute une classe politique consentit à se passer de l'un des siens...". de là, tout se désagrège. L'auteur décrit l'autoreferentialite du mouvement qui agit comme un parasite, qui l'étouffe ,le rend étranger à ce qu'il était initialement.
B.B nous parle brièvement de sa longue incarcération,de son retour dans le monde "réel", " jamais je ne me suis sentie aussi peu capable d'arriver à savoir où il me faudrait être pour me sentir vivante et à ma place. Mais pourquoi continué-je à croire que j'ai encore une place?". Bien loin du monstre sanguinaire véhiculé par les médias, j'ai découvert une femme courageuse,sensible,altruiste,éprise de justice et de liberté. Sa plume est parfois d'une poésie magnifique, notamment lorsqu'elle s'adresse à ses parents bien qu'ils ne soient plus là pour l'entendre, et parfois très objective,descriptive tel un reporter de guerre!
Enfin, sa dernière phrase est pour moi magnifique car elle donne comme une note d'espoir et la réaffirmation des valeurs qui l'ont toujours guidées.En parlant à la lune: " Ensemble, complices, sera t il encore possible de rêver et de détruire les marchands à l'impuissance ?". A lire, vraiment !
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Barbrara Balzerani fut un membre important des Brigades Rouges, ce groupe terroriste qui marqua les « années de plomb ». Après des années de clandestinité elle est arrêtée en 1985 et passera 21 ans en prison avant d'être libérée. « Camarade lune » est son premier livre. Elle est désormais écrivaine.

Dans ce récit autobiographique elle raconte son enfance dans un quartier ouvrier de Rome, dans une famille pauvre. Dernière de cinq enfants elle sera la seule à aller à l'école, fera des études universitaires qui lui feront découvrir le monde, l'économie et la politique. C'est dans ces années estudiantines que se développera une conscience politique qui a pris naissance dans l'enfance. Des grèves nationales en 1968 seront le déclenchement de son engagement extrémiste qui la mènera aux Brigades Rouges, ce vent de révolte faisant écho à ses inspirations intérieures.

C'est le récit d'un combat, d'un engagement politique. L'expression d'une philosophie, d'une pensée politique mais pas le récit d'une repentie. Elle décrit les sources de sa révolte, l'importance du collectif. Elle replace "l'expérience " des Brigades Rouges dans le contexte d'une époque, dans une perspective économique, sociale et politique. Une période où l'espoir de changements radicaux secouait tout le pays, toute l'Europe et au-delà.
Le récit est schizophrénique. Il y a beaucoup de réflexions idéologiques (à la troisième personne et caractère normal) coupées de réflexions plus personnelles (à la première personne et en italique). Un récit entre mémoire, raison et coeur. Une tentative pour redonner du sens à cette histoire collective mais aussi à sa propre vie.

La fin est une réflexion sur l'impact du passage en prison, le jugement de la société et le ressenti du condamné, la façon d'aborder l'après, si "après " il doit y avoir, comment se considérer dans cette société combattue, qui n'a pas évolué comme elle le souhaitait, qui l'a jugée et condamnée, dont elle ne sait pas ce qu'elle attend de l'ex-révolutionnaire.

L'écriture est élaborée, riche en images, avec un vocabulaire choisi. Si de nombreux passages ont une dialectique politique et révolutionnaire il y a aussi beaucoup d'introspection, d'émotions, de sentiments et de poésie.

Barbara Balzerani ne cherche ni le pardon ni l'adhésion. Elle assume son histoire, ses choix, ses responsabilités. Elle nous questionne sur la fin et les moyens, sur notre relation au monde, sur notre sens de la justice.

Si j'ai longtemps repoussé le fait de lire ce témoignage du fait des actes commis par les Brigades Rouges, je ne regrette pas qu'un challenge Babelio m'ait poussée à l'ouvrir enfin.
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Je viens de terminer la lecture de l'excellent « Camarade lune » de Barbara Balzerani aux éditions Cambourakis dans la très belle traduction de Monique Baccelli.
J'ai mis longtemps à le lire, parce qu'il est difficile de lire distraitement la biographie d'une personne telle que Barbara, membre des Brigades Rouges italiennes, chaque mot y est la description de la quête d'une personne, de son combat. Combat payé le prix de vies humaines et d'écrasement.
Parce qu'elle met à jour les questions enfouies que nous nous posions dans les années 70, avant que ne triomphe la finance et le libéralisme mondialisé, étouffant tout questionnement. Même si peu ont choisi la lutte armée, nous avions tous les mêmes préoccupations, les mêmes révoltes. Parfois je me dis que seuls les lâches n'ont pas pris les armes, seuls les lâches ont survécu.
Mais aucun n'est sorti indemne de toute façon.
Mais ce combat ne pouvait être gagné, pas alors, pas ainsi, alors peut-être aussi étaient-ce les plus lucides, les plus cyniques.
Qu'on ne s'y méprenne pas, je n'ai jamais approuvé les assassinats, pas plus que je n'approuve les vengeances.
« Mais alors, quels étaient les choix possibles ? Quelles étaient les alternatives ? »
La révolte contre un monde d'injustice, où tout est écrit d'avance, échec comme pauvreté, les rêves fracassés. Les humiliations, les injustices, le désespoir, l'inéluctabilité des destins.
C'est contre cela qu'elle se battait.

Qui plus est, ce livre est écrit (Barbara était alors encore en prison) avec une sensibilité, une lucidité, absolument bouleversantes.

« Camarade Lune » Barbara Balzerani, Éditions Cambourakis (excellente maison, avec un vrai choix de textes, un choix très judicieux, que ce soit celui-ci ou encore par exemple, les ZeroCalcare, indispensables, dont je parle sans arrêt)
5 janv. 2018 à 11:08
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critiques presse (1)
LeMonde
21 septembre 2017
Avec « Camarade Lune », paru en 1998 et écrit en prison, où elle a passé vingt-cinq ans, elle entamait une introspection sur ses années Brigades rouges. Le voici traduit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Pendant ces cinquante jours, fût-ce avec des objectifs différents, Aldo Moro avait, lui aussi, combattu le mur de l'omerta érigé par ses amis et ses alliés.
Plus encore que la nôtre, une défaite aurait été la sienne. Et c'est ce qui est arrivé.
Mais quand nous avons du prendre la décision, il ne s'agissait pas pour tous d'un consentement qui allait de soi. Et moins encore un consentement impersonnel. Comme c'est souvent le cas en politique.
Impossible de ne pas questionner cette mort. Etions nous en train de tordre les lois de la nécessité jusqu'à prendre les traits du monstre que nous combattions?
Ce meurtre franchissait-il, pour nous aussi, la limite du tolérable?
Et dans ce cas, notre responsabilité politique et morale était-elle plus grande que celle des autres?
(...)
Aurions nous dû, à la fin, avoir pitié de l'homme?
Ou n'est-ce pas plutôt la pitié que nous éprouvions envers nous même qui devait être remise en question? Envers nos cauchemars et nos pénibles déchirements? Mais cette pitié ne devrait-elle pas être désignée pour ce qu'elle est, même quand le poids devient insoutenable et ne permet plus de rien distinguer?
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Si grande ma certitude que l'on peut tuer un homme de différentes façons et que, parmi celles ci, seules quelques unes sont considérées comme des crimes, par convention et selon les circonstances changeants de l'Histoire.
Si grande ma certitude que, sur le plan de l'intelligibilité des événements qui déterminent le présent, toutes les morts n'ont pas le même poids.
Moi, qui n'aurais plus réussi à trouver le sommeil si j'avais commis ce mal extrême par intérêt personnel ou par perfidie, j'étais en paix avec tout ce que je choisissais de faire et de me faire. Car il arrive parfois que l'on puisse surmonter l'horreur de la mort, mais pas celle d'une vie réduite à un présent misérable.
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Début des années soixante-dix. Pour sa génération ce n'était pas un film. En y repensant maintenant, il n'est pas facile de comprendre où ils allaient puiser autant d'inconsciente fermeté au point de mettre leur vie en jeu.
Ce n'étaient que de petits groupes de jeunes camarades qui ne supportaient pas les tergiversations d'une gauche extraparlementaire mise au pied du mur, de petits groupes uniquement décidés à chercher de nouvelles voies pour continuer cette révolution qui avait rapidement consommé l'innocence des premiers enthousiasmes face au visage livide d'un pouvoir assassin, massacreur, et d'une gauche institutionnelle qui perfectionnait son syndrome d'encerclement paranoïde et renonciateur.
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On a beaucoup écrit sur ce mouvement et sur ses actes. Chaque parti politique en a revendiqué et certifié la paternité en édulcorant savamment ses caractéristiques, en s’appropriant ses mérites et en attribuant aux autres erreurs, horreurs et défaites. Sur lesquelles il serait encore utile de revenir aujourd’hui, au lieu d’invoquer un si inopérant avec lequel l’histoire n’arrive pas à se faire.
Et alors, ce n’est peut-être pas complètement inutile de tenter de l’affronter.
Pour comprendre.
Pour comprendre le pourquoi de l’anomalie tenace qui étouffe la culture politique de ce pays par l’obsession de la gouvernabilité à tout prix ; celle-là même qui empêche de régler les conflits et les problèmes sociaux, et les traite chaque fois comme s’il s’agissait de défendre par les armes le dernier avant-poste de la cohabitation sociale.
À de très rares et impuissantes exceptions près, aucun parti politique n’est parvenu à faire siennes les demandes de changement social ni à trouver des réponses à la hauteur de la nécessaire médiation politique.
Distinguo entre faits et dus : la même image de convive de pierre derrière la brigade envoyée contre les cortèges et les grèves ; derrière la myope arrogance des décisions divergentes entre partis et syndicats ; derrière le fossé qui sépare les Palais de la nouvelle politique et de la vie sociale ; derrière les paroles d’un Pape voulant peser sur le sort d’Aldo Moro, prisonnier des Brigades rouges.
La culture politique elle-même, qui exclut toute possibilité de diversification des solutions et oscille entre l’homologation et le pluralisme indifférent, est obsédée par l’idée de nier les potentialités et la puissance transformatrice des conflits.
Que se serait-il passé si… ? La question est-elle vraiment oiseuse ? Ou est-elle plutôt, et encore, un supplément de réflexion nécessaire pour éviter la mort du non-sens, du remaniement politique de l’histoire pour des intérêts trop contingents ?
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Quelle odeur a le soir?
Pas l'odeur de félicité de la terre mouillée.
Pas l'odeur d'empressement du printemps sur le point d'arriver.
Pas celle de promesses d'amour dans un corps emprisonné.
Pas la bonne odeur du pain dans le cabas de la maison.
Il semble que je n'ai plus le souvenir de certaines choses. C'est comme si je n'avais plus de souvenirs- et la réalité m'assaille avec toute la violence de l'étrangeté absolue.
Jamais je ne me suis sentie aussi peu capable d'arriver à savoir où il me faudrait être pour me sentir vivante et à ma place. Mais pourquoi continué-je à croire que j'ai encore une place?
Être semble ne pas suffire.
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