[L'historien] nous offre un condensé qui aidera à boucher quelques trous dans nos courtes mémoires.
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Ce débat émotif s’engage alors que le Québec accueille beaucoup d’immigrants et que l’on assiste à une baisse du taux de natalité. De 1961 à 1981, le taux de fécondité des couples québécois (nombre d’enfants par femme en âge de procréer) passe de 3,77 à 1,62. Pendant ce temps, les immigrants sont de plus en plus nombreux. Entre 1946 et 1982, le Québec en accueille 965 075. Ces « néo-Québécois » fuient parfois des régimes dictatoriaux (c’est le cas des Polonais, des Portugais ou des Hongrois) ou souhaitent un meilleur avenir pour leurs enfants. Jusqu’au tournant des années 1970, la grande majorité sont d’origine européenne et de confession chrétienne. De 1961 à 1971, la communauté juive passe de 74 677 à 115 990 personnes, et la communauté grecque, de 19 390 à 42 870 membres. Pour favoriser l’accueil et l’intégration de ces nouveaux arrivants, le gouvernement du Québec crée, en 1968, un ministère de l’Immigration et des centres d’orientation et de formation des immigrants (COFI).
Dès l’été 1967, l’ex-ministre libéral jette sur papier quelques idées et développe un concept nouveau qui marquera les années à venir : la souveraineté-association. Comme il l’écrit dans le document qu’il présente aux militants de sa circonscription le 18 septembre, sa solution se situe au croisement de deux grands mouvements de l’époque : « celui de la liberté des peuples et celui des groupements économiques et politiques librement consentis ». Parce que « nous sommes des Québécois » et que le Québec forme une nation, il importe au plus vite d’affirmer sa « souveraineté », explique Lévesque. C’est lorsque son État sera souverain que le Québec pourra plus facilement négocier, d’égal à égal, une association économique avec le reste du Canada. Ce nouveau partenariat esquissé par Lévesque ressemblerait à celui qui unit les pays européens. « Une telle association nous semble en effet taillée sur mesure pour nous permettre, sans l’embarras de vieilles structures constitutionnelles, de faire les mises en commun […] qui répondraient le mieux à notre intérêt économique commun : union douanière, communauté tarifaire, gestion de la dette […]. » Un Québec souverain pourrait ainsi conserver la monnaie canadienne.
Nation du Nouveau Monde, le Québec a été fondé par des aventuriers, des missionnaires, des femmes et des hommes qui souhaitaient améliorer leur sort, rêvaient d’un monde meilleur. Leur grande traversée s’inscrit dans un contexte bien particulier de l’histoire du monde. L’Europe des 15e et 16e siècles vit alors un essor sans précédent. Le Portugal, l’Espagne et l’Angleterre cherchent à atteindre la Chine par de nouvelles routes. Grâce aux avancées de la science, des navigateurs prennent le large, traversent l’Atlantique, découvrent l’Amérique, fondent des colonies.
Bien avant le 16e siècle, les Vikings ont exploré les côtes américaines. D’origine scandinave, ce grand peuple de marins conquérants colonise le Groenland pendant trois siècles, fonde des villages, érige un évêché. La distance entre ce continent et les rives de Terre-Neuve n’étant pas si grande, les Vikings s’y installent autour de l’an 1000. Si leur présence en Amérique, attestée par des légendes amérindiennes et une découverte archéologique, dure quelques siècles, ils avaient complètement déserté Terre-Neuve lorsque les Européens décidèrent de prendre le large.
Mais le Québec, c’est surtout un peuple vaillant, opiniâtre, déterminé. C’est qu’il en a fallu de la volonté, de l’endurance et du courage aux premiers habitants pour affronter les rigueurs de l’hiver, essoucher au clair de lune, élever des familles nombreuses, explorer un immense continent, survivre aux attaques iroquoises, à l’hostilité des colonies américaines, à la cupidité des grands marchands, aux affres de la Révolution industrielle et à la Crise des années 1930.
Où est passée la Laurentie iroquoienne? Entretien avec Roland Viau et Éric Bédard