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Jean-Luc Moreau (Traducteur)
EAN : 9782752901989
382 pages
Phébus (08/06/2006)
4.07/5   21 notes
Résumé :
Voici que s'accomplit, avec ce dernier volume de la "Trilogie transylvaine", la troisième parole prophétique du livre de Daniel : Vous serez divisés...
Lorsque Balint Abady pénètre dans cette loge où résonnent les accents déchirants de Madame Butterfly, un frisson le saisit. Adrienne Miloth est assise tout près de lui, dans la loge voisine, et au moindre mouvement, ils peuvent s'effleurer. Il ne l'a pas revue depuis un an, depuis que le destin les a séparés, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Troisième et dernier volet de la saga de Transylvanie. Plus courts que les deux premiers (de près de la moitié), Que le vent vous emporte propulse à une vitesse folle ses personnages vers une fin prévisible mais en même temps magistrale. Elle coïncide avec la Première guerre mondiale, l'éclatement de l'empire austro-hongrois et, par la même occasion, la fin d'une époque. Voire, de la Belle Époque. Mais moi aussi je vais trop vite.

Que le vent vous emporte se déroule environ un an après les événements relatés dans le deuxième tome. le comte Balint Abady continue son travail de député au parlement hongrois (ainsi, il est aux premières loges de toutes les ramifications politiques des événements qui bouleversent son pays, de même que le lecteur) et il essaie d'améliorer le sort des paysans de sa Transylvanie natale. Mais, ce qui attire surtout l'attention, c'est son histoire d'amour impossible avec la jolie Adrienne. On espère vraiment qu'elle trouvera un dénouement heureux.

D'autres personnages récurrents apparaissent ça et là (comme sa mère Roza ou son cousin Laszlo Gyeroffy) mais leur importance est moindre. On sent que la fin approche et, au fur et à mesure qu'on avance, on dit adieu à certains d'entre eux. C'est bien et terrible à la fois parce que, après trois tomes, on s'est attaché à la plupart d'entre eux, autant les mal-aimés que les lâches et les profiteurs.

Toutefois, l'essentiel de l'attention est mise sur Balint Abady et sur les événements historiques. Et il y en a, de ces événements, surtout terribles. Les années 1910 à 1914 défilent. L'annexion de la Bosnie est chose du passé mais la poudrière des Balkans est allumée : l'Albanie se rebelle, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce en profitent, l'empire ottoman ne réussit pas à les contenir. Et puis, il y a d'autres enjeux ailleurs dans le monde qui attirent les grandes puissances, comme le contentieux du Maroc. Tout le monde se prépare à un conflit.

Puis, tout dérape. Pourtant, en tant que lecteur (quiconque se rappelle ses cours d'histoire), on sait que tout ce beau monde court à sa fin. 1914, l'assassinat de l'archiduc, les ultimatums… Inconscients, les aristocrates et bourgeois de Hongrie tiennent peu compte des nouvelles données. Ils pensent que ne sera qu'un conflit aux frontières de l'empire, qu'importe ! Ils continuent à faire comme si le monde resterait inchangé et concentrent leur énergie en débats futiles. Et ce qui devait arriver arrive : ils courent à leur perte.

Que le vent vous emporte est un long chant du cygne. Peut-être un peu trop long, j'avais un peu hâte d'en arriver à la fin tragique à laquelle je m'attendais. Dans l'ensemble, elle a répondu à mes attentes. Toutefois, j'aurais aimé savoir ce qui se passe après. En effet, le monde n'est plus le même mais il est toujours là.
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Troisième et dernier volume de la trilogie transylvaine, elle couvre les années de 1911 à 1914 pour s'achever avec l'entrée en guerre de l'Autriche-Hongrie. Ce conflit que les Hongrois n'ont pas vu venir, occupés à leurs querelles internes, ils n'ont pas compris que les affrontements dans les Balkans allaient entrainer l'Europe vers la catastrophe.

Balint Abady, personnage central du roman se débat toujours dans les difficultés : comme député il est au coeur des affrontements parlementaires à la chambre hongroise, ses tentatives pour promouvoir les coopératives paysannes s'opposent aux pouvoirs locaux des notaires et autres prévôts et son amour pour Adrienne ne peut aboutir au mariage dont il rêve.
Autour de Balint, les nombreuses intrigues secondaires conduisent leurs protagonistes à l'échec, c'est la fin d'un monde, d'un art de vivre.
Le vieil empire de François-Joseph se délite, la perte de l'Italie, les révolutions de 1848 et 1867 l'avaient affaibli, la première guerre mondiale lui portera le coup de grâce. Balint impuissant mais lucide comprend que s'en est fini de son monde, il ne voit pas arriver la guerre avec joie comme la plupart de ses compatriotes.

Roman crépusculaire et contemplatif où l'auteur s'attarde souvent avec tendresse sur les paysages et les traditions de la Transylvanie. Pour ce dernier chapitre les enterrements ont remplacé les bals fastueux de l'aristocratie et les airs tziganes n'enchantent plus les fêtes. Les voitures commencent à prendre la place des chevaux qui faisaient la fierté de leurs riches propriétaires qui les aimaient plus que leurs paysans. La modernité s'installe peu à peu ce qui n'est pas pour déplaire au progressiste qu'est Balint, bien qu'il comprenne qu'elle sonne le glas de sa classe sociale mais sans qu'il se doute qu'elle apporte l'industrialisation de la guerre et de la destruction.

L'enchainement malheureux qui amènera à la première guerre mondiale donne à réfléchir, les conflits entre les micro-états des Balkans n'inquiétaient guère en Transylvanie et pourtant les intérêts et alliances des grandes puissances ont conduit à un désastre imprévisible. A l'heure où la guerre est de retour en Europe il y a de quoi s'interroger.
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Dans ce troisième et dernier volume, Miklós Bánffy amène ses personnages et le monde dans lequel ils vivent vers le dénouement qui s'annonçait depuis un moment, un dénouement tragique, et inéluctable. Personne ne va échapper à son destin, et ce volume contient un nombre important de terribles d'événements. Les morts y sont nombreux, et plus on avance vers la fin, et moins l'auteur nous donne pour respirer de moments de beauté, de grâce, ou d'apaisement. Il ne reste plus qu'à mourir avec dignité, avant de voir sombrer le monde rassurant et heureux, certes un peu vain et égoïste, mais tellement rempli de bonheurs et de joie de vivre dans lequel évoluaient les héros. le bonheur individuel est impossible dans un monde qui s'enfonce dans le chaos et la haine.

J'ai peut être moins aimé ce dernier volume que les précédents, parce que d'une certaine façon tout est déjà joué, et il n'y a que peu de doutes sur ce qui va se passer. Toute cette noirceur, tout le désespoir d'un univers proche de la destruction sont certes poignants, mais en même temps peut être trop prévisibles, et déjà très fortement annoncés dans les volumes précédents. Il me manquait un peu le frisson de l'inattendu, du surprenant, qu'il y avait dans les deux premiers volumes. Là tous les personnages sont connus, et le fin déjà jouée. Mais évidemment on ne peut s'empêcher de la lire, parce que l'on s'est attaché à tous ces personnages, qu'on aime le monde de Miklós Bánffy, et que l'on veut aller jusqu'au bout de l'aventure, même si on devine ce qui va arriver. le pathos est plus présent et l'humour beaucoup moins, comme si l'auteur en face de la catastrophe finale, n'arrivait plus à garder la distance qu'il avait maintenu entre son récit et ses propres sentiments.

Une très belle trilogie, foisonnante et riche, remplie de personnages attachants, d'une douce mélancolie, d'une poésie discrète et prenante. Un récit subtil, dont il est difficile d'oublier les méandres. Une oeuvre originale, née de la plume d'un écrivain puissant et fin à la fois, ayant à sa disposition un style parfaitement maîtrisé. Une très belle découverte.
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Troisième et dernier volet de cette fresque sociale et politique de la Mitteleuropa, région multi-ethnique malmenée par l'histoire, dont le déclin se précise au début du 20e siècle.
A la disparition successive des êtres aimés (personnages du roman) fait écho la chute des dynasties.
Me reste l'admiration pour l'auteur, un grand conteur qui cisèle son texte, qu'il s'agisse de politique, de séances du Parlement, des parties de chasse effrénées, des soirées mondaines, d'hommage à la nature ou d'intrigues.
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C'est malheureusement la fin...là où tout se dénoue..où se noue! Régalez vous, la ballade est toujours aussi belle & je vous mets au défi de ne pas avoir envie de vous y rendre & découvrir ces incroyables & majestueux paysages!!! Las, je crains qu'ils n'aient en partie disparu, tout comme les héros de cette trilogie!!!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le couple est là, de bout, au-dessus du rocher, dans un univers presque irréel.
Elle et lui ont l'impression d'être seuls au monde. Sous leurs yeux, un spectacle sublime commence, c'est peut-être la toute première aurore de la terre.
Le bas du ciel se teinte d'or et de sang. De longues gerbes de rayons fusent à travers les nues, envahissant le ciel, où des vapeurs légères, jusqu'alors invisibles, rosissent brusquement. Les nuages se brisent en rubans horizontaux. Les plus proches se frangent d'argent, les plus lointain s'allument et deviennent rouges, orangés, jaune safran, d'un vert sulfureux, comme illuminés par le feu de quelque forge dissimulée par l'horizon, par la coulée de métaux en fusion largement répandus.
La lumière grandit d'instant en instant. Les sommets, les crêtes, comme un coup de baguette magique, sans qu'on puisse le prévoir, soudain se colorent, les plus lointains d'un bleu léger, les plus proches d'un vert somptueux. Un émail rose court à flanc de rochers ; il n'y a encore d'ombre nulle part. Chaque chose, selon sa nature, retrouve simplement ses couleurs. Le monde entier attend, le coeur battant, la seconde où s'accomplira de nouveau l'éternel mystère du lever du soleil.
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Le pays courait à sa ruine et cette génération avec lui. Ils allaient disparaître dans une guerre où les mots qu'ils avaient tant utilisés - "lutter, se battre" - ne se rapporteraient plus à des joutes d'orateurs, à des batailles verbales ; où "tenir jusqu'au bout" ne signifierait plus continuer à parler pour paralyser une assemblée jusqu'au bout de la séance, mais s'appliquerait concrètement à la réalité des massacres.
Le pays allait périr et avec lui la génération qui n'avait accordé d'importance qu'aux formules, aux articles de loi, aux grandes phrases pompeuses ; qui avait pu oublier les réalités de la vie des Etats et courir, comme les enfants, après des mirages ; qui avait vécu sans avoir conscience de tout ce qui constitue le fondement des nations : la force, l'autocritique, la cohésion.
Ne lui restait qu'une seule vertu : être prête à se battre. Mais cela aussi serait vain.
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Bálint repensait au pauvre Kadacsay, qui s'était tué de désespoir faute d'avoir pu acquérir ce que Tamás repoussait loin de lui. Une question lui vint à l'esprit : Gazsi aurait-il connu un autre destin s'il avait pu obtenir tout cela ? Et Laczók eût-il été aussi serein si, possédant sa vaste culture, il n'avait pas renoncé à la carrière, au pouvoir, à la réussite ? Était-ce sa culture qui lui donnait la force de tout plaquer là, ou aurait-il bien mené la même vie et eût-il été aussi satisfait s'il n'avait pas été forcé par le destin à s'expatrier, s'il était resté au pays dans une molle et oisive ignorance ?
Est-ce la vie qui nous forme ou sommes-nous la résultante de facteurs innés ?
Ne pouvons-nous renoncer tranquillement qu'à ce que nous possédons déjà, sans pouvoir renoncer à ce que nous n'avons pas pu obtenir ?
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Autour d'eux, les montagnes enneigées brillaient doucement sous le croissant de lune qui se levait. En contre-bas, les crevasses pétrifiées du glacier s'étendaient à perte de vue. Tout n'était que glace et neige, dans un univers d'où toute vie avait depuis longtemps disparu. De la glace, de la glace partout comme, chez Dante, au plus profond de l'enfer. Le ciel aussi semblait de glace. Il était limpide, majestueux, plein d'étoiles impitoyables. Devant eux, du cœur des profondeurs, le Cervin, noir d'encre, jaillissait. Telle la griffe de Satan déchirant la voûte du ciel. Sa pyramide colossale n'était plus faite de rocher. Son aiguille se dressait comme une borne. Une borne qui marquait la fin d'un monde.
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