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sur 1112 notes
Jules Barbey d'Aurevilly, je ne connais que de loin, cité lors des lointains cours de français. C'est à l'occasion d'une lecture commune que j'ai pu le découvrir. Les diaboliques c'est un recueil de six nouvelles. Six nouvelles assez dérangeantes...
Dans le rideau cramoisi, c'est un jeune militaire qui s'éprend de la jeune fille de ses hôtes mais il va se retrouver pris dans une situation quelque peu génante. L'auteur explore tout à tour, désir et désespoir du jeune homme mais le personnage au centre de la nouvelle est bien Alberte, qui devient la preuve d'une faute...
Dans le plus bel amour de Don Juan, on présente le compte de Ravila qui raconte la plus belle conquête. La chute est à la hauteur des attentes de ses convives mais des lecteurs ?
Dans le bonheur est dans le crime, l'auteur raconte la passion qui nait entre Mlle Hauteclaire Stassin et le comte de Savigny. Un amour tellement fort qu'il peut briser qu'il trouve entre eux...
Dans le dessous de cartes d'une partie de whist, on découvre des femmes et leurs petits et horribles secrets. Cette nouvelle met beaucoup de temps à se mettre en place et n'a pas plus éveillé mon intérêt que cela...
Dans A un diner d'athées, on raconte la rencontre de Mesnilgrand à l'église, que fait-il donc là ? Mesnilgrand parle de sa passion brève et secrète avec la femme de son major... L'auteur ne manque pas de qualificatifs pour évoquer la fausse pureté de la femme, le final est assez troublant...
Dans La vengeance d'une femme, une prostituée raconte son histoire assez troublante, un mariage de raison et un amour tué à la racine... très forte aussi dans sa narration, on sent toute la haine que celle-ci éprouve.
Contente d'avoir découvert l'auteur mais je ressors mitigée de cette lecture, l'introduction des nouvelles, pour arriver au coeur de l'histoire est très longue et lasse. Ce qui m'a amené à découper ma lecture des nouvelles par fragments. L'auteur ne semble pas avoir une image très flatteuse de la femme : tour à tour, allumeuse, vengeresse, facile, criminelle... diabolique. Oui j'ai aimé sa belle plume, même si elle a tendance à s'étendre un peu dans la description des différentes poupées gigognes qui entourent ses histoires, on s'ennuie avant d'arriver au coeur du sujet. Dommage aussi que la misogynie ressorte un peu trop à mon goût de ses nouvelles.
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Textes présentés, établis et annotés par Jacques Petit

ISBN : 9782070100491

Il n'existe que six "Diaboliques", soit, dans l'ordre : "Le Rideau Cramoisi" - "Le Plus Bel Amour de Don Juan" - "Le Bonheur Dans le Crime" - "Le Dessous de Cartes d'Une Partie de Whist" - "A Un Dîner d'Athées" et "La Vengeance d'une Femme." Barbey eut l'idée, dit-on, idée qu'il ne put suivre faute sans doute de temps - et puis, tout bien considéré, ses "Diaboliques" n'étaient-elle pas parfaites en cet état ? - de leur adjoindre six nouvelles vantant au contraire le Bien et la Vertu. Mais entraîné notamment par la rédaction du "Chevalier des Touches" et surtout d'"Un Prêtre Marié", il laissa reposer son projet et interrompit même quelque temps l'écriture de son recueil de nouvelles.

A ce jour, même ceux qui n'ont guère lu Barbey, à moins d'être des "beaufs" parfaits (et peu importe leur catégorie sociale : un "beau" naît "beauf", on n'y peut rien ), citent au moins "Les Diaboliques" quand on évoque devant eux l'écrivain. Les plus heureux n'ont oublié ni "Le Rideau Cramoisi" qu'Alexandre Astruc porta à l'écran en 1953 avec la participation d'Anouk Aimée et de Jean-Claude Pascal (lequel fut, rappelons-le au passage, un inoubliable Philippe Bridau dans "La Rabouilleuse" de Louis Daquin, tiré De Balzac, sept ans plus tard) , ni "Hauteclaire", de Jean Prat, avec une Mireille Darc brune et un Michel Piccoli presque aussi bon que dans le "Don Juan" de Marcel Bluwal. Les autres se contentent de parler d'histoires de fantômes dont on ne sait trop s'ils en sont de vrais ou pas, et de criminels qui triomphent alors que les bons et les vertueux sont impitoyablement foulés aux pieds. C'est-à-dire que, si l'on excepte "Le Rideau Cramoisi", nouvelle sur laquelle s'ouvre le recueil et qui frappe déjà très fort, et "Le Bonheur dans le Crime", les quatre autres nouvelles qui forment le livre le plus célèbre de Barbey sont soit ignorées, soit très mal connues du grand public.

Il serait fou, dans ce billet si bref, de vouloir évoquer avec précision ces six nouvelles qui symbolisent si bien l'énorme face d'ombre qui était celle de l'écrivain normand. Un féru d'astrologie ajouterait que "Les Diaboliques" est un livre Scorpion (face Hyde ) par excellence : la fascination du Mal, l'Au-Delà qui s'invite sans en avoir l'air à moins qu'il ne s'agisse d'un "truc" de magicien (mais lequel ? et d'ailleurs, on sent bien que Barbey ne veut pas ici, contrairement à ce qu'il a pu faire dans d'autres textes, "jouer" avec son lecteur), l'horreur glaçante à l'état pur et le Crime s'unissant à la Mort en une valse éblouissante.

Peut-être un jour, à l'occasion d'une "relecture", évoquerons-nous les nouvelles avec lesquelles nous nous sommes senti moins d'atomes crochus. Mais aujourd'hui, nous ne retiendrons, parce qu'elles sont grandioses, horribles, et qu'elles étaient immortelles avant même d'être imprimées, que "Le Rideau Cramoisi", "Le Bonheur Dans le Crime" et, peut-être la plus épouvantable de tout l'ensemble quand on y regarde bien, "Le Dessous de Cartes d'Une Partie de Whist."

Pour la première nouvelle, tout le monde connaît peu ou prou l'intrigue. Un jeune militaire, logé chez de paisibles petits bourgeois alors qu'il stationne avec son régiment dans une obscure petite ville de province, est visité toutes les nuits par la fille de la maison, Alberte. Dans le lit, cette fille est unique, passionnée, extraordinaire, inattendue car elle sort tout de même de son couvent. Dans la maison, quand le soleil retrouve ses droits, elle est pâle, glacée, avec ce physique mi-androgyne/mi-chlorotique (peut-être songerait-on aujourd'hui à l'anorexie ou un phénomène similaire) qui séduisait tant l'auteur, en tous cas pour nombre de ses héroïnes. La nuit, elle n'est que flammes, elle est presque l'Enfer de la Luxure. le jour, c'est à peine si elle semble savoir que son amant est dans la maison et, bien entendu, elle va à la messe et ne sort qu'accompagnée, par sa mère ou une domestique.

Et puis, une nuit, au beau milieu de leurs ébats, voilà qu'Alberte se fige, toute roide, entre les bras de son amant. Elle ne respire plus : elle est morte. Affolé - on le serait à moins - le jeune homme se précipite chez son colonel qui est encore, à l'époque, et comme le dira plus tard, en des circonstances plus comiques, l'inénarrable Sapeur Camember, "le père du régiment." le colonel écoute, donne de l'argent au jeune homme, lui fournit un bon cheval et lui dit de partir le plus loin possible. Il s'occupera du reste ...

Mais voilà, le reste, le lecteur, pas plus que le narrateur, devenu plus mûr, ne le saura jamais. Avec une adresse de redoutable bretteur ou de démon du Plus Grand Cercle, Barbey esquive toutes les occasions qui auraient pu permettre à notre triste héros de connaître la vérité. Et la voiture dans laquelle a commencé l'histoire - son héros s'entretenant avec un ami et passant, tout à fait par hasard, devant une maison où frémit le rideau cramoisi de ce qui fut la chambre d'Alberte - de s'éloigner et de nous emporter tous, frustrés (pas tant que ça dans le fond, soyez honnêtes ! ;o) ) et nous demandant si Alberte était réellement morte, si c'est son ombre que les deux hommes viennent de voir s'agiter derrière le fameux rideau ... ou si, peut-être, Alberte n'a jamais été qu'une morte, une chimère ...

L'atmosphère se fait plus rationnelle dans "Le Bonheur Dans le Crime", histoire en apparence banale d'un adultère entre un riche châtelain et la maîtresse d'armes chez qui il a pris l'habitude de s'entraîner. Hauteclaire, car tel est le nom de cette demoiselle, est très célèbre dans la ville - à nouveau une petite bourgade de province. C'est une escrimeuse de très haute valeur, qui n'a eu aucune peine à s'imposer dans un monde d'hommes lorsqu'elle a repris la salle de son père. Bien qu'occupant une situation un peu spéciale au sein de cette société provinciale, elle gagne bien sa vie et sa réputation est parfaite. Il y a bien quelques mauvaises langues qui cancanent mais bon ! ne faut-il pas que les mauvaises langues cancanent ? N'est-ce pas leur raison d'être ?

Et puis, du jour au lendemain, Hauteclaire disparaît et ses clients trouvent porte close. Pendant ce temps, Barbey nous la retrouve, déguisée en humble servante, au service de l'épouse légitime de son amant, le comte de Savigny. Femme froide en apparence et très grande dame, Mme de Savigny souffre d'une santé délicate. le médecin à qui Barbey a confié la tâche de nous narrer l'histoire - toujours ces récits emboîtés dont il se délectait - la soigne avec efficacité et la maintient, vaille que vaille. Mais un matin sinistre, par suite d'une erreur commise par Hauteclaire dans le dosage d'une certaine médecine, la comtesse de Savigny rend à Dieu son âme si distinguée. Après un deuil de bon ton et une enquête faite plus pour la forme que pour l'amour de la vérité, il épousera Hauteclaire et tous deux continueront à s'aimer à la folie, se suffisant mutuellement l'un à l'autre et s'avançant dans la vie avec la même arrogance et la même puissance que deux grands fauves en couple. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Barbey pose la rencontre du médecin, accompagné par un ami à qui il s'empresse de raconter le drame, dans un parc zoologique. On notera aussi l'allure de mignon d'Henri III qui laisse supposer, chez le comte de Savigny, une sexualité à notre avis assez particulière.

Mais la plus belle de ces "Diaboliques", parce que la plus affreuse dans ce qu'elle sous-entend entre une mère et sa fille, reste sans conteste "Le Dessous de Cartes d'Une Partie de Whist." Ancêtre posé et tout aussi britannique du bridge actuel, le whist est le jeu-phare du salon, très couru quoique une fois encore provincial, de la comtesse de Tremblay, une veuve réputée pour sa froideur, sa vertu et son extraordinaire beauté. A ces côtés, sa fille, Herminie, elle aussi très belle et qui attend, comme de juste, le prétendant idéal. Un beau soir, débarque dans cette société policée un Ecossais certainement d'origine bretonne car Barbey, avec sa passion des noms incroyables, a choisi de le nommer Marmor de Karkoël (!!!). C'est un beau jeune homme de vingt-huit ans, élégant, racé, avec cependant en lui des yeux qui rappellent, selon le narrateur, ceux de Macbeth. Très vite, car c'est un joueur extraordinaire, qu'on pourrait presque qualifier de "professionnel", il devient un habitué du salon de la comtesse, à un point tel que certains (et certaines ) sont déçus les rares fois où il ne vient pas y faire sa partie.

Je ne m'étalerai pas sur la suite. Sachez seulement que, dans ce merveilleux salon de la comtesse, il y avait aussi de non moins adorables jardinières. Vint le jour où Karkoël s'envola et où des bruits commencèrent à courir. Bruits particulièrement sinistres qui aboutirent à la découverte, très officielle, dans la terre de l'une des jardinières, du corps d'un enfant mort-né (ou à qui on n'avait pas laissé le temps de pousser son premier cri).

Depuis quand était-il là ? Oh ! On jouait encore au whist dans le salon qu'il y était déjà. de qui était-il le fils ? de la comtesse ou de sa fille ? Les deux avaient-elles eu des relations avec Karkoël ? Sans le savoir ou en se tolérant l'une l'autre ? ...

Allons, je vous laisse à vos rêveries, à vos dégoûts aussi. Pour mieux savourer cette dernière nouvelle, il faut vraiment la lire. A ma connaissance, on n'a jamais cherché à la porter à l'écran. C'est bien dommage mais il y faudrait, il est vrai, éminemment de subtilité ... et un sens aigu de la monstruosité qui, à mes yeux, aurait pas mal de choses en commun avec "Le Silence des Agneaux" de Jonathan Demme. Eh ! oui !

Un dernier conseil : Noël approche. Offrez "Les Diaboliques" de Barbey : c'est sans espoir mais à elles six, elles constituent en quelque sorte - me permettrait-il cette comparaison osée ? - le cachet d'onyx qui marque son oeuvre pour l'Eternité. ;o)
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Dans ce livre, recueil de six nouvelles plus ou moins longues, Barbey d'Aurevilly nous parle de toutes ces femmes aux multiples facettes, pouvant être froides, méprisantes, impassibles, comédiennes, vengeresses, cruelles, manipulatrices, même démoniaques, au choix… Tout en étant d'un autre côté fougueuses, maladroites, amoureuses, passionnées… au choix… Ici les femmes sont les dominantes, celles qui ont le dernier mot, et les hommes sont les pauvres victimes d'un ensorcellement, d'un pouvoir magnétique de la femme, comme la mante religieuse. Ce qui n'empêche pas de trouver aussi des hommes cruels, meurtriers, vengeurs. de la simple vengeance au meurtre, à la folie, où sont les limites ? Des souvenirs parfois glaçants pour ces hommes qui en ont croisées, dans l'admiration pour certains.

Ici le narrateur est toujours le témoin d'une histoire qu'on le lui a racontée et le retranscrit au lecteur. Nous sommes au 19ième siècle et l'on y croise donc l'aristocratie, les dandies, les prostituées, l'adultère… Barbey d'Aurevilly est un très bon conteur, sait nous tenir en haleine et nous surprendre. Il a fait le choix de traîner en longueur, faut-il encore l'apprécier. Pour ma part j'ai senti parfois que c'était trop, trop de bavardages qui peuvent me lasser. Mais c'est une époque et on le lit comme tel. Entre le rideau cramoisi, le plus bel amour de Don Juan, le bonheur dans le crime, le dessous de carte d'une partie de Whist, A un dîner d'athées et La vengeance d'une femme, ma préférence se porte sur le plus bel amour de Don Juan pour la description de cette femme et cette fille où là le faux-semblant est à son paroxysme ainsi que la perfidie, comme beaucoup dans ce recueil, mais j'ai aimé ces portraits. Je dois dire que le bonheur dans le crime m'a séduite aussi par l'aplomb de cette autre femme et l'effacement dont elle a pu faire preuve.

Des portraits brossés avec un talent littéraire indéniable, savoureux, de l'ironie (et ça j'adore !) d'une psychologie très juste mais paradoxalement assez caricaturale, ce qui est sans doute voulu. Il met en exergue les possibilités sans limites de la partie sombre des êtres, surtout des femmes évidemment, Les Diaboliques, et de l'amour sous toutes ses formes, du plus perfide au plus meurtrier et écoeurant. Des descriptions très longues, mais qui permet d'avoir des personnages fouillées autant physiquement que moralement et psychologiquement. Des énigmes, des questions en suspens. J'ai adoré ces histoires mais cela ne peut être un coup de coeur car l'approche par le bavardage n'est pas dans ce que je préfère. C'est difficile à définir, j'ai aimé sans être totalement charmée, charmée par les mots, l'histoire mais pas par l'esprit « bavard ».
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Ces histoires à faire froid dans le dos, l'amante morte dans les bras du soldat, la fausse servante empoisonneuse, la marquise qui se fait putain, auraient pu fasciner. Elle l'auraient dû. Mais Barbey est trop bavard, il enrobe trop, il discute, il batoille, il décrit tout trop longuement pour ne pas ennuyer un lecteur de nouvelles habitué au vertige rapide et sans fioritures De Maupassant. Bref, le diabolique, chez Barbey devient barbant, anecdote, blabla de salon, morbide batifolage, que l'on lit avec intérêt mais sans frisson, tellement on s'est habitué au quotidien de l'horreur.
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Curieux catholique que ce Barbey, qui comme artiste, a compris que seuls le Diable et ses prestiges pouvaient faire de bonne littérature. Crimes parfaits, vices cachés, bonheurs superbement étrangers à toute morale, sont les sentiments et situations que l'on rencontre dans les nouvelles de ce recueil. Pour ne pas les déflorer, disons que Barbey reprend à Balzac l'art de la longue exposition, où narrateur (surtout le narrateur) et personnages sont bien campés avant d'agir, l'un en racontant et en faisant souvent l'étalage de sa verve et de son esprit, les autres pour jouer le drame muet ou secret de la passion. du mal, l'auteur tire des effets littéraires magnifiques, suivant les leçons de son grand modèle Baudelaire. Avec Balzac et Baudelaire, on est sûr d'évoluer dans la bonne littérature.

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Dans Les Diaboliques, on plonge dans les abîmes de la conscience humaine, entre criminels irrécupérables et apparences parfaitement sauves. Les horreurs dépeintes y sont machiavéliques, leurs auteurs rarement confondus, et la vie continue sans encombre.
Vision assez noire de la bonne société du 19ème siècle, ces nouvelles sont assez agréables à lire cependant.
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Six nouvelles émouvantes sur les diableries de la femme et aussi sur la puissance de la femme. La femme est décrite sous toutes les formes de l'extravagance de ses sentiments, comme quoi, quand la femme veut, elle peut... Dans un premier temps, tout en avouant que les trois premières nouvelles m'ont plus emballée que les trois dernières, je m'en suis prise à Barbey, pourquoi s'acharner tant sur les femmes? Puis c'est en lisant la quatrième nouvelle que je me suis rendue compte à quel point l'homme a grandement peur de succomber devant les charmes de la femme, surtout aux charmes entachés d'un peu de folie, il a peur de perdre la tête ...en ce sens que dans la nouvelle ''Le plus bel amour de Don Juan'' on voit l'homme se retrouver prisonnier en même temps de l'amour envers la maman et envers la fille, si bien que celle-ci tombe enceinte de l'amant de sa mère. L'homme est prêt à fermer les yeux sur un crime, comme quoi il est sous l'emprise du charme dans la nouvelle ''Le bonheur dans le crime''. Et dans ''Le rideau cramoisi'', l'homme se trouve attaché à une tragique séduction qui abimera à jamais sa vie, c'est aussi la nouvelle la plus touchante...
L'écriture est exquise, excellente, seulement c'est trop vieux! C'est vrai que j'aime les vieilleries, j'aime le XIXe Siècle, mais le grand problème ici, c'est que ce n'est pas un roman où l'attention est centrée sur une seule histoire, ce sont plutôt six histoires qui ont emprunté les mêmes voies, la démarche a été la même, ça devenait un peu lassant, narrateur-activité-rencontre-conteur, narrateur-activité-rencontre-conteur, narrateur-activité-rencontre-conteur. L'écriture se ballade d'abord dans tous les sens avant d'arriver au vif du sujet, bifurquant sur certains faits historiques, sur certaines personnalités de l'époque, de sorte que la transition entre deux nouvelles endort un peu, on aimerait souffler un peu en attendant que la flamme Barbey nous saisisse à nouveau!!!
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Barbey d'Aurevilly est un auteur qui m'a tout d'abord attiré à cause de son nom. J'ai l'impression que même vers la fin du XIXe siècle, porter un nom pareil devait être quelque chose de rare. En tout cas, après lecture de sa biographie, ce nom correspondait bien au personnage, un dandy remarqué, nostalgique des temps bénis de l'aristocratie et fréquentant assidûment le grand monde de Paris. Pour découvrir son oeuvre, la logique m'a porté sur "Les Diaboliques", recueil de nouvelles qui provoqua un vent de panique dans une France enserrée par l'ordre moral des débuts de la Troisième République de Mac-Mahon.
Un auteur atypique qui se faisait tirer les oreilles par les saintes-nitouches ne pouvait que me plaire.
Pourtant, la lecture de ce recueil de six nouvelles (plus de 300 pages au total) m'a donné un tout autre visage que celui d'un auteur révolté. Barbey d'Aurevilly se révèle être un vrai réactionnaire. Cette nostalgie des grandeurs de la noblesse française le poursuit dans chaque histoire, et cette insistance devient assez lourde lorsqu'on arrive à la fin du recueil. On a envie de lui répondre : "Oui Barbey ! on a compris ! les aristocrates sont vraiment des gens formidables, une race d'exception, distingués, fins, subtils, de vrais hommes quoi, parce que le reste, la populace, la roture, on ne peut pas appeler cela des humains, des singes peut-être mais pas des humains. Oui Barbey ! Finalement l'Inquisition avait du bon parce qu'elle faisait courber l'échine à tous ces culs terreux qui n'avaient pas vraiment le droit de vivre. On a compris Barbey, on a compris, arrête-toi !" Je grossis un peu les traits de sa pensée ? Que nenni ! "Les Diaboliques", c'est l'apologie de l'Ancien régime.
Le thème commun aux six récits est la présence du Mal, du Diable dans le réel. Et ce Diable, s'en prend surtout aux femmes, sortes de sphinx, de femmes fatales transformées en superbes nymphomanes, le bon stéréotype du fantasme masculin en quelque sorte. Les hommes se pliant (ou plutôt profitant) aux (des) exigences de ces lionnes en furie. le choix des récits enchâssés donne de la véracité à ces histoires pourtant rocambolesques qui nous replongent en plein romantisme noir, du temps de Lord Byron ou Walter Scott, agrémenté d'une touche sadomasochiste façon marquis et, cela n'a rien à voir, d'une pointe De Balzac pour la qualité des descriptions et des peintures d'une ville de province (Valognes en Normandie). Enfin, comme les six nouvelles sont construites selon une structure commune, il est peut-être préférable de ne pas les lire d'un bloc, pour éviter l'effet de redondance.
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Ces six nouvelles narrent des histoires de femmes tentatrices, d'hommes manipulés, de destins mis à sac à cause du sexe et des faiblesses qu'il génère...

Même si on se laisse embarquer dans certaines histoires, même si la plume de Barbey d'Aurevilly vaut clairement le détour, d'immenses digressions entravent la lecture. Les histoires sont toutes coulées dans le même moule, ce qui fait qu'au bout de trois nouvelles on sait pertinemment ce qui se passera, ou comment cela se passera, dans les autres.
Si certains récits sont haletants de suspense et ingénieux, je n'ai toutefois pas du tout accroché à l'idée maîtresse qui consiste à accuser la femme (la "diabolique") de tous les maux masculins. Si les hommes s'embarquent dans des affaires douteuses, n'est-ce pas plutôt parce qu'ils ne savent pas résister à l'attirance naturelle ? Les femmes qui se vengent ne le font-elles pas tout simplement pour dénoncer certains abus ? Au final, les femmes ne seraient pas soi-disant "diaboliques" si les hommes ne cherchaient pas le plaisir derrière chaque chair nue. Quelle hypocrisie que d'associer le Diable à la Femme quand l'Homme est lui-même coupable du pire ! Tout cela parce que la société catholique dirige le mode de pensée et crée le "péché de chair"...
Bref, je pourrais pérorer un moment sur le sujet alors j'arrête. M'est avis que pour avoir une bonne vue d'ensemble des critiques de Barbey d'Aurevilly, la lecture des trois premières nouvelles est amplement suffisante.
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Barbey d'Aurevilly, ce fantasque et non moins génial dandy des Lettres françaises – voir son impeccable article consacré au Fleurs du Mal de Baudelaire pour s'en convaincre –, peut toujours se justifier dans une préface morale, il n'empêche qu'il a du goût pour ces Diaboliques femmes, souvent secondées par des hommes qui ne sauraient se contenter d'afficher leur faiblesse face au Beau sexe pour se dédouaner de leurs propres diableries. Quant à ceux qui se maintiendraient dans une lecture effarée, eh bien, je leur dédie cette phrase de la baronne de Mascranny : « Décidemment, vous avez un vilain genre d'imagination, ce soir. »

Cependant, nul ne saura contester le mystique de cette oeuvre, où le Diable et le Ciel semblent se renvoyer la balle, d'accords au moins sur ce point : « le mot diabolique ou divin, appliqué à l'intensité des jouissances, exprime la même chose, c'est-à-dire des sensations qui vont jusqu'au surnaturel. »

Et pourtant, Barbey ne dissimule pas plus ici qu'ailleurs son « amour pour les choses du catholicisme » ; il est juste joueur, voilà tout. Un jeu qui lui fait raconter toutefois les errances charnelles paroxystiques d'une Rosalba, par exemple, « singulière catin arrosée de pudeur par le Diable ». J'ai dit « joueur » ? Autant dire « voyeur », tout comme nous les lecteurs…

Ce qui est certain c'est que rien n'est tiède ici puisque règnent les sens : « C'était enivrant et dégrisant tout à la fois, mais c'était terrible ! » confesse ainsi le vicomte de Brassard au souvenir d'une jeune fille qui venait le rejoindre dans sa chambre au rideau cramoisi, tandis qu'il était hébergé sous le toit des parents de celle-ci.

Évidemment, si des hommes d'envergure s'immiscent çà et là dans les récits – dont le commandant Mesnilgrand n'est pas le moindre, qui « imposait, comme tous les hommes qui ne demandent plus rien à la vie » –, ce sont les femmes qui raflent la mise. Ces femmes que Barbey gratifie à l'occasion d'aphorismes de sa façon : « Les femmes, lâches individuellement, en troupe sont audacieuses. » Autre morceau de bravoure misogyne (mais Barbey écrit au beau milieu du XIXe siècle, alors gardons-nous de jugements anachroniques imbéciles qui maquillent si mal l'ignorance de ceux qui les émettent !) : « « Et elle était là-dessous d'une beauté pleine de réserve, et d'une noblesse d'yeux baissés, qui prouvait qu'elles font bien tout ce qu'elles veulent de leurs satanés corps, ces couleuvres de femelles, quand elles ont le plus petit intérêt à cela. »

Mais Barbey sait se rattraper et énoncer de ces vérités intangibles, aujourd'hui encore : « En thèse générale, on peut dire que tous les dîners d'hommes où ne préside pas l'harmonieux génie d'une maîtresse de maison, où ne plane pas l'influence apaisante d'une femme qui jette sa grâce, comme un caducée, entre les grosses vanités, les prétentions criantes, les colères sanguines et bêtes, même chez les gens d'esprit, des hommes attablés entre eux, sont presque toujours d'effroyables mêlées de personnalités, prêtes à finir toutes comme le festin des Lapithes et des Centaures, où il n'y avait peut-être pas de femmes non plus. »

Que dire, enfin, du personnage de la duchesse de Sierra-Leone qui se vautre volontiers, et malgré sa nature sublime, dans la fange pour mieux se venger de l'homme qui, par son orgueil cruel, l'y a plongée ? Une figure tragique et résumée dans cette phrase : « Les sentiments comme les miens ont leur folie, mais c'est leur folie qui fait le bonheur ! »

Dans ces pages, on sent aussi poindre la nostalgie d'un autre temps, comme à propos de tel salon où perdure l'art de la conversion « d'autrefois, la dernière gloire de l'esprit français, forcé d'émigrer devant les moeurs utilitaires et occupées de notre temps. » Et, de fait, rien n'est utilitaire dans le recueil de Barbey : la passion ne saurait d'ailleurs être matérialiste.

Mais Barbey n'est pas un auteur de romans policiers, et il n'est pas question pour lui de livrer tout le pourquoi du comment dans chacune de ses nouvelles. Au lecteur, parfois frustré par une chute abrupte, de se débrouiller avec son imagination…


(IMPORTANT : ne surtout pas lire les notes de la présente édition car son auteur – un certain Jacques Petit – croit judicieux d'y révéler des éléments de l'intrigue. Pour ce qui me concerne, je m'en suis rapidement abstenu et cela n'a gêné en rien ma lecture !)
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