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EAN : 978B00IRHRIYO
Editions du Chemin de Fer (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Ce texte inédit, qui date de 1979, est la retranscription d’un tapuscrit retrouvé dans une pochette intitulée “Conférences” des archives de Béatrix Beck.
Romancière, nouvelliste, poète, Béatrix Beck fut aussi la dernière secrétaire d’André Gide, en 1950 et 1951.
Elle évoque ici le souvenir de quelques écrivains qu’elle a côtoyés : Gide principalement, mais également Colette, Malraux, Mauriac, Sartre…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
28 modestes pages inédites de l'auteur de "Léon Morin prêtre" éditées par une petite maison d'édition dont j'affectionne particulièrement le travail et l'esthétique de leurs publications, Les Editions du Chemin de Fer…
...
Des pages anarchiques qui passent du coq à l'âne, qui font plutôt songer à une conversation en direct, où Béatrix Beck, narre essentiellement son travail de secrétaire auprès du vieil Enfant Prodige, André Gide, qui fut un grand ami de son papa, l'écrivain belge, Christian Beck. Pourtant l'histoire entre eux était mal partie ; Béatrix Beck, poussée par le besoin et la nécessité dut se résoudre de vendre aux enchères des lettres de Gide à son père…
« Ces lettres se vendirent aux enchères au palais des Beaux-arts de Bruxelles. Les enchères étaient montées très haut, étant donné la célébrité du scripteur-mais, navrée d'avoir dû recourir à une telle extrêmité, j'écrivis à Gide à ce sujet. Il me répondit tout de suite en m'assurant que lui, au contraire, était ravi d'avoir ainsi pu, indirectement et à travers tant d'années, rendre service à la fille de l'ami très regretté.
La vente de ces lettres d'André Gide à Christian Beck m'apporta le loisir nécessaire pour faire mon premier livre »

Inédit des plus attachants et instructifs car il nous donne à voir un portrait plus intime et malicieux de l'auteur des « Nourritures terrestres », car Béatrix Beck possède un ton des plus facétieux…

« Gide aimait beaucoup l'oeuvre du poète Norge, surtout un poème intitulé « Monsieur », qu'il nous lut admirablement, avec un humour contenu :
Je vous dis que Monsieur est bête.
Je vous dis que Monsieur est mort.
Je vous dis que Monsieur est Dieu.
Naturellement, le vieil écrivain s'identifiait à ce « Monsieur » qui ne meurt que pour mieux accéder à la divinité. » (p.20)

Béatrix Beck narre modestement les rencontres d'écrivains célèbres avec son patron, dont une avec Sartre… qu'elle admirait plus personnellement.
Un petit livret fort agréable à lire, avec le plaisir supplémentaire de tomber au cours de cette brève lecture, sur des alternances de papiers de couleurs …et 2 feuillets de copies couleurs, du tapuscrit d'origine, in-fine.
Nous l'aurons compris, la facétie et l'estime de l'écrivaine ne font pas oublier que Gide était une personnalité imprévisible et complexe…il en ressort toutefois un portrait attachant, et drôle.

« Son besoin d'amuser avec autrui, ou même de s'amuser d'autrui, de mettre l'autre dans des conditions déconcertantes, pour voir comment il réagira, se manifestait jusque dans les petites choses. Ainsi, quand il assistait aux répétitions de sa pièce, -Les Caves du Vatican -, et qu'il rentrait tard, au lieu de sonner normalement à la porte, il grattait, un grattement si léger que c'en était presque inaudible si bien que j'étais obligée d'avoir constamment l'oreille aux aguets. Et c'est ce que souhaitait Gide. Il n'aimait pas qu'on l'aime avec excès, mais il souhaitait qu'on pense beaucoup à lui. (p.15)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je voudrais terminer cette évocation de quelques figures connues en citant les paroles de deux amis, aujourd'hui morts. L'un était le grand critique littéraire et dramatique Marcel Thiebaut, directeur de la -Revue de Paris- Il déplorait que les écrivains actuels aient remplacé le pacte avec le diable par le contrat avec l'éditeur-autrement dit, que le sens des affaires ait remplacé celui de l'Absolu.
L'autre amie était la romancière et journaliste Nicole Vedrès, une vraie paysanne de Saint Germain-des-Prés . Elle diasit: "Il n'y a pas de justice sans justesse des termes", rejoignant ainsi Camus qui écrivit: "Il ne faut pas dire: justice est faite, mais: on lui a coupé le coup." Et concluait: "Appelons les choses par leur nom"
Cette règle d'or littéraire et morale, cette à la fois simple et difficile vertu d'exactitude, fait non seulement les vrais écrivains, mais aussi les citoyens courageux. (p.28)
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Après la guerre de quarante, j'avais été obligée, pour vivre, de me défaire des nombreuses lettres que Gide avait adressées à mon père. Dans cette correspondance, il était naturellement surtout question de littérature, mais aussi de tuberculose (celle dont Gide avait guéri et celle dont mon père allait mourir) (...)
Ces lettres se vendirent aux enchères au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Les enchères étaient montées très haut, tant donné la célébrité du scripteur- mais, navrée d'avoir dû recourir à une telle extrémité, j'écrivis à Gide à ce sujet. Il me répondit tout de suite en m'assurant que lui, au contraire, était ravi d'avoir ainsi pu, indirectement et à travers tant d'années, rendre service à la fille de l'ami très regretté.
La vente de ces lettres d'André Gide à Christian Beck m'apporta le loisir nécessaire pour faire mon premier livre. Quand ce petit roman parut à Paris, j'étais en Angleterre dans une ferme, où je reçus une lettre d'André Gide. Ses compliments me firent d'autant plus de plaisir qu'ils étaient assortis de critiques: les critiques- me semblait-il-prouvaient la sincérité des éloges.
( p. 5-6)
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Gide n'avait pas de secrétaire à cette époque, s'étant séparé de la sienne. Elle était très compétente, mais avait une faiblesse insupportable aux yeux du vieil Enfant Prodigue, elle s'était éprise de lui. Gide me demanda donc de devenir sa secrétaire, non sans avoir pris la précaution de me dire: "J'espère que vous n'introduisez aucun élément de pathétique dans le travail. Je ne peux absolument pas supporter qu'on introduise des éléments de pathétique dans le travail"
L'idée ne me serait pas venue de taper pathétiquement à la machine, d'autant plus que, moi aussi, j'abomine le pathétique. (p.10)
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Gide aimait beaucoup l’œuvre du poète Norge, surtout un poème intitulé « Monsieur », qu’il nous lut admirablement, avec un humour contenu :
Je vous dis que Monsieur est bête.
Je vous dis que Monsieur est mort.
Je vous dis que Monsieur est Dieu.
Naturellement, le vieil écrivain s’identifiait à ce « Monsieur » qui ne meurt que pour mieux accéder à la divinité. (p.20)
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« Son besoin d’amuser avec autrui, ou même de s’amuser d’autrui, de mettre l’autre dans des conditions déconcertantes, pour voir comment il réagira, se manifestait jusque dans les petites choses. Ainsi, quand il assistait aux répétitions de sa pièce, -Les Caves du Vatican -, et qu’il rentrait tard, au lieu de sonner normalement à la porte, il grattait, un grattement si léger que c’en était presque inaudible si bien que j’étais obligée d’avoir constamment l’oreille aux aguets. Et c’est ce que souhaitait Gide. Il n’aimait pas qu’on l’aime avec excès, mais il souhaitait qu’on pense beaucoup à lui. (p.15)
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Vidéo de Béatrix Beck
Bande annonce d'Une confession, adaptation du roman Léon Morin, prêtre de Béatrix Beck
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